Elevage
Jos GUTH
guthj@pt.lu
au Grand-Duché
Les apiculteurs luxembourgeois Depuis l’apparition massive de résistance
du parasite à certains produits de traite- POURQUOI L’INSÉMINATION
sont très attachés à la qualité
ment, on peut considérer que l‘utilisation INS TRUMENTALE ?
de leurs miels. Ils tiennent à tout prix « facile » de médicaments est terminée.
à lui conserver lʼimage dʼun produit De plus, toutes les méthodes de traite- Comme la carte en figure 1 nous le
ment comportent des risques pour l‘api- montre clairement, assurer un accou-
naturel. Celle-ci est pourtant menacée.
culteur. Il faut donc tout mettre en œuvre plement contrôlé de reines sélection-
Des analyses réalisées (miels et cires) pour limiter l’utilisation de ces produits nées et de mâles choisis reviendrait
dans de nombreux pays montrent dans les ruches. Mais comment y arri- à contrôler un rayon de 15 km (vol
ver pratiquement ? L’élevage peut appor- vers le lieu de fécondation : ± 5 km
quʼune des principales voies
ter une solution. Scientifiques et prati- pour la reine et 5 à 10 km pour les
de contamination des miels vient ciens sont d’accord : à l’échelle mondiale, mâles ). Chez nous, faute d‘obstacles
de lʼutilisation inconsidérée de produits une solution durable au problème peut géographiques (mer ou montagne),
venir d’une adaptation génétique entre il est impossible de créer une station
de traitement de la varroase
l’hôte (abeille) et le parasite (varroa) de fécondation sûre. De ce fait, au
dans les ruches. selon le modèle connu d‘Apis cerana. Grand-Duché de Luxembourg, l’insé-
Voici les démarches que les L’objectif est donc d’arriver à disposer de mination instrumentale est à ce jour
populations d’abeilles douces, vigoureu- la seule méthode qui puisse assurer
Luxembourgeois ont entreprises
ses, bien adaptées, saines et offrant une une fécondation contrôlée.
pour limiter ce problème. résistance accrue au varroa. Les risques
de résidus seraient dans ce cas fortement
réduits. TOUT APICULTEUR
Sous l’impulsion de Paul Jungels, un PEUT-IL PAR TICIPER ?
groupe d’élevage a été constitué avec cet
objectif en 2001. Dès le départ, ce projet La tolérance à varroa ne va certainement
a bénéficié du financement par le Minis- pas s’obtenir suite à un simple coup de
tère de l’agriculture et du soutien de la baguette magique. C’est un travail de
Communauté européenne dans le cadre longue haleine qui demande beaucoup
de l’aide européenne aux apiculteurs de persévérance. Ce travail doit se faire
Fig. 1 (directive C.E. 797/2004, anciennement à grande échelle et de façon collective.
Zone de vol des reines 1221/97). Il faut y impliquer un maximum d’apicul-
Zone de vol des mâles teurs. Pour progresser dans un tel tra-
Zone d’origine des mâles vail, les membres et collaborateurs d’un
groupe ne doivent pas rechercher en prio-
rité les apports immédiats. Au contraire,
l’état d’esprit doit être le suivant : quelle
contribution personnelle puis-je placer
dans le panier commun ? Pour aboutir à
un certain résultat, il faut pouvoir mettre
à la disposition du groupe son savoir, son
expérience et sa disponibilité. Plus l’en-
gagement personnel sera important, plus
la corbeille se remplira vite et plus les
chances d’atteindre le but recherché se-
ront grandes ! Le nombre de participants
est passé de 700 à 1.050 au fil des ans.
Comme le disait le Dr. Job van Praagh, le
succès de l’élevage et de la sélection im-
plique un nombre important de colonies
et si possible la participation de beaucoup
d’apiculteurs (Bienenzeitung 2001/04).
J - 22
PICKING
On dépose une goutte de gelée royale
au fond de la cupule et ensuite une larve
de moins de 12 heures. Le picking est
pratiqué soit par l‘apiculteur, soit dans
une exploitation d‘élevage.
Elevage
CO N S T I T U T I O N D ES RUCHETTES CONTRÔLE DE L’ÉCLOSION, Les reines sont anesthésiées 7 à 10 mi-
D E F É CO N DATION MARQUAGE DES REINES nutes avec du CO2. Depuis 2006, cela se
Les ruchettes de fécondation sont con- Lors du contrôle de l’éclosion, on mar- déroule 120 minutes avant l’insémina-
stituées avec des cadres de couvain que les reines et on contrôle la bonne tion et non plus un jour avant comme
operculé. Il faut réaliser un contrôle des position de la grille à reine et les pro- par le passé. L’apiculteur gagne ainsi un
provisions et numéroter les ruchettes visions. déplacement. Par la suite, la reine en
(même numéro que pour la cage d’intro- cage est remise dans sa ruchette.
duction). Il est recommandé de peupler
20 % de ruchettes en plus que le nom-
bre de reines désirées..
J - 2
MISE EN PL ACE DES NUCLÉI
J - 12 Une disposition par groupes de quatre J - 0
I N T RO D U CTION (par exemple sur des caisses à bière) INSÉMINATION DES REINES
D E S C E L L U L E S ROYALES évite la dérive. Chaque apiculteur apporte la reine en-
Avant toute introduction, il faut dé- cagée dans le local d‘insémination.
truire les cellules naturelles. On met Lors de l’insémination, la reine est ex-
ensuite une grille à reine dans le fond posée durant 2 minutes 30 au CO2. On
de la ruchette et on introduit la cellule profite de l’insémination pour réaliser le
d’élevage prête à éclore. clippage d’une aile. Par le suite la reine
reste encore 3 minutes 30 sous CO2dans
un récipient perforé. La reine inséminée
somnolente est placée dans un petit
berceau de papier entre les cadres cen-
traux de sa ruchette.
J - 1 ou J - 0
MISE EN C AGE ET
PREMIERE ANES THÉSIE
DES REINES
Le travail de mise en cage des reines
doit se réaliser avant 9 h ou après 19 h,
J – 11 sinon les reines peuvent s’envoler. Il
N A I S S A NC E D ES REINES faut numéroter les cages !
Il faut veiller à ce que nombre d’abeilles
soit suffisant et qu’il y ait présence de
couvain et de provisions. J + 2
RETOUR DES RUCHETTES
Chaque apiculteur se déplace Les ruchettes retournent chez l’apicul-
en principe 4 fois à l‘emplacement teur seulement 2 à 3 jours après l’insé-
d‘insémination : mination afin d‘éviter toute agitation
Transport des ruchettes supplémentaire.
vers l‘emplacement commun
Prélèvement du sperme
Insémination
Enlèvement des ruchettes
Paul Jungels a installé des stations de Ce n’est pas le « grand coup de maî-
Renforcement avec abeilles de Mini Plus
survie en 2000. Les tests de survie s’ins- tre » qui nous offrira la résistance
crivent à la suite de ces contrôles. Ainsi, au varroa, c’est plutôt l’assemblage
pour la sélection maternelle, les colonies de nombreuses mosaïques, en par-
passent un test de survie sur des empla- tie inconnues, qui nous apportera le
cements isolés. Le faible niveau d’infes- succès.
tation sert de critère de sélection « natu- Pour cela, l’éleveur devra se libérer
relle » pour les ruches à mâles. de son mode de pensée actuel, aban-
En pratique, voici comment s’effectue ce donner ses préjugés face à l’inconnu,
test de survie. avoir le courage d’agir sans peur des
En coordination avec le service sani- échecs, travailler obstinément et
taire de la FUAL, 24 ruches n’ont pas été PRINTEMPS 2004 sans relâche pour atteindre son but.
traitées depuis 2000. Seize ruches sont Paul Jungels
aujourd’hui en vie et ont fourni en 2004
et 2005 une « bonne » récolte ! C’est lors
de la période été-automne 2003 que la Contrôle par le Dr. Weis, 4 août 2005
plus forte infestation a été enregistrée. A
ce moment, un renforcement a été indis-
pensable pour ne pas perdre les colonies.
Nous avons également enregistré lors de
l’automne (septembre) 2005 une très
forte infestation virale. Un renforcement
SEPTEMBRE 2004
a été obligatoire et un renouvellement de
Où sont passés les varroas ?
reines (trop tardif) a été opéré. Au prin-
temps 2006, 4 colonies étaient mortes.
A l’avenir, certains changements sont en-
visagés au niveau de la conduite des ru-