Résumé. – La maladie de Parkinson est une pathologie de la motricité de l’adulte. La rééducation prend en
charge les symptômes moteurs liés à l’akinésie, à la rigidité, aux troubles posturaux ou aux troubles cognitifs
qui accompagnent le mouvement.
Mais la sémiologie décrit de nombreuses déficiences associées. Certaines font l’objet de soins de rééducation,
d’autres y échappent et constituent ce que nous appelons les misères du patient.
Devant la grande variété des symptômes, la description de la prise en charge rééducative suit l’évolution de la
maladie. À chaque phase, des stratégies sont proposées devant les déficits spécifiques et devant les tâches
quotidiennes perturbées.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Introduction facilitatrice du noyau sous-thalamique sur le l’équilibre [6]. Verger et Cruchet, en 1921 [33],
pallidum interne, d’où une hyperactivité en vantaient déjà les vertus en ces termes :
La paralysie agitante (paralysis agitans) inhibitrice du pallidum interne sur le « Tout procédé qui pousse le bradykinétique
décrite par James Parkinson en 1817 était thalamus moteur (noyau ventrolatéral) par à se croire mieux, le stimule, l’incite à
définie par Vulpian et Charcot en 1862 la voie GABAergique, d’où une diminution l’activité, le sollicite à sortir de son apathie,
comme « un tremblement rythmique, de l’activation des aires motrices corticales de son inertie pour se mouvoir et agir ; par
continu pendant la veille, à marche par le thalamus moteur, expliquant en partie la suite, elle lui procure un mieux
progressive et envahissante, auquel vient les phénomènes akinétiques et indubitable. »
fréquemment s’adjoindre une tendance plus hypertoniques. La rééducation s’inscrit dans un éventail de
ou moins marquée à la propulsion ». La Les structures centrales responsables du traitements symptomatiques médicaux et
maladie de Parkinson (MP) est l’une des tremblement sont également situées au chirurgicaux (cf encadré page suivante). Elle
affections neurodégénératives les plus niveau du thalamus moteur (noyau ventral pousse le sujet à lutter contre l’akinésie et
fréquentes. latéral et noyau ventral intermédiaire), mais son avarice de gestes, à combattre la
Les lésions anatomiques de la zona il existe aussi des mécanismes périphériques tendance dépressive et son invitation à la
compacta du locus niger sont caractéris- qui font varier l’intensité du tremblement et passivité [ 1 5 ] . D’autres aspects de la
tiques de la MP : disparition et atrophie notamment des influx afférents sensitifs pathologie bénéficient de ce traitement,
neuronales, gliose réactionnelle et inclusions comme la douleur et le froid. comme les troubles neurovégétatifs, les
intracytoplasmiques (corps de Lewy). La La prévalence sur l’ensemble de la difficultés à communiquer ou les douleurs.
diversité des relais du système nerveux des population est de 1 pour mille et de 1,5 %
ganglions de la base, rend complexe la après 65 ans ; elle concerne environ 1 million
physiopathologie de la MP. Elle est de personnes dans la communauté Évaluation
principalement liée à la destruction de la européenne [8].
voie dopaminergique nigrostriatale qui Son origine, probablement multifactorielle,
utilise la dopamine comme neurotrans- Les patients parkinsoniens ont en commun
semble résulter de la combinaison de de nombreuses caractéristiques cliniques,
metteur. Les lésions de la voie nigrostriée facteurs génétiques et environnementaux.
conduisent à la dénervation du putamen. Un mais les conséquences sur leur motricité et
enchaînement complexe d’actions De tout temps, l’activité physique a été leur vie quotidienne peuvent être différentes.
facilitatrices-inhibitrices modifiées se produit considérée comme un adjuvant important L’examen des différentes tâches perturbées,
avec, par exemple, une hypoactivité du du traitement de la MP, bien qu’il n’ait pas des activités difficiles à exécuter et des
pallidum externe sur le noyau sous- été démontré qu’elle influe directement sur changements dans l’aspect physique est
thalamique, d’où une hyperactivité les symptômes cardinaux de la maladie pratiqué pour chaque patient. Les
(Olanow et Koller, 1998). Elle s’intéresse plus incapacités alors identifiées deviennent des
particulièrement aux conséquences motrices c ible s p ou r la r é é d u c a t ion e t le u r s
et fonctionnelles des maîtres signes qui m o d i fi c a t i o n s s e r v e n t d ’ i n d i c a t e u r
Antoine Laumonnier : Masseur-kinésithérapeute.
Jean-Pierre Bleton : Masseur-kinésithérapeute cadre supérieur.
caractérisent l’affection : rigidité, akinésie, d’efficacité des stratégies thérapeutiques
Hôpital Sainte-Anne, centre Raymond Garcin, Paris, France. tremblement, troubles posturaux et de choisies [7] (tableau I).
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laumonnier A et Bleton JP. Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-451-A-10, 2000, 14 p.
26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
Tableau I. – « Unified Parkinson’s disease rating scale » (UPDRS). Échelle d’évaluation unifiée pour la maladie de Parkinson (d’après le docteur
Marc Ziegler). Ici ne figurent détaillés que les items qui intéressent directement le rééducateur.
II. Activités dans la vie quotidienne (à déterminer en période ON et en période OFF). Items de 5 à 17
5) Parole 12) Se retourner dans son lit et arranger ses draps et couvertures
0 : Normale 0 : Normale
1 : Légèrement perturbée, pas de difficulté à être compris 1 : Un peu lent et maladroit mais n’a pas besoin d’être aidé
2 : Modérément perturbée. On doit occasionnellement lui demander de répéter 2 : Peut se retourner seul ou arranger ses draps mais avec une grande difficulté
3 : Gravement perturbée. On doit lui demander fréquemment de répéter 3 : Peut commencer le geste mais n’arrive pas à se retourner ou arranger les draps seul
4 : Incompréhensible la plupart du temps 4 : Dépendant
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Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
Tableau I. – (Suite) « Unified Parkinson’s disease rating scale » (UPDRS). Échelle d’évaluation unifiée pour la maladie de Parkinson (d’après le
docteur Marc Ziegler).
18) Parole 26) Agilité de la jambe (le patient assis tape du talon en soulevant tout le pied)
0 : Normale 0 : Normal
1 : Légère perte d’expression, de la diction et/ou du volume vocal 1 : Ralentissement léger et/ou réduction de l’amplitude
2 : Voix monotone, bredouillée mais compréhensible, altération modérée 2 : Modérément perturbé, se fatigue nettement et rapidement, peut avoir d’occasionnels
3 : Altération marquée, difficile à comprendre arrêts du mouvement
3 : Sévèrement perturbé, hésitation fréquente au début du mouvement ou arrêt en cours
19) Expression faciale de mouvement
4 : Peut à peine effectuer la tâche
20) Tremblement de repos
0 : Absent 27) Se lever d’une chaise (mouvement réalisé les bras pliés devant la poitrine)
1 : Léger et rarement présent 0 : Normal
2 : Tremblement de faible amplitude mais persistant, ou d’amplitude modérée, mais 1 : Lentement ou a besoin de plus d’un essai
présent seulement de façon intermittente 2 : Se pousse sur les bras du siège
3 : Tremblement modéré en amplitude et présent la plupart du temps 3 : Tend à tomber en arrière mais doit essayer plus d’une fois. Peut se lever sans aide
4 : Tremblement d’amplitude marquée et présent la plupart du temps 4 : Incapable de se lever sans aide
Maladie à la phase cliniques, et en particulier le tremblement et – apporter une solution devant une gêne
le ralentissement de la motricité. Cette persistant malgré le traitement médical, la
de début effi c a c i t é d e l a L - d o p a c o n fi r m e l e douleur, la rigidité axiale ou encore la
diagnostic. micrographie.
Le patient consulte, inquiet d’observer une Les patients actifs n’ont pas besoin de la
La rééducation est prescrite pour les patients
détérioration de son état moteur (apparition rééducation à ce stade de la maladie (fig 2).
qui ont besoin d’aide pour :
d’un tremblement fin d’une main ou de la
modification de son écriture) (fig 1). Le
diagnostic de MP n’est évoqué que lorsque – stimuler leur activité physique : conseils
sur le choix ou la pratique d’une activité DÉFICITS SPÉCIFIQUES
la bradykinésie apparaît dans la
symptomatologie [32]. sportive, enseignement d’exercices
gymniques adaptés au cours de séances de ¶ Hypokinésie
Le traitement médical, d’une grande rééducation individuelle pour traiter un
efficacité à la période initiale de la problème particulier ou en séances de Elle est définie par la diminution de
pathologie, corrige les manifestations groupe pour favoriser les contacts ; l’amplitude du mouvement.
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des secteurs articulaires contribue à la aucune n’a encore fait la preuve de son
Tremblement de repos
limitation des amplitudes. Ce cercle vicieux efficacité. L’observation des caractéristiques
Micrographie prend une part importante dans le handicap. cliniques du tremblement (tremblement
Ralentissement Elle est évaluée par les épreuves de apparaissant au repos) suggère de maintenir
tapotements des doigts, de mouvements des le membre en activité constante pour éviter
Perte du ballant d'un bras
mains, de mouvements alternatifs rapides, l’apparition du tremblement.
Douleur
et d’agilité des jambes (items 23, 24, 25, et 26 Exemple : transvaser de l’eau ou du sable
Maladresse de l’Unified Parkinson’s disease rating scale d’un verre dans un autre : « le patient est
Raideur [UPDRS]). incité à réaliser le geste avec fluidité, sans
Dépression La liberté des mouvements est conservée par maintien postural prolongé ».
la pratique d’exercices gymniques Le tremblement requiert l’attention du
Fatigabilité
d’assouplissement de grande amplitude, patient pour le boutonnage, le repas ou
Troubles de l'équilibre aussi bien segmentaire que vertébral. l’ensemble des gestes fins.
1 Signes de début. Exemple : le patient couché sur le dos, un
bâton dans les mains, élève les bras et fléchit ¶ Maladresse gestuelle
un genou sur la poitrine. L’exercice est Elle est interprétée comme une faiblesse, une
Classification de Hoehn et Yahr. pratiqué sur le temps inspiratoire, la fin de
– Stade I : atteinte unilatérale fatigue ou une incoordination. Elle est en
l’amplitude est complétée par le rééducateur. fait la conséquence de plusieurs facteurs :
avec handicap fonctionnel Les exercices enseignés lors des séances
habituellement minime ou nul. d’assouplissements sont répétés au domicile – la lenteur des mouvements dont est
– Stade II : atteinte bilatérale ou responsable la bradykinésie ;
par le patient.
axiale, sans altération de
l’équilibre. – la perte de spontanéité des gestes
– Stade III : apparition d’une ¶ Tremblement consécutive à la perte progressive des
altération de l’équilibre, mise en a u t o m a t i s m e s d o n t e s t re s p o n s a b l e
C’est un tremblement lent (quatre à sept
évidence lorsque le malade l’akinésie ;
cycles par seconde), qui apparaît au repos,
change de direction ou – le manque d’amplitude des mouvements
disparaît pendant le sommeil et prédomine
lorsqu’on le pousse alors qu’il se dont sont responsables l’hypokinésie et la
aux extrémités.
tient debout, pieds joints et yeux rigidité musculaire ;
fermés. Il est rapporté comme étant le signe de
À ce stade, il présente une certaine gêne début le plus fréquent. Il concerne 70 % des – la présence du tremblement qui, bien
fonctionnelle dans ses activités mais peut patients. Lorsqu’il constitue l’essentiel de la qu’essentiellement de repos, comporte
poursuivre son travail en fonction de son symptomatologie, la MP est dite de « forme souvent une composante d’action.
type d’emploi. tremblante ». Son évolution est plus lente, La maladresse a des retentissements dans
– Stade IV : développement ses conséquences sur la vie quotidienne plus différentes activités du quotidien : boire et
complet de la maladie qui supportables que la forme akinétorigide. Si manger, tenir un verre sans le renverser,
entraîne une incapacité sévère. le tremblement ne constitue pas un handicap couper sa viande ou lever les pieds
Le malade peut encore se tenir majeur, il est la cause de maladresse suffisamment haut pendant la marche.
debout et marcher sans aide, gestuelle. Il est visible et rappelle la maladie La répétition régulière d’exercices adaptés
mais avec de grandes difficultés. aux proches et aux membres de l’entourage rend plus confortable la réalisation de ces
– Stade V : sans assistance, le professionnel. tâches fonctionnelles.
malade ne peut se déplacer Le tremblement de repos caractéristique de
qu’en fauteuil roulant ou est Exemple : des solutions souvent de bon sens
la MP et le tremblement d’action ou postural diminuent les problèmes rencontrés : pour
grabataire. des mains qui l’accompagne parfois sont s’habiller, porter des bretelles compense la
évalués aux items 20 et 21 de l’UPDRS. difficulté à placer une ceinture dans les
Des tentatives thérapeutiques de toute sorte passants et à la serrer avec suffisamment de
C’est un des principaux facteurs ont été essayées (relaxation, mobilisation du force ; les mocassins remplacent
d’inefficacité du geste. La sous-utilisation patient au rythme de son tremblement) : avantageusement les chaussures à lacets.
0 4 ans 8 ans
2 Organisation des soins à la phase de début. MP : maladie de Parkinson.
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Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
¶ Perte de l’harmonie suffisamment longs et épais pour éviter de traitement. Des séances de rééducation
du mouvement trop fermer la main et ayant assez de poids plurihebdomadaires assurent une activité
pour limiter le tremblement. physique régulière et corrigent certains
Elle caractérise le défaut d’enchaînement ou
L’écriture reste une activité fondamentale aspects de la symptomatologie. Les objectifs
d’assemblage des temps élémentaires qui
pour la mémoire et l’activité cérébrale. proposés sont différents en phase on et en
composent le geste complexe. Elle rend
Aussi, sa pratique régulière doit-elle être phase off :
compte d’un défaut d’organisation du geste
dans le temps et dans l’espace [14]. maintenue ou encouragée chez ceux pour – phase on : entraînement gymnique,
qui elle était un moyen habituel de stimulation des réactions posturales,
Elle n’est pas évaluée par des tests
communication. Il est bien sûr possible renforcement ou maintien du potentiel
spécifiques, mais par l’observation clinique
d’esquiver les difficultés en se servant d’un moteur et fonctionnel ;
de la réalisation du geste complexe étudié :
ordinateur pour rédiger et d’un tampon
faire un « pied de nez » ou ramasser des – phase off : mobilisations et correction des
encreur pour signer, mais les patients sont
pièces de monnaie. Elle est appréciée dans attitudes, apprentissage des moyens de
souvent rebutés pour utiliser ces
les épreuves fonctionnelles : se déshabiller, contrôle des effets du blocage [37] (fig 3).
suppléances.
s’asseoir, se déplacer ou s’installer sur la
table d’examen. Exemple : les contractures des petits muscles
de la main apparaissent comme le facteur DÉFICITS SPÉCIFIQUES
La gymnastique associe des exercices
principal. Des mobilisations activopassives
composés de mouvements coordonnés et de
mouvements asymétriques impliquant
et la relaxation du segment scripteur ¶ Bradykinésie
(recherche de la sensation de « bras
l’ensemble du corps. Ce terme a été créé en 1921 par René
lourd ») [1] agissent pour diminuer les
Exemple : le sujet, couché sur le dos, réalise tensions musculaires. Les exercices ont pour Cruchet [33] qui le définissait ainsi : « Le
des mouvements en sens opposé de rotation but d’augmenter l’amplitude des syndrome de bradykinésie consiste, dans un
des ceintures scapulaire et pelvienne. mouvements d’inscription, en incitant le caractère de lenteur dans le départ et
L’exercice est mis en application dans une patient à utiliser la racine de son membre et l’exécution des mouvements volontaires,
situation fonctionnelle comme celle qui non l’extrémité distale pour tracer sur la sans qu’il y ait paralysie à proprement
consiste à passer par les différentes étapes feuille. p a r l e r, e t s a n s a u c u n t r o u b l e d e
du redressement, depuis la position couchée coordination. »
sur le dos jusqu’à la position Le ralentissement du mouvement se révèle
quadrupédique. Misères à la phase de début. au patient et à son entourage par
– Douleurs vertébrales : parfois l’augmentation de la durée nécessaire pour
RÉÉDUCATION DES TÂCHES inaugurales de la maladie. accomplir les activités quotidiennes. La mise
PERTURBÉES – Dépression : associée à la en train, le déroulement, demandent plus
bradyphrénie, marquée par la d’attention. Cette modification oblige le
¶ Dysgraphisme parkinsonien
tristesse ou l’anxiété. patient à mieux organiser son temps afin de
ou micrographie – Amaigrissement : franc au poursuivre ses activités sans trop de gêne.
Les modifications de l’écriture sont début, puis se stabilise avec le D’autre part, le retard d’initiation fait perdre
d’installation précoce et révèlent parfois le traitement. l’adaptabilité et la spontanéité aux gestes.
diagnostic. James Parkinson évoquait déjà – Troubles génitosexuels : peu La bradykinésie est évaluée par des
les troubles de l’écriture à différents stades évoqués, troubles moteurs ou épreuves d’exécution de mouvements
de la MP [26]. Il décrivait ainsi les symptômes diminution de la libido. répétitifs et rapides : tapotements des doigts,
inauguraux : « Jusqu’ici, le patient a ressenti – Impatiences des membres mouvements des mains, mouvements
ces troubles mais n’en a pas réellement inférieurs : souvent nocturnes ; alternatifs rapides, agilité d’une jambe (items
souffert. S’il est endurant, peut-être n’a-t-il le patient se lève pour marcher. 23, 24, 25, et 26 de l’UPDRS). Elle est évaluée
que rarement pensé qu’il était atteint d’une – Nausées : en rapport avec de façon plus globale à l’item 31 :
véritable maladie, sauf lorsque celle-ci se l’instauration du traitement bradykinésie corporelle et hypokinésie. Elle
rappelait à lui par l’instabilité de sa main médical. intègre la notion d’appauvrissement moteur
lorsqu’il écrivait ou devait accomplir un et décrit le mouvement jusqu’à son
travail de précision. » Pour décrire ce trouble impossibilité.
à un stade plus évolué de la maladie, il a ces Stade de la maladie
Les moyens d’y remédier consistent à :
mots : « L’écriture devient la plus difficile installée
des tâches. » – démarrer les mouvements sur ordres brefs
La dysgraphie se manifeste par une écriture Les signes manifestes de la maladie et précis ;
difficile dont le caractère micrographique surviennent, dans plus des deux tiers des – solliciter la vitesse par des stimulations
s’accentue à la fin de chaque ligne et d’une cas, au-delà de 8 années d’évolution [10]. Les verbales ;
ligne sur l’autre. Les difficultés sont différentes manifestations neurologiques qui
aggravées par l’appréhension, en particulier la composent, associées les unes aux autres, – orienter le mouvement vers un but précis
celle qui apparaît lorsque l’écriture est aboutissent à une gêne permanente, (geste fonctionnel par exemple) : le patient
pratiquée devant des témoins. Pendant les responsable d’une restriction de l’activité et se représente mentalement le geste dans
premières phases de la pathologie, les d’un handicap. Les fluctuations de l’efficacité toute sa continuité puis l’exécute sans
troubles de l’écriture varient en fonction de du traitement médical produisent une rupture et de façon concentrée dans le
l’efficacité du traitement médical. succession de périodes d’akinésie dites de temps ;
L’écriture est évaluée à l’item 8 de l’UPDRS. « blocage » (phases off) et de période de – conserver l’amplitude du mouvement.
L’examen met en évidence des constantes bonnes performances motrices dites de Exemple : le sujet est couché sur le dos,
graphomotrices, comme l’attitude crispée de « déblocage » (phases on) au cours d’une membres inférieurs tendus et les bras en
la main sur le stylo, la diminution de la même journée. Les événements extérieurs croix. Le mouvement consiste à faire passer
fluidité, de la vitesse et de la régularité du comme les repas, les émotions, la fatigue une balle alternativement sous une jambe,
mouvement d’inscription, ainsi que la participent aux fluctuations de l’état moteur. puis sous l’autre. L’exercice est conduit à
présence d’un tremblement d’écriture. L’indépendance fonctionnelle est conservée. vitesse soutenue pour de larges amplitudes
Le patient utilise des outils de scription La rééducation devient, associée aux d’abduction des épaules et de flexion-
adaptés à la pathologie, comme des stylos médicaments, un élément important du extension des membres inférieurs.
5
26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
8 ans 18 ans
3 Organisation des soins à la phase de la maladie installée.
L’attention portée sur le temps nécessaire au avec les prises de traitements, la prévisibilité mais dont les manifestations sont plus
déroulement de l’action apporte une d ’ a p p a r i t i o n d e s p h a s e s o ff e t l e u r gênantes et plus apparentes à la marche. Ce
meilleure efficacité dans la réalisation des proportion par rapport aux phases on. phénomène est aggravé par l’anxiété.
gestes quotidiens. Chez les patients pour Quelques patients arrivent à vaincre en Ce « blocage » présente un premier temps
lesquels le ralentissement est modéré et sans partie l’akinésie qui les gagne, grâce à de brutal, imprévisible, d’arrêt qui surprend le
conséquence majeure dans la vie rapides mouvements de balancement du sujet pendant le déroulement de son activité,
quotidienne, la pratique d’exercices tronc d’avant en arrière en position assise, suivi d’un deuxième temps où il ne peut pas
gymniques et d’activités physiques agissant ou de marche sur place en position debout. reprendre l’activité interrompue. Si le
sur la vitesse, le rythme et la coordination La conservation d’une autonomie, même premier temps échappe au contrôle
est suffisante pour maintenir le dynamisme restreinte, diminue l’angoisse liée à la volontaire, le second temps est en partie
du geste. survenue des phases de blocage. D’autres contrôlable.
ont besoin de la présence rassurante d’une La stratégie utilisée pour corriger cette
¶ Fluctuations motrices personne de l’entourage et de son aide pour inhibition transitoire consiste à remplacer les
Elles se présentent comme des variations des changer de position, s’installer plus mécanismes moteurs inconscients par un
performances motrices entre des périodes on confortablement ou boire. programme moteur volontaire. Après en
et des périodes off. Elles constituent à terme Les accompagnants sont instruits des avoir essayé plusieurs, le patient trouve
u n e c a u s e m a j e u re d ’ i n v a l i d i t é , e t techniques d’assistance à la marche. Ils généralement la stratégie efficace. L’enrayage
deviennent rebelles aux traitements doivent pouvoir aider le patient à regagner cinétique et les autres phénomènes de
médicaux. sa chambre pendant la période de blocage. blocage moteur sont fréquemment améliorés
Il ne faut ni le tirer par le bras, ni l’obliger à par des techniques faisant appel à des
À un stade avancé, les patients présentent
se déplacer plus vite qu’il ne le peut, ce qui mouvements évoqués, des repères mentaux
des alternances brutales et imprévisibles
risquerait de le bloquer plus encore et de ou des stimuli sensoriels.
entre les phases on et off. Les phases on
l’amener à perdre son équilibre vers l’avant. Exemples : entraînement du patient à
peuvent s’accompagner de dyskinésies, de
Il est préférable de ralentir sa marche et l’enjambement d’un obstacle pour
dystonies, voire de myoclonies, et les phases
d’attendre qu’il ait retrouvé son équilibre redémarrer la marche.
off présenter une akinésie et un tableau
avant de le laisser repartir. Marche du somnambule, la mise en train est
extrapyramidal sévère. L’akinésie entraîne
alors la disparition quasi complète des Certaines mobilisations diminuent facilitée par l’élévation d’un ou des deux
possibilités motrices. Le patient, immobile l’inconfort des périodes off. bras vers l’avant.
dans son fauteuil, est incapable d’effectuer Exemple : la mobilisation douce et rythmée
le moindre geste. Ces périodes de blocage du rachis cervical et de la ceinture ¶ Troubles des fonctions exécutives
s’accompagnent souvent de manifestations scapulaire, ou la mobilisation des extrémités C’est un trouble de l’organisation du geste,
neurovégétatives particulièrement pénibles : des membres, mains et pieds, associée à des de sa réalisation en situation, de son
ballonnements intestinaux, tremblements, manœuvres de traction et de ballottement. ajustement et de son adaptation au regard
sensations d’oppression thoracique, mictions d’un objectif précis [20].
impérieuses, d’autant plus désagréables que ¶ Akinésie ou enrayage cinétique
Les troubles cognitifs compliquent la
le patient est dans l’impossibilité de se (ou « freezing ») symptomatologie strictement motrice.
déplacer [36]. L’enrayage cinétique est une hésitation, un Chaque tâche mobilise toute l’attention du
Les fluctuations motrices sont évaluées dans « bégaiement » de la mise en route, qui peut sujet au point de l’empêcher d’exécuter une
l’UPDRS : le questionnaire recherche le lien être retrouvé au niveau de tous les gestes autre tâche en même temps ou à la suite.
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Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
Le patient a des difficultés pour : mouvements automatiques conduit à la l’équilibre. L’enroulement en cyphose de la
sous-utilisation de la course de certains région lombodorsale est marqué. Il est
– réaliser plusieurs tâches simultanément :
mouvements (antépulsion des épaules, compensé par une hyperextension localisée
verser d’une main et tourner de l’autre ;
rotations du tronc), et progressivement à la au niveau de la partie supérieure du rachis
– réaliser plusieurs tâches successivement : diminution de leur jeu articulaire. Le cervical qui est responsable de douleurs
marcher vers le portemanteau, puis y mouvement est freiné par la résistance des locales fréquemment rapportées, mais
suspendre son vêtement. muscles antagonistes au mouvement. La également de fausses routes lors de la
L’action engagée n’est pas adaptée au force musculaire dynamique est diminuée, déglutition. La rigidité de la cage thoracique
contexte ou à l’environnement : ouvrir une alors que la force musculaire isométrique est est la principale cause du syndrome
porte en reculant est une tâche mal longtemps conservée. restrictif.
maîtrisée, souvent à l’origine de chute. La fatigabilité, presque toujours présente, La rigidité augmente avec la fatigue, les
La présence de ces troubles impose une oblige à une kinésithérapie d’épargne de émotions, et les efforts musculaires à
définition d’actions et d’objectifs, simple et l’effort permettant de disposer de la somme distance de la zone en activité (signe du
précise. Les exercices ne peuvent pas d’énergie nécessaire aux besoins des activités « poignet figé » de J Froment).
s’enchaîner trop rapidement. Les gestes quotidiennes. Le corps est entretenu de Elle est évaluée de façon globale à l’item 22
complexes sont découpés en séquences, manière à ce que cette évolution soit de l’UPDRS. La douleur limite les
enchaînées ensuite progressivement. retardée ou ne puisse pas apparaître. La mouvements : ces conséquences sur la
L’utilisation de repères dans l’espace, le pratique d’un programme d’exercices motricité sont à prendre en compte lors de
guidage et la répétition des mouvements adaptés devrait être considérée comme une l’examen.
facilitent les apprentissages. priorité, une nécessité perpétuelle, au même
L’action réelle de la mobilisation sur
Exemple : le sujet est assis sur un tabouret, titre que les médicaments antiparkinsoniens.
l’hypertonie n’est pas démontrée, mais il est
face à une glace. L’exercice comporte trois Le programme gymnique équilibré se certain qu’elle procure au patient une
temps : passer une balle alternativement construit avec des étirements musculaires sensation de relâchement et de mieux-être.
sous les genoux, faire tourner la balle pour conserver la souplesse, et des activités Aux techniques d’assouplissement rachidien
derrière son dos, passer la balle derrière son aérobies pour améliorer la fonction sont associés des ballottements et des
cou. Le mouvement combine les différents musculaire et l’état cardiorespiratoire. vibrations dont l’effet myorelaxant rend
temps de façon aléatoire. Les enchaînements Exemple : Le patient se tient debout les pieds supportables les mobilisations. Ces
sont demandés avec plus de fréquence et écartés. Le praticien, qui se tient derrière le m a n œ u v re s a p p o r t e n t d u b i e n - ê t re ,
l’on peut faire varier le sens du mouvement patient, lui tend un ballon lesté (medecin- participent à la prévention des douleurs et
pour compliquer la tâche. ball) qu’il doit saisir à droite puis à gauche des remaniements pathologiques du muscle
afin d’exercer les mouvements de rotation consécutifs à l’immobilité. La conservation
¶ Défaut de persistance de l’action scapulaire, entre les jambes ou par-dessus la du jeu des articulations costovertébrales et
Ce trouble se caractérise par l’incapacité de tête pour la flexion et le redressement du sternocostales favorise l’expansion
maintenir ou de reproduire de manière tronc. thoracique et prévient l’évolution vers la
continue une même tâche motrice : restriction de la capacité pulmonaire.
¶ Rigidité axiale et segmentaire
– t ro u b l e d e l ’ a t t e n t i o n p o s t u r a l e : Exemples :
effondrement latéral du patient qui lit son « L’hypertonie parkinsonienne, plastique, se
– la région cervicale est mobilisée par une
journal, ou affaissement progressif lorsque manifeste par une résistance continue et
prise bimanuelle qui enveloppe la région
la position quadrupédique est tenue un long homogène à l’allongement du muscle,
occipitale et la nuque. Des mouvements de
moment ; lorsqu’on imprime des mouvements passifs
traction dans l’axe rachidien sont associés à
à un membre » (de Recondo).
– difficulté à maintenir une consigne des manœuvres de ballottements pour
gestuelle simple : battre la mesure avec le La rigidité s’exprime par : relâcher les tensions musculaires locales. Les
pied. – l’exagération du réflexe d’étirement, ou assouplissements sont réalisés dans tous les
Ce trouble devient encore plus évident si le exagération du réflexe myotatique : le secteurs articulaires limités, avec une
patient est distrait. muscle étiré oppose une résistance pendant intensité progressivement croissante. La
Les actions demandant la répétition tout le mouvement homogène (rigidité en correction assistée de la région cervicale tend
régulière d’un même geste sont altérées par « tuyau de plomb ») ou cède par saccades à réduire la malposition en étirant les
ce phénomène : la marche, mais aussi (phénomène de la roue dentée) ; muscles cervicaux et les éléments fibreux
l’écriture et la parole subissent cet comme le ligament nucal. Le menton est
– l’exagération de la réaction de porté progressivement vers la poitrine, de
épuisement. La fatigue aggrave le déficit de raccourcissement, ou exagération du réflexe
vigilance motrice. m a n i è re à p ro d u i re u n e fl e x i o n d e
de posture : le muscle, dont on rapproche l’ensemble des différents étages vertébraux
Le patient est exercé à maintenir un certain passivement les points d’insertions, se impliqués. La ceinture scapulaire est
rythme imposé par le comptage à haute contracte exagérément. mobilisée pour dissocier ses mouvements de
voix, un métronome ou une source musicale C’est au niveau des membres que cette ceux de la colonne cervicale ;
au cours des exercices gymniques. Les rigidité est le plus facilement mise en
déplacements des pieds lors de la marche évidence. La désorganisation de l’inhibition – la mobilisation de l’omoplate pratiquée
sont rythmés par cette forme de stimulations réciproque entre muscles agonistes et sur le sujet couché sur le côté et l’exercice
auditives [25]. antagonistes perturbe le jeu articulaire. Les d’ouverture de l’hémithorax sont associés à
Exemple : le sujet, couché sur le dos, élève secteurs utilisés sont diminués. l’inspiration et combinés à l’élévation du
bras droit, jambe gauche, puis bras gauche, bras.
Dans les formes à prédominance axiale de la
jambe droite alternativement. Cet exercice MP, l’amplitude du mouvement de rotation
est pratiqué sur des rythmes variés, en ¶ « Persévération tonique »
opposée des ceintures scapulaire et
conservant l’amplitude et la coordination du pelvienne est diminuée ou nulle. La La « persévération tonique » ou
mouvement. coordination entre les mouvements de la « innervation tonique » désigne le trouble
colonne vertébrale et la rotation conjuguée postural particulier qui apparaît au cours de
¶ Perte de force musculaire
du regard est compromise, avec pour la MP et qui fige le malade dans les attitudes
Elle n’est pas directement altérée par la MP, conséquence des troubles portant sur les les plus étranges au cours de ses activités
mais la diminution insidieuse des ajustements posturaux nécessaires à quotidiennes [30].
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26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
On connaît le cas de ces patients qui, Le premier temps de la rééducation consiste Exemple : le sujet est à genoux devant
lorsqu’ils se chaussent, restent figés comme à faire découvrir les défauts d’appui et de l’espalier et se saisit, bras tendus, d’une
des statues dans la position courbée, tout en placement à l’origine du déséquilibre barre située à hauteur d’épaules. Sur le
tenant leur chaussure à la main. La cause du postérieur. Il s’agit ensuite d’exercer le temps expiratoire, il étire la région dorsale
phénomène de « persévération tonique » patient à se porter vers l’avant par différents en abaissant la poitrine. Le praticien peut
s e m b l e l i é e à l ’ i n s u ffi s a n c e d e l a moyens : les cures de procubitus, le majorer l’effet correcteur par un appui sous
décontraction des muscles agonistes, déplacement contre résistance, les exercices le sommet de courbure.
devenus antagonistes par rapport au groupe en balnéothérapie contre la poussée de l’eau,
des muscles devant entrer en action. ou les postures en appui facial entre les ¶ Douleurs
Le cercle vicieux, immobilité et exagération barres parallèles [4].
des réflexes de posture, est à rompre soit en Dans la MP évoluée, les douleurs sont
Exemples :
agissant sur l’immobilité, soit en agissant sur présentes dans 60 à 70 % des cas [13]. Elles ne
les réactions de postures. – le patient debout, adossé au mur, se porte sont pas associées à des troubles sensitifs
en avant pour quitter l’appui dorsal. Puis il objectifs. Elles s’expriment de différentes
La mobilisation passive et la mobilisation manières :
place ses mains sur les épaules du praticien
active, plus efficace, sont des agents
qui se tient devant lui et le pousse pour
thérapeutiques qui modifient les réflexes de – pseudorhumatismales : elles siègent avec
avancer.
postures. prédilection sur les grosses articulations, les
La rééducation de l’équilibre est un point
L’intérêt des ballottements ou vibrations épaules. Elles sont en rapport avec la
clef du traitement [ 1 8 ] . La répétition
mécaniques est reconnu de longue date de répartition inégale du tonus qui provoque
d ’ e x e rc i c e s g y m n i q u e s d e d iffi c u l t é
façon empirique et semble avoir une action des attitudes articulaires déséquilibrées et
croissante est proposée au patient. Ces
excitodynamique réduisant l’effet des organise parfois des déformations ;
programmes sont construits autour de
réactions de posture. positions gymniques variées comme la – douleurs à type de contractures ou de
quadrupédie, la position assise sur un ballon crampes : très fréquentes, pouvant siéger sur
¶ Astasie ou la station debout, afin d’exercer le patient les mollets mais aussi sur les muscles
dans des attitudes corporelles différentes ; paravertébraux ;
Elle se manifeste par l’impossibilité de
maintenir la station debout stable. Elle – le sujet, en position à genoux dressés, – douleurs associées à un phénomène
participe aux troubles posturaux de la MP. attrape la balle que le kinésithérapeute lui dystonique : elles fluctuent avec l’état
En condition normogravitaire, la projection lance dans différentes directions. L’exercice moteur du patient, mais sont souvent plus
du centre de gravité est décalée vers se poursuit dans la position dite du marquées pendant les phases off. Elles
l’arrière, à l’origine d’une attitude debout en « chevalier servant ». Ces exercices sont peuvent réveiller le patient au petit matin
rétropulsion [2]. réalisés sur des tapis épais afin de protéger (early morning dystonia) ;
Elle est plus fréquente dans les formes le patient en cas de chute. – douleurs de type neurologique : avec
akinétohypertoniques que dans les formes sensation de serrement, de brûlure,
tremblantes. La posture pathologique en ¶ Trouble postural en flexion d’engourdissement, sans topographie
flexion du tronc ne compense pas la radiculaire.
rétropulsion ; le corps en flexion bascule en L’évolution de la posture dans le plan
sagittal s’effectue vers la flexion des Les douleurs sont latéralisées et siègent en
bloc vers l’arrière. La station debout sur les général du côté où prédomine le syndrome
talons ainsi créée n’est pas propice à la mise différents segments corporels : grande
cyphose dorsolombaire et extension akinétohypertonique. Souvent évoquées au
en train et à la propulsion nécessaire à la début de la maladie, elles peuvent précéder
marche. La rétraction du triceps sural, en cervicale haute, pour maintenir le regard à
l’horizontale et l’ensemble des articulations les signes moteurs. Quand elles dominent la
limitant l’amplitude de flexion dorsale de symptomatologie, elles altèrent
l’articulation tibiotarsienne, favorise la périphériques dans leurs secteurs de flexion.
Dans le plan frontal, on peut observer des considérablement la qualité de la vie
marche sur la pointe des pieds et tend à quotidienne.
déséquilibrer le sujet vers l’arrière, lorsque inclinaisons du tronc, les membres inférieurs
debout, immobile, il veut poser ses pieds à serrés, les avant-bras en pronation et les bras Les douleurs sont évaluées dans l’UPDRS
plat au sol. collés au corps. pour les phénomènes sensitifs subjectifs et
La position de référence, innée pour partie lorsqu’elles sont liées aux mouvements
D ’ a u t re p a r t , l e s s i g n e s c a rd i n a u x anormaux (items 17 et 34). Elles sont
concourent à perturber les réactions et acquise par les apprentissages moteurs,
n’est plus maîtrisée. Le contrôle continu par souvent corrélées à l’importance des
d’équilibration et créent une sensation fluctuations motrices, à la dépression et aux
d’instabilité : la rigidité ne permet pas à le tonus postural contre la force gravitaire
est fortement dérégulé. Ce déséquilibre se troubles du sommeil.
l ’ a p p a re i l l o c o m o t e u r d e s ’ a d a p t e r
efficacement aux variations des positions, et fait au profit des muscles fléchisseurs contre Les douleurs sont soulagées par l’ajustement
l’akinésie rend les réponses motrices les muscles extenseurs. Les phénomènes des médicaments antiparkinsoniens. Elles ne
imparfaites [22]. Les troubles de l’équilibre rétroactifs d’origines visuelle et doivent pas être une raison d’exclure le
sont aggravés en phase off. En phase on, la labyrinthique qui pourraient compenser le patient de l’activité physique. Celle-ci est
présence de dystonies ou de dyskinésies trouble postural semblent peu efficaces chez adaptée de manière à respecter la règle de la
s o n t re s p o n s a b l e s d e d é s é q u i l i b re s les patients parkinsoniens [34]. non-aggravation.
particuliers, en inclinant de manière brutale La posture est évaluée à l’item 28 de La rééducation a aussi une action
et imprévisible le corps vers un côté. l’UPDRS en périodes on et off. préventive. Les déformations vertébrales, les
La stabilité posturale est évaluée à l’item 29 La gymnastique proposée en phase on ou la raideurs musculaires et les mauvaises
de l’UPDRS. Elle n’est pas liée à un déficit mobilisation du patient en phase off attitudes en position assise favorisent
v i s u e l , v e s t i b u l a i re , c é r é b e l l e u x o u privilégient la recherche des secteurs l’apparition des douleurs.
proprioceptif. Elle est mise en évidence par d’extension, les mouvements de Les agents physiques ne sont que des
les examens posturographiques [16] . Elle redressement, d’autograndissement et palliatifs, d’ailleurs inconstants. La
s’accentue lorsque le patient lève les bras. d’ouverture. Le redressement corporel est balnéothérapie par bains chauds donne aux
Elle est responsable de chutes en arrière facilité par la pression de la main du parkinsoniens, pendant les 30 minutes où
lorsque le sujet est en position debout ou praticien placée au niveau de la nuque du on les laisse dans l’eau, l’illusion, vite déçue,
cherche à reculer. patient. d’une « guérison » possible.
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Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
Le massage est efficace s’il est peu étendu et Une organisation simple peut prévenir de Exemple : les enveloppements chauds
limité aux structures douloureuses. Il associe tels incidents : avoir un matelas (bouillottes, serviettes chaudes) et des
les frictions et les ponçages sur les points suffisamment ferme, une table de nuit étirements des muscles concernés facilitent
d’insertion, ou les pétrissages locaux sur les accessible, avec une veilleuse, et un urinoir. la sédation des douleurs du petit matin.
muscles douloureux. La mobilisation passive
permet l’étirement des contractures. La ¶ Hypotension orthostatique
physiothérapie complète l’effet antalgique Signes d’alerte.
du massage : utilisation des propriétés L’hypotension apparaît être un phénomène – Amaigrissement.
thermiques des ultrasons ou de la chaleur très fréquent, pour ne pas dire constant, chez – Déshydratation.
humide dispensée sous la forme de les parkinsoniens [23]. – Hallucinations visuelles.
compresses chaudes (hot-pack). – Fréquence et intensité des
Ce phénomène est une conséquence de la
Exemple : le patient est installé en décubitus mouvements anormaux.
MP mais est aggravé par l’immobilité et les
latéral et le soin débute par une mobilisation – Confusions.
séjours prolongés au lit, les températures
du scapulum sur le gril costal, en insistant – Absence brutale de phase on
élevées (éviter de prendre des bains chauds), après les repas.
sur les secteurs d’adduction et la poussée lors de la défécation (association
d’abaissement. Associées à ces manœuvres, – États fébriles.
de la manœuvre de Valsalva et de la poussée – Augmentation de la fréquence
les frictions sont pratiquées sur les muscles
abdominale), les efforts physiques qui des chutes.
fixateurs de l’omoplate, et le pétrissage peut
peuvent induire une baisse de tension – Hypotension.
intéresser le corps musculaire du trapèze
artérielle. Celle-ci est autant marquée lors – Fausses routes.
supérieur.
des exercices statiques que dynamiques. – Rétention urinaire.
¶ Constipation L’hypotension peut survenir après la prise – Constipation opiniâtre.
Décrivant l’évolution de la MP, sir des repas et il convient alors de fractionner – Insomnies.
J Parkinson [26] écrivait : « Les intestins, dont la prise de nourriture en collations légères et
les fonctions n’avaient pas été modifiées fréquentes. Il est préférable de rester en RÉÉDUCATIONS DES TÂCHES
jusque-là, nécessitent maintenant, dans de position assise lors de la réalisation de PERTURBÉES
nombreux cas, des stimulants d’une très c e r t a i n s e ff o r t s , c o m m e j o u e r d ’ u n
forte puissance. L’expulsion des fèces hors instrument à vent. Pour certains patients, ¶ Troubles de la marche
du rectum nécessite parfois une aide des collants de contention sont utiles.
mécanique. » Mise en train
Le risque d’amaigrissement supérieur à 5 kg ¶ Troubles du sommeil Pendant les phases off, le patient décrit la
est q uatre fo is p lus él ev é c h ez l es sensation d’être « collé au sol ». Cet
parkinsoniens que chez les personnes saines Ils sont fréquents et sont responsables de enrayage cinétique peut aller du piétinement
de même âge. Il est nécessaire d’avoir fatigue au cours de la journée qui suit. Le jusqu’à l’impossibilité de démarrer la
recours à des suppléments caloriques, au patient a des difficultés à s’endormir, les marche, et correspond à la perte d’initiation
réaménagement de la prise de protides au réveils sont nombreux. Les cauchemars et du programme moteur.
cours de la journée. Une consultation les rêves agités peuvent traduire un
Le trouble à la mise en train vient de la
diététique est souvent nécessaire pour surdosage médicamenteux [21].
difficulté à transférer le poids du corps sur
conseiller le patient sur son alimentation :
Les troubles du sommeil sont favorisés par un membre portant et permettre ainsi au
légumes crus, riches en fibres, doivent
le maintien dans une pièce totalement membre opposé d’avancer. Plusieurs
figurer au menu d’au moins deux des repas
silencieuse et dans le noir absolu. Il est stratégies sont décrites et chaque patient
de la journée. Le son d’avoine augmente le
possible de prévenir ces phénomènes en trouve celle qui lui donne satisfaction.
volume des selles et stimule le réflexe
laissant une lumière discrète allumée dans Exemple : élévation exagérée d’un genou,
gastrocolique. Les apports hydriques sont à
la pièce ou un rideau légèrement ouvert, p ro j e c t i o n a n t é r i e u re d ’ u n m e m b re
augmenter.
d’éviter le silence complet en laissant une supérieur, oscillations latérales du tronc.
Les laxatifs doux, les lavements, sont
musique sourde, ou filtrer les bruits de la
prescrits en dernier ressort et les
rue. Les sensations désagréables comme le Festination
aménagements du traitement médical sont
syndrome « des jambes sans repos », à
réservés aux cas réfractaires à cause du C’est le nom donné à la démarche
prédominance nocturne, obligent le patient
retentissement moteur qu’il pourrait caractéristique du parkinsonien. Le patient,
entraîner. à se lever car seule la marche le soulage. Les
une fois la mise en route réalisée, « semble
formes rebelles demandent un traitement
L’activité physique, la marche, la pratique courir après son centre de gravité » selon la
médical spécifique.
sportive participent à l’amélioration du pertinente description de Trousseau, et ceci
transit intestinal. Le rythme du repos dans la journée est aussi bien pour les déplacements vers
organisé de manière à ne pas amputer le l’avant (propulsion) que vers l’arrière
¶ Troubles urinaires sommeil nocturne, tout en respectant la (rétropulsion). Quelques patients présentant
La nycturie est une manifestation précoce ; fatigue du patient.. S’il est bon de prendre une latéropulsion ou propulsion latérale
elle se complique par des mictions un peu de repos après le repas de midi, il vont de côté.
impérieuses, des phénomènes de pollakiurie faut éviter les siestes trop longues. La La peur de tomber est rapportée par le
et de dysurie qui nécessitent un bilan rééducation peut aider le patient dans les patient. Pour se déplacer, il prend appui sur
urologique. difficultés qu’il exprime à se mouvoir dans le mobilier et a besoin du soutien d’une
La fréquence des mictions nocturnes peut le lit, qui sont une cause essentielle canne ou du bras de l’accompagnant. Les
être diminuée par une restriction des d’insomnies. Les crampes des mollets ou des chutes s’effectuent vers l’avant à la marche,
apports liquidiens en fin de journée. fléchisseurs plantaires s’accompagnent de le plus souvent sur les mains et les genoux.
La pollakiurie oblige le patient à se lever de mouvements de crispation des orteils ou Chez les patients qui chutent souvent, le
nombreuses fois dans la nuit : les difficultés d’extension du gros orteil associé à un équin risque de petites blessures est limité par le
motrices pour quitter le lit et se déplacer, le et un varus du pied (early morning port de protections comme des genouillères
tremblement ou la maladresse, occasionnent dystonia) [36] qui réveillent le patient en fin et de gants de protection utilisés dans
des incidents vécus comme des événements de nuit. Elles nécessitent des ajustements certains sports (planches ou patins à
dégradants. thérapeutiques. roulettes).
9
26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
La lenteur de contraction et de décontraction Exemple : le patient est entraîné à utiliser le Le faciès figé et inexpressif ne présente que
musculaires, en particulier au niveau des contrôle volontaire (pas de parade ou de rares mouvements de clignements des
chevilles, empêche le mouvement naturel de « marche du somnambule ») pour pallier la paupières. La salivation abondante s’écoule
[9, 27]
ces muscles . Le patient reste sur la pointe perte des automatismes de la fonction. hors de la bouche, obligeant le patient à se
des pieds lors de la marche vers l’avant ce tamponner régulièrement les lèvres avec un
qui participe à la propulsion, sur les talons mouchoir.
lors de la marche arrière ce qui accentue la Misères à la phase installée. La parole est rare, sourde et inintelligible.
rétropulsion d’autant que le corps, penché – Hypersialorrhée : accentuée par
en arrière, ne peut se redresser. La les troubles de la déglutition, Le patient, à ce stade de la maladie, a besoin
latéropulsion, qui apparaît lors d’un léger elle est majeure en phase off. régulièrement d’être mobilisé afin de briser
déséquilibre sur le côté, est de même nature, – Hypersudation : elle peut le carcan de la rigidité et d’éviter les
le patient tend à tomber car la réaction survenir en dehors de toute déformations articulaires. La pratique de
d’équilibration met du retard à apparaître. dépense physique. mouvements actifs est un impératif. Le
Certains moyens permettent de contrôler la – Sécheresse de la bouche : patient est entraîné à répéter fréquemment
festination comme : le balancement des bras présente en phase on et liée au des gestes simples : élever les bras, tendre
ou du poids du corps pendant la marche, la traitement médical. les jambes. L’alimentation, la ventilation et
marche sur place en levant les genoux, ou – Hallucinations visuelles : la déambulation constituent d’autres
l’enjambement de lignes virtuelles sur le sol. souvent liées à la thérapeutique. priorités (fig 4).
L’entourage est instruit de manière à – Hypotension : orthostatique et
appliquer des tractions rythmiques sur les hypotension postprandiale.
épaules ou le bassin pendant la marche et à – Troubles urinaires : envies Autres troubles de la motricité.
utiliser la stimulation verbale. impérieuses et pollakiuries en – Dyskinésies : mouvements
Exemple : exercer le patient à de longues rapport avec le manque de anormaux survenant pour 75 %
enjambées et à attaquer le pas par le talon. dopamine. des patients à la phase d’état.
L’utilisation de repères visuels au sol est un – Troubles du sommeil : Ils témoignent d’un surdosage
moyen efficace pour entraîner la longueur insomnies, troubles urinaires, en dopamine et apparaissent en
du pas. troubles de la motricité nocturne fin ou début de dose, ou au
se combinent pour perturber le milieu. Simples torsions d’un
Arrêt et demi-tour sommeil. membre ou du rachis cervical, ils
– Hypersécrétion sébacée : donne sont tolérables ; véritables
Le demi-tour est d’autant plus difficile que un aspect cireux au visage. mouvements choréoathéto-
l’espace est petit. Il est constitué de – Constipation : elle gêne siques, ils sont source d’incapa-
pivotements des deux pieds au sol. Le l’absorption des médicaments. cités majeures en phase on.
patient tourne les épaules sans que le pas – Troubles cognitifs : au-delà des – Dystonies : elles marquent très
change de direction. troubles des fonctions nettement un déséquilibre
Au moment de l’arrêt, si le patient ne exécutives, les troubles cognitifs articulaire. La palpation
contrôle pas la vitesse, il tend à partir en de la mémoire à court terme retrouve un groupe musculaire
avant, et si la rétropulsion est marquée, il sont liés à la difficulté du fortement contracté au
perd l’équilibre en arrière. contrôle attentionnel. détriment des antagonistes. Les
La marche est évaluée par l’UPDRS à – Troubles du comportement : dystonies fluctuent avec les
l’item 15 pour les activités quotidiennes, et à traumatiques pour l’entourage changements d’état moteur du
l’item 30 pour l’examen moteur. Le freezing et compliquant la prise en patient. Elles sont réductibles.
est évalué à l’item 14, « piétinement lors de charge. La rééducation utilise des stimuli
la marche ». cutanés au regard des muscles
L’ensemble des troubles de la marche est correcteurs. Pour les dystonies
beaucoup plus marqué si l’espace est Stade de la maladie du tronc, la stimulation de la
restreint ou encombré. Le piétinement rend évoluée réaction de redressement peut
dangereux la traversée de larges rues. Il être recrutée en provoquant des
apparaît sans que le patient le prévoie pour déséquilibres.
Le temps de liberté motrice au cours de la
passer la porte de son immeuble, pour entrer – Syndrome de la chute de tête
journée se réduit, l’amplitude des
dans un ascenseur, pour sortir de l’autobus. (« head drop ») : d’installation
fluctuations diminue et le déclin moteur
La présence de la foule accentue la perte de rapide, la tête tombe en avant,
s’installe. Le patient ne bouge qu’avec une
ces automatismes [ 2 4 ] . Des événements avec parfois une composante
lenteur excessive. Il a besoin d’aide pour
imprévus provoquent ces « attaques latérale. Phénomène rare, ce
effectuer les gestes de la vie quotidienne.
akinétiques » : sonnerie du téléphone, syndrome se caractérise par une
L’entrée dans cette phase évoluée de maladie
c h a n g e m e n t d e re v ê t e m e n t a u s o l , tendance rétractile des muscles
est marquée par la fréquence des chutes [37].
croisement d’un passant sur sa route. antérieurs, associée à un déficit
Le patient ressent une sensation désagréable de contraction active des
La marche à petits pas ne permet pas de de chaleur. Sa peau est huileuse, avec une extenseurs de la tête et du cou.
parcourir de longs parcours. Le patient importante séborrhée, et se couvre par crises La prescription d’une minerve
profite des bons moments (phase on) pour d’une sueur abondante. Le risque d’escarre adaptée est nécessaire.
effectuer les déplacements utiles. serait fréquent si le patient n’était pas
Le patient est encouragé à effectuer des changé de position régulièrement.
promenades quotidiennes. Il y est préparé Les douleurs sont fréquentes : vives au DÉFICITS SPÉCIFIQUES
par des mises en situation : cales à enjamber, niveau de certains groupes musculaires
déplacements dans des lieux encombrés, ou comme au niveau des omoplates ou des
changements de direction [24]. ¶ Déformations
cuisses ; intenses aux niveaux occipital et
Un temps de la rééducation est consacré aux frontal, ainsi qu’au niveau de la vessie. Les Les déformations articulaires ne sont pas
déplacements essentiels en phase off : contractures souvent intenses aggravent le très fréquentes. Elles sont plus
regagner sa chambre, aller aux toilettes. contexte douloureux. communément rencontrées dans les formes
10
Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
Agencement du domicile
Aides à l'alimentation
Fausses routes
Rééducation respiratoire
Aides à l'habillage
18 ans
akinétoéhypertoniques [19] et chez les patients hyperlordose cervicale compensée par la (attitude en varus équin), les orteils sont
dont la mobilité est réduite. Bien que plus projection de la tête vers l’avant. Dans relevés et recourbés en griffe (extension des
fréquentes à la période du déclin, leur certaines formes particulièrement phalanges et flexion des phalangines). Le
survenue est parfois très précoce. invalidantes, le patient ne redresse sa tête gros orteil fait souvent exception : il se
qu’au prix d’un effort volontaire important dresse en extension ou se déforme en
Main qu’il ne peut maintenir longtemps, son « marteau ».
menton retombant sur sa poitrine dès que La puissance musculaire est considéra-
Les déformations de la main sont en partie
son attention se relâche. Un tel trouble blement diminuée et l’atrophie porte sur
responsables de l’atrophie musculaire et des
postural perturbe la déglutition et la l’ensemble des membres inférieurs. Ils se
difficultés à accomplir des mouvements
mastication, rendant pénible la prise des déforment en demi-flexion et adduction. Les
volontaires. Elles s’ajoutent aux difficultés
repas. Une minerve cervicoscapulaire est genoux tendent à se rapprocher. Leur
motrices des patients sévèrement
alors indiquée pour supporter la tête lors rigidité est marquée, et l’on éprouve une
handicapés. L’hypertonie prend une part
des repas. certaine difficulté à les étendre ou à les
importante dans l’attitude que prend la
main. L’hypertonie des muscles intrinsèques La rééducation des déformations vertébrales fléchir.
de la main est à l’origine de la déformation est constituée par l’assouplissement actif et Le pied creux varus-équin, qui résulte de la
en « main d’écrivain » ; l’hypertonie des passif des différents étages vertébraux visant déformation, aggrave les troubles de la
muscles extrinsèques de la déformation en au maintien d’un certain degré de marche rendue déjà difficile par les autres
poing fermé (« main de fakir »). réductibilité de la cyphose et de revalidation manifestations de la MP. L’appui au sol
des muscles profonds du rachis qui assurent s’effectue en général sur la partie antérieure
Vertébrales le maintien postural. L’effet correcteur de la et externe de la sole plantaire, ce qui rend
rééducation est prolongé hors des séances encore plus instable le temps d’appui de la
La cyphose dorsale est classique ; elle était par une installation judicieuse au lit et au marche. La perte de l’autonomie aggrave
déjà évoquée par James Parkinson en fauteuil. La cyphose est parfois si sévère que l’équinisme. Lorsque la déformation est
1817 [26]. Le rachis dorsolombaire présente seul un corset de maintien passif peut devenue irréductible, l’espoir de restaurer la
généralement une attitude soudée en stabiliser son évolution. station debout est très compromis.
cyphose irréductible. Exemple : exercices réguliers des muscles du
Un certain degré d’inflexion latérale de la tronc pour le redressement actif et placement ¶ Troubles de la voix et de la parole
colonne vertébrale est commun dans la MP correct du tronc en position assise ; le patient
(scoliose parkinsonienne). La tête est plus serre les omoplates et pousse sur ses avant- Ils sont fréquents et trois difficultés sont
souvent penchée du même côté que le tronc. bras en appui sur la table pour se redresser. typiques de la MP : la tachyphémie (débit
L’inclinaison du tronc se caractérise par la Des stimulations cutanées au niveau de la élevé), l’enrayage cinétique au démarrage et
modicité des manifestations douloureuses et nuque et de la région dorsale aident à la palilalie (répétition de la dernière
l’absence de rotation des corps vertébraux l’extension. La bonne position de la colonne syllabe) [12].
sur les radiographies. On conclurait bien vertébrale ainsi acquise par l’exercice est Une description plus générale de ces
hâtivement que la rigidité est à l’origine de recherchée ensuite pendant la réalisation de troubles soulève des similitudes avec les
cette déformation ; l’examen des muscles du différentes activités de la vie quotidienne. troubles de la marche : la festination de la
rachis montre que celle-ci est souvent, parole. D’autre part, la voix est rauque, perd
paradoxalement, plus marquée du côté de la Pieds et membres inférieurs son intensité ; la parole est monotone
convexité. La déformation du pied parkinsonien est (aprosodie). La rigidité et l’akinésie touchent
Au niveau cervical, les déformations sont assez caractéristique. Il se présente raide, les structures laryngorespiratoires et
constantes. Le rachis présente une étendu, amaigri, tourné vers le dedans articulatoires : lèvres, langue, mâchoires,
11
26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
pharynx. Les troubles de la parole s’ajoutent d’étouffement ou de blocage cervical qui Cette difficulté diagnostique rappelle
aux difficultés d’écriture pour faire de la exprime l’impossibilité de déclencher le l’importance d’un examen minutieux des
communication une incapacité majeure. Le réflexe de déglutition (phase pharyngée). membres inférieurs avant le début de toute
patient est moins tenté de répondre au L’item 7 de l’UPDRS, au niveau des activités séance de rééducation chez les patients à
téléphone ou de prendre la parole dans une de la vie quotidienne, rend compte de la mobilité réduite. Il faut agir avec la plus
conversation à plusieurs. Son entourage lui fonction de déglutition. grande prudence devant une réaction
demande souvent de répéter les propos. Si ces troubles sont majeurs et invalidants, i n fl a m m a t o i re , e t e n p a r t i c u l i e r l e
La parole est évaluée à l’item 18 de l’UPDRS. un traitement spécifique réalisé par des gonflement unilatéral d’un membre inférieur
I l e x i s t e d e n o m b re u s e s m o d a l i t é s professionnels formés à cette rééducation et des douleurs inhabituelles à la
spécifiques d’évaluation de la voix et de la (orthophoniste, diététicien et kinésithéra- mobilisation du membre. Les mobilisations
parole qui notent chaque paramètre : peute) est instauré. Il est accompagné de pluriquotidiennes actives des membres
intensité, timbre, monotonie ou débit. Des conseils alimentaires et de conseils sur le inférieurs, la réduction du temps d’alitement
enregistrements acoustiques sont parfois choix des positions adaptées : en position lors des affections intercurrentes, la
pratiqués. assise, le buste est redressé et relâché, la tête conservation de la station debout et de la
Les stratégies proposées par les m a i n t e n u e l é g è r e m e n t fl é c h i e . L a m a rc h e , c o n s t i t u e n t l e s p r i n c i p a l e s
orthophonistes pour stimuler la motilité des mobilisation doit conserver à la nuque sa préventions.
structures oro-bucco-linguales utilisent la flexion pour permettre l’ascension du
pharynx et favoriser la déglutition. Des Syndrome restrictif
mobilisation, les exercices dynamiques, la
coordination avec la respiration, les actions exercices des muscles du visage et la La sévérité des troubles restrictifs, source de
volontaires [5]. Le patient est fortement incité répétition de mimiques adaptées habituent fatigue, est liée à l’importance des troubles
à exercer quotidiennement sa voix et la le patient à réaliser les mouvements qui orthopédiques axiaux de la MP. La cyphose
parole par des exercices à voix haute. Le interviennent dans la constitution du bol provoque la fermeture de la cage thoracique
kinésithérapeute participe à cette alimentaire. et la « scoliose parkinsonienne », une
rééducation en développant le potentiel inflexion latérale qui limite les mouvements
respiratoire nécessaire à la phonation. ¶ Troubles respiratoires de l’hémithorax de la concavité.
Exemple : corriger l’essoufflement et restaurer Les troubles respiratoires de la MP sont des La liberté des mouvements de la cage
un certain degré de synergie pneumopho- conséquences secondaires fâcheuses de thoracique est restaurée par la pratique
nique. Le sujet est en position assise en certains aspects de la pathologie. Leur d’exercices gymniques correcteurs et
station redressée, les mains placées sur les fréquence et l’intensité de leurs l’application de mobilisations passives
faces latérales du thorax pour guider la manifestations s’aggravent avec l’évolution, localisées au niveau des différentes
ventilation. L’entraînement respiratoire est pour devenir une donnée constante de la articulations sternocostales et costoverté-
constitué d’exercices de souffle phonatoire : maladie évoluée. La rééducation est prescrite brales, ainsi que des manœuvres larges de
temps d’inspiration sonorisée (son « f ») dans la plupart des troubles respiratoires [17]. pressions manuelles sur le thorax, effectuées
lente et complète, puis un temps d’apnée lors du temps expiratoire.
inspiratoire par blocage laryngé, et un temps Pneumopathies d’inhalation
d’expiration sonorisée (son « ch ») pratiquée L’absence de réflexe de toux ne permet pas Syndrome obstructif
de manière active, douce et régulière. toujours de les observer, aussi doivent-elles Les troubles obstructifs sont la conséquence
êtres suspectées chez tous les patients d’un défaut de coordination entre les
¶ Troubles de la déglutition présentant des troubles de la déglutition muscles des voies aériennes supérieures qui
Lors du premier temps de la déglutition, ou (deux cas sur trois au stade évolué). déterminent l’ouverture des cordes vocales
phase buccale, le défaut de coordination des Elles sont la cause d’un encombrement et du pharynx, et les muscles expirateurs.
muscles des lèvres, des joues, de la langue respiratoire sur des poumons préalablement La diminution du débit aérien qui en résulte
et des mandibules ne permet pas la sains. est à l’origine d’une dyspnée.
préhension, la continence de la bouche, la Le désencombrement est préparé par Le mécanisme obstructif est directement en
constitution du bol alimentaire, et son l’application de mobilisations de la colonne rapport avec les signes cardinaux de la MP
acheminement vers le pharynx. vertébrale, du gril costal, de la ceinture (rigidité et akinésie), et amélioré par le
Lors du second temps, ou temps pharyngé scapulaire et des tractions des muscles traitement médical par L-dopa.
réflexe, l’action combinée de la base de la cervicaux. Elles consistent à décoller les
langue et du pharynx pour propulser le sécrétions et à les mobiliser par des Sensation d’oppression thoracique
bolus n’agit plus de façon synchrone avec techniques manuelles telles que des
Elle se manifeste à l’occasion des phases
l’ascension du larynx et n’assure plus la pressions abdominothoraciques passives
d’akinésie et plus particulièrement en fin
protection des voies aériennes. vibrées, ou éventuellement par des
d’après-midi. Elle occasionne une grande
Le troisième temps, ou phase œsophagienne, percussions thoraciques manuelles lorsque la
anxiété.
est ralenti. rigidité thoracique ne permet pas
d’augmenter efficacement le flux d’air Après s’être assuré que la cause n’est ni
Les troubles de la déglutition perturbent cardiaque ni directement pulmonaire,
l’absorption des aliments solides, des expiré. L’absence de toux efficace conduit à
pratiquer des aspirations par les voies l’éducation de la respiration diaphragma-
liquides et la prise des traitements tique, associée à des mobilisations douces et
antiparkinsoniens. L’interrogatoire et nasales et buccales pour assurer l’évacuation
des sécrétions. amples, apporte un peu de détente au
l’observation du malade révèlent de grandes patient qui vit avec inquiétude ces moments
variétés d’expression : de la simple fuite de extrêmement inconfortables.
Embolie pulmonaire
salive (différente de l’hypersialorrhée) à la
pneumopathie sévère. La fausse-route n’est L’embolie pulmonaire de cause thromboem-
Dyspneumie
pas le seul et premier signe d’alerte [31]. Les bolique associe une dyspnée, une
changements d’habitude alimentaire, tachycardie, une sensation de malaise et un Les difficultés respiratoires de la MP ont un
l’augmentation de la durée des repas, la léger état fébrile. effet sur le souffle et la voix. L’émission
perte de l’activité sociale autour du repas, Les signes de phlébite des membres défectueuse de l’air expiré entraînant une
ou bien encore la perte de poids, traduisent inférieurs peuvent passer inaperçus s’ils sont voix faible et éteinte (dyspneumie).
la présence de la dysphagie. Le patient peut masqués par les œdèmes, fréquents dans la La rééducation respiratoire s’appliquant à
également se plaindre d’une sensation MP, et par la rigidité musculaire. une maladie dégénérative a pour ambition
12
Kinésithérapie Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson 26-451-A-10
de maintenir assez de souffle pour assurer re f u s d e p o u r s u i v re l e s eff o r t s , u n présente une pollakiurie nocturne obligeant
l’expression et la communication, et de ne renoncement annonciateur d’un syndrome la répétition de ces mouvements.
pas laisser la situation trop se dégrader. de glissement. Ces épreuves sont évaluées par l’UPDRS au
Rappelons, pour souligner l’importance des Les chutes sont plus fréquentes dans chapitre des activités quotidiennes.
troubles respiratoires, que l’embolie certaines situations comme se lever d’une L’examen note la difficulté et le degré de
pulmonaire et les pneumopathies sont une chaise, faire demi-tour ou ramasser un objet dépendance dans ces manœuvres.
des premières causes de décès des patients au sol. La peur contribue aux pertes
parkinsoniens. d’équilibre : peur des enfants qui courent et La tâche motrice complexe est décomposée
qui pourraient le bousculer, peur d’être en chacun des temps nécessaires à sa
bloqué dans la rue loin du domicile. Les réalisation. Chaque séquence est répétée
RÉÉDUCATION DES TÂCHES torsions et les inclinaisons soudaines du sous la forme d’exercices, comme les
PERTURBÉES tronc, de type dyskinétiques, se produisant déplacements sur les fesses en position
au cours des périodes on, provoquent assise, ou les ponts bustaux avec
¶ Autonomie dans les déplacements également des chutes. La rééducation est déplacement latéral du bassin en position
impuissante à les enrayer ; elles sont couchée. Puis, les différentes phases du
L’objectif prioritaire de la rééducation est de
corrigées par le traitement médical. mouvement sont enchaînées pour entraîner
briser la spirale lit-fauteuil qui conduit
rapidement à l’état grabataire. Le patient, Les troubles de la marche et de l’équilibre le patient à réaliser la totalité de la
assisté par un tiers, est encouragé à se tenir sont à l’origine de complications manœuvre lorsqu’il est bloqué. Ces exercices
debout chaque jour et à effectuer quelques traumatiques et de comportements fonctionnels apportent un peu de bien-être
pas. phobiques concourant à la perte et de confiance ; ils participent ainsi à
d’autonomie. l’amélioration de la qualité du sommeil du
Un autre aspect de la rééducation consiste à
Les chutes sont évaluées, avec et sans patient comme à celui du conjoint.
former les accompagnants aux techniques de
piétinement associé (l’item 13 et 14 de Exemple : pour se retourner dans son lit, le
manutention leur permettant d’aider
l’UPDRS). patient couché sur le dos apprend à fléchir
efficacement le malade à se retourner dans
son lit, se lever du fauteuil et aller aux Les chutes ne doivent pas être acceptées ses membres inférieurs en crochets, à laisser
toilettes. comme une fatalité, mais nécessitent une tomber les genoux vers un côté, à tourner sa
prévention scrupuleuse qui comprend : tête du même côté, et avec l’aide du
La marche à l’aide d’un déambulateur porte
le poids du corps vers l’avant, corrigeant – la correction des déficits sensoriels, en mouvement des bras, à se coucher en « chien
ainsi la tendance naturelle à la rétropulsion. particulier visuels ; de fusil » sur le flanc. Il est plus facile à
Il freine également le patient dans sa course partir de cette position de s’asseoir au bord
– le maintien d’un bon état général ;
incontrôlée vers l’avant. du lit en s’aidant de la poussée des bras.
– la recherche des causes de malaise et leur
Il n’est pas simple de faire accepter l’usage
traitement médical ; ¶ Apprendre à s’asseoir et se relever
du fauteuil roulant. Cette proposition est
accueillie comme le signe irréversible du – le choix de chaussures adaptées et les d’un siège
déclin moteur. Le fauteuil roulant est soins des pieds en pédicurie ;
initialement proposé pour une utilisation La difficulté à se lever d’un siège est une
– le maintien de l’activité physique et la source importante de handicap qui perturbe
temporaire pour des déplacements de stimulation de la mobilité ;
longue distance hors du domicile. Il doit d e n o m b re u s e s a c t i v i t é s d e l a v i e
s’adapter à la morphologie du sujet et – la prise de mesures de sécurité au quotidienne, comme se lever d’un fauteuil
répondre à ses besoins : être pliable pour domicile (supprimer les fils électriques qui profond, s’installer et quitter la table pour
être rangé dans le coffre de la voiture, courent au sol, disposer des sièges et des les repas, entrer et sortir d’une voiture, ou
suffisamment étroit pour ne pas être bloqué appuis stables dans toutes les pièces). aller seul ou sous une simple surveillance
dans les passages exigus, confortable, léger, La meilleure prévention des chutes demeure aux toilettes. Le risque de chute n’est pas
solide et facilement maniable par l’entraînement à la marche qu’il est négligeable lors de ces manœuvres. La
l’utilisateur ou son accompagnant [3]. nécessaire de pratiquer quotidiennement si station assise prolongée est déjà un aspect
possible. De courtes sorties répétées de de l’état grabataire.
¶ Prévention des chutes nombreuses fois dans la journée sont
L’item 27 de l’UPDRS examine cette épreuve
indiquées, de manière à consacrer au total
La chute est un événement fréquent chez les sans l’aide des membres supérieurs pour
plusieurs heures hebdomadaires à la
personnes âgées : un épisode de chute par mettre le trouble en évidence.
marche. Le corollaire de cet objectif est de
an pour 25 % d’une population entre 65 et réduire au maximum le temps passé inactif C’est également en décomposant l’activité en
75 ans. La chute représente la principale au fauteuil, et la durée de l’alitement au séries d’exercices que le mouvement peut
cause de décès par accident. décours des affections intercurrentes. être éduqué et entretenu. La flexion du buste
Les causes des chutes sont multiples. La La pratique d’exercices réguliers d’équilibre vers l’avant est l’élément clef pour se lever.
symptomatologie motrice de la MP est le e n s t a t i o n d e b o u t , d e s d i ff é r e n t s Le kinésithérapeute apprend aux membres
facteur essentiel. D’autres facteurs liés à déplacements, et l’apprentissage des de l’entourage comment, à l’aide de la main
l’âge ou à la dégradation de l’état général techniques pour se relever du sol constituent placée derrière la nuque, faciliter le
interviennent également comme : les des stratégies en amont et en aval du redressement en stimulant l’extension
malaises d’origine diverse, l’hypotension, phénomène de la chute. La mise en place de cervicale ou le retour en position assise en
l’hypoglycémie, les troubles visuels, les moyens d’appel comme les téléalarmes, la stimulant la flexion.
troubles de la vigilance, les épisodes aigus visite fréquente de voisins ou de membres Exemple : le patient place ses pieds écartés,
(fièvre, pneumopathie). de la famille redonnent confiance au patient
légèrement décalés l’un en avant, l’autre en
La maladie rend le patient très vulnérable et diminuent sa peur de tomber.
arrière. Il bascule le buste d’arrière en avant
aux causes extrinsèques comme les pièges pour prendre son élan, pousse alors sur ses
du domicile (défaut d’éclairage, tapis ou ¶ Apprendre à se retourner
pieds et sur les accoudoirs du fauteuil, tout
pieds des meubles). et à se rehausser dans son lit en redressant la tête, afin de se relever.
Certaines chutes ne relèvent pas de ces Le patient évoque volontiers cette difficulté. Chaque temps est démontré, corrigé et
étiologies, mais révèlent une lassitude, un Elle est d’autant plus invalidante qu’il répété pour en faciliter l’apprentissage.
13
26-451-A-10 Place de la rééducation dans le traitement de la maladie de Parkinson Kinésithérapie
Up and Go test (décrit en 1991 par D Podsialdlo et S Richardson). Misères à la phase évoluée.
– Épreuve chronométrée : le patient se lève de sa chaise, parcourt 3 mètres, – Troubles de la
fait demi-tour et revient s’asseoir. Un premier essai est réalisé non thermorégulation : alternance
chronométré et le deuxième essai compte le temps à partir du moment où de sudation intense et de
le dos quitte le dossier. sensation de froid.
– Matériel : une chaise avec des accoudoirs, une marque à 3 mètres de la – Œdèmes : majorés par la
chaise, un chronomètre. diminution des activités
– Conditions de réalisation : compréhension parfaite de la part du patient, physiques, ils prédominent aux
condition de marche usuelle (aide de marche, chaussures). membres inférieurs.
– États confusionnels : liés au
prentissage ou une stratégie de suppléance ? changement de thérapeutique ou
Conclusion. Perspectives annoncent la démence.
« La maladie de Parkinson est une de ces
Toute la subtilité des traitements de affections qui renferment encore tant – Démence parkinsonienne :
rééducation est de permettre au patient d’inconnues, tant de problèmes inexplicables, détérioration cognitive majeure
d’exploiter et d’utiliser au maximum le qu’on y est sans cesse ramené par l’attrait du et tardive.
potentiel moteur qu’il conserve malgré sa mystérieux. » (Brissaud, 1894). – Troubles de la communication :
maladie chronique et dégénérative. Les moyens Si la pharmacologie apporte des solutions sources d’isolement du patient.
d’y parvenir sont de deux ordres : la mise en d’ordre biochimique, si la neurochirurgie utilise – Infections et maladies
place des stratégies stimulant les capacités l’énergie électrique pour stimuler les ganglions intercurrentes : aggravent la
d’apprentissage et la recherche de suppléances de la base, la rééducation contribue efficacement maladie neurologique.
[11]
. C’est un questionnement essentiel que le à rechercher la performance motrice en – Escarres : liées à la dégradation
praticien pose à chaque patient traité et pour situation pathologique dont les objectifs de l’état général et à
toutes les incapacités rencontrées : la ré- fondamentaux sont le maintien de l’autonomie l’immobilité prolongée.
éducation doit-elle suivre une stratégie d’ap- et l’amélioration de la qualité de vie.
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