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Les ARS sont sous le feu des critiques de la part des personnels soignants comme des élus.
La crise du COVID-19 est venue accélérer la faillite du système.
Sous le feu des critiques de l’ensemble des bords politiques ces dernières semaines, les Agences
Régionales de Santé sont pourtant nées d’un accord entre droite et gauche.
Créées en 2010 par la Loi H.P.S.T. (Hôpital, Patients, Santé et Territoire) dite « Loi Bachelot » de
2009, les Agences Régionales de Santé répondaient à un consensus total de ceux qui la critiquent
aujourd’hui : leur création était, en effet, inscrite dans les programmes présidentiels 2007 de
Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou !
Ces ARS trouvent aussi leur inspiration dans le rapport de la Commission « Pour la libération de la
croissance française » (1) présidée par Jacques Attali et dont le rapporteur général n’est autre
qu’un certain… Emmanuel Macron ! Ainsi, la décision n°272 propose de « généraliser les
Agences Régionales de Santé » pour permettre – entre autres – de « fluidifier les parcours de
soins », « rationnaliser les investissements et les moyens » ou encore de « prévenir et gérer les
crises sanitaires ».
Droite, gauche, macronistes : tous ceux qui critiquent aujourd’hui le rôle de ces Agences sont
les mêmes qui ont vivement défendu leur création !
Présentées comme la clef de voûte du système de santé, les ARS s’inscrivent dans un phénomène de
régionalisation toujours plus poussée du pilotage de la politique de santé, perceptible dès 1996 et la
création des Agences Régionales de l’Hospitalisation par les ordonnances Juppé. (24/04/1996)
Une régionalisation d’ailleurs clairement revendiquée par Roselyne Bachelot lors de son discours
inaugural du 1er avril 2010 : « La création des ARS marque ainsi la volonté politique de renforcer
résolument le pilotage régional de notre système de santé ».
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Derrière l’objectif annoncé de décloisonnement des politiques de santé menées par les
différents acteurs, les Agences Régionales de Santé incarnent en réalité le triomphe de la
régionalisation des politiques publiques, y compris en matière de santé, au détriment des
services déconcentrés de l’Etat d’une part et des compétences du Ministère de la Santé
d’autre part.
Le bilan que nous allons dresser des ARS est donc aussi, in fine, le bilan de la régionalisation des
politiques publiques défendue par l’ensemble de nos adversaires.
Les 18 ARS ne sont pas, contrairement à la présentation erronée qui en est souvent faite, les
chevilles ouvrières de la politique du Ministère de la Santé. En réalité, elles le remplacent et sont
désormais les acteurs majeurs de la politique de santé.
Ces deux missions démontrent par leur étendue que les ARS sont les acteurs clés de la
politique de santé de cette dernière décennie - au détriment du Ministère – et les premières
responsables de l’échec de notre système de santé dans la gestion de la crise du COVID-19.
Au titre de ces deux missions, les ARS ont en effet été dotées d’immenses responsabilités :
De ces compétences, nous pouvons déjà tirer deux conclusions importantes. La première d’entre
elles est une question légitime : que fait encore le Ministère de la Santé ? De quoi s’occupe-t-il
encore alors que l’essentiel de ses missions stratégiques a été transféré à ces agences régionales ?
La seconde est, qu’au regard de leurs compétences, plus que celle de l’Etat, la responsabilité
de la faillite dans la gestion de la crise actuelle est celle des ARS : le manque de lits, de
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masques, de tests, de matériel de protection… est, en premier lieu, le résultat des choix
technocratiques opérés par les ARS.
Rien qu’entre 2010 et 2020, les hôpitaux ont subi plus de 12 milliards d’euros de coupes
budgétaires, principalement sous l’égide de Marisol Touraine. Depuis 2017, celles-ci ont perduré.
Couplées à l’obsession des technocrates pour les bilans comptables du système de santé, ces coupes
drastiques des moyens dédiés à nos hôpitaux ont conduit à de vastes plans d’économies.
Sur le terrain, les Agences Régionales de Santé sont les clés de voûte de cette cure d’austérité
financière inacceptable et de cette obsession de la rentabilité. Elles peuvent notamment imposer des
objectifs de dépenses et de gestion aux établissements de santé et même se substituer aux chefs
d’établissements en cas de budget déficitaire ! Traduction : les ARS imposent un véritable piège
aux chefs d’établissements « soit vous réduisez vos dépenses, soit nous le ferons à votre place ! ».
Pis, pour répondre à ces objectifs financiers, les ARS ont détricoté le maillage territorial de notre
système de santé en imposant à tour de bras des fusions de service via les Groupements Hospitaliers
de Territoires (instaurés par Marisol Touraine en 2016) ou en supprimant des établissements,
conduisant à la mort de nombreux hôpitaux de proximité.
La saignée opérée par les ARS ne s’arrête pas à la fermeture de services ou d’établissements : la
réduction drastique du personnel et du nombre de lits est également l’une des principales marques
de fabrique de la gestion de notre système de santé par les ARS. Si ces suppressions ne datent pas
de la création des ARS, il est incontestable qu’elles se sont largement accélérées depuis leur
création.
Depuis 1997, ce sont près de 100 000 lits qui ont disparu dont 70 000 au cours des 3 derniers
mandats présidentiels et près de 30% des lits en réanimation ont été fermés en 30 ans !
Moins d’hôpitaux, moins de services, moins de lits, moins de personnels soignants mais aussi moins
de matériel : en détricotant notre service public de santé au nom d’une scandaleuse logique
financière, les ARS sont les responsables directs de l’incapacité de notre système à affronter une
crise sanitaire de grande ampleur telle que celle que nous vivons.
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Preuve supplémentaire que la logique financière est plus importante que la santé des Français pour
ces agences, le scandale provoqué par Christophe Lannelongue, directeur de l’ARS Grand Est
(désormais limogé), qui avait déclaré qu’il « n’y avait pas de raison de remettre en cause » le plan
de suppression de 175 lits et 589 emplois au CHRU de Nancy ! Tout un symbole ! Même en pleine
crise épidémique où nos services sont au bord de l’implosion et de nombreux compatriotes meurent,
les économies budgétaires restent prioritaires !
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A. Le scandale de la gestion inhumaine des EHPAD
La gestion du Coronavirus dans les EHPAD est le plus grand scandale de cette crise sanitaire. Un
scandale qui commence par un mensonge du Ministre de la Santé Olivier Veran (6 avril) :
« l’ensemble des résidents et personnels seront testés dès l’apparition du premier cas confirmé de
malade du coronavirus au sein de l’établissement ».
Or, il n’en est rien ! Les ARS n’ont pas seulement fait preuve d’une impréparation incroyable, elles
ont fait preuve d’une gestion inhumaine de la crise dans ces établissements.
Elles ont d’abord abandonné les personnels, complètement démunis pendant des semaines et sans
matériel de protection adéquat, obligés de cumuler les heures supplémentaires, de faire appel à des
bénévoles ou d’embaucher des étudiants pour palier les arrêts de travail de près d’un tiers des
personnels, épuisés, contaminés ou même décédés pour certains d’entre eux.
Mais elles ont surtout abandonné les résidents de ces établissements. Elles les ont abandonnés en les
isolant d’une manière très brutale de leurs proches, en refusant de pratiquer des tests systématiques
et de les doter de masques. Par leur inaction, les ARS ont créé toutes les conditions d’un véritable
massacre dans ces établissements.
En refusant de transférer à l’hôpital les patients infectés pour les soigner, ces Agences sont
coupables de non-assistance à personne en danger. Cette décision a contribué à contaminer de
très nombreux autres résidents mais aussi, a condamner à mort une très grande partie de ces
malades. Nous pouvons affirmer que les ARS les ont consciemment laissés mourir dans ces
établissements.
C’est, en réalité, une politique d’euthanasie qui ne dit pas son nom. Cette gestion inhumaine crée un
précédent : le refus de soigner en raison de l’âge des malades. Doit-on considérer qu’un octogénaire
victime d’un cancer ou d’un grave accident de la route ne doit pas être soigné car « trop vieux » ou
« trop fragile » ? Non ! C’est pourtant précisément la décision qui a été prise pour les résidents des
EHPAD ! Le bilan est sans appel : plus de 7 700 décès dans les EHPAD au 20 avril. Voilà le terrible
bilan de la gestion inhumaine des ARS !
Le scandale ne s’arrête pas là : incapables d’assurer la survie des résidents des EHPAD, les ARS
n’ont même pas été capables de gérer correctement les décès : incapacité (ou absence de volonté…)
à assurer un décompte de la mortalité dans ces établissements pendant de longues semaines, des
corps conservés dans des housses mortuaires à même les lits plusieurs jours durant… la faillite est
totale !
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Le 20 mars dernier, incapable de fournir des masques aux collectivités qui le réclament, le
gouvernement les autorise à passer leurs propres commandes. Beaucoup de collectivités saisissent
l’occasion.
Ainsi la région Grand Est, après avoir choisi un importateur en Chine et vérifié ses antécédents
auprès de la DGSI, commande 5 millions de masques le 23 mars. En l’apprenant, l’ARS contacte
cet importateur et passe sa propre commande… le week-end du 4 avril, la cargaison de masques
chinois commandés par les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté arrive à l'aéroport de
Bâle-Mulhouse et est aussitôt réquisitionnée sur le tarmac !
Quand elles ne volent pas les commandes des collectivités territoriales, les ARS font la manche
auprès des petites entreprises et associations ! (13) Ainsi, Stéphane Mulliez, Directeur de l’Agence
Régionale de Santé de Bretagne, a consacré l’une de ses seules interventions durant la crise à faire
la quête pour obtenir des blouses, charlottes, gants, lunettes de protection ou encore du gel
hydroalcoolique pour les établissements de santé de la région ! Une véritable honte pour une grande
puissance comme la France !
Les rares fois où les ARS fournissent des masques… ils sont moisis ! C’est notamment le cas des
masques envoyés par l’ARS de la Réunion aux personnels soignants de l’île ! Pour se défendre face
à la polémique, l’Agence a expliqué avoir opéré un contrôle visuel des masques. (12) Nous voilà
rassurés !
En écartant pendant longtemps les établissements privés, les ARS ont navigué à vue et ont mis des
patients en grand danger !
Attention, danger : Nos adversaires politiques responsables de la faillite des ARS espèrent
tirer profit de la situation pour demander une régionalisation plus poussée de la gestion de la
politique de santé sur le modèle des länder allemands ! Une réponse encore plus
catastrophique que le problème actuel !
Le réflexe est le même que pour la construction européenne : « la régionalisation n’a pas marché, il
faut donc plus de régionalisation ! ».
La länderisation de nos politiques publiques est un leurre : les ARS ne sont pas le symbole de
l’inefficacité de l’Etat à mener une politique de santé mais, au contraire, le symbole de
l’inefficacité d’une politique de santé sans l’Etat.
18 régions compétentes impliquerait 18 politiques de santé différentes, que cela résulte de choix
politiques ou de contraintes budgétaires. Qui pourrait décemment croire qu’une région d’Outre-Mer
aurait les capacités d’assurer une politique de santé aussi performante qu’une région
métropolitaine ? Qui pourrait justifier que les habitants d’une région bénéficieraient de services que
d’autres régions n’auraient pas mis en place alors même que ses habitants financent de manière
identique le système de santé ?
La gestion de la politique de santé par l’Etat est la seule garante de l’égalité des citoyens devant
l’accès aux soins. Cela implique la renationalisation, à l’échelle du Ministère de la Santé des
compétences actuelles des ARS et la sanctuarisation de la Santé comme politique régalienne.
Le culte de la rentabilité, conséquence directe des économies budgétaires imposées par Bruxelles,
est une hérésie qui tue notre système de santé, enfermé dans une logique mortelle : la rigueur
imposée aux établissements est devenue austérité. Cette austérité a pour conséquence concrète de
forcer les personnels soignants à être dans la gestion quotidienne de la pénurie. Cette situation est
intolérable pour la 6e puissance économique mondiale !
S’il y a bien un domaine qui doit échapper aux logiques financières et où l’on doit accepter d’être
déficitaire, c’est celui-ci. A l’exception des dépenses liées à l’immigration (AME) ou à la fraude
sociale (cartes vitales, …) qui doivent être vivement combattues, les dépenses de santé doivent
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être sanctuarisées dans un premier temps et augmentées dans un second temps. La santé des
Français n’a pas de prix !
Ces mesures doivent comporter trois volets : un volet institutionnel, un volet de mesures d’urgence
et un volet de réformes sur le long terme.
Structures nuisibles, coûteuses et incapables de répondre à une crise du système de Santé qu’elles
ont elles-mêmes contribué à créer. La gestion et le pilotage de la Santé dans les territoires sera de
nouveau placée sous la direction du Préfet et l’autorité du Ministère de la Santé.
Pour éviter de reproduire les dérives bureaucratiques et technocratiques des ARS, ce pilotage par les
Préfets se fera au sein de Comités Départementaux de Santé en association avec les professionnels
de santé et élus locaux. Ces comités permettront d’une part, de rétablir une notion de proximité en
imposant une réflexion à une échelle départementale et régionale et d’autre part, de mieux prendre
en compte la réalité des territoires et des professions dans l’élaboration des grandes orientations
départementales de santé.
En complément de cette réforme institutionnelle, des mesures d’urgence s’imposent pour rompre
avec l’austérité imposée à notre système de santé :
- La mise en place d’un moratoire immédiat sur toutes les fermetures de lits et de
services dans nos hôpitaux.
- Le lancement d’un audit complet des besoins fonciers, budgétaires, matériels et en
personnels des hôpitaux publics et des EHPAD.
- L’augmentation sensible de la rémunération des personnels soignants.
En complément, des réflexions sur le long terme doivent être engagées sur plusieurs faiblesses de
notre système de santé, particulièrement ressenties durant la crise du COVID-19 :
- Un débat de fond sur les regroupements d’établissements qui ont bien souvent mené à des
suppressions de services voire à des fermetures d’hôpitaux de proximité.
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- La sanctuarisation des stocks stratégiques d’Etat, mais aussi des collectivités et établissements
de santé, de tests et masques.
Les ARS ont échoué. Il faut en tirer les conséquences. Comme dans beaucoup de domaines,
l’Etat doit reprendre la main. Le Rassemblement National est aujourd’hui la seule force
politique capable d’assurer à nos concitoyens une véritable politique de santé.
Notes
(1) Rapport de la Commission « Pour la libération de la croissance française » présidée par J.Attali, 23/01/2008
(2) « Le Quotidien du Médecin, Pelloux dézingue les « technos » de l'ARS Ile-de-France et « l'experte » Agnès Buzyn »
16/03/2018
(4) Sénat, rapport du Comité d’évaluation de la réforme de la gouvernance des établissements publics de santé, JP Fourcade, 2011
(5) France Inter, « Financement, gouvernance, ce que 20 ans de réformes de l’hôpital public ont changé », 2/04/2020
(6) « Les ARS, vers la soviétisation de la santé publique ?» Dr Franck Boutault, Riposte laïque, 15/04/2020
(7) L’Obs « Les agences de santé se sont enfermées dans la gestion » 8/04/2020
(8) Ouest-France « Le député Jean-Carles Grolier dénonce le système de santé français dans un livre » 13/01/2020
(9) Challenges, « Ce que gagnent les fonctionnaires les mieux payés de la République », 19/01/2018
(11) Le Point, « Coronavirus, les agences régionales de santé : boulets technocratiques ? » 10/04/2020
(12) Valeurs actuelles, « La Réunion, les soignants reçoivent des masques…moisis », 26/03/2020
(13) France Bleu, « Blouses et gel hydroalcoolique, l’Agence régionale de santé de Bretagne appelle aux dons », 7/04/2020
(14) Le Télégramme, « Très fier des soignants bretons, le directeur de l’ARS réagit après les convois médicalisés », 5/04/2020
(15) Le Point, « Comment la France se prive de 150 000 à 300 000 tests par semaine » 3/04/2020
(16) Ouest-France, « Coronavirus, 29 morts dans un Ehpad à Mougins, une famille porte plainte pour mise en danger de la vie d’autrui »
4/04/2020
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