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Introduction :
Durant ces dernières années, l'opinion publique commence à percevoir que le
travail des enfants est un phénomène massif, les médias propagent un certain nombre
d'idées dont les fondements n'ont pas été réellement étudies. On entend soudainement
parler de "la briqueterie du Bengale", "l'industrie du tapis noué à la main en Inde",
"les mines de charbon en Colombie",..., ainsi que plusieurs autres exemples, mais
quelle est réellement la nature de ce travail dans ce monde ? Quelles ont été les actes
commis pour la prévention de ce phénomène ? Et que reste-t-il à faire ?

1) Définition du travail des enfants :


L’enfance est la période de développement physique et psychique qui
nécessite la protection des adultes. C’est un âge plutôt consacré au jeu et à
l’apprentissage progressif d’un savoir qu’au travail. C’est pour cette raison que le
BIT1 considère que l’âge minimal de travail doit être 15 ans, qui est supposé être
l’entrée dans l’âge adulte.
Le travail des enfants au sein de leur famille, pour aider à la tenue du foyer ou
à la culture agricole, est considéré comme participation bonne et normale même si
c’est un travail un peu dur.
La notion de child labour représente un degré supplémentaire dans l’intensité
du travail, c’est une activité à plein temps intérieure et extérieure à la famille et qui
empêche toute scolarisation.
L’exploitation se rapporte à un travail extérieur à la famille où entre l’intérêt
économique. L’employeur optimise le rapport dominant-dominé pour son plus grand
profit, et l’exploitation se manifeste par un travail abusif «un surtravail ».
On doit noter sans l’approfondir une nouvelle forme d’esclavage :
l’exploitation du corps des enfants dans la prostitution et la production du matériel
pornographique.
Les enfants soldats ont existé depuis longtemps dans l’histoire, et ce genre
d’exploitation apparaît surtout de nos jours sous forme de recrutement des enfants
dans les pays sous-développés.

2) La cause du travail des enfants :


Les enfants travaillent en général à cause des phénomènes sociaux et
économiques, mais il y a d’autres raisons comme la carence d’Etat et certains
comportements culturels.

ㄱ La pauvreté :

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Sigle désignant : Bureau International de Travail
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C’est la raison essentielle du travail des enfants dans le monde. La majorité


des enfants sont obligés à travailler pour survivre, et il est remarquable que ces
pauvres habitent généralement les pays en développement. Chaque membre de
beaucoup de familles rurales dans ces pays doit en général travailler pour pouvoir
subvenir à ses besoins souvent dans des conditions pénibles. Le chômage, le salaire
qui ne suffit pas à la famille, le travail dans les secteurs informels (métiers de rue, ..)
sont les principales causes de cette situation.

ㄴ L’exploitation de la vulnérabilité sociale :


Les enfants qui travaillent sont des membres des familles pauvres situées au
bas de l’échelle sociale. Elles sont représentées par les minorités ethniques, les
urbains sans travail et beaucoup d’autres catégories qui ne possèdent aucun capital
productif suffisant.

ㄷ L’échec de la scolarisation universelle :


Il y a dans le monde 130 millions d’enfants qui ne sont pas scolarisés d’après
l’Unicef avec 120 millions d’enfants qui travaillent en plein temps. L’endettement des
pays, l’austérité budgétaire imposée à cause du manque des moyens pour se
développer sont les principales causes qui obligent l’Etat à laisser tomber la priorité
de la scolarisation. Et puisque les familles pauvres ne peuvent plus couvrir leurs
besoins essentiels, et que l’état n’a pas le moyen d’aider ces familles, les enfants ne
peuvent pas accéder à l’école. D’après l’Unicef 150 millions d’enfants en 1999 ont
quitte l’école avant la fin de la cinquième année d’études primaires. En plus les écoles
sont rares dans les bidonvilles, et si elles s’y trouvent l’enseignement est médiocre,
ceci n’encourage pas les parents à sacrifier leurs salaires pour envoyer leurs enfants à
l’école.

 La valorisation de l’apprentissage :
Dans les pays en développement, la pression sociale en faveur de la
scolarisation reste faible, car les parents eux-même ont commencé à travailler très
jeunes ; c’est pourquoi ils trouvent cela très normal car la «culture » de l’école n’a pas
suffisamment gagné les esprits.
Les points de vue sur l’activité des enfants diffèrent entre les pays industrialisés, où
domine la vision d’un «fléau social » et les pays en développement où le travail
précoce n’est pas toujours considéré comme un échec social. Dans la plupart de ces
pays, l’école ne constitue pas une garantie de gagner sa vie car apprendre un métier
au près d’un artisan est préférable d’être diplômé en chômage.
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 Les discriminations envers les fillettes :


Les filles sont victimes des préjugés socioculturels défavorables puisque
l’éducation des filles est considérée comme un investissement à perte car elles
consacreront leur vie à la tenue d’un ménage : ainsi, seulement 22% des fillettes de
Niger sont inscrites en primaire.

3) La fonction économique du travail des enfants :


Etre un enfant qui travaille c’est être absent des secteurs de niveau
technologique, mais être présent dans les secteurs à forte intensité de main d’œuvre,
c’est à dire utiliser pour les récoltes effectuées à la main là où la qualification est peu
élevée, par exemple en Thaïlande, les familles les plus pauvres consacrent 52% de
leur revenu à la nourriture la moitié des besoins en nourriture de la famille. Alors on
peut dire que l’enfant qui travaille joue le rôle d’amortisseur des chutes de revenu.
De plus les enfants qui travaillent ont un poids dans l’économie du pays, mais ce
poids n’est pas toujours bon car d’une part il diffère d’un pays à un autre, d’une autre
la plupart des enfants qui travaillent sont au sein de leur famille. Par exemple les
enfants qui travaillent au Pakistan dans la fabrication du tapis, travaillent chez leurs
parents. Alors on ne peut pas mesurer précisément l’apport économique du travail des
enfants, mais malgré cette affirmation on ne peut pas nier que l'enfant qui travaille est
un maillon d’une chaîne de production ou de vente, qu’il s’agisse d’une production
agricole ou industrielle. Par exemple l’enfant qui vend dans la rue des journaux, des
boissons, …constitue le maillon final d’une production de masse.
Enfin, on dit que ce travail est adapté aux enfants, mais en réalité, il n’existe pas dans
le monde de travail attribué à un enfant qui ne puisse être effectué par un adulte. De
plus, les maîtres du travail préfèrent mille fois un enfant au travail qu’un adulte car les
salaires d’un enfant sont très inférieurs à ceux d’un adulte. Par exemple, en Colombie
le salaire d’un enfant n’atteint pas le quart du salaire minimal légal.

4) La société face au travail des enfants :


C’est en 1973 que le BIT, une organisation tripartite, a adopté la «convention
138 » qui est spécifiquement consacrée au travail des enfants. Elle interdit le travail
des enfants avant la fin de la scolarité obligatoire de chaque pays et en tout cas pas
avant 15 ans et 13ans pour les travaux légers. Elle interdit formellement toute activité
susceptible de mettre en danger «la santé, la sécurité ou la moralité » des jeunes avant
18 ans. Mais elle n’a été appliquée que par 63 pays, dont seulement une minorité de
pays en développement et parmi eux, quasi aucun pays d’Asie.
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Presque tous les pays en développement interdisent le travail fouetté,


l’esclavage et la maltraitance d’enfants, et réglementent l’entrée au travail par seuils
d’âge et de pénibilité.

ㄱ Donc quels contrôles et quelles sanctions ?


L’arsenal juridique est donc étendu, mais sa portée demeure limitée. Tout
d’abord, les sanctions prévues par les conventions ne sont pas suffisamment
contraignantes. Le BIT fait jouer ses propres mécanismes de contrôle et publie des
rapports réguliers. Les violations des règles y font l’objet de très longues procédures
d’examen, suivies de recommandation. Mais, sur le terrain, ces procédures demeurent
souvent sans effet.
Dans les pays industrialisés, le travail des enfants a été ramené à un niveau qui
permet l’efficacité des lois et des contrôles, mais les moyens de contrôle restent
insuffisants.
Dans les pays en développement, le travail des enfants est d’une ampleur telle
que le respect des lois passe par une condition préalable : la modification du contexte
socio-économique. Il ne sert à rien de fixer un seuil d’âge, si la pauvreté extrait les
enfants de l’école prématurément, si le pays manque d’écoles et si le revenu des
enfants reste nécessaire à une majorité de familles.
Les instruments de contrôle et de sanction (inspection de travail, police,…)
existent pourtant. Certains pays mettent en place des unités spéciales et des
campagnes d’inspection ciblées. Mais partout, effectifs et moyens demeurent
dramatiquement insuffisants au regard des millions d’exploitations agricoles et
d’établissements qu’il faudrait inspecter. Beaucoup de pays se retranchent derrière ce
manque de moyens pour affirmer que la convention 138 est trop difficile à appliquer.
Le respect des lois se heurte aussi à l’absence de volonté politique et à la
résignation générale. L’exploitation des enfants et la violation de leurs droits
présentent des avantages auxquels beaucoup ne sont pas prêts à renoncer. Pour
indispensables qu’elles soient, les lois n’ont pas réussi à éliminer le travail des
enfants. Partout dans le monde, non seulement les interdictions sont violées, mais
même les lois qui n’ont pour ambition que de réglementer certains travaux, sans les
interdire, ne sont pas respectées.
Mettre fin à l’activité des enfants, nécessite d’aller bien au-delà de la seule
réglementation du travail, et d’engager des reformes pour éliminer la pauvreté
absolue. Les années 80 et 90 ont été marquées par l’éveil de la société civile au travail
des enfants, à une époque où le monde prenait plus largement conscience que
l’exploitation de la main d’œuvre du tiers monde était une des conditions de la
globalisation de l’économie.
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 Faut-il boycotter le produit du travail des enfants ?


Le boycott des produits fabriqués par les enfants est un indéniable outil de
pression en vue des usines. Mais un boycott peut avoir des effets de pervers, l'arrêt
définitif du travail des enfants sans leur permettre d'avoir des moyens remplaçants.
C'est pour cela que le boycott constitue une arme à double tranchant. Cet effet
d'avertissement et de réprimande sur les employeurs ne doit être utilisé que pour
organiser une alternative.
Il faut aussi agir sur place, pour cela l’école est d’ailleurs le terrain d’action privilégié.
La clef du succès est l’accent mis sur la qualité d’enseignement, et sur l’implication
de la communauté ; quand les parents s’intéressent à l’école (et reçoivent eux aussi
une forme d’éducation), celle-ci retrouve son influence dans la société.

 IPEC2 : une politique de partenariat :


Les enfants actifs assurent que leur travail est important pour la continuité de la vie
dans leur famille, donc on ne peut pas les priver du travail sans trouver en échange le
moyen d’améliorer les revenus des parents. Cela ne pourrait être établi qu’à partir
d’un projet de long terme.
Le BIT a commencé en 1992 à appliquer un programme «IPEC » financé par des pays
développés. Ce programme a pour but d’éliminer progressivement avec des priorités
le travail des enfants.
Le BIT encore, tout en appuyant les autorités et en amenant les partenaires à agir
chacun dans son domaine, finance les centres de réinsertion.

 Enfants travailleurs : un début de syndicalisme


Les enfants ont commencé à s’organiser dans de nombreux pays, par le soutien et
l’encouragement des ONG et des travailleurs sociaux, par exemple : EJT en Afrique,
NATs en Amérique latine et aux Caraïbes. Ces groupes qui sont organisés autour d’un
même métier sont clairement contre l’exploitation et l’abus des enfants. Mais ils
analysent leur travail comme une nécessité économique tout en ayant un travail digne
et réglementé.
Cela forme la base d'une solidarité future en assurant un travail collectif et un rôle
actif des enfants.
Ces regroupements ont plusieurs avantages :
1. Ils sont identitaires
2. Ils permettent aux enfants de récupérer leur place dans la société, de s’exprimer
et de partager dans les décisions, autrefois ils étaient à la marge.

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Sigle désignant : Programme International d’Elimination du travail des enfants
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Mais la CISL prévient que ces organisations risquent de limiter les enfants et de les
enraciner dans leurs travaux, bien qu’ils aident à faire respecter les droits du travail.

5) Les solutions qui peuvent arrêter ce travail :


ㄱ Responsabilité de la puissance publique
Exploiter l’enfant pour subvenir aux besoins essentiels de sa famille est une
aberration sociale et économique, d’où vient la responsabilité de la puissance publique
d’arrêter l’offre et la demande de la main d’œuvre enfantine.
En ce sens tout dépend de la position de l’état à l’égard du travail des enfants :
-ㅁ s’il est un “Etat-providence” il y pose des limites
-ㅂ Si l’état s’intéresse premièrement aux intérêts privés, même s’il est très
développé, le travail des enfants y est répandu et il y a une faible chance d’en sortir.
-ㅅ Si l’état est en transition, le travail des enfants est une stratégie des familles
pauvres.
- Si les pays sont en développement, le manque de ressources rend l’état impuissant à
protéger l’individu. Et tant que le système est un système de solidarité privée,
familiale ou communautaire, c’est le degré de vulnérabilité des parents qui
conditionne le travail des enfants.
Donc les causes profondes du travail des enfants reviennent au manque de l'exercice
de la responsabilité de l’état vis à vis de l'obligation de scolarisation des enfants et de
la lutte contre la pauvreté.

 La nécessité d’une transformation sociale :


Il faut offrir aux familles pauvres des aides et des moyens qui leur permettent
d’atteindre un bon niveau économique et cela en modifiant le système économique où
les revenus restent très bas et en réfléchissant au mode de répartition des richesses
entre les catégories sociales.
Il faut permettre à tous les individus d'accéder à l’éducation, et cela en
construisant des écoles, en les équipant et en les amenant à la portée des plus pauvres.
Sans oublier de revaloriser le rôle des enseignants, et donc leur permettre une bonne
formation et les soumettre à un contrôle continu.

 Faire respecter la législation du travail :


Par deux voies : la première nationale en créant des institutions qui ont les
moyens et capacités d'appliquer les lois, et la seconde internationale qui introduit une
clause sociale prévoyant une coopération entre le BIT et l'Organisation mondiale du
commerce permettant de pénaliser les pays qui ne font rien contre le travail des
enfants et de récompenser les pays qui prennent des mesures pour éliminer ce travail.
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 De nouveaux rapports Nord-Sud :


Aucun changement social ne pourra être réalisé sans l’aide des pays
développés.
1. Il faut revoir l’orientation libérale imposée aux pays du tiers monde, qui les
oblige de réduire l’aide sociale aux pauvres.
2. Il faut mettre fin à la dévalorisation des ressources de ces pays pour qu'ils
puissent avoir des revenus.
Donc le problème de l’endettement est l’un des problèmes qui ont besoin
d’être résolus dans ce XXIème siècle.
Si les pays se réunissent, on a besoin, selon l’ONU de seulement sept milliards de
dollars par an pour atteindre en quelques années l’objectif de l’éducation primaire
universelle.
Les ONG pourraient insister auprès de leurs états pour revoir les relations avec
ceux qui permettent le travail illégal des enfants.

Conclusion :
Malgré la prise de conscience publique du problème de travail des enfants,
rien n’indique que le travail des enfants tend à diminuer surtout que la pauvreté
s’étend de plus en plus (plus de 300 millions d'enfants travaillent dans le monde).
D’autre part, la sensibilisation à certaines tâches dangereuses risque de faire oublier
les autres travaux des enfants.
Mais la concurrence mondiale économique oblige les états à ne pas
s’intéresser aux aides sociales. Quand est-ce qu’on réalisera que la concurrence se
manifeste dans l’éducation et la réduction des inégalités ? Et quel visage social
voulons-nous donner à notre état et plus généralement à notre planète ?

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