Ce document est essentiellement orienté sur l'étude des huiles hydrauliques utilisées dans les
installations industrielles et les engins mobiles.
Ce document ne veut pas faire un inventaire complet des caractéristiques des huiles, mais
donner un aperçu afin de sensibiliser le lecteur à la complexité de l'huile pour mieux la choisir,
l'utiliser et la respecter.
Les huiles hydrauliques : caractéristiques
BASES HYDRAULIQUES Table des matières
Les sujets relatifs aux rôles et classification des huiles font l'objet du document "Les huiles
hydrauliques, classification".
Le fluide mis en œuvre dans une transmission de puissance est généralement de l'huile minérale.
Les produits aqueux et les huiles de synthèse ne sont employés qu'exceptionnellement pour des
applications particulières.
L'huile minérale brute est un fluide visqueux qui résulte de la transformation chimique du pétrole brut.
Exemple, molécule composée d'un cycle aromatique et d'un cycle naphténique combinés à un
hydrocarbure paraffinique à chaîne longue.
Les huiles brutes sont différentes car issues de pétroles bruts différents.
Les fabricants d'huile effectuent des mélanges d'huiles brutes appelées huiles de bases pour obtenir une
huile de meilleure qualité.
Il est nécessaire d'apporter des additifs pour en améliorer les caractéristiques physiques, chimiques, les
performances et adapter cette huile pour satisfaire des conditions de travail particulières.
Les additifs sont très variés et chacun donne à l'huile finie des propriétés particulières qu'elle ne
possédait pas originellement ou améliore ses propriétés intrinsèques.
Ces additifs sont utilisés à des doses très variées en suivant une formule établie au préalable par un
laboratoire et corrigée après des tests sur des bancs d'essais.
La préparation se fait généralement à chaud (70 °C) en veillant au bon mélange des produits.
Une grande propreté est nécessaire, en particulier lors de la mise dans les emballages.
Le point d'écoulement des huiles (parfois appelé point de congélation) mesure par des essais de
laboratoire très stricts la température la plus basse à laquelle l'huile coule encore lorsqu'elle est refroidie
sans agitation.
Les points d'écoulement naturel des huiles minérales sont variables selon l'origine de celle-ci.
A titre d'exemple, les huiles utilisées ont des points d'écoulement de l'ordre de ;
- 50 huile LHM
- 40 / 45 huile pour compresseur frigorifique
- 40 huile hydraulique à très haut indice de viscosité
- 35 huile SAE 10 W ou 10 W 30
- 30 huile SAE 15 W 40
- 30 huile hydraulique ISO VG 32 ou 46
- 30 huile transmission SAE 80 W ou 80 W 90
- 25 huile SAE 30 W ou 20 W 40
- 20 huile SAE 40
- 20 huile transmission SAE 90
- 15 / 18 huile pour engrenages industriels
- 10 huile transmission SAE 140
Ces valeurs ne signifient pas qu'une installation soumise à une températures proche de ces limites
puisse démarrer facilement.
A l'approche de la température limite d'écoulement (10 à 15 °C au-dessus) la viscosité de l'huile est très
grande.
Elle circule difficilement dans les circuits, en particulier dans les filtres, dans les refroidisseurs et tous les
circuits restrictifs.
Cette caractéristique détermine le comportement des huiles pour circuits hydrauliques face au joints et
aux élastomères.
La solubilité de l'aniline dans les huiles est en relation avec la nature des hydrocarbures constitutifs et en
particulier avec la teneur en aromatiques.
Le test utilise un mélange effectuer à chaud de volumes égaux d'aniline et d'huile à tester puis refroidi.
Le point d'aniline est la température la plus basse à laquelle les volumes d'aniline et d'huile à tester sont
complètement miscibles.
Une huile à faible point d'aniline à tendance à faire gonfler les joints.
Une huile à haut point d'aniline à tendance à contracter et durcir les joints.
Les élastomères fluorés ou fluo-éthylènes ont une bonne résistance face aux huiles minérales
classiques.
Le test de cristallisation ne permet qu'une approximation, la tenue réelle des joints est vérifiée par des
tests plus directs qui mettent l'huile en contact avec la matière du joint en tenant compte des
températures de fonctionnement.
Les fabricants de joints font des essais avec des huiles de références, type ASTM 1, 2, et 3
respectivement de point d'aniline de 124, 93 et 69 °C.
Le point d'aniline des huiles hydrauliques minérales est généralement compris entre 90 et 100°C.
Aniline,
Amine cyclique C6h5NH2, dérivée du benzène, découverte dans la distillation de l'indigo et extraite
aujourd'hui de la houille.
L'aniline est la principale matière employée dans l'industrie de colorants synthétiques.
Amine,
Composé obtenu par substitution d'un ou plusieurs radicaux alcoyles à l'hydrogène de l'ammoniac.
Alcoyles,
Non générique des radicaux univalents obtenus par enlèvement de l'hydroxyde d'un alcool.
La basicité d'une huile est une caractéristique importante pour les huiles de lubrification des moteurs
Diesels.
Les fuels utilisés dans les moteurs contiennent généralement du soufre en plus ou moins grande
quantité.
La combustion produit du gaz sulfurique, une partie descend le long de la cylindrée et se combine avec
l'eau contenue dans l'huile et forme de l'acide sulfurique.
Cette propriété se mesure en milligrammes équivalents de potasse par gramme d'huile, mg KoH/g.
Le choix de l'huile doit tenir compte de la quantité de soufre contenu dans le fuel.
Certaines huiles pour moteurs marins qui utilisent des fuels lourds contenant 4% de soufre ont un TBN
de 25 à 30, voire 70 et plus.
La basicité de l'huile détermine la périodicité des vidanges par rapport à la quantité de fuel consommée
par le moteur.
L'huile doit être remplacée lorsque la charge TBN a neutralisé l'acide produit.
L'indice d'acidité d'une huile est déterminé par le nombre de milligrammes de potasse nécessaire pour
neutraliser un gramme d'huile.
L'acidité organique d'une huile minérale pure bien raffinée est pratiquement nulle ou très faible.
Une huile comprenant des additifs présente généralement un indice d'acidité qui peut être important.
Les additifs antirouilles, extrême pression, … donnent au lubrifiant un indice d'acidité apparent parfois
élevé qui ne nuit pas à la qualité de l'huile.
Le point d'éclair et le point de feu sont des caractéristiques intéressantes pour les huiles moteurs.
Elles servent de référence, l'abaissement du point d'éclair et du point de feu permet d'apprécier par
comparaison la dilution de carburant dans l'huile.
Lors du chauffage progressif d'une masse d'huile, à l'air libre, certains éléments s'évaporent pour former
une concentration inflammable dans l'atmosphère surmontant l'huile.
Le point d'éclair (Flash Point) est la température la plus basse à laquelle s'allume momentanément un
mélange d'air et de vapeur d'huile au contact d'une flamme, la combustion ne dure pas.
Le point de feu (Fire Point) est la température à laquelle s'amorce la combustion entretenue en présence
d'une flamme.
Il existe plusieurs méthodes et matériel pour effectuer la mesure du point d'éclair et du point de feu.
Le volume d'huile chauffé, la forme et les dimensions du creuset, la rapidité de la chauffe, le mode
d'inflammation des vapeurs, le degré d'agitation, la pression atmosphérique … sont des paramètres qui
peuvent varier.
Si la flamme est placée directement au contact de la surface libre de l'huile, le point d'éclair est dit en
vase ouvert, c'est généralement la valeur renseignée dans les fiches techniques.
Si la flamme est placée à la sortie d'une cheminée ménagée dans un couvercle, le point d'éclair est dit
en vase clos.
Il existe des tables qui permettent de déduire approximativement le point de feu à partir du point d'éclair.
La température d'auto-inflammation est très au-dessus de celle du point d'éclair, environ 500°C dans
l'air.
Le test qui détermine la température d'auto-inflammation de l'huile est réalisé avec une circulation
d'oxygène pur à la base d'une coupelle maintenue à température.
Le pouvoir lubrifiant et anti-usure est devenu une des propriétés fondamentales des huiles hydrauliques
modernes.
Les composants, en particuliers les pompes, sont réalisés avec une très grande précision et des jeux de
fonctionnement réduit.
Le fluide doit éviter toute usure qui provoque une augmentation des jeux et une réduction des
rendements
Les hautes pressions de fonctionnement constituent un facteur aggravant, elles génèrent plus de
contraintes de frottement et plus de fuites.
Les huiles les plus performantes en anti-usure sont désignées extrême pression, ce type d'huile est
utilisé pour la lubrification des systèmes mécaniques sous fortes contraintes comme les couples
coniques et les différentiels, les réducteurs…
Les additifs agissent en déposant une pellicule protectrice microscopique qui empêche les
microgrippages.
La relation entre l'essai d'usure sur matériel de laboratoire et le comportement des composants d'un
circuit n'est pas facile à établir.
C'est pourquoi il existe des bancs d'essai hydrauliques qui utilisent des composants réels.
Les méthodes les plus connues utilisent des pompes à palettes Vickers V 104 C ou V 105 C, la qualité
du fluide est déterminée par mesure de la perte de masse des matériaux du stator et des palettes après
un certain temps de fonctionnement.
Ils existent plusieurs processus qui diffèrent en fonction des normes de référence par la pression de
fonctionnement, la vitesse, la température, la durée.
Essai Vickers
Paramètres Procédure ASTM D 2882 Procédure AFNOR E 48617
Pompe Vickers V 104 ou V 105 Vickers V 104 ou V 105
Volume d'huile 11,4 litres 60 litres
Durée de l'essai 100 heures 250 heures
Pression 14 000 kPa 14 000 kPa
Vitesse 1 200 tr/mn 1 460 tr/mn
Température ou viscosité a. fluide de viscosité ≤ 46 mm2/s à Température réglée pour obtenir une
40°C ou fluide aqueux à 65,6°C viscosité de ;
b. fluide de viscosité > 46 mm /s à a. huiles minérales HM et HV et fluide
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La manière dont le circuit est conçu et réalisé influence la concentration d'air dans l'huile.
L'huile peut contenir jusqu'à 10% d'air par suite des conditions de fonctionnent de l'installation, la
proportion peut être bien supérieure en présence de problèmes.
Si la présence d'air dans l'huile est inévitable, les additifs participent à en minimiser les conséquences
par des propriétés anti-mousse et de désaération.
Propriété anti-mouse.
La propriété anti-mousse évite la formation de mousse en surface qui provoque des risques de
débordement et de réaspiration d'air.
La propriété anti-mousse est mesurée par un test qui consiste à souffler de l'air dans l'huile à l'aide d'une
boule poreuse et à mesurer le volume et la persistance de la mousse formée, à différentes
températures.
Propriété de désaération.
L'air anormalement introduit dans le circuit doit remonter en surface sous forme de bulles pour
s'échapper de l'huile le plus vite possible en crevant à la surface.
La vitesse de désaération est évaluée par un essai qui consiste à saturer d'air un échantillon par
soufflage à travers une buse, puis à suivre la désaération dans le temps en mesurant la densité à l'aide
d'une balance hydrostatique.
Les huiles de viscosité moyenne (32 à 68 mm2/s) ont des temps de désaération compris entre 5 et 10
minutes.
De l'eau pénètre dans les circuits naturellement par condensation de l'humidité atmosphérique dans le
réservoir lors de chaque arrêt de l'installation.
L'huile doit minimiser les risques consécutifs à la présence de l'eau, cela implique des propriétés ;
- pouvoir antirouille sur les métaux ferreux,
- pouvoir anti-corrosifs sur les métaux cuivreux et les anti-friction,
- résistance à l'hydrolyse,
- désémulsibilité.
Propriétés antirouille.
Il ne doit pas y avoir d'oxydation des composants ferreux d'un circuit, en particulier sur les surfaces de
frottement et les pièces ajustées avec jeux très réduits, même en présence d'eau ou de vapeur d'eau.
L'huile possède d'elle-même une bonne aptitude anti-oxydante, cette caractéristique est améliorée par
des additifs.
Cette propriété est particulièrement intéressante lorsque l'installation subit de longues périodes d'arrêt.
Les additifs agissent en renforçant l'affinité de l'huile à s'accrocher sur les surfaces métalliques, (pouvoir
mouillant).
Le pouvoir antirouille est estimé par un essai qui consiste à plonger une éprouvette d'acier poli plongée
pendant 24 heures dans un mélange de 90% d'huile et 10% d'eau, à 60°C.
Propriétés anti-corrosives.
L'huile hydraulique ne doit pas attaquer les métaux non ferreux, en particulier les alliages de cuivre.
Le comportement vis-à-vis des alliages est contrôlé par la l'évolution de la coloration d'un échantillon de
cuivre plongé dans l'huile pendant 3 heures à 100°C.
La couleur en fin de test est comparée sur une échelle de couleurs de références.
Résistance à l'hydrolyse.
Les additifs présents dans l'huile (anti-oxydants, anticorrosifs, anti-usure) ne doivent pas être dégradés
par l'eau.
Cette dégradation nommée hydrolyse provoque en plus de la perte d'efficacité des additifs, des
phénomènes de corrosion et des dépôts.
Pour vérifier cette propriété, une plaque de cuivre est installé dans une bouteille type "coca-cola
contenant un échantillon de 75 grammes d'huile plus 25 grammes d'eau.
La bouteille est mise en rotation lente pendant 48 heures dans une étuve à 93°C.
La mesure de la perte de masse du cuivre et de l'acidité du mélange huile eau détermine la qualité de
l'huile.
Désémulsibilité.
En prévision de la possibilité d'un mélange important d'eau dans l'huile, l'huile est additivée pour
favoriser la séparation de l'eau et de l'huile sans former d'émulsion stable.
La désémulsibilité permet une séparation rapide de l'eau qui se dépose par gravité dans les parties
basse, en particuliers en fond de réservoir où il est possible de l'évacuée à peu près en totalité par
décantation et sous tirage.
La désémulsibilité des huiles hydrauliques est mesurée par l'essai qui consiste à agiter 40 ml d'huile et
40 ml d'eau avec une pale tournant à 1 500 tr/mn.
Le résultat est donné par la quantité d'émulsion obtenue et le volume d'émulsion restant au bout d'un
certain temps.
Une élévation de la température peut entraîner une détérioration progressive de l'huile par oxydation et
dégradation thermique.
Certains matériels et composants, certaines conditions d'utilisation ont tendance à faire chauffer l'huile
fortement, beaucoup plus que la normale qui est de 55 à 60°C.
L'huile doit posséder une bonne résistance à l'oxydation, ce qui lui permet une longévité sans risque
d'altération, de corrosion ou d'encrassement.
Les tests consistent généralement à soumettre l'huile à un barbotage en présence d'oxygène, d'eau et
de catalyseurs fer et cuivre.
L'huile est chaude, 95 °C, le test dure longtemps, 1 000 à 2 000 heures.
Une partie des huiles minérales de base utilisées pour réaliser les fluides hydrauliques possèdent des
indices de viscosité compris entre 95 et 105.
Les huiles finies à haut indice de viscosité utilisent des additifs dit améliorant d'indice de viscosité
réalisés par des polymères à chaînes longues.
Certains de ces améliorants ont tendance à ce cisailler (cassure de la molécule) sous l'action de forces
mécanique d'écrasement ou par effet de laminage ;
- lubrification des engrenages fortement chargés, couple coniques, réducteur, …
- passage dans les limiteurs de pression et orifices calibrés.
La résistance au cisaillement est testée par des passages répétés à travers un clapet taré d'un volume
d'huile, souvent sur un banc d'essai identique à ceux utilisés pour le contrôle des pompes d'injection de
moteur Diesel.
Certains essais sont effectués avec des pompes hydrauliques, ils permettent un contrôle en conditions
très proches des conditions réelles de fonctionnement des installations.
L'huile se charge des particules d'usures générées dans le circuit et des pollutions.
L'huile est additivée pour nettoyer le circuit et maintenir les particules en suspension.
Le constructeur de l'installation installe un système de filtration plus ou moins performant pour maintenir
l'huile à un bon niveau de propreté.
L'huile doit présentée une bonne aptitude à être filtrée sans colmatage de l'élément filtrant, en particulier
en présence d'eau qui est un facteur aggravant.
Cette caractéristique caractérise l'aptitude de l'huile à conserver durablement ses propriétés initiales
malgré des variations fréquentes de température de grandes amplitudes.
Conductibilité thermique.
L'huile doit évacuer la chaleur produite par les divers frottements d'origine mécanique et hydraulique.
Conductibilité électrique.
L'huile de doit pas conduire l'électricité en cas de court-circuit, certains composants électriques sont
immergés, des solénoïdes par exemples.
Faible compressibilité.
Non toxicité.
L'huile ne doit pas être toxique vis à vis des personnes et de l'environnement, tant sous sa forme liquide
que gazeuse ou après décomposition.
L'huile de synthèse provient de la combinaison, par procédés chimiques, de dérivés gazeux du pétrole
qui ont étés isolé facilement en constituants purs.
Contrairement aux huiles minérales, elles ne comportent qu'une seule structure moléculaire, ce qui lui
permet de bénéficier de propriétés constantes.
Ce type d'huile est agressif vis a vis de certains métaux non ferreux et autres matériaux comme le
Téflon.
Le prix des huiles de synthèse est très supérieur à celui des huiles minérales.
Les huiles difficilement inflammables sont généralement des produits aqueux réalisés par mélange en
proportions diverses d'eau et d'huile ou autres liquides comme le Glycol.
Ce type d'huile n'altère pas les joints en élastomère, par contre il fait gonfler les organes en
Polyuréthane et dégrade les joints et garnitures en fibres végétales ou minérales.
Les produits aqueux altèrent certains métaux, cadmium, Zinc, Magnésium et parfois les peintures et
vernis.
Le prix des fluides difficilement inflammables est généralement supérieur à celui des huiles classiques.