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Embryologie et organogenèse

Les voies excrétrices biliopancréatiques constituent un système dont les différents éléments sont
embryologiquement, anatomiquement et fonctionnellement interdépendants. Ce système se forme
entre la cinquième et la huitième semaine de la vie intra-utérine. À la cinquième semaine, l’intestin
primitif n’est qu’un tube, dont la partie proximale, l’intestin antérieur (ou proantéron), donnera
l’œsophage, l’estomac et la partie proximale du duodénum. Le tronc cœliaque vascularise sa majeure
partie. Le foie, les voies biliaires et le pancréas seront constitués à partir de formations diverticulaires
entoblastiques qui apparaissent à partir de la troisième semaine, à la face ventrale de l’intestin
antérieur (Fig. 1).

Figure 1 Premières étapes de développement du foie, de l’arbre biliaire et du pancréas vers la cinquième semaine. 1. Septum
transversum : futur diaphragme ; 2. pars hepatica : plaque ductale, foie, voie biliaire intrahépatique ; 3. pars cystica : vésicule, voie biliaire
extrahépatique ; 4. bourgeon pancréatique ventral ; 5. intestin antérieur ; 6. bourgeon pancréatique dorsal.

Développement des voies biliaires extrahépatiques

Le foie apparaît dès la quatrième semaine, sous la forme d'un bourgeon entoblastique de la paroi
ventrale de l'intestin antérieur. Ce bourgeon hépatobiliaire se développe sous le mésenchyme du
septum transversum (futur diaphragme), puis s’étend vers le haut (pars hepatica) et vers le bas (pars
cystica).
La pars hepatica donnera naissance au parenchyme hépatique, aux voies biliaires intrahépatiques et
aux conduits hépatiques droit et gauche. Son extrémité céphalique prend une forme de T, grâce à une

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croissance épithéliale latérale, réalisant ainsi les premières esquisses des lobes droit et gauche du
foie[1].
La pars cystica donnera les futures voies biliaires extrahépatiques : la voie biliaire principale
(conduit hépatique commun, cholédoque) et la voie biliaire accessoire (vésicule biliaire et canal
cystique) (Fig. 1). Certains animaux (cheval, cerf, éléphant, rat, baleine), chez lesquels la pars cystica
ne se développe pas, n’ont pas de vésicule biliaire. Cela peut être le cas chez l’homme lorsqu’il existe
une agénésie de la vésicule biliaire.
Depuis la pars cystica, les voies biliaires extrahépatiques se développent à partir de deux
bourgeons. Le bourgeon supérieur (ou bourgeon cystique) donnera naissance à la vésicule biliaire et
au canal cystique, alors que le bourgeon inférieur donnera le conduit hépatocholédoque et l’ébauche
pancréatique ventrale. À cinq semaines de développement, tous ces éléments sont individualisés[2]. À
partir de la sixième semaine de développement, parallèlement à la formation du futur duodénum, on
assiste à un allongement progressif des voies biliaires extrahépatiques, qui seraient perméables dès
leur origine, en continuité avec les voies biliaires du futur hile (plaque ductale ou plaque hilaire)[3].
Cette théorie récente, développée par Desmet, est à opposer à une ancienne théorie selon laquelle les
voies biliaires extrahépatiques sont initialement en forme de cordons pleins, formés de cellules
biliaires résultant de la transformation précoce des hépatoblastes[4]. Ces cordons subiraient, durant la
sixième semaine de développement, une canalisation de leur lumière, en même temps que celle du
duodénum, par un phénomène de vacuolisation commençant par l'extrémité distale du futur
cholédoque[5] (Fig. 2).

Figure 2 Schéma des canaux biliopancréatiques entre cinq et 12 semaines de développement. Théorie d’une canalisation de la lumière
par vacuolisation. 1. Plaque ductale, futures voies biliaires intrahépatiques ; 2. vésicule biliaire ; 3. duodénum ; 4. fusion entre les deux
bourgeons pancréatiques, constitution de la jonction biliopancréatique.

Cette théorie pourrait expliquer certaines variations, comme le canal cystique long, qui s’ouvrirait
séparément du conduit principal, ou les duplications de la voie biliaire principale ou cystique[4]. Quoi

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qu’il en soit, le canal cystique est perméable à la septième semaine, alors que la vésicule biliaire,
initialement tubulaire, devient sacculaire durant la 11e semaine et présentera une forme définitive à 12
semaines[2].
Quelle que soit la théorie retenue, l’embryogenèse explique la grande variabilité de disposition des
voies biliaires. Le canal cystique est plus long que le cholédoque, et son niveau d’abouchement dans la
voie biliaire est variable, de même qu’une branche de la voie biliaire principale peut s’y jeter. Aussi,
les voies biliaires émergeant du foie ont une disposition initialement plexiforme : la persistance ou la
régression d’une des mailles représente une variation. La description modale ne représente en réalité
que 35 % des situations[6].

Développement de la jonction biliopancréatique

Développement des voies pancréatiques


Le pancréas se développe vers la cinquième semaine à partir de deux évaginations de l’épithélium
endodermique recouvrant la partie caudale de l’intestin antérieur (futur duodénum). Ces évaginations,
encore appelées bourgeons ou diverticules pancréatiques ventral et dorsal, sont situés de part et d’autre
de l’intestin antérieur (Fig. 1). Le bourgeon pancréatique dorsal apparaît au 26e jour dans la paroi
postérieure du duodénum. Il est situé à l’opposé du diverticule hépatique et un peu au-dessus de lui, et
communique avec la partie un peu plus haute du duodénum. Il poursuit sa croissance vers l’arrière. Le
bourgeon pancréatique ventral naît à la base du mésogastre ventral au 32e jour, en continuité directe du
conduit hépatique, sous le diverticule cystique (pars cystica), dans l’angle inférieur du bourgeon
hépatique (bourgeon hépatobiliaire) (Fig. 3A)[7].
À la fin de la cinquième semaine, le développement du foie vers la droite et la rotation des
mésogastre et mésoduodénum (90° sur leur axe) entraînent la rotation du futur cholédoque et du
bourgeon pancréatique ventral autour et en arrière du duodénum vers une position postérieure dans le
mésogastre dorsal. Cette rotation se poursuit jusqu’à la paroi gauche du futur deuxième duodénum. Le
pancréas ventral se retrouve alors immédiatement au-dessous et en arrière du pancréas dorsal dans le
mésoduodénum dorsal. Le canal du pancréas ventral est solidaire de la partie terminale de la voie
biliaire principale qui formera le futur conduit cholédoque. Sa migration l'entraîne avec lui. La
principale partie de la jonction biliopancréatique est donc positionnée vers la sixième semaine
(Fig. 3B)[8].
Dans cette position des deux bourgeons pancréatiques, il se produit, au 37e jour, une fusion
progressive des deux parenchymes pancréatiques dans la région de l’isthme. Cette fusion existe dans
plus de 90 % des cas. Dans le même temps, les canaux excréteurs subissent des phénomènes
d’agénésie et de dégénérescence physiologique pour donner le pancréas définitif à la fin de la sixième
semaine. Le bourgeon dorsal est à l’origine de la queue, du corps et de la partie supérieure et
antérieure de la tête du pancréas, tandis que la partie postérieure et inférieure de la tête dérive du
bourgeon ventral. Ainsi, le conduit pancréatique principal (canal de Wirsung) est formé par la réunion

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de la partie distale du canal du bourgeon dorsal et dans sa partie céphalique par la totalité du canal du
bourgeon ventral (Fig. 3C). Par conséquence, la partie terminale du conduit cholédoque s’abouche
avec la partie terminale du canal de Wirsung dans le duodénum au niveau de la grande caroncule
(papille majeure) formant la jonction biliopancréatique[9].
La partie proximale du canal du bourgeon pancréatique dorsal persiste pour donner naissance au
futur canal pancréatique accessoire (canal de Santorini), qui s’ouvre dans le duodénum au-dessus de la
papille majeure, au niveau de la petite caroncule (papille mineure)[10] (Fig. 3C).

Figure 3 Formation du pancréas entre les cinquième et neuvième semaines.


A, B. Disposition initiale.
C, D. Le bourgeon pancréatique ventral qui contient la future jonction biliopancréatique passe derrière le duodénum et vient se placer sous
le bourgeon pancréatique dorsal.
E, F. Les deux parenchymes pancréatiques fusionnent. Il se produit une agénésie partielle ou totale de la partie proximale du canal
pancréatique dorsal (futur canal de Santorini) et le conduit pancréatique principal (canal de Wirsung) se formera par la fusion entre le
canal du bourgeon ventral dans sa portion céphalique et la partie terminale du canal du bourgeon dorsal.

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Développement de l’ampoule hépatopancréatique de Vater et du muscle sphincter d’Oddi
Les études anatomiques et embryologiques ont montré l'origine indépendante du muscle sphincter
d'Oddi et de la musculeuse duodénale. À la huitième semaine, la jonction biliopancréatique ayant un
développement s'effectuant initialement hors de la paroi duodénale, elle est située en regard, mais à
distance de son site d'embranchement dans la paroi duodénale. Le muscle sphincter d'Oddi se
développe concentriquement à partir des cellules mésenchymateuses. Il se différencie en fibres
musculaires à la dixième semaine, quatre semaines après que le muscle intestinal s’est formé. Le
sphincter cholédocien apparaît en premier[3].
À la 12e semaine de développement, la jonction biliopancréatique et le muscle sphincter d'Oddi
pénètrent obliquement dans la paroi duodénale : ils se disposent, du côté interne du deuxième
duodénum, sous forme d'une fente transversale dans la couche musculeuse circulaire de la paroi. À
cette époque, le foie commence à sécréter de la bile qui s’écoule alors dans le duodénum. À la 16e
semaine, le muscle du sphincter s'étend de la muqueuse duodénale jusqu'à l'extrémité supérieure de
l'ampoule, et est complètement formé à la 28e semaine[11].

Références

1. Desmet VJ. Embryogenèse des voies biliaires. Med Ther 1995;1:227–35.


2. Roskams T, Desmet V. Embryology of extra- and intrahepatic bile ducts, the ductal plate. Anat Rec
2008;291:628–35.
3. Tan CE, Vijayan V. New clues for the developing human biliary system at the porta hepatis. J Hepatobiliary
Pancreat Surg 2001;8:295–302.
4. Severn CB. A morphological study of the development of the human liver. II. Establishment of liver
parenchyma, extrahepatic ducts and associated venous channels. Am J Anat 1972;133:85–108.
5. Ando H. Embryology of the biliary tract. Dig Surg 2010;27:87–9.
6. Champetier J, Letoublon C, Arvieux C, Gérard P, Labrosse PA. Variations of division of the extrahepatic bile
ducts: significance and origin, surgical implications. J Chir 1989;126:147–54.
7. Flati G, Andrén-Sandberg A. Wirsung and Santorini: the men behind the ducts. Pancreatology 2002;2:4–11.
8. O'Rahilly R, Muller F. A model of the pancreas to illustrate its development. Acta Anat 1978;100:380–5.
9. Dawson W, Langman J. An anatomical-radiological study on the pancreatic duct pattern in man. Anat Rec
1961;139:59–68.
10. Rouvière H, Delmas A. Tronc. Anatomie humaine descriptive, topographique et fonctionnelle. Paris:
Masson; 1985. p. 450–913.
11. Avisse C, Flament JB, Delattre JF. Ampulla of Vater. Anatomic, embryologic, and surgical aspects. Surg
Clin North Am 2000;80:201–12.

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