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chez l’adulte
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Laurent Obert
Traumatologie
de la main à l’épaule
chez l’adulte
Laurent Obert
Service d’Orthopédie, de Traumatologie, de Chirurgie Plastique,
Reconstructrice et Assistance Main & CIC IT 808
C.H.U. Besançon F25033
Besançon
EA 4268 Innovation, Imagerie, Ingénierie et Intervention en santé « I4S »
IFR 133 INSERM
Faculté de médecine et de Pharmacie
Université de Franche Comté
Cet ouvrage est soumis au copyright. Tous droits réservés, notamment la reproduction et la
représentation la traduction, la réimpression, l’exposé, la reproduction des illustrations et des
tableaux, la transmission par voie d’enregistrement sonore ou visuel, la reproduction par micro-
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L’utilisation dans cet ouvrage de désignations, dénominations commerciales, marques de
fabrique, etc. même sans spécification ne signifie pas que ces termes soient libres de la législation
sur les marques de fabrique et la protection des marques et qu’ils puissent être utilisés par chacun.
La maison d’édition décline toute responsabilité quant à l’exactitude des indications de dosage
et des modes d’emplois. Dans chaque cas il incombe à l’usager de vérifier les informations
données par comparaison à la littérature existante.
Enfin merci à ceux qui supportent les soignants en ces temps chahutés :
les patients et leur entourage familial.
Préface
Thibaut Desmettre
Dr Thibaut Desmettre
Responsable du Service des Urgences
Hôpital Jean Minjoz
CHRU de Besançon, France
Sommaire
Remerciements........................................................................................................................... V
Introduction ................................................................................................................................. 1
1. L’épaule .................................................................................................................................... 11
Ce qu’il faut savoir............................................................................................................... 11
Luxation gléno-humérale antérieure....................................................................... 13
Luxation gléno-humérale postérieure .................................................................... 18
Disjonction (luxation) acromio-claviculaire ......................................................... 20
Fracture de clavicule ......................................................................................................... 22
Luxation sterno-claviculaire.......................................................................................... 25
Fracture de l’humérus proximal.................................................................................. 27
Rupture de coiffe des rotateurs................................................................................... 32
Rupture du grand pectoral ............................................................................................ 33
Fractures de la diaphyse humérale ........................................................................... 34
2. Le coude .................................................................................................................................. 35
Ce qu’il faut savoir............................................................................................................... 35
Fracture de l’humérus distal ......................................................................................... 36
Fracture de l’olécrâne........................................................................................................ 39
Fracture de la tête radiale............................................................................................... 42
Luxation du coude.............................................................................................................. 45
Rupture du biceps .............................................................................................................. 48
X Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
3. Le poignet.............................................................................................................................. 55
Ce qu’il faut savoir............................................................................................................... 55
Fracture du radius distal.................................................................................................. 59
Fracture du scaphoïde ..................................................................................................... 65
Fracture des autres os du carpe .................................................................................. 69
Luxation périlunaire .......................................................................................................... 70
Lésions ligamentaires : particularités ...................................................................... 74
4. La main .................................................................................................................................... 77
Traumatismes et plaies : analyse des problèmes .............................................. 77
CAT devant un traumatisme de la main ................................................................. 79
CAT devant un traumatisme ostéo-ligamentaire.............................................. 92
QUEL PATIENT ?
Connaître (un peu) le patient, c’est anticiper et éviter les complications :
des décompensations de tares au quiproquo relationnel et à la sensation
de ne pas être bien pris en charge.
t Extrémité de la vie, mineur.
t Allergie – insuffisances (cardiaque, pulmonaire, hépatique, rénale, etc.).
t Femme enceinte, traitement médicamenteux : modifiant les capacités de
coagulation ou compliquant l’anesthésie.
t Corticothérapie, immunosuppresseur, etc.
t Patient qui comprend la langue parlée, inconscient…
QUELS MÉCANISMES ?
Quelle énergie cinétique ? C’est l’énergie qui détermine les lésions, leur
gravité et leurs complications. Connaître l’énergie transmise, c’est deviner
les lésions possibles et les complications dépendantes de ces mécanismes
lésionnels :
t basse énergie (chute de sa hauteur sans mouvement) ;
t haute énergie (en mouvement lors de chute, 3 marches d’escalier,
moyens de locomotion tels que vélo, roller, etc.) ;
t très haute énergie = lésion de l’axe (thorax, abdomen, rachis), lors de
décélérations, choc direct en voiture ou en moto ;
t pour un membre : écrasement (risque de dévascularisation) – avulsion
ou torsion – choc direct ou indirect, mécanisme de section.
6 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
QUEL TRAUMATISME ?
Dans le cadre d’un « polytraumatisme » : hiérarchiser, réanimer, immobi-
liser par compressif et/ou attelle plâtrée pour le transport. Faire le bilan :
lésion « isolée », d’un seul membre ou d’un seul segment.
QUEL OS ?
Cela concerne le membre supérieur ou inférieur (portant, perte
d’autonomie).
QUELLE PARTIE ?
t Dans le cas de diaphyse – os long – (extra-articulaire), le déplacement
peut être oblique – transversal – niveau de la fracture :
− objectif : redonner l’axe ;
− segment à 2 os (avant-bras, jambe) = risque de syndrome des loges ;
− s’il n’y a pas de déplacement, un traitement orthopédique reste à
discuter.
t Dans le cas de métaphyse ou d’épiphyse :
− fracture articulaire ;
− puzzle à reconstruire pour redonner la fonction articulaire.
t S’il y a épiphyse, vérifier s’il y a une luxation associée et, si luxation il
y a, la réduire en urgence.
t S’il existe un doute sur la présence d’une ischémie : faire une artério-
graphie immédiate.
Toutes ces questions sont prépondérantes pour adapter un traitement à la
lésion et au terrain, pour personnaliser le traitement tout en respectant
les principes connus et fiables.
LES PATIENTS
t Un patient aux fonctions supérieures perturbées ou non coopérant
(traitement, alcool, maladie de Parkinson, démence) : scanner cérébral
± rachis « facile » si traumatisme (même si simple chute).
t Une femme de moins de 40-45 ans : un bilan de grossesse s’il y a un
doute avant la radiographie.
t Tout traitement anticoagulant oblige à :
− un bilan biologique dès l’arrivée ;
− un scanner en cas de TC, une échographie en cas de traumatisme
abdomino-pelvien ;
− un appel en hématologie si hémophilie ;
− une réflexion (avis sénior, cardiologue) quant à sa modification.
t Le rachis :
− voir les 7 vertèbres sur des clichés du rachis cervical ;
− faire des radios du rachis dorsal et/ou un scanner en cas de
trauma à haute énergie avec des lésions du thorax (gril, sternum,
parenchyme).
t Un enfant mineur : demander :
− l’autorisation d’opérer ;
− une chambre d’accompagnant si besoin.
8 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Toute plaie s’explore et toute structure saine non vue est considérée
jusqu’à preuve du contraire comme lésée.
Tout patient est vu par un soignant quelle que soit l’heure du jour ou
de la nuit.
Tout doute diagnostique ou thérapeutique, tout transfert oblige à un avis
au sénior de garde.
Tout patient qui revient a… une bonne raison.
Chapitre 1
L’épaule
CAT
t Radiographie de l’épaule de face et de profil (de Lamy à préférer,
axillaire ou Bloom et Obata toujours possibles).
t Scanner : si fracture de la glène ou fracture de l’humérus proximal
difficile à analyser (indication opératoire).
t Pas de profil transthoracique.
PATIENT
Plutôt « jeune » : Luxations acromio-claviculaire – gléno-humérale
– clavicule
Plutôt « vieux » : ESH
Si doute coiffe : Échographie à J + 15 après avoir revu le patient
ESH = extrémité supérieure de l’humérus.
L’épaule 13
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Chercher une lésion nerveuse ou vasculaire avant la réduction et le
consigner par écrit.
t Réduire en urgence (« relâcher les muscles »), sous anesthésie générale
si besoin.
t Pas de réduction sans radiographie : si fracture luxation, ou si fracture
non vue la réduction (sans AG) va déplacer la fracture (fig. 4).
t Testing sensitif du moignon de l’épaule post-réductionnel consigné par
écrit.
t Contrôle radio de face uniquement.
t Immobilisation durant 2 semaines coude au corps (gilet orthopédique).
14 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 1 – Abduction irréductible avec ses signes classiques : comblement du vide sous-
acromial (1), signe de l’épaulette (2), abduction irréductible (3), coup de hache
externe (4).
Fig. 3 – Luxation erecta, patient se présente le bras en l’air (A), formes irréductibles,
anciennes (B).
16 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 4 – Une réduction trop énergique a entraîné une fracture, ce qui change toute la
prise en charge et le pronostic. Au mieux, la réduction se fait assis après réassurance
du patient le coude fléchi.
PIÈGE
t Réduire sa radiographie et déplacer une fracture non diagnostiquée.
t Chercher une lésion associée si abduction impossible à 6 semaines.
t Nerf axillaire (EMG).
t Coiffe des rotateurs après 50 ans (écho – arthro-scanner).
SUIVI
t Rééducation à débuter après l’immobilisation.
t Sport entre 3 et 6 mois.
L’épaule 17
EXPLIQUER
t Interdire les gestes d’armé (abduction rotation externe).
t La possibilité de récidive est liée à l’âge (< 18 ans) et à l’importance
de l’encoche.
La controverse
Actuellement, la position d’immobilisation idéale est discutée…
Préférer une rotation neutre coude au corps plutôt que rotation interne
afin de laisser cicatriser la capsule dans sa longueur maximale.
18 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
LUXATION GLÉNOHUMÉRALE
POSTÉRIEURE
PIÈGE
C’est une lésion rare, beaucoup moins douloureuse ou spectaculaire que
la luxation antérieure.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Réduire en urgence (« relâcher les muscles »), sous anesthésie générale
si besoin.
t Immobilisation théoriquement en abduction rotation externe
2 semaines.
t La position coude (rotation interne) au corps risque d’entraîner une
récidive.
L’épaule 19
DISJONCTION LUXATION
ACROMIOCLAVICULAIRE
t L’impact porte sur le moignon de l’épaule (judo, lutte, vélo, rugby).
t C’est le membre qui « tombe et pas la clavicule qui monte » (fig. 7) :
t « Déplacement » = la clavicule est ascensionnée de plus de sa largeur :
− non déplacée (fig. 8) = clavicule ascensionnée de moins de sa largeur ;
− immobilisation 3 semaines par immobilisateur puis 3 semaines en
écharpe.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Classification de Rockwood.
t Si déplacée (fig. 9, à gauche) = traitement chirurgical car, en cas de
déplacement, il y a rupture de la chape deltoïdienne.
SUIVI
t 1 contrôle clinique (Abduction active ? Algodystrophie ?) :
− à 3 semaines à l’ablation de l’immobilisation ;
− à 6 semaines pour évaluer la mobilité de la gléno-humérale (capsulite).
t Rééducation à débuter après l’immobilisation.
t Sport entre 3 et 6 mois.
EXPLIQUER
t Expliquer au patient l’absence de perte fonctionnelle dans la
gléno-humérale.
t Douleur pendant 2 à 3 mois.
PIÈGE
Chercher une lésion associée si impact violent (fractures des premières
côtes, omoplate qui fera discuter une geste opératoire).
L’épaule 21
Fig. 8 – Non-déplacement.
Fig. 9 – Déplacement.
22 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
FRACTURE DE CLAVICULE
t L’impact porte sur le moignon de l’épaule (judo, lutte, vélo, rugby).
t La douleur est importante.
t Deux types de lésions sont rencontrés :
− diaphysaires, les plus fréquentes ;
− quart externe régulièrement chirurgicale.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Fracture non déplacée = clavicule en contact ou déplacée de moins de
la moitié de sa largeur sans troisième fragment.
t Immobilisation 4 semaines par écharpe simple (système d’anneaux type
clavicular inutile).
t Si fracture déplacée ou 3e fragment ou compliquée (menace cutanée
ou pneumothorax) (fig. 10) = traitement chirurgical à discuter.
t Chercher une lésion associée.
SUIVI
• 1 contrôle clinique (Abduction active ? Algodystrophie ?) :
− à 2 semaines : vérifier contrôle douleur à l’ablation de l’immobilisation ;
− à 6 semaines pour évaluer la mobilité de la gléno-humérale
(capsulite), séances de kinésithérapie si nécessaire.
• Autorééducation à débuter après l’immobilisation de 4 semaines.
• Reprendre une activité sportive entre 3 et 6 mois après la fracture.
24 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
EXPLIQUER
• Douleur nette pendant 3 semaines (mobilité du foyer avec la respiration).
• Suivie d’une gêne possible pendant 2 à 3 mois.
PIÈGE
Comme dans la luxation acromio-claviculaire, chercher une lésion associée
si impact violent (fractures premières côtes, omoplate qui fera discuter
un geste opératoire). Possible survenue de phlébite dans les suites.
L’épaule 25
LUXATION STERNOCLAVICULAIRE
Elle fait suite à un traumatisme à haute énergie.
PIÈGE
t La radio n’est pas contributive : évoquer le diagnostic c’est faire un
scanner centré sur les articulations sterno-claviculaires.
t Impact lourd sur le thorax.
t Douleur antérieure en regard du sternum.
t Deux types de lésions avec un traitement différent :
− luxation antérieure : plus fréquente (la clavicule part en avant) ;
− luxation postérieure (fig. 12) : plus rare tableau clinique évocateur :
voix « qui change », déglutition difficile (compression des organes en
arrière du sternum).
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Luxation antérieure :
− immobilisation par écharpe durant 4 semaines – pas de réduction ;
− expliquer iatrogénie du traitement chirurgical qui seul peut réduire
et fixer en l’état la clavicule.
t Luxation postérieure :
− réduire en urgence ;
− sous AG – chirurgien vasculaire ou thoracique prévenu ;
− coussin sous l’omoplate, un aide tracte le bras en abduction,
l’opérateur avec une pince à champ ou un davier de Heim après
préparation cutanée, tente de réduire en percutané la clavicule ;
− scanner de contrôle : si récidive, réduction à ciel ouvert et ligamento-
plastie ;
− immobilisation durant 6 semaines avec un gilet orthopédique.
SUIVI
t Expliquer l’absence de perte fonctionnelle dans la gléno-humérale.
t 1 contrôle clinique (Abduction active ? Algodystrophie ?) :
− à 3 semaines à l’ablation de l’immobilisation ;
− à 6 semaines pour évaluer la mobilité de la gléno-humérale (capsulite).
t Rééducation à débuter après l’immobilisation.
t Sport entre 3 et 6 mois.
EXPLIQUER
Douleur pendant 2 à 3 mois.
L’épaule 27
PIÈGE
t Dans certaines fractures, il existe une authentique luxation associée : ne
pas réduire sans avis du chirurgien (fig. 13).
t Dans certaines fractures, on observe une subluxation inférieure : ce n’est
pas une vraie luxation mais la conjonction de la sidération du deltoïde et
d’une hémarthrose dans la bourse sous-deltoïdienne (fig. 14).
t Ne pas connaître la fracture occulte du trochiter chez une patiente
ménopausée avec ostéoporose : la radiographie est normale en urgence
mais l’échographie ou le scanner prescrit après des semaines de douleurs
retrouveront une fracture non déplacée.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Chercher une lésion nerveuse ou vasculaire rare en l’absence de luxation
associée ou d’ouverture de la peau.
28 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 17 – Deux exemples de fracture non ou peu déplacée qui seront traitées par une
immobilisation.
L’épaule 31
t En cas de fracture non déplacée (fig. 17), tête à bonne hauteur, peu ou
non capotée, tubérosités avec moins d’1 cm de déplacement) : immobili-
sation gilet coude au corps durant 3 à 4 semaines.
t En cas de fracture déplacée, l’ostéosynthèse ou la prothèse sera discutée.
SUIVI
t Consultation de contrôle clinique (tolérance ? douleur ?) :
− à 2 semaines à la recherche d’un déplacement secondaire ;
− à 4 ou 6 semaines pour débuter la rééducation.
EXPLIQUER
t L’objectif thérapeutique est de retrouver une mobilité utile.
t On peut difficilement lutter seul : pas de croisade contre les antalgiques
surtout pendant les 3 premières semaines.
t Une fracture non déplacée peut se déplacer si on bouge « immédiatement ».
t En revanche, on peut enlever le gilet, le jour, pour étendre son coude
et se laver le creux axillaire.
t C’est la nuit qu’on bouge le plus, c’est la nuit qu’il faut garder le gilet
orthopédique.
t Ainsi, pas de rééducation avant 1 mois pour permettre une consolida-
tion des tubérosités dont on peut entraîner le déplacement même avec du
pendulaire un peu trop vif.
t Le risque d’enraidissement de ces lésions… dont les progrès en
rééducation se poursuivent jusqu’à 1 an post-fracture.
32 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Le coude
CAT
t Radiographie du coude de face + profil et si doute ou difficulté
d’analyse : trois quarts.
t Scanner : si fracture de la tête radiale (dans un but diagnostique et à
faire dans les jours suivants) ou si palette humérale difficile à analyser
(dans un but thérapeutique afin de mieux analyser les lésions à opérer).
36 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Indication opératoire quasi constante (sauf pour les lésions supra-
condyliennes obliques courtes non ou peu déplacées accessibles à un
plâtre pendant 6 semaines).
t Lésion difficile : il faut savoir opérer ces patients de jour à plusieurs.
t Décubitus latéral.
t Décubitus dorsal toujours possible (prévenir l’anesthésiste).
t Ostéosynthèse des deux colonnes. Éviter l’ostéotomie transolécrâ-
nienne qui peut compliquer la réduction anatomique et compromettre
la pose d’une prothèse. Si le patient est âgé, opérer avec la prothèse en
salle.
t Pas d’immobilisation ! En dehors d’une écharpe ou d’une orthèse
amovible pour une durée courte (2 à 3 semaines).
38 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
EXPLIQUER
t Récupération fonctionnelle sur 6 mois.
t Perte d’un certain volant d’extension.
PIÈGE
t Une vis intra-articulaire qui peut gêner : un contrôle peropératoire
rigoureux est nécessaire.
t Oublier une lésion nerveuse (rare) en n’examinant pas le patient en
préopératoire.
Le coude 39
FRACTURE DE L’OLÉCRÂNE
Cette lésion peut passer inaperçue chez les patients corpulents et peu
algiques. Elle est peu douloureuse.
La mobilité active est régulièrement conservée, même si elle est diminuée.
Le bilan radiographique du coude de face + profil + trois quarts va
distinguer :
t les fractures isolées les plus fréquentes ;
t les fractures de l’olécrâne associées à d’autres lésions et rentrant dans le
cadre d’une lésion proximale des deux os :
− fracture comminutive de l’olécrâne avec fracture de la tête radiale ;
− luxation fracture transolécrânienne.
Les lésions nerveuses sont exceptionnelles.
Deux tableaux sont fréquemment rencontrés : le patient jeune à haute
énergie (fig. 5 et 6) et le patient âgé ostéoporotique avec une gêne
fonctionnelle minime en per-traumatique (fig. 7, 8 et 9).
Fig. 5 et Fig. 6 – Fracture de l’olécrâne à haute énergie avec luxation associée possible.
CAT THÉRAPEUTIQUE
Position opératoire quasi constante : décubitus latéral (prévenir
l’anesthésiste).
40 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 7, Fig. 8 et Fig. 9 – Fracture de l’olécrâne sur os porotique avec une fonction
étonnamment conservée juste après la fracture.
EXPLIQUER
t Récupération fonctionnelle sur 6 mois.
Le coude 41
PIÈGE
Ne pas avoir vu une fracture de la coronoïde qui rend le coude instable
en plus d’une fracture de tête radiale.
42 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Elle est due à une chute sur la main et le coude est douloureux sans
fracture évidente (visible).
Parfois, seule une hémarthrose est identifiée sur la radiographie de pro-
fil (disparition ou modification du croissant graisseux) : tout trauma-
tisme du coude à radiographie normale est une fracture de la tête radiale
jusqu’à preuve du contraire.
La mobilité active en flexion est possible mais douloureuse, la mobilité
active en supination est difficile voire impossible et/ou très douloureuse.
Pas de gros coude comme dans les lésions de la palette ou de l’olécrâne.
Le bilan radiographique du coude de face + profil + trois quarts va distinguer
en s’aidant d’un scanner si la fracture est déplacée ou s’il y a un doute :
t les fractures isolées et peu ou pas déplacées (Mason 1) les plus
fréquentes (fig. 10 et 11) ;
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Les fractures isolées et peu ou pas déplacées (Mason 1) :
− Traitement fonctionnel compressif pendant 5 jours, puis écharpe
durant 5 jours, le patient étant revu à J+10 ou J+15.
− L’évacuation de l’hémarthrose peut diminuer les douleurs dans
premiers jours, mais ne change pas l’évolution…
t Les fractures isolées déplacées reconstructibles ou non (Mason 2 et 3) :
− Indication opératoire : décubitus dorsal (prévenir l’anesthésiste).
− Ostéosynthèse conservatrice ou prothèse (qui sera présente en salle).
t Les fractures associées (fracture de l’olécrâne, luxation du coude)
souvent comminutives et mal ou non reconstructibles :
− Décubitus latéral si olécrâne associé.
− Faire voie postéro-externe permettant l’abord des deux os.
− Opérer ces fractures avec prothèse en salle.
EXPLIQUER
t Récupération fonctionnelle sur 6 mois sans parallèle entre les lésions et
la récupération.
t Autorééducation : mouvement pour récupérer pronosupination : partir
de la flexion-supination pour étendre le coude en faisant de la pronation.
PIÈGE
t Oublier une fracture associée au poignet car le mécanisme traumatique
est le même : chute en hyperextension.
t Descendre plus bas que le col radial pour mettre une prothèse ou une
ostéosynthèse : risquer de léser le nerf radial.
t Oublier la zone de sécurité de la tête radiale où le matériel de fixation
n’est jamais en contact avec les surfaces articulaires de l’ulna.
Le coude 45
LUXATION DU COUDE
Elle se caractérise par une impotence très douloureuse du coude, avec
perte des repères osseux avec déformation caricaturale le plus souvent.
C’est la première luxation d’une articulation majeure chez l’enfant et la
deuxième chez l’adulte.
Elle représente 10 à 25 % de l’ensemble des traumatismes du coude.
La partie antérieure du ligament collatéral médial (LLI) doit être lésé
(le plus souvent au niveau proximal, au niveau de l’humérus) pour qu’il
y ait luxation : c’est le verrou de la stabilité.
Le bilan radiographique du coude face + profil + trois quarts permet de :
t confirmer le diagnostic, d’évaluer la présence de fractures associées au
coude (olécrâne, tête radiale, qui pourront nécessiter un geste chirurgical)
ou au poignet ;
t classer le type de luxation : postérieure – postéro-latérale la plus
fréquente – antérieure latérale divergente (haute énergie-lésion de la
membrane interosseuse) ;
t classer en luxation complète ou incomplète (coronoïde encore en
contact avec la trochlée, moins de lésions ligamentaires, récupération des
amplitudes plus complète).
L’examen clinique recherche des lésions nerveuses (nerf médian ulnaire)
ou vasculaires (échographie à la recherche de lésion de l’artère brachiale)
et consigne les résultats par écrit (fig. 15, 16 et 17).
CAT THÉRAPEUTIQUE
1) Réduction en urgence nécessaire idéalement sous anesthésie générale
permettant la réduction et le testing.
t Proscrire l’anesthésie locorégionale (gênera l’appréciation d’un
syndrome des loges ou d’un déficit neurologique).
t Réduction douce, pas de geste brusque, pas d’hyperextension du coude,
pour « dégager » l’apophyse coronoïde (risque d’enclavement nerveux).
t En décubitus dorsal, le coude luxé fléchi est maintenu à deux mains
« par derrière » l’humérus, les deux pouces pouvant pousser sur l’olé-
crâne. Un aide indispensable va tirer dans l’axe de l’avant-bras. La traction
d’une part de l’avant-bras (rendue possible et efficace par le contre-appui
huméral de l’opérateur) associée à la réintégration de l’olécrâne d’autre
part doit permettre la réduction des surfaces articulaires et s’accompagne
d’un claquement articulaire.
t Critères de réduction : cliché post-réductionnel sur le profil ; la tête
radiale se projette en face du condyle huméral, l’axe du radius croisant le
centre du condyle huméral. L’espace articulaire huméro-ulnaire doit être
de même importance sur toutes les incidences.
2) Testing de l’articulation réduite, le coude est porté en extension et on
vérifie l’absence de luxation itérative :
t si le coude se luxe pendant qu’il est porté en extension (proche de 90 °
de flexion ou plus proche de l’extension), il faut alors que le testing soit
fait en pronation ;
t si la luxation se produit toujours, une réparation ligamentaire et mus-
culaire devient nécessaire (insertions des fléchisseurs du poignet).
3) Une immobilisation plâtrée à 100 ° de flexion durant 15 jours – et
jamais plus – sera appliquée aux patients très indociles, sinon une écharpe
une dizaine de jours est suffisante. Une orthèse contrôlant la pronation
doit être parfois proposée.
EXPLIQUER
t Récupération des amplitudes possible même après 6 mois, mais rare-
ment après 18 mois.
Le coude 47
PIÈGE
t Ne pas voir une compression nerveuse.
t Ne pas diagnostiquer une lésion osseuse déstabilisante (tête radiale,
coronoïde).
t Ne pas revoir les patients à 1 mois pour juger de l’évolution de la
récupération fonctionnelle.
RUPTURE DU BICEPS
C’est une lésion rare (3 % des lésions du biceps), toujours traumatique,
qui arrive dans un contexte de force (« costaud »), entre 40 et 60 ans.
Elle provoque une désinsertion du tendon au niveau de la tubérosité bici-
pitale au décours d’une sollicitation brutale en extension sur un coude
fléchi à 90 °.
Le diagnostic clinique est facile avec douleur du coude, parfois avec ecchy-
mose au niveau du pli du coude et perte du relief du biceps brachial mais
la flexion active est conservée (fig. 18).
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Réinsertion anatomique chirurgicale par ancrage intraosseux grâce à
une voie antérieure.
t Afin d’espérer une récupération de la force et de l’endurance en flexion,
mais aussi en supination (la flexion du coude n’est jamais compromise
par une telle rupture).
t Immobilisation durant 6 semaines par orthèse amovible, coude fléchi à
angle droit et la main en supination neutre permettant une rééducation
avec mobilisation passive en flexion mais sans dépasser 80 ° vers l’extension.
t Rééducation active et travail de récupération des amplitudes articulaires
après 6 semaines.
EXPLIQUER
Perte de force souvent ressentie par le patient.
PIÈGE
t Sous-estimer la rétraction et l’ancienneté.
t Aborder par deux voies et risquer des complications (nerveuses, synostoses).
50 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
RUPTURE DU TRICEPS
Rare, elle représente moins de 1 % des lésions tendineuses, tout problème
confondu.
Elle se rencontre suite à un traumatisme direct, face post-coude, ou
lors de chute mais aussi dans un contexte de fragilité musculaire ou de
sursollicitation :
t paraplégiques ;
t prise d’anabolisants dans un contexte d’haltérophilie ou non ;
t insuffisance rénale avec hyperparathyroïdisme secondaire ;
t hypocalcémie ;
t polyarthrite rhumatoïde ;
t diabète ;
t ostéogenèse imparfaite ;
t remaniements dégénératifs arthrosiques ;
t bursites olécrâniennes ;
t injections cortisonées intratendineuses.
Son diagnostic est difficile car les plaintes sont minimes (empâtement
douloureux sus-olécrânien).
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Réinsertion transosseuse du triceps devant une lésion + un déficit.
t Discuter ce même geste en cas de rupture partielle selon le déficit et
l’âge.
EXPLIQUER
Récupération même après 6 mois.
PIÈGE
t Cette lésion est rare, donc un oubli diagnostique peut arriver.
t Ne pas réaliser une extension active contre pesanteur devant un coude
traumatique à radiographie subnormale mais empâté au niveau de
l’olécrâne.
t En cas de rupture vue tardivement (après 3 à 6 mois…), une plastie
est nécessaire, avec des résultats plus aléatoires.
Le coude 53
FRACTURES DE LA DIAPHYSE
DES DEUX OS DE L’AVANTBRAS
Elles sont à part car faciles à diagnostiquer et le plus souvent opérées.
Réaliser des radiographies de face et profil de l’avant-bras, du coude et
du poignet :
t Fracture des deux os : quel que soit le déplacement, le traitement sera
chirurgical.
t Fracture d’un seul des deux os : fracture du cubitus, fracture de la
diaphyse cubitale : chercher une luxation de la tête radiale (lésion de
Monteggia).
t Si fracture isolée du cubitus, si déplacement inférieur à la moitié de
la largeur de la diaphyse : traitement orthopédique par une manchette
plâtrée : 4 à 6 semaines.
t Selon le patient et le déplacement, le traitement chirurgical sera facile-
ment proposé, évitant une immobilisation du poignet et du coude.
t Fracture isolée du radius : rechercher une luxation de la tête ulnaire
distale (fracture de Galeazzi) qui est chirurgicale.
Ö Le coude est une articulation qui s’enraidit vite : toute lésion devra être mobili-
sée dans les meilleurs délais, tout traitement doit favoriser cet objectif.
Ö Tout traumatisme du coude à radio normale est une fracture de la tête radiale
jusqu’à preuve du contraire.
Chapitre 3
Le poignet
CAT
Faire des radiographies de face et de profil strict et incidences de scaphoïde
(si pas d’argument pour fracture du radius, liée à l’âge).
t Si la radiographie est « normale », explorer la piste osseuse :
− Scanner, IRM ou scintigraphie dans les 10 à 15 jours : 40 % des trau-
matismes du poignet à radiographies normales présentent une fracture
dite occulte, non déplacée qui se déplacera si elle n’est pas immobilisée.
Nous avons développé une scintigraphie particulière, la radio-
scintigraphie quantitative, qui est un perfectionnement de la scin-
tigraphie et qui permet de faire le diagnostic dans les 15 jours
(disponible selon les équipes de médecine nucléaire) (fig. 1 et 2).
− Des radiographies normales, et une radio-scintigraphie quantitative
avec fixation 4 fois plus importante du côté cassé.
Le poignet 57
Fig. 2 – La fixation quatre fois plus importante du côté cassé confirme la fracture.
PATIENT
Plutôt « jeune » : Fracture scaphoïde – lésion ligament SL – ligament
LT – TFCC – luxation périlunaire
Plutôt « vieux » : Fracture radius distal
Le poignet 59
Fig. 3 – Ici, de face, il existe une légère horizontalisation de la glène radiale, l’ulna est
un peu long à cause du tassement du radius mais c’est de profil que le déplacement
est réel avec la bascule postérieure.
60 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
une analyse précise des lésions même si les radiographies peuvent être
faussement rassurantes (fig. 6).
L’évaluation se fait selon Herzberg (fig. 7).
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Non déplacée : plâtre antébrachio-palmaire ou « manchette plâtrée »
durant 4 à 6 semaines :
− antalgiques ± AINS 2 semaines ;
− vitamine C 1 g/j pendant 6 semaines ;
− évaluer la nécessité de bilan ou de traitement d’une ostéoporose
(rhumatologue, médecin traitant, gériatre, rééducateur) ;
− 1 contrôle clinique (algodystrophie ?) et radio (déplacement ?) à
2 semaines avec mise en place de résine.
62 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 7 – Classification de Herzberg qui permet de recenser toutes les lésions possibles
en cas de fracture du radius distal. (D’après Herzberg G, Izem Y, Al Saati M, Plotard F
(2010) Chir Main 29 : 231-5.)
EXPLIQUER
La longueur potentielle (6 mois…) de la gêne (raideur avec récupération
progressive des amplitudes – force).
PIÈGE
t Chercher une lésion associée.
t Fracture de la tête radiale.
t Fracture du styloïde : chercher la lésion du ligament scapho-lunaire (fig. 9).
FRACTURE DU SCAPHOÏDE
C’est la fracture la plus fréquente des os du carpe. Elle survient chez un
patient jeune (< 30 ans), lors d’une chute à haute énergie le plus souvent.
Le bilan radiographique (poignet de face, profil, incidences du scaphoïde,
face inclinaison cubitale) permet de définir :
t l’absence de déplacement = le trait n’est pas visible sur toutes les
incidences (fig. 10) ;
t si on a un doute sur l’importance du déplacement, pratiquer un scanner
(fig. 11) ;
Fig. 10 – L’absence de déplacement est définie par un trait non visible sur toutes les
incidences.
Fig. 12 – Le trait est large et/ou il existe une densification des berges, et/ou il existe
de l’arthrose, le pôle proximal est plus petit, remanié.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Fracture non déplacée
− Manchette avec (ou sans ?) colonne de pouce 6 semaines ± 6 semaines.
− Antalgiques durant 1 semaine.
− 1 contrôle clinique (algodystrophie ?) et radiograpgique (aspect du
trait ?).
− À 3 semaines avec changement de plâtre (résine).
− À 6 semaines avec poursuite ou non de l’immobilisation :
− si trait « disparu » : orthèse amovible 1 mois ;
− si trait « toujours présent » : poursuivre l’immobilisation ;
− À 3 mois : envisager scanner + vissage si consolidation douteuse.
− À 6 mois : vérifier absence de pseudarthrose.
− Fracture du tubercule même déplacée : manchette 1 mois.
Le poignet 67
EXPLIQUER
t Les particularités du scaphoïde (vascularisation – trait de fracture)
justifiant le traitement initial, ses modifications éventuelles (nécrose –
pseudarthrose – cal vicieuse).
68 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
PIÈGE
t Chercher une lésion associée :
− fracture du scaphoïde controlatéral ;
− fracture de la tête radiale ;
− lésion du ligament scapho-lunaire.
t Si problème de consolidation, discuter l’arrêt du tabac, faire un bilan
(hypovitaminose D, etc.).
Le poignet 69
LUXATION PÉRILUNAIRE
On la rencontre dans les traumatismes à haute énergie, en hyperex-
tension du poignet ± bloqué (guidon de moto), de chute de lieu élevé
(polytraumatisme dans 10 %).
Faire un bilan radiographique du poignet de face, profil et trois quarts.
t Définir la lésion = perte de contact entre le capitatum et le lunatum
(fig. 15 et 16).
Fig. 15 – Aspect d’une luxation périlunaire avec, ici, fracture de la styloïde radiale.
Fig. 16 – Le semi-lunaire (en pointillé) est en avant du capitatum (en trait gras).
Le poignet 71
Il existe une désolidarisation entre les deux rangées, mais aussi entre les
os de la première rangée. De face, le semi-lunaire (lunatum) a un aspect
en toupie ; de profil, il n’est plus sous le radius.
L’œdème et l’empâtement du poignet sont différents dans ceux retrouvés
dans les fractures du radius distal.
Chez le patient conscient : il existe des douleurs des deux faces, avec
parfois des paresthésies du médian.
Chez le patient à réanimer, la radiographie de face seule peut être
trompeuse et le diagnostic non fait.
ATTENTION : examiner tous les poignets des motards ou des chutes de haut.
CAT THÉRAPEUTIQUE
t Réduire en urgence cette luxation.
− La réduction se fait sous anesthésie générale dans un bloc opéra-
toire, avec une traction évaluée à 5-7 kg par doigtier japonais, grâce
à un contre-appui sur le semi-lunaire et le pouce. L’index permet un
contre-appui sur le semi-lunaire pendant que le pouce le réintègre
en douceur avec une dorsiflexion.
− Cette manœuvre doit être facile, la traction longue : 10-15 min est
le meilleur allié.
t Stabiliser pour permettre une cicatrisation avec immobilisation de
2 mois (fig. 17).
− La stabilisation chirurgicale dans tous les cas est maintenant validée.
72 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
EXPLIQUER
Complications (raideur du poignet), nécrose du semi-lunaire à partir de
6 mois.
PIÈGE
t Dans un quart des cas, cette luxation périlunaire postérieure pas-
sera inaperçue à cause d’un manque de rigueur diagnostique et d’une
(mauvaise ou non réalisée) radio de profil.
t Risque de nécrose du semi-lunaire.
Le poignet 73
LÉSIONS LIGAMENTAIRES :
PARTICULARITÉS
Le plus souvent, c’est devant des douleurs chroniques plusieurs semaines
après un traumatisme parfois oublié par le patient que le diagnostic de
lésions ligamentaires sera fait. En cas de traumatisme du poignet, les objectifs
de la prise en charge sont simples : il faut dans un premier temps recher-
cher une lésion osseuse par des radiographies du poignet de face, de profil
et des incidences du scaphoïde. La répétition à 3 semaines de ces clichés à la
recherche d’une fracture du scaphoïde, la plus fréquente des fractures des os
du carpe, est inutile. Il vaut mieux revoir le patient à la première semaine et,
s’il reste douloureux, envisager un examen sensible comme la scintigraphie
ou l’IRM. Ces examens sensibles et assez spécifiques permettent de retrou-
ver une fracture dite occulte dans 40 % des cas de traumatisme à radiogra-
phie normale. En cas de persistance des douleurs, mais de normalité du bilan
osseux, il faut alors rechercher une lésion ligamentaire par de nouveaux
clichés statiques et dynamiques qui peuvent montrer un écart entre les os,
signant l’incompétence ligamentaire.
Trois lésions ligamentaires doivent être recherchées : la lésion du
ligament scapho-lunaire (douleur du bord radial du poignet), ou du
ligament luno-triquétral et du complexe triangulaire (douleur du bord
cubital du poignet). Le diastasis peut être observé sur des clichés sta-
tiques ou sur des clichés dynamiques et permettront de faire, à ce stade,
le diagnostic de lésion du ligament qui doit être réparé dans les 6
semaines (fig. 18).
En cas de lésion du complexe triangulaire, il n’existe pas de diastasis
visible.
En cas de radios non contributives, le bilan doit être complété par un
arthro-scanner ou une arthro-IRM et éventuellement par une arthro-
scopie. Ces examens recherchent une perforation du ligament. Seule
l’arthroscopie permet de montrer la lésion et sa conséquence fonction-
nelle : une mobilité anormale entre deux os. En cas de lésions vieillies
ou chroniques, on parlera d’instabilité. En cas de lésions ligamentaires, le
patient présente surtout une baisse de force et finalement peu de douleurs
Le poignet 75
La main
TRAUMATISMES ET PLAIES :
ANALYSE DES PROBLÈMES
La main est le seul organe que l’on a sous les yeux toute sa vie. 1,5 mil-
lion d’accidents de la main sont recensés chaque année en France dont
la moitié sont considérés comme graves. La diminution des séquelles
et des coûts engendrés passe par une prise en charge spécialisée (pos-
sible en France grâce à un réseau de centres SOS main) et une préven-
tion efficace dans les loisirs. Le pouce est le plus important des doigts,
expliquant les efforts de reconstruction ou de remplacement (transfert
d’orteil) afin de conserver le seul doigt opposable dans les grandes muti-
lation. L’atteinte des doigts cubitaux, auriculaire et annulaire, dévolus
aux verrouillages des prises, entraîne des séquelles fonctionnelles graves
chez le travailleur manuel de force ou de précision. Les traumatismes
ouverts (plaies, morsures) sont les seuls en mesure de léser les pédicules
neurovasculaires qui courent à la face palmaire et latérale de chaque
doigt, le nerf étant superficiel par rapport à l’artère. Au niveau du pouce,
les pédicules sont médialisés et se situent réellement à la face palmaire
et non plus légèrement latéralisés. Toute plaie sera donc une lésion des
pédicules et des tendons jusqu’à preuve du contraire, et tout trauma-
tisme fermé est une fracture ou une entorse jusqu’à preuve du contraire.
Les mécanismes de section lèsent d’abord les parties molles (tendons,
nerfs) et peuvent aller jusqu’à la fracture ouverte et l’amputation. Les
mécanismes de torsion (chute, traumatismes sportifs de réception de
ballon, rixe, etc.) vont générer des lésions ostéo-ligamentaires voire des
ruptures (sans plaie) des tendons. L’examen clinique en urgence doit
être accompagné de clichés radiographiques qui feront le diagnostic. Les
78 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
ATTENTION : s’il existe une plaie associée à ces traumatismes, le traitement devient
urgent dans les 6 heures.
80 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 1 – Algorithme de la conduite à tenir devant une plaie de la main ou des doigts.
ATTENTION : toute structure saine non vue à l’exploration doit être considérée
comme lésée.
82 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 2 – Exemple de plaies graves qui intuitivement doivent entraîner une exploration au
bloc opératoire dans une unité de chirurgie de la main (de gauche à droite écrasement
par rouleau, doigt d’alliance (ring finger), plaie par scie à ruban, amputation totale de
D2 et D3 autour de l’IPP).
La main 83
froide (il est toujours possible de replanter des doigts avec succès même
après 6 heures grâce à ce simple conditionnement).
Fig. 3 – Plaie punctiforme en paume avec un examen clinique sans déficit exprimé
mais dont l’exploration révèle une section du nerf médian et de deux tendons
fléchisseurs.
Fig. 4 – Mécanisme traumatique qui explique les suites infectieuses après un coup
de poing dans la bouche.
La main 85
Fig. 7 – De gauche à droite : aspect évolutif d’un phlegmon des gaines – plaie
punctiforme qui va contaminer la gaine, aspect de phlegmon constitué avec douleur
à la mobilisation du doigt et volant de flexion extension active limité, puis phlegmon
fistulisé avec nécrose probable du fléchisseur.
Fig. 8 – Nodule d’Orf – pathologie des éleveurs d’ovins mimant une pathologie
tumorale sur les faces d’extension des doigts en contact avec le pis des animaux,
aggravée par une exérèse chirurgicale.
excision dans les heures en cas d’ischémie du doigt ou dans les jours
de principe pour être greffée. Les lésions circulaires obligent à réaliser
des incisions de décharge par un chirurgien rompu à ces situations. Les
brûlures chimiques obligent à une excision en urgence, quelle que soit
la taille des lésions au vu du potentiel toxique et évolutif dans le temps
et l’espace de ces brûlures.
92 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Elle survient surtout chez des patients avec une articulation physiolo-
giquement plus raide.
Le problème est de reconnaître une lésion chirurgicale, c’est-à-dire une
lésion du ligament qui le rend incompétent. Un « ligament incompétent »
= un ligament qui ne sait plus s’opposer à une sollicitation en abduction
(ou en valgus).
Les particularités du LLI de la MCP sont : quand le LLI se rompt, il passe
au-dessus de la dossière de l’extenseur et ne peut donc cicatriser : c’est la
lésion de Stener.
CAT thérapeutique
Faire une radiographie simple à la recherche d’une fracture.
Faire des testing comparatifs (des 2 MCP) sous AL (du côté traumatisé)
dans tous les cas à la recherche de la lésion du LLI visible uniquement
grâce aux clichés dynamiques (fig. 11).
L’indication opératoire est classiquement s’il y a un diastasis > 35° : en
fait et surtout si la tangente des sésamoïdes (trait pointillé noir) qui suit
la tangente à la base phalangienne (trait plein noir) et qui n’est plus
parallèle à la tangente de la tête métacarpienne (trait plein blanc) (fig. 12).
Au testing sans AL, il existe une petite subluxation (même patient sous
AL !), mais pas de différence significative.
Sinon, traitement orthopédique = gantelet + colonne résine 3 semaines
suivi d’orthèse 2 semaines.
Fig. 12 – Tant que les sésamoïdes restent parallèles à la tête métacarpienne (le trait
fin est parallèle au trait épais), le doigt est normal (à gauche) ou l’entorse est bénigne
(au milieu) ; mais en cas d’entorse grave (à droite), la tangente des sésamoïdes (trait
fin) va suivre la tangente de la base phalangienne (trait pointillé).
Piège
• Oublier de faire les clichés dynamiques devant l’existence d’un fragment
osseux.
• Ne pas voir une atteinte externe d’indication chirurgicale.
• Ne pas faire d’AL pour faire les clichés dynamiques.
Expliquer
• Prévenir le patient : raideur possible de l’articulation pendant 2 à 4 mois.
Expliquer
• Prévenir le patient : raideur MP 4 à 6 mois.
96 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 14 – Une fracture oblique peu déplacée peut être traitée par syndactylie.
Fig. 15 – Exemple de fracture du col d’un métacarpien (M5) déplacée et fixée par
broche… seule la réduction anatomique permet d’éviter le cal vicieux de la tête
gênant les prises d’objet cylindrique en paume.
Fig. 17 – Cal vicieux en rotation d’une fracture phalangienne mal prise en charge.
100 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 18 – Fracture luxation de l’IPP : il s’agit d’un piège diagnostique car l’aspect
radiographique peut être trompeur en cas de mauvais profil. Ici, l’articulation n’est
plus congruente donc elle est à opérer.
Fig. 19 – Analyse par scanner d’une fracture articulaire de l’IPP avec les constatations
peropératoires.
La main 101
Expliquer
t Raideur possible IPP si à cause de la douleur le patient exclut son doigt.
Fig. 21 – Selon le sens de la luxation de l’IPP, on aura à faire à une lésion ligamentaire
(luxation dorsale) ou à une lésion d’une structure tendineuse motrice le plus souvent
à opérer type entorse (luxation palmaire). Image issue de la collection du laboratoire
d’anatomie de Besancon (Pr Tatu, Pr Paratte, Dr Lepage, Dr Vuillier).
Expliquer
t Raideur possible IPP si, à cause de la douleur, le patient exclut son doigt.
t Flessum IPP possible.
Fig. 23 – L’attelle doit être portée pendant 6 à 8 semaines en continu mais une
surveillance attentive doit prévenir la survenue d’escarre.
Piège
• Faire de la rééducation après l’ablation de l’attelle : c’est interdit !
Expliquer
• L’importance du respect de l’immobilisation continue… (toilette,
liquide).
• Le risque d’escarre.
• Le risque de léger flessum de l’IPD jugé comme « normal » au recul.
• L’escarre est évitée par une surveillance adéquate et une attelle adaptée.
Ö Toute plaie est une lésion des pédicules et des tendons jusqu’à preuve du
contraire, tout traumatisme fermé est une fracture ou une entorse jusqu’à
preuve du contraire.
Ö Toute plaie palmaire des doigts ou de la paume fait suspecter une lésion des
pédicules nerveux et/ou des tendons fléchisseurs.
Ö Toute plaie doit être explorée par quelqu’un qui sait avec les moyens adéquats et
toute structure saine non vue à l’exploration doit être considérée comme lésée
et à explorer au bloc opératoire.
106 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
Fig. 24 – Les entorses et luxations les plus fréquentes représentées sur la face
dorsale de la main.
Chapitre 5
PRINCIPES GÉNÉRAUX
Un certificat médical est un écrit rédigé par un médecin faisant état de
ses constatations destinées à faire valoir des droits pour le patient.
Le certificat traduit donc une relation triangulaire médecin/malade/société
qui correspond à son aspect médicolégal.
t Un écrit :
− Daté du jour où il est rédigé et signé par son auteur.
− Lisible (il est inutile d’écrire si l’on ne peut pas être lu !) et idéa-
lement rédigé au moyen d’un traitement de texte disposant d’un
correcteur d’orthographe !
t Un médecin :
− Docteur en médecine inscrit à l’Ordre des médecins (et non pas
un interne, même « thèsé », sauf délégation expresse …le soussigné
Monsieur Jean X, interne en médecine, désigné par le Dr Pierre Y…
Praticien Hospitalier dans le service de…).
Jean-Luc CHOPARD
Service de médecine légale et victimologie
CHU de Besançon
108 Traumatologie de la main à l’épaule chez l’adulte
tranchant, et si elle se trouve dans le dos, cela est compatible avec ce que
dit le patient : un individu l’aurait frappé par derrière avec un rasoir alors
qu’il attendait tranquillement le bus.
De même, une ecchymose orbitaire avec plaie contuse le long de la par-
tie externe du rebord supérieur évoque un coup de poing comme dit la
dame, et non pas une simple gifle (voire une caresse un peu appuyée !),
comme dit son conjoint.
DURÉE DE L’ITT
CONCLUSION
Rédiger un certificat médical de coups et blessures est donc un acte
parfois complexe, mais le plus souvent assez simple pour peu que l’on
comprenne à quoi il sert et dans quel contexte il s’inscrit.
Il s’agit à la fois d’un acte médical qui impose d’aborder le patient dans
sa globalité, et d’un acte médicolégal qui s’intègre dans la dimension
sociale de l’exercice médical.
Certes, le patient présente une plaie fine, profonde, verticale de 5 cm de
long au tiers moyen du bord cubital de l’avant-bras droit, mais encore
faut-il savoir dans quelles circonstances il a été blessé, quel est le type
d’agent vulnérant, s’il peut s’agir d’une lésion de défense, s’il a eu peur
d’être plus gravement atteint, s’il a réagi de manière adaptée à l’agression,
s’il vit seul ou s’il bénéficie d’un étayage familial, s’il a besoin d’un sou-
tien psychologique, s’il est droitier, s’il peut ou non continuer à exercer
son activité professionnelle et si sa vie quotidienne risque d’être ou non
gravement perturbée, et pendant combien de temps.
C’est donc bien une clinique du retentissement fonctionnel des lésions
chez un individu singulier, et ce mode d’approche peut s’appliquer dans
tous les domaines de la médecine. Ce qui compte pour le malade, ce n’est
pas seulement le délai moyen de consolidation d’une fracture du fémur,
ou les données statistiques sur les complications possibles de l’ostéo-
synthèse, c’est aussi de savoir combien de temps il va rester à l’hôpital,
quand il pourra marcher de nouveau, comment il va faire pour rentrer
chez lui au deuxième étage sans ascenseur avec des cannes anglaises et s’il
pourra conduire sa voiture pour se rendre au mariage de sa nièce dans
3 mois.
Finalement, la médecine légale, c’est une manière de faire de la médecine.