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Les poutres-voiles constituent des éléments de parois fléchies dans leur plan moyen, de portée inférieure à
trois fois la hauteur, pour lesquels la méthode des bielles et tirants
(B-T) selon l’Eurocode 2-1-1 est applicable pour leur justification [EC2 : 5.3.1 (3)].
Après une identification des modèles B-T à considérer dans les calculs, une justification des tirants,
bielles et nœuds est présentée, de façon générale, pour les poutres-voiles à une travée soumises à des
charges verticales uniformes en partie supérieure.
REM : Les voiles en console, dont le porte-à-faux est inférieur à une fois et demi la hauteur, peuvent
également être modélisés et dimensionnés par la méthode des bielles et tirants.
L’étude des modèles de bielles et tirants ne concerne que les cas usuels de poutres-voiles (dans les régions
de discontinuité D) isostatiques et hyperstatiques soumises à une charge verticale uniforme appliquée en
partie supérieure ou en partie inférieure. Le cas de la charge concentrée en partie supérieure est examiné
pour les poutres-voiles isostatiques.
a) Poutre-voile isostatique
Le modèle B-T est issu de l’étude du champ de contraintes d’une plaque dans le domaine élastique
linéaire, de portée : L et de hauteur : h ; avec : h > L/3 (fig. 1).
Fig. 1 – Modèle B-T pour une poutre-voile d’une travée chargée uniformément en partie supérieure [1] :
a) champ des directions principales des contraintes ;
b) distribution des contraintes normales σx, σy (a/L = 0,1) ;
c) modèle primaire associé (non affiné).
REM 1 : Lorsque l’élancement devient important (2 < L/h < 3 ), par analogie avec une poutre-voile
soumise à une charge concentrée (fig.5), un modèle B-T et un modèle de poutre treillis peuvent être
combinés. La part de la charge totale F équilibrée par le modèle de poutre treillis Fw/F (cf. 10.1.1.2.1a),
issue d’une interpolation, est donnée en prenant en compte l’effet d’un effort normal NSd (avec : a = L/4)
:
( /2 ) − 1
≈ ; pour : 2 ; avec : > 0 en traction
3− /
REM 2 : Par analogie avec la bielle d’appui d’une poutre-voile soumise à une charge concentrée (fig.4),
le modèle affiné fait intervenir un tirant secondaire équilibrant l’effort transversal T2 de fendage de la
bielle d’appui soumise à l’effort C1 (voir étude d’une poutre-voile – ch. 10.1.1.2)
b) Poutre-voile hyperstatique
Des modèles B-T pour les poutres-voiles continues peu élancées (avec : L ≤ h) sont donnés dans les
recommandations de la FIP [2]. Les valeurs des bras de leviers et des efforts dans les tirants (fig.2 et 3)
supposent des appuis rigides (même déplacement) :
Bras de levier :- travée de rive ou travée intermédiaire : Z = 0,5 L ;
- appui intermédiaire : Z = 0,35 L.
Efforts dans les tirants : - travée de rive : T = 0,16 qL ;
- travée intermédiaire : T = 0,09 qL ;
REM : Lorsque des tassements différentiels sont à prendre en compte, la grande rigidité des poutres-
voiles impose de déterminer la répartition des réactions d’appui selon leur souplesse considérée. Dans une
poutre-voile à deux travées appuyée en rive sur des voiles et en partie intermédiaire sur un poteau (dont la
déformation est plus élevée) cela peut conduire à la suppression de l’effort dans le tirant supérieur
au-dessus de l’appui intermédiaire (moment positif sur cet appui). De faibles tassements différentiels
engendrent de fortes redistribution des réactions d’appui et des efforts internes correspondant.
Fig. 2 – Modèle B-T d’une poutre-voile continue (h ≥ L) à deux travées sous charge uniforme q/m en
partie supérieure [ 2 ] : réactions d’appui, bras de levier et efforts dans les tirants.
Fig. 3 – Modèle B-T des travées intermédiaires une poutre-voile continue (h ≥ L) sous charge uniforme
q/m en partie supérieure [ 2 ] : réactions d’appui, bras de levier et efforts dans les tirants.
a) Poutre-voile isostatique
Le modèle B-T fait intervenir deux tirants de suspente des charges inférieures pour reporter les efforts de
traction T2 sur l’axe soumis aux efforts de compression C et C1 (fig. 4).
La géométrie du modèle est assimilée à celle de la poutre-voile chargée en partie supérieure où : T1 = T
(cf. 1.1.1).
Fig. 4 – Modèle B-T pour une poutre-voile d’une travée chargée uniformément par le bas [1] :
a) champ des directions principales des contraintes ;
b) distribution des contraintes normales σx, σy (a/L = 0,1) ;
c) modèle primaire associé avec tirant T2 de suspente.
REM 1 : Afin de réduire l’ouverture des fissures, il est recommandé de limiter l’espacement des
armatures de suspente à 15 cm [1].
REM 2 : En considérant le tracé de l’arc comprimé, la hauteur des armatures de suspente peut être réduite
à 0,8 h au voisinage des appuis sur une distance égale à L/4.
REM 3 : Le poids propre de la partie de la poutre-voile située sous l’arc comprimé doit être pris en
compte dans le calcul des armatures de suspente.
b) Poutre-voile hyperstatique
Comme précédemment, le modèle B-T fait intervenir des tirants de suspente des charges inférieures pour
transmettre les efforts de traction aux nœuds supérieurs.
La modélisation B-T concerne le cas d’une charge concentrée F agissant à mi-portée, (facilement
généralisable pour une position différente ) appliquée en partie supérieure.
REM : Les charges concentrées agissant en partie basse d’une poutre-voile doivent être suspendues de la
même façon que
dans le cas des charges uniformes (cf. 1.1.2. ).
a) Elancement L/h = 1
Le modèle B-T comporte deux bielles de transmission de la charge aux appuis lorsque L/h = 1 (fig.5).
Fig. 5 - Modèle B-T pour une poutre-voile (h = L) soumise à une charge concentrée centrée F [1] :
a) champ des directions principales des contraintes ; b) modèle primaire associé ;
c) modèle affiné avec tirants secondaires T2 contrôlant le fendage transversal des bielles
Pour une charge concentrée au voisinage a d’un appui, le modèle B-T est combiné avec le modèle de
poutre treillis (fig. 6). La part de la charge F équilibrée par la poutre treillis Fw est donnée par
interpolation en tenant compte de l’effet d’un effort normal Nsd (traction positive) [3] :
(2 / ) − 1 1
≈ ; pour : ≤ ≤ 2
3− / 2
Fig. 6 - Modèles B-T pour une poutre-voile (h ≤ L) soumise à une charge concentrée [3] :
a) élancement : a/z = 1/2 (ou : L/z = 1 ) : modèle B-T (1) ;
b) élancement : a/z ≥ 2 (ou : L/z ≥ 4 ) : modèle flexion (2) ;
c) élancement : 1/2 ≤ a/z < 2 (ou : 1 ≤ L/z < 4) : modèle combiné (1+2).
Fig. 7 – Modèles B-T primaires pour une poutre-voile (h > L) soumise à une charge concentrée en partie
supérieure [1] : a) élancement : L/h = 2/3 ; b) élancement : L/h ≤ 1/2.
REM : Lorsque L/h <1/2, la charge concentrée F agit dans la région de discontinuité supérieure D’
comme dans le cas d’une discontinuité partielle [EC2 : 6.5.3(3)].
La région de discontinuité inférieure D’’ correspond au cas d’un chargement uniforme de la poutre-voile
(cf. fig.1). Il est possible de combiner, de cette manière, des modèles B-T types en fonction des régions de
discontinuité concernées.
A titre indicatif, après identification du modèle affiné, une justification générale est présentée dans le cas
d’une poutre-voile à une travée, d’épaisseur b et d’élancement
H/L ≥ 1, chargée uniformément en partie supérieure. Les calculs sont conduits à l’ELU conformément
aux articles de l’Eurocode 2-1-1 et à son Annexe Nationale [4].
La zone active, de la poutre-voile est limitée à une hauteur égale à L (région de discontinuité D). Le bras
de levier vaut : Z = 0,6 L. La position du tirant principal inférieur : e = 0,15 L/2. Les armatures
principales sont disposées sur plusieurs lits, sur une hauteur : h = 0,15 L.
La transmission des charges aux appuis est assurée par deux demi-bielles soumises à un effort de fendage
transversal équilibré par un tirant secondaire introduit dans le modèle affiné (fig. 8).
REM : Il est recommandé de prolonger les éléments porteurs formant appuis dans la partie active pour
servir de raidisseur dans la hauteur de la poutre-voile.
Fig. 8 – Modélisation B-T affinée d’une poutre-voile chargée uniformément par le haut.
Le nœud A est en compression-traction avec un tirant ancré dans une direction [EC2 : 6.5.4(4)b] :
Cette valeur de calcul σRd,max peut être majorée de 10% compte tenu de la présence des armatures
principales disposées sur plusieurs lits [EC2 : 6.5.4 (5)] (fig. 9).
a) Contrainte σRd,1
σRd,1 = Fcd,1 /ab ≤ σRd,max ;
où : Fcd,1 = RAd ;
et : RAd = réaction d’appui de calcul à l’ELU ;
RAd = Ped (L+a)/2 ;
avec = PEd = charge de calcul /m.
REM : Les aciers de l’élément porteur formant appui peuvent être pris en compte dans cette vérification.
b) Contrainte σRd,2
sigma_(Rd2)=(F_cd_2)/(a_2b)<=sigma_(Rd,max)
où : 2 =
La bielle qui se développe à partir de l’appui (fig. 8) est en zone de compression fissurée (avec armatures
transversales secondaires contrôlant le fendage) :
soit : ,max = 0, 6 ' [ 2: 6.5.2(2)]
AE : b’ = (L+a) / 2 sin θ
La contrainte moyenne de calcul σc2 dans la bielle vaut :
2
2= ≤ ,max
où : S = section moyenne
b = épaisseur du voile
S = (b b' + a2b) / 2
+ 4
= où : = et : = / tan =
tan 2 −
REM : Il convient d’ancrer ces armatures, disposées sur plusieurs lits, dans le nœud d’appui (fig. 9), soit
en utilisant des retours en U, soit au moyen de dispositifs d’ancrage [EC2 : 9.7 (3)].
En considérant une demi-bielle AE de longueur h’ à l’appui placée dans une zone de discontinuité
partielle (fig. 8), l’effort de traction vaut :
'− '
= ' ; avec : b'< h'
4
où a'= 2 : F= ; et : h'=H'/2 ≅ Z/sin Θ
b' = largeur maximale de le demi-bielle
où : As,db min/m = section minimale d’armatures sur chaque face par unite de longueur des
poutres-voiles [EC2 : 9.7 (2)].
As,db min = max [0,001 Ac ; 1,5 cm² /m]
avec : Ac = section du voile par unité de longueur.
où : b = épaisseur de la poutre-voile.
Av = T cos θ / fyd
Sur une longueur de 0,8 Z / tan θ
Soit, par face de la poutre-voile :
Av/m = Av.tan θ / 2(0,8) Z ≥ As,db min/m
Et : sv ≤ sv,max = sh,max