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BIBLIOGRAPHIE
I- Ouvrages généraux
- TIANI (P.), « Les entreprises face aux banques dans le contexte actuel au
Cameroun », in Juridis-infos, n°6, avril-mai-juin 1991, p. 71-74
V- sites utiles
- www.juriscope.org
- www.ajbef.info
- www.monjuriste.com - www.OHADA.com
- www.playmondroit.free
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Le banquier est tenu à une obligation d’information et de mise en garde à l’égard de son client sur
certains risques inhérents au financement qu’il se propose d’accorder. Cependant, cette responsabilité
est limitée si l’emprunteur est « averti », fait preuve d’un manque de loyauté ou de coopération, ou en
l’absence de risque d’endettement né de l’octroi du crédit.
L'auteur
Charles Delavenne
o Avocat, Associé,
DLGA
Fanny Guyot
o Responsable Juridique, Direction Entreprises et International
Crédit Agricole Nord de France
Le banquier est tenu envers son client de respecter deux obligations essentielles requises à la conclusion du
contrat de crédit :
un devoir d’information qui implique la communication d’éléments objectifs et précis relatifs au crédit
proposé ;
un devoir de mise en garde personnalisé et circonstancié à l’égard du client, consistant à attirer
l’attention sur les risques de l’opération de crédit lorsque le montant du financement ou les charges financières
risquent d’excéder ses capacités contributives.
Ce devoir se trouve particulièrement renforcé en cas de financementscomplexes [1] ou inhabituels au regard des
critères usuels en matière de crédit, et ce quelle que soit la qualité de
l’emprunteur. Mise à part l’absence de risque d’endettement né de l’octroi du crédit, les devoirs du prêteur se
trouvent nettement atténués dans les hypothèses suivantes :
si l’emprunteur est averti ;
s'il adopte une attitude déloyale ou manque de coopération.
De manière originale, les juges ne se fondent pas uniquement sur la qualité de commerçant ou de particulier pour
déterminer si un emprunteur doit être considéré ou non comme averti ; par ce terme, les juges entendent que le
contractant a les « compétences nécessaires pour apprécier le contenu, la portée et les risques » liés à
l’opération de crédit [2] (voir infra). À ce propos, notons que le caractère averti d’une personne morale se reporte
sur son dirigeant.
Les juges du fond ont un large pouvoir d’appréciation concernant les connaissances de l’emprunteur (qu’ils
appliquent également à la caution). Pour déduire son caractère averti, ils retiennent systématiquement plusieurs
éléments, telles sa formation, sa profession, son expérience ou la diversification de son patrimoine.
Ainsi, la seule qualité d’huissier de justice ne suffit pas à établir le caractère averti de l’emprunteur ; en revanche,
est suffisamment justifié l’arrêt qui, pour déclarer l’emprunteur averti, relève :
que l’emprunt souscrit par un huissier avait pour objet de financer l’acquisition d’un droit de présentation
à la clientèle d’une étude d’huissier de justice ;
que l’emprunteur avait auparavant exercé en qualité d’associé d’une SCP d’huissiers de justice ;
qu’il était donc à la fois professionnel du droit chargé de recouvrer les créances impayées, gestionnaire
d’une étude, mais également cessionnaire de parts d’une étude, donc bien informé du montant des droits de
présentation et de la valeur des parts de la SCP ;
enfin qu’il avait été informé de la situation financière de l’étude dont il avait fait l’acquisition au moyen
des pièces communiquées lors de son rachat alors qu’elle était en redressement judiciaire [3].
L’analyse des juges se fonde donc sur un ensemble d’indices permettant de démontrer la connaissance que
l’emprunteur avait avant de contracter, ou qu’il a pu acquérir en vue de réaliser une opération.
La détermination du caractère averti de l’emprunteur est de première importance, puisque le banquier qui
propose un crédit n’est tenu au devoir de mise en garde de son client que si celui-ci est non averti. L’emprunteur
averti ne peut reprocher à la banque qui lui a consenti le crédit de n’avoir pas assez attiré son attention sur les
risques inhérents à la conclusion du contrat. Cependant, il est dans l’intérêt du banquier de ne pas surestimer les
compétences de son crédité et de remplir, malgré tout, ses obligations d’information et de mise en garde, tout en
en ménageant la preuve, dont il aura la charge en cas de contentieux.
Notons également que la banque est tenue à un devoir de mise en garde personnalisé à l’égard de la caution dès
lors qu’il existe un risque d’endettement important ou de non-remboursement par l’emprunteur, à moins que la
caution soit une personne avertie au moment de l’octroi du crédit. À ce titre, la jurisprudence retient également la
méthode du faisceau d’indices se basant sur les critères personnels inhérents à la caution, le degré d’implication
de la caution dans les affaires de l’emprunteur et dans le projet financé [4]. Elle considère par principe que la
caution-dirigeante est présumée avertie. En revanche, la cour d’appel qui, pour déclarer des cautions
« averties », retient uniquement la qualité d’associés fondateurs des sociétés emprunteuses, ne justifie pas
sa décision [5].
Cette limite semble évidente, puisqu’elle est la conséquence, dans le cadre d’un contrat de crédit, du dol ou de la
réticence dolosive du client qui va, sciemment ou de fait, empêcher le banquier de respecter ses obligations.
Pourtant, elle s’accorde parfois difficilement avec le principe de non-ingérence par le banquier dans les affaires
du client. Ainsi, fait preuve d’une attitude déloyale l’emprunteur « qui n'avait déclaré aucune charge, avait
mentionné sa profession, son salaire et avait fourni un contrat de travail alors qu'il était en réalité sans emploi et
déjà en situation de surendettement [6] ». Quant au client, manque de coopération celui qui dissimule à un
établissement financier l’existence de prêts en cours de remboursement (pour une espèce plus ancienne [7]). Le
banquier dispensateur de crédits n’a donc pas à se lancer dans de longues investigations pour vérifier lui-même
la véracité de tout ce que le client lui assure, sous réserve que les informations communiquées soient suffisantes
et non contradictoires, et il n’est pas responsable si celui-ci lui ment sciemment, ou par omission.
Le devoir de mise en garde n’implique pas un devoir de conseil sur l’opportunité de conclure
l’opération
Si le banquier dispensateur de crédit est tenu d’informer et de mettre en garde son client, notamment au regard
de ses capacités financières, il n’est pas tenu pour autant à une obligation de conseil et ne saurait s’ingérer dans
les affaires de l’emprunteur. Un arrêt récent est ainsi venu préciser que le banquier n’est pas tenu de conseiller
un prêt adapté aux besoins de l’emprunteur, même non averti [8].
En l’espèce, un couple avait contracté un prêt à un taux nominal de 7 % pour payer des dettes fiscales ainsi
qu’une voiture. Condamnée en appel parce qu’elle n’avait pas su rechercher de mode de financement plus
adapté aux emprunteurs, la banque n’est cependant pas responsable, selon la Cour de Cassation, puisqu’elle ne
doit pas s’immiscer dans les affaires de ses clients. Le conseil est donc considéré comme une ingérence qui n’a
pas sa place dans la conclusion d’un contrat de prêt.
Aussi, au regard de ces évolutions récentes, l’emprunteur non averti doit garder à l’esprit que, bien que le
banquier soit tenu à une obligation d’information et de mise en garde à son égard, le professionnel du crédit ne
l’empêchera pas de se tromper.
[1]Com. 8 janvier 2013, n° 11-19387.
[2]Civ. 1re, 28 novembre 2012.
[3]Com. 22 janvier 2013, n° 10-14354.
[4]Com. 22 novembre 2011, n° 10- 25920.
[5]Civ. 1re, 27 février 2013, n°12-13950.
[6]Civ. 1re, 26 mai 2011, n° 10-11284.
[7]Civ. 1re, 30 octobre 2007, n° 06-17003.
[8]Com. 27 novembre 2012, n° 11-19311.
Le 24/09/2013
Revue Banque
Imprimez
a prise de risque d’un établissement de crédit commence dès l'entrée en relation avec les entreprises et la
formulation de besoins de financement. L'attribution d’un prêt ou son rejet est soumise à une analyse financière
approfondie et, le plus souvent, à l’accord du comité de crédit ou du comité des engagements de l’établissement
sollicité par le client.
Contexte
Processus
L’évaluation du risque de crédit aux entreprises repose sur plusieurs étapes. La démarche d'un établissement de
crédit voulant se former une opinion sur une entreprise, avant d’octroyer un prêt, peut se schématiser comme suit
:
Une première estimation
Dans une première étape, le banquier est amené à porter ses premières appréciations concernant l'entreprise à
partir de l’étude des documents comptables et sociaux qui lui sont remis par le ou les responsables de
l’entreprise.
Une première approche lui permet d'orienter ses questions. Il s'agit avant tout, pour le banquier, de bien
appréhender les besoins et les spécificités de l’entreprise. Cette première lecture ne préjuge pas de la décision
finale qui sera prise à l'issue de l'analyse détaillée de l'affaire.
L'analyse de l'entreprise
L'analyse va s'efforcer d'expliquer et d’apprécier l’ensemble des spécificités de l'entreprise. Elle ne se limite pas
aux aspects financiers propres à l’entreprise, mais prend aussi en compte les aspects économiques.
Une appréciation des opportunités et des menaces de l'environnement ainsi que les forces et les faiblesses de
l'entreprise, s'avèrent indispensable pour anticiper d’éventuelles difficultés. Toutes ces informations sont requises
par une banque afin de réduire son risque de non remboursement.
Eventuellement, l'analyse détaillée permettra à la banque de corroborer ses premières conclusions. Les résultats
de cette analyse détaillée sont donc bien évidemment d'une grande importance. Il s’agit d’un élément
fondamental quant à la décision final de l’établissement de crédit.
L’établissement de crédit détermine également sa décision en fonction de l’historique de ses relations avec les
dirigeants de l’entreprise qui ont démontrés ou non leurs capacités à mener à bien leurs différents projets.
Les garanties professionnelles ou /et personnelles des associés ou du dirigeant sont aussi des éléments qui
contribuent à recevoir une décision favorable de la part de la banque sollicitée.
La décision
La décision implique non seulement le chargé de clientèle en charge du compte de l’entreprise, mais aussi le
comité de crédit ou le comité des engagements de l’établissement de crédit. Une synthèse du dossier de
l’entreprise est communiquée à ce comité de crédit, à qui, il revient la responsabilité d’accorder ou non le
financement demandé par l’entreprise.
Le chargé de clientèle est susceptible d’être sollicité pour fournir, le cas échéant, les éclaircissements
nécessaires sur l’entreprise.
Nous connaissions les arrêts de la 1ère Chambre Civile de la Cour de Cassation en date du 12
juillet 2005 sur les obligation du banquier en matière d'octroi de crédits, opérant une
distinction entre l'emprunteur averti et l'emprunteur profane.
Le statut de l'emprunteur profane lui confère une véritable protection . le banquier doit
vérifier ses capacités financières et éviter de lui accorder un prêt excessif au regard de ses
facultés contributives. A défaut le banquier manque à son devoir de mise en garde.