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INTRODUCTION
✓ La crise financière de 2008 et ses effets dépressifs sur les économies réelles ont fait
resurgir la tentation protectionniste. Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure
le recours au protectionnisme est souhaitable ?
✓ Le protectionnisme est un ensemble de mesures visant à protéger l’économie nationale
contre la concurrence extérieure. On distingue le protectionnisme tarifaire qui
comprend l’ensemble des taxes versées par les importateurs et le protectionnisme non
tarifaire qui inclut les quotas fixant un montant maximal d’importations, des normes
techniques sur la fabrication des produits importés ainsi que les subventions aux
entreprises nationales.
✓ Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la création d’institutions internationales
comme le General Agreement on Tariffs and Trade (GATT), devenue l’Organisation
mondiale ducommerce (OMC) en 1995 a favorisé le libre-échange.
✓ On peut donc se demander si, à certaines conditions, le protectionnisme ne devient pas
une nécessité. Par ailleurs, s’il est vrai que la politique protectionniste peut être
nécessaire, celle-ci connaît des limites.
Alors que les économistes libéraux comme Adam Smith et surtout David Ricardo, avec la
théorie des coûts comparatifs, avaient démontré les vertus du libre-échange, Friedrich List,
au xixe siècle, montre que le protectionnisme peut permettre le développement des industries
naissantes. Au cours de la seconde moitié du xxe siècle, Nicolas Kaldor reprend des arguments
proches pour permettre la reconversion des industries vieillissantes.
➢ La crise de 1929 a montré que le protectionnisme pratiqué par les pays touchés par la
crise était un facteur aggravant le ralentissement de la croissance. En effet, les
exportations sont un élément de la demande globale répondant à la demande
extérieure. Si les exportations baissent, la croissance de la production s’en trouve
ralentie. De plus, la hausse des prix des produits importés résultant de l’augmentation
des taxes sur les importations peut avoir des effets négatifs sur la consommation
intérieure, et donc accentuer la baisse de la production.
➢ La crise actuelle, commencée en 2008, semble confirmer les effets négatifs de la
baisse des exportations sur la croissance. Si on constate que sauf pour l’année 2001, la
variation des exportations est toujours supérieure à celle du PIB, la baisse des
exportations accentue la baisse de la production mondiale. En effet, en 2009, les
exportations ont baissé de 12 % alors que le produit intérieur brut mondial baissait de
3 % (document 3).
➢ Protégées de toute concurrence extérieure, les entreprises des pays pratiquant des
mesures protectionnistes ne sont pas incitées à baisser leurs prix et à innover.
La consommation s’en trouve pénalisée. De plus, les entreprises peuvent connaître une
hausse de leurs coûts de production se traduisant par une baisse de la compétitivité des
économies nationales. Le niveau de l’emploi diminue, entraînant une hausse du
chômage provoquant une spirale déflationniste.
➢ Les pays protectionnistes s’exposent à des mesures de rétorsion. Les autres pays
limitent les importations en provenance des pays protectionnistes. Ainsi, les nombreux
contentieux entre les États-Unis et l’Union européenne risquent à tout moment de se
transformer en guerre commerciale pénalisant tous les pays de l’Union.
➢ La politique protectionniste ne peut être que provisoire car, comme le montre l’histoire
économique, elle freine la croissance et entraîne des coûts élevés pour l’ensemble des
agents économiques.
CONCLUSION
Depuis, la fin de la Seconde Guerre mondiale, le libre-échange s’est imposé à l’ensemble des
économies nationales. Cependant, le protectionnisme n’a pas disparu. En effet, les économies
émergentes, si elles ont profité de la liberté des échanges au niveau international, ont su
reprendre les principes du « protectionnisme éducateur » énoncés au xixe siècle par Friedrich
List. De même, les pays les plus développés savent utiliser les instruments du protectionnisme
pour faciliter la reconversion de leur appareil productif. Cependant, le protectionnisme ne
peut devenir une pratique permanente car l’ensemble de l’économie risque d’en ressentir les
effets négatifs : baisse de la production, prix élevés, absence d’innovations. Cependant, les
tentations restent fortes et les échecs des négociations sur le commerce international dans le
cadre de l’OMC posent la question de l’avenir des relations économiques internationales.