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AT TKE
UNIVERSITY OF
TORONTO PRESS
Digitized by the Internet Archive
in 2009 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/laprisedalexandrOOguiluoft
(Hp; ^^<1
PUBLICATIONS
SÉRIE HISTORIQUE
GUILLAUME DE MACHAUT
LA
PRISE D'ALEXANDRIE
GUILLAUME DE MACHAUT
pour la
M. L. BE MAS LATRIE
zi
n
u
1^
1^
l:
^,c^>.
A^
GENEVE
Imprimerie Jules-Guillaume Fick
1877
Tiré à 500 exemplaires numérotés, dont:
50 fur grand papier,
50 fur papier vélin,
^' 3)9
SOCIETE VE VOT^IEC^T LcATlC^
Le commijfaire-refponfable adjoint,
MICHELANT.
Certifié.
Le fecr'etaire-tr'eforier.
Comte RIANT.
II
PRÉFACE. IX
Machaut. »
(Mf.LaVallière, notremf.C.f.éy.)
une de fes complaintes, adieffée
au roi Jean & viliblement écrite - 3 Son nom ne figure pas une
III
.? I
dence du roi Hugues IV, ion père, les defleins que formait &
le prince de Tripoli, dès qu'il ferait parvenu au trône, de
reprendre la guerre contre les infidèles, projets qui furent la
penfée & la gloire de fon règne.
La partie la plus confidérable de l'œuvre eft le récit de
l'expédition d'Alexandrie en 1365, avec les annexes anté-
rieures & poftérieures qui fe rattachent à ce grand fait mili-
taire : les voyages du roi en Occident pour préparer la coa-
litiondes forces chrétiennes, réfultat qu'il n'obtint jamais,
la marche de la flotte &
de l'armée formée à grand'peine,
grâce à quelques dévouements ifolés, aux fubfides du Saint-
Siège & au concours effeilif des chevaliers de Rhodes; l'af-
faut & la prife d'Alexandrie; le pillage des magafins d'où
les Européens rapportèrent en leur pays des épiceries & de
riches étoffes; ' l'évacuation de la ville à laquelle le roi eut
tant de peine à fe réfoudre; fes expéditions ultérieures en
Caramanie &
en Syrie, tantôt contre les Turcs, tantôt contre
les Arabes, fuivant les péripéties des négociations de paix
qui fe pourfuivaient laborieufement en Chypre & au Caire,
par la médiation des communes italiennes.
Sauf quelques inexactitudes & quelques obfcurités, tout ce
récit eft fatisfaifant, bien fuivi, nourri de faits détaillés &
précis. Machaut en a reçu les éléments, ou, pour employer
fes propres expreilions, la ?natiere^ de témoins oculaires &
bien renfeignés. 11 le dit d'une façon générale en plufieurs
circonftances ^ & il nomme comme fon principal initiateur
un écuyer de Champagne, Jean de Reims, que l'on voit
figurer à la prife de Gorhigos en Arménie 3 & qui réulîit à
accompagner au Caire l'un des négociateurs génois, lors de
l'ambaflade de 1367:4
I Voy. Hifl. de Chypre, t. II, p. 342. Note fur le meurtre du roi Pierre /".
PRÉFACE. XXllj
palais avec les barons pour rendre compte au roi des con-
férences de la nuit, héfitaient à entrer dans la chambre à
du pa£le féodal.^
Ces faits, d'une importance hiftorique égale à leur certi-
tude, rendent fa vraie phyfionomie au foulèvement des barons
de Chypre contre Pierre 1er & expliquent les événements
d
XXVJ PRÉFACE.
§2
IV-V
de Machaut, ne paraît pas avoir été utilifée par les écrivains poftéHeurs^flits
du moyen âge. au texte.
VI
C. —
Biblioth. Nat., 22546. Ce manufcrit in-fol° vélin
forme, avec le N° 22545 ^^^ ^^ précède & le complète, le
recueil des poéfies de Machaut, en deux volumes, propriété
fucceffive de Gaignat, des Carmes Déchaux de Paris du &
duc de La Vallière (Catal. La Vall. N° 25 bis).
V. —
Manufcrit de M. le marquis de Vogué. In-fol°.
Vélin à deux colonnes. Belles & nombreufes miniatures.
XIV' fiècle. Reliure & foliotage du temps.
PRÉFACE. XXIX
TIÈCES JUSriFICcATIVES
Arch. Nat. Tréfor des chartes. Reg. JJ. 41, fol. 20 V^, no 24,
& Reg. 44. fol. 107, no 173.
Arch. Nat. Tréfor des chart. Reg. JJ. 41, fol. 24 v", no 36.
Arch. Nat. Tréfor des chartes. Reg. JJ. 50, fol. 26, n" 66.
II
Arch. Nat. Tréfor des chartes. Layettes, K. 190, 1. 4, no 25. Copie mod.
e
XXxiv PRÉFACE.
Arch. Nat. Tréfor des chartes, Reg. JJ. 44, fol. 47 v», n» 75.
Arch. Nat. Tréfor des chartes, Reg. JJ. 59, fol. 12, n» 35 -.
A tou% cens qui ces prefentes lettres verront 'Jehan des Barres^
chevalier no/ire Jire le roy^ £3° Pierres de Dyci^ confeilliers d'ice-
lui feigneur, falut. Deus paires de lettres du roy nojîrejire avons
receues^ dont la teneur de la première ejî tele r
III
Arch. Nat. Tréfor des chartes, Reg. JJ. 41, fol. 68 v", n» 117.
£. « » » 9 1 2 1 ,
i> n gr. in-fol,
C. a » » 2254$, » n in-fol.
LA
PRISE D'ALEXANDRIE
Ordenerent un parlement.
Fait de commun ajfentement.
Là ot maint Dieu de grant puifance
Et digne de grant révérence.
Et maintes deejfes aujjî,
En la fn y laiffa la vie.
a. V. Et de vi'ifiz.
t
LA PRISE D'ALEXANDRIE.
fol. 3,0
/^~\K ef nei nojfres jouvenciaus, NaiiTance du
'°' ^'"'''•
V_y cA qui li dieux qui eji en ciaus
TDoint grâce, honneur & bonne vie.
Fu efleue la première,
<'
Je fis les armes d'cAchillès,
<' Dont cAyaus s'ociji qui les
LA PRISE D'ALEXANDRIE.
26c
OR n
vueil commencier ma matière,
J-
ht dire toute ta manie? e,
;
• .
Education du
ieune Pierre
'
^^
Lufignan.
Vou damoifel que Vieus aye,
Et comment il ufafa vie.
Quant il ot Paage de ix. ans,
a. A. de innocence.
lO GUILLAUME DE MACHAULT,
LA PRISE D'ALEXANDRIE. II
3SO S
^Les chevaliers de bon affaire, ^^ chetaierie.
a. V. mil.
12 GUILLAUME DE MACHAULT,
Et ce li faifoit entreprendre,
Et puis après fon ordre prendre. 380
Et le faifoit fecretement,
Sagement & meiirement.
Sans trop parler, fans trop plaidier,
Tar quoy il s'en peùfl aidier.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. I
3
Or diray la fignefiance
De Vefpée ; car, fans doubtance,
oAvis ni'efi que je mefprendroie
S'aucune chofe n'en difoie.
La blanche efpée fgnefie
Turté de cuer & nette vie ;
Et fi fignefie juftice.
14 GUILLAUME DE MACHAULT,
I
^
LA PRISE D'ALEXANDRIE. I
f
n. B, C, V. Marguerite.
l6 GUILLAUME DE MACHAULT,
1349
Car je t^en puis bien dire tant
Qu'elle ejl legiere, & point, & taille
cMoult fouvent d'ejloc & de taille,
Quant un homme vaillant la porte,
a. Vj A. ^elle.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 19
a. B. Oudouart; V. Edouart.
22 GUILLAUME DE MACHAULT,
Et fi fift
le roy cheveteinne
"De France de toute V armée
Que Veglife avoit ordenée.
['°]
Le cardinal de Tierregort,
Tour les nojlres donner confort, 710
Tour adrecier leur confcience,
a. B. rajfobdre ; C. Vabforre.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 2^
Si en ploura parfondement
Et foufpira moult durement
Le très gentil & noble roy,
les voyages en
Europe.
A rr^.
L>ix Ô^
c
celle c oronation.
Jept
t,
^
.
Son féjour
AU Il
départir de cejîe fejïe.
tourna fon frein " & fa ' tejle,
à Cologne,en
Franconie, en
Thuringe & en
Si comme homs que rien ne rejfongne, Wurtemberg.
^
Et ala parmi EJfelingue.
ce Se V empereur Ventreprent^
ce En qui chafcuns honneur aprent. >^
940 d:
l^Com cils qui ne penfe ne fongne
cA chofe qui puijî avenir
roet ^ venir.
Qu'à honneur où il
1060 O
^S
'IL ejl qui fait, il efi qui dit. L'empereur
wL empereur qu ay
ji y •
mis en mon
?•
dit
vient au devant
^^ ^^-^ ^^
Chypre.
Efîoit à Trague, en fa maifon.
On li dit, & c'ejîoit raifon,
Que uns roys qui moult fe doit amer
Venoit à li d'outre la mer,
Tour li veoir & acointier ;
a. B, C, V. voiage.
34 GUILLAUME DE MACHAUT,
inftrumens.
les —
c. B, V; A. diron. f. B. moneches.
36 GUILLAUME DE MACHAUT,
a. B, V. Elles. — b. B. efchiquier.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 37
^
cMais il n'avait nés un d'eus, 1364.
Et l'empereris, ce me famble,
Dedensfa chambre s'en ala,
a. Vers faux.
38 GUILLAUME DE MACHAUT,
En Cracoe la metterons,
LA PRISE D'ALEXANDRIE. ^Ç
Trague fe partirent. Le
c fait, de de
Y: roi
1270
'
Tarmi 'Behainme
t>
chevauchierem „'^D"f^"'
en Pologne.
Trois journées, & puis alerent
qA 'Brejfelau,^ à Liguenijfe,^
cA C^uiftat,"^ à Suedenije
Cofien, ^ Calix, ^ 'Buton, g Glagouve
Tajferent, & par "Bafenouve ;
^
De là en Cracoe arrivèrent.
Où les roys dejfus dis trouvèrent,
a. Vers faux.
LA PRISE D'ALEXANDRIE, 41
^
Qu'à Vienne vint fus la Denoe,
cA X. journées de Cracoe.
Le duc promet
de le féconder
/^^UANT menp^ié orent & beû ia,o
1 I <-r »
comme le roi
^><L
'^'^^^ comme à chofcun a pleû,
Hongrie.
"^"^'^ aUrcnt en un retrait,
Et de ce ne Je doubtoit mie,
Qu'il penroit à lui exemplaire,
Et ferait ce qu'il v orrait faire,
Car il defiroit le pajfage
Et le très faim pèlerinage.
Li roys de bon cuer les mercie
"De leur confort, de leur aïe,
Et de leur très bonne refponfe,
Qu'il ne prifoit pas meins une once
[1
la
continue fou
voyage par
Carinthie &
OR Tar
deviferay fon chemin
efcript en ce parchemin.
:5io
le patriarcat
d'Aquilée.
Il s'en al a en Quarateinne,^
a. B. êiuarentahme ; C, V. i^arantainne.
.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 47
ccc. iiii.
.... /^
48 GUILLAUME DE MACHAUT,
Il demande
leconcours des
FINABLEMENT, que vous diroie ;
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 49
1364-1365
ETTremieremem
vefci ce qu'il refpondirent
il li offrirent
Les Vénitiens
15S0 C^avie, qu'il délivreront promettent
de louer des ga-
o4 tous ceuls qui pajfer verront, lères au roi.
a. A. FI.
fo GUILLAUME DE MACHAUT,
Quil na fi petit
enfa route
1670 Q}}i Jamais en la mer entrafi,
Tuis que fî
forment li grevafl ?
cMais il le fait tout à tonnour
Ve Jhefu Crit, no creatour,
Où il a parfaite fiance.
a. V. Hj'tengne-, B. vieitigne. — b. B, C, D, V ;
A. qiitn tous.
f2 GUILLAUME DE MACHAUT,
Il féjourne à
Rhodes, après
avoir relâché à
OR C^^ii
s en va
& jour
Je roy &• fa
par la
gem,
mer nagem,
Candie.
tN^onques narrejîa H rois nobles
Et longuement fe repofa,
Car grant méfier de repos a.
a. B, V A. pwvaus.
;
. ,
f4 GUILLAUME DE MA CHAUT,
1365
LIEtmejage bien
T entendirent,
juillet-août.
de
tantojî li fe partirent,
Préparatifs
qui fe font en
Et firent f on commandement
Chypre, pour Si bien, fi bel, fi fiagement
répondre aux
demandes du Que nuls amender ni peûfl, 1750
Tant efiudier y fceûfi
Quant en Chypre furent venu
Tantofi li gros & li menu
Furent mandé par le royaume.
Il ni ot Gautier ne Guillaume
En toute la mer d'environ,
SHlfot nagier d'un aviron,
Quil ne mandafient pour eaus dire
Quil apareillent leur navire ;
Car le roy einfi le commande. j-jSo
a. B, V ;
A. pannos.
.
fÔ GUILLAUME DE MACHAUT,
La flotte
chypriote re-
/""^^ UAND li bons roys fceut leur venue,
joint le roi
à Rhodes.
V^
l
c l
I
/^ L
r/
IL
j
ne dcmouru pas en
• •
mue
tnja chambre ; ein court au port, 1840
cA grant joie & à grant déport.
Nul
que
des princes
le roi avait
MAIS des figneurs nuls n'i avoit
conviés à la Que li bons roys ala requerre,
croifade ne lui
vient en aide.
Tar toute crejlienne terre.
Tour avoir confort & aye
D' argent, de gent & de navie.
Et dey venir, s'il leur plaifoit, 1900
Qu'onneur ce faire leur faifoit.
Leur refponfe ave\ bien veii,
ENQuil^des les
ot un amiral
frères de VOfpital^
Les chevaliers
de Rhodes fe
joignent à luL
Qui font bon chevalier de pris,
Et les gens d'armes dou pourpris
Et dou pais fifl mettre enfamble.
Li roy leur pria, ce me famble,
Que li fuffent en cefle armée.
Qui efioit faite & ordenée
,930 En Vanneur de S^offre Signeur.
Tantofi li grant & li meneur
Tiefpondirent que il iraient
a. B; A. il le lor. — b. B, C, D, V A. La
;
'viée.
6o GUILLAUME DE MACHAUT,
Le roi confulte
fe coucha
fon chambel- LI cAroysgrant en fon lit,
LA PRISE D'ALEXANDRIE.
ce
C'efi une ville fii
pueplée
ce Qu'on y voit à une ajfamblée
a. B, V ; A. chcvaus.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 6?
Héfîtation du
ETQui moultcommenfa
// roy à rire.
volentiers Vefcouta,
roi.
Il le décide
à faire voile
Et fus fon chevés s'acouta, vers l'Egypte.
« Que ville de fî
grant affaire,
<' Et fermée Jî
richement,
« Soit prife Ji legierement,
Départ de
flotte.
la
AU matinet quil ajourna,
Li roy bien & bel s'atourna
Et fu le diemenche enfievant.
5-9 oftobre.
Il y avoir
Jî
grant murmure
Que chafcuns d'eaus dit murmure: &
ce oilixandre ejl fort ciré
Jî
" Et fi poijfant^ quen vérité
ce Li amiraus en geteroit
,''
^^Ksfl^'^^ ^^y /70U7' néant labeure
ce Et fi n'ejl pas bien confillie-,
et Einfois s'ejî en vein travillie\;
" encourage
EINSI chafcuns
J fe conforta,^ .
-J -^
lesgens, un mo-
Et li bons roy les enorta ment ébranlés.
a. A. Fc.
66 GUILLAUME DE MACHAUF,
1365
// aronr honneur & vidoire.
5-9 oûobre Il diji: ce Signeurs, n'aie:; doubtance
(' De la planté, de la puijfance
a Des anemis Dieu, ne freour, 2150
ce Quil ^ vivent en fi grant erreur,
ce En tel pechié, en tel mifere,
(' Qu'il ne congnoijfent Dieu le père,
(' Ses commandemens , ne fa loy.
a. B, V A.
j qui.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 67
po gue,
/ devant
po^ d'Akxah-
le vieux
a. A. X.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 69
LAQui
fu
pour
le conre de Genoive,
cole'e quil reçoive,
Valeur du
comte de Gene-
vois,
Amédée III.
Tour grevance ne pour labour.
Tour froidure ne pour chalour,
De Vejtour ne Je parrira,
C^e le bon roy ne guerpira.
Il ne fu pas des darreniers,
Jean
I roy avoir ij. marefchaus, de Morpho &
Simon Thinoli
L' Li uns ejfoir fes amiraus ;
[^°]
le diilinguent.
Et ji très perilleufement,
a. B, V A. xxx.
;
— b. B, V; A. recoler. — c. B. cwvtrs ;
V. cui-vers.
. ;
72 GUILLAUME DE MACHAUT,
1365
10 oftobre OR vueil corner une apenife,
Que chafcuns loe moult & prife,
Bremond
Voulte
de
&
la
De "Bremom & de Terceval,
Perceval de Co- Qui Jom preUj vaillant & vaffal.
logne re-
joignent le roi Il ejîoient en leur galée.
dans la mer &
Et bien veoient la mejlée,
combattent à
les côtés. iMais ne pooient terre prendre, 2350
D^e il ne pooient defcendre ;
Si qu il faillirent en la barge
Et Bremons fu à fa fenejire.
Bremons une hache tenoit,
Je '^
tieng celi pour trop mufart
10
74 GUILLAUME DE MACHAUT,
U^onques fi viguereufement,
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 7f
1365
tN^ fi très orguilleufemem 10 oftobre.
On ne vit Sarrarins combatre
Nombre con-
ETToute s'ejfoienr mil contre
voie, li nojlre firent
iiij.
fidcrable dcsen-
netnig.
2470 ce
[/^ homme n'i a qui puifi entendre
ce qA nulle rien qu'à lui deffendre. »
76 GUILLAUME DE MACHAUT,
1365
Qu'il gifoiem mors & ocis,
a. B, V j A. Et cui.
78 GUILLAUME DE MACHAUT,
donne le repos.
L Qu'il nefî pas drois que nous taifons.
Li Sarra\in ne li faifoient,
a. V; A. & garros. — b. V A.
;
aries.
8o GUILLAUME DE MACHAUT,
confeil appella,
Le roi tient
confeil. LI Etroyslesfon
fages qui furent là,
a. A. V.— b. A. ajfautrez.
82 GUILLAUME DE MACHAUT,
1365
ce Tour VOS gens tuer & plaier
10 o£tobre. ce Chafcuns d'îaus vaurra x. des vojîres.
et Einfi feront péri les nojires,
(t Et mis à mort fans cop ferir. z68o
c( Si n'eji pas bon d'eaus ajfaillir.
Réponfe du roî
roys, qui bien l'a entendu^
pour rofFenfive.
Lï Longuement n'a pas atendu,
Eins refpondi courtoifement :
Les croifés
LORS refpondirent tuit enfamble ;
promettent de le
Et fe meirenf^ en conroy
Tour aler aveques le roy.
Le roi décide T I
^ en appella
ffentHs rov
qu'on attaquera
de
la
la
porte
Douane,
LI
i—/ Un
ci
ficn
i j.
Ce fu Terceval de Coulongne,
Qui mort ne prifon ne rejfongne.
En audience li a dit : 2770
fc Terceval, entende:^ mon dit.
(' Vous m'ave-^ dit quen cAlixandre
<' qA une porte qui ejl mendre
« Des autres, & que c^ejî li lieus
86 GUILLAUME DE MACHAUT,
N
La vigoureuie
défenfe des Sar-
rafins oblige les
Chrétiens à s'é-
u
Car il
chevalier
cuidoit le
y
Qui ne fu pas mors de
ot d'EfcoJfe,
feu bouter
la boffe.
2830
loigner des
remparts. En la porte, & fans arrejier,
LA PRISE D ALEXANDRIE. B?
88 GUILLAUME DE MACHAUT,
"" épieu à
la main.
^i g^g fuif ^ enfainble
-^
alerent
Li Sarrajîn efpoventei
OR vous ay dit
Comment li
& raconte'
T Le
29 So I roys avoir fair une emprife, roi
la ville
traverfe
pour
1—/ Einfois qucAlixandre fujl prife, aller rompre le
pont qui conduit
Tar fon conjeil que bon renoir, au Caire, par la
porte du
Que fe Dieux grâce li donnoir Poivre.
Que la ciré fuJl conquejlée,
'^
Li nobles roys s'achemina,
Et de chevauchier ne jlna
3000 Tarmi la ville, tant qu'il vint
de renoncer à
obligé
92 GUILLAUME DE MACHAUT,
Quijurentenjacompaingme, 3010
Et trouva qu'il nejloient mie
T)e gens d'armes plus de quarante.
Lors diji : cj'ay failly à m' entente.
('
Je cuidoie que tuit venijfent,
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 93
1365
|R eji li roys en cAlixandre. looftobre
Selonc la pojibilité;
Qu'il n'avoit pas grant quantité
T)e gent qui fujfent bien haitier^;
Einfois ejîoient mal traitie^,
Eajfé, foulé & travillié,
96 GUILLAUME DE MACHAUT,
Le
s'établit
roi
dans
QUANT H rois ot fes bons amis
une grolTe tour Vedens routes les portes mis,
pour pafler la
nuit. Et chafcune fu bien fermée
Seûrement, & bien gardée^
Un corps
de Satrafins par- MAIS la nuit pas bien ne gaitierent,
vient, durant la Car bien x. mil dedens entrèrent
nuit, à entrer
dans la ville par "De Sarrasins, & reponnirent
la porte du
Poivre.
Tar une porte qu'il ar dirent.
Si com li nojlre av oient fait,
Qui la porte ar dirent de fait,
Tar force au darrenier ajfaut;
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 97
Préoccupations
A nuit en la tour repofa,
a Seigneurs, li oilexandrinois
a. B, W.feu. — b. B. apomm'ee.
13
ÇS GUILLAUME DE MACHAUT,
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 99
Il couvint de néceffité
a. B, V. nuiz.
100 GUILLAUME DE MACHAUT,
UN en y ot qui
;
Avis du
vicomte de Tu-
renne pour éva-
cuer la ville, vu
Et il fu très bien efcoute:;.
rimpoflibilité
Si li diji : ce Sire, ne doubte^ de la défendre.
II ftobre.
<
u Qui amenra, je vous le di,
ce Tar v^' fois v.' mil hommes,
ce cA fi po de gens que nousfommes,
(' Er feront fres & bien peùs ; 3350
ce Si que, fire, trop deçeiis
fc Sériés de ci demourer,
(c Tour nous tous faire devourer.
ce Car po de chofe ejî, fans doubrance,
(' "De nous encontre fa puiffance,
ce cMeefmement en [on pais.
ce Et de li fommes tant hais^
ec Quil n'en penroit un à rençon
c Tour la cite' de 'Befençon.
Et que de li ne partiroit.
cAvec ce tuit li ejlrangier,
1365
"DieuxFa fait, vous Vavei veû.
II oftobre. P^ous avons pris cejfe ciré
zMaugré eaus & contre leur gré,
Et fi
les avons defconfis,
Chacie" hors, navre-; & occis
t
L'empereur de Couffenrlnoble,
1365
Qui a le cuer vaillam & noble, 1 1 oftobre.
1365
(' S' elle ne fufi de lui venue:
1 1 odtobre. a II s'en puer aler qui vorra, fol. 331.
Le
Pierre de
légat
Tho- DE Coujlantinohle, là mis
cAvoit li papes & tramis
mas jointvaine-
ment fes exhor- Com légat, le bon patriarche ;
[^4]
^^jq
tations à celles
du roi pour re- ^N^eji plus preudomme, que je fâche.
tenir les croiiës.
Si que très bien les fermonna
Et moujiré en fon fermon a
Comment mejftres faim Thomas
De bien faire onques ne fu las,
B, V. Car.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 107
^
ce 5\jo«i" en yrons ; la vie y court.
<< ^^ous ne volons mie morir
a Seans de fain, fans cop ferir,
ce ^V(y ce n'efl riens de no pooir
ce Contre le leur, à dire voir. »
Tele fu la conclufion
De toute leur entencion.
Se
a. B, V; A. 'uir. — b. A. ij.
. ,
Si grant que ci ne là ne va
Quil ne cuide quelle s'affonde 3620
Ou fons de haute mer parfonde.
^
Li vens fu gros, la mer fu tourble ,
Le
&
roi remercie
récompenfe
QUANT il furent tuit arrivé,
les chevaliers
C^i ot effrange ne privé
étrangers venus
Qui en fon cuer ne fe resjoie,
en fon aide.
Et qui ne meinne fefle & joie.
B, V. trouble
LA PRISE D'ALEXANDRIE. III
Bremond
confie à
I 12 GUILLAUME DE MACHAUT,
ce EtJî penrei
iij. galées,
LA PRISE D ALEXANDRIE. F I
3
'5
;
Ce fu droitement en tempoire
Que Ven trueve la primevoire.
circonftances
engagent le roi
Chevaliers eJi preus & loiaus,
a. W.porries; B. por?ez.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. llf
Réponfe du
aux récla-
l'ultan
QUANT il heurent dit leur plaifîr, 3840
mations des Longuement & à bon loifir,
Vénitiens.
Li foudans pas ne refpondi.
Car juenejfe li deffendi.
Et innocence li deffent.
Et Jî
nous faites villonnie!
^eji pas chofe qui fe puijl joindre,
Quant vous nous volej poindre & oindre.
^T^us ferons ce que vous fère ^,
^7^ autre chofe n'e7n porterez ;
3860 Et fe vous nous ^ ejîes courtois,
a. B, Vj A
Il8 GUILLAUME DE MACHAUT,
ce Et en perpétuel fervage,
« Sans mais partir, s'on n'en fait tant
dommages que
leur cauient les
^ j
,^
\^ m Jfont Venu.
C^imeffon 3900
-"^
Et en cor il li affermaient.
Et en vérité, qu'il tenaient
1366
avril.
ON avoir adont raponé
cAu gentil roy, pour vérité,
Et là telement fe prouva
Qu'il les ardi toutes en poudre.
^
Si que li vens la terre en poudre ;
Et tous ceuls qui dedens efloient 3980
Furent mort, s'il ne s'en fuioient.
ET Qui
pour ce que les juenes gens
16
.
Si ne fu ne pris ne rendus ;
Réfignation
du roi à la fuite
de cet échec.
ET quantIl
li
ne fîjl mie
gentis roys le fot,
comme fot,
Les négocia-
tions con-
tinuent entre le
ETQui aveques
li meffagier là ejioient.
le roy traitaient
roi & le lultan.
Infuffifance des
"De par leur commun de Venife
pouvoirs donnés Et de par le foudan, que prife
aux meiragers
égyptiens. Fuji une journée d'acort ; 4040
Car riens n'i valoit le defcort,
Et que li foudans le defire
'
j gg
ce Selonc ce que de li orrei. »
juin. cAvoir & pooir leur donna,
Conditions
de paix pro-
y I
£5 ••_
'
amiraus defcendirent -'
Là parlèrent de la matière
<.'
^N^eji homs qui en fon païs voife 41 10
ce Qu'il ne vive en peinne 6- en noife.
ce Toute marchandife eji perdue ;
fol- 335
: oAvantage ne fignourie'^
'
En tous cas nojlre foy defpite,
1366
juin.
QUANT il oî fine fa parole,
Cleremem &• fans parabole,
Les meffagers Li meffagier ont refpondu : 4150
égyptiens
demandent que
et Sire, bien avons entendu
des ambalTa- c Ce quil vous a pieu à dire,
deurs chypriotes
fe rendent au c Où riens ne volons contredire,
Caire.
cf Car bien & bel & fagemenr
a oAve-; parlé & cleremem.
<' zMais nous n^ avons mie puiffance
<' De parfaire aucune ordenance
(.'
De Ferirage 6* dou rreil,
leur ottria.
fadeurs égyp-
tiens.
Et puis moult bien les fefiia.
juin-novembre.
S'enfijl leur galée garnir
Largement jufquau revenir.
L'ambaffade
Sarrasin es nés ^ montèrent
chypriote
ne parvient pas
LI Et le clerc avec eaus menèrent.
à conclure un
Tant ont vogué, '°
tant ont erré
Tar mer & par chemin ferré
O le clerc, qui a non oAnthoinne, ^
4220
Qu'il font venus en 'Babiloinne,
Où li foudans les atendoit.
Le reçut gracieufement.
Là parlèrent moult longuement
T>ou roy de Chypre & de fes fais; 4230
Comment il eji bons & parfais.
Quant il orent ajfe~ rufé,
Li clers li a tout expofé
Ventencion de fon fignour
Si bien, fi
bel, '^
fi
à s'onnour
Et en tous cas fi
proprement
Qu'on ne porroit mieux nullement.
Quant il ot fa légation
Dit & fait fa conclufion,
Li foudans fort merencolie 4240
Et fes confauls d'autre partie
c/id ce que li roys leur demande.
zMais trop efi lojig de fa demande.
»7
i^o GUILLAUME DE MACHAU T,
ET quant
bons Li
en fon pais revint
roys, foibles devint
Le roi re-
tombe malade.
fi
Le
LI foudans amiraut
en oy nouvelle,
fultan,
informé des dif-
pofitions du roi, Un fienen appelle, i'^'^
le rélout à lui
envo)erde nou- Qui moult eJloit de li prive-;.
veaux négo- Et li a dit: «. Vous ne fave-^.,
ciateurs.
ce Li roy de Chypre vuet venir
ce Seur nous ; plus ne s'en puet tenir.
Si leur fift
procuraTion
cA gram deliberarion,
Q iUANT
On
li roys oy le mejfage,
perçut bien à fon vifâge
Et à la chiere qu'il faifoit
Le roi charge
fon frère, le
prince d'Antio-
che, d'aller
lecourir Gor-
B, C, V; A. Je. — b. C, V; A, B. Court, ici & plus loin. higoi.
136 GUILLAUME DE MACHAUT,
a. A. je y. — è. B roite-, V. tojîe.
;
janvier-févrie
C'un homme ou ij. tant feulement.
Où enciennement Jajon
Conquijî la dorée toijon.
18
138 GUILLAUME DE MACHAUT,
Principaux
avoit la première,
chevaliers de la LI princes &
4550
1" galère, Qui ejloit aperte legiere.
montée
par le prince Si que c' ejloit uns drois fouhais.
d'Antioche. *
Là fu li contes de T{ohais ;
Et s'eftoit jour & nuit ly
^
zMeJfires Simons Thynoly,
Et maint autre de fon pais,
"Dont il n'eftoit mie haïs. -39]
Seconde galère,
tricoplier féconde, ot la
commandée
par le tricoplier
LE Qui legierement en l'onde flote
Jacques de
Norès. De la mer. Bien ejloit garnie, 4560
Et fa compaingnie
s' avoit en
'^^°^
zMonfigneur Jehan Guibelin'^
Qui eji aurais de noble lin;
Et monfigneur Jaque Tetit,
Qui Sarrasins ainme petit ;
A' Uns rr i_
chevaliers gui s
;. •5/17/2'
ejt najtes
janvier- février.
5^
^?{e Jà ne vous en mentyray, fol. 338.
*
SMeJfires Foulquaus d^cAchiach,
Qui n'ejl pas long de 'Berjerach,^
Dont longuement me fuis teûs 4610
Ejîoit là, & fu ejleûs
^
Et le figneur de Saint cMarrin, 1367
^ janvier-février.
éMefireS GoberS de la 'Bove,
Qui mouh volemiers dance & jove '^
Quatrième
galère,
commandée par
LA quarte galée conduit,
cA grant joie & à grant déduit,
Florimont de
Lefparre. Uns chevaliers de grant renon ; 4700
Sixième
la
galère
commandée par
Bermond de
Voulte.
M ESSIRES "Bremons de
Ot la
Et un chevalier de Se~ille;
Et plufeurs autres dont ne Jay "^
4780 p
i—/
S ^ vj. galées, dont je vous conte,^ Départ de
quatre galères
Six cens hommes d'armes par conte
» pour Gorhigos.
.
19
[46 GUILLAUME DE MACHAUT,
(28 février)
Et vraiement li Sarra\in^
Qui deffus la montaingne efloienr 4800
Logie', bien venir les veoient.
De la montaingne defcendirent,
C^on pas tuit, mais une partie.
Tour faire aus nos une envaye.
A peine dé-
ENTRE la montaingne & la ville
barqué, le prince
d'Antioche fait EJioit la gent pleine de guile.
une fortie, fans
vouloir engager
Et les nojires, en grant couvine,
le combat. 'Defcendirent de la marine.
En Coure entrèrent par la porte, 4810
Qui efloit bonne & belle & forte.
Quant il furent tuit defcendu.
Longuement n'ont pas atendu ;
Efcarmouchc
4830 "T^NTRE lui & les annemis, imprudente du
lire de Lefparre.
i— Qui feur
/ le plain s'ejfoiem mis,
t^avoit point ne fojfé, ne barre,
Si que' li fires de Lefparre
S'avança & leur couri feure.
zMais ne fu pas à la bonne heure,
Qu'il & fa gem furent blecié
Et villainnement rachacié ;
Là le fecouri vitemem
zMeffîre Jehan de 1{ochefort,
Qui li fifl aide & confort ;
Le prince d'An-
tioche tient
QUANT eu chajlel furent retrait
confeil pour fa- Tout bêlement & tout atrait ;
voir s'il faut at-
taquer les enne- Et li Sarrajin enfement
mis retranchés
S'ejloient tout premièrement
fur la montagne.
tMis de la plainne en la montaingne ; 4870
Honte & mefcheance leur veigne,
Car ce font gent qui trop nous héent,
ce
Je lo que cils confaus fe teingne,
(' Et que au matin chafcuns reveingne. ^ ^3
optant de là fe départirent,
Et en plufeurs pars fe partirent,
f°'- 340- Car chafcuns logier s'en ala,
Li uns fà & li autres là,
Li uns pis & li autres mieus,
Très dou chajlel, en plufeurs lieus.
s'en alerent
compte de la
forte in- Tour confiderer les alées,
flallation du
Caraman. Les yffues & les entrées
une chambre
il confeilloient
oii il ef oient ^
'
dérément une
affaire.
Il oïrent une grant noife; 4950
t^i a celui qui ne fe coife
Tour oïr que ce pooit eftre.
Et vraiement il s'ordenoient
Com gens qui leurs annemis voient.
Là vit Tajlej & li "B aveux
la
Un combat
s'engage
montagne
le
entre
château.
& œ ,UANT
Et ordenerent
il veïrent la manière,
leur'° bataille.
Si fe treïrent en la place ;
I" "is"-
Car vraiemenr^ tout en alant,
%etournoient en reculant,
Et en retournant relevoiem
Les bleciei qui cheûs ejioient.
Tant ont la montaingne ejlongné
Que dou chajiel font aprochié.
Là recommanfa le fiutin,
Mort
5100
LA(^ejîres
fu mort, droit au piet du mont,
Thilippes d'Omont ;
de Philippe
d'Aumont.
Y debati jî fa querelle
Seur le corps Thelippe d'Omont,
Qu'il n'i a homme en tout le mont,
S'il en heitjl autr étant fait,
Et fi veoient clerement
Qu'il ne pooient nullement
Gaingnier le pas ne la bataille,
Et po de mires y avait.
Et fe d'amont defcenderoient
Et il ne la refufa mie,
cAins^ y ala. "Dieus le conduie
Le Caraman,
Droitement devant fes engiens, s'étant porté en
avant de fes
Et fes gens, que fapelle chiens,
machines pour
5300 c/îu bout de la cité dejerte s'approcher du
;
château, on fe
C^i avoient point de couverte, réfout à l'at-
taquer.
Car nos gens de plain les veoient
Le prince
divifefesgensen
LEEtprince & Crejîien
fa gent s'ordenerent
s'armèrent.
tuit li
trois batailles,
qui marchent Et quant il furent bien armé,
fur l'ennemi de
trois côtés dif- 'Bien abillié, bien acefmé,
férents.
Et euh & toutes leurs maifnies
S'ordenerent en trois parties,
Et en feïrent trois batailles,
ET quant li
Qu'il ejfient en
Caramans
tel
les voit
conroy,
Confiance
du Caraman fur
rifTue du
combat.
Il dijl ; « Certeinnement je voy
Les Francs
refoulent les
QUANT nos gens furent feur le mont
Turcs, tournent Tous enfamble montei amont,
les engins, s'em-
parent Ilsfe meirent comme uns murs 5400
du camp &
s'arrêtent pour Entre les engins &• les Turs ;
prendre du
Et les veoient vis à vis.
repos.
Les Turcs
Turc furent en grant effroy
font ébranlés
par
LI Quant veirent canray
il le
rimpétuofité de
l'attaque. De nos gens, & fe mervilloient
Qu engins ne garros ne doubtoient,
Tierres, fajettes, n autres trais,
Vont on leur a c.'" trais.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. lôf
Le prince
d'Antiochefou-
tient le choc
OR Quant
vueil devijîer leur manière.
il veïrent la baniere
principal.
Ve C\oJlre Vame & la bataille 5480
Dou prince, il alerent fans faille
Celle part moult apertement
Joint &• ferré 6* tellement
Qu'il deûjl à chafcun famhler
Qu'à H vofiffent affambler ;
Et li princes ne fe mouvoir
"De fa bataille, einfois renoit
Là ot mervilleufe mejlée.
a. B, V; A. fe.
170 GUILLAUME DE MACHAUT,
II mars.
Retour
AU tiers jour vint le tricoplier
T)^ avoir
fî
nés noble viéloire.
a. B; V. luy; A. le.
.
janvier-février
1367.
Suite des
négociations
o R
Si revenray à
vous ay
Comment
ma
dit, bien le
li fieges
matière
fu
fave^,
levc^.
[47]
pour le traité de
paix. Tour ce quelle foit tout entière ;
Détails fur
quelques
Et vous diray de point en point, 5680
articles du pro- Si que je n'en mentiray point.
jet de paix.
Ce que les amiraus traitierent
cAvec le roy & ordenerent.
cA oAlixandre, à Vamiette,
5710 c4 Triple; & en Jherufalem
Et à T)amas le paie F en.
T)e ce x."" nuls n'efchape,
Tant ait grant cote ou longue chape,
Car chajcuns y va à F offrande
T)'ou quilfoit, puis quil marcheande.^
Li tiers poins qui fu en la pais
ce
Sachiei quil fe font appeller
et cMonfigneur Jehan Impérial,
ce Qui a le cuer franc & loyal.
ce Vautre a nom, à ce corps ynel,
<'
cMeJJires Tierre T{aguenel. fS'l
23
178 GUILLAUME DE MACHAUT,
Motifs de ce
refus
A/T ^'^ /'^ '^'^-)' P'^^ ^'^ raifon dit
IVi. Tour quoy li roys a efcondit
Tlufeurs de fa chevalerie
Dealer vers la gent renoye.
De fes gens a toudis à faire ; foi. 346.
T>ont ^
li nobles roys derveroit
De dueil, qui einfi le fer oit.
Moyen qu'em-
ENQuon
Chypre avait un efcuier
devroit mettre & ejluier'^
ploie Jean
Reims, de qui
de
Machaut a fu
Droitement ou fiege d'onnour, tant de chofes,
Et fi fagement Je contint
Quenfa galée le retint
Et le lenoit de fa famille.
U^ fu ce manière [outille'^
Et là alerent il defcendre,
Le jour de fejle C^ojlre Vame, 25 mars.
a. B, V; A. que ne. — b. V A.
; Et s'a'voit non.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 183
6030
v
Que
'OUS
rr\
De I
la
avei oy ô'jenu^
•
pais tout
j'ay ci devant recité;
;
le contenu
Mauvaife foi
des néeotia-
teurs arabes ve-
""^ ^" Chypre.
a. V. entendu. — b. B, V. jV«.
184 GUILLAUME DE MACHAUT,
24
;
86 GUILLAUME DE MACHAUT,
mars.
a. B, V; A. défaillir.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 187
,tZ ^nt t-
norabiement
ry
V-/
revenray à
Car cncor à parler propos
mon propos,
accueillis _ zj- .
Tremierement à F amiral
\ oAlerent faire révérence ;
Les ambafla-
deurs chrétiens
partent pour
Caire.
le AHaut
Ventrée dou mois d'avril
Quoifillons chantent en Varhril,
& cler, & font maint hoquet, 6z6o
L'an mil ccc.lxvij.^
DigreiTion fur
E Flumaire ^ eji une rivière 6270
le Nil.
a. B, C, D, V; K. fuHjiaire.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. I O l
Gyon va en Ethyopie,
Tygris au Quaire & en Surie,
Et pajfe deles Damiette ;
Suite du
6320
voyage des am- APRES ce, ceuls qui les convoient
balTadeurs vers le flun voient ;
Trinrent congié quant
le Caire.
En cAlixandre retournèrent
Et nos gens en Flumaire entrèrent.
En ce flun font H meffagier
Qui s'efforcierent de nagier.
Si ont tant à Veaue ejîrivé
Que tuit font au Quaire arrive';
Tar de lés ^ Ville de 7{oufet
Tafferent à un matinet,
Où li roys S. Loys fu pris ^3 3°
(6 avril)
Einfois que li jours fu efpars,
Vinrent au Quaire, ce me famble,
Crejliens &- Sarrasins enfamble ;
Magnifique
réception qu'on
leur fait au
OR vous vueil conter brief
Vonneur, le [ambiant
& court
& la joie
Caire.
Satisfaétion
Qu'on leur fif en chambre & en voie,
du peuple qui Car li plus grant & li menour
croit la paix af-
furée. »
a"
^
des
Et 'Babyloinne leur moujlrerent ambalTadeurs à
Babylone &
T>e chief en chief, & puis le Quaire,
au Caire, dont
Qui font cités de tel affaire, [59] ils vifitent les
curiofités.
Que chafcuns efi, ce m'ejl avis,
a. B, V. Deux.
25
;
^
Si com je vous ay recité,
a. B, V; A de.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. IQf
Et de V ancienne devife,
cA piler s & à votes fais ;
a. V. conroy. — b. V. Mais.
196 GUILLAUME DE MACHAUT,
cA l entrée de ce palais
Où on ^
feijl bien un eflais.,
Cérémonial
UANT
auquel on
aftreintpour
approcher du
fultan.
les
Q
Leur firent
H deffus dit meffagier
Furent entreaus, fans atargier,
ofter leurs folers ; 6470
Et s'efloit li temps nés & clers ;
a. V; A. B.faJnte. —
b. V; A. d. B, V: A. Car. — e. B, V;
B. enfainte. —c. B; A. menejîies. A. tou$. — f. B, Vj A. au on.
.
E Tricoplier premièrement
u Tar la bouche dou druguement
Le Tricopiier
^If^ ro^bjet"e
^^ '"''^1?" ^ ^^
Vift au foudan ce quil quer
-' •' ^
oient,^ '^
_
retire.
Et pour quoy là venu eftoiem.
a. B, V. s^agemillerent. — b. B, C, V; A. bois.
içS GUILLAUME DE MACHAUT,
a. B, V; A. Et qu'à. — b. B, C, V. Sodamour.
200 GUILLAUME DE MAC HAUT,
Et revenir à la première.
^
U ANT // roys, pleins de loyauté, 26 mai.
flotte.
Tar fon amirail une armée
a. B, C, V; A. que.
26
202 GUILLAUME DE MA CHAUT,
Des mellagers
égyptiens,
pouvoirs
fans
i'uffi-
OR vous diray ce qu'ils queroieni,
Einfi comme oy dire l'ay.
fants, pro-
poi'ent au roi de Il ne quer oient que delay,
nouvelles con-
ditions de paix. Et de la pais nav oient cure.
LA PRISE D'ALEXANDRIE. 203
Et vraiement il demandoient
Chofes qu'à faire n'afferoient ;
a. B, V; A. le. — b. B, V; A. que.
204 GUILLAUME DE MACHAUT,
Le roi,
roys vit bien leur volenté
convaincu
le fultan ne
que Ll Quen riens ne font entalenté
cherchait qu'à
prolonger les D'avoir traitié, ne pais, nacort ;
négociations,
Eins ne quierent que le defcort.
rentre en
Chypre & fait Si s'en partirent, que refponfe 6720
armer fa flotte.
tN^en portent qui vaille une ronce.
Appréhenfion
Mufulmans.
des ETSa les Sarra-fns es efloiles
venue prophetifoient.
Cil dcAlixandre bien favoient
Que li roys feur la mer efloit,
Et que fon armée aprefloit,
Le décide
MAIS fon confeil finahlement
roi fe
à aller attaquer
Li dijl : « Sire, certeinnement Tripoli.
a. B, V; A. bien 'vous.
2o6 GUILLAUME DE MACHAUT,
Et le fecont fu Chajfelet,
Et fi fièrement fe cornbat
Q}^'il tue tout quanqu'il abat.
Sont detaillié ou ^
affolé,
L
1
ce r
Et Sarrafin J
plus de
1 m
xx.'"-
dans la ville
j^ ij^^e au
&
27
;
Defcription
/^^^ ^"*^^^ devlfer la devife
Tripoi^'à de! V_y Ve Triple, comme elle efl affife. t^^^
beaux jardins cr, y i i _7 .•„
qui l'eavi. Très de la mer, en un grant plain
ronnent. de plain.
Siet, Ji quon^ la voit tout
^
Car de tous fruis, de toutes antes
OR revenray à
Tour
ma matière.
ce que li roys d'Ermenie
Le roi d'Ar-
ménie, ayant
demandé
lecours au roi
oivoit requis le roy d'aye,
de Chypre, lui
Et encor li avoit efcript donne rendez-
vous à Lajazzo.
Que, pour la foy de Jhefu Crit,
Li foudans fa mort li procure, >
T>onT il ejf en grant aventure,
6950 Qii'^^
n'en foit dejîruis ou péris ;
les Sarrafms,
v~» 5 •
r qu'il pourfuit
7010 X^u avoir ne piiet autre penjer l^^ y,l^^ ,„;„
Car il traioient
fi
forment
Et fî
très mervilleufement
a. B, V; A. à traire.
.
A
Quant
oAlayas s'en retourne
Li bons roys qui envis fejourne.
Il
ment
edaie vaine-
d'enlever
le château de
Lajazzo & re-
il y vint, il affailly
prend la mer.
Le chafiel, mais il
y failly,
Car fa gent efioient lajfe.
1367
Dou graru chaut & de la bataille, 7100
fept.-oft. Et s^ avaient po de vitaille ;
Ne trouvant
pas le roi d'Ar-
ménie au lieu
ETQuebons li roys qui bien veoit
là profiter ne pooit
convenu, il re-
nonce à con- <A un autre port s'en ala
tinuer la cam- près de
Qui ejîoit ajfei là.
pagne.
Là fejourna viij. jours entiers
oivec fa gent, qui volentiers
Faifoient& fe repofoient. 7120
Car moult grant méfier en avaient.
Et là fejourner le couvint
Tour fes gens d'armes repofer.
Et vous devei bien fuppofer
Que moult y avoit de bleciei,
De lajfei & de travilliei ;
21 GUILLAUME DE MACHAUT^
Si que je li ajoufîeray
Quant ce livre parfneray,
^ fupplication
Ihfijlfa ;
a. B, V. à rencontre. — b. B, V; A. /a.
220 GUILLAUME DE MACHAUT,
Le pape en-
gage le roi à
ENCORj' a une autre chofe,
LA PRISE D ALEXANDRIE. 22 1
ET pour
Ejloit toute
ce que marcheandife
perdue à Tyfe,
Sur
tanccs
les
les inf-
des vil-
commer-
çantes, le pape
cA Venife, à "B^mme & à Gennes, envoie au iul-
De dras d'or, de foie & de pennes, tan une ambaf-
fade, autorifée
7170 D'avoir de pois, d'efpijferie, par le roi de
Chypre à traiter
Et enfement en 'Rommenie de la paix.
Départ des
ambaffadeurs.
DEVERS le fond an s'en"" alerent^^^^
Li rois en fîjî
moult bonne chiere,
Qu'elle li ejloit profitable 7310
Et très grandement honnourahle
Tour lui & pour tout fon pais.
Et aufft pour tous [es amis.
B, V; A. en.
LA PRISE D ALEXANDRIE. 22:
Et s'en a la pojfeffion
fol.
Tour aler faire V ordenance
355-
T>ou pais & la gouvernance
a. A, B, D. c/ers.
V; C. c/ez; nullement. — d. A. x.wiij. —
— B.meindies; C,V. mieudres\
b. e. Ce vers c^ le ptécédent font
D. meudres. —
c. V,- A, B, C, D. intervertis dans B, C, D& V.
224 GUILLAUME DE MACHAUT,
le
Avant que
roi n'eût
MAIS einfois que li rois de pris
cueilli Flori-
mont à fon ar- "Devers le roy, li roy s lift
Chypre,
rivée en
& avait
Honneur, courtoifie & profit
accepté fes coûtant comme s'il fujl fon frère,
fervices.
Engendrés de père & de mère.
En fes armées le menait
Et fi près de lui le tenait
a. B, C, V; A. Or.
r ;
29
220 GUILLAUME DE MACHAUT,
Et fe là ne le puet ataindre,
cAu roy de France s'ira pleindre,
7480 Et en fa court le metera
S'il puet ; &" combatera
fi
"De hache, de glaive ou d'efpée.
Ce fu la fin de fa penfée.
g
/^UANT // ot merencolié,
Tamojl fijî
une lenre efcrlre.
zMoult bien la feela & plola,
Et au gentil roy V envola.
Vefcl la teneur de la lettre, 749°
roi
du
de Chypre.
roy de Iherufalem
'
& de Chypre. >:>
'
m'en tien pour delenculé, & tien que j'ay fait ce que un
droit & loial chevalier doit faire. Et quant au fait de la
4 août. £f ^efci la teneur des lettres qui efloient ouvertes & enclofes dedens les
la uelle le
premières, & feellèes dou feel le figneur de Le/paire, c
fire de Lefparre
appelle le roi <r Pierre de Lifïgnan, roy de Chypre, Je Florimons,
lires de Leipaire, '^
vous fais favoir que aiïez de fois je
vous ai oy dire ij. chofes : li une fî eft que vous ne
mentiftes onques, & li autre fi eft que le nuls vous
chargoit de riens contre voftre honneur, que vous vous
en deffenderes par devant le roy de France. Je vous di
que aucunes ' couvenances les queles vous m'aviés, vous
m'avez menti fauiïement & mauvailement. Et le vous
volez dire le contraire, je le vous prouveray par mon
corps contre le vollre, par devers le roy d'Engleterre,
mon ou par devant monleigneur le prince de
feigneur,
Guienne, Ion fil, ou par devant le roy de France, le
quel que vous vorrez de ces iij. Et pour ce que vous ne
vous puiffiez mie defenculer que vous ne puiffiez eftre
par devant l'un des iij., je vous doing terme de la
Et comment il refponderoit,
Comment qu'il fujî tous confilliés,^ >
Fu qu'à li fe combareroir
Et que hriefmem li*efcriroit.
Lettre du roi de Cejl la teneur de la lettre que"Je roy enn)oia pour refponfe au figneur de
Chypre Lefparre. a
affignant
Florimont de
Lefparre
à la St-M.chel,
^^ [^g p^^j.
V \q j-Qy Jg Iherufalem de Chypre. & ''
r J T r "
R. veu
29 fept. 1368, c< Florimont, lire de Lelpaire, nous avons reçeu oc
^"^^Tv^nal".' ^unes lettres les queles vous*^ nous avez envoies ; & quant
eft de ce que elcript nous avez, que la refponfe des dites
lettres vous envoions dedens la fefte de Noël prochain
venant, favoir vous faifons que nous, fi comme vous '^ foi- 357
«...,._
feptembre, Tan mil ccc.lxvij. de la Nativité de noflrc
Seigneur Ihefucrift. »
P"''
15 leptembre
7530 DOU
Qui
roy Je parti
ejloir avenans
li mejfages,
& Jages,
Perplexité de
Florimont, au
retour de (on
a. B, D. Du Sluid. — ,&. B, V A.
; en. — c. V. efcripfe.
30
2^4 GUILLAUME DE MACHAUT,
Le roi charge
& à fa befongne,
cA fon fait 7560
Perceval de fe Hucha Terceval de Coulongne,
rendre à Paris
pour dilpoler Si H dijl moult courtoifement:
apprêts du
les
ce Terceval, vous favei comment
combat.
(' Florimons de gage ni'apelle,
« Qui ejf mervilleufe nouvelle
(' Et pleinne de moult grant defroy,
« C'uns chevaliers appelle un roy.
^
« // mefprent fi villeinnement
ce Et fi très orguilleufement,^
ce Que c'efl la rien qui plus m'anoie, -7^1°