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FINANCES PUBLIQUES
05/11/2013
PLAN
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INTRODUCTION GENERALE
INTRODUCTION GENERALE
L’expression finances publiques désigne à la fois les dépenses et les recettes relatives aux
différentes activités publiques , construites à partir des finances de l’état puis étendues aux
autres personnes publiques comme les collectivités locales.
Elles comprennent les dépenses : leur étude permet de connaître les objectifs et les priorités
d’une personne publique.
Elles comprennent aussi les ressources : impôts, prélèvement obligatoires, emprunt public.
Le trésor public est au centre de l’organisation des finances publiques. Le trésor manipule les
fonds publics et exécute les budgets publics . Il gère aussi la dette publique et intervient sur
les marchés financiers et monétaires.
Avec la crise des années 30, on a eu une conception économique des finances publiques. Les
idées de KEYNES défendent l’intervention de l’état dans la vie économique.
Définition économique
L’étude des finances publiques est l’étude des moyens par lesquels l’état cherche à réaliser
des interventions dans le domaine économique et social, en même temps que la couverture de
ses dépenses par des recettes. Cette définition est restrictive.
-Les différences, spécificités des finances publiques : Les différences tiennent à la nature des
objectifs (privé ou public).Toutes les actions de l’état sont dominées par la notion de service
public et non un intérêt particulier. Les notions de coût de rendement n’ont pas la même
portée pour des personnes privées ou publiques. Les personnes privées y sont très attentives :
elles maximisent. A l’inverse, pour les personnes publiques ou l’état, ces notions ne se
trouvent qu’au second plan car l’objectif primordial est d ‘assurer la bonne marche des
services publics. Les responsabilités publiques sont plus étendues que celles des personnes
privées. Elles sont plus diffuses.
Il existe aussi des différences avec les moyens utilisés : l’état dispose de moyens de
contraintes et de persuasion. Il a un pouvoir d’imposition pour trouver ses recettes. De plus, la
solvabilité de l’état nation permet d’emprunter plus facilement.
Il existe également des différences sur les méthodes de gestion : Dans le secteur privé, chacun
est libre de déterminer ses dépenses et recettes. Pour le secteur public, il doit tenir des règles
très strictes : avant le début de chaque années civiles, les autorités doivent prévoir le montant
des dépenses et celui des recettes pour l’année future. Cela est rigide car la prévision doit être
établi par l’organe exécutif puis doivent être autorisés par l’organe délibératif. Le budget est
en effet voté par les parlementaires. Lors de l’exécution du budget, les dépenses et les recettes
sont systématiquement contrôlées. La constitution prévoit , qu’en cours d’année le
gouvernement peut demander une modification : c’est une loi de finance modificative.
LES GRANDS PROBLEMES DES FINANCES PUBLIQUES
- Choix des dépenses : les décideurs publics doivent se demander quelle doit être la
masse totale des dépenses et comment les répartir.
Répartition des ressources : impôt, cotisation sociales, emprunt public. En pratique, les
gouvernements sont de plus en plus limités dans le choix des ressources. Dans une période
de récession ou près électorale, on ne peut pas augmenter les taux d’imposition. Dans ce
cas, on a recours à une autre solution : déficit budgétaire. Mais, en Europe, il est
impossible de laisser courir son déficit. Il reste l’emprunt public. Mais, ici, le problème est
la croissance de la dette publique.
Entre 1815 et 1830, le régime politique français est dominé par l’opposition entre deux
forces sociales : l’aristocratie et la bourgeoisie. Cela a une conséquence sur le plan des
institutions : il y a une lutte entre le pouvoir royal et le parlement qui reflète les intérêts de
la bourgeoisie. Sur le plan économique, la bourgeoisie s’installa de plus en plus depuis la
révolution. L’aristocratie détient encore l’appareil administratif. Pour asseoir sa
domination, la bourgeoisie va essayer petit à petit de contrôler l’état et l’administration
avec le régime parlementaire. A l’époque, toutes les règles budgétaires vont avoir pour
objectif de limiter le pouvoir de l’administration.
1. Dépenses limitées
Le 1er soucis du parlement est d’autoriser le gouvernement à n’effectuer que les dépenses
indispensables ou fonctionnement des services publics pour réduire au maximum les
impôts. Les dépenses publiques sont néfastes mais incontournables. Elles sont une
restriction de la liberté d’action de acteurs privés. De plus, elles sont une amputation du
pouvoir d’achat des agents économiques. En effet, quand l’état dépense, il réduit la
quantité de biens et de services disponibles pour les agents. Il y a un effet sur les prix car
les dépenses doivent être financées par l’impôt : baisse du revenu des agents. Pour les
classiques, les dépenses publiques sont totalement néfastes. Les dépenses privées ont une
utilité plus grande.
Sur cette période, les dépenses sont modérées : 10 à 15% du revenu national obligatoire
pour les fonctions de l’état gendarme.
2. L’équilibre budgétaire
A l’époque, on avait la volonté de ne pas augmenter les dépenses publiques, il faut même
les réduire. Leur volume étant limité, les dépenses ne peuvent pas influencer l’orientation
de l’activité économique : c’est la neutralité objective.
On défend l’idée de neutralité de l’impôt, d’un impôt équitable : l’impôt ne doit entraîner
aucune modification dans la répartition initiale des revenus. On est contre l’impôt
progressif mais pour l’impôt proportionnel.
L’état libéral laisse la place à un état interventionniste. Les finances publiques vont jouer
un rôle de plus en plus important dans la régulation de l’économie et dans la redistribution
du revenu national. On assise également au développement des finances sociales et des
finances de la protection sociale.
I. Le nouveau contexte
2. Déséquilibre budgétaire
Il y a eu une forte augmentation des dépenses publiques qui étaient difficiles à financer
seulement par l’impôt (1914-1950). Les impôts étaient peu productifs. Ce sont
l’interventionnisme et l’émergence du paradigme de KEYNES qui explique le déficit
budgétaire et les dépenses.
Pendant les 30 glorieuses, certains pays ont choisit de rechercher l’équilibre du budget
cyclique. En effet, en période d’expansion, les recettes fiscales sont mécaniquement fortes et
il y a peu de dépenses : il y a donc un excédent budgétaire. En période de récession, c’est
l’inverse : les impôts sont moins important et les dépenses publiques sont justifiées pour
relancer le déficit budgétaire. Mais, sur tout le cycle, les excédents compensent les déficits : il
y a donc équilibre.
3. Fin de la neutralité
L’état utilise les finances publiques en instruments sur l’économie. Le budget ne peut pas être
neutre car il existe des politiques budgétaires expansionnistes ou restrictives.
A la fin du 20ème siècle, les finances publiques jouent toujours un rôle très important mais leur
poids dans l’économie n’est pas le même selon les pays. Cependant, le développement des
finances publiques a débouché partout sur un système d’économie mixte.
Cependant, le poids des prélèvements obligatoires est jugé trop excessif : il y a un coup
d’arrêt à l’augmentation des dépenses et des recettes publiques.
La mondialisation et la construction européenne ont mis fin à la souveraineté des états en
matière monétaire. Le pouvoir de décision des autorités est moindre. Sur un plan idéologique,
on passe de la défense d’un engagement de l’état à un désengagement de l’état : « Etat
Concurrentiel ». L’état intervient en fournissant aux entreprises en concurrence le meilleur
cadre d’activité.
Allocation des ressources (affectation) pour rétablir un usage optimal des ressources au
sens de PARETO quand le marché est défaillant. MUSGRAVE propose une typologie des
fondements micro-économique de l’état. Il propose 5 raisons pour lesquelles l’état doit
intervenir :
Il faut définir des règles et le droit qui permettent le jeux le plus efficace de la libre
concurrence. La concurrence va être réguler chaque fois que les marchés concurrentiels sont
efficaces.
Il existe des situations de rendements croissants. La concurrence oblige donc des prix
inférieurs aux coûts moyens de production. Ces activités sont utiles à la collectivité mais sont
condamnées à disparaître avec l’existence d’un monopole. L’état doit intervenir pour
sauvegarder les activités ou réguler l’action du monopole.
Il existe des externalités (effets externes) quand les choix d’un individu modifie le bien
être des autres. Cela sans que le marché conduise l’individu à tenir compte des effets externes
qu’il provoque sur les autres (référence à PIGOU 1920 « L’économie du bien être » ). Si le
marché est libre, il n’y a pas de prise en compte des coûts sociaux par les individus. L’état
doit intervenir pour éviter une surproduction des nuisances et une sous production
d’économie externe ( effets positifs).
I l existe des biens collectifs privés : non rivalité des consommateurs et non excluabilité
des consommateurs.. Un financement budgétaire est donc nécessaire à la production de ces
biens. L’état dispose de moyens de contrainte pour faire payer. Le problème est de connaître
les besoins en biens collectifs des individus dans la société. Dans nos sociétés, c’est le
processus politique qui doit se substituer au processus du marché.
Il existe dans l’économie des biens tutélaires spontanément offerts par le marché. Mais,
l’état considère qu’il doit interférer avec la souveraineté du consommateur. L’état doit
corriger les choix individuels.
REMARQUE : MUSGRAVE a une totale confiance dans les vertus de l’action publique.
Cette démarche repose sur 3 postulats implicites :
L’état est capable de déterminer des choix collectifs précis et cohérents qui correspondent
au bien être collectif.
L’état est nécessairement performant là où le marché ne produit pas une allocation optimale
des ressources.
Les décideurs publics recherchent toujours et uniquement le bien être collectif.
Critique du 2nd postulat : R. COASE 1937 et 1960. Pour lui, il n’existe pas de domaines
réservés à un mode quelconque de gestion des ressources. L’idée de départ est que les
individus rationnels ne peuvent pas se contenter d’une situation où un mieux être collectif est
encore possible à l’issue d’un choix spontané et non coordonné. Les individus vont essayer
de négocier des accords entre eux, avantageux pour la collectivité, pour approcher de
l’optimum collectif . Cela va se faire tant que les coûts de transaction restent inférieurs aux
profits attendus. Si les coûts de transaction sont supérieurs aux profits, il faut recourir à une
institution, autorité qui impose des choix aux individus. Cela explique l’émergence de
l’entreprise, qui est une institution qui remplace des transactions permanentes entre les
facteurs de production. Mais, la défaillance d’une institution (entreprise et marché) ne préjuge
en rien de la supériorité d’une autre (état). Le passage d’une gestion privé à une gestion
publique entraîne de nouvelles charges fiscales et sociales et aussi il y a une disparition de la
concurrence donc il y a de nouveaux coûts. Il faut faire une analyse cas par cas pour repérer
les meilleures solutions. Il faut avoir une vision pragmatique du rapport entre le marché et
l’état.
- Cette main invisible contraindrait les gouvernants à prendre des décisions dans
l’intérêt général. Dans la réalité, les citoyens sont ignorants : c’est une forme
d’irrationalité. Les auteurs du PUBLIC CHOICE reconsidèrent cette irrationalité.
Pour eux, l’ignorance est rationnelle car acquérir de l’information exige, pour tout
citoyen, un investissement énorme. Le citoyen n’a aucune rentabilité car il n’a aucune
chance d’influer significativement sur les politiques publiques. C’est pour cela qu’ils
ne recherchent pas d’information. D’autres travaux complètent cette idée : OLSON
(groupe de pression) ; NISKANEN ( analyse de la bureaucratie publique).
Le problème est que l’utilitarisme affirme le climat absolu d’un intérêt général impersonnel
sur l’intérêt individuel. Cela revient à nier l’existence des droits inaliénables de la personne
humaine.
Dans les années 1970, on a eu des réactions à l’utilitarisme :
R. NOZICK 1974 : « Anarchie, état et utopie ». Il a une autre conception des libertés
individuelles. Les auteurs nient tout droit d’entraver la liberté individuelle. L’homme est
pleinement propriétaire de lui même et ne doit recevoir aucun ordre de la société. Il est
propriétaire de ce qu’il crée, de ce qu’il découvre, ce qu’il obtient par l’échange. Les
situations sociales sont donc évaluées en rapport aux règles de droit et aux procédures. C’est
une vision procédurale de la justice. Si les règles et les procédures sont respectées, il n’y a pas
de justice ou d’injustice sociale à invoquer. L’accent est mis sur la justice des moyens. Il n’y a
pas d’intérêt pour la justice des résultats. Il y a un rejet complet de la fonction de
redistribution de l’état.
Les prélèvements obligatoires sont l’ensemble des versements obligatoires, sans contrepartie
directe, versés aux administrations publiques (impôts et cotisations sociales).
L’interventionnisme très diversifié entraîne un système de prélèvements obligatoires très
complexe. Ils ont 3 fonctions :
1- Fonction financière
2- Fonction socio-économique
3- Fonction politique
- Fonction financière : elle a été renouvelée depuis la 2nde guerre mondiale. C’est la
fonction primaire : il s’agit de couvrir les charges publiques importantes. En France,
en 1999, les prélèvements obligatoires représentaient 45,7% du PIB. Le système
contributif a été profondément remanié au cours des années pour trouver des
ressources. L’assiette a été élargie de façon à toucher toutes les formes de richesses.
La complexité s’explique car les prélèvements obligatoires rencontrent des résistances
par ceux qui doivent payer. Les hommes politiques doivent imaginer des dérogations
pour affronter cette résistance.
- Fonction politique : toutes les décisions relatives aux prélèvements obligatoires sont
politiques.
REMARQUE : Cette complexité entraîne une nouvelle forme d’inégalité entre ceux qui sont
avertis et ceux qui subissent beaucoup plus ce système de prélèvements obligatoires.
Cette complexité entraîne aussi une opacité, une commodité pour les décideurs publics.
Dans les prestations des dépenses sociales, les ¾ représentent les risques vieillesse et santé et
un ¼ la famille et l’emploi.
Les causes de l’augmentation de ces dépenses sont la situation des sans emploi, la politique
familiale de la France avec des résultats mitigés, les mesures de lutte contre l’exclusion qui
sont coûteuse. Le taux de pauvreté est d’environ 10% de la population : le seuil de pauvreté
dans les pays européens est calculé en termes relatifs : il est inférieur à la ½ du revenu
médian.
Il y a aussi une augmentation des dépenses de santé. De plus, il y a un vieillissement de la
population. A partir d’un certain âge, les dépenses de santé augmentent. Cependant, les
besoins de santé sont repoussés dans le temps. Le vieillissement de la population ne contribue
que modérément à l’augmentation des dépenses. Ce sont les progrès de la médecine, les
nouveaux traitements coûteux qui y contribuent. Dans ce secteur, les conséquences du progrès
techniques sont ambigus. D’un côté, le progrès permet des gains de productivité entraîne une
baisse du coût des soins. D’un autre côté, il y a beaucoup de main d’œuvre dans ce secteur.
Les gains de productivité du facteur travail sont plus faible en comparaison avec les autres
secteurs de l’économie. Le coût unitaire augmente donc. De plus, les français sont les plus
gros consommateurs de médicaments. Les marges de rentabilité des grands laboratoires
français est inférieur aux étrangers. Ces entreprises ont une trop petite taille : cela empêche de
véritable économie d’échelle. La politique des pouvoirs publics, en ce qui concerne l’offre de
médicaments, a été fondée pendant longtemps sur des prix fixés par l’administration. Ces prix
sont inférieurs que ceux pratiqués à l’étranger. Les laboratoires compensent cette faiblesse de
prix par le développement des quantités. Il y a donc une surconsommation de médicaments en
France.
On peut également évoquer la régulation difficile de notre système de santé. Les coûts pour
certains traitements sont très importants. Il y a donc une justification de l’existence d’une
assurance obligatoire. Cette assurance maladie pourrait fonctionner comme celle de la
responsabilité civile proposée par des entreprises privées en concurrence. Cependant,
l’assurance maladie a une spécificité : la gravité des risques concentrée sur un petit nombre de
personnes. La concurrence conduit les assureurs à segmenter la clientèle. Ils fixent pour les
segments une prime correspondant au coût actuariel. Compte tenu des risques pour certaines
personnes, certaines primes seraient trop importantes pour certains. Cela justifie l’assurance
publique universelle.
L’assureur, qu’il soit privé ou public, rencontre des difficultés dans les relations avec les
assurés et les producteurs de soins. Qu’il soit privé ou public, l’assureur rencontre les mêmes
difficultés. Mais avec la concurrence, les assureurs privés seraient plus incités à surmonter les
difficultés. Il existe des difficultés ex-enté : si une personne est assuré pour un risque, elle va
prendre moins de précaution pour ce risque. Il existe également des difficultés ex-post : s’il y
a un dommage, l’assuré ne limite pas le coût de la réparation du dommage. C’est l’aléa moral.
Dans la santé, l’aléa moral ex-enté ne compte pas beaucoup. Par contre, l’aléa moral ex-post
est très important dans le cadre du système de sécurité sociale.
Il existe également des difficultés liées à l’asymétrie d’information. En principe, seul le
médecin connaît l’information complète. L’assuré ne l’a pas.
Les prestations de soins se développe car il n’y a pas de contrôle efficace.
Il existe aujourd’hui le principe de précaution. Il y a des prescriptions importantes contre le
risque d’erreur.
Les autorités ont également tenté une régulation du système de remboursement des frais de
santé en 1996 : fixation d’un plafond de dépenses chaque année en automne.
Dépenses de fonctionnement
Dépenses de transfert
Dépenses d’investissement
Dépenses de transfert : 35% des dépenses de l’état. Ces dépenses sont inscrites au
budget d’une personne publique. Elles ne correspondent à aucune véritable
consommation, à aucune véritable charge. C’est une opération de redistribution : fonction
d’encouragement des objectifs d’intérêt général mais les assurer lui même. 6 secteurs sont
concernés :
Dépenses d’investissement : 15% des dépenses de l’état. Ce sont les dépenses les plus
importantes des régions.
Dans le cas français, les dépenses de fonctionnement sont incompressibles. Pour réduire les
dépenses publiques, il faut comprimer les dépenses d’investissement. Cette pour cette raison
que ce sont les régions qui s’occupent de ces dépenses et non l’état.
REMARQUE : : La notion de dépense fiscale est relative aux recettes perdues pour l’état. En
effet, il existe des dispositions dérogatoires à la règle d’imposition générale qui bénéficient à
certaines personnes : ex : exonération ; crédit d’impôt.
contribuables résistent par des révoltes fiscales ou des fraudes ou évasion fiscale. En période
de crise, la conception des gouvernements envers les dépenses publiques et celle des
contribuables convergent : il y a un effet de déplacement et augmenter les dépenses. Une fois
la crise passée, le niveau des dépenses reste au niveau de son augmentation : effet de cliquet.
Les contribuables acceptent une charge fiscale plus importante. Les auteurs du PUBLIC
CHOICE parlent de la myopie du contribuable : ils sont plus tolérants.
REMARQUE : Les 2 thèses retiennent l’irréversibilité des dépenses publiques. Elles ont été
pertinentes pendant les 30 glorieuses mais depuis les années 1980 elles sont remises en cause.
Sous l’influence des libéraux, les autorités se sont liées les mains. La mondialisation contraint
les autorités budgétaires à la rigueur.
On parle de prélèvements obligatoires. Le contenu de ces prélèvements est différent d’un pays
à l’autre.
C’est l’obligation de payer une somme d’argent qui ne résulte ni d’une obligation
contractuelle ni d’une sanction. Cette somme est prélevée par voie d’autorité. Ces 10
dernières années, les prélèvements pour l’état ont moins augmenté que ceux des collectivités
locales et des organismes sociaux.
Les prélèvements comprennent :
- Les impositions de toute nature : ce sont les prélèvements sans redevance pour service
rendu, sans taxe parafiscale, sans cotisation sociale. Ce sont les impôts : l’impôt est
une prestation pécuniaire requise des contribuables par voie d’autorité d’après leurs
facultés contributives à titre définitif sans contre partie directe. Chacun doit payer
l’impôt en fonction de ce qu’il peut.
- Les taxes : prélèvement opéré par l’usager d’un service public. C’est une taxe
obligatoire même si le contribuable n’utilise pas le service public mis à sa disposition.
- La redevance obligatoire : sa contre partie et son montant sont fixé en fonction du coût
du service rendu : « critère de l’équivalence »
- La para fiscalité : ce sont les prélèvements effectués au profit d’une personne morale
autre que l’état, les collectivités locales et les établissements publics administratifs.
L’état met son pouvoir d’imposition à la disposition de certains organismes publics ou
privés. Les taxes para fiscales sont perçues dans un intérêt économique et social. On
connaît la destination de ces taxes. Il y en a environ 80 en France dont la redevance
télévisuelle.
- Les revenus divers : ce sont les ressources de l’état que lui rapporte son patrimoine,
les revenus exceptionnels : vente d’une partie du patrimoine comme les privatisations.
- L’emprunt public : prestation pécuniaire que les agents privés versent volontairement
aux personnes publiques contre intérêt. Les techniques de l’emprunt d’état ont évolué :
3 périodes :
Avant 1977 : on a recours à l’emprunt pour une durée relativement longue (15 à 20
ans). Le taux d’intérêt était faible, inférieur au taux d’inflation. Ces emprunts entraînaient
des privilèges fiscaux et clauses d’indexation. Ce sont des pertes pour l’état. EX : emprunt
PINET : pas de droit de succession ; emprunt GISCARD : indexation sur l’or
1977-1985 : les emprunts sont sans avantages fiscaux. Il n’y a plus d’indexation. Les
taux d’intérêts étaient plus élevés et les emprunts étaient moins longs.
Bons du trésor négociable sur le marché monétaire : ils sont émis à taux fixe. Tout le
monde peut en acheter. Ils sont négociables tout le temps. 3 avantages : sécurité, liquidité ;
toutes les échéances souhaitées.
I. Classification traditionnelle
On oppose les impôts étatiques et les impôts locaux. Cette opposition permet d’apprécier
le degré de décentralisation. La répartition entre les impôts d’état et ceux locaux est
inégalitaire, en faveur de l’état. Pour les états fédéraux, une partie importante des impôts
est prélevée au niveau des cantons.
Il y a 3 relations possibles :
- unité du système fiscal : l’état perçoit les impôts et reverse une partie aux collectivités.
- Fiscalité additionnelle : la fiscalité locale est greffée à la fiscalité étatique. Il n’y a pas
d’impôt local propre.
- Les 2 systèmes totalement distinct
- Distinction impôt sur le revenu, impôt sur la dépense et impôt sur le capital
Dans le système français, il existe ces 3 sortes d’impôts car l’impôt est un impôt sur la
richesse qui se présente sous la forme du revenu et du capital. Mais, cette richesse peut
être aussi appréciée à partir des dépenses de l’individu.
Impôt sur la dépense : il peut être particulier comme pour les accises ou général
comme pour la T.V.A.
Impôt sur le patrimoine : il ne faut pas confondre impôt sur le capital et impôt en
capital :
L’impôt sur le capital est un impôt qui s’ajoute à l’impôt sur le revenu du capital. En
principe, cet impôt est inférieur au revenu du capital.
L’impôt en capital est en réalité le fait de vendre une partie de son capital pour payer
ses impôts.
Il y a 3 opérations :
- l’assiette : c’est l’ensemble des opérations administratives qui ont pour but de
rechercher et d’évaluer la matière imposable. Asseoir l’impôt signifie déterminer la
base d’imposition. La recherche se fait selon 2 procédés :
le rescencement : les agents de l’administration se déplacent et vont repérer la
matière imposable c’est à dire les signes extérieurs de richesse : impôts locaux, impôt de
solidarité sur la fortune.
la déclaration d’existence : le contribuable déclare lui même son activité, ses
revenus…
L’évaluation se fait selon 3 manières :
méthode indiciaire : signes extérieurs de richesse : ancien impôt sur les portes et
les fenêtres
évaluation forfaitaire : on détermine le montant de l’impôt en fonction d’un
forfait : ex : Bénéfices agricoles.
évaluation réelle : la méthode de la « confession fiscale » est la plus répandue :
c’est le contribuable qui fait une déclaration dans laquelle il évalue réellement sa base
d’imposition. L’administration contrôle las valeurs données.
En France, à partir du 15ème siècle, la fiscalité royale est devenue ordinaire : les impôts étaient
prélevés de manière épisodique. Puis, ils sont devenus permanent pour financer une armée
permanente. Jusqu’à la Révolution, l’impôt était la « taille ». Dans la France du Nord, la taille
était personnelle tandis que la France du Sud, elle était réelle. Dans la France du Nord, les
nobles et le clergé ne payaient pas cet impôt. Seul le 1/3 état supportait cet impôt. Cet impôt
ne rapportait pas assez donc on a crée de nouveaux impôts pour avoir des ressources.
La révolution va modifier fondamentalement le système fiscal. Certains principes
fondamentaux du système fiscal ont été dégagés par la Révolution :
- égalité devant l’impôt : droits de l’homme
- réduction maximale des contacts entre le fisc et les contribuables
- instauration d’une fiscalité réelle c’est à dire qui porte sur les biens : fiscalité indiciaire
- le système fiscal doit reposer sur la richesse foncière ( physiocrate).
Le directoire en 1798 rajoute une 4ème contribution qui est la contribution sur les portes et
les fenêtres.
Ces 4 impôts sont aujourd’hui appelés les 4 vieilles. Ces impôts étaient proportionnels
c’est à dire que tous les contribuables sont égaux devant l’impôt.
A partir des années 1850, ces 4 impôts et les autres avaient 3 désavantages :
- ils sont indifférents à l’activité économique : l’impôt est d’un même montant quelque
soit le résultat de l’activité. En période de croissance, les recettes publiques
n’augmentent pas automatiquement.
- Ils sont devenus inadaptés à l’état de la richesse en France. A la fin du 18ème siècle, la
matière imposable est la richesse immobilière. Mais, à la fin du 19ème, elle est
concurrencée par la richesse mobilière. En 1872, on a crée un impôt sur le revenu des
valeurs mobilières.
- Ils sont injustes, ils reposent sur des indices, sur des signes extérieurs. Or, ces indices,
pour être pertinents, devraient être régulièrement corrigés. Mais ce n’était pas le cas.
De plus, les signes extérieurs sont souvent très différents de la situation réelle.
Cet impôt existe pratiquement dans tous les pays. Il a été inventé par M. LAURET. C’est
un impôt qui taxe de façon productive la consommation des ménages.
- en 1917, il y a un 1er impôt qui taxe la consommation des ménages avec 3 taux
différents selon les biens consommés. Son rendement était médiocre.
- En 1920, on a un 2nd impôt qui était la « taxe générale sur les affaires ». Elle taxait
toutes les transactions aussi bien le gros et le détail faites par des personnes qui
achetaient pour revendre. Il existait également une « taxe sur les services » avec un
taux différent en fonction des types de biens. Mais, l’inconvénient majeur était que la
taxe était perçue plusieurs fois sur une même marchandise.
- En 1925, on a proposé une « taxe unique sur les produits ». Le problème était qu’il
y avait une multitude de produits avec un taux différent.
- En 1936, on crée une « taxe à la production » qui était payée quand le denier
producteur vend au 1er commerçant. Ce n’était toujours pas le bon impôt car le
paiement de l’impôt était concentré sur un petit nombre de redevables c’est à dire les
derniers producteurs.
- En 1948, le principe de la T.V.A naît. Chaque agent paye une fraction de l’impôt sur
la base de la valeur qu’il ajoute à une marchandise. En 1948, la valeur ajoutée
correspondait à la différence du prix de vente et des impenses à l’exception des
investissements. Les impenses sont les dépenses faites pour l’amélioration ou
l’entretien d’un bien : c’est la consommation intermédiaire.
Petit à petit, on a généralisé cet impôt. En 1968, la T.V.A s’applique aux ventes du
commerce de détail et aux prestations de services alors qu’avant elle ne s’appliquait
qu’aux ventes du commerce de gros. La T.V.A touche désormais les consommateurs. La
directive Européenne de 1967 étend la T.V.A à toute la communauté économique
européenne.
Dans tous les pays de l’O.C.D.E, l’état prélève un impôt sur le revenu. La plupart des études
se limitent à la comparaison des taux marginaux maximaux c’est à dire du pourcentage le plus
élevé des impôts appliqué à chaque unité monétaire additionnelle. Or, 22 des 29 pays étudiés
prélèvent d’autres impôts sur les revenus que l’impôt sur le revenu traditionnel. Il faut donc
tenir compte du taux combiné de l’ensemble des impôts applicables aux revenus des
personnes physiques.
Par exemple, un certain montant des revenus peut être exonéré. On parle alors d’exonération
personnelle ou d’abattement personnel qui peut être différent selon les pays.
Il existe un autre système que l’abattement qui consiste à imposer la totalité du revenu et
accorder une réduction de la charge fiscale sous la forme d’un crédit d’impôt de base.
La charge fiscale des différents contribuables dans la même situation est différente d’un pays
à l’autre. Les exonérations ne sont pas les mêmes dans les pays. Les revenus qui dépassent le
seuil d’exonération sont répartis dans les tranches d’imposition. A l’intérieur d’une même
tranche, il y a le même taux d’imposition. Le taux augmente si on augmente les tranches.
C’est un impôt progressif c’est à dire que plus le revenu imposable du contribuable est élevé,
plus la part du fisc est élevé. Il faut faire référence au fait que si on bénéficie d’une
exonération personnelle ou d’un crédit d’impôt, la conséquence n’est pas la même pour le
contribuable. Le système d’exonération favorise les grands revenus. Dans un système avec un
crédit de base, il n’y a pas de différence entre gros et petit revenus : si l’impôt est de 0,
l’individu touche quand même son montant de crédit d’impôt : le fisc lui fait un chèque. C’est
l’impôt négatif.
Pour une comparaison, il faut aussi savoir que le degré de progressivité dépend aussi de la
longueur de la tranche d’imposition et des différents taux de tranches.
REMARQUES :
1. il faut distinguer le taux légal d’imposition et le taux réel. Il y a des pays où l’impôt
payé fait l’objet de beaucoup d’abattements et il peut y avoir un taux élevé avec
beaucoup d’abattements ou taux faible avec peu de possibilité d’abattements : le
résultat est le même.
2. Il existe d’autres impôts sur le revenu que ceux de l’administration centrale, surtout
dans les états fédéraux car il existe des impôts sur le revenu au niveau des
collectivités.
Pour avoir une idée complète sur l’impôt sur le revenu, il faut tenir compte des cotisations
sociales. Il existe des différences pour les pays dans la logique de solidarité et
d’assurance.
Caractéristique en France :
- L’impôt sur le revenu est un impôt unique sur le revenu global de la cellule familiale
ou foyer fiscal. Cette conception amène à prendre en considération dans le revenu
global du contribuable tous les gains résultants de son activité habituelle et issus de la
gestion de son patrimoine mais aussi les gains exceptionnels et les gains liés à la vente
d’une partie du patrimoine. On doit aussi compter les revenus en nature. Pour le
contribuable, cette conception a un avantage : il peut déduire toutes les charges liées à
l’obtention des différents revenus.
- C’est un impôt qui touche le revenu net annuel de la période t-1. Le fisc déduit du
revenu brut les dépenses liées à l’acquisition du revenu c’est à dire les abattements.
Pour les salariés et les retraités, le 1er abattement est de 10% justifié par les frais
professionnels et un 2nd de 20% car on considère que les retraités et les salariés ne
peuvent pas frauder car c’est l’employeur qui déclare le montant des salaires au fisc.
- L’impôt sur le revenu est un impôt progressif. Son barème comporte 7 tranches qui ont
chaque une un taux. Le taux de la dernière tranche est de 54%.
- L’impôt sur le revenu est un impôt personnalisé. Il existe des personnes qui sont
complètement exonérées si leurs revenus sont inférieurs à 65000 F. par an. Certaines
personnes sont spontanément exonérées comme par exemple les agents diplomatiques.
Cet impôt est un outil de la pratique familiale : il y a des exonérations sans conditions
de ressources en ce qui concerne les prestations familiales. Il existe des réductions en
ce qui concerne les charges pour les enfants sous conditions de ressources.
Echelle d’oxford : Pour avoir le même niveau de vie qu’un célibataire, on doit avoir
1,7 fois le revenu du célibataire. Le fisc retient la colonne du quotient en parlant de
part. Le barème de l’impôt va s’appliquer au rapport revenu imposable sur le nombre
de part : c’est ce rapport que l’on appelle quotient familial.
½ part ( cela fait donc 1 part). Le foyer bénéficie donc de 3 parts. Le quotient familial
est de 560000/3 c’est à dire 186660. On va ensuite appliquer à ce chiffre les taux des
tranches dans lequel il est compris.
Le quotient familial comporte 2 caractéristiques :
REMARQUE :
L’avoir fiscal concerne les détenteurs de titres. En France, il y a l’impôt sur le revenu et
l’impôt sur les sociétés qui taxent les dividendes des titres : il y a une surtaxation.
Sur le plan juridique, ce n’est pas une double imposition car ces impôts touchent le même
flux de revenus mais ils ne touchent pas le même contribuable.
B. LA T.V.A
La T.V.A est l’impôt qui rapporte le plus. Il a beaucoup d’objectifs. La T.V.A doit avoir un
caractère redistributif, un effet positif sur l’emploi.
On peut se demander si la T.V.A est réellement redistributive :
- si on s’arrête à la lecture de la structure des taux, on peut dire que la T.V.A est
redistributive. Il existe 3 taux de T.V.A : un taux réduit à 5,5%, un taux normal à
19,6% et un taux super réduit de 2,1% pour les médicaments, la presse. Le taux
normal concerne 42% des ménages, le taux réduit 1% et le super réduit 3%. 36% des
dépenses des ménages sont exonérées de T.V.A.
- Par comparaison avec les autres pays, le taux normal de la France est relativement
élevé et il y a un écart relativement important entre le taux réduit et le taux normal.
L’effet redistributif, s’il existe, est très faible. Cet effet existe entre les classes pauvres
et les classes moyennes. L’analyse poussée montre qu’en fait seul le taux réduit à
5,5% a un effet redistributif car la part des biens concernés par ce taux c’est à dire les
biens de 1ère nécessité baisse avec le revenu . Par contre, la part des dépenses
exonérées c’est à dire les biens culturels augmente avec le revenu. Finalement, la
T.V.A est presque un impôt proportionnel sur la consommation car il est très peu
redistributif. En pourcentage du revenu, des études montrent que ce taux est très stable
pour les 4/5 inférieurs des revenus. Pour le 1/5 restant, le taux augmente c’est à dire
pour les ménages dont le revenu est élevé. Les ménages riches vont épargner plus :
cela va donc réduire l’impôt sur la consommation. Mais, l’épargne est une
consommation différée donc il va y avoir une T.V.A sur consommation future. Pour
analyser la redistribution, il serait préférable de faire une étude sur le cycle de vie des
ménages.
La T.V.A est un bon impôt avec un rendement élevé, simple à gérer, accepté par
tous et compatible avec l’intégration internationale. Mais, la T.V.A est également un
impôt négatif sujet à des phénomènes de mobilité d’assiette et aussi de concurrence fiscale
entre les états.
La T.V.A est assise sur la consommation des résidents et des non résidents. Elle permet de
faire financer à des non nationaux des biens publics que les non résidents consomment sur
le territoire national.
La T.V.A est en fait neutre dans les échanges internationaux. Depuis 1993, il y a des
différences entre les échanges dans la communauté européenne et les autres pays. Si
l’échange se fait avec un pays qui ne se situe pas dans la communauté européenne, le taux
de T.V.A applicable sera celui du pays de destination. En France, les exportations et les
investissement sont exonérés de T.V.A. Pour les échanges intra-communautaires, on parle
de livraison intra-communautaire ou d’acquisition intra-communautaire. Les livraisons,
pour les assujettis à la T.V.A sont exonérés mais les acquisitions sont imposables au taux
français au moment de l’arrivée des produits sur le territoire. Pour les particuliers, les
achats sont imposables dans l’état où sont fait les achats sauf régimes d’exception ( ex :
achat de véhicule).
PLAN
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Introduction : Le renouveau des finances publiques
PLAN
-------------------------
Introduction : Le renouveau des finances publiques
La première partie définit le champ des finances publiques avant d'en rappeler les grands
objectifs – respect de la contrainte globale, efficacité de l'allocation et efficience de la
gestion –, les principes organisationnels, et les références théoriques.
Plan
Le champ des finances publiques
Les trois grands objectifs des finances publiques modernes
La contrainte globale
L'efficacité de l'allocation
L'efficacité de la gestion
Les principes organisationnels
Discipline
Flexibilité
Transparence et responsabilité
Systèmes d'information
Les approches théoriques en finances publiques
Les finances publiques sont celles des recettes et des dépenses publiques, c'est-à-dire
des organismes publics. Le périmètre de ces derniers peut être défini de façon plus ou moins
large. Ce qui suit s'intéresse presque uniquement à l'Etat. Une conception plus large du
périmètre des organismes publics englobe l'Etat, les établissements publics et les collectivités
locales. Une définition plus large encore y ajoute les organismes de sécurité sociale.
Au-delà d'une définition aussi simple, il est possible, afin de parvenir à une vision plus
précise du champ des finances publiques, d'en recenser les principales composantes.
Indépendamment du champ couvert, les finances publiques modernes obéissent à
quelques principes qui peuvent être classés en deux ensembles : les grands objectifs que
cherchent à atteindre les finances publiques ; les principes organisationnels susceptibles de
conduire à une gestion efficace des finances publiques.
Ces principes de finances publiques peuvent donner lieu à des approches théoriques
qui, pour l'essentiel, entrent dans la catégorie des analyses en termes de relation principal –
agent.
La loi de finances
La loi de finances de l'année a pour objet d'autoriser le gouvernement à collecter des
ressources et de les dépenser au cours de l'année à venir. Le texte de loi précise la nature tant
des ressources que des dépenses, ainsi que les objectifs et les résultats attendus des
programmes inscrits dans la loi.
La loi de finances comprend le budget de l'Etat ainsi que des dispositions à caractère
économique et financier, par exemple relatives à la fiscalité, aux finances des collectivités
locales, …
L'exécution du budget
L'exécution du budget de l'Etat consiste à collecter les recettes et effectuer les
dépenses prévues.
La chaîne de la dépense
La dépense obéit à un certain nombre de règles qui concernent les quatre étapes de la
dépense : engagement, liquidation, ordonnancement et paiement.
La comptabilité publique
Les règles de la comptabilité publique recouvrent deux domaines liés mais différents.
Le premier concerne la régularité de la dépense, c'est-à-dire de chacune des trois
étapes évoquées plus haut. Le comptable public joue alors un rôle fondamental dans le
contrôle du respect de ces règles, ainsi que le Contrôleur financier.
Le second domaine est celui de la comptabilité au sens habituel du terme, c'est-à-dire
des règles de l'enregistrement des opérations.
Le hors-budget
De nombreuses politiques sont mises en œuvre par l'intermédiaire d'opérateurs qui
reçoivent des crédits publics. Ces opérateurs ne sont pas nécessairement des établissements
publics ; ils peuvent revêtir d'autres formes juridiques : associations, …
Les budgets de ces opérateurs n'ont pas leur place dans le budget de l'Etat, autrement
que par la subvention qu'ils reçoivent de l'Etat. Cependant, dans la mesure où ils concourent
aux politiques publiques, il est indispensable de suivre leur activité.
La gestion de trésorerie
La gestion de trésorerie de l'Etat consiste à ajuster, à court terme, les dépenses et les
recettes. Ces dernières présentent en effet une saisonnalité fort prononcée.
Le contrôle
Le contrôle peut être interne ou externe.
Le contrôle interne est celui de l'administration par elle-même, c'est-à-dire par les
corps d'inspection des ministères, Inspection générale des finances, Inspection générale des
affaires sociales, …
Le contrôle externe est celui de l'administration par une entité indépendante, en
particulier par la Cour des comptes.
Le reporting
Le reporting rend compte non seulement par la publication des comptes de l'Etat, mais
aussi par celle des mesures de performance, en particulier au moyen d'indicateurs.
La contrainte globale
La contrainte globale porte sur les grandeurs globales du budget, qui peuvent être des
flux, dépenses totales, recettes totales, solde, mais aussi des encours, en particulier la dette
publique.
1
Ce qui suit est largement inspiré de A Contemporary Approach to Public Expenditure Management, Allen
Schick, World Bank Institute, 1999.
Dettes contingentes
La budgétisation ne prend pas en compte les paiements futurs qui surviennent si
certains événements se réalisent. De nombreuses dettes contingentes sont inscrites dans la loi.
D'autres résultent d'obligations morales : mauvaises récoltes, inondations, faillites bancaires,
…
Dans les pays en développement ou en transition, l'Etat est souvent amené à supporter
des risques, compte tenu de l'absence de compagnies d'assurance et de la mauvaise régulation
du marché.
Cycles économiques
La faiblesse du cycle entraîne une faiblesse des recettes en même temps qu'une
augmentation des dettes contingentes. Dans le même temps, le gouvernement peut souhaiter
prendre des mesures contra-cycliques, réduction d'impôt et augmentation des dépenses.
La distinction était autrefois souvent faite entre les déficits cyclique et structurel. Les
premiers disparaissent une fois la croissance revenue. Elle a semblé un temps moins
considérée dans la mesure où les coûts de l'action contra-cyclique continue à peser sur les
déficits (les intérêts liés au déficit notamment) après la reprise conjoncturelle. Depuis la crise
financière et économique de la fin des années 2010, l'acceptation de déficits cycliques est à
nouveau devenue bien accepté.
Si les interventions directes sont passées de mode, les stabilisateurs automatiques
continuent à être à l'œuvre, notamment les fluctuations des recettes et des transferts. Le
gouvernement peut bien sûr aller contre ces effets automatiques. Il le fait si la stabilisation du
déficit peut lui donner une crédibilité vis-à-vis de l'aide internationale et des marchés des
capitaux.
Chocs
Guerres, troubles politiques, baisse du cours des matières premières, fuites de
capitaux, …
Règles
Lors de la préparation du budget
Les règles institutionnelles renforçant la discipline budgétaire globale peuvent revêtir
diverses formes. Elles peuvent stipuler que toutes les recettes de l’État doivent être versées
dans une caisse unique (principe d'unicité de caisse) et ne peuvent être utilisées que sur la
base de crédits votés par le pouvoir législatif (principe de légalité). A ces engagements
s’ajoutent les pressions des marchés financiers et d’une presse libre. Dans de nombreux pays,
les institutions financières internationales peuvent jouer un rôle clé, notamment en l’absence
d’un marché financier ouvert. Une banque centrale indépendante peut également être un
important instrument de discipline financière, en limitant les avances à l'Etat.
Le résultat du travail législatif dépend du degré de liberté accordé au législateur. Aux
deux extrêmes, on trouve :
– l'interdiction des amendements qui augmentent les dépenses ou réduisent les recettes
;
– l'absence de contrainte relative aux augmentations de dépenses ou aux diminutions
de recettes.
Une situation intermédiaire est celle dans laquelle il est possible d'augmenter certaines
dépenses sous la condition d'en réduire d'autres.
L'unité et la transparence sont les conditions essentielles d’une discipline budgétaire
efficace. Les opérations hors budget et les affectations de recettes sont quelques-uns des
procédés les plus souvent utilisés pour échapper aux règles de la discipline budgétaire globale.
Rôles
L'efficacité de l'allocation
L'efficacité de l'allocation est la conformité aux choix stratégiques du gouvernement.
L'allocation est soit entre les secteurs, soit à l'intérieur d'un même secteur. Elle s'opère selon
les règles prédéfinies de la procédure budgétaire et implique une évaluation des programmes
nouveaux ou en cours.
L'allocation inter-sectorielle
L'allocation des ressources entre les ministères ou les secteurs tient compte des choix
stratégiques du gouvernement. Le gouvernement doit avoir la capacité de définir les priorités
nationales à moyen terme et de réaliser une allocation entre les secteurs cohérente avec celles-
ci. Le classement des priorités est fondamentalement un choix politique. L’enjeu est de mettre
en place des mécanismes institutionnels qui, d’une part, favoriseront des allocations de
ressources fondées sur des choix de politique publique rigoureux et, d’autre part, produiront
l’information de qualité nécessaire pour effectuer ces choix. Les documents de stratégie de
réduction de la pauvreté sont la matérialisation de l'ensemble des procédures conduisant à ces
choix.
Le vocable gouvernement recouvre plusieurs acceptions. Au niveau de la définition de
la stratégie, il s'agit de l'ensemble du gouvernement, c'est-à-dire de l'ensemble du pouvoir
politique. Au niveau du pilotage de la procédure budgétaire, il s'agit de ce que l'on pourrait
appeler le centre, par opposition aux ministères dépensiers, et qui, selon les cas, peut être le
Ministère des finances ou le Premier ministre, la plupart du temps, le Ministère des finances
(MF) sous le contrôle du Premier ministre, parfois un Ministre du budget. Dans la suite, ce
centre sera noté MF.
Par efficacité de l'allocation, il faut entendre la conformité aux objectifs stratégiques
du gouvernement. Efficacité est alors la traduction de effectiveness.
Quand l’aide extérieure est importante (bailleurs de fonds, par exemple), sa gestion
doit s’intégrer dans une politique globale cohérente. Ce sont les priorités stratégiques du
gouvernement qui doivent guider les décisions relatives à l’emploi de l’aide.
L'allocation intra-sectorielle
Les limites de dépenses sont établies par secteur et les ministres sont encouragés à
réallouer à l'intérieur de ces limites par des règles budgétaires adaptées. Ils doivent le faire sur
la base de l'évaluation des programmes en cours ou futurs ; le programme, qui sera défini plus
précisément plus loin, est un regroupement des actions d'un ministère autour d'une cohérence
d'objectifs.
Les ministres doivent avoir la capacité de réallouer à l'intérieur de leur secteur, sous le
contrôle du gouvernement et du parlement. Le niveau central doit avoir la capacité d' établir
les priorités des programmes à l'intérieur de chaque secteur, ou, plus souvent, évaluer les
classements proposés par les ministères. Il laisse en effet une relativement grande liberté de
réallocation intra sectorielle à chaque ministère. Selon l'étendue de la réallocation et de ses
impacts celle-ci peut être effectuée par le ministère sans ou avec l'accord du centre.
Une question fondamentale est alors celle du partage des taches entre le centre et les
ministères en matière d'allocation intra-sectorielle. Il y a des raisons pour que les allocations
intra-sectorielles soient réalisées par le centre et des raisons pour qu'elles le soient par les
ministères.
Les raisons de privilégier le centre dans les allocations intra-sectorielles :
– le centre peut réallouer plus largement que les ministères ;
– le centre a une vision plus exhaustive et stratégique des priorités du gouvernement ;
– sans une forte pression du centre les ministères peuvent avoir tendance à protéger les
programmes existants plutôt qu'à réallouer les ressources ; ils évitent ainsi toutes sortes de
conflits internes ;
– les ministères ont tendance à ne pas tenir suffisamment compte des coûts des
programmes pour les budgets futurs.
L'efficacité de la gestion
L'efficacité de la gestion, ou efficience, est un concept des finances publiques
modernes issu d'un déplacement du contrôle des intrants vers celui des produits ou des
résultats. Un produit est un bien ou un service produit par une administration, un résultat est
une amélioration du bien-être de la population. Un produit ne conduit pas nécessairement à un
résultat (par exemple, une construction de classe non utilisée par des élèves).
L'incitation à l'efficience résulte d'un long cheminement du contrôle depuis plus d'un
siècle. Un tissu d'arrangements institutionnels est aujourd'hui nécessaire pour créer les
conditions de l'efficience.
Le contrôle externe
Les caractéristiques du contrôle externe sont :
– l'action de dépense et le contrôle des fonds dépendent de deux entités distinctes ;
– le contrôle ne s'exerce que sur les dépenses ;
– le contrôle a lieu avant la dépense.
L'autorité externe est en général le MF.
Le contrôle externe est adapté à des pays dans lesquels :
– l'Etat est de taille relativement réduite ;
– les compétences administratives sont limitées et concentrées ;
– le respect des règles est insuffisamment intériorisé par les administrations.
Lorsque la dépense publique s'accroît en importance, le contrôle de la dépense à un
niveau fin devient moins fondamental, les ministères développent leur compétence
administrative, et le MF devient plus intéressé par les programmes et leur contenu
économique que par le détail des intrants. Par ailleurs, lorsque la taille du l'Etat augmente, le
coût de la gestion sur la base du contrôle externe augmente, du fait de l'ampleur de la tâche de
suivi et de la lourdeur des procédures.
De plus, ce type de contrôle développe une mentalité du respect de la régularité en non
de l'efficacité, ainsi que du contournement des règles. Se développe ainsi un double standard :
règles strictes et contournement des règles.
Le contrôle interne
Ceux qui décident de la dépense ont la responsabilité de première instance de la
régularité de la dépense.
Le contrôle est toujours centré sur les intrants, mais les gestionnaires n'ont plus à
obtenir l'aval externe avant de dépenser. L'audit externe de la dépense a lieu à la fin de la
période et plutôt par sondage.
Les règles existent toujours, mais d'une part elles sont définies de façon plus large,
d'autre part ce sont les gestionnaires qui sont, en première instance, responsables de leur
application.
Le contrôle interne augmente l'efficience opérationnelle en réduisant le coût du respect
des règles et en donnant plus de liberté aux gestionnaires dans leur gestion.
Le contrôle interne présente cependant plusieurs défauts :
– les règles sont uniformes pour tous les types de dépenses ;
– le contrôle exercé par les organismes centraux du ministère peut ne pas différer
beaucoup de ceux du MF ;
– il n'est toujours pas orienté vers l'efficience opérationnelle, même s'il lui laisse plus
de champ que le contrôle externe.
Il demeure des contrôles tels que le montant maximal au-delà duquel un appel d'offres
doit être réalisé.
Les imputations budgétaires sont alors, de plus en plus, par programmes (voir
chapitres ultérieurs).
(enquêtes auprès des clients et des usagers des services publics), d'une gestion du personnel
fondée sur le mérite et, plus généralement, d'un environnement réglementaire qui favorise et
exige une bonne performance.
Chaque forme de contrôle a sa demande d'information spécifique.
Le contrôle externe requière un flux d'informations du bas vers le haut.
Le contrôle interne permet de consolider l'information envoyée par les ministères au
centre, mais requière encore une masse d'information qui circule des unités opérationnelles
vers les états-major.
Le compte rendu de gestion réduit le volume des informations sur les intrants, mais
accroît le volume d'information sur les coûts et les produits. Il implique un système comptable
satisfaisant et en particulier une comptabilité des coûts.
Les mécanismes institutionnels les plus importants pour une bonne performance
opérationnelle peuvent se résumer ainsi :
– des ressources et des appuis correspondant à l’étendue des responsabilités
(financières et humaines) ;
– la clarté des objectifs (les résultats [outcomes] escomptés) ;
– la clarté des tâches (les produits [outputs] attendus et les actions à entreprendre) ;
– l’autorité et la flexibilité dans l’atteinte des objectifs et l’exécution des tâches ;
– la responsabilité [accountability] dans l’usage de cette autorité.
Discipline
La discipline vaut tout au long de la procédure budgétaire, et en particulier aux trois
niveaux d'objectifs.
La contrainte globale. Elle doit être prise en compte à moyen et long terme, ce qui
signifie que les ressources et les coûts futurs doivent être prévus de façon raisonnable. La
présence de dépenses hors budget, ou mal coordonnées avec le budget (tels que les
programmes d'investissement public – PIP) sont un des moyens d'échapper à la discipline de
la contrainte globale.
L'allocation sectorielle. Il convient de s'y tenir lors de l'exécution du budget, sans quoi
les choix stratégiques du gouvernement, à supposer qu'ils soient bien reflétés dans le budget
initial, ne le seraient pas dans le budget exécuté.
L'efficience. Au stade opérationnel, les gestionnaires ont besoin de flexibilité pour
assurer l'efficacité de leur gestion. Cependant, la flexibilité s'accompagne nécessairement de
contrôles afin d'assurer que la flexibilité opère dans le cadre de la discipline souhaitée.
Flexibilité
La flexibilité importe aux trois niveaux d'objectifs.
La contrainte globale. Elle ne peut être absolue ; ce point a déjà été évoqué.
L'allocation sectorielle. Dans la limite du plafond de dépenses qui leur a été fixé, les
ministres doivent disposer d'une relative liberté d'allocation intra-sectorielle.
L'efficience. Elle ne peut provenir que d'une relative flexibilité laissée aux
gestionnaires dans le choix des dépenses pour atteindre un objectif fixé.
Trop de flexibilité et pas assez de discipline favorise la corruption, le gaspillage ou
l'orientation des dépenses vers des objectifs autres que ceux qui ont été définis. A l'inverse,
pas assez de flexibilité et trop de discipline empêchent une gestion efficace, retardent
l'innovation et le changement. La question est donc celle de l'équilibre entre discipline et
flexibilité. Cet équilibre varie selon le niveau de décision concerné.
Les choix stratégiques, qui traduisent les politiques publiques, sont décidés au plus
haut niveau, présidence, gouvernement, parlement. La gestion doit être décentralisée,
permettant ainsi les conditions de la flexibilité.
Transparence et responsabilité
La délégation des pouvoirs, qui est une condition de la flexibilité, implique, de la part
du bénéficiaire de la délégation, la responsabilité [accountability]. Celle-ci, à son tour, ne peut
être évaluée que s'il y a transparence. Par responsabilité, on entend ce qui est contenu dans
accountability, c'est-à-dire à la fois la responsabilité et l'obligation de rendre des comptes.
La transparence peut revêtir plusieurs formes. Elle suppose que tous les aspects des
décisions soient diffusés suffisamment largement et dans des délais suffisamment brefs.
La transparence et la responsabilité font partie de l'ensemble plus large des incitations.
Systèmes d'information
La transparence, le contrôle des dépenses et les audits (internes ou externes) supposent
un système d'information satisfaisant, tant sur les dépenses que sur les produits et les résultats
(qui seront définis plus précisément plus loin).
La relation principal-agent
Les finances publiques font partie d'une plus vaste catégorie de questions qui traitent
de la façon dont certaines personnes dépensent l'argent d'autres personnes, pour le compte de
ces dernières.
Dans les entreprises, les dirigeants dépensent l'argent des actionnaires pour le compte
de ces actionnaires.
Bien que les finances publiques et les finances corporate ne soient pas en tous points
identiques, elles reposent en partie sur un socle conceptuel commun qui est la relation
principal-agent.
Le principal contracte avec un agent pour que ce dernier agisse pour son compte selon
des règles fixées au contrat.
Les relations principal-agent en finances publiques sont multiples :
– Les électeurs sont le principal dont les politiciens sont les agents.
– Le Ministère des finances est le principal dont les agents sont les ministères
sectoriels.
L'existence d'une relation d'agence pose deux problèmes.
– Les intérêts du principal et de l'agent peuvent être différents.
– Il existe une asymétrie d'information entre le principal et l'agent. L'agent est
généralement mieux informé que le principal, qu'il s'agisse des variables externes ou des
actions menées.
Le pool commun
Le problème du pool commun vient de ce que les recettes sont prélevées sur
l'ensemble des citoyens alors que les dépenses sont réalisées aux bénéfices de certains
groupes plutôt que d'autres, de sorte que le bénéfice net que les différents groupes tirent des
finances publiques varie d'un groupe à l'autre.
Plan
Chapitre 2 : Les fondements de la loi de finance et du budget
Chapitre 3 : L'élaboration et le vote du budget
Les fondements de la loi de finance et du budget se trouvent dans les lois ou directives
relatives aux lois de finances. L'élaboration et le vote du budget obéissent à des règles de
procédure dont il est possible d'analyser la version standard (celle qui se rencontre "en
moyenne" dans différents pays du monde) et les versions propres aux zones UEMOA et
CEMAC.
Plan
Lois de finances et loi sur les lois de finances
Les ressources et les charges de l'Etat
Les recettes budgétaires de l’Etat
Les dépenses budgétaires de l'Etat
Les ressources et les charges de trésorerie
Le déficit budgétaire
Les grands principes budgétaires
Budget de l’Etat, budgets annexes et comptes spéciaux
Le budget de l’Etat
Les budgets annexes
Les comptes spéciaux
La présentation et les dispositions de la loi de finances
Les définitions des deux directives (tableau ci-dessus) recouvrent le même champ, à
l'exception des cotisations sociales versées au profit de l'Etat, qui sont de recettes budgétaires
en CEMAC, mais ne le sont pas en UEMOA.
Aucune recette n’échappe à la loi de finances (Article 4 Directive UEMOA : Aucune
recette ne peut être liquidée ou encaissée … si elle n’a été au préalable autorisée par une loi
de finances.). La nature de l’autorisation parlementaire est cependant variable selon la nature
de la recette, au-delà de la caractéristique commune d’être évaluative (par opposition à la
plupart des dépenses dont les autorisations sont limitatives – voir plus loin). Dans le cas de
l'UEMOA, la nature de l'autorisation parlementaire est celle du tableau ci-dessous.
service public, qui couvraient l'ensemble des dépenses des opérateurs de l'Etat liées à
l'exploitation courante – personnels rémunérés par l'opérateur, fonctionnement courant,
amortissement et maintenance des actifs. L'esprit des budgets de programme est, en effet,
celui d'une globalisation des subventions aux opérateurs).
Article 12 – UEMOA
Les lois de finances répartissent les crédits budgétaires qu’elles ouvrent entre les différents ministères
et institutions constitutionnelles.
A l’intérieur des ministères, ces crédits sont décomposés en programmes, sous réserve des
dispositions de l’article 14 de la présente directive.
Un programme regroupe les crédits destinés à mettre en œuvre une action ou un ensemble cohérent
d’actions représentatif d’une politique publique clairement définie dans une perspective de moyen terme.
A ces programmes sont associés des objectifs précis, arrêtés en fonction de finalités d’intérêt général et
des résultats attendus.
Ces résultats, mesurés notamment par des indicateurs de performance, font l’objet d’évaluations
régulières et donnent lieu à un rapport de performance élaboré en fin de gestion par les ministères et institutions
constitutionnelles concernés.
Un programme peut regrouper tout ou partie des crédits d’une direction ou d’un service ou d’un
ensemble de directions ou de services d’un même ministère.
Les crédits de chaque programme sont décomposés selon leur nature en crédits de : personnel ; biens
et services ; investissement ; transfert.
Les crédits de personnel sont assortis, par ministère, de plafonds d’autorisation d’emplois rémunérés
par l’Etat.
Les crédits sont spécialisés par programme.
Les directives conservent le principe de la répartition des crédits par ministère (ou
institution), renonçant ainsi à une répartition par secteur, adoptée par d'autres systèmes de
finances publiques francophones. Le secteur résulte d’un redécoupage de l’administration
supposé regrouper dans un même secteur les services de l’administration qui concourent à la
même fonction (ou objectif socioéconomique de la dépense). Le secteur peut ainsi être un
regroupement de plusieurs ministères (par exemple, le secteur rural peut regrouper le
Article 17 – CEMAC
Les crédits ouverts dans le budget de l'Etat pour couvrir chacune de ses dépenses sont, à l'exception
des crédits visés à l'article 18 de la présente directive, regroupés par programme relevant d'un seul ministère.
Seule une disposition de loi de finances peut créer un programme.
Un programme regroupe les crédits destinés à mettre en œuvre une action ou un ensemble cohérent
d'actions relevant d'un même ministère et auquel sont associés des objectifs précis, définis en fonction de
finalités d'intérêt général, ainsi que des résultats attendus. Les objectifs de chaque programme sont assortis
d'indicateurs de résultats.
Placés sous la responsabilité d'un responsable de programme nommé en application de l'article 60 de
la présente directive, les programmes font l'objet d'une évaluation de leur efficacité, économie et efficience par
les corps et institutions de contrôle, ainsi que par la Cour des Comptes.
Les programmes d'un même ministère s'inscrivent dans le cadre d'un document de stratégie
ministérielle cohérent avec les documents de cadrage à moyen terme définis à l'article 8 de la présente directive.
Ces documents sont rendus publics.
Le choix est sans doute pertinent dans la mesure où les ministères sont en charge de
l’exécution des politiques publiques. Il serait inefficace et complexe d’instaurer des
institutions sectorielles transversales aux ministères en charge de l’exécution des politiques
sectorielles au lieu et place des ministères. Par contre, il est sans doute important de mette en
place des institutions de coordination des politiques sectorielles, par exemple un Comité
interministériel de pilotage de la stratégie sectorielle, appuyé par un Secrétariat exécutif.
La décomposition des crédits en programmes consacre un changement de vision
fondamental d’une autorisation de dépenser des intrants vers une autorisation de dépenser
pour atteindre des objectifs de politique publique.
Le programme (plus de précisions seront apportées dans un chapitre ultérieur) est
défini comme un ensemble d’actions destinées à exécuter une politique publique. De plus,
bien que le budget soit voté en termes annuels, la Directive UEMOA précise que les dépenses
du programme sont à considérer dans une perspective de moyen terme, confirmant ainsi les
dispositions de l’article 1er alinéa 2.
L’exécution d’un programme (par exemple, le programme enseignement primaire) a
pour but l’atteinte d’un objectif (par exemple accroître l’accès à l’école et la qualité de
l’enseignement), mesurée par un ou des indicateurs (par exemple, tant % d’une classe d’âge
scolarisé, tant % des élèves obtiennent au moins la note tant à l’examen de fin d’études à la
suite d’une évaluation normalisée).
Tous les crédits ne sont pas répartis par programmes. L’article 14 de la Directive
UEMOA dispose que : Les crédits budgétaires non répartis par programmes sont répartis en
dotations. Chaque dotation regroupe un ensemble de crédits globalisés destinés à couvrir des
dépenses spécifiques auxquelles ne peuvent être directement associées des objectifs de
politiques publiques ou des critères de performance. Plus précisément, sont répartis en
dotations :
– les crédits destinés aux pouvoirs publics pour chacune des institutions
constitutionnelles. …
– les crédits globaux pour dépenses accidentelles et imprévisibles ;
– les crédits destinés à couvrir les défauts de remboursements ou appels en garantie
intervenus sur les comptes d’avances, de prêts, d’avals et de garanties ;
– les charges financières de la dette de l’Etat.
La Directive CEMAC inclut dans son article 18 des dispositions presque équivalentes,
à ceci près que n'y figurent pas les charges financières de la dette de l'Etat, auxquelles il est
pourtant difficile d'attribuer des objectifs de performance ; l'article 23 de la Directive CEMAC
précise que les crédits relatifs aux charges de la dette de l'Etat … sont ouverts sur un
programme spécifique.
Les directives n’abandonnent pas totalement la répartition des crédits par nature, mais
proposent une nomenclature très agrégée.
La Directive UEMOA impose en son article 12 une nomenclature légèrement plus
agrégée que la nomenclature des dépenses budgétaires de l'article 11, tandis que la Directive
CEMAC se réfère directement à la nomenclature des charges budgétaires de l'article 15. Les
montants selon ces répartitions par nature (catégorie de l'UEMOA, titre de la CEMAC) sont,
contrairement à ce qui prévalait dans le contexte du budget de moyens, indicatifs, ainsi que le
précise la Directive UEMOA dans son article 15 : … Toutefois, à l'intérieur d'un même
programme, les ordonnateurs peuvent, en cours d'exécution, modifier la nature des crédits
pour les utiliser, s'ils sont libres d'emploi, dans les cas ci-après :
– des crédits de personnel, pour majorer les crédits de biens et services, de transfert
ou d'investissement ;
– des crédits de biens et services et de transfert, pour majorer les crédits
d'investissement.
…
; et la Directive CEMAC dans son article 19, de façon proche.
La signification exacte du caractère indicatif des crédits mérite cependant d'être
précisée. Premièrement, la fongibilité des crédits entre les différentes natures de dépense ne
peut s'opérer qu'à l'intérieur d'un programme. Deuxièmement, cette fongibilité est
asymétrique. Dans les deux directives, il n'est pas possible d'abonder les dépenses de
personnel à partir de dépenses d'autres natures. Cette contrainte répond au souci de ne pas
engager, hors de l'autorisation parlementaire, des dépenses qui, en fait, ont un caractère de très
long terme, s'agissant des recrutements dans la fonction publique. Dans les deux directives
encore, il est possible d'abonder les dépenses d'investissement à partir des autres catégories de
dépense, l'inverse ne l'est pas. La protection des investissements ainsi posée est sans doute un
avantage. En effet, on peut penser qu'un directeur d'administration, ou tout autre responsable
de programme, toujours en place pour une durée limitée, est tenté d'éviter les investissements,
dont les effets s'étalent sur une période bien supérieure à sa durée de vie dans son poste, mais
dont il supporte le coût budgétaire. Ainsi un directeur qui souhaite loger son personnel peut
être conduit à préférer systématiquement la location de nouveaux locaux à leur achat,
beaucoup plus cher sur un horizon de quelques années.
En plus des classifications par nature et par programme, la Directive UEMOA rend
obligatoires plusieurs classifications des dépenses ; article 16 : Le budget général de l’Etat,
les budgets annexes et les comptes spéciaux du Trésor sont présentés selon les classifications
administrative, par programme, fonctionnelle et économique. Ces classifications sont
analysées dans un chapitre ultérieur.
seront exécutées sur plusieurs exercices. En UEMOA, il s'agit des investissements et des
contrats de partenariats public-privé ; en CEMAC, à ces catégories viennent s'ajouter, dans
des conditions fixées par la législation nationale,… certaines dépenses importantes
s'exécutant sur plusieurs années.
Les crédits de paiement sont la limite supérieure des dépenses pouvant être
ordonnancées et payées au cours de l'exercice.
Le déficit budgétaire
La distinction entre opérations budgétaires et opérations de trésorerie est importante
car de leurs définitions résulte celle du déficit budgétaire, ou éventuellement de l'excédent
budgétaire, de façon générale la définition du solde budgétaire. Les comptes de l'Etat, comme
ceux de n'importe quelle entité, sont, toutes opérations confondues, équilibrés. La définition
d'un solde ne peut provenir que d'une répartition des opérations en deux catégories, selon
qu'elles trouvent leur place "au-dessus de la ligne" ou "au-dessous de la ligne". Le tableau ci-
dessous fait apparaître le solde budgétaire de l'UEMOA égal à la différence entre les
ressources et les charges budgétaires ou, de façon équivalente, à la différence entre les
charges et les ressources de trésorerie. Le même tableau pour la CEMAC serait peu différent.
C'est le sens donné au solde budgétaire qui justifie les définitions des opérations
budgétaires et des opérations de trésorerie. Comme indiqué plus haut, les opérations de
trésorerie sont, en fait, des opérations financières, les opérations budgétaires, des opérations
non financières. L'Etat n'a pas pour mission de réaliser des opérations financières, sa fonction
est de collecter des recettes et de réaliser des dépenses orientées vers la satisfaction des
besoins de la population, sous forme de dépenses de personnel, d'acquisition de biens et
services, de transfert ou d'investissement. La position de la ligne qui permet de séparer les
opérations budgétaires des opérations de trésorerie sépare donc la fonction de l'Etat de son
financement. Il est souvent admis qu'une catégorie d'opérations financières contribue aux
fonctions de l'Etat et non à son financement ; il s'agit des prêts et avances consentis par l'Etat
à différents organismes, considérés alors comme des éléments de sa politique économique.
C'était la position de l'ancienne directive CEMAC, c'est celle du Tableau des opérations
financières de l'Etat, analysé dans un chapitre ultérieur ; ce n'est pas celle des deux directives.
RESSOURCES
BUDGETAIRS
DEPENSES
RESSOURCES DE
– remboursement des – produits des emprunts à
CHARGES DE
TRESORERIE
TRESORERIE
RMBOUSE-MENT
produits des emprunts à court, moyen et long termes NOUVEAUX
DES EMPRUNTS
court, moyen et long EMPRUNTS
ANTERIEURS
termes
– prêts et avances – produits provenant de la
cession des actifs
AUTRES AUTRES
– remboursements des prêts
et avances
années suivantes.
Les autorisations d’engagement… disponibles sur un programme à la fin de l’année peuvent être
reportées sur le même programme … majorant à due concurrence les crédits de l’année suivante.
Les crédits de paiement ne peuvent être reportés. Par exception, les crédits de paiement relatifs aux
dépenses d’investissement disponibles sur un programme à la fin de l’année peuvent être reportés sur le même
programme…
Le budget général
Le budget général est le compte de droit commun de la présentation des recettes et des
dépenses budgétaires de l'Etat. Les possibilités d'inscrire des recettes et des dépenses dans des
budgets annexes ou des comptes spéciaux sont définies par exception à la règle générale, telle
que énoncées, par exemple dans l'article 31 de la Directive UEMOA : Sous réserve des
dispositions concernant les budgets annexes et les comptes spéciaux du Trésor, les recettes et
les dépenses budgétaires de l’Etat sont retracées, sous forme de recettes et de dépenses, dans
le budget général.
Cette présentation confère alors au projet concerné la nature d'un fonds de concours,
dont on voit bien la proximité avec un compte d'affectation spéciale.
Apparaissent parfois dans un compte d'affectation spéciale, les fonds de financement
dits "basket funds", par lesquels les bailleurs de fonds se regroupent pour financer un gros
projet (par exemple dans le domaine de l'éduction de base ou de la santé ; exemple : Fonds de
soutien au développement de l'enseignement de base).
Article 37 – CEMAC
Les financements apportés sous forme de dons par les bailleurs de fonds internationaux qui, par
exception à l'article 2 de la présente directive et à titre transitoire, ne peuvent être versés en recettes du budget
général, sont gérés :
1. Soit, lorsqu'il s'agit de financements réguliers, dans des comptes d'affectation spéciale, …
2. Soit, lorsqu'il s'agit d'opérations ponctuelles, par rattachement de fonds de concours.
Sont également du ressort des comptes d'affectation spéciale les opérations de nature
patrimoniale liées à la gestion des participations financières de l'Etat.
Les comptes de commerce (UEMOA et CEMAC), qui retracent des opérations à
caractère industriel ou commercial effectuées à titre accessoire par des services de l’Etat ; le
caractère accessoire ou essentiel de l'activité industrielle ou commerciale sépare les comptes
de commerce des budgets annexes.
Les comptes de règlement avec les gouvernements ou autres organismes
étrangers (UEMAO), qui retracent des opérations faites en application d'accords
internationaux.
Les comptes de prêts (UEMAO), qui retracent les prêts, d’une durée supérieure à
deux ans mais égale ou inférieure à dix ans, consentis par l’Etat.
Les comptes d’avances (UEMAO), qui décrivent les avances que le ministre chargé
des finances est autorisé à consentir, d'une durée inférieure à deux ans.
Les comptes de garanties et d’aval (UEMAO), qui retracent les engagements de
l’Etat résultant des garanties financières accordées par lui.
Plan
L'élaboration du budget
La version standard
Les versions UEMOA et CEMAC
Les travaux parlementaires
Le débat d'orientation budgétaire
Du dépôt du projet de loi de finances au vote de la loi
L'élaboration du budget
Les questions d'organisation de l'élaboration du budget sont nombreuses. On se limite
ici à un certain nombre d'entre elles qui paraissent fondamentales. Un premier modèle de
procédure budgétaire est proposé, que l'on peut appeler "modèle standard", qui s'applique plus
ou moins à un grand nombre de pays. Les procédures propres aux zones UEMOA et CEMAC
présentent plusieurs ajouts intéressants.
Le budget qui est considéré ici est le budget de programmes, par opposition au budget
de moyens. Ce qui suit ne concerne donc pas les procédures d'élaboration du budget des pays
qui restent dans le système, de moins en moins fréquent, du budget de moyens.
La version standard
La procédure budgétaire standard peut être décrite en cinq étapes dont l'encadré les
étapes de la procédure budgétaire donne une présentation succincte.
Première étape
En général, une note de cadrage macroéconomique et macrobudgétaire propose un ou
plusieurs scénarios macroéconomiques et de finances publiques à échéance de trois ans. Le
solde des finances publiques ne peut cependant pas résulter du seul jeu des prévisions
macroéconomiques. Il est fondamentalement fonction de la volonté politique du
gouvernement.
La composante budgétaire du cadrage macroéconomique et macrobugdétaire est
souvent dénommé Cadre budgétaire à moyen terme (CBMT). Le Ministère des finances
établit ainsi un pré-budget qui présente deux caractéristiques :
– il est pluriannuel, généralement sur trois ans ;
– il est beaucoup plus agrégé que le budget, par grandes catégories de recettes et de
dépenses (moins d'une dizaine dans chacun des deux cas).
Un exemple de CBMT est le suivant :
Deuxième étape
La stratégie du gouvernement est élaborée à l'issue d'une longue concertation entre le
MF, les ministères, les institutions gouvernementales ou civiles, et, éventuellement, les
partenaires au développement. Son élaboration se déroule selon deux temporalités différentes.
Selon une périodicité longue est élaborée la stratégie fondamentale du gouvernement,
qui peut donner lieu à publication d'un document.
Chaque année, le MF prépare un cadre stratégique des dépenses. Ce cadre est à moyen
terme et doit comprendre des énoncés clairs sur les points suivants :
– les objectifs généraux des politiques publiques ;
– des objectifs globaux de recettes et de dépenses publiques.
Cette révision de la stratégie du gouvernement peut être limitée et donner lieu à un
document court.
Les enveloppes sectorielles sont la manifestation concrète de l'allocation
intersectorielle voulue par le gouvernement. A ce stade, elles peuvent néanmoins rester
indicatives, révisables à la marge en fonction des propositions ultérieures des ministères, qui
seront priorisées.
L'ensemble "CBMT + enveloppes sectorielles" est le Cadre de dépense à moyen terme
(CDMT) global.
Troisième étape
La troisième étape de la procédure budgétaire est, pour chaque ministère, l'étape
cruciale, puisque c'est celle qui amène aux propositions qu'il soumet au gouvernement. Elle
peut être décomposée en sous-étapes :
– A. Etablissement d'une stratégie cohérente avec la stratégie d'ensemble du
gouvernement ;
– B. Etablissement de programmes correspondant aux objectifs de la stratégie ;
– C. Développement des programmes en actions ;
– D. Chiffrement des coûts des programmes et des actions ;
– E. Définition d'indicateurs de performance pour les programmes ou les actions.
– A. Le document de stratégie du gouvernement est spécialisé en autant de documents
qu'il y a de secteurs. Comme le document de stratégie du gouvernement, les documents de
stratégie sectoriels sont de périodicité longue. Chaque année, ils donnent lieu à révision.
– B. L'élaboration des programmes est souvent partie intégrante de celle du document
de stratégie. Comme lui, ils font l'objet d'une mise à jour annuelle.
– C. Les actions sont soit des actions opérationnelles, soit des actions support.
– D. Le chiffrement des coûts des actions et des programmes est un élément essentiel
du budget. Sans justification des crédits demandés, celui-ci reste vide de sens.
– E. Les indicateurs de performance sont un élément essentiel des budgets de
programme. L'esprit de l'approche est en effet, on l'a vu, de passer d'une logique de moyens à
une logique de résultats. Ceux-ci doivent être mesurés ; ils le sont par des indicateurs,
généralement quantitatifs.
Le document qui est remis par les ministères sectoriels au Ministère n'est pas
nécessairement un budget détaillé, mais un pré-budget pluriannuel, relativement agrégé et en
nomenclature de programme, du type qui suit :
CDMT du Ministère X
Programmes / années N+1 N+2 N+3
Programme 1
Programme 2
Programme 3
…
Quatrième étape
Les services du MF doivent avoir la capacité d'évaluer les options présentées par les
ministères sectoriels (en termes de cohérence avec la stratégie du gouvernement, et en termes
de véracité des coûts et résultats envisagés) et de vérifier qu'elles sont compatibles avec les
contraintes des ressources globales. Ceci implique, en particulier, une organisation du MF en
bureaux sectoriels.
Cinquième étape
Les discussions budgétaires doivent porter principalement sur les changements de
politique sectorielle rendus nécessaires par l'évolution des conditions macroéconomiques ou
des priorités gouvernementales.
UEMOA
Etapes de la procédure budgétaire Délais
Article 57. Le document de programmation budgétaire et Article 57. Ces documents sont
économique pluriannuelle (DPBEP) … éventuellement accompagné publiés et soumis à un débat
des documents de programmation pluriannuelle des dépenses d’orientation budgétaire au
(DPPD) … est adopté en Conseil des Ministres. Parlement au plus tard à la fin du
deuxième trimestre de l’année.
Article 46. La loi de finances est accompagnée : Article 58. Le projet de loi de
– d’un rapport définissant l’équilibre économique et financier, les finances de l’année, y compris le
résultats connus et les perspectives ; rapport et les annexes explicatives
–… prévus à l’article 46 de la
– du DPBEP ; présente Directive, est déposé sur
– des DPPD ; le bureau du Parlement au plus
– d’annexes explicatives : tard le jour de l’ouverture de la
– 1. développant pour l’année en cours et l’année considérée, par session budgétaire.
programme ou par dotation, le montant des crédits présentés par … il doit être adopté au plus tard
nature de dépenses. Ces annexes sont accompagnées du projet à la date de clôture de la session
annuel de performance (PAP) de chaque programme qui précise : budgétaire.
a) la présentation de chacune des actions et de chacun des
projets prévus par le programme, des coûts associés, des objectifs
poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les années à venir
mesurés par des indicateurs de performance ;
–…
Article 62. Dès la promulgation de la loi de finances de l’année … , Article 62. Dès la promulgation
le Gouvernement prend les dispositions réglementaires ou de la loi de finances de l’année …
administratives portant répartition des crédits du budget général, des
budgets annexes et des comptes spéciaux selon la nomenclature en
vigueur.
Ces dispositions répartissent et fixent les crédits conformément aux
annexes explicatives de l’article 46 de la présente Directive,
modifiées, le cas échéant par les votes du Parlement.
sectoriels, en particulier les CDMT sectoriels et les PAP. Il pilote les arbitrages entre les
demandes de crédits émanant des ministères et réalise la synthèse de ces demandes, ainsi que
des diverses propositions des ministères (articles de la loi de finances) pour conduire à la loi
de finances.
CEMAC
Etapes de la procédure budgétaire Délais
Article 9. Chaque année, …, le Gouvernement transmet au Parlement les Article 9. … avant le 1er
documents de cadrage à moyen terme définis à l'article ci-dessus, accompagnés août …
d'un rapport sur la situation macro-économique et d'un rapport sur l'exécution du
budget de l'exercice en cours. Sur la base de ces documents et rapports, le
Parlement organise un débat d'orientation budgétaire, en séance publique, mais
sans vote.
Les lois de finances annuelles doivent être conformes à la première année des
documents de cadrage à moyen terme qui sont arrêtés définitivement à la suite du
débat d'orientation budgétaire.
Article 52. Chaque année, la procédure de préparation du projet de loi de Article 52. … Ce Conseil
finances initiale est engagée par un Conseil des Ministres qui sur proposition du des Ministres doit se tenir
Ministre chargé des finances: au plus tard six mois
– Fixe le cadrage macro-économique sur la base d'hypothèses prudentes et avant le début de
crédibles et dans le respect du montant global des recettes et des dépenses fixées l’exercice budgétaire
dans le cadre budgétaire a moyen terme défini à l'article 8 de la présente couvert par le projet de
directive ; loi de finances.…
– Détermine les priorités budgétaires et normes de dépenses pour les demandes de
crédit des ministères, dans le respect des cadres de dépenses a moyen terme
définis à l’article 8 de la présente directive ;
– Définit la procédure de présentation et d’arbitrage des demandes de crédit ainsi
que leur calendrier.
…
Le chef de l'exécutif, sur le rapport du Ministre charge des finances, procède aux
arbitrages sur les dépenses et les recettes qui n'ont pu faire l’objet d’un accord
entre Ministres.
Article 44. Est joint au projet de loi de finances initiale un rapport sur la situation Article 53. Le projet de
et les perspectives économiques, sociales et financières de la nation. Il comprend loi de finances initiale, y
notamment la présentation des hypothèses, des méthodes et des résultats des compris le rapport et les
projections sur la base desquelles est établi le projet de loi de finances de l'année. annexes explicatives
Il présente également les documents définitifs du cadrage budgétaire à moyen prévus aux articles 44 et
terme définis à l'article 8 de la présente directive. 45 de la présente
directive, est déposé au
Article 45. Sont joints au projet de loi de finances initiale les annexes suivantes :
Parlement de l'Etat
…
membre quinze jours
6 Des annexes explicatives développant par programme, le montant des crédits
avant l'ouverture de la
présentés par titre … Ces annexes sont accompagnées du projet annuel de
session budgétaire, sauf
performance (PAP) de chaque programme présentant les objectifs poursuivis et
disposition
les résultats attendus, mesurés au moyen d'indicateurs d'activité et de résultat ;
constitutionnelle
…
contraire.
Article 58. Dès la promulgation de la loi de finances initiale, les crédits du budget Article 58. Dès la
voté sont mis à disposition des Ministres sectoriels et des Hautes Autorités promulgation de la loi de
responsables des institutions constitutionnelles, par arrêtés du Ministre chargé finances initiale …
des finances.
…
Celui-ci peut également faire l'objet d'un envoi séparé. A ce stade de la procédure, les
plafonds de dépenses des ministères sont indicatifs. Selon la qualité de ses propositions, les
ministères pourront obtenir plus ou moins que le plafond alloué (dans une mesure limitée,
sans quoi, les plafonds perdraient leur crédibilité). La circulaire budgétaire contient des
informations sur l'organisation du déroulement de la procédure budgétaire (les différentes
étapes et leur calendrier) ainsi que des instructions techniques.
Le CDMT global sera joint au projet de loi de finances (article 46 UEMOA, article 44
CEMAC), mais dans sa forme révisée (voir plus loin).
4. Elaboration des CDMT sectoriels par les ministères sectoriels. Sur la base des
plafonds du CDMT global, les ministères sectoriels établissent leurs CDMT sectoriels (DPPD
dans le vocabulaire UEMOA). Simultanément, ils élaborent leurs projets annuels de
performance (PAP). La Directive CEMAC ne prévoit pas explicitement, contrairement à la
Directive UEMOA, l'établissement par les ministères sectoriels de leurs CDMT sectoriels,
mais uniquement les PAP. Ces documents seront joints au projet de loi de finances, mais, là
encore, sous une forme révisée (voir plus loin).
sauf s’il tend à supprimer ou à réduire effectivement une dépense, à créer ou à accroître une
recette …
Plan
Chapitre 4 : Les nomenclatures des dépenses et des recettes
Chapitre 5 : Le tableau des opérations financières de l'Etat
Les nomenclatures budgétaires, tant des dépenses que des recettes, recouvrent un
enjeu important. Les nomenclatures de présentation du budget (les nomenclatures d'exécution
sont traitées plus loin, en relation avec les questions de comptabilité) sont fondamentales pour
la compréhension et l'analyse du contenu du budget.
Parmi ces nomenclatures, l'une joue un rôle particulier, celle dans laquelle est établi le
tableau des opérations financières de l'Etat (et qui est la nomenclature du Manuel de
statistiques de finances publiques du FMI). Elle permet en effet, par son caractère universel,
des comparaisons entre les budgets de différents pays dans le monde.
Plan
La classification des recettes
La classification administrative
La classification par programmes
La classification fonctionnelle
La classification économique
Les croisements de nomenclatures de la présentation budgétaire
Il existe différentes classifications des recettes et surtout des dépenses de l'Etat qui
permettent autant de présentations différentes du budget de l'Etat : classification par
destination administrative, par programmes, fonctionnelle, économique. Les classifications
administrative ou par programmes et la classification économique conduisent, par croisement,
à la nomenclature de présentation budgétaire la plus usitée. D’autres classifications sont
envisageables, par exemple selon les sources de financement (fonds propres, dons et prêts intérieurs
ou extérieurs) ou selon les bénéficiaires.
Par ailleurs, il existe aussi bien une normalisation internationale que des
normalisations régionales ou nationales, chaque niveau étant à peu près cohérent avec le
niveau supérieur.
La normalisation internationale, établie à des fins de comparaisons statistiques entre
les pays, et qui couvre une partie seulement des classifications utilisées par les pays, se trouve
dans le Manuel de statistiques des finances publiques du FMI (Manuel de SFP), ainsi que le
présente l'encadré ci-dessous :
Les recettes sont concernées par la seule nomenclature économique (ou par nature), les
dépenses le sont par toutes les nomenclatures.
Au niveau régional, on retient dans ce chapitre la Directive n°08/2009/CM/UEMOA
portant nomenclature budgétaire de l'Etat au sein de l'UEMOA et la Directive n° 04/11-
UEAC-190-CM-22 relative à la nomenclature budgétaire de l’Etat.
La définition des recettes au sens du Manuel de SFP exclut, comme les deux directives
: les cessions d'actifs non financiers, qui n'augmentent pas la valeur nette ; les opérations
financières, pour les mêmes raisons. La lecture des tableaux 2 et 3 permet de s'en rendre
compte.
Dans les deux directives, deux niveaux de codification sont obligatoires pour les
recettes, l’article (en gras dans les tableaux 2 et 3) et le paragraphe (en maigre dans les
tableaux 2 et 3). Le paragraphe peut se subdiviser en rubriques dans la CEMAC, en rubriques
ou lignes (termes équivalents) dans l’UEMOA.
Les classifications des deux directives, comme celle du Manuel de SFP, sont par nature
économique (essentiellement selon la nature de l'assiette de l'impôt) ou par origine des fonds. Elles
sont cohérentes avec le Plan comptable de l'Etat.
Les recettes non fiscales courantes comprennent tous les encaissements non
remboursables des administrations ayant une contrepartie – à l’exception de ceux qui
proviennent des ventes de bien en capital –, toutes les amendes et pénalités à l’exception de
celles relatives aux infractions fiscales, et tous les encaissements courant des administrations
publiques représentant des versements volontaires, non remboursables et sans contrepartie, de
source autres que les administrations publiques.
La classification administrative
Définition. Les dépenses de l'Etat sont réparties selon la classification administrative
(on peut dire aussi classées par destination) lorsqu'elles le sont par services des ministères ou
institutions ou par groupes de services. La classification administrative permet également
d’identifier la situation géographique. Elle comprend deux niveaux : les ministères ou
institutions au premier niveau – section –, les services ou groupes de services au deuxième
niveau – chapitre. La codification du service permet d’identifier :
– le type de service (UEMOA : service centralisé, service déconcentré, service
autonome, projet d’investissement ; CEMAC : budget opérationnel de programme, unité
opérationnelle – exemples non limitatifs) ;
– le service (service principal, autres services) ;
– la situation géographique.
Exemple :
Ministère des transports
Cabinet
Secrétariat général
Direction des affaires administratives et financières
Direction des ressources humaines
Direction des études et de la programmation
…
Direction générale des transports terrestres et maritimes
Direction générale de l'aviation civile et de la météorologie
Direction régionale du Centre
…
La classification fonctionnelle
La classification fonctionnelle du Manuel de SFP, COFOG – Classification of the
Functions of Government – (Classification des fonctions des administrations publiques –
CFAP – dans la traduction française, rarement utilisée) repose sur le critère de la fonction, ou
objectif socioéconomique de la dépense. Elle fait partie du groupe des nomenclatures des
dépenses par fonction qui comprend trois autres nomenclatures (Classification of Individual
Consumption According to Purpose – COICOP ; Classification of the Purpose of Non-profit
Institutions Serving Households – COPNI ; Classification of the Outlays of Producers
According to Purpose – COPP).
Toutes les dépenses relatives à une même fonction sont regroupées en une catégorie
quelles que soient les modalités de leur mise en œuvre (transferts en espèces, achat de biens et
services en vue de transferts, production de biens et services, acquisition d'un actif). La
nomenclature permet de faire la distinction entre les services individuels et collectifs, par
l'addition, aux niveaux subalternes de la nomenclature, de SI ou SC.
Les rubriques de la nomenclature fonctionnelle devraient en principe être renseignées
à partir de chaque catégorie d'opération. Dans la mesure où ceci est difficile, la classification
peut se faire selon les fonctions des unités des administrations publiques
Les directives UEMOA et CEMAC retiennent la nomenclature COFOG. Le tableau 4
présente le premier niveau de nomenclature qui en comporte trois : division, groupe et classe.
Note : les nomenclatures COFOG comportent trois niveaux ; seul le premier est proposé ici.
La classification économique
Le qualificatif économique appliqué à la classification des dépenses peut être entendu
dans deux acceptions : économique (au sens strict) ou par nature.
La classification économique cherche à regrouper les dépenses de l'Etat et des autres
administrations publiques en fonction de leur impact sur les autres secteurs de l'économie :
marché des biens et services, marché des capitaux, … ainsi que sur la répartition des revenus.
Elle cherche donc à se rapprocher des classifications de la comptabilité nationale. Elle
n'apporte pas nécessairement beaucoup plus de possibilité d'analyse que la classification par
nature.
Le tableau 5 propose la classification économique du Manuel de statistiques de
finances publiques.
Tableau 5 – Classification économique (au sens de" proche de la comptabilité nationale") des
dépenses du Manuel de statistiques de finances publiques
21 Rémunérations des salariés 26 Dons
211 Salaires et traitements 261 Aux administrations publiques étrangères
212 Cotisations sociales 262 Aux organisations internationales
22 Utilisations de biens et services 263 Aux autres unités d'administration publique
23 Consommation de capital fixe 27 Prestations sociales
24 Intérêts 271 Prestations de sécurité sociale
241 Aux non-résidents 272 Prestations d'assistance sociale
242 Aux résidents autres que les administrations publiques 273 Prestations sociales d'employeurs
243 Aux autres unités d'administration publique 28 Autres charges
25 Subventions 281 Charges liées à la propriété autres que les intérêts
251 Aux sociétés publiques 282 Autres charges diverses
252 Aux entreprises privées
Note : la nomenclature des charges comporte trois niveaux ; seuls les deux premiers sont proposés ici.
Dans la plupart des pays, le classement budgétaire des recettes et des dépenses par
nature suit celui du plan comptable de l'Etat (PCE). Plus précisément, la nomenclature
budgétaire reprend une partie seulement de la nomenclature du plan comptable, pour deux
raisons :
– un grand nombre d'opérations enregistrées en comptabilité générale ne le sont pas en
comptabilité budgétaire, qui est une comptabilité de caisse (voir un chapitre ultérieur) ;
– la nomenclature budgétaire par nature, qui est une nomenclature prévisionnelle est
moins détaillée que la nomenclature du plan comptable de l'Etat, servi en exécution (voir un
chapitre ultérieur).
Les classifications par nature des deux directives sont cohérentes avec le plan comptable
général de l’Etat de chacune des deux zones. Elles sont également cohérentes avec les
regroupements par nature de dépenses des deux directives relatives aux lois de finances (qui sont les
5 titres dans en CEMAC et non précisément nommés en UEMOA – on peut convenir de les
appeler catégories de dépense).
Deux niveaux de codification sont obligatoires, l’article et le paragraphe. Les tableaux 6 et 7
proposent le premier niveau.
Tableau 6 – Classification économique (au sens de "proche du plan comptable") des dépenses de
l’UEMOA (premier niveau)
DEPENSES COURANTES DEPENSES EN CAPITAL
60 ACHATS DE BIENS 21 IMMOBILISATIONS INCORPORELLES
61 ACQUISITIONS DE SERVICES 22 ACQUISITIONS ET AMENAGEMENTS DES SOLS ET SOUS-SOLS
62 AUTRES SERVICES 23 ACQUISITIONS, CONSTRUCTIONS ET GROSSES REPARATIONS DES IMMEUBLES
63 SUBVENTIONS 24 ACQUISITIONS ET GROSSES REPARATIONS DU MATERIEL ET MOBILIER
64 TRANSFERTS 25 EQUIPEMENTS MILITAIRES
65 CHARGES EXCEPTIONNELLES 26 PRISES DE PARTICIPATIONS - PLACEMENTS - CAUTIONNEMENTS
66 CHARGES DE PERSONNEL
67 INTERETS ET FRAIS FINANCIERS
Note : là encore le Guide didactique de la directive corrige une erreur de la Directive portant nomenclature budgétaire de l'Etat, qui inclut
à tort dans la nomenclature économique budgétaire des charges calculées, non décaissables, de dotations aux provisions ou aux
amortissements.
Tableau 7 – Classification économique (au sens de "proche du plan comptable") des dépenses de
la CEMAC (premier niveau)
67 CHARGES FINANCIERES DE LA DETTE 21 IMMOBIISATIONS INCORPORELLES
66 CHARGES DE PERSONNEL 22 IMMOBILISATIONS NON PRODUITES
60 ACHATS DE BIENS 23 ACQUISITIONS, CONSTRUC. ET GROSSES REPARATION DES IMMEUBLES
61 ACQUISITIONS DE SERVICES 24 ACQUISITIONS ET GROSSES REPARATIONS DU MATERIEL ET MOBILIER
62 REMBOURSEMENT DES REC. ENCAISSEES 25 EQUIPEMENTS MILITAIRES
63 SUBVENTIONS 65 AUTRES DEPENSES
64 TRANSFERTS
10 091 58 8 605 :
Plan
Champ couvert par le TOFE
Les entités du TOFE
Les opérations du TOFE
Mode d'enregistrement des données
Classification des opérations dans le TOFE
Les transactions qui affectent la valeur nette
Les transactions sur actifs non financiers, actifs financiers et passifs
Soldes du TOFE
Le tableau des opérations financières de l’Etat (TOFE) est un état des opérations des
administrations publiques établi selon le système des statistiques des finances publiques du
Manuel des Statistiques des Finances Publiques du FMI de 2001 (Manuel de SFP). Les
définitions qui sont proposées ici sont celles de la Directive de l'UEMOA N°10/2009/
CM/UEMOA portant Tableau des Opérations Financières de l'Etat et de la Directive
CEMAC N°05/11-UEAC-190-CM-22 relative aux opérations financières de l'Etat, très
proches de celle du Manuel de SFP (en italique lorsqu’elles sont extraites des directives).
Le TOFE n’est pas établi dans la nomenclature budgétaire des Etats, mais dans une
nomenclature internationale. De ce fait, il permet une comparabilité entre les pays et assure la
cohérence avec les différents comptes macroéconomiques (balance des paiements, situation
monétaire et comptes nationaux).
Il existe, par rapport aux présentations budgétaires, des écarts tant en ce qui concerne le
champ couvert que le mode d’enregistrement des données, la nomenclature des opérations ou
la définition des différents soldes.
Le champ des entités du TOFE au sens de l’UEMOA couvre l’ensemble des unités
institutionnelles des administrations publiques qui mettent en application les politiques
fiscales et budgétaires des pouvoirs publics, par la production de biens et services non
marchands et par les transferts de revenus et de richesses, financés principalement par
l’impôt ou d’autres prélèvements obligatoires. Il s’agit :
– des unités budgétaires composées des organes législatifs et judiciaires, des institutions,
des ministères et des services qui, pris individuellement, n’ont pas la caractéristique d’unité
institutionnelle (c’est-à-dire n’ont pas d’autonomie vis-à-vis des administrations publiques) ;
– des institutions sans but lucratif (ISBL) non marchandes contrôlées et principalement
financées par les unités d’administration publique ;
– des autres unités extrabudgétaires qui sont des entités dotées d’un budget propre et ne
dépendent pas exclusivement du budget de l’administration centrale ou locale qui les a crées ;
– des organismes de sécurité sociale … qui font appel à des cotisations obligatoires et
couvrent la totalité ou la majeure partie de la population (Directive UEMOA – Notice
explicative, deuxième partie, A.1.).
c’est-à-dire ne résultant pas d’une transaction – par exemple la découverte d’un gisement
minier – et gains et pertes de détention des actifs et passifs – par exemple un gain de change)
(Directive UEMOA – Notice explicative, première partie, A ; Directive CEMAC – Note
explicative, première partie, définition voisine).
qu’il a pour contrepartie par exemple un surplus d’endettement ou une sortie de liquidité,
n’augmente pas la valeur nette de l’Etat).
Les charges diminuent la valeur nette des administrations publiques. Elles sont réparties
selon la classification économique.
1
TOFE UEMOA = CEMAC = MANUEL DE SFP
TRANSACTIONS AFFECTANT LA VALEUR NETTE
RECETTES CHARGES
Recettes fiscales Rémunération des salariés
Impôts sur le revenu, les bénéfices et les gains en capital Salaires et traitements
Impôts sur les salaires et la main-d’œuvre Cotisations sociales
Impôts sur le patrimoine Utilisation de biens et services
Impôts sur les biens et services Consommation de capital fixe
Impôts sur le commerce extérieur et les transactions inter. Intérêts
Autres recettes fiscales Subventions
Contributions sociales Aux sociétés publiques
Cotisations de sécurité sociale Aux entreprises privées
Autres cotisations sociales Dons
Dons Aux administrations publiques étrangères
Reçus d’administrations publiques étrangères Aux organisations internationales
Reçus d’organisations internationales Aux autres unités d’administration publique
Reçus d’autres unités d’administration publique Prestations sociales
Autres recettes Prestations de sécurité sociale
Revenus de la propriété Prestations d’assistance sociale
Ventes de biens et services Prestations sociales d’employeurs
Amendes, pénalités et confiscations Autres charges
Transferts volontaires autres que les dons Charges liées à la propriété autres que les intérêts
Recettes diverses et non identifiées Autres charges diverses
Solde net de gestion
TRANSACTIONS SUR ACTIFS NON FINANCIERS
Acquisition nette d'actifs non financiers
Actifs fixes
Stocks
Objets de valeur
Actifs non produits
Capacité/besoin de financement = Financement
TRANSACTIONS SUR ACTIFS FINANCIERS ET PASSIFS (FINANCEMENT)
Accumulation nette de passifs Acquisition nette d'actifs financiers1
Intérieurs Intérieurs
Extérieurs Extérieurs
Note : 1. Niveau 1 et 2 chiffres, parfois 3. 2. Les prêts moins recouvrements sont classés en Acquisition nette
d’actifs financiers, soit en crédits, soit en actions et autres participations.
Le tableau TOFE UEMOA = CEMAC = manuel de SFP proposent une classification des
transactions du TOFE détaillée à trois niveaux (il en existe cinq) dans les deux zones.
Solde global corrigé (= solde global hors dons) Solde primaire global (corrigé si hors dons et
transactions exceptionnelles)
Recettes Charges Recettes Charges
hors dons et trans. excep. hors cons. de cap. fixe et int. hors dons et trans. hors cons. de cap. fixe et int.
intérêts excep. intérêts
dons cons. de capital fixe dons cons. de capital fixe
trans. excep. Transactions sur actifs non trans. excep. Transactions sur actifs non
financiers financiers
Transactions sur actifs Transactions sur actifs Transactions sur actifs Transactions sur actifs
financiers et passifs financiers et passifs financiers et passifs financiers et passifs
non liés aux objectifs de la liés aux objectifs de la non liés aux objectifs de liés aux objectifs de la
politique économique politique économique la politique économique politique économique
Solde de base
Recettes Charges
hors dons et trans. excep. hors cons. de cap. fixe et int.
intérêts
dons cons. de capital fixe
budgétaires non budg.
trans. excep. Transactions sur actifs non
financiers
sur res. sur dons ou
propres emprunts
Transactions sur actifs Transactions sur actifs
financiers et passifs financiers et passifs
non liés aux objectifs de la liés aux objectifs de la
politique économique politique économique
Le solde net de gestion est la différence entre toutes les recettes et toutes les charges.
C'est donc encore la variation de la valeur nette. Il s'apparente au résultat comptable de la
comptabilité d'entreprise.
Le solde brut de gestion est plus proche du solde des flux de trésorerie liés aux recettes
et aux charges dans la mesure où il exclut la consommation de capital fixe, qui est une charge
calculée et non une sortie de trésorerie.
La capacité ou besoin de financement est, à la fois :
- la différence entre toutes les recettes et toutes les charges moins l'acquisition nette
d'actifs non financiers ;
● Solde Budgétaire de Base = (recettes totales + dons budgétaires + ressources PPTE) – Dépenses
courantes – Dépenses d’investissements publics financées sur ressources internes.
● Les dons budgétaires et les ressources PPTE concernent les montants mobilisés ayant financé les
dépenses courantes et les dépenses d’investissements publics.
– Dons projets
– Emprunts (projets + budgétaires) ;
– Amortissements = Amortissements extérieurs + Amortissements intérieurs ;
– Investissements sur financement extérieur aide et emprunts projets.
Investissements sur financement extérieur aide et emprunts projets = dons projets + emprunts projets,
QUATRIEME PARTIE :
L'EXECUTION DU BUDGET
Plan
Chapitre 6 : Les principes et l'organisation de l'exécution du budget
Chapitre 7 : L'exécution des dépenses et des recettes publiques
Une fois voté, le budget est exécuté. Son exécution obéit à un certain nombre de règles
qui cherchent à garantir que le budget sera exécuté comme prévu, tout en permettant une
certaine souplesse.
Au-delà de règles assez générales (que l'on trouve généralement dans les lois ou
directives relatives aux lois de finances), il existe des règles spécifiques aux recettes ou aux
dépenses (que l'on trouve souvent dans le règlement général de la comptabilité publique) et,
dans le cas des dépenses, un deuxième ensemble de règles spécifiques, relatives aux marchés
publics.
Plan
L'annualité
Autorisations d'engagement et crédits de paiement
Reports de crédits
La période complémentaire
Les modifications de crédits
La portée de l'autorisation budgétaire
Les transferts et virements
La régulation budgétaire
Les mises en réserves
Les annulations budgétaires
La régulation informelle
Les révisions budgétaires
L'annualité
L'annualité est un principe budgétaire inscrit dans les directives sur les lois de finances
(voir le chapitre Les fondements de la loi de finances et du budget).
Le budget est adopté pour une année et les crédits ne peuvent être consommés que
pendant cette période.
La règle souffre d'exceptions dont certaines ont été mentionnées dans le chapitre
précité. Elles sont précisées ici.
Article 17 UEMOA. Les crédits ouverts par les lois de finances sont constitués :
– de crédits de paiement, pour les dépenses de personnel, les acquisitions de biens et
services et les dépenses de transfert ;
– d’autorisations d’engagement et de crédits de paiement, pour les dépenses
d’investissement et les contrats de partenariats publics-privés.
Article 18 UEMOA. Les autorisations d’engagement constituent la limite supérieure
des dépenses pouvant être juridiquement engagées au cours de l’exercice pour la réalisation
des investissements prévus par la loi de finances.
…
Article 19 UEMOA. Les crédits de paiement constituent la limite supérieure des
dépenses pouvant être ordonnancées ou payées au cours de l’exercice.
Article 21 CEMAC. Les crédits ouverts en dépenses d’investissement distinguent des
autorisations d’engagement et des crédits de paiement. Les autorisations d’engagement
constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées et dont le paiement peut
s’étendre, le cas échéant, sur une période de plusieurs années.
…
Les crédits de paiement constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être
payées pendant l’année pour la couverture des engagements contractés dans le cadre des
autorisations d’engagement.
Cette distinction entre autorisations d’engagement et crédits de paiement peut
également être appliquée dans des conditions fixées par la législation nationale aux crédits
relatifs à certaines dépenses importantes s’exécutant sur plusieurs années.
L'article 46 UEMOA précise que les PAP (Projets annuels de performance) incluent
l'échéancier des crédits de paiement associés aux autorisations d'engagement. L’article 45
CEMAC en fait une annexe de la loi de finances à part entière.
L'engagement, permis par l'autorisation d'engagement, n'est pas défini explicitement
par la Directive portant loi de finances, mais par la Directive N°07/2009/CM/UEMOA
portant règlement général sur la comptabilité publique au sein de l'UEMOA, qui dispose, en
son article 45 :
L'engagement juridique de la dépense publique est l'acte par lequel l'Etat crée ou
constate à son encontre une obligation de laquelle résultera une charge.
L’engagement comptable de la dépense publique consiste à affecter des crédits au
paiement de la dépense.
Le montant total des engagements ne doit pas dépasser le montant des autorisations
budgétaires, …
L’intérêt de la Directive Règlement général UEMOA est de faire la distinction entre
les engagements juridique et comptable. La question est alors de savoir lequel des deux
engagements est pertinent en matière d’autorisation d’engagement. Il est clair que c’est
l’engagement juridique, comme le précise l’article 18 de la Directive lois de finances. C’est
en effet celui qui implique une consommation de crédits de paiement consécutif à la
consommation d’autorisations d’engagement. La question reste cependant très théorique, les
deux engagements, juridique et comptable devant être concomitants.
La Directive N°2/11-UEAC-190-CM-22 Relative au Règlement général de la
comptabilité publique, ne distingue pas les deux engagements, juridique et comptable, et vise
implicitement, en son article 49, l’engagement juridique: L'engagement est l'acte par lequel
un organisme public crée ou constate à son encontre une obligation de laquelle résultera une
charge. …
De la distinction claire entre l'autorisation d'engagement et l'engagement résulte la
nécessité d'inscrire dans les PAP de la loi de finance pour l’année N+1 les crédits de paiement
des années N+1 et au-delà correspondant aux encours d'engagement non payés au 31/12/N,
mais qui juridiquement, engagent l'Etat.
Ces engagements dont les paiements sont reportés sont autant d’autorisations
d’engagement consommées et ne doivent pas être confondus avec les autorisations
d'engagement du budget N reportées sur le budget N+1. Ces autorisations d'engagement non
pas été consommées, elles n'ont pas données lieu à engagement juridique de l'Etat, elles
peuvent être considérées comme caduques, mais elles peuvent également être reportées (voir
plus loin).
En résumé, quatre notions sont donc à prendre en compte dans les PAP :
– engagements des années N et antérieures non payées (autorisations d’engagement
consommées) ;
– autorisations d'engagement (non consommées) de l'année N reportées ;
– autorisations d'engagement de l'année N+1 ;
– crédits de paiement de l'année N+1.
Reports de crédits
Il ne s'agit pas ici des autorisations d'engagement consommées dont les crédits de
paiement ne l'ont été qu'à une hauteur inférieure. Le report sur l'année suivante de la
différence entre les montants engagés et les crédits de paiement consommés est dans la nature
même de l'autorisation d'engagement. Il s'agit ici des autorisations d'engagement et des crédits
de paiement non consommés au cours de l'exercice.
La justification du report peut être trouvée dans le fait que l'impossibilité de reporter
les crédits non utilisés d'une année sur l'autre peut conduire, et généralement conduit, à des
dépenses accélérées en fin d'année, sans justification d'efficience ou d'efficacité suffisante.
Il peut alors être souhaitable d'autoriser, dans une mesure limitée, les reports de crédits
en fin d'année.
Cette solution suppose cependant une maîtrise suffisante de la chaîne de la dépense,
celle-ci devant être capable de traiter l'exécution de deux budgets à la fois, que ce soit au point
de vue de la capacité des agents que de celle du système informatique.
Les deux directives prévoient des possibilités limitées de report d'une année sur l'autre,
tant pour les autorisations d'engagement que pour les crédits de paiement.
Article 24 UEMOA. Sous réserve des dispositions concernant les autorisations
d’engagement, les crédits ouverts et les plafonds des autorisations d’emplois fixés au titre
d’une année ne créent aucun droit au titre des années suivantes.
Les autorisations d’engagement, au sens de l’article 18 de la présente Directive,
disponibles sur un programme à la fin de l’année peuvent être reportées sur le même
programme par décret pris en conseil des ministres, majorant à due concurrence les crédits
de l’année suivante.
Les crédits de paiement ne peuvent être reportés. Par exception, les crédits de
paiement relatifs aux dépenses d’investissement disponibles sur un programme à la fin de
l’année peuvent être reportés sur le même programme dans la mesure où les reports de
crédits retenus ne dégradent pas l’équilibre budgétaire tel que défini à l’article 45 de la
présente Directive.
Les reports s’effectuent par décret pris en conseil des ministres, en majoration des
crédits de paiement pour les investissements de l’année suivante, sous réserve de la
disponibilité des financements correspondants.
Ce décret, qui ne peut être pris qu’après clôture des comptes de l’exercice précédent,
est consécutif à un rapport du ministre chargé des finances. Ce rapport évalue et justifie les
ressources permettant de couvrir le financement des reports, sans dégradation du solde du
budget autorisé de l’année en cours.
Article 28 CEMAC. Sous réserve des dispositions concernant les autorisations
d’engagement, les crédits ouverts et les plafonds des autorisations d’emplois fixés au titre
d’une année ne créent aucun droit au titre des années suivantes.
Les autorisations d’engagement non utilisées à la fin de l’année ne peuvent pas être
reportées.
Les crédits de paiement relatifs aux dépenses d’investissement disponibles sur un
programme à la fin de l’année peuvent être reportés sur le même programme ou la même
dotation dans la limite des autorisations d’engagement utilisées, mais n’ayant pas encore
donné lieu à paiement.
Ces reports s’effectuent par décret pris en Conseil des Ministres … en majoration des
crédits de paiement pour les investissements de l’année suivante, sous réserve de la
disponibilité des financements correspondants. Ce décret, qui ne peut être pris qu’après
clôture des comptes de l’exercice précédent, est consécutif à un rapport du Ministre chargé
des finances qui évalue et justifie les recettes permettant de couvrir le financement des
reports, sans dégradation du solde du budget autorisé de l’année en cours.
…
Le tableau ci-dessous fait apparaître le caractère plus contraignant de la Directive
CEMAC.
La période complémentaire
Dans la plupart des systèmes, francophones comme anglophones, il existe une période
complémentaire, au-delà de la fin de l'exercice, durant laquelle les dépenses ordonnancées
avant la fin de l'exercice peuvent être payées. Afin de réduire autant que faire ce peu la durée
de cette période complémentaire, la date limite des ordonnancements peut être fixée
antérieurement à la fin de l'exercice, par exemple un mois avant, voire plus.
Les deux directives sont, à cet égard, différenciées. La Directive UEMOA
(contrairement à celle qui l’a précédée) ne fait pas mention d'une période complémentaire, ce
qui risque de poser des problèmes d’exécution. La Directive CEMAC reprend la solution
classique. Article 65 CEMAC : … des dépenses budgétaires engagées et liquidées au cours
de l’exercice budgétaire peuvent être payées après la fin de cet exercice, au cours d'une
période complémentaire dont la durée ne peut excéder trente jours. …
Les deux directives "comptabilité publique", la directive N° 07/2009/CM/UEMOA
portant règlement général sur la comptabilité publique au sein de l'UEMOA et la directive
N°02/11-UEAC-190-CM-22 Relative au Règlement général de la comptabilité publique
(analysées plus en détail dans un autre chapitre) confirment les écarts de conception des deux
La régulation informelle
Les modes de régulation plus informelle revêtent trois formes, selon qu'elle intervient
dès la mise en place des crédits au début de l'exercice, en cours d'année, ou en fin d'année.
Plan
Les administrateurs de crédits
Les ordonnateurs
Les comptables
Définition
Catégories
La hiérarchie des comptables publics
Les auxiliaires des comptables
Les différents réseaux de comptables publics
Les contrôleurs financiers
Les recettes
Les dépenses
Les opérations de trésorerie
L'exécution des recettes et des dépenses publiques est organisée, dans les systèmes de
finances publiques de type francophone, autour de trois catégories d'agents, les ordonnateurs,
les comptables et les contrôleurs financiers, auxquelles il faut adjoindre celle des
administrateurs de crédits, subordonnés aux ordonnateurs.
Les ordonnateurs ordonnent le recouvrement des recettes ou le paiement des dépenses.
Le contrôleur financier exerce un premier contrôle de la dépense. Le comptable exécute les
recettes et les dépenses après avoir procédé à un certain nombre de contrôles. Au début de la
chaîne de la dépense peut intervenir un troisième agent, l'administrateur de crédit, qui est le
gestionnaire juge de l'opportunité de la dépense.
Le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables est au cœur des
principes d'organisation de l'exécution des recettes et, surtout, des dépenses. Cette dualité
d'agents n'est pas propre à la comptabilité publique : toutes les entreprises privées la
connaissent. Le principe de séparation va cependant au-delà de ce qui s'observe au sein
d'organisations autres que les organismes publics. Le comptable public est en effet chargé du
contrôle d'un certain nombre d'actes de l'ordonnateur ; il est responsable personnellement et
pécuniairement de la régularité (mais non de l'opportunité) des opérations qu'il contrôle.
Les fonctions d'ordonnateur et celles de comptable sont, de ce fait, incompatibles. Les
fonctions d'administrateur de crédits et d'ordonnateur peuvent être cumulées.
Les différents acteurs sont successivement passés en revue avant que ne soient
analysées séparément l'exécution des recettes et celle des dépenses. Les opérations de
trésorerie, qui résultent pour une part des opérations de recette et de dépense, font l'objet d'un
dernier paragraphe.
Les ordonnateurs
Les ordonnateurs prescrivent l'exécution des recettes et des dépenses dont ils ont la
charge (UEMAO, article 8 ; CEMAC, article 8). Les ordonnateurs sont placés,
fonctionnellement, immédiatement après les administrateurs de crédits. Ils valident les
préparations des actes qui leur sont soumis par les administrateurs de crédits lorsqu'il y a lieu
de distinguer entre administrateur de crédit et ordonnateur. Ils sont organisés selon une
hiérarchie qui permet aux ordonnateurs de premier rang (les ordonnateurs principaux) de se
décharger d'une partie de leur tâche sur des ordonnateurs de second rang (les ordonnateurs
délégués et les ordonnateurs secondaires).
Les comptables
La définition du comptable public est simple, mais elle ne rend pas compte des
particularités qui s'attachent aux comptables publics. Il existe plusieurs catégories de
comptables. Ces derniers sont intégrés dans une hiérarchie qui, au-delà de la fonction
habituelle de toute hiérarchie, est déterminante du point de vue de la centralisation des
écritures comptables. A côté de la hiérarchie des comptables, on trouve un certain nombre
d'auxiliaires, dont les plus importants sont les régisseurs et les correspondants. Enfin, les
comptables sont organisés en différents réseaux.
Définition
Sont comptables publics les agents publics régulièrement habilités pour effectuer, à
titre exclusif, les opérations financières de l'Etat ou des autres organismes publics.
Catégories
Les comptables peuvent être :
– comptables deniers et valeurs ;
– comptable d'ordre ;
– comptables-matières.
Une mention spéciale doit être faite des comptables de fait.
La définition ci-dessus est limitée aux comptables en deniers et valeurs. Le statut de
comptable public est celui des comptables en deniers et valeurs.
Les comptables d'ordre n'exécutent pas d'opérations financières, mais centralisent
dans leurs comptes les opérations réalisées par d'autres comptables. Ils sont, souvent,
assignataires pour d'autres opérations, et, par conséquent, également comptables deniers et
valeurs. Le comptable d'ordre par excellence est l'Agent Comptable Central du Trésor,
l'ACCT, qui effectue la centralisation finale de l'ensemble des comptes et établit la balance
générale du Trésor.
Les comptables-matières sont préposés à la gestion des magasins ; ils assurent la garde
et la conservation des matériels et matières en stocks, et suivent les mouvements des biens
ordonnés par les administrateurs de crédits, les ordonnateurs et leurs délégués. La précédente
directive de l'UEMOA incluait les comptables-matières dans les comptables publics ; la
nouvelle y a renoncé.
Les comptables publics deniers et valeurs sont seuls habilités à effectuer
l'encaissement des recettes et le paiement des dépenses, ainsi que les autres opérations
financières de l'Etat et des collectivités locales. Plus précisément :
– en recettes : la prise en charge et le recouvrement des rôles et des ordres de recettes
qui leur sont remis par les ordonnateurs, des créances constatées par un contrat ou tout autre
titre, ainsi que l'encaissement des droits au comptant et des recettes de toute nature que les
administrations publiques sont habilités à recevoir ;
– en dépenses : le visa, la prise en charge et le règlement des dépenses, soit sur ordre
d'un ordonnateur, soit au vu des titres présentés par les créanciers ;
– la garde et la conservation des fonds, valeurs, titres et matières appartenant ou
confiés à l'Etat ou aux organismes publiques ;
– le maniement des fonds et les mouvements des comptes de disponibilités ;
– la conservation des pièces justificatives des opérations et des documents de
comptabilité ;
Agents du poste
Le service placé sous l'autorité immédiate d'un comptable public constitue un poste
comptable.
Mandataires
Les comptables publics peuvent déléguer leurs pouvoirs à un ou plusieurs mandataires
ayant la qualité pour agir en leur nom et sous leur responsabilité. Les directives imposent que,
sauf dérogation autorisée par le ministre des finances, le mandataire soit un agent du poste
(UEMOA, article 25 ; CEMAC, article 25).
Les recettes
Les recettes de l'Etat et des autres organismes publics comprennent les produits
d'impôts, de taxes, de droits, les dons et les autres produits autorisés par les lois et règlements
en vigueur. Les produits des emprunts ne sont pas dans le champ des directives.
Les créances de l'Etat et des autres organismes publics sont constatées et liquidées par
les ordonnateurs qui émettent des titres de perception et les notifient aux comptables qui les
recouvrent. Il est donc possible de distinguer la phase administrative de la phase comptable.
La phase administrative
La phase administrative comprend la constatation, la liquidation et l'émission des titres
de perception.
La constatation
La constatation a pour objet d'identifier et d'évaluer la matière imposable. Exemple :
salaires, bénéfices, loyers perçus, …
La liquidation
La liquidation a pour objet de déterminer le montant de la dette des redevables et doit
indiquer les bases sur lesquelles elle est effectuée.
La phase comptable
La phase comptable comprend la prise en charge, le contrôle et le recouvrement.
La prise en charge
Les actes formant titres de perception sont notifiés aux comptables pour prise en
charge. La prise en charge est la constatation dans les écritures d'un comptable public des
créances publiques dont il doit assurer le recouvrement, en particulier la constatation de la
réception des ordres de recettes reçues des ordonnateurs
Le contrôle des recettes
Les comptables sont tenus d'exercer un certain nombre de contrôle : le contrôle de
l'autorisation de percevoir les recettes ; dans la limite des éléments dont ils disposent, le
contrôle de la mise en recouvrement et de la liquidation des créances ainsi que la régularité
des réductions et des annulations des titres de recettes.
1. Le contrôle de l'autorisation de percevoir les recettes. Les comptables sont tenus de
vérifier le fondement légal, réglementaire ou juridictionnel des recettes publiques (la loi de
finances pour l'impôt). Ils n'ont pas à en vérifier l'exactitude matérielle, que le débiteur peut
contester devant l'administration ou les tribunaux.
2. Le contrôle des réductions et annulations des ordres de recettes. Les ordres de
réduction ou d'annulation d'ordres de recettes antérieurs sont émis par les ordonnateurs. Il y a
plusieurs motifs possibles de réduction ou d'annulation. Le rôle du comptable est limité
lorsqu'il y a eu erreur lors de l'émission de l'ordre de recettes. Lorsque la réduction ou
Le recouvrement
Les comptables publics sont responsables du recouvrement de la totalité des droits
liquidés par les ordonnateurs et pris en charge par leurs soins. Le recouvrement est l'ensemble
des actions destinées à obtenir le versement par les débiteurs des organismes publics des
sommes qui leur sont dues
Les dépenses
Les dépenses sont engagées, liquidées et ordonnancées par les ordonnateurs, payées
par les comptables. Là encore, il est donc possible de distinguer deux phases, administrative
et comptable, qui revêtent une forme spécifique dans le cas des régies d'avances. Le schéma 1
détaille l'organisation de la chaîne de la dépense. Des types de dépense présentent de fortes
particularités, par exemple celles qui sont engagées au travers des régies d'avance. Les
systèmes francophones et anglophones présentent des particularités qui les différencient dans
une mesure souvent plus limitée qu'on ne le croît.
La phase administrative
La phase administrative comprend l'engagement, la liquidation et l'ordonnancement.
Le contrôle financier peut intervenir aux deux stades de l'engagement et de l'ordonnancement.
L'engagement
L'engagement juridique est l'acte par lequel l'Etat ou un autre organisme public crée ou
constate à son encontre une obligation dont résultera une charge.
L'engagement comptable (ou budgétaire) de la dépense est l'affectation des crédits au
paiement de la dépense.
L'engagement doit rester dans la limite des autorisations budgétaires et demeurer
subordonné aux autorisations, avis ou visas prévus par les lois et règlements propres à l'Etat et
aux autres organismes publics. En général, en particulier dans le cas de l'Etat, l'engagement
est soumis au visa du Contrôleur financier. L'engagement peut revêtir l'une des formes
suivantes :
Nature de la dépense Pièces de l'engagement
Frais de personnel Textes relatifs au régime des salaires et indemnités
Décisions concernant la situation de chaque agent
Achat de fournitures et services Etablissement d'une commande
Passation d'un marché
Travaux d'équipements Passation d'un marché
L'engagement ne peut avoir sa pleine signification que s'il est au départ de l'exécution
de la dépense. Il constat alors une consommation de crédit, et, par-là, une diminution des
crédits disponibles sur le programme considéré.
L'engagement pluriannuel peut donner lieu à inscription budgétaire au titre d'une
autorisation d'engagement, égale à la limite supérieure du montant qui peut être légalement
engagé dans le cadre d'un contrat pluriannuel. L'autorisation d'engagement se décompose en
autant de crédits de paiement qu'il y a d'années pendant lesquelles court le contrat. Seul le
crédit de paiement de l'année peut être dépensé.
La liquidation
La liquidation (que l'on qualifie en anglais de verification, terme plus approprié car
moins restrictif) a pour objet de vérifier la réalité de la dette et d'arrêter le montant de la
dépense. Elle ne peut être faite qu'au vu des titres et pièces offrant la preuve des droits acquis
par les créanciers.
En ce qui concerne notamment les fournitures, services et travaux, ces titres et pièces
sont constitués par les marchés, les mémoires ou factures détaillant les livraisons, services ou
travaux effectués et les procès-verbaux de réception signés par les ordonnateurs et
éventuellement par les responsables des services techniques dans le cadre de la
réglementation propre à l'Etat et aux autres organismes publics.
Sauf les cas d'avances ou de paiements préalables autorisés par les lois ou règlements,
les services liquidateurs de l'Etat ou des autres organismes publics ne peuvent arrêter les
droits des créanciers, y compris pour ce qui concerne les acomptes sur marché de travaux et
fournitures, qu'après constatation du service fait.
Les titres servant à la liquidation des créances peuvent être :
Comme indiqué plus haut, certains types de dépenses combinent les étapes de la
liquidation et de l'engagement.
En comptabilité de droits constatés, il peut être admis que le moment de la liquidation
est aussi celui de la comptabilisation (ce qui n'empêche par l'administrateur de crédit ou
l'ordonnateur et le Contrôleur financier de tenir une comptabilité des engagements, c'est-à-dire
des consommations de crédit).
L'ordonnancement
L'ordonnancement est l'acte administratif par lequel, conformément aux résultats de la
liquidation, l'ordre est donné par l'ordonnateur au comptable assignataire de payer la dette de
l'Etat ou celles des autres organismes publics.
Toutefois, certaines catégories de dépenses peuvent, dans les conditions prévues par
les textes en vigueur, faire l'objet d'un ordonnancement de régularisation après paiement ou
être payées sans ordonnancement (voir plus loin).
L'ordonnateur ordonnance la dépense en établissement le mandat de paiement, ou
l'ordonnance, qu'il adresse au comptable.
Le mandat de paiement est l'ordre de payer une dépense publique donné par un
ordonnateur. Le mandatement est l'action d'émettre un mandat de paiement.
La Directive CEMAC impose une contrainte qu’il sera bien difficile de respecter : La
liquidation et l’ordonnancement sont concomitants et doivent intervenir immédiatement après
la certification du service fait (article 10).
A ces contrôles de régularité, les deux directives ajoutent l'examen des conséquences
que les mesures proposées peuvent avoir sur les finances publiques, difficiles à définir et à
évaluer (UEMAO, article 88 ; CEMAC, article 85).
Avant tout ordonnancement, le Contrôleur financier vérifie :
– l'existence de l'engagement préalable, visé par le Contrôle financier ;
– l'application des règles de la dépense publique, en particulier celles qui concernent
les marchés publics ;
– les calculs de liquidation ;
– les pièces justificatives après service fait.
Les directive UEMOA et CEMAC ajoutent la vérification des prix par rapport à la
mercuriale en vigueur (UEMAO, article 92 ; CEMAC, article 90).
Ordonnancement
d'engagement
Liquidation
Demande
Visa
Fournisseur
Visa
La phase comptable
La phase comptable comprend la prise en charge par le comptable, un certain nombre
de contrôles, et le paiement.
La prise en charge
La prise en charge est la constatation dans les écritures d'un comptable public des
créances vis-à-vis de l'Etat ou d'un autre organisme public dont il doit assurer le paiement, en
particulier la constatation de la réception des mandats de paiement reçus des ordonnateurs
secondaires à vérifier que les mandats émis par ceux-ci sont dans la limite de ces crédits (la
délégation de crédits est une autorisation d'engager, dans la limite du montant des crédits
délégués, donnée à un gestionnaire, la plupart du temps déconcentré). Les comptables des
autres organismes publics (par exemple les établissements publics), dépositaires d'une
expédition du budget voté, assurent immédiatement la totalité de ce contrôle.
Ce contrôle peut être laissé en totalité aux soins du Contrôle financier.
Le paiement
Le paiement est l'acte par lequel l'Etat ou tout autre organisme public se libère de sa
dette. Il est effectué soit par les comptables assignataires, soit par leurs subordonnés ou
correspondants, soit par les régisseurs d'avances, qui opèrent pour leur compte et sous leur
responsabilité.
–…
A intervalles périodiques, une avance est mise à la disposition de chaque régisseur sur
les crédits mis à la disposition du service, à condition que l'utilisation de la précédente avance
ait été justifiée. L'avance est versée par le comptable public au vu d'un mandat visé par
l'ordonnateur et le contrôleur financier. Le régisseur remet ses pièces justificatives au
comptable assignataire après signature de l'ordonnateur.
Dans certains pays, la communication par les ministères sectoriels est tardive, voire
incomplète, de sorte que le MF n'a pas une claire vision de l'exécution budgétaire, en
particulier au début de la chaîne de la dépense, à l'engagement.
Opérations de trésorerie
Les opérations de trésorerie sont telles qu'elles sont définies dans directive N°01/11-
UEAC-190-CM-22 relative aux lois de finances. Elles seraient aussi celles de la directive
N° 06/2009/CM/UEMOA de l'UEMOA portant lois de finances au sein de l'UEMOA si celle-
ci avait adopté une définition plus complète des opérations de trésorerie incluant, comme le
fait la directive règlement général sur la comptabilité publique, les opérations d'encaissement
et de décaissement ainsi que l'approvisionnement et le dégagement en fonds des caisses
publiques.
Sont ainsi définis comme opérations de trésorerie (UEMOA, article 55), opérations
de trésorerie et de financement (ainsi qualifiées plus précisément, à juste titre, CEMAC,
article 59) par les deux directives Règlement général tous les mouvements de numéraire, de
valeurs mobilisables, de comptes de dépôts, de comptes courants et de comptes de créances et
de dettes à court, moyen et long terme.
Les opérations de trésorerie comprennent notamment (UEMOA, article 55 ; CEMAC,
article 59, rédaction presque identique) :
– les opérations d'encaissement et de décaissement ;
– l'approvisionnement et le dégagement en fonds des caisses publiques ;
– l'escompte et l'encaissement des traites et obligations émises au profit de l'Etat ou
des organismes publics ;
– la gestion des fonds déposés par les correspondants et les opérations faites pour leur
compte ;
– l'émission, la conversion, la gestion et le remboursement des emprunts publics à
court, moyen et long termes ;
– les opérations de prêts et avances ;
– l'encaissement des produits des cessions d'actifs.
Les opérations de trésorerie (et de financement – CEMAC) sont exécutées
exclusivement par les comptables publics, soit à leur propre initiative, soit sur l'ordre du
ministre chargé des finances ou à la demande des tiers qualifiés pour leur compte (UEMOA,
article 56 ; CEMAC, article 60, qui ajoute soit sur l’ordre des ordonnateurs).
Les trois principales catégories d'opérations de trésorerie sont brièvement
commentées.
Cependant, il est nécessaire que le Trésor dispose de comptes auprès des banques
commerciales pour plusieurs raisons :
1. Il existe des postes comptables déconcentrés dans des villes où la Banque centrale
n'est pas présente ;
2. Le Trésor effectue des opérations avec les banques commerciales, par exemple des
virements au profit des fournisseurs qui disposent de comptes dans ces banques.
Le principe du compte unique à la Banque centrale ne peut donc être respecté
qu'entendu comme un compte unique de centralisation très rapide (chaque jour ou chaque
semaine au plus) des comptes en banques commerciales.
Les ordonnateurs et autres agents de l'Etat n'ayant pas qualité de comptable public,
de régisseur de recettes ou d'avances ne peuvent en aucun cas se faire ouvrir ès qualité un
compte de disponibilité (CEMAC, article 62).