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270 REVUE D'HISTOIRE LrrTÉRMRE DE LA FRANCE
APOLLON ET DIONYSOS
ANDRÉ SUARES, LECTEUR DE NIETZSCHE
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NOTES ET DOCUMENTS 271
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272 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
C'est par Romain Rolland que Suarès fut amené à cette lecture.
Mais quelle curieuse répugnance ne fallut-il pas vaincre, avant de
passer à l'acte ! Ils durent en parler dès 1889, puisque c'est à
cette date que Rolland rencontra Malvida von Meyesenbug à
Versailles, chez son maître Monod4 qui avait été aussi celui de
Suarès. Mais ce n'est qu'en 1905 que Suarès lut « enfin » Ainsi
parlait Zarathoustra5. Entre ces deux dates, Rolland fit de nom-
breuses tentatives.
En 1891, il lui signale un article de Wyzéva. Mais Suarès déclare
ne pas être intéressé par l'esthétique nietzschéenne ni par ce
«faiseur de pensées». Il a entendu parler de Nietzsche dans la
Revue wagnérienne, donc avant 1889. Il « sait le titre de deux ou
trois de ses livres » ; il a lu sur lui une étude d'un certain Vittorio
Picca, dans une revue italienne :
On donnait quelques passages d'œuvres d'humour moral et d'analyse de
sentiments à la façon de Schopenhauer, mais avec beaucoup moins de pro-
fondeur encore, quoique d'un pessimisme outré 6.
Rien en tout cas qui lui donne envie de le lire : il n'en a
pas le temps.
Un mois après cette lettre, Malvida von Meyesenbug rencontre
Suarès à Marseille, sur le désir de Rolland qu'elle vient de quitter
à Rome. Ils conversent longtemps ensemble. Elle est très intriguée
par l'attitude de Suarès, « très pâle, refusant de manger et acharné
à jouer du piano pendant qu'elle dînait » 7. Elle le trouve merveil-
leusement intelligent. Nul doute qu'elle lui ait parlé de Nietzsche :
elle a bien évoqué pour lui les figures de ses amis célèbres, Wagner,
Louis de Bavière, Herzen, Mazzini. Toutefois, là encore, aucun
écho chez Suarès.
En 1894, il fait l'ignorant :
Qu'est-ce que ces articles sur Nietzsche ? Je n'entends parler que de cet
homme. Tout le monde le connaît, excepté moi. J'aurai honte à la fin de
n'avoir pas lu le génie, s'il est en livres 8.
4. G. Bianquis note dans son Nietzsche en France (op. cit., p. 4) que G. Monod
signalait, vers 1890, « à de jeunes philosophes en mal de thèse, l'œuvre de Nietzsche ».
5. Lettre inédite à R. Rolland, n° 743, Fonds Romain Rolland, Paris.
6. Cette âme ardente..., A. Michel, 1954, p. 322-323.
7. Ibid., p. 315. Note de P. Sipriot.
8. Fonds Romain Rolland, Paris, n° 432.
Dans la même lettre, Suarès s'inquiète de savoir si Nietzsche est traduit et si on
peut o le lire en français », ce qui laisse supposer, évidemment, qu'il ne pouvait l'abor-
der dans le texte. Mais il ne s'agit pas là, selon nous, d'un empêchement majeur. En
effet, en 1894, deux ouvrages de Nietzsche sont déjà traduits : Richard Wagner à
Bayreuth et Le Cas Wagner. 'jn livre de P. Lauterbach et A. Wagnon» A travers l'œuvre
dm Nietzsche, propose de nombreux textes, et les revues comme La Revue blanche ou le
Mercure de France ont déjà donné des extraits.
Par la suite, le refus de Suarès paraît encore moins expliqué par ce seul obstacle
linguistique : entre 1898 et 1900 sont traduits le Zarathoustra, Par-delà le Bien et le
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NOTES ET DOCUMENTS 273
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274 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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NOTES ET DOCUMENTS 275
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276 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
là sans doute mon extrême cruauté pour Marsyas, dès mon premier poème.
Une cruauté si sûre de n'être jamais assouvie qu'au fond elle-même est
amoureuse. Apollon, pour devenir le maître souverain de la lumière, le dieu
qu'il est même pour les dieux, doit crucifier en lui l'homme de passion :
l'être enivré de vie doit le céder au roi de la sereine harmonie, en qui la
connaissance est beauté, et beauté connaissance purgée de l'éphémère. Toute
ivresse est une servitude, moins celle de l'esprit. La non-conscience trempe
dans l'abject, et ses racines tiennent à la matière. L'âme du monde, comme
on l'appelle pour donner un nom à ce qui n'est rien, n'est qu'un éther de la
matière, si la conscience n'y est pas. Sans Dionysos il n'y aurait pas d'Apollon ;
mais Apollon dépouille fatalement, pour devenir lui-même, l'enfant fou et le
prince de l'orgie. L'art n'est pas la nature. La nature est orgiaque. On le sent
trop. Que la liqueur divine gonfle toujours le cep et coule toujours de cette
vigne. Cependant, plus Apollon est présent et fort dans un homme, plus
Dionysos fait sentir sa piésence et sa force : mais elles sont bridées ; elles
sont asservies et vaincues 1?.
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NOTES ET DOCUMENTS 277
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278 REVUE D'HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE
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NOTES ET DOGUMENTS 278
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280 REVUE D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE
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NOTES ET DOCUMENTS 281
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