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COLLECTION « CRITIQUE » COLLOQUE DE ROYAUMONT NIETZSCHE mn LES EDITIONS MINUIT (© 1967 by Fonoaron Rovaumon Ennio i 7 i oe oil Foe ete ISBN 27073 097. AVANT-PROPOS Le VIF collogue philosophique international de Royaumont, « Nietzsche >, s'est tenu sous la présidence de M. Gueroult, du 4 au 8 juillet 1964. Nous en présentons les actes, divisés en trois parties: L ’homme et le monde, oft la conception nietzschéenne du monde, et de Ia situation de Vhomme dans le monde, est par- teulitrement analysée. — Il. Confrontations, ob Nietzsche est considéré des points de vue de la eritique des textes, de la comparaison littéraire ow artistique, et d'une. méthodologie comparée, — III. Expériences et concepts, ot les notions de « valeur », de « volonté de puissance >, ¢ d'éternel retour > ont analysées dans leur contenu vécu et philosophique. Mal- Ggré son caractére arbitrair, cette division nous a semblé avoir des avantages de clarté. ‘A notre profond regret, nous n’avons pu reproduire la con- ference de M. Goldbeck, sur Nietzsche et ta musique. Car toute cette conférence renvoyait & Taudition simultanée de mé&- lodies de Nietzsche, que nous devions & lobligeance de TO. R T.F, et & la partition de Manfred, que Mile de Sabran et M. Goldbeck avaient bien voulu jouer. Nous ne saurions trop dire combien, dans ce livre, nous regrettons cette lacune. Dans la plupart des cas, ies discussions ont été reproduites, Celle qui suivit In conférence de M. Karl Lowith a pu dire reconstituée grace A Tobligeance de M. Léwith et des parti ipants, Nous avons di renoncer, dans la seconde partic, & Publier certaines discussions que les exigences @horaire fvalent trop vite interrompues. Puisqu’il weriste pas actueliement 4’édition complite et critique de base, nous avons laissé subsister une cerlaine va- Fiété: dans les référenees, conformément au choix des confé Fenciers. Cest pourquoi tes textes du Nachlass sont cités de ‘maniéres diverses. MM. Colli et Montinari, qui ont bien voulu dire dans ce colloque intention et 1'état de leurs travaux, 26 roposent de publier prochainement une édition enfin com- plite et exacte de 'euvre, comprenant ensemble des notes ‘uivant Yordre chronologique. INTRODUCTION M. Guenovtr annonce Fouverture du colloque, en le pla sit sous Te algne des ‘Trots Mélamorphoser «comment Fesprit devient chames, comment le chameau devient on, fe comment enfin le lion devient enfant.» (I). Celt triple inélamorphose correspondcete Ala paychologie de Nietzsche, Mson'trotation ts qui ts pense?" Ou Ane hisaee oo Tromanite,histolre qui commencerait & peine, et acheveral dana Te surhumain POu bien h une structure des experiences tes concepts, qui trayersent toute. Ia. philosophic de Nietssche ? Sane doute tout evln a a ols ‘Chaque moment de la mélamorphore s des earactires par- enllers, qui doivent Etre considérés de pres. Lesprit qui de- vient chamest eat fort, vigourews, courageo, patient, Fespee- feu. Test & proprement parler « hérolque >, Sex acl sont multiples! dela religion & ia morate, de Ta morate Aa onnaissance. Mats ce quiet comm & totes ces ati rest de porter, Aussi Tespeitchameau_ pore-til toutes les va Teurs'* les vacurs divine, pais le valeurs homaines de In morale, les valeurs de Ia connaissance elle-méme. iro Dour ta, cext oujoure assumer, ae charger, Tel ext le heros, dont Nietzsche dita quil ne anit pas ¢ dételer > (2). Sa ‘devise est Tu doit — que le devoir lui vienne dan Dieu, aan imaltre ou de lubméme. Mais Teapritchameas, chargé de tous ces poids, se hate vers le désert. Co divert hrestil pan =~ awcelh des valeurs Givines et Numaines la découverte dune absence radicale de la valeur ? Le moment méme ole dernier homme povsse fon eri: «tou est vain > Male A ce point le chamea de- lent lion. Car au Tiew de sombrer dant le niilisme du der- homme et du désert i en prend a principe meme dont 10 nierzscHe les valeurs dépendaient, et dont dépendait aussi te néant des valeurs. AU « Tu dois >, le lion oppose un « Je veux >. ‘Au prineipe des valeurs, i oppose un tout autre principe, pour des Evaluations futures jusquialors inconnues. Au Oui du che meau, qui consiste & assumer, il oppose un Non triomphant 4 pigtine tous les fardeaux, méme celui du niilisme. Il est Uibre, il sit dételer ‘Mais il manque an lion une derniére métamorphose : le devenir-enfant, le moment de la transmutation. Car Venfant fait mieux que de Tutter + ila déja oublié, il ne sait pas en- core porter ; il est « innocence et oubli >. Cest en lui que Tee valuations eréatrices se substituent non seulement auz ‘au principe de toute valeur établie pos- ‘dépasse-til Te Non du Lion vers un nouveau Oui — mais ce Oui n’est plus eelui du chameau qui porte, est celui de Menfant-joueur qui erée, une affirmation qui se ‘confond avee In Tégéreté. Nous devons penser au destin final sa puissance de destruction, reste tout entiére tendue jusqu’at, dernier moment vers cet idéal d'affirmation, de joie, presque ide béatitude, PREMIERE PARTIE L'HOMME ET LE MONDE SELON NIETZSCHE DE LA BEATITUDE CHEZ NIETZSCHE HENRI BIRAULT T1y a quelque chose de doublement paradoxal dans le chole de Vidée de béatitude comme introduction possible a la pen- ‘be de Nietzsche. D'une part, en effet, la béatitude en elle-méme ne se présente jamais comme une ‘introduction, mais comme une. conclu ‘ion, elle n'est pas initiale ou initiante, mais terminale ou conciuante. Cest toujours & la fin d'un certain itinéraire de Pame (tinerarium mentis) que nous la trouvons, comme Ia r6- compense, comme la fine fleur ou encore comme le beau mk rage d'un grand travail, d'une lente maturation, d'une vieille nostalgie. En bonne logique done, on ne devrait pas com ‘meneer par elle, on pourrait tout au plus finir avee elle, Mais, d'autre part, et surtout, (car il s'agit maintenant nom plus de la place de cet exposé dans notre colloque, mais de ia legitimité méme de cette notion) on peut se demander ce {que la béatitude peut bien avoir & faire avec la pease de Nietesche, Quels sont, en effet, les concepts fondamentaux de cette phi- losophie ? La tradition en distingue trois : le Surhomme, PBternel Retour, la Volonté de Pulseance. Le sens propre, Vor: Are logique (et méme simplement chronologique) de ces trois notions demeurent, aujourd'hui encore, passablement obscurs. Mais une chose au moins est claire, c'est que, parmi ces trois themes essentiels, aucun ze semble avoir de rapport direct aver la béatitude. La béatitude, ou plutot, le concept que toute philosophies et toutes les religions du monde nous apportent de Ja béatitude ne peut ainsi manquer de sus rnietzschéen peu averti et aussi chez 1e mictzsché des résistances immédiates et peut-ttre in ‘Le nietzschéen peu avert oublie alsément TEternel Retour et demande tout de suite comment on pourrait jamais concl lier Vinévitable quiétude de la béatitude avec Vidée de dépas- sement sans limites qu'évoquent aussi bien le Surhomme (e un Pont et non un but », une fléche et non une eible), que cette “ Nusrascne eng th meee Sh es fe aoe el ee eee, Pt ea Bus State a pa sin eae ee aa dine gots ee seamen tf yee ea SRE rs a ou gute mee cme coe cl fe En ane ren a, ee ia wo se Geanue, ert lets, enh eh ay ale Reilonen, ai encore Nietosehe, wale Rel Secon = ein ie fiche Wi ‘eeischen veg mie (Ge an 1h Ss Lay tearencesrenvolent hia grande edtion Kroaet @) Wile eur Mochi 4 1000 (B Nlattche fps ea. De La BEarrTUpe cnex NtETzscHE 5 8 pea Tunité profonde et encore énigmatique des trois thimes mentionnés, Mais tout e qui le rapproche de cette unité seme Be Téloigner ausel dela Beatude. Nest pas va en effet qWau moment méme et 4 Vendroit meme ou Nietsche an. once, cette religion sublime, il nous demande aussi devote ‘expérimenté tous les degrés du acepticisme ».- et de nous & 2ire baignés avec volupts dans des torentsglacs ,faute de {Qo ata : vous naurie pas droit heeltepensée res Je feral en garde, poursat encire Nitsshe conte les csprils rédules t exalts > (On, oly rédulité et Ta plas” grande. exaltation ou, Plus grand risque de erédulits et exaltation, sinom dans In Béattude ? Si, comme le repite Nietzsche plusieurs ole le doctrine de Féternl retour dot ttre considérie «als Hammer ln der Hand des machtigsten Menschen.» —- comme. martenu dans ia main de Thomme le plus puissant, comment trouver dans cele docrine trés martlane et its martelee qQuelque chose qui s'apparenterait encore, de pres ou de loin, iM elfue nous appelons In beatitude ? Comment le philosophe ai philosophe avec le marteau pourrait ere jeruis Blew: eureun, beat om beatus ? ‘Teh bin feindslig. écrit Nietzsche. gegen alle Lehren, welche ein Ende, ele’ Rue einen « Sabbat aller Sabbate > ins “Auge fassen, Solche Denicweisen kennzeichnen gurende, Teldende, oft auch absterbende Rassens- » @)- Pourguot fnalement cette « Feindseigtelt » contre ta « Selighett»'? Pourquoi este animate contre la beattade’? Peut-dire, parce que Nietssche.pergit Tabime qu sepere Te vrai bouheur (Glick) dela beatitude (Selig). Te, vrai Tonheur (non pas te bonhedr du dernier homme — forme abitardie dela béatitude)reléve de in chance, du hasardy de Taeciden, de Pévénement. de la fortune, da forta : {ertuna’~ fortasse; en anglais : perhaps happiness). OF la beattude mst pas Ie comble mais fecontrare de ce onteur fraccux et gratull En eft, In bealtnde le soue de a hee. Uitte expriment Ia yolonté de'confurercste part de conte genes qui est Testenca mméme bonheur, homme de le Beatitude ne veut plus &tre exposé aux mille coups de le fortune, h cette stupeur, Ac déchirement que prowequent le bonheur ausst bien’ que te malheun, ron ef Tentre toujours Insoltes et assee monstruea Il veut toucher tere une bonne fois pour toute. Ine Ini sufft pas dere heureus il veut ttre Biemheurevs, il'veut se-reposer dans le certitude de @ a 1m. (9) Die Unschutd dea Werdens (Krbners Taschenstagabe), pe 16 Nuevas Yunum necesearium. I veut mourir, jl veut dormir et ce 8 éternel et ce sommell éternel, if les et éternellement bienheureuse ! Ain fauve, elle fait notre salut, nous nous sauvons, nous nous fenfuyons, nous ne sommes plus d'ici : phénoméne de sous action, de fuile et de ressentiment, la béatitude veut tou- jours linconditionné, absolu, 'éternel, elle refuse, elle recuse a tendre, Tinnocente, la puérile cruauté du hasard, elle jette Je mauvais al sur toutes les faveurs et défaveurs de Vexis- tence, Elle dit non a Ta vie. ‘L’homme de la béatitude est homme de Vidée fixe, d'un seul bloc, d'un seul amour, d'un seul dieu, d'une seule foi Sun barbare, au fond. ¢ Die Liebe 2u Einem ist eine Bar- bare : dem sie wird auf Unkosten aller Ubrigen ausgeibt. ‘Auch die Liebe 1 Gott > (6).. A ce monoldéisme, & ce mono- théisme, & ce + monotono-ihéisme > (Vexpression est de Nietzsche lulsméme), incapable depuis deux millénaires d'avoir inventé un seul nouveau dieu (7), Nietzsche n'a pas cessé d’op- poser Tesprit de tolérance arisiocratique, Je scepticisme vie ‘et militaire (mais nullement « militant ») de ceux en qui Péveille Vinstinet eréateur des diewx nouveaux. Lvhomme de Ja béatitude a enfin penétré dans le temple (fanum), le temple unique de la vertu, de la vérité et de la félicté, curieusement identiiges. Comment un tel homme ne serait-il pas fana- tigue ? Or, ce fanatisme, toujours signe ou symptOme d'une volonté faible et servile, est précisément ce qui nous empéche de devenir créatours, car celui seul est capable de eréer, dit Nietesche, qui ne er en rien, « Teh glaube an ‘nichts mebr — das ist die richtige Denkweise eines schopfe~ risehen Menschen (8). ¢ Je ne crois plus en rien — telle est ia juste maniére de penser d'un homme eréateur >. ‘Ainsi, contre la béalitude « sabbatique », et & Vombre du nihilisme parfait, Nietzsche trame une nouvelle alliance + ‘elle des sentiments héroiques et du seepticisme guerrier, celle de Ia discipline mifitaie et de la discipline scientifique, celle ‘du vrai eréateur et du noble traltre de la connaissance... A tout ce qu'il ya de béat dans la béatitude, Nietzsche oppose la béance d'une eréation toujours ouverte, au sourire de Boud- dha, le fou-rire de Dionysos, & Thomme de la béatitud prétre de son idéal, le surhomme qui en est le maitre, & Is pretrise, Ia maitrise, & Vesprit de fol qui est comme Palais D Tenet, § G) wfoet Tenrtgnsende beoabe und nicht er Antichrist Wilh p 2958 san 24 a slnniger never Gott +, Di LA whariTuDE cuz xuETzSCHE 7 thétique de la distance » (Das Pathos er Distansy, et adel Ganerage, plus rien & prendre, plus rien A demander, it ne cer yg arti as eats is desist erm ie eee act oe oe at A ti ar ae sont les suivantes - = Ht (@) = Tasofera KBsate. Nibiiemes als Lengrang_ eines wahrhaften ‘Wall, einen Seiny ene plche Denkivese netn y Wea, Wks 1 erases, no ath igre ew sek ME Tas ie Ga ie ae ore ‘Gt Lust hest'> (10) que dois-e faire pour devenir bienheu- ea) eee a So be at a a ee tear oe Fee le i ete Meh ogen eg cate 1 wreRasae et Wabord te texte dans sa forme aphorstique. cette oe eto nn i uring i fn he monte vee tegen ol ions a ei eee ae pie et ie ae tog deans eo eae re es, qui ext socratigue, c'est évidemment d'abord T'igno- ome ah seen cee tr me nic cma ne ou ote spor Pour elle silence du disciple devant cette réponse renversante Pepto chat oleic ear tte it rete waa home eaelae Sma meen ete te Se ta fa eateries eS he ek s i eiapiine foci Nee ee te ae, tang bn soe fee pt (40) XI, 2, 4 274, Die Unachald dex Werdene 1, p19. De LA MATITUDE CHEE NUETZSCHE 9 sutant que philosophe) et méme comme un métaphyaicien (un ielapyacen cpeant cane de fous in are monde, Shan, Pévaagdse ane nowvele qui poural Cre ena Ia Sonne nouvelle, Sa penate est sina, par exemple, une ¢ An ster Metaphysik > ct'un ¢ Arlisten Evangelium > (une m6 faphysique ef un évanglle artiste. Cette ambiguie melar physico-évangdlique de ia pense nictsehtenne fait probleme. Gutestce que In métaphysique, en elfet ? Cest In science entologique de Tere Immuable, de Fessence éterelie de tout ‘ce qui eat, c'est In acience ontoctheologique. des pre amiers principes et dea premieres cause, cet la aience ca- tholique et radicale de Comnitudo realitatis. Qu’est-ce qu'un Evangile au contraire ? Cest Pannonce dun événement het Foun d'une bonne nouvele (cine Kunde), de quelque chose {le foncitrement historique — fait et gstes de Pomme ou 36 homme-Diew qui interessent le destin des Hommes. Or cette fnnonce, Im nouvelle de ce fat, cette connaissance par ou dire, tout cela n'a pas grand.chose A voir avec Ia spéctlation idlaphysique. Faudratil done. choisir entre tne interpré- tation « métaphysicienne » et une interprétation « évange iste > de Ia doctrine de. Nietzache ? Faudra-til tenler dia: borer” quelque compromis boiteux entre ces deux. lectures possibies ? Non, il conviendra,plutat de se souvenir que ‘Nietzsche veut remanier & la fois la forme de la métaphysique lta forme de Ia religion, remaniement st profond quil fait par détrure jusqu’a tn possbiiteinime de alternative pré= ‘edemment:dvoquee. Gest ainsi, par exemple, que Nietzche peut dire que ta yolonté de puissance est Fessence du monde (Der Well Brsent Ist Wite sur Macht) et présenter en méme temps, &t de mar dre infiniment plus modeste cette méme volonié de pule- [tts comme une nouvelle tstion un analy un arte — concept de la ve (ine neue Flsierang des Begriffe « Le Ben als Wille tus Mech) (Ds Celt ain ntore: qa Nietesche peut dive qu'elle eat le deraler fat vers lequel nous ouvons remonter :« das letste Faktom, ru dem sr Kinane ferkommen > — sana que le mol « fait» représene ict autre howe que I ders instance, dere jriton 8 Te {elle hous. puissons nous adresser pour juger ce qu'il en So, latol ce quit peut en ete dela vies essence, on le voll, nest done point tei logée au ca des choses, elle n'a rien dreldétique ou Gontologique; elle GD Woe. § 017 0 erase ibsomption, d'une eat au contri le rsutat une certain subeo SHLOUEENatton ene cane poston Pine Mion don tas ls ezatfon fun prs nsement done, ane pemetctaon, une caimafon foncerenent humaine, eat aoer rt en iol dre fens ou Te wl cle et em soar aeepecive’ une positon prise sar Ta chore pari do an reece etjamelautclesstme : Das s wes it ats HLS Slon'stieung Gon etwas andere aut geen. Die hikes sc Wetehah » twos Dergeibchs @2), Devas our le fais qi nest rien autre nu fond gee se partes done gutetens postvses erlent pros fe Cnicner 9) ut RoR phen se ft pa tout sek 1 don ples west pus Heat au cone toujours Te ext Faaean'tdtage, le montage une certains experience oan ee rents spiel esapiecomme uh veat > Ui Neesche ne pout ous ntese, ew plus i ne come penet dae'eprogulve > que lars parte: Or jatement la Tis ne parle mate (but sey aut toujours ls fete fev ene ere ge i eyes re gue ae ce tc i be tn tan ictal comme tours fll Coa vacheminer ver 8a Strain rapprochement entre la mciaphysique el Pevangite. Co ec Teanedde's perdsta arate, une tans protegu dana Ss lenge vend ahd eenprer. Levan eot Pannones meiaouselc un fal ou dun gts“ ete nouvel ete sence ea a ol congeratrice une crlsine Nastsre, ane Sea int vende, me 20 Pt cueirement Toujours sane valeur == Le dive 1 pus « po: sgee reat (Steuedelloment« poattoe > parte avi ent Sea Td aetln et vlation Pal donne Informe hea dar iene, enon ace ul est inset el re hee gel So pan eee tattle etalon ex aio, Cesare Se & peri au ninme, Nominees choues, cher Nicasche ent Trou ie priege de’ sss dominante des cratery tee gates eum mot des metre, Cesidine desea ae esect’ ce gut sonmanden! par leat vtta de Ete parolee vet fate et tou ensemble signer Inst Gm Woe a. #588, G3 WE REL GT", cogen gen Postivimas, weleher bel den Phtne- ameren ichabiebt ss fIN str Tatschen ve'wtrde leh tate 1 eel nde Tatmcbee, git fr ofet, nur. feterjctationen, Contre ie vim gul Ped lest nox ghésomines itn i ny a que den ata nfo soudntseépondres son des tlt l''y 69 Jostemeat pom Heo gue den Interpetstions. DE LA REATITUDE ciEZ NrETZSCHE a tuteur, despote et pédagogue = il dit des choses élémentaires til les institue en les disant, etl nous demande de les redire afin de nous en instru. Zarathoustra dit: « ich lehre euch den Ubermenschen ! Der Ubermensch ist der Sinn der Erde. Buer Will sage : der Uber- ‘mensch sei der Sinn der Erde ». Ainsi le surhomme est Te ‘sens de la terre et pourtant il faut que la volonté dise ce sens afin que P'étre du sens devienne le sens de Tetre, Quiestece que le sens ? Crest Te dernier résida de essence dans une philosophie niiliste. Qu'estce que le sens ? Le sens est un certain « vouloir dire » que nous prétons aux choses — un vouloir dire qui est et qu'il nous faut pourtant aire our qu'il soit. Qu’est-ce que le sens ? Crest aussi la direction, Te but, Ia fin, ce vers quot les choses s'acheminent, la of elles ‘veulent en venir, le fin mot de leur histoire, ce devenir qui est leur ttre, eet tre qui est leur devenir, Le dire que dit’ Zarathoustra et auquel il convie ses dis- ciples, — ce dire est toujours le dire d'une volonté qui of donne, le méme dire que celui de ces philosophes véritables dont Nietzsche assure qu’ils commandent et qu'ils légiferent « Sie sagen > so soll es sein (14). — lls disent : voici ce qui doit dtre. Ce qui doit tire est ici ce qui sera de toutes fagons et gui pourtant ne peut étre que par la force de cette volonté qui parle. Etrange situation du sens qui est et qui pourtant est que s'il est proféré. Ainsi la parole qui dit le sens 36 trouve ici clairement rapportée & Ta volonté et non plus & Yentendement ou a Ia raison. Cette parole est encore: logos, ‘mais dans ce logos impérieux et ordonnateur, il_y a mainte: nant quelque chose qui t'apparente aux. Sixe Jey du Dé cealogue, La parole chez Nietzsche comme dans la'Bible est le ‘cepire de la puissance, Et le sens, 4 son tour, une fonction de Ia puissance. ‘Mais d'auire part, cette volonté qui parle et qui dicte Ia forme et la vérité n'a rien d'arbitraire, Elle n'est pleinement volonté et volonté de puissance que lorsqu'elle veut ce qui est, que lorsqu'elle aime le nécessaire : c'est alors qu'elle se pense elle-méme comme un destin ou comme une fatalité, Orage ou foudre de vérité. Ego fatum, dit souvent Nietzsche, toujours conscient de Tdentité profonde de la volonté (ich, e Ego) et de la nécessité (ici, le Fatum). Ainsi la volonté parfaite se délive des caprices du dési, et le destin de son ete n'est plus, pour reprendre le langoge de Leibnis, un 4 destin A la’ turque > (Jatum mahumelanum). Le sens st que par la volonté et la volonté nest que pour le IO Tenet, 20, sai rust ob plop tinge ot tn seen mate i ent sat eA Foe ne ca en urea gir Miche Gs os ie de Oo aa is gol pele gol ny emer gitar rel a ange dated ea cage males 8 te ee Oa se Seat enna Ge Gt 8 ee ripond ya ci, uetn, Tee ar oe a is Bre ld ne sores a a ae al De en oe Ei avon ots fa i te mi gut ee dopant em oe Se ae ery ane er de Pe ne ee a ee TATRA LRN eet ee iow, Dh a an ns a a Ce ee a His ale gorton donde coe aa wee Foy te A a era ere Hearn a eo ee i eo les Caen ne oe ee aeafee Se re ate Roe soins gs sutras scales a ee ae ie ae i A ate ans Soon eee ae fia ints eal arya one a ost Tete ae ee oe a ACS a ce Se eaters rae a coe De La néaritupe cHex NuETZScHE a dale, quelque chose qui est mais qui ne devrait pas ttre et ‘qu ailewr, dans un autre monde, dans une autre vie, dans the autre nature ne serait pan. Cette voloné avide @w sens, fon Te vol, et, nu fond tne volonté 'anéantisement, tne ¥o- Tonté qut commence par dire non a existence, h notre exie- tence insensée, Immoral, deraisonnable. Revlle ou resigns: tion, peu imports, cest toujours d'abord du ressentiment, eb toujotrs dabord aussi de aversion & Pégard de ia sourance. pendant ete voli fandanionemeat te folie de ‘an géndratrice de ideal ascétique est tout autre chose quan héant de volonté :« es ist und tr Dei cin Wille» elle fst tele demeure une volont, et comme le dit Nistsche pour onclure + « liber will noch der Mensch des Michis wollen, fis nicht wollen.- > — Thome préfare encore la volonté dt Fien aa rien dela voonts G2). ets pourquot le maitre ne répondci pas Ala question ? Pourauot resteteil ard a Fangotsse du: daciple, fon potnt Fangotase dela souffrance (ar Thomme ext au contaire Fane ‘mal qui appelle le plus Ta souffrance, et en defaitive, Fanimal Te plus souffrant parce qu'ilet le plus courageux et non point fe plus courageux pares qui soutre e piu. mas beatcou plus prosatquement A fangotsse de eet homme fatigué de sou. {rir candidat 4 la béatitede, A une beatitude.asser plate? re pour devenir heures? Cela je ne tain ‘Pourquoi ee non-savoir et celle assurance et cette dans te non-savoir ? Peut-tre d'abord, tout simple: tment, paree quil n'y'a au fond jamais ren a dire h Vhomme Gui, dtant matheurctx, demande ce quil li faut fre pour Uevenir heures. Peutéire quraucone action ne pest jamais hous faire passer ‘comme ‘insensiblement du malheur” aa bonheur, “de la reali présente de ce malheur qui est & ce devenir'de bonheur qui nest pas encore. Vanité de fous ces Aiscours ! Vanité de toutes cer pratiques, vanité de tous ees dlevenirs ! Peutsire n'y til proprement rien & faire pour de- ‘enir heureux lorsqu'an ne Vest pas deja, peu-tie ny atl {ei aucune transition possible, mais bien ptt, une mutation brusque, un saut qualita, une conversion lastantante, om encore, et pour parler un langage plus précsement nietzchéen GGarce'que plus en rapport avec cette « intellectualte de la soulfrance » sur laquelle Nictssche ne cesse pas d'inssten), tin changement soudain optique, evaluation, interpreta: ton, de perspective 7 Cependans dane ct aveu Uy aussi quelque chose ignorance, de la part du maltre, tre. A savoir, In volonté de pren- “ORY Geneaogte, I, § 28. “ wievzscne dre ses distances & l'égard do toutes les philosophies traditign- faelies et duméme coup, Télaboration encore tacite d’une ‘nouvelle philosophie, ou plutdt d'une nouvelle maniére de phi esopher | le gal savoir, eest-é-dire non plus le savoir ascen- dant, mais le savoir déclinant, non plus le savoir qui monte Gu malhcur vers le bonheue, mais Ie savoir qui descend, qui ‘Aedorde, qui découle de la coupe trop pleine, de 1a grappe trop Imire, de Tastre trop riche : abondance et surabondance pro- Initres, joycuses et doulourevses d'une sagesse et d'une béa- titude dionysiaques | Ce gai savoir, cette sagesse tragique sont ans rapport avec la question qui a été posée. L’absence de ‘reponse » est ici absence de « correspondance >. Répondre A Une question, en effet, cest toujours, au fond, répondre de celle question, est-dire Passumer, la prendre en charge, en prendfe la « Tesponsabilité >, Nietzache refuse cette commu- ante de pensée, dindigence et d'espérance. Cest pourquot i fait silence, c'est pourquoi aussi Il déclare (et cette fois non sans quelque ferté) son ignorance résolue, sa volonté de ne pas La béatitude & laquelle Yhomme malheureux veut aceéder est extte béalitude vespérate que Nietzsche qualiie d’stat idéal de le paresse : « der Idealzustand der Faulheit » (16). A cea philosophies sabbatiques, hédonistes ou bouddhistes, & ces Philosophes du soleil couchant, & ces philosophes essentiel~ Tement couchés, Nietzsche oppose la philosophic du matin et du midi, les philosophes debout, les hommes du grand nord, ‘« nous les hyperboréens » (wir Hyperboreer). Les hyperboréens se moquent bien du bonheur et de Ia vertu, de toutes les terres promises, et des chemins et des flls car ables de nous conduire vers cette béatitude qui a d'silleurs perdu son premier souffle « terroriste > pour ne plus étre Eujourd’hut que Te bonheur du dernier homme : « Mais je Yous en prier messieurs, éerit Nietzsche, .. qu'avons-nous & faire du bonheur... que nous importe votre vertu (le nouveatt chemin, du bonheur) ?.. Pourquoi ‘nous relirons-nous & Téeart? Pour devenir des philosophes, des rhinocéros, des fours des cavernes, des fantimes ? Nest-ce point pour nous déborrarser de la vertu et du bonheur ? Nous sommes par na- {ure beaucoup trop heurewx, beaucoup trop verlueux pour re point éprouver une petite tentation, celle de devenir des Emmoralistes ct des aventuriers. Nous sommes parliculidre- ment curicux d'explorer le labyrinthe, nous nous efforgons de lier connaissance avee monsieur le Minotaure dont on ra- fonte des choses si terribles ; que nous importe votre che- Go We My 38, De LA BEATITUDE Hex NiETZscHE % amin qui monte, votre 8! qui méne dehors, qui méne au bonheur et Aa vertu, qui_méne vers bous, Je le erains.. Vous voules fous sauver'& aide de ee fl? EX nous, nous vous en prions {nstamment, pendes-vous ce Al! » C). Et alleurs et toujours dans le méme sens de cette sagesse sole et lice, divine eh inferale «La préocpation Je sok-méme et de son « salt lernel > west par Veapression ‘une nature riche et sOre de soi + celleci se sovcie comme du dliable de savoir i elle sera hienhetreuse —~ elle ne ¥ine téresse quire au bonheur sous quelque forme que ce sol, elle est force, action, désit, elle impose aux those, el Sattaque (oergre/) aus choses. Le ehratanisme vest que Thypocondrie romantique de ceux qui nont pas les Jambes slides. Partout of la perspective ‘hedoniste passe: a pre- tier pian, on peut conclure A de la souflrance’et A une oer- {nine fnfirmite > (18). Lehomme qul continue en dsant « Aber {eh sage Dir.» esi tn. philowphe dune nouvelle exptoe, Sa doctrine est hyperboréate : ine sagit plus de sevolr c= geil faut fare poor sovtr-dumatheur Ht sgit de Taser faire tout ex qut peot sortir du bonheur, Le « Aber > est le'signe de celle conversion. Que ait ie mattre? I dit : ¢ Sols heurevx on bienbeureux et fas ce qu'il te plait»: La réponse eat vinvolte elle supe pose le probleme résola ‘en elfet, Tes termes ensont ren Yersés, Dans Tancienne perspective — celle de Platon et celle de Hegel ~ le desir la wolonte, Pamoor, Faction, Te traval, tout cela procédatt dumatheur, de Tindigence, da manque, du besoin, de Ia faim de Fappetit, bret dela négatoie, Core rlativement, le boner se. présentait comme le. remplsse- iment, come fe contentement de ce vide, comme Ia detente de cette tension, comme Ia solution ou la dissolution de es Guise. presentait d'abord. comme insoluble. Bret, voulolr, etait at fond, voulolr ne plus vouloir. Le bonheur fait tou Jours au bout du chemin, pour blentét, pour, demain, pour fpres-demain, pour nos enfants, nos peileentantsy dans, Un autre monde, dans une autre vie. Bien sOr, ce bonheur pou. Sait commencer des maintenant, mais ce état jamais qeun timide commencement. Bien str, novs. pouvions trouver un certain bonheur & preparer notre bonhetr, mats ce bonhctr de transition n'tait pas encore le vrai bonheur, la Deaitde En disant « Sols heureux >», Nietzsche se montre mile fos Plus impatient: ce qu'il veut, cest le tout du bonheur el non Point seulement ses prémisscs, et ce tou, il le veut tout de Ga Av», 88 We iP ae Fo revascit st, Tout i bonear tout sie olor, jm TUnrubig cit im Stehn und Spahm und Warten > — de la "vie seconde “jeunesse ! Jardin d’été. Impatient bonheur, eevee get dane Patent "A pars de lar on” peut mesurer Table. qui sépare ces deus Pmanimes en apparence visines (nals Nitzsche ne ait Tultmeme que lee abimes Tes plus crots soot les pus die Felis francair fore son bonheur et etre heureux. Niet che oppose impicitament Ia bassesse de Thomme qul veut fate ton bonur proprer ou bead opérer not saa & oblesse de celui qui'a compris la grandeur de ce comman- dement nouveau 1 Sois heuretx, bienheureus...éterneliement feureux au" cur meme do bonheur, dun seul instant de Beahear, au caur meme du malhetr, dan ablme de malhet. onhcur daventure, bonheur d'aventurier, certs (im Spa and? Warten) Te hasard reste Tl, lx contingenee du bones aC intacte- Mais aussi Glick tm Stehn, bonheur en repos, SSaheur parfait, bonheor accompli, quolque, encore et tou ours ouvert affirmation életante qu'sweun désir ne vendra $iue terns ef cependant,aflirmation chaotique et crtatics, Aa Tond, identifeaton du bonheur et de Ta béatitude cette iuleur A eelte profondeur de la pensée ne peut ere bien utendue qv partir dune autre ieentiiation, celle qutex- Prime cette simple phrase de Nietzsche :-« Hochster Fatal fun: doch identisch mit dem Zufoile und dem Schopferischen {Gelne Wiedernotungin den Dingen, sondern erst 20 schalfen). atetsme supreme, identique pouriant avee le havard et Pac. Tite crderice (gas Ge repetition dans les choses, mais i faut abord fa creer) G9) PEEL Te maltre poursuit « Sols heureux, et alors fois ce ql te plat 2 Cela fignte qu'h parti de Ia Déalitude tous tes désee Zima comme sanctines. Ceui qui iterpréterait en termes de featité cele derniére proposition ae tromperait lourdement. Le préceple est aus sit, plus strict encore que ceux de telnet ancenmen morals onve pati vole fous oe Slate i ferme au contrare ln porte & presque tout ce ul eC appete jusquh present amour, désit_ou volonté Sont Sondarthes et effet ous les desire qul procédent du malheur, Ga'munque, de Tindigence, de Penvie, de In balne. St ta phil Sophie de Witesche seat ‘pas tne nouvelle philosophie, mals te nowvelle maniere de philosopher, c'est justement & ca Ue cette revolution opérée dana Ta forme ou Tessence meme 45 deat, Ea meme temps que la « sophia» ehange de content, fe pheis change de forme. Hine agit pas de désiner Gay Die Unschuld dee Werdens, tome Th, p42. DE LA REATITUDE citez stETzSCHE ” autres choses ou de désirer les mémes choses par autres Imoyens. I sagit de désier autrement toutes ehoses, le mar Uéritles et les spiitulls, Tes bonnes et les matvatses, pour fous et pour les autres. Que sera ce nouveau désir (Lust) ? Et que sera ce nouvel agit (an) ? Que pouvons-nows vouloirdésfer ct vouloir faire forsque nous sommes bienheureux ? Rien, Telle est la re- Ponse que le disciple pourrait apporter’& son tour’ Ta Féponseldu maltre. Et celle réponse serait un nouveau contre: fens. Le commandement du maitre mest ni hedoniste nf quie- Uiste. Le maitre ne dit pas au disciple « fais wimporte quol » ft ine ll ait pas nom plus « ne fais rien >. IVa at bien plutot que cest seulement du trop plein de sa éatitade que peuvent déborder tous Tes désirs et toutes les actions ql Int plaisent, Ainsi le désir a maintenant pour pére (ou plu- At, pour mére) la richesse et non plus Ta pauvrete, Vagi est enfant du bonheur et non plus du matheur, la beatitude eat initiate et non pis terminal, ‘Quel sera ce sir ? Nietzsche te dit danse Zarathoustea : ca sera ¢ Le grand désir >, eeluh qui veut donner et non plas prendre, remercier et non plus demander, benir et non plus {upplier. Parlant de ce desir, Nietzsche ait 2 « Alle Lust til Evvigkeli — will tef,tefe Ewighet » (Ce dtsir veut Téteraita, mais quelle éternité ? Nom potat une élerité qui serait audeld ow at-dessus du deventee une Sterne quljeterat le mauvats ceil & instant qui pase, mala bien au coniraire Péternite, 'éernieation de ce qui ent et de ce qui est cet instant meme. Lthomme bienheureux a fal la paix avec la réalité I est heureux de ce qui est et abee ce ul est, ceat-S-dite pour Nietzsche avec Ta briéveté méme de instant qut passe. Ine demande. pas le prolongement ou Tillimitation de eet Gnstant dans Te temps. A vat dire. ne Gemande rien da touts il ordanne, Hl veut que cet instant fevienne tel quel dans sx fugacité méme, pour une éleraite de fota. Ce vest done pas simple coincidence ale fragment que nous commentons est contemporain de Tepoque ob Nietzsche ont Ia doctrine de Feterel retour dy meme. ‘parti de Ih, on peut comprendre aussi que le « Tun » {sau de cette béatitade sit, & son tour, totelementdlranger aux formes les plus tradtionnellement admises de Taction et de Ia'praxis: -homme bienheurevx est plus soucieux de erer que stair, ow plato, la seule action qu tut semble ttre & la haus teu dean aide ext préintment I creation trval de laeréation qui est cell de Fenfantement. Parole surprenante, ct qui semble contredire ce que nows venons décrite tn a Armant que Phomme heureux se réjouiseit de Pétre, Ceat-h- 8 erascae dire fnalement pour Nietzsche du devenir des choses. Cette surprise repose potrtant sur Ia méconnaissance d'une diffe Fence essentielle entre action et la création ou, plus préci fsément, entre Taction congue en termes de négativité pla tonlelenne, hegellenne, marziste ou sartrienne, comme on voudra, et la eréation telle que Nietzsche la pense, cest-i-dire fen termes essentiellement affirmatifs et Iudiques, et cela, at ‘moment méme oi il Passoele & la destruction, mais toujours fous P'égide de Tamour et de amour qui se réjoult de ce qui eat. ‘Observons d'abord d'une maniére trés générale qu'une phi- losophie de action n'est pas nécessairement une Philosophie de Ia création, de méme quinversement une philosophie de Ia eréation (comme celle de Bergson, par exemple) n'est pas fon plus nécestairement une philosophic de Waction. En réa Tite, Faction est tout autre chose qu'une eréation commencante, et la eréation, de son eté, tout autre chose qu'une action pleinement développée. Ce ne serait peut-ttre pas trop forcer {a pensée de Nietzsche si Yon disait que pour lui le ressort principal de tout ce que nous appelons ection aujourd'hui est Ja baine ou le mécontentement 4 V'égard de ce qui est, tandis que toute eréation veritable proctde de lamour et de amour Seulement, d'une immense gratitude & V'égard de ce qui est, tune gratitude qui justement cherche & imprimer Te scesu de Téternite & ce qui est et qui pour Nietzsche n'est toujours ‘quen devenit, Cest pourquoi le désir qui veut éternité est tin désir essentiellement eréateur, la forme extréme, Indique tt artistique, de Ia volonté de puissance. C'est alors que la Yyolonté se fait amour, sans eesser d'etre volonté et volonté de Puissance, Crest alors que eet amour devient Vamour du né- ‘eessaire « amor fail >, sans cesser d'etre Tamour et la volonté de la contingence des choses les plus contingentes. Cest alors aque la béalitude est béatitude dans le clel du hasard, de Vin Rocence et d'une indétermination pleinement positive... Dans fextte béatitude dionysiaque, Ia nécessité se trouve réconcilige favee le hasard, Yéternité avee instant, Petre avec le devenir, iais foul cela en dehors du temps, de ses Tongueurs, de ses rogrés, de ses moments, de ses. médiations. On le voit, ce Brest pas pour rien que, parlant de eelte « Rekopitulation » Gans laquelle le monde du devenir s'approche & Vextréme de felui de Tétre, « Rekapitalation > que seule peut accompli Jn doctrine de Méternel retour, Nietzsche Vappelle « Gipfet der Betrachtung » — sommet de la contemplation (20). (20) Wee. My 617 DISCUSSION M, HEIMSOETH. Sai seulement quelques mots & dire sur cette brian conference. Pour Nistsche, In philosophic: vale cea ele St parte de ta « richest s,Alur, les moment de bones Aut Claontrares dans In vie de Nicasehe call seamen sa FHehess, et vous Vaver ben montré. Ce qui me rape eat omen le chrstianisme n mis de tenps poor ented It Bilosophie- est putt dans fa patoropfe moderne que ex {hts chrdiens se sont intoduks, ave Tideatomes Ie opt fualinms, cia grande difeence’ entre vay de Plates ot Famour de Dieu pour tes eréatises, eat Tce de rihewes Gattsion, de surabondance. Or est bien ce qui appara she Niclesche lutmeme, Chee Netsehe, on tronve We wo. fon etre rite, dr im ene de entraner one it qul west pas ln verté dune simplices mats use complesité, une vérité de contra t oro jetzsche, est eau qui it dune telle fag ques de sokméme tt'drum certain superna, Accutent mile choses, ef Tamou Gt in prodaction ats M. BIRAULY. tout & alt accord Complesité dx chess oi; cone ‘t apscialement comme mon aml Deleuze, que Is pensée do fontradeions. Meme enire la morale ded mates et fa morale ort ahi oe 30 nurascHE posent. Cest le theme de la distance, ce n'est pas le theme de Pepposition. Car dans une opposition, dans une contradic- tiom on est posé-contre, opposé, mais quand on est posé- contre, on est pose encore tout prés de la chose, contre elle. ‘Or Justement, ‘Nietzsche substitue a cette pensée intime, de opposition, de la contradiction, le thame de la distance. Crest tune simple nuance... M. HEIMSOETH. 11 vagit moins de Fopporiton par exemple dune, clase con ne ated ses oe avn, mas vO fontions qu'on'a dane som eau. Chague personne, chae Real age tetesppesiionsChague getndeperonnalt etostrauetote on eliememe: Et dal de Niece ome Suni sever tts bien, som teal on pew achematique,west-ce Jur Thon du hilt avec Ta force de Casar? M. ROOS. Je voudrais, en tant que germaniste, apporter quelques confirmations Fexposé de. Biralt. Iie semble que Texa- snen silstique du fragment commenté par M. Birault fait Tewortr avant tout intention anlicchrélienne de Nietzsche tu, plus exactement, Tinversion (Umkehrang) des Evangies. {Le nouvel évanglle de Zarathoustra Ia nouvelle « Béatitde », Nictssche les formule en termes chrétiens qui s'opposent iro- iquement A d'autres termes chrétiens. Gn Biraull a ait tts justement que’ aber ich sage dir », tu phrase charnitre du fragment Gat In reprise d+ en ve- He Je vous Te dis >. Mais ily" plus. La forme meme da {exte/son mouvement genéral ct, suri, Ta couleur du style Imonirent netiement cette Umkehrang : par un chlasine sa- Samment equilib, selig werden oppose A sel selig, fan 8 Tue, mass A Lust host. Selig werden designe propeement Vache mnivement vers la felcité ternelie, eestacdire dang Vandel Uhrétlens A cette esperancelointaine une béatitade qu nest ecessible qurau prix dun long effort, sef sellg oppose Ia Dromesse dune fli terest hie of mane immédatment ble et facile A obtenir, poiague ett le premier conse Fe'Zarathoustra A son disciple. A Ia béattade dans Vau-aeld pour laquelle Te diselple sctepiait h Tavance la nécessité du evotr ct du socsfice (Was mrasy ich tun), Zarathoustra op- pose Te'commandement Te plus simple : 2c sellg, comme fa DE LA néariTuDE CHEE NuETZscitE at chose Ia plus évidente et 1a plus sisée. La Béatitude était le Dut supréme : elle n'est plus qu'une prémisse immédiatement réalisable Tun, Vactivité humaine, n'était dans la question du disciple qu'un élément secondaire, préparatoire, simple condition s0u- ise au Massen, nécessaire pour parvenir au but véritable + selig werden. Dans la réponse de Zarathoustra, tun est une 8. fen 80i, le sens méme de la vie, Vactivité qui, comme M. Bi Fault Ta dit, jaillt de Ia plénitude, de la felicit Mais, surtout, & missen, devoir strict, condition imposée que le disciple accepte d'emblée, Zarathoustra oppose, &.1'u- fe bout du fragment worn da Lust hast, autrement dit : Te ‘eaprice du moment, le désir le plus futile: A Ia contrainte, au sacrifice nécessaire s'oppose done ironiquement le consell de auivre son bon plaisir. En plus de opposition de Tiet-bas & Tau-deld, en plus de la substitution de la béatitude immédiate la flicité éternelle, Nietzsche, par une dérision supreme, Femplace le Devoir par le « Fais ce qui te plait ». Les opposk- tions ironiques et polémiques de ce genre sont constantes dans le Zarathoustra et dans le Nachlass de cette période ; Te fragment dont M. Birault a fait Mexégtse est done loin dPétre isolé. L’analyse de la langue et du style de ces textes peut cantribuer a micux fonder une interprétation philosophique de la Béalitude selon Zarathoustra. M. BIRAULT. Je vous remercie de oes précisions. M. de GANDILLAC. Ma remarque, aussi, est philologique autant que philoso- phique. Vous nous avez d'abord indiqué que la béatitude dont ‘Yous parliez, Ia Seligkeit, s‘opposait au bonheur. Sans doute Je terme auquel vous pensiez alors était Glick, a que une certaine idée de « chance >. Mais vous éles revenu ce terme Bonheur dans la seconde partie, sans nous indiquer Rettement de quel bonheur il s'agissait & ce moment-la et dans les textes que vous aver cités ensuite, il ma semblé que récisément « bonheur > élait pris au sens de « béatitude >, ou, tout au moins, ressemblait plus & la béatitude qu’d Ia hance. Je me suis quelquefois demandé & quel terme alle ‘mot francais dont vous usiex. Toute mn est plus ou moins conventionnelle, Pour rendre 2 ievzscHe Jes trois termes que Hegel, par exemple, distingue si nette- ment : Gluck, Glickseligkeit et Seligkeit, it vaut miews, Je frols, adopter un sysléme rigoureux de correspondances et ‘ire, pour le premier, chance, pour le deuxiéme bonheur et pour le dernier béatitude (1). Mais les mots, j'en conviens, Rront pas toujours le méme sens dans tous les contextes et ‘cher tous les auteur M, BIRAULT. Je suis trés sensible & ce que vous venex de dire. I! faudrait reprendre les textes un par un, et ce serait un peu laborieux ac- tuellement. Mais Fidée générale que j'ai voulu exprimer est la Sulvante : est que pour une réflexion philosophique ordinaire, je pense que l'on doit justement opposer a béatitude comme Seligkeit 4 ce qu'il peut y avoir de chanceux, de fortuit dans Te bonheur, comine Glick, En un sens, Je suis parti de 1. Mais ensuite, cc 4 quot J'aurais voulu aboutir, etait Taffirmation chez Nietzsche d'une réconelliation entre Te hasard et la béa- titude : non pas par Ia découverte d'une néeessité eachée au sein du hasard, mais plutdt par Yaffirmation joyeuse d'un hhasard qui, dane sa pulre contingence, finit par rejoindre la pure nécessité du fait, Témoin ce texte de Nietzsche qui optre Je'méme rapprochement que jesquisse ici, mais en_partant toulefois du fatalisme et non pas du hasard : « Le fatalisme exiréme est au fond identique avec le hasard et Pactivité eréatrice > (2). M. de GANDILLAC. Justement, le mot ¢ fatum » introduit une autre tion, Peut-on y voir l'équivalent de Glick, ou songer plutat & Vebeoyl grecque ? M, GUEROULT. Vous avez dit : homme de foi n'est pas eréateur, le seep- tique serait le vrai erdateur. Je voudrais savoir ce que vous jpensez A cet égard du probléme dela vérité. Car pour Nietzsche, Gh Gh Hegel, Propddeatigue, Introd, 23 (te. OM. de Ganda, Ba itt» 38) ‘ah Xa, pis. De LA BEATITUDE cutez NiETzSCHE 33 Tidée que nous pulssions arriver & la vérité, c'est une espice de postulat auguel nous ne pouvons pas eroire actuellement. Ty'a une mauvaise foi, qui est la croyance en la vérité ; mais, ‘cite croyance nestelle pas une condition de Ia recherche, qui est elle-méme bonne foi ? Alors, nous sommes eréateurs, dans Ia mesure oft nous sommes en méme temps des hommes de fol et des hommes qui ne sont pas de foi. Ilya une espéce ambiguité entre la bonne fol, Ia mauvaise foi, et la manvaise foi nécessaire pour la bonne foi. Cette bonne fol eonditionnée par la mauvaise fol, n'estelle pas indispensable & la vie ? Il n'y aurait done pas absolument opposition entre Thomme de foi et le sceptique. Il y a ici une ambiguité, il y a tout un jeu. Non pas une opposition, ni une contradiction, mais une ‘espice de mélange sublil. Voila le probleme que je vous pr& M. BIRAULT. Cest un grand probléme. Crest un probléme extrémement difficile. Pour partir d'une chose tres élémentalre — Je ne sais pas si elle répond exaclement & votre question — tout Gabord selon Nictesche il n'y a pas de vérité dans les choses. Par conséquent, chaque fois que Thomme s'imagine trouver, tune vérité dans les choses, comme si elle y résidait davance, Hest dans Verreur pure ef simple. Et celte volonté de décou- vir une vérilé qui résiderait dans Jes choses est bien une certaine forme de la volonté de puissance, mais représente [pour ainsi dire Timpuissance de la volonté de puissance. M, GUEROULT. Cest cela. M, BIRAULT. La forme véritable de la volonté de puissance, dans ta con- raissance, eat celle qui veut legiféer 1 cestdire imposer ta sens ate choses, at lcu de decouvrir dans les choses ele Imes ‘un sens qui leur serait immanent. "ais Gridemment In question peut rebondir. Netrche veut tia wie sur Ia nf Orta sit rn vty Cen ‘ql ry a pos de veité autre que celle que nows fesons, done Bas do veilé du tout. Cent pourguo la holln de valour rem ou ures, place celle de vérité. n'y a plus qu'un immense systéme d'er- ‘on ne peut méme plus parler erreurs parce que, si fon parle erreurs, cela renvole encore aa verte. Sil vaut fnietx die que (out est erreur, cest pour des raisons théra- ratiques pour hous guérir dine crayance qui nous revient Perpelucliement, dune sorte dete de la vert ou dun sens Eikerent aux choses Mais finalement, la dissolution dela vé- THté about A une dissolution eorrlaive du concept derreur, {enitme que ln dissolution de Petre aboutit & une dssoltion| orrelative de la notion 'apparence. El, 4 ce moment, i fevreste plus quvune hirarehe de jogements de valeur i‘a'y aura done pes de sceplcisme au sens vulgaire du terme. fy aura des jugements de valeur; les ugements de ‘aleur potront fre mesurés en fonction de cei qu les pro- once, ten fonction de leur eet. M. GUEROULT. Ma question concernalt Is précision du mot « seeptque On he peut pas entendre dire : seul le sceptique est créateur. On slots i fat prendre «seopligue > ea un sens lst part cali 1M. BIRAULT. Cest cela méme. Nietzsche parle lu-méme d'une nouvelle forme de scepticisme, virl, militaire ou guerrier, ou encore dune réconeiliation nécessaire entre Vesprit sceptique et Tes- rit hérorque, ou enfin de la dissociation nécessaire des froyants ef des eréateurs. M. GRANIER. wurais voulu faire deux remarques 7 Drabord, le probléme de Ia contradiction chez Nietzsche. 11 ya des textes de Nictasche, oi il se situe par rapport A Hegel. Itai que Hegel « bouleversé toutes les habitudes de la lo- ique, et qu'il y a une promesse de vérité dans cette doctrine. {ime semble que ce texte est A méditer (8). I me semble que ‘MM. Birault et Deleuze expulsent un peu vile In contra- @ Gal Sever, ¥, 357. De LA BeaTITUDE cHE2 NuEr2scHE 3% diction. « Dépassemont de soi >, le mot est hegelien, je le souligne. La volonté de puissance a comme principe Tacle de se dépasser, de se surmonter soi-méme. Si je me surmonte, il ya lension entre un moi qui surmonte et un mol qui est Surmonté n'est-ce pas une contradiction ? Draultre part, je voulais altirer Tattention sur le probleme des rapports de Nielzsche et du Christianisme, Vous aver dit que Nietzsche critiquait 'idée de Diew, mais aussi qu'il se Fencontrait avec le Christianisme, dans la mesure ol il voulalt rétablir la béatitude. Or i faudrait bien souligner que Nietzsche siatlaque au Diew moral, et que s'il met en question Vidée de Dieu, c'est du point de vue d'une morale quil refuse, Ce qu'il refuse, c'est un Diew dominé par ce qu'il appelle la conception ‘moralisante du monde. De ce point de wie la, si le paralldle oil dire fait avee Kierkegaard, n'est-ce pas dans le fait qu'il ya un dépassement du slade moral vers le stade religieux 7 Lépiderme moral tombe, mais vous retrouver Dieu par-del& Te Dien et le mal. 1 me semble qu'il faut faire attention & bien séparer le e3té moral et le edté religioux M, BIRAULT. Je ne crots pas pour ma part qui suffise de dépouiler Te Die chrétien We son piderme moral pour relrouver le Dies nietzchéen. Le dépassement du stade éthique vers le stado Feligieax esi tout & fait insuffisant A mon sens, pour permet tte ‘diablir un parallle enire Nicusche et Wierkegaard, Neitesche affirme ue Diew doit depouiller sa peat morale et quil naiten parla Te bien el le mal, mais ce Diew qui Fenaltra‘par-defa le bien et le mal reste tnfiniment diferent, foncitrentent different du Dieu chrétien. En fait ce quil agit de modifier, cest Tessence méime de la religion, afin de de ager une forme absolument nouvelle de instinct créateur des Dieux). ‘Drautre part, il est bien vrat que cher Nietzsche fly a Vidée un dcchiremen ie déchiremient west pas pense eo ferme de contradiction, Sustement, Dionysos est lacré, mals 1 manitre dont Dionyaoa est lcéré reste A mon avis pro- fondément diferente de la erueiixton du Christ. La notion de déchirement frise, mais {rise seulement, Mdée de contre: fiction. Pour ma part, Fessler de penser la notion de dechi- rement en dehors de Videe de contfadition ou opposition. Wen de, $1008 + 36 Nueresce Et je ne vois pas pourquoi la négativité serait nécessairement Je ressort du dépassement de soi, pourquot il n'y aurait pas Aépassement en dehors dune négation et d'une négation de ‘égation. Ne vous rappelez-vous pas une formule chére & Nietzsche : « toute negation est le fait de Tindigence » (6). Trai fait une trés rapide allusion & la notion de métamorphose. IW'semble que Ia métamorphose chez Nietzsche se substitue & Yidée d'un’ progrés dialectique, car il n'y a pas d'idée plus hostile & Nictesche que celle de progrés M, GRANIER. ‘Cher Nietzsche pourtant, la négation a souvent un aspect de travail vraiment eréateur. Ce théme apparait neltement dans les textes de la Généalogie de la Morale, oi Nietasche parle du phénoméne qui rend Thomme « intéressant >. Il dit que Thomme en quelque sorte, s'est rendu malade, sest déc fa relouraé contre soi set instincts. Nietzsche parle alors de hégation. Cette négation a élevé homme dil mol animal au ‘ot spirituel, Il semble que ees textes-I8 soient quand méme importants (6). M. DELEUZE. Les textes cités par M. Granier concernent homme de la rmauvaise conscience. Or, c'est un homme plein de négativité, qui n'est pas du tout représentant du type supérieur selon Nietzsche. ‘Dans Ie cas de Thomme du ressentiment, ou de Yhomme de la mauvaise conscience, vous trouverez en effet tous les textes que Yous pourrez souhailer, pour rendre la négativité Immanente Thomme. Mais ce sont précisément des textes qui s'appliquent & des types eux-mémes négalifs, {que toute Ia philosophie de Nietzsche a tendance & dénoncer et A dliminer. M. KELKEL. Je voulais faire une remarque qui m'a été inspirte par Ja\forme méme de lexposé de M. Birault, forme paradoxale s'il en est, mals tout & fait nietzschéenne. Nietzschéenne, en eo “Oui sas. {© Geneatope 1.88 1,416 be La péAriTepe cHex NiETZScHE 7 ens que Yon peut dire que la philosophie de Nietzsche est tune anti-philosophie. ‘Je-ne ercis pas qu'on puisse éliminer de In philosophie de Nietasche la négativité ot le « non >. Peut-tre que Tidéal ‘vers lequel tend la pensée nictzchéenne est une pensée affir- mative, mais elle se démontre & chaque instant comme une forte do négation, comme un paradoxe, au sens Te plus total des mots. El du reste, la pensée de Nietzsche est toujours ne mutation, si vous vouler, mais tine « anti», & partir d'une ‘opposition fonelére, et non pas dune simple distance qu arimpliquerait pas le négalif. Je ne vois pas comment vous pouver éliminer la négat M. BIRAULT. Je erols que nous serons tous d'accord let pour dire qu'il y 8 chez Nietzsche quelque chose de résolument destruct Ne serait-ce que ce simple texte que Je Fecherchals en. écou- tant les différentes interventions : « Je parle d'une grande synthése du eréateur, de lamourenx et du destructeur > (7). Alors, il est bien évident quill n'est pas du tout question de donner de le philosophic essentiellement affirmative de Nietzsche une interprétation qui escamoterait d'une manitre ‘ou de autre ce quill peut y avoir de résolument destructeur dans cette pensée, et dans les stades Tes plus positifs de cette pensée. Sur ee point, nous sommes absolument d'accord. ‘Le probléme est de savoir comment i faut interpréter ce thame'de Ia destruction. Les oppositions qui se dessinent en- tre Deleuze et mol, d'une part, et certaines interventions, d' fre part, sont celles-cl, Je ‘erois : les uns pensent que Yatfirmation ne peut étre obtenue qu’d coup de négations, et Tes autres, comme Deleuze ou moi-méme, si vous le permetiex, ‘nous penserions plutdt que toute négation se fait & partir et fen fonction dune affirmation. Done, que Vaffirmation n’est ‘pas Ta négation de ta négation, mais que c'est & partir et en fonction dune affirmation essenticlle que doit etre pensé ‘ee qui est résolument destructeur chez Nietzsche. M. BARONL Je pense que ramener le débat, dans une certaine mesure sur Ie terrain de la psychologic nest pas etre infidéle & @ WV, 2 6 38 nierzscHe M. BIRAULT. Cest vous qui m’éclairez. Je pense, pour autant que je ppuisse vous suivre, qu'effectivement on peut donner du pro- fessus que je viens d'évoquer une interprétation psycholo- ue ot psYehanalyiqu Je pense que'eela dot ite pos le. ‘M. WAHL. Je voulais faire deux observations. D'abord, au sujet de question de la. vérité. Gest embarrassant, parce que Nietzsche critique la vérité et méme Vidée de fait. Mais si on lit Nietzsche, on voit qu'il dit souvent : « le fait est que...» et puis « il est certa >, ¢ la vérité est que... ». Crest plein de vérités, an west tres ‘iffieile de dire qu’ La deuxitme observation : je me demande s'il n'y a pas de profondes contradictions dans la pensée de Nietzsche. Du reste, je ne concois pas le surhomme, ou Thomme supréme, Sil ne contient pas en lui des contradictions. Je me demande Ai votre réaction contre certaines formes de hegelianisme ne ‘yous a pas conduit trop loin. ‘Vous aver dit A un moment : Nietzsche est tempéré et tolé- rant. Tl ne me parait pas tel; Il ne me parait mi modéré ni {olérant, mais pourtant, comme il y a des contradictions chez Nietzsche, ily a des moments par exemple oii fait de grands Gloges d'Epicure, en tant que celui-ei est modéré. N'empéche quill y a chez Nietzsche une grande haine de la modération autre part. Crest ce qui fait qu'll est trés difficile de faire de Ia pensée de Nietzsche tine unite, et jal essayé en vain, Maintenant, Jaurais voulu que vous m'éclairiez sur les rap- ports de linnocence et de la pureté, et sur Timpureté chez Rietesehe, parce qu'il ne peut ¥ avoir d'impureté que si on a tune grande conscience de la pureté. I! veut l'innoeence mais fI'ne veut pas que celle Innocence soit pure. Que veutil dire, selon vous ? M, BIRAULT, Crest vrai que Nietzsche disjoint I'idée dionocence et celle de pureté. Pour créditer innocence, et diseréditer 1a pureté, ‘comment fait-il? Ml lavoque Ia notion dirresponsabilité. Je ferois que ce qui fait Mnnocence selon Nietzsche, cest lrres- onsabilité. Cest pourquoi Venfant, le theme de Venfant, joue lun réle considérable : enfant peut étre innocent et eruel, il peut etre méchant et rieur. La méchanceté se trouve sanctifie t, pour ainsi dire, Innocentée par lui. Il y a el une innocence ‘qui'ne se développe pas dans la bonté, ni dans la purelé. M, DEMONBYNES. Saimerais reprendre la premitre observation concernant Ja vvérité. Ne croyersvous pas que Nietzsche concevait la vérité de facon essentiellement changeante ? Non seulement relative, fan sens de Pirandello : chacun ses vérités. La vérilé de Nietzsche était une vérité & Pinstant od ine voulait pas Navoir, mais ot Mdée voulait venir en lui, & Vinstant présent. Immé- diatement it, c& n'étalt plus la sienne, et ce n'était plus 1a vérité. Tl avait ensuite une autre vérité. Cest ainsi qu'll aval tellement de contradictions... 40 erascue M, BIRAULT, Plutot que des vérités changeantes, ot sincéres & chaque fois, ce qui apparait cher Nietzsche, je crois, cest Vidée de la vérité comme tentative, comme Versuch. Chez Nietzsche, Ia notion de vérité se présente comme une tentative: a la fois faire un essai avec Ia vérité, et concevoir la vérité elle-méme ‘comme essai, D'une part, il faut mettre Vidée de vérité & Pessai ‘ow A Tépreuve ; et d'auire part, concevoir toute vérité & son tour comme un essai ou comme une épreuve. A partir de cette notion d’essai ou d'épreuve, on pourrait peut-étre avancer ‘un peu dans P'dlucidation du concept de vérité M. BOEHM. Comment concever-vous finalement les rapports, entre béa- Aitude et volonté de puissance 1 La béatitude semble étre une sorte de détente, 1a volonté, tout de méme une tension. La ‘Yolonté de puissance est yolonté de commandement ; elle sem- Die étre la réalité, et la béatitude, seulement un idéal. 1M. BIRAULT. Oui, qui y ait une sorte de tension entre les deux notions de volonté de puissance et de béatitude, cest certain. La vo- lonté de puissance implique maitrise et commandement ; Ia Béatitude semble se présenter comme une sorte de délasse- ment. Toutefois, je répondrai deux choses & la question posée : ‘D'une part, je crois qu'il faudrait rectifier le concept de volonté de puissance chez Nietzsche, pour le dépouiller de ce quill peut avoir de « crispé >. Il y a une maitrise, mais la Véritable maitrise implique pour Nietzsche la sérénite et Ie repos ; eest une mauvaise maitrise que eelle qui est tendue. La maitrise veritable est celle de "homme détendu. Par consé- ‘quent, ily a possiblité d'un passage entre une forme souple ft détendue de la maitrise, qui convient seule & la notion de puissance, et une béatitude, dont j'ai essayé de montrer ‘quielle ne se ramenait pas 4 son tour & un repos dans la con- templation, mais formait un principe de création. ‘Noublions pas d'autre part que la véritable héatitude pour Nietzsche est encore vouloir : vouloir (et non point seulement fccepter) que ce qui est soit, ef soit une élemnité de fois; ‘une volonté, un amour trés « sctifs », si Ton veut, de ce qui DE LA REATITUDE CHEZ NIETZSCHE a fest. A leur sommet, 1a béatitude véritable et 1a volonté de Puissance pleinement eréatrice se rejoignent dans la forme niietzschéenne (et non point du tout sioicienne) de amor fati. Enfin, je reconnatirai Vexistence d'une sorte de contra- diction résiduelle entre la volonté de puissance et Ta volonté de béatitude — quels que soient les efforts faits pour rap- Procher les deux notions, aussi longtemps du moins que hous en restons aux formes traditionnelles de la volonté (Comme désir) et de la béatilude (comme acquiescement). Mal peuléire faudrait-il remettre en question la notion de vo- Tonté de puissance elle-méme. Est-co que le concept de vor Tonté de puissance représente le dernier mot de la pensé de Nietasche 7 Il n'est pas sir que Nietzsche Iui-méme se serai fentidrement satisfait de ce concept. Le fait qu'aueun livre le Nietesche ne porte ce titre est évidemment fondamental. M. BOEHM. Sa pensée se conclut sur I'idée de béatitude. M, BIRAUET. Je croirais qu’en tout eas, la notion de la béatitude est plus profonde, M, BEAUFRET. Pourtant, c'est un fait que ta notion de volonté de puis- ance apparait tardivement cher Nietzsche. La béatitude est fanléricure. Méme Téternel retour est antérieur. Alors, com- ‘ment peut-on dire que la pensée de Nietzsche n'est pas du ‘eté de la volonté de puissance ? M, GUEROULT. Dans Je texte que j'ai cité ce matin, il me semble que Nietzsche définit ainsi son troisibme et dernier stade 2 la Grande cision, Vinstinet du réater, ta grande responsae lit, se donner le droit d'agit, « approuver >, éprouver de {a joie en toute occasion. ‘Je verse cela au débat, puisque M, Beaufret pense que la Déatitude est un concept antérieur. Ce texte ne dit-il pas Ie contraire ? 2 sarrascite fautil attendre, pour résoudre cette question, que que préparent nos collegues italiens. En wais fait quelques hypothéses, comme celles que vient de faire M, Beaufret : m'intéressaient apparition et la dis- pparition de certains termes, et Je me suis apergu que le mot ‘éternel retour » w'apparait plus dans aucun manuscrit aprés 1886-1887, et méme que le mot « volonté de puissance » dis- alt aussi a la fin de 1887. Le mot « surhomme > n'apparalt jus aprés Zarathoustra ; et tous les fragments que Ton a Jntégrés dans celle sol-disant « Volonté de puissance >. & propos du surhomme et de Véternel retour, sont en fait Contemporains du Zarathoustra (8). M. GOLDMANN. Je voudrais demander aux spécialistes dot vient le mot « surhomme >. Jai toujours pensé que ce n'était pas Nietzsche qui Pavait inventé, Tl existe peut-étre nvimporte oit, mals il y fun texte edlebre. Tout Allemand connait et apprend & Mécole Te teste de Gerthe, oi le mot « surhomme > apparatt (9). 1! jt d'une Idée de Thomme concu comme surhomme erois que In grande difference entre Garthe et Nietzsche, cest (que Giethe Gerivait & une époqie ol cette idée de Thomme pouvait étre encore libre pour tout le monde ; il y avait la Révolution Frangaise, Fespoir de Ia Révolution, Yespoir dun homme, d'un monde nouveaux. Nietzsche est arrivé ila méme dée, & la méme vision de la philosophie classique allemande, mais A um moment of ees espoirs avaient disparu, et of Ton pouvait découvrir le mensonge aussi bien dans ie christiar hnisme de la soclété bourgeoise que dans le soi-disant socia- pour prétenter le surhomme, il éerit « un livre pour tous el pour personne > : cest-i-dire un livre qui veut S'adresser a tout le monde et qui, en fait, dans le monde foi nous sommes et Tn société of nous sommes, ne «adresse personne. CEA. Roo, Les derieredrte de Mltetche et tear pabiction (he ste poltsophiq, avr-jun 1996 Eliabrth: Parser Melsche om te rurlabusive (Eades germanigues, octobre 1988) ~~ M. Re Neos esting si 'prémnta’ en 1956 sont A Ta fls comtrmtes et son recent de Podaeh, ‘premiers mets de TEsprit, quand i appa be 1A néartrube chez niErZscHE “a 4 pose simplement le probléme : quand j'ai lu Nietzsche, it ma semble trouver tn grand penseur dans Ia lignge de Ia philosophie classique de lhumantsme allemand, A un moment ‘it tout ceci était en train de mourir par conformisme. ‘Autre remarque + je ne comprends vraiment pas oO est la aiférence entre la construction et la destroction. Comme si Tron pouvalt éire sérieuscment pour des valeurs hamaines, sans ‘vouloir détruire ce qui est mensonge. Comme sil était Possible daffirmer des valeurs quion defend et quon veut Fealiser, sans demander la destruction de ce qui #'y oppose tt de co qui Vemptche, Je-crols que Nietzache est avant Tout Guelgy'on qui a lull pour une vision de Thomme, de ce Surhomme, qui du Faust de Galhe & Zarathoustra, wapparait Ae dans une socicté of i fallait avant tout ner pour affirmer tes valeurs. M. BIRAULT. Primo, estce qu'on peut vraiment dire que Nictzsche est hhumaniste ? Est-ce qu'il s'inserit en quelque sorte dans le courant de la pensée humaniste allemande ? Cela, c'est une trés grave question. Moi, je pense qu'il y a intérét & sortir Nietesche de cette tradition. L’originalité de Nietzsche est dans fon independance par rapport & cette filiation humaniste. Deuxidme point : ce qui concerne le probléme de Ia néga- tion. En fait, bien sir, si Yon veut eréer quelque chose, on fest obligé de s'opposer & autre chose, je suls accord. Me Ia question est tout autre : est-on obligé de penser Taction, Ia eréation, le progrés, 4 partir de la négation ? Hegel le fait, mais ce ne fut pas toujours fait, et eston obligé d'etre hege- en ? Que la philosophic de Nietzsche soit essentiellement affir- ‘mative, que Nietzsche ne soppose & certaines formes de Tamour de la charité, de la pitié que parce qu'il y déedle un. certain. ferment ou relent de haine (et done Sinalement au hom d'un amour qui soit plus amour que cet amour-I), que le premier et le dernier mot de cette pensée soit « nel oui de T'tre > (ewiges Ja des Seins), tout cela 4 parait ssentiel nexelut nullement & mes yeux la présence Inévitable, dans est amour qui affirme, qui crée, qui éler- nilse, de ces délachements, de ces déchirements, de ces oppo- sitions, de ces destructions, & travers lesquels plusieurs de fos interlocuteurs semblent vouloir retrouver quelque chose qui s'apparenterait au « travail du négatif > En fait, Nietzsche lui-méme parle de la grande synthdse “ erascHe du eréateur, de Yamoureus, du destructeur. Il ne sagit done pas de'nier Ia presence de la destruction, Le proitane tat sculement de penser convensblement eetle syothese, ce gq nest sans doute possible qu’ Ia condition de se dépren- He ae cette grande ge qui slllonne toute Ts. philosophic csidentale de Platon Jusqh'h Hegel, et apres laquelle le ovina volonte, Vem sont Ais de Péniy et done, ne Aigence’ ou de pauvret et done aussi, originllement char- fo de négativite, Peut-ttre y aural alors un autre d& fn, cies grand désir > (die ‘grosse.Sehnsuch), one autre Yolonté, te volonte de” pulssance, un autre amour, Yamon Fatt? La négation.seracvelle eninge pour autant ? Nulle- rent. Mats eile sera maintenant dehordée de tous cOls par tne affirmation iniiale et supréme, qui Faccuellera sans’ en tire allérde, dela méme fagon que seule Ia mer qui est deja la'mer peut reeevoir sans en etre soullee un fleave tmpur (10). Get accueil, ee Gébordement, ce déversement west. pas a tout une Atifhedung, Vaflirmation nest pas lx negation dune negation, cele synihise nest pas Fantithese done antithtse. Lhomme négatit homme réatt, le dernier homme te trot: vent coxmémesaffirmes quovque distances par Je sirhomme: Ghee Nietzsche, la négation est le moyen lmpur et trop humaln de Taffirmation mais, jamais son resvort ow son. principe Sventuellement, une consequence, wn resultat mais jam son but ou sa fin, un élément, un Ingrédient de la semence, ‘mais non point Ia semenceelle-méme: « Je ne posvais man: {Quer de rien lorsque Je ertal le surhomme, Tout yotre mal et ‘Votre fauseeth vor mensonges et votre ignorance, tot cela tat dang an semence > (11). En bref il vent un moment of it faut choir © ou bien vous conceves Vaffirmation & partir de In negation et coups de négation 1 ou blen, vous coneeves la néqaiton a partir et en fonction de Vatfrmation. Nietzsche pense (on plutt, je pense qu'il pense!) le Non partir du Bai'et‘nom pas fe Oui h partir Qu Non. A tout prendre Je Je'vois autant et plun spioristequihegelion ! ct ia Tere A Gverbeck, di 30 fillet 1881 : « Je'suls fout elonné tout ravi ‘Paton predécesser, et lquel | Je ne connalssai presque pas Spinoea.. ma solitude seat transformée da, moins en duo. est mervellleux ! 9). ‘Trouvermol done cher Nietssche la trace d'un pare enthouslasme pour Hegel et pour un quel- tongue hegelien TO) Zayathonstra, Protomne, 3 : Man russ schon la Meer se sinem sctiotaige Strom Safachmen su"koazen, oboe earl NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION DU MONDE Traduit par Arion L. Kelhel KARL LOWITH 1a doctrine nietrschéenne de ¢ la mort de Diew » — celle du « nhilisme » qui en déeoule et qui réclame que homme rmarqué jusqu'd notre époque par le chrisianisme se dépasse vers le surhomme "~~ enfi, sa théorie du « monde > {us en tant que monde vivant, et « volonté de puissance > ul se veut clleméme et « dlernel retour du meme > — ne sont point des theses philosophiques au sens (raditionnel du iol, mais constituent la tentative excaptionnelle de conelore tne’ nouvelle alliance > avec le monde dont le christisnisme ‘ous a séparés par son tiomphe sur le calle pafen du cosmos, La relation interne entre 1 la mort de Dieu, le Surhomme et e'monde qui se veut lui-méme west pas & proprement parler thémalisée comme telle par Nietzsche, qui'ne Fexprime que sous forme fragmentaire et dans des dicoursallégoriques. St la pensée nicsschéenne re présente sous cette forme non systématique, Ie raison positive en est que Nietzche aves la f volonté de’ vérité > oan mettre en question ausst Ia vérite fllesméme, Tous les penseurs des sitcles antérieurs, méme lea feeptiques, « posséddient la vérité >; « ce qul ext nouveat dans notre position actuelle A Tégard de Ia philosophie > est, au contraire cele conviction, dant aucune époque an: {erieure n'a 8 animée, que « nous ne postédons pas la vérité'» (I). « Rien rest vt, tout eat permis >, décare Tome Bre & Zaraihoustra. Comme it n'y a plus rien de vral, depuls que « la vérité en lant quiétre, en tant que Dieu, en tant ‘Winstance supréme > est devenue objet de doute, il en ré- fulte que tout est permis (2). Depuis que Tinterprétation hréticane de Tesistenee a eessé avoir cours, Thomme est ce- If qui ene sat plus A quel saint se vouer >, celut qul ‘ne @ Hip. 159 et. Kote 1) Xi dos et 0 MIL, 801: HIV, p 8 9g ‘ait ni s'affranchir de Pemprise de la transcendance chrétienne, Ii revenir et s'intégrer & nouveat! dans le monde circulaire des Grecs, Et c'est pour cela que Nietzsche ne pouvait entre- prendre son « ullime essai avec Ia verité > qua la manitre ‘une véritable expérience, en considérant sa propre vie comme tune « expérience de celui qui connait >. Nietzsche qualiiait tun jour toute Tépoque moderne d'époque de lexpérimenta- tony en ne songeant pas seulement alix expérienees de sélec- tion’ blologiques auxquelles procéderaient les temps faturs, mais en prevoyant aussi que « des parties entigres de la terre > allalent ¢ se vouer & Texpérimentation eonsciente >. D'un point de yae historique, il pensait aux grands explora tours et inventeurs de la Renaissance, & ces esprits hardis et cexpérimentateurs comme Léonard de Vinel et Christophe Co- Tomb auxquels il s'est souvent comparé lui-méme. Cest dans le méme esprit que Nietzsche traite aussi les philosophes mo- dernes d’ ¢ expérimentateurs > qui, dans Tincerlitude, se meltent euxmémes A Tépreuve © pour voir jusqu’ot Ton peut aller, Tel le navigateur sur Tocéan inconnu >. « Une ouvelle race de philosophes apparait & Vhorizon : j'ose Tes Daptiser d'un nom qui n'est pas sans impliquer de risques. Au- tant que je les devine... ees philosophes de l'avenir pourraient Abon droit, et pentéize aussi & tort, Sappeler les fenfateurs. Ce nom Iui-méme en définitive n'est quiune tentative, ou, si Yon veut, une tentation. » Nielzsche-Zarathoustra est tou- jours en route, expérimentateur, « voyageur > qui essale plu- urs directions et s'engage sur divers chemins pour parvenir ‘a verité.« Je suis parvenu A ma vérité par bien des chemins tet de bien des manitres... Et cfest toujours & contrecceur que Jal demandé mon chemin... 'ai toujours préféré interroger et Essayer, les chemin eux-mémes. Toutes mes démarches étaient qu'essais et interrogations >. A titre d'essal, Ia phi Tosophie expérimentale de Nietzsche anticipe la possiilité du nihilisme radical — afin de se frayer un chemin jusqu’a son contraire, Wéternel eycle de Etre. ‘Une philosophic expérimentale telle que je la vis anticipe clle-méme, 4 titre dexpérience, les possibilités du nihilisme Fadieal 1 ce qui ne signifie point qu'elle s'arréte & une néga- tion, A un Non, A une volonté de négation. Elle veut bien plutdt se frayer un chemin Jusqu’a son opposé — jusqu’d tune affirmation dionysiaque du monde tel quill est sans rien fen retrancher, en excepler ou y choisir — elle veut le eycle Gternel «Tes memes choses, le méme logique et illogique en- trelacs. L’élat supreme auguel puisse atteindre un philo- sophe ; avoir en face de Vexistence une altitude dionysiaque : ‘olet Ia formule que je propose : amor fati >. NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 47 Nietzsche a conservé ce caraclére expérimental 8 sa, phi- Iosophie, depuis ses. annces dapprenissage > jusqu't Ia doclrine de Féternel retour et méme cele dernire est encore ‘an ultime essalavee la verte » —« Diongeos philosophos ext un Dicu-ientatcur >. Ce Diew au nom duqueh Nietzsche parle dans ses dernicre dcrile designe en apparence Vépiphanie Bun diew grec, mals I earacterise en reaite le monde réci- Dére, monde alors divinement parfait, « monde dionystaque> Terquil fut avant le régne du ehrisiianisme + non pas eréé pout Tamour de homme par wn Diew hors ds monde, mais Rremneliement existant de par lubméme, continvellement Te: Dalssant et abimant dans Te néant. iy 2 un sigele deja (en 1863) alors qu'il était & peine agé de aix-neuf ans, Nietzsche sfest pose, dans une esquisse aulo- Blographique, la question décisive sur T8tre englabant toute thote ? Diew ou bien le monde. « Ma Vie» commence par ects rase mémorable | « Plante, je ss né proche du champ de eu, homme je vs le jour dans wn presbytére», et se lermine ture constaation qui est temps ein de ne ps se laisaer fouverner et determiner par les evénements, mals au eontralre Ee Yemparer solméme des rénes et daffonter lave. « El finsi Thomme r'émancipera de tout ce qul jadi Fetreignalt potest Benn de ramen, Cr un nt comme par enchantement ; et ob eat Tanneau capable enfin de le Feenie encore ? Eslce le monde? Est-ce Dieu ? > Nietzsche se decida contre le Dieu bibique pour le grand an ‘Beau du monde qui comprend ausst Thomme, et ce faisant Ase décida en mene temps contre In métacphynique ou « Par- itremonde > Gorigine platonigue-chrétienne. Alors qu'il ait encore sur les banes de Tole, Nilzsche méditalt dj sur ce qui sera le probleme de aa vie et de toute sa pensce, Tongtemps. avant determiner VAntéchrist par ese dale f En ce. Jour de grdce, le premier Jour de TAn 1 (le 30 Septembre 1888 du Tavs calendrier) >. en état arrive a la Conviction que Vere chrctienne debuve pat un ¢ jour fur neste >, un'« dis nefastus » et qu'aujourd/bul apres som ‘dernier’ jour, i fallat tout recommencer & nouveau ain de Fetrouverle‘drolt chemin de la pensée et de reconguérit Ia Yrerite du monde et de Thome, Les deux dissertations da Jeune ctudiant de dia-hult an ¢ ¢ Destin et Histolre » (Pa lm ‘und Geschichte) ete Liberté ct Destin > (Wilensrethett tnd Fatuin) inaugurent ja voie sur Inguele Nietzsche senga- fers pour aller vere von bul Tuten deux mentionnent dae ar fire Te terme de « fatum >, Tune ea rapport avec hse ire, Vautre en le rapportant au libre arbitre, car il n'y 9 toire que Ih ob fy des hommes qui agiaseat et veulent 8 wierzscHe quelque chose. Le destin, par opposition au libre arbitre, 4é- Sige la nécesté naturele run ¢stre-ainstet-par-atremeat > {ut eimpowe a la-volonté. Comme nésessté simposant A Ta Selon, fe falum se rapporte histoire du voulote humain Innis en réaite it échappe au pouvoir de Thomme. Le destin {ppartient au domaine de la Rature qui est telle quelle est tlhe peut étre autre. Le probleme qu'implique la conjonetion ‘ety figurant dans les deux litres coneerne done ee rapport de"visteire du vouloir humain A in fatalite naturelle ing etable qui régne. sur ensemble du monde physique ai fein duos i'y a quelque chose comme Fhomme, a voloté st Phistoire. Cf qui, dana Thistore, intérensa loujours par- ficaidrement Niessehe qui «-en tant quhomme > était né ddans une famille de pasteura, cest, depts son premier aulo- Portrait jusqu'h TAntéchrist el A Bete homo, Thisoire du Ehrisianame et ln connaissance du type de wolonté ou de fefus sur lequel est fondge Ia morale chrétienne. Te premier des deux textes traduit dés Te début la cons- cicnce’ de ce quil y'a de rigué dans ceite tentative de 6 ouvrir un «point de vue plus libre > pour Juger Tinterpré- {ation chritienne de Fexistence et sex conséquenees morses «Une telle tentative ne saurat ttre Voruyre de- quelque s2- Zines mais de toute une vie. Car comment des reverles ado- Tescent pourraientites ariver A détruire Peutorite de dete milénares, la caution apporiée par les esprit les plus én nents de tous Tes temps ? Comment de simples fictions et des fades pourvues de matartepourralenaies nous faired signer tout ce qu'une religion, qui a xi profondément Dow Teversé histoire universell, «pu apporter de jot et de forances au_cours des slcles'? » Le premier pas décsif {qaccoropira Nietzsche quinge ans plas tard avee «Hain, trop human », vers Ia liberation de Pesprit et la transvalua: tion qui senssivra.se-présente A ce moment encore sous Ia forme dw doute et de Tindecsion. «al essaye de nie toute Chose >, mais meme detruire est difeile, et constrre com: Bien pls difficile encore Car « la force de Thabitode, te be- foin Gidea, a ruptore avec tout ce qui exist, la dissolution de toutes les formes de Ia society Vangoissante question de Savoir st deux mille ans @histoie wont pas deja tga Phae Imanite sous Feffel dun mirage, le sentiment de tua, propre Brésomption et de ma temerte': tout cela vaffronte en on fombata Fst doa». La qucation deta moralité de a morale en vigoewr se pose, mais en méme temps pose dejh ta question plus vate * quel est le wens de tout le sy {ime dela moralité humaine et de son histoire au sein de « Tunivers infil > ? Quelle ext Ta signiteation de Thomme, LIET2SCHE ET SA TENTATIVE DE RécuPémaTion 49) qui veut et s'invente des buts, dans Ia totalité de la Nature et des périodes de Punivers 7 Si'« I Humanité immanente > était Dien le ressort caché, le ressort le plus intime de ¢ THor- loge de Etre > — vingt ans plus tard Zarathoustra parlera de « Mhorloge de la vie > et du ¢ sablier de Mexistence » — ‘ou, inversement, si la volonté libre n'était autre chose que « ia plus haute puissance du destin > , cest & cette seule ‘condition que la liberté de décision de Ta volonté historique pourrait se réconcilier avec linéluctable fatalité qui régne ans le cours du monde naturel. « Crest ici que se trouve ine ‘diqueé le probléme infiniment important qu'exprime la ques- tion de la justification de Mindividu a former un peuple, dit peuple a se prétendre THumanité, de !'Humanité & re Ter Tunivers Cest ici que se situe également le probleme du rapport fondamental di destin et de (histoire >, de la libert& etide la nécessité, du vouloir et du devoir. Aux yeux de Thomme en tant que tel, Ia « aupréme conception », eclle de « THistoire universelle », cestdire d'une histoire qui ine Glut en méme temps 'événement dans Tunivers naturel, « est impossible » — mais elle ne Te sera pas dans la perspective dun Surhomme. Tl faudrait pour cela que Thomme — & Tinstar de Zarathoustra — se vainquit et se surmontat luk iméme, et qu’ll ft plus qu’homme. Mais tant que le rapport da destin & Uhumanité historique est incertain la question demenre ouverte de savoir si {ont mest qu'un reflet de notre ‘maniére de vivre le monde, ou bien, si nous-mémes ne sommes quiun Feflet_de Ia vie du monde. Nietzsche a finalement ré- Pondu A cette question dans Te dernier fragment de la Vo- Tonté de prsissance of it évoque Vimage dune double réflexion de Tn dans autre en opposant au miroir dionysiaque du ‘monde son. propre miroir. De méme la volonté, qui tout Gabord se dresse contre Te destin, devient la nécessité libre- iment aceeptée et voulue de Te amor fali > — ¢ un destin ‘élevant sur un atire destin > ; son « ego » devient pour lub ‘fatam > au sens cosmique, L’homme dans son essence et apres son origine n'est pas une eréature extramondaine mai A Finstar du monde, un enfant de Tunivers héraclitéen ; of comme tel détruisant et eréant, il entre dans le grand jeu, Te Jeu eréateur du monde. Roue du monde qui role Jeu du monde, jeu impériewr, frre de but en but : Gui méle Tetre et Tappar Nécossité — Tappelle Yaigri {tre = Te fou Vappetle — jeu... VEternel_insensé nous méle & son jeu ! 50 nevasca Adin de récupérer ce monde qui a été perdu par la faute du christianisme, une metamorphose de Tresprit est néces- faire. Crest delle que trite le premier discours de Zarathous- ‘ra elle est la clef du systéme nietzschéen. Chameau, lion et ‘enfant sont les symboles de Vesprit du Tu dois, du Je veuz fet du Je suis (3). La premiére métamorphose de esprit ‘en esprit soumis du « Tu dois » ne représente pas un fer ‘minus a quo ; ear elle commence seulement avec Tesprit du cchristianisme et de « tout idéal aseétique » dont parle Ia troisitme dissertation de la Généalogie de la morale. L'esprit, ‘Quine veut pas sa propre volonté mais la volonté . véndre tout ce qui Ini est dlranger et supporte pa- tiemment le fardeau le plus lourd. Qu'y a-til de plus dur que de s humilier pour se blesser dans son propre orguell, de faire clater sa folle pour tourner en derision sa sagesse ? Tel le chamenu chargé de son fardeau, qui se hate vers le désert ‘ol Tesprit te fait lion, dévorant tout respect de Dieu et dun maitre étranger afin de conquérir dans son propre désert In liberté d'etre solméme. Il transforme le « Tu dois > qui ai est étranger, Te « Tu dois > qui lui vient de la fot, de cette foi qui est adoration, en un « Je veux » qui lui appar= tient en propre, et il devient maltre de soi en commandant & Iui-méme de faire ce quill veut, Cependant eréer des valeurs nouvelles, cela méme le lion ne le peut. Il ne peut que se ren- {dre libre pour de nouvelles eréations, par le Non qu'il oppose & Diew et au devoir qui lui disait : « Tu dois ». La dernitre et Ia plus dure des métamorphoses, celle du Je veux > dans le « Je suis », de Fenfant du monde, est un ¢ nouveau commencement >, un « premier mouvement > sans commen- ‘cement ni but, une « roue qui roule d'elle-méme » et, en com- Paraison du vouloir qui agit en vue d'un but, un « jew > uguel homme qui s'est évellé enfant dit son « Oui sacré » tandis que la pure volonté dans son désert n'était qu'un « Non sacré >. Vouloir sans doute libére, mais libére aussi de tout fen vue du néant ; « ear plutdt que de ne pas vouloir du tout, Thomme préfére encore vouloir le néant », déclare la dernitre phrase de la Généalogie de la morale. L’enfant proprement parler ne veut rien ; 11 n'a ni volonté ni aversion (Widerwil- Ten) ; il vit‘dans Ia liberté du « Jeu de la création ». « Pour que Petre qui erée soit lui-méme enfant nouveau-né, il faut encore qu’il veuille étre celle qui enfante et supporter les douleurs de enfantement > (4). « Renaissant > de la sorte, Gk Vi, p. 128; XM, p. 412; XVE, », 328, Dany ae ene, ‘orespondant aes "iw dole “to's sur lee fea Bleaheureases = (Zarathoustra, ID erecta NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION SI « celui qui est perdu au monde » a reconquis son monde & Tui, L’ « enfant > de la derniére métamorphose entrelient des rapports polémiques avec le message ehrétien du royaume de Diew dans lequel seuls entrent ceux qui sont confiants et cerédules comme les enfants, et des rapports.positifs avec Yenfant du monde d'Héraclife, qui créant et détruisant joue Sanocemment sur le rivage. Il esl « oubli» parce qu’ chaqu Instant il vit tout entier dans le présent (5) sans se rappeler a regrelter ce qui était irrémédiable, sans attendre ni espé- rer ce qu’apportera V'avenir. Il est tout simplement 1& de nou- ‘eau, indivis ou tout entier dans l'innocence cosmique de Etre ‘qui est un perpétucl devenir. ‘Comme tout « Tu dois > des impéralifs moraux a pour critére ultime le Dieu chrétien qui commanda 4 Thomme ce quil doit, 1a mort de Dicu annonce en méme temps le prin- {ipe de Ta volonté qui dans Thomme se veut elle-méme. Dans lee désert de sa liberté », homme préfére encore vouloir le anéant que ne pas vouloir du tout: ear il n'est « homme » — fans Dieu — que pour autant qu'il ¢ veut ». La mort de Diew signifie la résurrection de homme devenu responsable de Tul- meme et se gouvernant Iui-méme, de Thomme qui trouve sa iberté extréme dans la « liberté pour la mort >. Au faite de cette liberté, cependant, 1a volonté du néant se transforme fen volonté de P'éternel retour du Méme. Le Diew chrétien mort, Thomme face au néant et la volonté de Pélernel refour qh docilement veut le destin, earactérisent le systéme nietzschéen dans son ensemble comme un mouvement qui d'abord va da ‘e Tu dois > A la naiseance dui « Je veux >, puis & la renais- ance du « Je suis », « premier mouvement » d'une existence Glernellement se renouvelant au ezur de univers naturel de la totalité de rétant, Une « volonté double > qui, de sa liberté conquise pour Te néant, se libére pour Tamor fati, convertit Textréme ‘nihilisme dune existence résolue au néant en la volonté néeessaire de I'éternel retour du Méme. ‘Trois figures jalonnent ce chemin qui, de esprit libéré nd gativement, va a la proclamation de I'ternel retour. Le voya- eur accompagné de son ombre symbolise le progrés jusqu'au Scull du nda. Le voyageur accompagne come. son ombre Zarathoustra, étre surhumain, qui lui non plus n'est pas en= fore parvent A son butt, et & la place de Zarathoustra apparatt Gnalement le Dieu Dionysos dont Nietzsche se sait le dernier disciple... Avec Mattitude dionysiaque en face de Texistence, ui consiste & accepter tine fois pour toutes la totalité de 52 sierzscHe YEtre et du temps, est atteinte une attitude ultime et « su- preme > A égard de existence, par-dela le bien et Te mal ais non par-deld le bon et le mauvais. A cette interpréta- tion dionysiaque da monde correspond dans Dionysos philo- sophos lui-méme la « supréme manitre de I'étre >. L'amor Jatt réunit ainsi Vaffirmation de sot de Vétre qui éternell ‘ment revient, avec V'éternel Oui de sa propre existence & la totalité de T'étre. Enselgne de la Nécessité ! Supréme constellation de I'Etre ! SNqwaueun désir n'attelat, gue ne souille aucun Non, dternel Oui de VEtre, Je suis ton Oui pour Méternité : ear Je aime, 8 Eternité ! L. éternité » dont parte Nietzsche, et par Mévocation de quelle se termine le e Oui et Amen > de la fin de lat Sime partie de-Zarathoustra, et que réptte Ia fin de le ‘quatritme partic, west pas cete dternité hore du temps (act ‘las) du Dieu biblique avant la eration du monde, mals Un {temps éternel (sempiternias), Vimpérissable temps universe, Tternel eyele dela naissance et de ia mort ob la permanenes de e Petre > et le changement du « devenit » ne sont qurune feule et mime chose. Ce qui est « tomjours > nest pas in- femporet et ce qui demeure toujours Wentigue A solmeme nest pas temporel au sens d'un changement perpétuel. A Tene felgne de in supréme necessite, le « hasard > de Texistence Ibumaine devende excentrique se retrouve cher Tui dans Tene semble de Tétee vivant quiest le monde. La tentative de Nietzsche pour conclure une « nouvelle alliance > ave monde, & la pointe de Ia modernit, répate Vantique certitude a monde "A'eelte ambition correspond Ia diférence caractéristique centre le- premier discours de. Zarathoustra et les premibres Propositions des Princips de Descartes, qui a mis en doute la ferlitude du monde de Texpérience sensible de fagon si ra- ‘icale qu'il ll fallait une preave de Pexistence de Diew pour {garantr la certitude de Veriatence du monde, « Comme nous ‘ons dé enfants avant que d'tre hommes, ef que nous avons ug tantot bien et tantOt mal des choses qui se sont présen- {des aos sens lorsque nous n’avions pas encore Tusage en- tier de-notre raison, plusieurs jugements. ainsi précipités nous empéehent de parvenir 4a! eonnaiseance de la verte ‘et nous préviennent de tell sorte qu'il ny a point «apparence {que nous pulssions nous en déivrer, si nous n’entreprenons Se aouter tine fon en notre vie de toutes Tes choses eh nous NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 68 trouverons Je moindre soupgon d'incertitude », Nietzsche met fen doute la possibilité de’ ce chemin vers 1s certitude, el il fonde sa propre crlitide, une nouvelle certitude, précisé- sent sur ce Tait que Zarathoustea dans son cheminemeat ve Ja vérié, « sévello » enfant dus monde, enfant, est-d-di ‘oubli's et « recommencement >, non pas « une fois > pour toutes et recommencement du doute, mais lnlassable recom mencement du Jeu de la eréation. Redevenu enfant, Zar houstra est délivré, non seulement de Tautorité du « Ta dois >" dont nous’ delve déja Descartes ~~ mats aussi du cede veux > douter de tout ce qul ma Ne jusqu'h ee jou Parvenu pointe dela moderate ob Aly a play tien de vrai, Nietzsche acquiert cette nouvelle certitude du monde, Gut permet i Zarathustra de ae’ « préspiler avee volupls ans les bras du hasard >, en meltant une fos encore radicale- Iment en doule le doute moderne de Descartes. Certes, Des farles doute sil est dans la vérité car il se pourrait que Diew {Gt trompeur, mais en méme temps Descartes sassure que Ia tromperie ‘n'est pas compatible aver Ia perfection divine. ‘A cela Nietzsche oppote sa « nouvelle philosophie des lamié- es » (Aufklarung) pour laquelle Diew n’est plus tout sim plement objet de doute, mais mort; il pread’ pour « poiat 4e départ » 1" « ironie contre Descartes + et sa légereté > ans le doate, ear io pourrait bien que son «je Be vous pas me lalsser (romper > nen {Ot pas moins Tinstrumen Hone wolonte plus profonde et plus ratte dauto-dupert, fonsistant en ge que la volonté de vérité chez Descartes. 36 Feluse a eroire vrate Vapparence sous laquelle apparalt la vé- Fle de Petre, Deritr le monde visible qul apparaity sa raison Tationnelle construit un autre monde afin etre, dans ce monde ainsi arrange, assure de ee monde méne. Le point de dépari que Descartes prend dans la certitude Ammédiate de som propre moi a des fondements chréliens et ne constitue pas une certitude da monde originelle. ‘La certitude estelle du reste possible dans le savotr, ow wate de fondement que dans Yetre 7 Et qu'estce done que Te'savoir qui connalt par rapport Tire? e Mais pour eelut"qul répond & toutes ces questions par des artcie de fol dGfa admis, la prudence carlcsienne ma Plus aucun sens + elle vient beaucoup trop tard. Avant de Poter le problome de Pétre il faudrat avor resolu le probleme ‘dea valeur de la logique >. ‘Pour Descartes, « Tetre » est par avance déterminé comme firecomnaisbl, cari fof das Ie savoir sientique sane apercevoir la face sans voile, la face vrale du genre supréme ae tre vivant oe ry Nuerzscae La portée de ls distinction que Descartes dtablt entre to monde vr (pensé mathematiquement) ste onde de Tap. parence (ql fombe sous lessens) nee limite pas seulement Ei Dhpstiue et la métapbysique des temps modernes. Elle f ton origite premitre dans Ia‘ steularietion > (Entbell- ump) du cosmos visible au profit dun Diew eache-dont le Soyaume n'est pas de ce monde, lands que ce monde latméme rest quiune creation dépendante laquelle, comme tlle, pou Fait sei bien ne pas Ee ou ttre autre si Diew Favalt youl itrement ‘Or ule monde nest plus une exétion divine, si homme mest plus a Timage de Dieu, son et rapport de Phomme et Gx"inonde' se rotvent alors ‘ncesalrment toda, Une remldre eaqlase que Neasche ft du chaptre sur 1a Mie Te mensonge entendus au sens extramoral » déGnit a rapport en alsbuant au monde fe privilge absola (0. 1 Condition de Phomme », est, comme le it Pascal, une toodition de la ¢ disproportion >, une absence de rapport tune inéscatene entre Fhomme et Te monde; aux yeut Je Nictache,cependant, cst condition de Thomme ne Féslame pits sine’ solution transcendantale en, Dieu, mals conduit k fine irreducible aporie parce quil n'y a point de. passage dela verte au seas extrasmorel, Sest-iaie au sens cosmie, Bixee a sons mora, humaine Dans quelque cola reelé dane Timmencits de Tuniver lloming Sianombrables. ys {Gmes solaires, il y avait une fols une planste sur laquelle des enimatTaleigents nventOrent In connalsance. Cs fut in minute in pls orguelicse et la plus mensongtre de toate «Thistle tniverslle >: mat cone fot quane mi. ute, Apres quelgues soupirs dela Nature, Fase veeigait tes amimaix ineligentsfarent condamade-h mourie On pourrait imaginer ne tells Table mas elle ne suf pounant pas Aiusier comblen ext misrableyéphdmtre et Precare, Combien est Tulle et superftatoire Pexistence de Pfnteoct humatn au sin de ia Natore. I'y eut des sternite de temps pendant lesguciles il nenisalt pas loroque con Sera'h nouveau fiat‘ lal rien ne se prodara. Car l'n'y « tr Tinelect humain aucune mission qui pulse condutre Eicdei dela vie humaine >. Tee monde naturel eat y et la vert dans son ensemble paait sins Par prlacipe tee faterdite'& Fotulion de Thomme et dant le (OX pe WS. Ct aus XY, p 8 age NUETZ2SCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 5B monde, On ne comprend pas : « étant donnée cette constel~ Tation, dou peut bien nous venir Tinstinet de vérité | > ‘L'homme vit enfermé dans son « ilot de conscience » et en méme temps jeté dans le monde naturcl, mais « la Nature a fgaré Ia clet > qui permettrait d'avoir acces jusqu'a elle. Et ‘Smatheur A celui qui, pousté par une euriosité fatale, vot Grail par une fente du clos de Ia conscience jeter un regard fan dehors ot en bas >, et qui pressentirait alors que Thom fel un « revcur >, est perché sur Te © dos d'un tigre >. En éehange de cette vérité qui lui est interdite, homme arrange Je monde & son gré, A sa manitre, fxe des vérités universelle~ ment valables, conventionnelles et conservatrices de la. vie gui, en réalité, ne sont que des illusions alors qu'on ignore qurelles le sont, ‘Lraporie qui résulte de cet antagonisme quant au probleme de 1a vérité, Nietzsche la décrit de la maniére suivante : La vérité interdite se dissimule derritre un mensonge autorist, et Te mensonge défendu intervient IA ol régne Ia vérité permise. Lindivide. qui vent croire vraie la vérité interdite doit 08 Dien se sacrifier laieméme — ou bien sacrifier le monde. ‘Leerreur, c'esta-dire Ta tendance inhérente a 1a volonté hu- maine de vérité de dissimuler celleci, ne saurait tre réel- Tement détruite qu'avee Ia vie du sujet connaissant Iui-mém ear I’ ¢ ullime » mise nu de ire ne supporterait pas « T'in- corporation ». Ainst liton déji dans Te fragment sur Em édocle datant de année 1870-71 qu'Empédocle aprés avoir arcouru tous les stades du savoir finit par dresser le dernier Contre lui-méme, perd Ia raison et avant de disparaitre dans le Bouffre annonce fa vérité du renouveau. Conformément & Taporie du rapport entre vérité et men- tonge au sens ¢ extra-moral >, au sens cosmique, un projet ulléricur de la Volonté de puissance définit le nihilisme, qui 4 dépasse luk-méme vers l'élernel relour, par Malternative sul- ante? « Le contraste entre le monde que nous vénérons et Ie ‘monde que nous vivons, le monde que nous sommes, com- ence &'se faire jour. Il nous reste solt A nous débarrasser de ‘os adorations, soit & nous supprimer nous-mémes. Cette der- alére solution appelle le nihilleme > Nietzsche, dans le « Crépuscule des idoles fn de celte contradiction qui lentement se fait jour entre le monde que nous sommes nous-mémes et celui que nous Fes Pectons par celte formule: « la fin de Verreur la plus lon Bue », parce que, avee Ia doctrine de Zarathoustra, prend fin Fopposition entre ce monde « vrai > et le « monde des ap- Parences » a exprimé Ia cy METzscHE « Comment le + monde vrai » devint une fable, Histoire 1 Le monde vrah, accesible au sage, A Yhomme plews, an veriueur, vit en hil if ext luémeme ce monde. (La forme la plus ancienne de cette tdée.. périphrase de la proposition + ‘mol, Paton, je suls la verite >.) ke mone wa Incesbe pou te momen mal po amis ait sage, au piety au vertucux (au-« pécheur qul se 7e- pent'»). rogrés de Tidée elle devient plus ratfinés, plus Risaiense, plus insaisissabe.. elle devlent chrétenne... ‘ice onde ¥en nscale, Yadmontabe pone a promettre, mais qu, mime sit nest quiimaging, est une fonsslation, ne ‘obligation, un impéraft, (Em somme Te Sieux solell, mate cache par le brouiliard et le sceptieame ¢ Tidee est devenue sublime, pile, nordique, digae du penseur do Kenigaberg). “a Le monde vrai — inaccessible ? Ea tout cas pas encore atteing EL comme tel aussl inconna, Par consequent, I ne onsole nine smuve plus, nt oblige A rien. * 4 quot une those ineonne pourrait-lie bien nous obliger .- (Aube gris. ‘Premier billlement dela ralson. Chant du coq da postivisne). ‘Le « monde vral» ne ide qui ares pls ile 4 sien, une kdée qui avoblige méme plus Arlen, —une idée.. devenue tuperfies par ‘consequent, tine idée réfatée + débarrassons- hous en (Clare du jour; retour du bon sens ct de la faiete; Platon rougit de hontej tous lea exprits Tires font {in vacarme diablo). ‘Le monde vrai, nous nows en sommes débarrassé : quel monde nous est resé ? Peutstte le monde des apparences ?. Mais non I avec le monde orci nous nons sommes dass! debar- rarré dut monde des apparences | (Mid Instant de Fombre In plas courte; fn de ft plus longue erreur sapogée de hae te INCIPIT ZARATHOUSTRA) ctzsche pense ensemble ehristianisme et platonim it débuter Vhistire du déelin due monde vral > avee Te Platonisme parce que la fol chrtienne a adopt pour Telabo- Fation de see strvctres théalogiques Ia posophie: grcque, olamment le néo-platonisme Paton devint le ¢ compagnon > de la révélation chré- tiene (7) lew commun toujours repris par Vapologéique Chrétienne @). Rétrospectivement, aterpretation chrelenine Ch Ie compte rende de Gahe gol porte ev tte {Gk par exemple I: Pieper, Uber dea Depa er Tradition, 1988, NUETESCHE ET 84 TENTATIVE DE RECUPERATION 87 voit dans la théorie des idées de Platon tout comme dans le ‘ royaume de Dieu » une doctrine du monde supra-sensible, du monde vrai, au-dessus et derriére Je monde sensible des ‘apparences. Dans cette histoire de Warriére-monde, du monde méta- physique, seul le dernier alinéa, qui contient davantage qu’ he dit explicitement, requiert une explication, Car si avec Zarathoustra prend fin histoire de la plus longue erreur, est-adire lo « mensonge de deux millénaires > — comme iLappelle le christianisme — iden résulle que le « prélude dune philosophic de T'avenir > telle que la eongoit Nietzsche evient & nouveau au commencement, d'avant la tradition chrétienne et platonicienne, autrement dit, & « la philosophic A Tépoque des tragiques grees > qui avait déja été Te theme dun de ses premiers écrils. L’abolition du monde vrai, et parla méme du monde des apparences, signife, si Ton tient Compte de Taporie, concernant le rapport di monde que nous bénérons & autre monde, le monde que nous sommes, qu'il rest plus nécessaire désormais que nous nous supprimions ‘nous-mémes parce que nous ne pouvons ni découvrir ni réa- ser ce monde idéal dans notre monde réel. La suite que le dernier alinéa se contente de mentionner devrait se formuler ainsi : Moi, Nietzsche-Zarathoustra, je suis la vérité du monde, ‘ear je suls le premier & avoir par-deld toute Thistoire de Ia plus longue erreur redécouvert le monde d'avant Platon. Je he veux pas autre chose que ce monde de Téternel retour, ‘ee monde’ qui ne m’est plus étranger, et qui est tout ensemble et en méme temps mon ego et mon destin ; je me veux mok meme éterneliement me renouvelant, Je veux élre comme un fmncau dans le grand anneau du monde, monde-qubse-vet- luisméme. ‘Si « Mapogée de Phumanité >, son ¢ Midi > qui est un ins- tant de Téternité (¢ Midi et Eternité > était Ie titre que Nietzsche avait un moment envisagé pour son Zarathoustra), coincide avee Fabolition du monde vrai et du monde des ap- Parences, il en résulte que l'homme qui s'est dépassé lui-méme fat dans son essence identique a Iessence du monde. Un frag ment de la « Volonté de puissance >, auvre & laquelle Zara ‘houstra sert de « portique >, traite de ce monde qui embrasse toutes choses, et qui n'est pas seulement au-deld de la vérilé et de Vapparence, mais aussi par-dela le bien et le mal. Zara thoustra est Tinévitable Introduction & la « Volonlé de pui ance > inachevée, puisque déja le Surhomme, Phomme sans Dieu, nest pas une subjectivité radicale, mais « le genre su- Préme de Tétre » en général de sorte que dans son ame ‘toutes choses ont leur courant et leur contre-ourant, leur 58 mierzscHe ux ef leur reflux > (9). La volonté de pulssance est essai @une « nouvelle interprétation duu monde > et comme telle fst une « interprétation de tout ce qui advient >; mais en tant qu'elle est Pinterprétation de foul ce qui se produil, elle est en méme temps une interprétation de l'étre: humain — fous le nom de « volonté de puissance » qui désigne la spon- tanéité de toute vie. Le monde vivant et "homme en chair et en os révdlent tous deux la nature de tout processus vital Ce monde de la nature englobant toutes choses, V'annean des fanneaue nest Pauvre ni d'un Dieu ni de Thomme. ll existe tout simplement, c'est un fait donné de tout temps. « Le monde existe ; il nest rien qui devienne, rien qui périsse. Ou plutot : il devient, i! périt, mais il n'a jamais commencé de devenit ni cessé de périr, — il se conserve dans le devenir ‘comme dans le périr.. Il vit de Iui-méme + ses excréments sont sa nourriture » (0). Monde tou fe naissant et disparaiseant, son existence n'a ppas de but ni de fin au-dessus ou en dehors de lui-méme, ni Gone aucune finalité ; en d'autres termes, il n'a pas’ de fe seng_s. Son plus viewx litre de noblesse, c'est dexistor ‘¢ par hasard > mais crest un hasard si grand qu'il absorbe le hhasard qui a pour nom ¢ "homme » ‘La « nouvelle conception du monde » de Nietzsche existe en ‘deux versions qut different dans leur conclusion : Vune ac- ‘eentue Ttre da monde comme volonté de puissance, et V'au- tie comme éternel retour. «Bt savez-vous ce que « Ie monde > est pour moi? Volez-vous que je vous le montre dans mon miroir ? Ce monde volel ee qu'il est : un monstre de force, sans commencement ni fin, une quantité déterminge immuable d'énergic, qui Baugmente ni ne diminne, qui ne se consume pas, mais ne fait que se trans- former comme un tout il est d'une grandeur immuable, une économie sans ddépenses ni pertes, mais tout ausst bien sans aceroissement et sans re- ccites, entouré due néant > comme de sa frontitre ; rien qui disparaisse, rien de gaspillé. rien qui soit éten- ue infinie, mais comme force déter- TW) Heideaser ext wavs cone oy Wet e, Te ee. Nletache Th, pp. 62 128, 149 9 DMMETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 59) singe i est intégré dans un espace Geterming, et nom pas dans un espace qu. quelque part scait.e vide» Pe {Ent que jeu de force ef mouvernent je forces et la fon un et multiple, accumlant leet en meme tem évanouissant licbss, un océan de forces qui se préciptent et reluent tur eliesmémes, erneliement changeant, temeliement refluant,avee dimmenses fsanéss de retour, avee un ux et un Feflux de ses fruits, poussant des plus fimples vere tes plos complexes et les plus vars, da plus elme, du plas Figid, do pls frotdrefluant vers Te'plus ardent, le plus sauvage, le us contradictotre avec soeméme, Et pols, A aouvem, revenant de la plitude & ta simplieté, du jeu es contradictions fatant retour au plaisir de Tunite, #atfirmant fncore soiméme dans cette identté de ses parcours et de aes années, fe benisant sotoméme comme ce qui flernellement doit so renowveen, fomme un devenir qui ne conta SAUCE, ni degoat nf lasstode *— voll mon monds diongsiague de Teterneliecretionsde-st, de Véterneliedestuctionse-so, oe rmondesmystire de a double volupt mon parcel te bien ele mal > sans fin, moins que dans Te bonheur de cele ne réxide une fin, sana volon- fei moins quien anneau ne soit de bonne volonié A som propre égard, — otles-rous tn nom pour ce mond ? Ie solution pour toutes ses alge Imes } une humitre méme pour vous vous Aes ploseachés, les plus fort, fe Plot hardis Tes plu proches ‘de Inuit? Ce monde Cest ta volonté de pulssonce — et rien autre 1 Bt Yous-mémes, vous es vous aussh flte volonté de puissance = et Fen en dehors delle» (VI, p. 401 64) 0 vuerzscue Variante de ta fin de la premiére version ¢ A moins qu'un anneau ne soit de bonne volonté pour tourner toujours sur sa vieille or- bite, autour de Iui-méme et rien qu’autour de lui : ce monde qui est le mien, — quel fest colul qui est assez iu- tide pour T'apercevoir sans souhaiter étre aveuglé ? assez fort pour opposer a ce Iiroir sa propre Ame ? Son propre miroir au miroir de Dionysos ? Propre solution & l'énigme de Dionysos ? Ev celui qui en serait capable ne devrait- pas alors faire plus encore ? Svalier sotméme & I’ « anneau des anneaux >? aves la Promesse de son propre relour ? avec T'an- eau de Mélernelle bénédiction-de-sol, de Téternelle alfirmation-de-soi ? avec la volonté de’ vouloir-anouveau-etde-vouloir encore-une-fols ? de vouloir-le-retour de toutes choses qui aient jamais existé ? de vouloir aller vers tout e@ qui sera tun jour desting & étre ? Savez-vous main- tenant ce que le monde est pour mot? Et savervous ee que je veux, moi, quand je veux ce monde-la ?.,. (XVI, p. 515). Dans la premiére version, le probleme du vouloir de I'éter- rel retour sexprime dans mage de la réflexion réciproque de la structure du monde et de autonome du comporte- ‘ment ; il regolt ainsi une apparence de solution : Te se-vou- Joir-sot-méme du monde, un se-vouloir-sans-cesse-ettoujours, fest pense & partir de Téternel retour et la volonté humaine fen tant qu’elle est volonté tendant & revenit aussi bien qu’ taller de Favant, se meut A son four en cerele ; par contre, dans Jn seconde version, la formule abrupte de la « volonté de puis- jance > qui en Thomme et dans le monde serait tout sim- plement Identique, plutot que drexprimer dissimule ce qua Ge problématique Tidée d'un vouloir de la fatalilé. En der~ nlére analyse, on s'apergoit que Ia formule lapidaire qui dé& finit la vie comme « yolonté de puissance », loin de montrer que le cycle toujours recommengant est la iof universel NIETZSCME ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 61 la vie, dénonce la situation historique exceptionnelle de Nietzsche : car n'e-til pas pensé la nature de toutes choses, Jaquelle est une et Ia méme, A partir dun homme qui en #8 qualité de Surhomme s'appréte & imposer sa domin: In terre et & prendre la succession de Dieu ? ‘Néanmoins quelque résolu que soit Nietzsche dans son dessein de donner une signification « cosmique > & la « vo- Tonté ‘de puissance > plutst que de la réserver & In seule yolonté humaine, on ne saurait se dissimuler pour autant que fa conception du « caraclére universel de Ia vie > comme volonté de puissance > est en fin de compte le fruit d'une expérience historiquement déterminée, de méme que la doc- tine de l'éternel retour, & cbté de son aspect cosmologique garde un sens anthropoiogique, voire moral, ee qui nous ine ferdit de la considérer comme une doctrine parfaitement cohérente et sans faille (11). A quel point Tidée de la volonté ui se donne des fins, et qui plutot que ne pas vouloir préfére encore vouloir le néant, est inadéquate pour caractériser Te mouvement du monde, mouvement cireulaire se poursuivant aveuglément, c'est ce que montrent déja les réserves que Nietesche semble faire Iul-méme dans les deux textes rappe- Ms ot il revient en partie sur sa definition du mouvement cosmique par le terme de « volonté > lorsqu'll ajoute « moins que...» ; comment en effet affirmer, sinon en un sens impropre, d'un mouvement circulaire qu'il poursuit un ‘ebut », et d'un © anneat! > qu'il est de bonne volonté & son propre égard ? On ne saurait employer de manitre sensée le mot de volonté si (en vue d'dhuder Téquivoque et la contra- ietion manifestes que recéle Ja doctrine nietzchéenne de la olonté ‘de puissance et de Téternel retour) Ton méeonnalt Fintentionnalité et la finalité (Ziel -und Zweckgerichtetheit) dy youloir humsin qui vise toujours une fin future. Cependant, toute métaphysique du vouloir s'inspire du mo- ile de Ia théologie chrétienne et de son eschatologie, posant ATorigine du monde une volonté eréatrice, qui pour Yamour de Thomme a produit le monde comme but final. Ce qui est ecisit pour toute la pensée biblique, ce nest pas le rapport de homme 4 un monde toujours déja existant, mais bien plu- t6t Te rapport de la volonté de Dicu a la volonté humaine. Lhomme est fait pour accomplir 1a volonté de Dieu, et son Péché clest d'affirmer son propre vouloir. La volonté, comme ‘@ppelitio, aspiration au bonheur et amour naturel de la vie, fconstitue la destination fondamentale de T'étre humain. TAD Gh Vonerage de Vantear : Nictrtches Philotophie der eigen Wiedertenr dex Cleichen. 1956, p- 86 34 c a ErascHe Méme Ia eroyance est une volonté de croire. Nemo credit nisi Dolens et voluntas est quippe in omnibus motibus. Dans cette ‘cefinition augustinienne de l'homme, appetitio,velle et amare forment une trinité. Le propre de Thomme, le « caur > de Thomme c'est le désir de bonheur, 1a votonté et l'amour. Tota ita Christiana sanctum desiderium est. La vie terrestre ne peut avoir pour principe un monde éternel, sans commence rent ni fin, mais seulement Vespolr d'un « pas encore >, un peruenire ad id quod nondum est, qui est apparenté & Ta eroyance (12). Celte théologle de la volonté-désir-amour s'est conservée sous des formes diverses jusqu'a la métaphysique de Ia vo- Jonté chez Schelling, chez Schopenhauer et chez Nietzsche 4qui, quoiqu’ll Vexpérimente dans un monde devenu athée, n Fenonce pas pour autant 4 définir 'homme et le monde par la volonté, alors méme quil dénie (afin de pouvoir affirmer le cycle austarcique de Tunivers) le moment dintentionnalité et ae finalitg Ala volonté cosmique. Méme le probléme du monde en tant que tel, cependant, Nietzsche n'est plus ca Pable de le poser & la’ manitre det Grecs, e'est-t-dire sans Féllexion sur tol-méme, purement du point de vue du monde. Lequel des nombreux penseurs grees méditant « sur le monde » ont pu comme Nietzsche poser la question anti-chré= Henne : « Savez-vous done ce que le monde est pour moi? » et prétendre récupérer le monde comme « sien > — lequel feGt pur compléter cette question égocentrique en ajoutant = ‘El saver-vous ce que je Yeux, moi, lorsque Je veux ce monde- la? »— Nietesche pense dans la perspective d'une volonté ‘qui stest délivrée de Dieu, et, par voie de conséquence, dénie Aussi_au monde, qui toujours se yeut Iuiméme, toute fxpice de but et de fin, de valeur et de sens ‘Cest une victoire de’Vesprit scientifique sur Vesprit relk- gieux inventeur de diewx, que d’étre parvenu & la conviction ue le monde, unité et totalité d'une certaine quantité de force fou d'énergie, n'a ni but ni fin, et partant non plus de « sens >. Or, s'il est vrai que le monde comme perpétuel devenir n'a pas de but rafjonnel, alors il est & chaque instant « équi- Yalent > (wert-gleich) ou, en d'autres termes : il est dépourva de toute valeur quelle quelle soit, puisqu'll n'existe pas de eritare permettant de le mestirr et de l'évaluer, « La valeur tolale du monde est inestimable > (13). Aussi fautil se garder de lui attribuer une « conscience universelle > (Gesamtbe- ‘wusst-sein). Pour le phénoméne total de Ia vie, la conscience TUB Be trp. may 2. 10; De eto, Det IV 6 et 1. 08) Wea, te [NUETESCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 63 nest qu'un moyen de plus dans Pépanouissement et Featen- Bion de puissance dela ve, Ce scralt faire presve de aiveté {ue de vouloir rendre compte du monde de'la vie tout enter Bar lun de ses aspects paticulers tel que conaclen.e, expr Zaison, moral, eke En revanche, si Ton shimine Thypothtse ‘Tone conscenee universsle,ereant-des fins et des moyen fn élimine da_méme coup’ Idee d'un Diew supérieur. at ‘monde, d'un Dieu qui Tasraiterée par amour pour Vhomme 5 fa fortior’ se trouve éiminée Vide séeuarigs dum « ordre oral de Punivers» 14). ‘Une fois éliminge Thypothése d'une volonté divine com ciente, intentions dives et d'un ordre moral du monde, Gelubcl se revdle A nouveau tel quil lait 4 Torigie © par dela Te bien et le mal « innocence du devenir » cu Thomme Iutméme est compris, dont mul ne porte Ia responsabilité Dieu ni Mhomme lubiméme. Que-quelque chose comme Talre hhumain puisae exister et existe fel quil ext, relive de laf Aalitéde fut ce qu et, tat et sera A jamais Mats si Phomme fait partie de la totaié du monde, sil ezsteelectivement fue danse tot et qu'en dehors du tout rien ne peut exisler Al permette de le mesurer et de Févalue, sors nous some thes ‘parvene a sine « grande déierance > ; now sommes enfin dives de toute faute comme de touts fn. L’homme Produit accident du monde de la Nature est sane faut en Fors un dieu comme cause premiére de toute chose. « Nous he pouvons sauver le monde qu'ninsi dives. de Dieu >, eo ul cut dire. que nour amvons, pour iabrméme, fone contrarement ce que veut dire. Augustin. loraqu dent que le Christ a selves le monde de fubméme C5). ‘Trathetsme ct une sorte de seconde innocence sont és Tm A Fautre » (16). Avec Nietzsche, PActheiome dain" stele taccomplt en a reconnaissance du monde en tant que monde ten cetsant du meme coup tre a-Thdime. wpidté (Gottlosigkeit) de Zorathoustra ‘et Paccomplissement de Pathéisme Les doutes du jeune Nietzsche, concernant 1a vérité de Ia fon ehrétienne et Ia vérité du rapport entre le vouloir ale des olen, + Les qual nib Xvi peabl ct a pan” o nierzscie main et la fatalilé qui regne dane te monde deta Nature, Crvarfvent 4 une consusion delve dans les discours al cs de Zaratbounire, ; ee inst parlait Zarathoustra > se présente comme un cin aquitme > drangie,Yevangiteantcehteien; ouvrage aval 16 Onea comme le ¢ porthjue » a Fédiice tucheve den « Vou fonté de puissance a comme tous es ects de Nisehe epuis-Zerathoustra, ct ia tentative d'une «transvalua ‘alice Ge tosts” es leurs tradtonnle, centtdie elennes, par une-« nouvelle conception Jy monde >, ue Shnecption ance. La mort de Diew » réclame Wabord le ‘epestement de Thome seuely de Phomme ehrtien vers le S’Rishomme 9, pula rend poseble sina la recuperation du Sonde Te prologue de Zarathoustn raconte comment eels ‘Rncoire un viard, taint homme entrain e chant Tey uWvants ‘Deng a Germire partie du livre, Zarathowsta enconite un autre saint, le dernier pape, qul, Iu, connalt Sepa te nouvelle de Te mort de. Died eg pour eels tedtee'e ble reat >. Au conra de leur enteien, le view Foye appete Zarathousta, imple « e plas piews de tous EePimpls n Zavthoustay ght se-nomme ftrmeme tot sme Fiemest¢ Timple > (Gottioter), sve em méme temps que i'n a plas Je reponse: Poor que nous pulssions continuer vivre aprés fe men’ae Diet; tne transformation fe Mhomme tue, de homme shratien, et son depasement vers Te Surhomme sont devenusindopensabes Ea seconde proposition capitate du pre- isgue apis cle de Tannonce dela mort de Ded, cesta su tate Je vous enceigne le Surhomme >, vaulant die parla Juetiomme est deers quetque chose gui fat «vainere Wtrmonter 2. La doctine nisschéenne’ du Surhomme est tn‘renversemet Faden! du dogme shrétien de FFlomme Dien, Ie'sorhomme du pass C7. Le eingutme Evan proclamé tar Zarahoustraentend nous sauver due Saveur > des Remps passte etl tentative dassimiler Phomme ay caractre unter de'in vie du monde Templace mtatio Chis homme etc surmonter sine vet sablmer dans Te “Ai) Gt, Lait, Yon Hope xu Nietzsche, p48 9 MIETZSCHE ET $4 TENTATIVE DE RECUPERATION 65 Fay a aad a ge Se ¢ Sree oe telecon st aa Bi ol psn rennin, ie ee commande famines dor ono erent de font ria Sees ro geet perms omeme 2 yl de Diego erminds Stetina tn re me Shee 6 Nicrescne volonté est Ie « principe » dé pulague te eroyant hee veut pas lurméme, Le nihilism europcen qui se de- Thande' sf yet > a vu le Jour, certes, avec la dsparition fe ia fo chretienne, mais le christianisme Tukméme slat deja dévetoppe, a la fn de Tantiguit, ia faveur dun affal Binacment ig Wott Quiongue ae supporte point sa pre domination et son propre wouter, cherche soutien Fefuge dans une fol dirangire, le persusdant qui y a déja Une autre volonté que la scnne qui ul dira ce quit doit faire Te grand. Cvenement de la mert de Diew signiie que tout Yhorizon dans lequel Thomme européen depuis deux mille tne a fondé son existence ert évanot ‘Néanmoine Ia mort-de Dieu, précisément en tant quelle donne hassance ail, cde une eran arent fovophique scar en dépit des tentbres. dans lesquelles elle hove plunge tut abord on peut se sear soulageloraqu'at. fen « Tu dois > he pése {fue la mort de Dieu al délesté Phomine du fardeaw de 3a Sinscienee de culpubiite st obligation envers Texistenee, tins ait rendu fa + lberté pour in mort», Vola ce dont trate dans le livre V du Gal Savotr (nttulé « Nous qul sommes fans peur >) le premier aphorisme « Ce qUil en est de notre sirenit >. ‘Meme nous autres déchifreurs d'énigmes, nous devin és et prematurés du sitele A venit ul devrions déj& avolr fapergu les cmbres qui vont blentOt reenuvrir TBurope, A quot este da. que meme nous, ows attendions la monte de ces {éndbres sans verilableiniért, et surtout sans sole et sane frainte pour nous ? Serins-nous encore trop sour Vinfluence des contequences immediates de cet événement —— et ces onssquences immédlate, les conséquences qu'il « eves pour fous, Contre tote alten wont Tew dairisant ni esto Brissant ; elles apparalszent tout au eontraire comme une now. Nelle espéee, difle a dri, de lumitre, de bonheur, de Toulagement, une espece de scrénile, encouragement, au Toren: De fai, mous tutrs philosophes et « esprits Hhres > en apprenant fa nouvelle que « Tancien Dieu ext mort > 100s fous sentons comme éisirés par une nouvelle aurore et hotre eur déborde de gratitude, détonnement, de presien- fiment, 'ttente, — vole qu'enfin Thorizon, méme sil nest, pas clair, nows paaitibre S nonveas, vole qu'enin nox als- eaux peuvent reparir,repartir a leurs rbques.et perils tout risque est A'houveaw permis au pionnier de Ie connais- tance, Ia mer, naire mer, A nouveau Youvre devant nous | Deutctre weutsil jamais ¢ mer st ouverte sur te large'>. Le Tigrand large > qui nvits Nieiache, nowveaw Christophe Co- NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 67 Tomb, a de nouveaux voyages de découverte est la méme mer ‘au sujet de laquelle on interroge le devin qui annonce l'avb- nnement du nibilisme ; et ce dernier signifie que désormais tout est vain, égal et’ vide. « Sans doute avons-nows mols sonné : mais pourquoi tous nos fruits ontils pourri et jauni? ‘Tout travail aélé vain, notre vin est devenu poison, le mauvais il a brOlé et desséché nos champs et nos ewurs, Nous som- ‘mes tous desséchés et si le feu tombe sur nous, nous tom- berons en poussitre comme de la cendre. Toutes Tes sources se sont taries pour nous, la mer elle-méme #est retirée. Tout sol menace dese dérober sous nos pieds, mais V'abime refuse de nous engloutir ! Heélas ! oa y a-til encore une mer of Yon Duisse se noyer ? — voila notre plainte —- elle retentit par-del& de monotones marécages >. Plus tard, tine fois que Zara- thoustra s'est vaincu lubméme et a surmonté son nihilisme, Ja source tarie devient In « source de T'éternité > & laquelle toutes choses ont été baplisées, et Ja mer oi Zarathoustra vondrait se noyer devient la mer des forces s'écoulant et Te- fuant sur elles-mémes du monde dionysiaque, que décrit le dernier fragment de la Volonté de puissance et oh se reflte Vame de Zarathoustra. La mort de Dieu, par-dela le nihie lisme, ouore le chemin de la redécouverte du monde. La parabole de Thomme insensé (e Gai savolr > Ill, § 125), qui va partout annongant In mort de Dieu, a incité eeuxte ‘mémes qui furent croyants un jour et qui ont perdu la fot tans eesser de vouloir étre religioux, & retrouver dans ectte arabole grotesque et pathétique un sentiment qui leur est familie : « absence de Diew et des dieux >, « nuit du monde », fet « égarement >, « abandon » et « oubli de Etre >. Hele egger pense que’ Niotzsche par ces paroles de profundis, du fond de'sa détresse, « lui aussi tlevé la voix et invoqué Dieu ‘ear, & ses yeux, Nietzsche n'a pas été un « athée ordinaire » mais au contraire « unique croyant du xix" sidele >. En qui ‘ou en quoi a-til eru ? Cela, om ne -nous le dit pas. Quoi qu'il fen soit, ce qu’on peut dire vraiment sur ce point, cest que Pour Nietzsche Tathéisme n’était pas encore une alfaire qui allait de sol, mais restait un probiéme. Dans Ecce homo il ‘accepte le jagement qu'un léve de F. v. Baader porte sur ‘es écrits, selon lequel il aurait voulw par leur truchement provoquer une sorte de crise et de décision supréme dans te probléme de Pathéisme ». La question se pose eependant Aécision en vue de quoi ? En faveur d'un nouvest Dieu? 0 fen faveur de Tancienne divinité des Grees, Ia divinité du cos: mos? ou bien en faveur d'un monde résolument athée? M nest gudre possible de répondre avec certitude A cette Question ‘dans tel ou tel sens, car _méme Ia dernitre pa- role @'Ecce homo « Dionysos contre le Crucifié > est loin ‘du mot sans équivoque de Vollaire : « Eerasez Tinflme! » ‘gue Nietasche elle dans ce passage. L’athéisme de Nietzsche est Fimpicts (Gotliosigkeit) un homme qui au commence- ‘ment et & la fin de son existence a invoqué un « Dieu ynnu >. Pour faire disparaltre Téquivoque, il ne suffit pas Galléguer simplement le passage d'Ecce homo ob Nietzsche éclare qu’il ne connaissait pas de « difficultés proprement Feligieuses > par expérience personnelle, et qu'il avait volon- {airement expérimenté jusqu'au bout toutes les contradictions d'une nature religieuse (21). Dans les éerits qui font suite au Zaruthoustea et qui sont destinés & Te commenter, Vessence non seulement de la foi ehrélienne mais de toute religion est ‘émasquée comme étant de nature purement morale et psy- ‘chologique. Si de_plus on se Fappelle que Nietzsche voyait ‘dans la certitude d'tine « eroyance > et dans une « conviction » nhon par tin argument en faveur de In vérité, mais bien plutot contre elle, on ne peut sempécher de metire définitivement fen doute la conscience quil avait de sa propre valeur et Ia conviction de sa mission qui ne cessait de croitre pourtant. Lihypothise n'est pas exclie que son « Antéchrist > soft, rnon pas un scandale religieux, mais seulement Textréme in- ensifieation d'une eritique de Ia morale chrétienne qu'il inau- ura dés ses premiers éerils. Si, dans sa dernitre allaque du hristianisme, il se montre tellement plis passionné ct radical, ppeuldire este parce que dans son Ssolement et dans le sen Kiment de n’étre entendu par personne, il devait Ia voix plus que nécessaire el te fourvoyalt dans un role of il tomba dans Texagération et se fit « le comédien de son propre idéal > West signifieatif qu‘Overbeck, Tui qui avait été Te témoin le plus proche et le plus avisé des exaltations et masearades de Nietesche, par instants ne pouvait se défaire de Thorrible ‘soupgon que la folie de Nietzsche n'était que simulée, jus- qu’au moment ol aprés les événements de Turin il dut aban- donner tout expoir, Quelque incertaine que demeure toujours Ia question de ixptrience religieuse de Nietzsche, il nen est pas moins vrai qu'll n'avail quran seul but trouver « quelqu'un de vrai, de droit, de simple, quel ‘qu'un qui soit sans détours, un homme de toute probité » (22) et cest pourquoi aussi il'a accepté Ia rupture avee Richard ‘Wagner. Zarathoustra Tui-méme, lisons-nous dans Teuvre posthume, sans doute, n'est qu'un vieil athée : « il ne eroit Qh EN». V's a NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RécUPERATION 69 ni aux dicux anciens ni aux dieux nouveaux. Zarathoustra ait : Je croirais; mais Zarathoustra ne croira pas... Quon te comprene Dien». 23). Four len aii te sons de tom sihcisme, faut tent compte de plusieurs points important. 1. dabord, en Nictzwhe Iuisneme.« Finstinetreligiee, cestd-dive Finainct eréateur de dieu sévelle parfols mal S propos » a: dans le monde qui est le nétre te Diew humanitaire du etritianisme ne peut ere démonteé; '3- Nietzsche reetalteatégoriquement tant le Diew moral, juge des hommes, le Diew de "Aneta Testament, que te Dieu er fife, Ye Diew sauveur da Nouveau Testament, et dans. © la fate'de Pine » du Zarathoustra il en parlait en blagphémant Outrageusement; et enfin ‘le seul Dieu au nom duquel Nietzsche paris, est to dict 'gree Dionysos parce qui est pour li'le symbole de « Tatlirmation do monde la'pivs haste, de la transigeration is plus totale de Yexistence qui alent jamais €e proclamées fur tere > (25), tandis qa contraire Te Diet chctien st Woes yeux « ls plus grande objection contre Vexistence >. « Le Dieu sur ta crotx est une maledition de la vie, une invitation a's'enafranchir Dionysos écarelé est une pro messe de vie : élemellement elle renalta el reviendra’ da fond de Vanéantissement > (28). Les_mysteres dionysiens tdltbrent dans Ia volonté de procréation sexuelle 'éerael re- tour de la vie naturelle. « De'quol tHelléne vassuraltilgrdce ices mysteres? de la vie cietelle, Ge Félemel retour de Ia vies de’Tavenir promis et consacré dans le passé ; du Out Tiomphal adresse la vie par-dessuy la mort et le change- ent: de Ia vie. vérlabie comme prolongement de la vie tn Tersile par la procréation, par lex mysteres de la sexuallé, Gest posnquot fe symbole sexuel tat pour les Gees Te aym- Dole respectable par excellence, le veritable sens profond de toute’ Ia piste antique. Tous les détails de Yacte de procréa- tion, de ia grorssse, de In naissance évelisient Ter sent menis ler pls loves et les plus solennels. Dans la doctrine des miystres In douleur ext snerée* «les dauleura de Venfane tement > sanctiient a douleur en général — tout devenir et toute erossanee, tout ee. qui garantit Tavenir nécessfe Ia ouleur., Pour qu'il y ait la jole élernelle de la création, Pour qu 1s volomté de vie élerellement affrine elleméme, Hp. a (2) Xv ps0 Gs) Wes di Fines WE a ose m urrascie 1 faut ansst quil y ait les douleurs de Tenfantement... Le fom de" Dionysos signe tout cela * Je ne connals pas de Eymbolisme plus deve que ce syibolisme grec, celul des ionysies, Dans ce syimbolisme, Te plus. profond instinct de Wie eslul de Tavenit de la ve, de"Téternite de la vie, est Tessenti_de fagon religleuse, ~ Ia vole meme de Ta vie, de Ia proeréation comme la voie sacréo.. Ce nvest que le chris- anise avec som fond. de ressentiment contre Ia vie qul fait de la sexuallte quelque chose dimpur il a jeté de Te boue sur je commencement, sur Ta condition premiere de notre vie!» (2). Lamour du Diew ebretien pour Tes hommes Gest « exaltation de Tidée de Thomme vivant comme ua fire atexue'» G8). ‘unique Dieu que reconnaiste la pensée philosophique de Nistesche, ce nest pas wm dies mythigue, mals « le monde Gionysiaque > de la vie eternllement se Tenouvelant qui a {equ son nom, et qui est une volonte cosmique dauto-conser- Yatlon et detaliation de sol ¢ Eloignons du concept de Dieu In bonte supreme ? elle est indigne d'un Dieu. Ecartons-en de meme la sapréme sagesse = cet in vanilé des philosophies {Tu est responsable. de celle absurdite. Dieu st Ta. puls- Since supreme —-ecia suff! De la découle toute chose, de Ta découte —« le monde > | (20). Die, c'est la-méme chose 1 monde qui eat une volonté de puissance sans esse se Soulantellememe. A cette idee répond Faphorisme 150. de Paraela‘te bien et le Mal selon Tequel ¢ autour de Diew > tout devient monde, Par contre, le Dieu eréateur de la Bible {qu est aurdessus et hors du monde contredt Ie eyele divin aes haissance et de In mort. Diew, Cestdire Petre divin Co thelon) de univers totaly parfait en Tubméme, est sa Supreme puissance et sa force, mais cest une force fini et fone determine, « Nos présopposés + pas de Diews pas de fn's une force finie > (30). A. cette force et puissance. di Wines dus monde. apportiet avant toot Ta pulsance de pro- [ration de Tetre vivant. Le monde de la Nature, vill la puissance supréme et divine, Avec tne tlle conception du Tronde,F« athelsme > est accompil et achevé. Jugé du pol de vue du thélsme chrétien, le monde est devenu athee et {imple jen lui-méme, Te monde, ha fls unite et fotlté exis- tant par la grice de Ia Nature, eat divinement parfait. ‘Sous le ttre « Notre point interrogation > om it dans le Bi) Grapuscale der Hote ca que Jo dol sax Anclens », #4 Gh Sip. st Ga) wiew, #1097, (Go) Wied, 18 NIETZSCHE ET $A TENTATIVE DE RECUPERATION TL Gai Savoir (§ 246) : « Nous sommes trop endureis dans Pidée... gue le train du monde n'est pas divin, et pire qu'il nest méme [as raisonnable selon les eriteres humains...» Le monde dans Tequel nous vivons est imple, immoral, inhumain. Mais que ppeut bien vouloir dire « inhumain » par rapport & la totallté Se Tunivers 7 Pour étre en droit de le qualifier dinbumain il faudrait que homme fat la mesure du monde. « Toute cette attitude :'« "homme contre le monde >... Thomme mesure de toutes choses, juge de univers, qui finit par mettre Vexistence elle-méme sur la balance et par la trouver top légire, toute cette altitude est d'un mauvais godt monstrueus, nous en renons conscience et elle nous éequre, — il suff que nous Novions juxtaposés « homme > ef « monde » séparés par la sublime prétention de ce petit mot « et > pour provoquer notre hilarité !> Mais —et c'est lA le « point d'interrogation > dont Nietzsche fait préeéder cet aphorisme +: riant ainsi de fette formule « homme et monde > comme si "homme était séparé du monde et pourtant proportionnel & Iui, qu’avons- ‘nous fait sinon avancer encore d'un pas dans le mépris de Thomme, par réaction contre sa ridicule surestimation, sa pré- tention de se prendre pour une image de Dieu, raison et fin de toute Ia création ? « Ne nous sommes-nous pas Iaissés en- tratner par-la A soupgonner existence d'une opposition entre fee monde oft jusqu’ie! nous étions tout & notre aise avec nos vvéndrations (cest-t-dire d'un monde idéal, idéel, d'un monde a devoir) et d'un autre monde, d'un monde que nous sommes ous-mémes : & concevoir une défiance implacable & Tégard de nous-mémes.... defiance qui pourrait nous placer... devant Te terrible dilemme : Ou bien abolissez vos vénérations, ou bien — supprimes-vous vous-mémes ! > Cette dernitre solution se- rait en effet da « nihilisme >, Mais Is question demeure de savoir si Ia suppression des valeurs que jusqu'a ce jour nous avons le plus vénérées ne serait pas aussi du nihilisme (31). ‘Accette question laissée ict en suspens, Nietzsche a plus tard, ans Te Crépuscule des idotes, apporté une réponse en montrant ‘comment le monde « vrai >, le monde des idéaux, des idées ot es idoles devint enfin une fable, et par-Ih en méme temps la simple apparence du monde des apparences. ‘Nietzsche non seulement s'éleve contre le Dieu sauveur chré tien, contre la morale chrétienne et les idéaux sociaux séeu- larisés du christianisme ¢ latent >, mais se prononce aussi pour le monde amoral avec le rétablissement duquel Yathéisme rend fin. Aussi eatil en droit de trouver que par les ¢ vieilles TED Cf. Lawith, Nlettche, Le, 9. 100 9 ou Vi pe AT: HV, n wuerzsci, expressions > dathée, d'incroyant et dimmoraliste, il était Toin @éire qualiRé correctement. L? « athée > est en effet une ‘expression anachronique ; ear qui croit encore sérieusement ‘au Dieu de I'Ancien et du Nouveau Testament, ou méme tout ‘implement en une religion de Ia raison pratique t Mals par ailleurs, qui croit, comme le voudrait Nietzsche, & Ia divinité ‘du monde compris & la manidre des Grecs ? Voila le probléme ‘evant lequel nous place « Vathéisme » de Nietzsche. Les athées des xvir et xvi siécles, les e libres penseurs > que combattit Bossuet se sont encore avee passion levés contre Ia eroyance religieuse dominante, et durent lutter pour s'en affranchir et faire de leur incroyance une profession de fol. Pour les eri- tiques de Ia religion du x1x" siécle, eet aflranchissement & Yégard du christionisme dee Eglises était déja devenu une fiche facile, bien qu’entrainant des inconvénients sur le plan social et politique, comme le prouve le sort d'un B. Bauer, dun DF. Strauss ou dun Feuerbach. Cependant, de fagon générale, Vathdisme est au xix" sidele une condition naturelle de la pensée scientifique, Il est, comme dirait Nietzsche, ¢ un Evénement qui concerne I Europe tout entibre », et le résultat e la vulgarisation de la pensée scientifique. Aussi Nietzsche peutil parler du triomphe de « athéisme scientifique >, elé- ‘ent vital de toute pensée honnéte. « Partout oi Pesprit est ‘aujourd'hui & Pauvre avee rigueur, énergie et sans tricherie il se passe maintenant parfaitement d'idéal — expression ‘popuilaire de cette abstinence est « athéisme > — : abstraction faite de sa votonté de vérité. Mais cette volonté, ce reste didéal fest, si Ton veut m'en eroire, cet idéal Iui-méme sous sa formu lation la plus rigoureuse, ia plus spiritualisée, la plus ésots- rique, la plus totalement dépouillée de toute enveloppe exté- ‘eh, par consequent, nest pas tant son reste que son ‘Liathéisme absolu, sincire (— et c'est dans son al- mosphére seulement que nous pouvons respirer, nous autres ‘hommes, esprits les plus spirituels de ce temps !), nest done pas en opposition avee cet idéal, comme il peut le sembler; il ‘rest au contraire qu'une des derniéres phases de son évolution, tune de ses formes terminales, une de ses conséquences in- times, — Il est la catastrophe respectable d'une discipline, d'un ‘ressage deux fois millénaire ‘de Tinstinet de verité. qui Gnit par sinterdire Je mensonge de la foi en Dieu > (32). La conscience chrétienne west transcendée et sublimée en ‘conscience scientifique qui, dés lors, se dresse contre propre origine en mettant’ en question Ia moralité de la GH VEE paso, NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 73 morale en vigueur. Par cette mise en question et. son aitaque du christianisme latent de la morale, Nietssche a Groqué Tathéisme béat de la critique de Is. religion da xin" sitcle. Il na pas seulement nig, comme le fit Feuerbach, Je « sujet » des « prédicats > chrétiens, cest-A-dire Dieu mais, et avant tout les prédicats eux-mémes : bonté, amour, le. I a osé opposer, aux vertus chrétiennes de amour Se Dieu, de Fumble obcissance ot de Tamour désiateresse du Prochain, Gautres vers telles que ls valeurs transvatues de ‘© volupté >, le « désir de domination », I" « égoisme >, et ce par-dela ie bien et le mal — mais conformément au erie tire du bon on du mauvais », pour la « vie en général > quil interprétait selon le principe universel de l'appropria- ton, de I'incorporation et de Taccroissement comme. volonté de puissance (38). Car « qu’estee que la vanité de Thomme Te plus vaniteux en regard de la vanité que posséde homme Je plus modeste, étant donné quril se sent « homme » dans la Nalure et dans’le monde 7 » Cette vanité trop humaine qui rend son origine historique dans Ia croyance qui fait de Thomme unique image de Dieu, et lui attribue une place fabsolument exceptionnelle dans l'ensemble du monde de la Nature, a géné le ¢ texte originel > de la nature humaine, a fempéché que Thomme se reconnaiste lui-méme comme na- ture. Il importe pour cela que Phomme soit replact dans Ia Nature, dans ensemble des choses et qu'll « triomphe des nombreuses interprétations et significations: accessoires, vale nes et fumeuses qui ont été griffonnées et barbouillées sur fe texte originel éternel de l'Aomo natura ; il faut faire en forte que dorénavant Thomme adopte devant "homme Ia ‘méme attitude qu’aujourd’hui déja, endurei qu'il est par la Giscipline des selences, il adopte devant cette autre nature ; ‘quill toit sourd aux séductions des vieux olteleurs métaphy- ‘Sciens qui trop longlemaps Tut ont ehuchoté & Toreille : « ta ‘aux mieux que cela, tues plus grand! tu es d'une autre “ms mal per In oleate de polnnace. Lider Hf tente eleemper deo tt ea Hepropi, dee iecorore ee ‘qeefon appelie ln= autiion pbloomine comsseati, wae ‘Option de ete volont eriginele de davon plan forte = ” wierescne, origine |» — est ume tiche qui peut sembler étrange, mais Cea une the “ql overt fe Mer?» De ependant homme moderne, Vhomme « post-chrtien >» na plus acces la Nature direcement par Vintermédiaire de In perception et de Tinvestgation scentinque du monde de Ia nature, mais seulement pat Pentremise de Texpérience qu'il trade son'propre moi comme existence corporelle, d'une ex tence entachce d'un corps Pour tne philosophie de « Tenis tence sy du « pour #01 la Nature mapparat plas que dans {er impulsions: les désirs ct les. sensations Je existence torporale tandis que Fe autre > Nature, hors de nous et itm sot > provogue en nous simple dégott, comme dans Sta Nausde > de Sartre « Roses, neige ou océans, tout ce qui leurissait init par se faner, il my a que deux choses qui soient : ie néant et le moi marqué » (G. BEN). Mais méme Texpérience du corps propre novs est interdite depuis que les eystémes philosophiques venus apres Te chris- tianisme ont transform fe sens de Telre proprement humaln fn'un sco ‘me vivere (Augustin), en on cogito me cogitare Geveartes), en un « mol s qui sccompagne tootes mes ree Prisentatins (Kant) in «leonconce de zl > de Teapet eat pur pour sol (Hoge), dana le « pour sf > de Fexistence Gartre) ou en « trea» (Dose) pour lequel dans son etre i va de son ttre méme (Heldegger) En d'autres termes : ees Jnllosophies ont transposs Tsirehumain dans la re-exion Ru monde en nousmemes, en Topposant & ia Nature pensée omme Tetre qui est hors de nn, qul nous est etranger, Fetreautre qui est extériur A 01 parce que la Nature ne Hien dellesnéme. Ausstestee patfallement, dans la logique fun pensde. que Nietzsche, dans sa tentative de reintegter Thome dans a Nature (on pour parler aver Schelling de Te ‘ depotentialser >) tablit une distinction entre Te « Moi > Sonetient do soi et le « Sol» (Selb) corporel, et qu'il sinter- ope sur Vorigine et Yesvence de Ia conscience. Clest dans Te So dans Petre le plus originel qvagit et domie + la grande Fabon du corps oy Les contompteurs du corps > ne sont pus les pone conduisant au Serhomme, ce sont des hommes Tite qu inerproten,en moralisten comme péché leur propre ‘eatintion plyolofogique. En faisant allusion & ln rosie Go Vit, p90. i NIETZSCME ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 78 métamorphose of esprit 'éveille enfant, dans te premier Aiscours de Zarathoustra, le discours sur ¢ les contempteurs 4 corps > proclame : «de suis corps t ame » —~ sins! parle Yrenfent. Et/pourquai ne parlerait-on pas comme Tes enfants ? Mais eatui qui est Evie, colot qui sat dit * Compa, je le suis tout entier, et rien dantre ; Hime n'est qu'un mot pour designer une partie du corps. Le corps est tne grande rai fon, une mulltude qui n'a qu’an seul sens, une guerre et {ine pais, un troupeat et un berger. Instrument de ton corps, tell est auss ta petite raison, mom frére, que tu appelies« e+ prit >, un petit instrument et un petit Joust de ts grande rai- on, i dis « moi > et tu os fede ce mot Mais'ce qui es los grand cest — ce A quol tu ne veux eroire — tom corps Et'sa grande ralson elle ne dit pas « Mot», mais elle agit en tant que « Mol >. Ce que lessens éprouvent, ce que esprit ona, cela na jamais de fin en 0%. Mais Tes sens et Fespeit ‘oudralent te persuader qu'ls sont la fn de toute choses # fete est leur fauité Instruments et Jouets, voll ce que sont les sens el Pesprit + et derrire eux te trouve encore le Sol Le Sot cherche Toi aussi ave les yeur des sens il écoute fst avee les orciles de Pespeit. Toujours le Soi écoute et sherche sil compare il soumet, conquer, detrlt I regne, et {Mest aussi le maitre du Mor » {les nombreuses observations et analyses concrétes de la réa- té“et de Taction de Tineonsctent, qui fourmillent dans tous les érits de Nietzsche, ne témolgnent pas seulement de Fintul tion du paychotogue et du moralistes elles sont ausst partie {ntegrante de son effor pour replacer homme dans In Na ture et, perdi, dans la vie du monde, Crest pourquot aussi Mietesche'a reconnu importance eapitale de fa theorie lel alslenne des « petites perceptions >. Bt ce, bien avant que In découverte de Vincontcient par Frend en vienne Aémontrer In “portee. «de rapellerat tetbnis qut Tui donnalt carte, mais contre tous Ie philosphes antérieurs, ~ Tidée qQue Is conscience west quan simple acldent de la représene tion, et mon son attribut nécessice et essentiel, que, par canséquent ce que nous appelons conscience, Toin de cone: fituer'notre monde intelectacl ot spirinel, nen représente qwun état paricuer (un état peut-ttre maladify (99), She probleme de la conscience (plus exactement ¢ du deve fir consclent de sol) nese pose & nous que du moment ot Nous commengons & comprendre dans quelle mesure nows 5) Gal savot, 387 6 rersce, pesos nome creme Se it ioe Lait ge Laat Sep en a Naat ee ee aCe a a a ee So ne ea er ear PS ae a a este Poa See STS, (GH) Gai savor. § 354 — cf, Kast, Vor DISCUSSION (1) 1M, BIRAULT. M. Lowith nous a dit que Téteraité dont parte Nietzsche nest pas ‘une éternité hors du temps, une éternité intemporelle fomme celle du Diew biblique, mais un temps perpétudl, une temporaliteperpétuelie. Pourtant, je ne crois pas du’ tout aque Nietzsche pense Téiernite comme un temps limite. Cest tin fait que Nietzsche a toujours manifeste une certaine mee flance a'l'égard du temps, de la longueur du, temps, dela durée et du progrés. Rappeions-nous ee beau teste: ¢ Famour de Ia vie est presque le contraire de amour d'une longue vie. Tout amour véritable songe a Tinstant 4 Téternte, jamais & ta longueue (die Lange) >, Or celte longueur est prsistment ta Iongueur du temps, 1 temps lurméme comme longueur, D'autre part, c'est un fait encore moins contests: ble que Nietzsche accorde une extréme importance aux. no- tiens de devenir et de revenir. Comment conclier ces deve aspects ? En fit, i faudrait retrouver fel une {dee kantiene e's 8 savoir, Is datinction néeestaire da-devenit (mounts tab) et de Ta femporalit (phénoménale), iy aches Nietzsche tn devenir éternel, une éternité en devenit, ou en « revenir >, tune réconciiation de Tétre et du deveni, mais non pas Hernité temporelle. Pour faire court, je dirais que Nietzsche veut sauver ensemble : Tinstant, Tsternité, le devenir, la vie, mais non pas fe temps. Aussi Téiernel retour estll tout autre ‘chose qu’tn_prolongement illimit. Celle heure, je ne veux as ule spprolonge, mais quelle se repete une Infinit de Ma seconde remarque a une intention opposte, Je diral, non phis que M. Lowith marque une trop grande diférence entre Télemnité chrétienne et Teterité meteschéenne, mats Au contraire qu'il rapproche peut-dire exagérément Nictzsche Tervention de M. Tasbes, et al teadalen par Alen Lindenberg, 2 stpooses de M. Lolth ont 8 uerascue ‘du’ christianisme. Car, dans une remarque qu'il voulut bien ire sur_ma_ propre conférence, M. Lowith observait com- bien Nietzsche distinguait les deux concepts d'action et de fréation, et privilgiat la création par rapport & Taction. UL fen concluait que Nietzsche se souvenait \'une certaine fogon de Tidée du Dieu créateur, le concept de création étant bibtk fque et non pas gree, Toutefois, 'ai Timpression que Ia eréa- Hon selon. Nietzsche demeure tres differente de a eréation biblique et chrdtienne, Et simplement sur un point qui me ‘Wient/a Pesprit, A savoir sur le earactére foncitrement mater- hel de la création chet Nietzsche, par opposition au theme paternel du Dieu eréateur dans le christianisme. ¢ Véenérez Ta maternite, le pére nest jamais qu'un hasard » (2). L'idée nietzschéenne de eréation ne me semble pas du tout pouvoir rejoindre celle de Dieu eréateur. M, BOEHM. M. Birault a parlé des concepts nietzschéens d'éternité et de eréation, Je voudrals ajouter un mot sur celui de volonté. Selon vous, M. Lowith, le phénoméne de la volonté. serait spécifiquement humain, Tidée d'une volonté de puissance comme Gesamtcharakter des Lebens demeurerait fondamen- falement anthropomorphique. Par ce concept de volonté de pulssance, Ia vision ietzschéenne du monde s‘attacherait Jnadéquatement & une mélaphysique de la volonté d'origine cchrétienne et de caractére par trop moderne, ‘Je me demande si-une telle analyse ne risque pas de tom- ber précisément dans le pidge qu'elle voudrait éviter : & sa voir’ de séparer et opposer « Phomme et le monde >. Elle femble admettre un statut privilégié de homme vis-A-vis du ‘monde, au titre de cette faculté de volonté. En fait, il s'agirait ‘plutot de rechercher la manifestation universelle, naturelle et Teosmologique > d'une force de volonté dont la volonté hu- maine ne const ‘qu'un aspect particulier; et cest cela aque Netache s'est propose de fir, Rien aleblige & deft Hh volonté comme Wirken nach Begriffen (Kant) et dinter- préter ce Wirken téldologiquement, En ee qui concerne Tidée Ge conscience (qui devrait accompagner toute représentation), Nictesche a renvoyt, et vous Vaver rappelé, & la monadologie de Leibniz, Cette mime monadologie leibnizienne indiquerait Ggalement Ia direction dans laquelle une représentation par trop humaine de la volonté serait & réduire. “a ss. a NIBLZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 79 M, TAUBES tentative de récupérer le monde >. Tere ike pra enact aac 80 aerescaHe fistoniciens. (ou préchrétiens) des philosophes. naturalistes eo ‘M. HEIMSOETH. 1M. Lawith a fort bien parlé de Iternité comme sempiter- nitas, Cest-b-dire ‘comme’ conlinuilé infinie du processus du NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION BL devenir qui est le monde, Mais n'y a-til pas autre chose ? Ewigkeit wimplique-til pas une wue de Nietzsche sur ee flux Hernel, trés semblable aux expériences des mystiques ? Niel ache dit : « car je t'aime, 6 éternité >. Il parle du « puit de Véternité >. 1 erait voir dane un instant (les mystiques disent « in einem Nu >) la vérité de Titre, cestadire le fait total de Méternel flux et Te retour du méme dans cette sempiternitas. Cest It, je crois, une véritable transcendance, turpassant et comprenant en ‘méme temps le Devenir, Et eelte Wahrheit ne tombe pas sous les doutes que Nietzsche 2 toujours eus, concernant la prétendue vérité en tol des phi- osophes. Il y a chez Nietzsche une élemnité vécue, saisie dans Je grand Midi, qui ne tombe méme pas sous I'éternel retour, ‘qui a au contraire la prétention de comprendre celui-cl, M. LowITH. Aux objections de MM. Birault, Taubes, Boehm et Heim- svcth je voudrals répondre suecinctement se qut suit La tentative nletzschéenne de « récupérer le monde» dont nous a séparés le christanisme, reste une tdehe pleine de fens, fatal prouvé que la « dernibre tentative » que Niele fehe ait fate « avec la vérité > nva pas attelnt son but. Cec tentative ne pouvait réussir, pas plus que le « Je veux > ne pouvait se transformer dans Winnocence dtr Jeu efvateut de enfant < le monde perdy ne se laisse pas réeupérer & la Pointe extréme de la modernité postchratienne. Pour cette Hiche, Nietzsche — comme il le Feconnalt dans sa dernitre Jere J. Burckhardt était par asex © simple ot tran quill >, Pour les Grees, Ia révolution visible de In sphere céleste révélalt Te Togos du cosmos physique et une perfection divine, Pour Nietache, terme mouvement cicuie eit «In pensée a plus terriNante » et «Ia plus lourde pesanteur >, parce u'll ext en contradiction avec sa volonté dravenir. Les Grees comprensient Thomme, de telle sorte que étre homme signi= fait etre morte, alors que Nietzsche voulalt rendre Gernells existence éphémére de Thomme fink. Pour les Grecs, Péternel retour de la nalssance (generatio) et du déclin (corrupt) fexpliquait Tes" transformations incessantes dans le nature hatte Woisore "pour Niewsche, Ia reconaisance d'un Hernel retour du Méme ne peut se faire que dun point de ‘vue extrémiste et extatique. Les Grees éprouvaient ‘crainte et espect devant Tinévitable destin ; Nietusche ft Teffort sure hbumain de Te youloir et de Palmer pour changer la supreme nécessité (Notwendigkeit) en un ¢ tournant du destin > (Wen- de der Not). Tous ees superlatifs : « supréme >, ¢ ullime > (ouloir et vouloir en arriére, re-eréation et transformation), sont aussi différents de esprit grec que contraires & la na- ture. Ils ont leur origine dans Ia tradition judéo-chrétienne, dans Ia eroyance que le monde et homme ont été eréés par Ja volonté toute puissante de Dieu, que Dieu et "homme eréé 4 son image sont essentiellement volonté. Dans la pensée de Nietzsche, rien ne nous frappe autant que accent quill met ‘sur notre nature eréatrice par Tacte volontalre tout comme chez le Diew de Ancien Testament. Pour les Grecs, ce qu'll yA de eréateur dans Thomme est « imitation de la nature > et de sa naturelle force. produetrice. Dans hypothése oa le Dieu de la Bible est mort pour Ia conscience générale de Nhumanité actuelle, le probleme de Ia relation entre (homme et Dieu se transforme dans celui du rapport entre Phomme ef le monde. Et pulsque ce west pas Thomme produit le monde, mais que, au contraire, celui-ci a produit Phomme, il faut que dans tout ce qui est, rgne un seul et méme principe. Cependant, si c'est In fores produetrice de I'stre vivant de la nature qui est le principe tunigue de tout étant, et non pas un Dieu hors et au-dessus du monde, un Dieu-Bsprit, alors Ia nature (au sens grec de hysis) qui renferme en elle-méme le principe de sa force roductrice ne saurait étre considérée comme Véquivatent de Diew qui est « causa sui > 1 ce dernier concept implique la Mberté'de Ia volonté divine de créer un monde qui ne con- tient pas en lui-méme le principe de son étre. D'ot la défini- tion seolastique de Ia nature comme « art de Dieu > (natura Dei). Et lorsque Nietzsche congoit le monde délivré de Dieu, comme votonté de puissance se voulant elle-méme, il tombe nécessairement dans toutes ces apories antichrétienn: ue j'ai essayé d'exposer dans mon livre sur Nietzsche (3). Vest prévisément une analyse immanente de la pensée de Nietasche, qui est en méme temps et nécessairement aussh ‘une critique immanente. Elle concerne d'une facon particu- Tigre Ia métaphysique nieteschéenne de In volonté et $on ork ine théologico-chrélienne (saint Augustin). Le volonté de eréer détermine la pensée de Nietzsche, méme Id ot il déclare que le monde considéré dans la perspective dionysiaque est Te monde quil a lui-méme voulu, et ob il érige Ia volonté en ‘amor fati >. Sans doute rapporte-til la volonté de puissance ‘hfe totalité du monde, mais en vérité elle est moins univer- WF. 1006, pp, 108 9g, 128 9g, 192 4a, 17 NIETZSCHE ET SA TENTATIVE DE RECUPERATION 83 wt go lt dat taped Seapeaey, ate att ices Sti Sen Trt eas le ete ces sie ee on pana Sims gune cee'd os saaerpn et tics Sage Same me eile SA itil yee ge Ca sar dacs Hamceycha ile wee ae Hee Sc Se can as SEOUL ais ae pe ce So aa Es eatin ches he the Snail a eal een ae EA ge ee SE me ent ee aca ata tone a kan: ot aS ls iS clit ote pol Se ess Mae Sa ers et ee fate ae se itcaetnls aud ae Cea ee ao oerzscHe tune physique, et si la distinction entre Jes sciences de innature et les sciences humaines de Fesprit nest qu'un anachronisme, alors on ne peut méme pas penser de fapon ar trop « naluralisle >, cestc-dire assez naturellement, Eonformément Ata nature des choses, Lihomme nest Thomme qua sa surface. Ltve 1a peau, disseque’! Sel commencent les machines. Puis, tu te perds ans une substance inexplicable, trangére & tout ce que ta fais et qui eat pourtant Tessentel. Cest de meme pour ton ‘ésir, pour ton tentiment et ta pensée. La familiarte et Vap- eee, humaine de ces choses svanutwent hexane, tsi, levant le langage, on veut voir sous cette peau, ce qui parali m'égare ». (Valty, Cahier B, 1910.) _ ORDRE ET DESORDRE DANS LA PENSEE DE NIETZSCHE JEAN WAHL Nous sommes-nous réunis une infinité de fois pour parler de Nielzsehe ? Nous sommes-nous réunis une infinité de fois, fou cette fois est-elle unique ? Je ne sais : il est trés embar- Fassant de penser I'élernel retour. Je crois quill y a méi ‘contradiction & penser T'éternel retour, et je crois que contradictions sont nécessaires & Nietzsche, LA je ne suis pas accord aveo Henri Birault. Je crois que Vhomme supréme, [pour ne pas dire le Surhomme, est eelul qui pense les con- Eradictions : il ne cherche peut-étre pas leur synthésc, bien que Nietzsche emploie quelquefois le mot « synthése > (de meme quil emplote quelquefots le mot dialectique). Eh bien, il faut penser alors que nous nous réanissons jel pour une yar une infinite de fois, et c'est difficile tesche aimait les impossibilités, les eru- ‘iflaions de Tentendement, ‘Ordre et Désordre... Ces mots peuvent avoir beaucoup de sens, et ensemble de mon titre, « ordre et désordre dans Ia pensée de Nietzsche >, est volontairement et involontairement Ambigu, Ily a ordre et désordre dans la pensée de Nietzsche, et il y a ordre et désordre dans le monde, suivant la ponsée de Nietzsche. Les dex sont vrais, et ce n'est pas élonnant, Thomme étant Tig étroitement au’ monde. Lidée dordre, le début de Vidée ordre, cest Vidée de ‘commandement, et malheureusement Nietzsche aime beaucoup Tidde de commandement, d'ordre donné, et cest le premier fens du mot « ordre >. Ordre que je me donne, et ordre que Je donne aux autres, pour quill y ail une hidrarchie (Rang- ‘ordaung). Tel est le premier sens iy nun ordre dans le monde, en ce sens probablement ¥ a la vie végetative la vie animale, et puis ectte béte non déterminge, qui se déterminera peut-itre & partir du Sur- homme, sil ya un Surhomme, ou s'il y a un homme supréme (puisqu'on # fait remarquer que le Surbomme passait au so- cond plan ; mats le fait qu'une idée passe au second plan ne Prouve pas quelle devient moins importante) Ty a encore 'Eternel Retour, Cette idée de Véternel retour pose'tant de problémes que Je ne peux pas ne pas my ar Peer un instant, Cest vraiment om paradoxe que Nielsiche, fancien professeur de philologi, all eru. trouver nouvel Mdce quit ny a rien de nouveau: nvest-ce pas cootradice toire ? Quand it pense & cette idée, el qu'il se rappelle un peu Guill atte professeur de. philologl i cite les Pythagori ‘Sena, Létertel retour a de multiples sigoiications : marteau pour les uns, exallation, motif d'exaltation pour les autres. Treternel retour est un erilere, L'acceplerons-nous ? Je ne sis pas si Nietesche et aimé le mol crite. Acceptons-nous Tidée Qe Péternel retour, et la supportons-nous ? Ou ne Ia SUppor~ tone-nous pas ? Leffort de Nietzsche consiste aller Jusqu'h Textréme, Jusqu' la limite, et voir ee quon peut supporter; fi Tidée de Pelernel retour est une des idées Tes plus Snsup- Portables pour la plupart et supportable pour certa ‘Cest ne idée qui exalteTinstant, at fond, pulsar duira de noavenu, une infinité de fois, Te mélange de st tt de choses raisonnables, et de choses déraisonnables mais Justes, enfin, que je diral aujourd’hul. Done, cet instant est facralisé en quelque sorte (un mot que Nietesche nalmerait peulstre pas). Ldée de Téternel retour est Vide de la fou le, Nietzsche emploie le mot éelair « Blitz >. homme, tel Wil Te veut est un homme qui aura Teelair, et qui. sera {in delay Tubméme. Cétait platot sous aspect de tonnerre {que les Grecs voyaient Ie Dien, mals enfin fl'y 4 un lien pro- fond entre ces diférentes Kes. Et que THfomme puisse etre fait & partir au moins de ce qul viendra apres, et\de ce que fous re falcons quiapercevoir cela nous donne aussi un oF fre, et une idee plus profonde de Tordre. Nietzsche emplote Sonvent les mote « forme > et « structure > (pour designer ie muvre earaetérisée par une forme). L'Homme, Vhomme haut, a Je puls dire pour éiter le Surhomme, sera celut qul imposera une forme et une structure, une Gestalt. Mais & quoi ne « Gestalt >»? Jen viens & la seconde partie de mon sujet : cst & un chaos que l'homme imposera la forme, et il faut aussi qu'il préserve ce chaos. « homme doit avoir en soi le chaos pour pouvoir engendrer une étoile qui danse » (1). Il faut TW Ferithonstra, Proogue, § 5 ONDRE ET DESORDRE DANS IA PENSEE DE NIErZscH 87 préserver le désordre en nous, et ee désordre est fait de Contradictions. Mais il faut qu'il engendre une @uvre. Done, ‘ordre et désordre sont bien Wés. Cest une premiére tentative de répondre & la question ‘este que Nietzsche forme un « ensemble >? En un sen: foul, en un sens non. Il dit qu'il est une sorte de griffonnage : ‘ Moi-méme, dans ensemble, je me fais souvent Veffet d'un grifonnage qu'une puissance inconnue tracerait sur le papier four stave une nouvelle plame s, Cest dans une Iie & wverbeck, apporte que sa swrur projette de faire un exposé de sa philosophie, it répond (et ce sera ‘mon excuse) : « cela fera une belle salade > (2). Mais, d'autre Dart, i pense, comme Kierkegaard, que « tout set miracu- Heusement, merveileusement arrange >, el que son auvre fest_une sorte de hasard heureux. Il esi perpétuellement en méfiance vis-a-vis de lui-méme. Il prend parti contre lui. On trouvera plus tard des formiiles analogues chez André Hprend parti pour ce qui lui fait du mal, et je dirai qu'il va Ala limite, il frdle la limite, it sait qu'il risque beaucoup, et chaque fols qu'il parle — jtemprunte cette citation & Sehlechta dont je n'aime pas Médition, j'expliqueral pourquol — une voix douce s'éléve en méme temps qu'une voix qui est forte ly a done beaucoup d'étages, beaucoup de maisons, dans la pensée de Nietzsche, Il se faliaehe, dune part, & des pen- sées chrétlennes, qu'l Je veuille ou non, et il le veut en un fens. Il nime beaucoup Pascal, il dit : « son sang court dans Te mien >: 11 aime beaucoup les Jansénistes. Il aime, d'autre Parl, Mme Guyon. Et aussi il aime les libertins ; et « crasez Finflme » est un de sex derniers mots, qu'll reprend de Vol- taire. Done, comme I'a dit trés bien Shaeffaer dans son in- Uroduction aux lettres & Peter Gast, In pensée de Nietzsche, Tame de Nietzsche est un champ de bataille entre ses propres pensées. Les livres qui montrent Te mieux eet aspect contra- Gleloire de Ia pensée de Nietzsche, c'est dabord le trés beau Tivre de Lou Salomé, puis celui de Jaspers, et ces quelques [pages de Shueffner. Mais on trouverait chez Klossowski, chez Bataille, chez Heidegger aussi des idées semblables. “Toutes les grandes qeuvres sont faites de contradictions. Le ‘« Don Juan > de Mozart est quelgue chose de eontradictoire aussi, Le bon Européen est celut qui, dans le Nord, aime Te Miai, et qui, dans le 3 ford. Je veux dire un mot contre Bertram, qui pense que Nietzsche est une sorte de traltre. Je ne sais pas vis-Avis de quoi exactement. Mais CE Bes all, Prans Overbeck und Friedrich Netache, 1, p43. 8 mierascue Je veux dire que je n'sime pas le livre de Bertram Nietzsche, et je erdis qu'il falsifle beaucoup de choses. Féalité, chez Nietzsche, Hy a une syathése d'états + états ‘Pour Beaucoup 'hommes, méme de grands hommes, ser {nconeiliables, et qu'il faut non pas peul-dtre concilier, mals uunir. Entre des états qui se nient tun Tautre, il y a beaucoup de « modus vivendi », soit qu'un extréme coincide avee autre, ‘soit qu'il faille les conserver tous deux dans leur tension. Ly aurait a étudier le « non > chez Nietzsche, et cela d'au- tant plus que Nietzsche est un ¢ diseur de oui >. Mais le out peut avoir de multiples sens, et le non de multiples sens, et Je erois que 'un n'est que par autre, et l'autre mest que par Tun. Du reste Nietzsche ne détestait pas Vidée de dialectique, ‘cest peu A peu quil s'est mis A Ia détester. Male ily a une dialectique en lui, et qu'il reconnalt peut-éire jus- 4qu'a un certain moment. 11 faut éviter, évidemment — je su Ta d'accord avee Henri Birault — il faut éviter & tout prix @e faire de Nietzsche un dialecticien, mais il faut unir Midge d'une rigueur implacable, et Tidée de perspectives multiples ; i faut unir Tidée élévation, et Midée de pénétration en de- dans. Il y a un passage de Nietzsche sur Schopenhauer qui pour- rait étre appliqué a Nietzsche lui-méme : « Tout ee qu'il sest assimilé plus tard, tout ce qu’il a appris dans la vie et dans Jes livres, et dans tous les domaines du savoir, n'a guére été pour Tui que couleurs et moyens dexpression >. A occasion, HV usait pour la méme fin de la mythologie bouddhiste ot cchrétienne. Il ne pouvait y avoir pour lui qu'une tache unique, ft cent mille moyens de Taccomplir, un contenu unique, et d'innombrables hiéroglyphes pour Vexprimer. Désordre, en co ssens que, pour les derniers livres, les contenus dun livre assent et glissent dans autre. Cela lui est égal qu'un pas- Sage soit dans Eece Homo, ou dans 'Anlé-Christ, quil reste lun fragment de la Volonté de Puissance ou qu'l appartienne un opuseule existant par Tul-méme. Crest assez eurieux, un ‘auteur qui laisse ainsi passer un texte d'un de ses livres & autre, en lant indiferent, en quelque sorte, & ce déplace- ‘ Loisirs d'un psychologue > : cest un des titres, comme vous le saver, de ce qui est nommé aussi « Volonté de Puis- sance >... Sous ce titre bénin, dit Nietzsche, « se cache un ‘exposé trés hardi et précis de mes principales hétérodoxles ONDRE ET DESORDRE DANS LA PENSE DE NIETZSCHE 89 hilosophiques, de sorte que cet ouvrage peut servir Ata fl Finitation et'dinvite a Téchange, Ala transmutation des Yalours, et Je premier livre est deja presque rédige dans sa Yetsion deintive » {ce premier live clan je eres, fAnte- Chris), Schleehta dit que Tidee d'une ceuvre qui contiendr toutes lee notes de Nictesche nest pas une idee vatable. Sans doute Fordre qu'on y introdutrat, et méme eelul qu'on a ine troduit dans Ia Voloaté de Pulssasce, ne paralt pas tout & fal de Nietsche, Nous avons bien ses carnets multiples, mais ne avons pat di tout si est un choix fait pour un ouvrage jouller, ou st ce he sont pas dea matériaux pour les ot rages qui ont paru dans ley derniers mois de sa vie cont. Gente, Malgré tout it pensait quil avait a éerire une cxuvre, ton auvre fondamentale. Cslte euvre fondamentale, dans son sprit, etait bien une ceuvre gut # ie ero Vo- fonte"de Puissance >, qucls que solent les sousltres. Ou Died, si ce nétat pas « Volonte de Pulssanee >, « Volonié de Puissance > etait'en sousitre, et « Transvaltation des Ve- Jeurs >, en tire. Pour Sebleehia ces notes sont des residus, tt il ny a rien en elles de nouveau, Je erois quil se trompe, Je erois que Sehlechta nest pas un philosophe. Co nest p tn tom connaisseur en Philoophie. Cest an poate dietante T'seat allague & une wuvre trop diffe pour Iutm peutéire difficile pour tous. Pour Schlechta, Tes fragments Kent des morseaux qui wont pas été placés dans les te uvrages que Ton appelle auvres de la Catastrophe, qu rvont pat trouve place dane ces trols ceuvres, Mala, at contraire, pour d'autres, c'est de ees notes que sont sorties Tes trols Euvres, et in queslion reste ouverte’ Je me aula eflored, dane des cours, pendant trols, quatre, cing ans, Je ne sais pa de rendre Tition Schlecita, et de volt, Gest un traval iff Ee & supporter : je consullas les carnet, ot Je me demandals comment Ton reconstitueral Ia penséo de Nietzsche, al Ton Sravait que le premier de oes cartels, ou seulement le second. ‘Au eas ol tout aurait &1 bien ensemble, om aurait eu la Dreuve dun ordre cher Nietesche-- iy a cependant un ordre; Nictsche nous V's dit dans ses ane "ae Schlecht anise de Bt), I y 8 ahora e ihilisme, mais le nibilisme est deja une pense bigarré, s je puis dire; on va da mibllisme pass, et mauve, Aun itilisme acti qui est Ia plus haute possibile, peutire de Tetre. Done, quand Nietzsche it ¢ Je suis ‘un niiliste, i Yeut dire au moins deux choses : jappartiens au temps de Baudelaire, de Bourget, de Wagner. Mais je crois que ce pre- “nihil > doit re dépasse par le nbllsme extréme, qui Aevieat alors le Du, la ny Tackivement de Ia penaée et da 0 nrerzscHe monde, Dans ce monde sans aucun sens, "homme donne le ‘Le premier livre est done consacré au nihilisme ; le second devait dire consacré& la généalogie des valeurs. De méme que le mot « nihilisme », celte généalogle des valeurs pose Beaucoup de problémes. Si Tart est le produit du besoin de prendre un masque, aia vérité est le produit de Ia curiosité Ge la méfianee, etey Ia méfiance nest pas si mauvaise. Sion peut faire, inversement, une généalogie de la vérité, si Yon peut faire aussi une généalogle de la bonté, alors les valeurs Pécrotilent. Laissons éerouler Ia bonté, puisque Nietzsche rhous dit, dans une cuvre antérieure, qu'l faut aller « par-deld Te Bien et le Mal >. Mais justement, ne veut-il pas dire des choses trés différentes : tanibt que les notions de bien et de mal sont dénuées de sens ; tantot quill faut étre mauvais, mall fcleux, méchant ; et tantOt encore, que la morale a été fondée par des hommes de génie, que la morale des esclaves n'est pas tellement mauvalse, puisque les maitres ne sont 18 que parce qu'il y a une morale des esclaves. Done ily a trois ré- ponses de Nietzsche au sujet du Bien el du Vr ‘La question devient encore plus compliquée, puisqu’il critique Tidée de « fait», mais n'en commence pas moins beaucoup de passages par le « fait est que >. Il ne ‘veut pas de fait, et pourtant chez lui il y a beaucoup de faits. En tout eas, ily a ce fait que nous sommes dans une période dde décadence, dans une période de nihilisme ; ily a ce fail {que la recherche de a vérité vient de certains instincts qui ne Sont pas tous valables, Cest IA que réside une des plus Grandes difficultés. Chacune des grandes idées classiques. = fe vrais le beau, le bien, pose des problémes pour Nietzsche mais partieuliérement le Vrai. Et sion dit qu'il n'y a pas de Mai, on se trouve devant eelte difficulté — j'ai honte de le ire — quon prétend qu'l est vrai qu'il n'y a pas de vral La pensée humaine ne peut pas élre congue sans le « il eat vrai que >, et Nietzsche ne peut pas stexprimer sans le ¢ il fst vrai que >. ITy a toujours le « il est vrai que », et a fond. iy a toujours le «il est bon que >. Mais « bon » peut étre pris en de mulliples sens. Cest pourquoi je dis qu'il y a ua fertain désordre dans Ia pensée de Nietzsch Il arrive A Nietzsche de dire que, pendant quelques se- maines, il'a perdu la raison. Dans une lettre & Peter Gast, il Gerit : « Tout cela ma trés nettement démontré mon pew de Stabilitg, et qu'un orage pourrait facilement m'apporter la uit. J'al grimpétrés haut, mais toujours en cdtoyant de tris pres le danger, et sans obtenir de réponse & la ques: tion of vais-je? >. Parfols il pleure, et parfois il rit, et ORDRE Er DESORDIE DANS LA LENS DE NIETZSCHE OT ‘sans raison : « Et je me fais tant de farces & mot-méme, et -me livre & tant de pitreries que, dans la rue, Je me surprends pparfois une demicheure durant a ricaner » (). Il veut éerire ftvee son sang. Je T'al comparé A Lequier se jetant dans la ‘mer : il se jette dans Tabime des contradictions. 11 aurait pu dire aussi : je me jette & Ia mer. En tout cas il a cons- tience de la grandeur de son auvre, si quelque ceuvre humaine peut alteindre a Ia grandeur. Considérons le moment oi Nietzsche parle : c'est le mo- ment de ce qu'il appelle le déctin de "Europe, déclin venu du triomphe de la « masse >, Mais Timportance donnée & Ia ‘masse est en quelque sorte compensée par le probleme de la formation d'élites. 1 s'agit de savoir de quelle sorte seront ces lites. La valeur personnelie, et Ia vaillance du corps comme 4 dit, en seront des éléments. Les appréciations deviennent plus physiques, les nourritures plus charnelles. Cen est fink ‘du temps de la ldcheté, avec det « mandarins > au sommet, ‘comme Auguste Comte le révait. Le barbare est en chacun de rows affirmé ; aussi la béte sauvage ; mais c'est prévisément Bou cela que le piloophe aura une tche plus grande. "est un peu obsctr : quelle sera la tache du philosophe ? De persuader aux barbaret d'étre moins barbares ? ou plus bar~ bares ? Certaines des conséquences du Nietzschéisme ne sont as bonnes, si Yon donne encore une signification au mot bon >. Cest un fait aussi, et jfaurais da le dire & propos de Yordre, qu'il y 2 deux Ordres qu'il apprécie particuliére- ‘ment, et je he le suivral pas sur ce point. : Ordre des J& Ahites, et le Corps des Officers Prussiens. Ce sont deux des ‘modéles qu'il nous donne. I! s'agit de savoir st nous pouvons Ie suivre, Ciest peut-tre un point de départ pour lui, et je ‘ne veux pas, dailleurs, comparer ces deux ordres assez diffé- rents, ‘Quoi qu'il en soit, notre monde est un monde de pauvreté, ‘au premier abord ; mais dire que c'est un monde de pauvreté, est dire par-la méme que nous avons en vue le contraire de la pauvreté, cestavdire Ia richesse. El cest peut-étre dans tun temps de pauvreté que nous pouvons le mieux concevoir fecite richesse, et celle richesse sera faite de tensions, et ces tensions seront sans dotite faites de contradictions. Nous som- mes dans un temps de barbarie, mais il faut ordonner celte ‘barbaric. Barbarie-lite, pauvreté-richesse sont lites comme des ‘ontraires ou des contradictoires. @ Eatre & Peter Gast, 36 now. 888 Qo. fy fds da Roche, pe 348), ei 2 ierascHE Soit Vidée d'éternité : il y « deux éternités, si Y'on peut « compter » Véternité. Il y a Véternité de I'éternel retour ; et ‘il accepte T'éternel retour, une des raisons est qu'll y trouve, ins notre temps, Véquivalent le plus proche possible de Téternité. Mais, comme M. Heimsoeth Ya trés bien montré, i ya aussi lternité des éclairs, Méternité des moments ot wsche touche quelque chose qui est au-dela du temps, I'éter- nite comme instant. Il faut concevoir & la fols ce retour éternel el cette élernité des éclairs, des delairs qui retourner retournent pas. Il faut concevoir & la fois Péternité de retour et Teternité du moment de la découverte de I'éternel retour. Cest encore une des difficultés du retour éternel, et il yen a plusieurs, et ma conférence est trés désordonnée, mais, Ion titre est mon excuse ! 'Faut-il concevoir que dans chaque période il y a un homme qui congoit le retour éternel 7 Concevoir le retour éternel, Gest en quelque sorte le nier. Sly a une conception du retour Sterne, ce qui relourne éterneliement doit étre changé par fette conception, Il faut dire done qu'il y a éternellement quel- qu'un qui pense le retour éternel ; mais ce quelqu'vn, quand Cest le eas de Nietzsche, c'est quelqu’un qui croit le découvrir. Et si fon juxtapose les deux idées de retour éternel et de sur- hhomme (tout en admettant que le surhomme est mis au second plan dans le dernier Nietzsche), l'idée de Surhomme nous que Homme doit étre surmonté, V'idée de retour éternel nous ‘dit que rien ne peut étre surmonté. Ilya done la de nouvean ‘une contradiction au sein de la pensée de Nietzsche, Peut-étre Heldegger ne serait-il pas d'accord avec moi, parce que, ‘comprends bien, les deux idées lui semblent aller ensemble. Pour moi aussi, mais non pas de la méme fagon. Selon Hel- degger, le retour éternel, crest IEtre, et la volonté de puis- tanee, c'est Vessence. Je ne suis pas’ str, ici, que Heidegger ait pas appliqué & Nietzsche des catégories qui ne sont pas bletzsehéennes. Nietzsche est quelquefois « pour > Y'tre, mais il est le plus souvent « contre > l'étre, et il est Ie plus souvent ‘aussi, Je rois, contre Tressence. Pour moi, je me vois devant cette contradiction entre le relour éternel et Te surhomme, tre Vidée que Homme doit étre surmonté, et Tidée que THomme été surmonté une infinité de fols, Je ne sais pas ‘comment Nietzsche pensait cela c'est & la limite de ln. peo- Ske, crest & Ta limite entre la pensée et la folie. Lihomme est une béle, mais il est une béle d'une sorte toute particuliére ; particuliére paree qu'il y a en Ini une ONDE ET DESONDRE DANS LA PENSE DE NIETZSCHE 93. multitude de contradictions. Cet homme, est celui q Soncol den vers ce valeurs qui fads tansraluer, News ze savons pas trés bien de quelle fagon Fart eaplique. Par tun desoin de masque et de dissimulation mais ie une fee de sbliaton de ce baon dang Fart. Le pobiine de ietasche est & la fois de voir la genéalogie, et de dépasser Ipnéaoge, Nowy now retzouvons bane tse devant Te meme me, Nictzsche veut défnir le type Homme, ce qu'l a Balle le type Homme, bien que Pitomne sot mal determine Kictesche demande souvent™s questce qu est noble? Et Jo ‘ois que ce qut est noble, selon lui C'est Ata fol de tent Gans son esprit des choses contradictoires, et de prendre dU temps, de prendre du lise. Done, iy aura dans Thome Boble une guerre des pensées, mals il y aura aussi du temps Ines pour queue cove que nous pouvons appa: Ia med I faut placer avsdessus de nous des tAches, mats ces ttches ze pourraient étre mesurées et determinges qu’en fonction dt Surhomme ou de Thomme sapréme "que nous ne connals- fons pas. Crest toute Ia question des valeurs: chez Nietasche, W's poputrne alert il peat, ke ere de olen Je n'ai pas ce terme et cete hee, pas plus que ne aime Heidegger. est que Tidée de valeur ne prend aaissance que dans es périodes of il n'y a pas de valeur, Pour Platon, Vagathon a'est pas tne valete. Pour Platon, 'Etre et ce qu'on appeliera plus tard « valeur » coincident absolumest. © f8te Tes successeurs’ de. Kant, et avec certains. philosophes comme Rickert, que Vidée de valeur a pris son importance, Elle pend son importance quand ily # devaluation. Quand Mn'y a pas dévaluation, ily 2 pas de valeur Mi ‘Nietrche fe ce point ds wue ? Pent. I trop employé Te mot valeur ; pour lil tout ext Yar ‘ar, la science les grandes ations. Ilya un ordre difficile qui va du ¢ tu dois > au « je Pees a e.du Je Your > all «Je als 5. Lee Je vob 2, font les héros, ce sont les stoiciens, mais plus haut que les heros, plus “haut que let olelens, sont les dieux” grec, Nietzsche veut done constituer un classicisme hellénique, mais ses « jugements de valeur » sont trts variables au sujet des randes individualités. Les plus grandes individualites. selon Nietzsche sont Socrate et Jésus’: il est certain quil y a cher lui un amour pour Socrate, bien qu'il ait surtout exprimé ‘80 haine de Socrate. Et il est pius certain encore quill ya un 9 MiBrascHE amour pour Jésus, auquel il oppose le Christianisme, auquel M1 oppose saint Paul. Il y a lh un remarquable paralléle & faire entre Nietzsche et Kierkegaard. Tous deux veulent re- venir & Jésus par-dela les siteles, comme disait Kierkegaard. Et finalement! Nictzsche s'identifie @ Jésus, ct signe « Le Crucifié >. Cest difficile, de signer « Le Crucifié > ! ‘Nous nous trouvons de ‘nouveau devant une contradiction : voila un homme qui, & juste raison je erois, est contre Hise toire, en tout eas contre In prédominanee donnée & I'Histoire dans la seconde moitié du 41x" sitele. Mais chaque fois qu'il 4 une valeur devant lui, Il veut en faire histoire Je erois que Ta folie de Nietzsche n'est pas purement Telfel de causes physiologiques, mais Teffet Wapories dans sa pensée. Qui pourrait tenir de telles contradictions ? Il ertique Ta science, et néanmoins il veut aller A Université de Vienne suivre des ours de sciences, afin de prouver l'éternel retour : ee qui fest une idée enfantine, dans Te mauvais sens du mot, puérile sans étre enfantine. Il s'est trouvé dans des labyrinthes. ‘Nous ne devons pas fuir les tentalions. Comment suivre les indications de Tart et de la science, alors que nous s2- vons si bien d’oi elles vieanent, et leurs commencements ne font pas de beaux commencements. Mais enfin ce n'est pas contradictoire de dire que la volonté de vérité a un mauvais commencement; et qu’elle peut avoir une fin, je ne dirsi pas bonne, mais approuvable. Le monde de la science est ut monde fait par Thomme, le monde de Vart est un monde fait Vhomme; par conséquent ce qui est important, cest moins [a science et Vart que Phomme qui les fait. Faut-il dire (oui A la science ? A quelle science ? Faul-il malgré tout dire : hon, pour aller derriére les axuvres de Thomme, vers sa ¥o- onté fondamentale ? Tout est sans cesse remis en question : Te Beau et le Vrai vont ensemble d'une certaine fagon, mais ‘aussi plus nous voyons le Vrai, moins il a de Beau, le Beau ‘Sévanouit, Inversement le monde susceptible d'étre qualifé de heau est le produit d'une erreur. Crest seulement par un certain engourdissement du regard que se présente au youloir de simplicité Ia Beauté et le Précieux. Bt plus que le Vrai Hl faut apprécier la force constructive, la force simplifante, informante. Je pourrais peut-tre m'arréter 1a, réservant Ia suite — et 4 n'y'a pas de conclusion — pour la discussion, puisqu'll ext Theire de VEternité, cesticdire Midi. DISCUSSION 1M, DEMONBYNES. Je voudrais prier M. Wahl de m'éclairer sur une phrase, que j'ai peut-étre mal comprise : Te retour éternel est T'équic ‘alent de MEternité, Car ma conception de Wéternité, en ma qualité d'Européen, vivant dans une tradition judéo-chré- Henne, implique des idées de eréation, de vie future, de vie Alernelle toutes choses élrangtres & Nietzsche... M. WAHL. Mais, pour un chrétien, V'éternité n'est pas la notre, c'est abord celle de Dieu. M, DEMONBYNES. Vous aver dit aussi que Iéternel retour était une idée qu qzallait Minstant. Personnellement, je continue malgré tout A trouver que cette idée est désespérante. Car si nous ne Pouvons nous perfectionner, si nous devons nous retrouver. ‘M. WAHL, Mais nous avons tous de la jofe & nous retrouver une infl- BILE de fois, je suppose ! M. DEMONBYNES. Si nous devons nous retrouver exactement comme dans Vinstant présent, alors c'est inutile que je parle, inutile que Je fasse un effort pour me perfectionner, pour m'améliorer, ‘ou méme pour améliorer ma compréhension de Nietzsche. Si 96 saerascan: Je ne peux pas me perfectionner dans une nouvelle vie, si fette vie n'est pas nouvelle, si elle est exactement identique, 2 quoi bon tout? 1M, WAHL, Je erols que Méternel retour est une idée A Ia fois déses- pérante et exaltante. Cela depend des individus. J'ai dit que était un erllére + pouvons-nous supporter cette idée ? Re- ‘marquez que je ercis qu'elle est impensable, je erois que Nietzsche @ tort. Je mexprime tout & fait banalement je ‘erois que Nietzsche s'est trompé sur celle question comme sur plusieurs autres, L'éternel retour n'est pas une idée ppensable ; alors cela ne me touche pas de savoir quelles sont Set conséquences, M. DEMONBYNES. N'y a-til pas des physiciens, des chimistes, aujourd'hui, et ménie des économistes, qui admettent cette idée ? M. BEAUFRET. Sur ce point trés précis, il ne faut pas oublier que la ther- ‘modynamique représentait un aspect Important de Pactualité de la physique, au temps de Nietzsche. Hl en parle dans ses Tettres'A Peter Gast, celles dont In traduction a été récemment publiée, En 1881, il attend avee impatience la Mechanik der Warme de Robert Mayer (1). Cest & cela quill pense quand Adit que ¢ le mécanisme et fe platonisme se rencontrent dans affirmation de I'éternel retour ». Ou encore : « le principe de la conservation de I"énergie exige le retour éternel > M. WAHL, Oui, mais il a tort M, BEAUFRET. A-til nécessairement tort de se demander si étude de Ia Mécanique ne aiderait pas & penser ce qu'll cherche & penser ? DD Hire a Peter Gant, 16 arth 1881 tr Hp. 6D, OnDRE eT DESORDRE DANS TA PENSEE DE NIETZSCHR 97 ‘appuie sur un fait scientifique déterminé dans ie temps. Son tort, e'était de vouloir sulvre des cours université. M. BEAUFRET. La difficulté reste surtout de préciser le sens de W'éternel retour. Crest je erois, parce que cette pensée oscille entre deux idées : le recommencement perpétuel de ce qui a été; et Je retour perpétuel & égalité, le retour au point 2éro de la vvolonté de pulssance, quelle que soit 'ampleur de ses eonqué- tes. J'ai Timpression que Nietzsche n'a jamais distingué net- ‘ement ces deux dees. M. WAHL, Jene suis pas d’accord ; je n’appelle pas cela zéro... Sappelle cela dépassement. M. BEAUPRET. Mais pour que le dépassement colnelide avec le retour sans ‘cesse de Midentique, il faut bien que laequis soit, pour ainsi ire, comme s'il n'éait aucun apport. M, WAHL, Ce nest pas prouvé. Votre dilemme, c'est vivre les memes expériences ; d'autre part, reve ‘ne comprends pas le second terme. M, BEAUFRET. Ce second terme est & peu pres ceel : Ia volonté étant vo lonté de puissance, Tidée de I'éternel retour serait impli A Tinterprétation méme de la volonté comme volonté de pu sance, dans la mesure ot aucune conquéte n'ajoute rien, et it la volonté, de toutes ses conquetes, Fevient Wdentique A ce ‘quelle était préslablement. Crest en ce sens que le cercle de Tiernel retour ne cesserait de revenir sur luiméme, sans aque ce retour soit celut d'événements identiques. M. WAHL, Cela, cest M. Beaufret qui te dit ! M, BEAUFRET. T1y a au moins un texte tardif de Nietzsche qui semble bien parler en ce sens : « Je vous apprends & vous libérer du flux éternel 7 Te flux ne cesse de refluer en lui-méme, et ‘est toujours & nouveau que vous entrez dans ce flux tou- jours parell, en tant que toujours pareils & vous-mémes » (2). M. WAHL, Peu importe, important pour moi, c'est que je ne com- prends pe rt ato La vololé ‘de puesncs, eer ‘volonté de plus de volonté. C'est aussi la volonté de dominer. est la volonté de plus de puissance. M Le probléme principal nestil pas esto de Videntté & pro- pos di retour? il'vagit dun retour élernel du « Méme >. Br quel est ce «meme >? il'y a ik une diffeuMé cher Nietiche snows ‘avons afar & ine Ident ontolgiqy et wurtant Nietzsche dit que les eas identiques sont des letions Pegulatrices imposées par la volonté de puissance. Comment ton porter sore dun retour due Meme >? quel eat le TMéme's 7 Ny actil pas une contradiction entre Pidentite Gntotogique’ du retour, et Videntité pragmatique dont se sert In Solonté. de. puissance pour dominer le chaos 7 Crest une Dremidre question M. WAHL, TL vaut peut-stre mieux effacer le « méme > ; il n'y a pas de « méme >, peut-tire. ORDNE ET DESORDRE DANS LA PENSEE DE NIETZSCHE 99 M. BEAUFRET, Cest ambi ent ambigu.« Le mime » veut dre pare Fant aire are ?fautal dice égal ? Mats si Yon traduit par « egal >, Feat A quot? Gest ela qui me paral diffele, MX. Distr part props de Ncasche et de Hegel a discus sion pore Jongh nian aur Tented tga oe dr ie'contadctin Ny all Posty sue home, fl el fapparence ches Niche et Shea Hegel Neste poo plat tar erin ge Neuse Yopone eget eto Fetuse de fairelde Paprrence queque ches qut sal ae Einar anit aba Chex teach ny at pan une dens de Yapearenc 7 Guegus those qu nous protgea conte la série qu mows te herat ort de ae pat montir deta ost? Fbatewest ay crt pa deus “yper Wontstogls * Tone faeant de F603 Togs transis &ratlonne a mene hegicone sc tre qu presentrit scone un fae dnguaigue txt jours & interpréter ? a M. WAHL, 11 ya cates des oppositions entre Nstache et Hegel. Mais, her Hegel aussi i'y'4 un ele 7 tout went de Tabsolu eb Fetourne abso, st Yon retrouve haa ee qui eal au cebu M. BEAUFRET, La philosophic comme cycle de cycles et Ie retour éternel ‘comme cercle de cercles ne sont peut-ire pas sans rapport. M. TAUBES, M. Wahl aime la pensée contradictoire ; moi aussi. Il aime les perspectives ; moi aussi. M, WAHL. Moins, moins 100 NierascHe M. TAUBES. Or Ja question que je veux poser est celle-ci — M. Wahl nous adit que la pensée contradictoire méne a la folie ches Nietzsche, el non pas seulement chez Nietzsche. Nous sommes les héritiers d'une réaction contre les systémes ; Kierkegaard, sche réagissent contre les systémes, en particulier contre le systtme hegélien, Le moment n'est-il pas venu de renver- ser ce mouvement, et de penser Hegel contre Nietzsche, contre Kierkegeard? Sil ny @ pat une certaine cohérence systé& matique, la richesse des perspectives s'elfondre, et devient patholog 1M, WAHL, 1 peut y avoir différentes solutions, plusieurs issues. Par ‘exemple, Fidée de Ia eoineidence des contraires Ta guerre, le silence et le bruit font un. Heracite 1 ya longtemps. J aime miew Ta paix et ait, i ime mieux Heraclite que Hegel, et Nietzsche Heraclite que Hegel. (Il y a moins de pages, c'est ' lire, ga prend moins de temps, mais ce n'est pas fa'seule raison.) Hegel est un philosophe admirable, mais fest-ee quil faut accepter le Systtme ? Ne fauteil pas s'en tenir ave Vici », au ¢ maintenant >, au « mien >? Car si Ton refuse Hegel, il faut le refuser dés le début. M. GUEROULT. Vous aver dit que vous sentiez une contradiction entre Tidée de Véternel retour, impliquant qu'il n'y a rien de nouveau, et Te fait de trouver précisément cette idée nouvelle. Mais je ne vols pas de contradiction, parce que dans le cycle de Téternel retour, ily a des découvertes. Et ces découvertes, dans le eyele, on les refera, Il fut un temps ou certains pen Saient A unit 'élernel relour et le christianisme : Ia diff eullé, alors, eétait dadmeltre une infinité de fois une inf ‘nité de Christ, qui se seraient incarnés et auraient apporté tne infinité de fois une infinité de vérités nouvelles. Et si Ton a renoncé a cette idée, ce n'est pas parce qu'elle rendai a nouveauté impossible, mais parce qu'elle ruinait la reli- gion chrélienne. Ne confondons pas Ia nouveauté en soi, et Ia Houveauté pour homme dans le cerele. Il n'y a pas de nou ‘veaulé en so}, mais il'y en a pour celui qui est dans le cercle- ‘none et DESOMDRE DANS LA PENSE DE NIETZSCHE 101 M. WAHL, Oui, un éclair, et on retrouve Punité. Cest possible aussi. M. BIRAULT. ‘Au début de sa conférence, M: Wahl, revenant sur le concept de In volonté, a paru regretter & propos de la notion dordre {que Vidée de’Befehi soit si dominante dans Ia détermination 4u vouloir cher Nietzsche. Cest un fait que celte idée de ‘commandement est essenticlle pour Nietzsche. Mais finale- ‘ment Je crois que, par-I, Nietzsche veut simplement montrer Ia dilférence qui sépare le vouloir du désir. Or cette décou- verte d'un ordre spécique du vouloir, comme fonciérement distinct du désir, ne nous surprend pas, om nous surprend ‘moins si nous nous référons tout simplement & Kant : car finalement le vouloir kantien est également un « imperium >, et Ia volonté chez Kant est également « maitrise », « com- mandement >, « législation ». Nietzsche n'aimait peut-étre pes impécai Kane, maly‘Fimage qui se fit de lk yo- paté ne devient claire que si Yon se référe au vouloir selon M. WAHL. Oui, mais cst trés différent, parce que chez Kant, c'est & ‘01 que Ton commande, tandis’ que chez Nietzsche, cest aux ‘utres essentiellement. M. BIRAULT. ‘A soi et aux autres dans les deux cas. M, HEIMSOETH, 11 y a.un ateétitme chex Nietzsche : la volonté de puissance ‘est in volonté de former les désirs, le chaos des désirs, de eur donner une forme, de se donner une forme & soi-méme. ‘Quant au commandement qui s'adresse aux autres, cest tout ‘autre chose. 102 uerascue M. TAUBES. Ht ne me semble pas que Biralt ait raion. Kaat continue de'rattacher ia volonte ln facalté de desirer M. BIRAULT. ‘Au départ, oul Mats if istingue une faculté lféreure et ne faculle supérieure de-dtsier, et il es sépare de. pls tm plus. Nietzche prockde d'une maniére analogue. M. GUEROULT. Un dernier mat, M. Wahl ? M. WAHL. Lrheure de midi est dépassée, Wéternité n'est pas alteinte, fon ost dépassée, est Id et n'est pas ld... Voila des mots derniers. NOTRE POINT D'INTERROGATION GABRIEL MARCEL, de Pinstitut. Jo n'ai nullement Is prétention, dans cette bréve commun: cation, dapporter rien qui ressemble ne vue nouvelles in penaée de Nietsehe. Je voudrais seulement concentrer mon Atlention sur un texte qui me parat dela plvs grande impor tance, parce quon y voit Nietsehe lubméme se poser ns ‘Question, non Seulement grave, mais centrale et & laquelle i ie répond pas de fagon explicte. Je voudrals done prolonger par une meditation personnelle ce texte dont on peut dire & {e'tois qu'il élaire tne donnée du_probiéme et quil semble Montrer'Mimpossibilité de le résoudre, sane proctder & une torte de mutation dangercuse ou mime inaccepable de Ia pense qui se confront avee Co teste figare dane le Cinguitme Livre du Gat savoir qui marque, & n'en pas douter, un des sommets de toute Teruvre iissche (Wir ‘Purchilosen, «nous es. hommes. sans ET 2 shtent preseason ate fx fort impor: iit Jul aist, et dont Henri Birault a présente un long com- mentire dana a Rowe de Méaphgnique ge Moral hapitre sur Tequel Je me propose de reéehr le ea Inlitulé « Notre Point eiaterrogation » (§ 946). Mais il est Indispensable de te reer 4 celui qui le préctde immédtate- ment et qui sinttule le « Probleme de In Morsie > (§ 945). ‘Pen cite et les passages easentils et Cabord les premires Tignes qui pourraent fre mises en exergue de toute ln phic lotophie de Existence. « Le manque de personnalite se venge Partout; une personnalté affable, inte, éteinte qui se mie Et ae reni elleméme ne vaut plus len, surtout pour Ia phi. Tosoptie. Le désintéresement fa eacune valeur, ni dant te cle) ai aur In terres les grands problémes exigent Yous le fuss, nons sommes encore pleax +, 104 nunrascne sand amour >, Je note avant de poureuivre que le mot d&- Sitéresement nae parait traduire aster mal le terme all mand Selbtlovigketl qui désigne Fabsence de retérence 3 aa tol's «ot seule les eaprile vigourevs, nels et stra, dassete tole, sont eapables de ce grand amour. Ilya une dlftrenes norme’entre le peoscar Gol engage am personnalle dans étude de ses problemes a ponte tare ‘eux sa destinge, 4h pelne ef som plus grand bonheur, ef eelul qu reste imper: Sonnet: eta qui ne ait les palper et les susie que du bout des antennes dune frolde etrose. Gs dernier ne parvendra S"hicn ‘on peat le tl prédive a coup sr ear en admettant time quis ao lassen site, es" grands probitmes.ne 0 Inisent pas relenir par des grenoulles Hes mallusgues ne fl jamais leur godt —- c'est un Wait qu'il parlagent free nor Braves pits femsle: > Sion wowlalt caper les Sheveuy om quatre, on trouwerait de rts lgiresiesacttudes dane cctie tadvtion d'alexandre Visates mia ee rola pas ndcesalr ay Losier. Gel eat esse dats ee texte, Feat quil dénonde une ‘ison, ose meme qui watchs ANS sUbeiosigtet Mats, autre par, on se méprendralt abe foltiment sur le sens de'cet engagement personae du pile: fophe pour Nicusche sion nev ae rappelsit en mbime femps qui ce at au Livre IW, 300 qu sintule ¢-Als Inter cyst eat une sorte de problte (Re toujours manque aux fondateus de religion ft autres gona de meme espbss¢ i Ges évenements de eur vie une affere de comscence dana ordre dela connaissance (eine Getreentsache der Erkent- hiss Vislate'acertsinemont tort dintoduite ae terme Scieniitque) « Quatje an juste wéen que testi pass en foi autour de sol, Atel moment % ma faison taille suf. SenmmentIveide?” Ma vlonte ale suffsamment. Tt contre Tes duperies des son, alle aes bravemeat combat fen fantomes Nous autre, qul avons olf dela rasan, nous dsmandons h examiner les Gvénements de hare ve hetre pat heure. jour par jour, usa sinelement que le processus dune rienoeseaiaqae,» “Bre pera es plus bante importance de celles cos deus textes Tin A Vantre": neff le paradoce grandiose de la Position nieeschecnne consists & afrmer clnjeintement in Efceslt de elle rigueur dane la aasie de Ia comprehension de sa propre experience ele caralere passione de Penge fement personnel, Parl l xt clair qui révoque en dose Sivmeme quit nie vadealement une’ opposiin, tadllon- fee dans Ie philosophic i nos rappate que ce que Tou Durval nppeltr etieexigence objective face de nour NOTRE POINT b'INTERROGATION 105 méme, est elle-méme une passion, et on pourrait soutenir, je pense, qu'il y a I sous une forme trés différente (peut-dtre meme avee tine orientation inversée) T'analogue du paradoxe hierkeguardien. ‘ Comment se fait-, demande Nietzsche (§ 345), que Je wale jamais rencontré, méme dans les livres, quelquun qui engage ainsi sa personne méme dans I'étude de Ia morale, ui ait fait de cette morale un probleme et de ce probleme son besoin personnel, son tourment, sa volupté et sa passion ? Apparemment, jusqu'a ce jour, elle n'a jamais été probleme ; elle a été tout au contraire le terrain neutre sur lequel apres toutes les défiances, les dissensions, les contradictions, on fi nissait par s'accorder, Tasile sacré de 1a paix oi les penseurs se reposaient d'eux-mémes, respiraient, revivaient enfin, Je ne vols personne qui ait osé une eritique des valeurs morales, je constate méme qu’en cette matitre, aucune tentative n'a 4té faite par la curiosité scientifique, par cette Imagination Aélicate, aventureuse du psychologue, de Thistorien qui an- tlcipe eependant plus volontiers sur les problémes, les sais. sant souvent au Yol sans trop savoir ce quelle atirape. » Je crols superflu de lire en détail ce qui suit. Ce qui me paralt capital & souligner, c'est la fagon impitoyable ct ailleurs & mon sens entiérement justiiée, dont Nietzsche dénonce Tes- péce de soulagement avec Jequel Te professeur de philosophic de son temps, sortant du fourré impénétrable des problemes, ‘théoriques, eroyait déboucher sur la elairiére des verités mo- rales, sur un espace ouvert el nivelé ol tout le monde 40 frouvait enfin d'accord sur certaines évidenees morales pro- pres, relevant toutes du consensus universel. Nous sommes. peut-étre iei quelques-nns & nous rappeler le Petit Caléchisme ‘Moral que notre excellent maitre André Lalande, vers, 1908, avail pris Ia peine de rédiger. Le principe en était qu’apras tout, quelles que soient les divergences philosophiques, tous les honnétes gens sont d'accord pour admettre, ete. Jévoque personnellement lesptee d'eoeurement que j'éprouvais, Jeune Drofesseur, fralchement émoulu de TAgrégation, lorsque Yavais & aborder dans mon cours I'étude des problémes mo- Faux, ef & Yorigine de cet éequrement, il y avait, me sem- ble-til, le sentiment d'une non-valeur, d'une non-authenticité affectant précisément ce consensus dont javals a faire lat. Qu’en veuille bien excuser cette parenthése sans doute in- tempestive. Mais, comme je Yat indiqué, cette communication cat en réalité une méditation, Je cherche done, & partir de ima propre expérience, 2 comprendre exactement le sens de a protestation formulée ict par Nietzsche. Dans le contexte de la philosophic actuelle et surtout de enseignement tel 108 saerascHE u'll est pratiqué aujourd'hui, elle risquerait de demeuré Compréhensible parce que la mise en question est devenue ‘chose courante et comme allant de soi. Mais du méme coup, iL faut tout simplement reconnaitre que cette mise en ques- tion risque de perdre sa valeur + ic, elle est ce que j'ap- pellerai un surgissement passionné, Ein leidenschafiliches Auflauchen. Autrement, elle perd son poids existentiel, exacte- ment comme affirmation de la mort de Dieu lorsqu’elle ext Feproduite dans un contexte Journalistique, devient inauthen- tique, Il faut d'autre part voir clairement ce qu'implique le refus de la Selbstlosighelt, cest-i-dire encore une fois non point ‘du tout, du désintéressement, mais bien de Timpersonna- Tite, Mais ce qui s'oppose & Timpersonnalité, ce, n’est pas Ia Selbstoucht et moins encore la Selbegefiliigkelt, est. Aadire In complaisance & so-méme : il me semble que ce qui est ich maintenu ou revendiqué contre une certaine Science dépersonnalisante, c'est la Selbststandigkeit, c'est-b dire Tindépendance qui, dailleurs, n'est certainement pas st ‘de Tintégrite, Mais ce qu'll faut ajouter, me sem- I. cest que cette indépendance ou cette intégrité de sot, ne vaut pas sans la reconnaissance et le respect de l'indépen- dance et de intégrite de autre : et c'est ainsi que se cons tue un nous, si jose dire aéré par une conscience soutente de la distance — une distance trés comparable & celle qui fépare de grands arbres dans une fotaie. Cest Je nous qut Fevient si souvent & cette époque dans les écrits de Nietzs et déja dans le titre méme du Cinquiéme livre, Tl ne s'agit ailleurs pas en ce moment de savoir si en fait espoir de Nietzsche en ce nous, n’a pas été dégu. Il est bien certain qu'il Ya &te et jy reviendral, mais quiconque considére sa pensée ‘eette sorte d'apogée est tenu de regarder comme tout & fait ‘estentielle cette idée d'un dépassement en quelque sorte hori- Zontal, ou si lon veut cette. possibilit, eelte exigence d'une constellation, ‘Mais nestil pas clair que la pensée de Nietzsche s'est térée, qu’elle a commencé & décliner de fagon catastrophique dans la ‘mesure méme ol Ia conflance en ce nous a dépéri ft of du méme coup, lu-méme s'est engagé sur le chemin du délire? Voici maintenant le texte dans Ja traduction d’Alexandre Vialatte ! ‘t Vous ne comprenez pas ? De fait on aura du mal A nous ‘comprendre, nous cherchons peut-tre des oreilles autant que | NOTRE POINT D'INTERROGATION 107 des mots. Qui sommer-nous done Si nous vosions, ussnt de ‘elles terminologies, nous dire slmplement des impies, des Incrédules ou des immoraists, nous ne nous serions pas fneore, tant sen faut, donne. notre nom. Nous sommes es trois choses a ln foin, dans tne phase trop tardive pour qu'on Pulsse comprendre “pour que voon Messiurs ler Curleus, Pulssce comprendce ler nentiments qui nour animent * 10a, Aine wagit plas damertame, i ne agit plus de in pasion de Faffranchi quine pest sempécher Iuimtme de safranget fon ineroyance'enfoiren but et en martyre »- Je note lel que {enol airanger rend iparaltement Fallen Zarek: then, mais je ne trouve pas @équivalent qui me satatase, Ti cat Bien clair que tout ce pustage re relle directement paragraphe 341 « fn quoi nour sommes mows aust encore ews >: Ce qui me paraitessentiel ic ce sont les mats « une hase trop tardive » — einen sw spaten. stadium, en tant Gulls designent le temps de la rélesion mirie qui intervent pris qu'a pris fin Ta période dteraltaion naive gat sult imme: alatement Fabandon Ses eroyances traditionnelles “Nous avons boul, dure et reroidi dans Tidée que le train du monde west pas divin, bien pis, qu'il mest meme pas bumalnement ralsonnable, ptoyable ou equitable. > Hue Isinement, traduit de fagon’un pes Wiehe, le mois nach Imenschlichem Moss, selon les mesures homaines. « Nous avons qué te monde’ dans lequel nous vivons, est pie, ime ‘moral, inhumain ; nows Favons beaticoup trop longtemps in- terpréié' faux, mensongtrement, au gré de notre veneration, Cent hdire de notre besoin 7 car homme est un animal respeeiveux | Mais Cest aussi un aniinal mefant, et Te monde te vaut pas ce que nour avons cra, c'est A pet prés Ia plus fore vente que notre mehance at enfin aie. Tele méRance, {ells philosophic.» Je mrarrte ici un Instant avant Gaborder Te patsage essentil +e qul vient d'étre dress la, est une forte de constat, de bilan, main qui me semble se caractriaer vant tout“ précistment paree que mows sommes entrés dans ‘ine phate tardive ~~ par une absolue Nachtermelf, et Ceat jastement cette chute de Fexaltation qui rend possible t meme Inevitable ia question qu va surgir maintenant. ‘Netssche va. en effet démoncer comme abaurde la eoncla- sion qu'un exprit itech riaquerait de trer de cate décou- ‘erte‘o0, si Fon veut, de eetle déception. Cotte conclusion omsisterat A altribuer A Phomme une sorte de transcen: dance par rapport au monde tel qu'il ert. Peut-ere present {Que Fhomme tu progres, Thomme qui eroit au progres e gul Senorgueilra dev provesses techniques realises en wenden Presque inévlablement htne sorte de divination de ool et affectivement le développement de ta. pensée technocratique Shout a un nouvel amtaropocentrisme, Thomme se tratant Somme foyer de toute signification dans in monde qui nen ‘Somporte par lnt-méme aucune. Aquol Nietzsche repond cei “Nour nous gardons bien de dire que le monde vaille moins que nous ffavions era? nods ne pourrions nous Yenir fe rire méme_aujourdbut si Phomme' prelendait inventer des valurs supérieures 4 ecles du monde reel = eest précis tment de celle erreur que nous sommes revenus, comme dune Ertravagance de Thunsine vanite et de Vhumaine déraisoo, Somme une folie jams re es {uireat au plus hawt point dine attention eat que c'est Tins un petsimisme pus os moins appuye A une certaine late du Bouddhisme que Nietsche repere calle erreur mu jure, ‘cestadie cher Schopenhauer ou cher’ Bahnsen ete to @ trouve sa dernire expression danse Simiame inoderne, ell en avait trouve une autre plus an Eine et plus forte dans In legon dv Bonddha ; mais le chris janisme en es plein iat auant d'une fagon plus equivoque et plus douteuse; non moins sedusante pourtamt, > On salt asser {fue pour Nietzsche Te pessimiame est « Une forme antiipée EE atiome » 2), Mats i faut prendre garde Accel que Te pessimism eot ambigu comme Waleurs le sera le niilisme. Fryra un pessiniome des forts comme i'y » 0a pessimisme des faible celubelouvre Ta vote at nihillame Inféreur, et iieu que le pessimisme des forts annonce le nitlisme supe tHeur que Netssche professera pour son propre comple. Cette ‘lstinction est essentele si Yon veut comprendte ce qul sult stfy revmadel, +s Lihomme contre le monde, principe négateur de ce monde, ers, fnissant par mettre ‘trouver trop. chelle des choses et juge de 1" existence elle-méme dans la balance et par Is Legere, ily a lh toute une atlitude dont 1e mo vais godt nous frappe et nous écarure ; il nous suffit de voir ‘wisiner homme ef monde séparés par la prétention sublime {de ce petit mot ef, pour ne pouvoir nous retenir de rire. » Je ‘ole en passant que est és exactement ici, et peut-etre Bulle part ailleurs, que se situe le nexus entre Nietzsche et ce Spinoza pour lequel dans Ia Volonté de Puissance il professe tune si forte admiration. Il s'agit avant tout, me semble--il, dda Spinoza condamnant Fanthropocentrisme et déclarant que Thomme est pas un empire dans un empire. ‘arrive au dernier paragraphe qui est le plus important. (@) Ba ehtaca, Hp. HA. — NOTRE POINT DIINTERROGATION 109 « Mais quot, riant ainsi, avons-nous fait autre chose que tevancer Gneore d'un pas'dane le mepris de Thomme ? Par “onsequent dans le pesimisme, dans le mépri de Pexistence Give nour pouvons connate 7 Ne sommes-nous pas tombs dans le soupgon d'un contraste entree monde ou iuaqu'iel hous admirions tout a notre aise ce qui nous permettat pentétre de supporter la vie —-st un autre monde que nous Femmes sopndme > el at a auc a Ve Favoue quel ne me satisfat pas compistement. Je reprends Te dernilre phrase. Ne nous sommes-nous pas’ exposes aux soupgons détabir une opposition une opposition entree monde ot, jusqu'aprésent nous dione cher nous aver. nos inérations (ces vénérations auxquelles nous devions peut. tire de pouvoir vivre), et un autre monde qi et nourrméme ? «Defiance foncitre tadieale, implacable, soupgona qui sate {aguent i nous-mémes, qui semparent des Européen de plus fen plus souverainement, de plus en plas dangereasement, et Pourraient aisement placer les prochaines generations devant Ee terrible ‘upprimer vos vénérations ou bien sap vous vournimers “Cect serait du miiiome et cela nen seritil pas aussi? ‘Voila ‘notre point d'interrogation. > an ‘Crest sur ces quelques lignes que doivent porter le commen- taire et la méditation. Je reprends done les diverses idées qui se conjuguent dans ce texte. ‘Tout d'abord il est absurde de séparer "homme du monde, ‘et e'établir ensuite entre eux rien qui ressemble A une con Jonetion externe. Le Et devient en effet un contre, mais poser Thomme contre le monde, c'est frayer la vole & une ascise gai consisterait & nier le vouloir-vivre. Or il ne suffit pas de dire que cette négation est sans vérité, elle risque de recou- ‘rir ou d'amorcer une démission vitale, et para elle fraye Ta voie au nihilisme passif Mais il faut surtout mettre accent sur la phrase qui traite de nos vénérations, ces vénérations qui jusqu’a présent étaient cher elles ou avaient leur sige dans le monde. On lira dans e'méme tens le texte intitulé « Pour la critique des grands mots >: « Ich bin voller Argwohn und Boshelt gegen das, ‘was man « Ideal » mennt : hier liegt mein Pessimismus, er Kannt 2u haben, wie die « hoheren Gefube > eine Quelle des Unheils, das heisst der Verkleinerung und Werterniedrigung es Menschen sind. Man luscht sich jedesmal, weon man 110 aerescHe cinen « Portschritt» von cinem Ideal erwartet ; der Sieg des Adele war Jegeomal ser sine rtegrde Beweging >) cates est vrai, pourrecton dire, non sans. ribo aquil faut gistinguer entce ial ot vénération. Il y a en effet Sn tena od Nlteche acorde une certane valeur a Yate de entree aut Mieu qua ee, you, profester ou proclamer an Tatar est toujours une opértion mensongere. Mais voic qul sere pl rectement encore note fest e'Notfe pessimisme + le monde ne vaut pas ce que nous xyons cru _ ‘Notre croyance elle-méme a A tel point renforcé totre appétit de connaissance que nous devons dire cela aie Joura’hut, Dés lors ile présente & nous comme valant moins, Best ainsi quil est Gabord éproavé — ceat seulement en of fens que nous sommes pessimistes, & savoir avec (ou du fail Ge) notre yolont, et que sous professons sans resrition teite transvaluation; ef nous nous refusons A nous enchanter Sti nous ment désormais de la velle manitre > (. Gupeut egnlement dans os contexte referer au para- raphe 357 du Gai avoir. Isinttule + A propos du bleu Probléme : qivestce qui est allemand »? Je nen reiens que {etree important paragraphe sur Schopenhauer = {Regarder la nature eomme une preave de la bonté et de ta ‘providence an Dieo, interpreter Thistore. au bende Tune raison divine, comme le temoignage constant d'un oF- are eum fntome mor) de Funivr, exper out ce i yous arrive a la fagon des gens pleut par une interven- Jon aivine, un signe, une préméditation, un message de la providence en red salt Ge note Se, out ol at Pad Er'conselence s'y oppose, il nest conscience un peu subtle qQui my. vote inconvenanes, déloyaute, mensonge, féminité ftiblese, Mehete ; cest cite aéverité plus que tout autre hove qui a fait de nows de bons Europésns, des heriiers de i plus Tongue et de la plus courageuse victoire que l'Europe iv remportse sur sol, Mais ds que nous repodssons_ alta {slte Interpretation ‘chrétienne, des que nous Tn. rejetons Somme tne fausse monnaie, nous voyons se dresser devant fous teribiement la. question de Schopenhaver : Vexistence ‘stelle done un sens ? Gette question il faudra des sitcles pour ta " avoif reconna guy ie sentiments «dlevés + soot ane souree ‘deena tn ce quis rapeliscet es hommes t abaltsent les valeur. * id oa silend” dun. idéal ua proses 30 ee NOTRE POmNT b'nvrERROGATION ut quelle puiase dire simplement comprise de fagon exhaus dans le repli de ses profondeurs. ia il eat certes admirable, aston Nietzsche, que Schopenhauer ait posé cette question et pari il sest mont bon Earopeen, it seat tat Pinitiateur de'ce nous dont Je parais plus haut Mais loi il est agi de epondre Ala question il fest Iaseé prendre ux rela den perspectives morates chrétennes, Gest. Elite qu'il est tombé dans Terreur dualste dénonece plus haut et par i est an nombre des penseurs déeadents, Rape elons-nous que pour Nietzsche fe niilame est nom pas fe suse, mats te logique méme de a decadence s celte logeque devea dire poussée d ten derniires conséquencen, cest*h' In limite qu'elle aboutira au nihiliome activ extatigue ou io: nysiaque qui culminers dane Taffirmation du feo Cler- tel > Liexpression nihilome extatine est mentionnée par Heidegger = « ce rest quien apparence que ce niiliome oot pure negation il eat en réalite atirmation du principe Weve: tation fulméme, c'estacdire de In volonté de pulvoomee, dea Je moment oi celui! est compris expressément el assume comme fondement et comme mesire de toute evaluation, te Iiilisme relroave son essence affirmative, ce qui josquesth Festal imparfaitest A présent surmonté et Inecnpord, le nib ique devient nihilisme extatique ef Ceat inst que Nietzsche comprend sa métaphysique > (3). Retournons-nous la leur de ces textes vers Ia question poste, vers le « treble dilemme > !'« supprimex voo venéra- tions ou tien supprimervous vous-miéme’> primer vos véncrations, cestndire renoneex & trouver fe monde quelque justification que ce soit aux véne Falions qui & vos yet jutiaient votre existence, Mais que signifie exactement autre ferme. © ou bien, sup- Primee-vous vousinéme.>'? La réponse semble blew se Eelleel a vous persister vénérer of vous vous eramponnes aes raines, vous aerer fatalement entrance dane Te prot éessus ‘de destruction interne qui vaccomplt & Tintéieay time de ces ruines. Cech ne pourrait dire contesté que on attrbuait aw sujel en tant que tel, au sujet que vous tes fu que je suis, une reaite, et Je ditas presque une, conse. tance dont il est selon Niele absolument dépourvu, Et Crest ick que les mots « logique de la décadence 5” prennent toute teur importance, tout leur poids Ily aura cependant Hew dese demander si sur ce point In penste de Nitasche ‘eat rigonreusement cohérente, cali ative de parler @laetinet @ Heldesger, Nattache, T, p. 281 m2 uerasca de décadence. Expression ssex Ache, mals qu'il ne paralt pas {tes facile do conollier nvee Pidee une logigue Inerne’ ow Sion veut immanente avs valeurs. Quoi quil en soit do ce point important, le sens de Falter native apparait clarement ce que Niettche vest dite me femble-til-cest que de toute fagon on dcbouche sur le nie ime, seulement comme je Vai dt en passant, le mot peut tromper, pulsquune option eat ic posuible et mime inéve tebte ene un nls pasif, un miilsme du lalseeraler, ft'un nihlisme actif, quvon le nomme extatique ou diony- Slaque. Il faut dallas seoonnattre que Fasage du terme Bittime dans ce sens préte A contestatons, car i es trop lair quilse produit lee ose dire Une conversion, mals fe ave Ton pourrait peutstre appeler tm métabolisme. qul Prendra corps dans Tidée du retour éternel, Free est de e- fonnaitre que te langage heldeggeren est plas siistasant Cert —“und Ziellosigkeit kommen dann sch nieht meh Sinen Mangels nicht die blowse Leere und Abwesenhit bedea fen, Ditee niblistisehen ‘Titel far" das Setende im Ganzen Ineinen etwas Befahendes und Wesendes, mil die Art wie fae Ganze des. Selenden anwest. Des metaphysiche Wort dlifur heist" ie ewige Wiederkunft des Cleichen > (0). En défintive, il semble bien, contrairement & ce que J'avais ceru voir au cours d'une premiére lecture du texte, que ce point dinterrogation ne doive pas étre interprélé comme si Nietzsche, au moment ot il éerivait Je livre V du Gai savoir, avait éprouvé rien qui ressemble & un doute fondamental ‘Sur sa propre position. Quoi qu'il fallle penser du Retour Eternel, i apparait ict comme un foyer, peut-étre faudra dire comme Midée-ressort qui permet de mettre a Tépreuve le courage supréme qui culmine dans Vamor fat. 'Y atil un sens & se demander quel est le fondement sur Jequel repose un semablable courage ? Il_me semble que non. Du point de vue de Nietzsche celte question elle-méme est ‘injustifable, préeisément parce qu'elle implique une référence NOTRE POINT D'INTERROGATION ua Aun systdme de valeur dépasé t augue il ne peut re ques tion de reveni Cette position peut sans doute, avec Ia légire réserve for- mulée plus haut, étre regardée ‘comme cohérente, je veux dire parla qu'elle ne me parait pas impliquer en sot contra- diction. Mais une autre question se pose quil est beaucoup plus difficile d'éluder + celle de la viabilite d'une telle affr- talon et ausi de son exemplar xs deux questions n'éant probablement pas séparables. Crest ici que reparait un pro- biéme que j'ai aftleuré en passant ct qui me parait de la plus grande’ importanee : celui du nous, du nous autres. I Ine parall hors de doute que Nietzsche a entendu étre un fon- dateur, un instanrateur, ein Stifter. Une euvre telle que Zara ‘Mhoustra ne prend tn sens que par cette prétention ou cette Ambion. Etcomment ne pas eobsater que su ce plan Fete ‘re apparait comme un échec ? Il y a certes bien peu de pen- seurs parmi ceux qut lui ont suceédé qui n‘aient été & quelque degré marqué par Nietzsche. Mais de quelle nature a ét proprement parler cette action ? Nl me semble quelle a été Grune facon générale comparable & celle d'un ferment, peut- tre vaudrait-ll mieux dire d'un aiguillon, Il est hors de doute que tous ceux qui ont Iu et médité Nietzsche ont été da meme ‘coup mis en garde contre une cerlaine bonne conscience intelleetuetle qui pourrait bien ressembler & un pharisalsme de la raison. Mais le probléme se pose de savoir ce qui fe passe pour esprit, et frentends lel essentiellement par ce ‘mot la réflexion, & partir du moment oi cette illusion a 6té dissipée. Cest ld, me semble-til — et Je parle bien entendu our mon compte — quil devient & peu prés impossible de Suivre Nietzsche, qu'il apparalt comme le penseur sans disch ple par excellence, le disciple risquant fort de ne présenter ‘qu'une caricature ‘dérisoire et méime offensante de ce qui a 416 avant tout un drame, véeu dailleurs avec une intensité et Je dlzat meme une authentieité qui ne peovent quétre objet du plus grand respect, mais qui ne pouvait peut-étre ‘achever que par la catastrophe, par Ia chute du géant fou- aroyé.

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