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Sujet 8

La Bible rend l’immense service de nommer la violence en face.


a- Quelle vérité apporte les récits de violence dans la Bible ?
(choisir quelques textes)
b- Comment concilier la toute-puissance de Dieu avec la mort
d’innocents ?
c- Peut-on lier la violence au sacrifice, voire au martyre ?
d- Peut-on dire que la violence dans nos sociétés est la conséquence
du refus de Dieu ?

Avant tout propos, il nous parait nécessaire de définir le thème


central de ce point. Il s’agit ici de la violence. Le dictionnaire le grand
robert de la langue française, définit la violence dans un premier temps
comme le fait « d’agir sur quelqu’un ou faire agir quelqu’un contre sa
volonté en employant la force ou l’intimidation.»1 L’on peut dire dans une
seconde approche que la violence est l’utilisation de « la force brutale
pour soumettre quelqu’un. »2 De ce qui précède, nous avons le droit de
soutenir que la violence est la manifestation de la force en ce qu’elle a de
brutale. Ainsi, exercer la violence, c’est contraindre, brutaliser, agresser,
maltraiter, torturer, attenter. Ces différentes sortent de violence peuvent
être physique ou moral, ou les deux en même temps. La violence
s’entretient essentiellement de la colère et de l’irascibilité. La violence est
donc la force prisonnière des passions de la colère et de l’irascibilité.
Irascible n’est ce pas absence de raison ? L’absence de la raison est
comparable à l’absence de la lumière qui s’identifie elle même aux
ténèbres. Les Ténèbres sont l’insigne du mal. C’est pourquoi la violence ne
peut être considérée comme une vertu. Car, « il appartient à la vertu
humaine de faire que l’homme soit bon et que son œuvre soit selon la
raison. »3 La violence est en tout contraire à la vertu humaine. La violence
1
alain Rey, Le grand robert de la langue française, tome VI, Paris, Dictionnaires le grand robert -
VUEF, 2001, P. 1854.
2
Ibidem, P. 1854.
3
Saint Thomas D’Aquin, somme théologique, la force, 2a - 2æ, Questions 123 - 140, Paris, Desclée,
1926, p. 10.
est donc un mal, une perversion de la vertu de la force. Cette vertu de la
force qui est dit cardinal « fait être l’homme selon la raison. »4 C’est
pourquoi d’un homme violent, on dit parfois qu’il a perdu la raison. En
outre, même si parfois la violence se manifeste pour défendre des causes
justes, cela ne fait pas d’elle une chose bonne en soi ; elle reste un acte
intrinsèquement mauvais. Elle est par conséquent une chose à éradiquer.
Cependant, force est de reconnaitre qu’elle est partout, elle a envahit nos
rues ; elle est dans notre société et de notre temps. Elle « est
potentiellement toujours présente et caractérise la condition de notre
monde »5. Un monde dit de liberté. Une liberté mal comprise qui est
devenu « liberté pour la violence »6. C’est un phénomène universel qui
mérite une attention et une compréhension toute particulière. La violence
doit être bien comprise afin d’être affronté. Et on ne peut l’affronter si on
n’a pas le courage de la nommer en face.

En ce sens, la bible rend l’immense service de nommer la violence


en face.

a- Quelle vérité apporte les récits de la violence dans la bible ? (choisir


quelques textes)
b- Comment concilier la toute puissance de Dieu avec la mort de
l’innocent ?
c- Peut- on lier la violence au sacrifice, voir au martyre ?
d- Peut- on dire que la violence dans nos sociétés est la conséquence du
refus de Dieu ?

Ces questions nous permettrons de présenter la violence dans tout son


enchainement.
4
Idem, P.11.
5
Intervention du pape Benoit XVI à l’occasion de la journée de réflexion, dialogue et prière pour la paix
et la justice dans le monde « pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix ». Assise, Basilique Sainte-Marie-
des-anges jeudi 27 octobre 2011.
6
ibidem
a- Quelle vérité apporte les récits de la violence dans la bible  ?
(choisir quelques textes)

Dès le moment où la violence a fait irruption dans la bible pour la


première fois, Dieu n’a pas manqué d’interpeler l’homme à ce sujet. Nous
faisons allusion ici au texte de la Gn4, 1-16. La Genèse, toujours fidele au
souci de remonter jusqu'à la racine de l’être, nous présente dans cette
péricope, le cœur de la violence. Ce texte est la présentation de la violence
en sa genèse. C’est pourquoi nous nous étendrons beaucoup plus sur ce
texte afin d’en cerner tous les contours et toutes les vérités qu’il nous sera
permis d’appréhender.

Ce texte racontant le meurtre de Caïn sur son frère Abel, met en


lumière la violence de l’homme sur l’homme dans sa première
manifestation. Ce texte semble nous indiquer les racines et la manifestation
ultime de la violence qui se caractérise par meurtre. Ce texte met aussi en
relief la vision biblique de la violence dans sa première apparition. Un texte
beaucoup plus explicite permet de mettre en lumière les racines même de la
violence et son issu qui est l’attentat. Ce texte est celui du Targoum
palestinien dont le caractère dialogué permet de mettre en lumière les
dispositions de Caïn et d’Abel. En effet dans ce texte Caïn dit à son frère
Abel :

- « Viens sortons tous deux dans les champs (…) je


comprends que le monde n’a pas été crée par amour, qu’il
n’est pas gouverné selon le fruit des bonnes œuvres et
qu’il y a des considérations de personnes dans le
jugement. (…).
- Abel prit la parole et dit a Caïn : « moi, je comprends que
le monde a été crée par amour et qu’il est gouverné selon
les fruits des bonnes œuvre. C’est par ce que mes œuvres
étaient meilleurs que les tiennes que mon offrande a été
acceptée avec faveur, tandis que ton offrande n’as pas été
acceptée avec faveur.
- « Il n’y a pas de jugement, pas de juge, pas d’autre
monde. Il y a ni remise d’une récompense aux justes, ni
châtiment pour les méchants ».
- Abel prit la parole et dit a Caïn : « il y a un jugement, un
juge et un autre monde. Il y a une remise de récompense
aux justes et un châtiment pour les méchants, dans le
monde avenir ».
Ils se querellaient tous deux à ce sujet dans la campagne.
Et Caïn se dressa contre son frère Abel et le tua7.

Considérant les propos de Caïn dans ce texte, nous comprenons que


la violence qu’il a exercée sur son frère n’est que la conséquence d’un état
d’esprit. Cet état d’esprit s’articule autour de deux attitudes.

La première attitude est celle de l’homme qui, tout admettant la


possibilité d’un jugement dernier, pense que le jugement de Dieu ne sera
pas juste. Si Dieu n’est pas juste dans ces jugements alors peu m’importe
de faire le bien. Car celui qui fait le bien tout comme celui qui fait le mal
peuvent être condamnés à la fin. Il ne parvient pas comprendre que la
volonté première de Dieu est que tous soient sauvés sans exception. C’est
d’ailleurs ce que dit saint Paul « Dieu veut que tous les hommes soient
sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1tim.2, 3). Puisque
cet homme est incapable de comprendre cet amour de Dieu, il s’imagine un
Dieu tyran qui dans un débordement de fureur voudrais absolument
condamner injustement. Il rentre ainsi dans un rapport de frustrations et de
7
p. Grelot, Cahier Evangile no 4, Homme, qui es- tu ? Les onze premiers livres de la genèse, Paris, Cerf,
1973, P. 38.
conflits avec Dieu8. Un homme en conflit avec la source de la paix est
facilement enclin à toute sorte de violence. En ce moment, poser une
bombe, tuer mon frère est une chose normale puisque mon rapport avec la
source du bien est désormais émoussé. Je juge tout en fonction de moi. Je
me venge de tout, je rends le coup pour le coup. Cela est la conséquence du
fait que je ne crois pas que la justice de Dieu soit efficace, alors je me fais
mon propre juge. Je décide donc de qui doit vivre ou mourir. C’est là une
première approche de la racine de la violence.

Aussi, il existe une deuxième attitude qui témoigne d’un malaise plus
profond dans le cœur de l’homme. C’est l’attitude de celui qui ne croit ni
au ciel ni à son contraire.9 Les propos de Caïn en sont une belle
illustration « Il n’y a pas de jugement, pas de juge, pas d’autre monde. Il y
a ni remise d’une récompense aux justes, ni châtiment pour les
méchants. »10 Ce sont ici les propos d’un homme qui vit l’enfer. Puisque
l’enfer est « fondamentalement la négation de notre relation avec le Dieu
vivant, le meilleur moyen de supprimer cet enfer c’est de nier Dieu. Dans
ce cas logiquement, l’enfer n’existe plus, ni le paradis, ni le péché. »11 Dieu
n’existant plus, toutes les actions de l’homme sont du coup frappé par le
sceau du néant. De cela, toutes nos actions, aussi bonne qu’elles puissent
paraitre se pervertissent par ce que orienté sur nous même et non sur celui
qui est la bonté même. C’est donc a juste titre que Daniel Foucher
raisonnait en ces termes « que peut faire l’homme sans son Dieu ? Non pas
quelque chose, mais Rien, par ce qu’il n’est rien sans lui. » 12 Disons plutôt
il ne peut rien faire de vrai, de bien et de bon. Dans ce même ordre d’idée
le christ lui-même dira « moi, je suis la vigne ; vous, les serments. Celui
qui demeure en moi, et moi en lui, celui la porte beaucoup de fruit ; car
8
Jean Paul II, salvifici doloris « le sens chrétien de la souffrance », 1984, nº9.
9
daniel Foucher, pourquoi l’enfer si Dieu est Amour ?, édition de Montligeon, p.106.
10
P. Grelot, op cit, p. 38.
11
daniel Foucher, idem, p. 106.
12
Idem, p. 96.
hors de moi vous ne pouvez rien faire. »Jn15, 5. De cela, nous comprenons
assurément que sans Dieu, on ne peut porter les fruits du royaume.
Lesquels fruits trouvent leurs expressions ultimes dans l’amour à l’autre.
Par voie de conséquence nous pouvons dire que le fruit de la vie sans Dieu,
est la haine de l’autre. Cette haine s’exprime par la violence exercée sur
l’autre. Cette violence a pour point culminant le meurtre.

Nous comprenons donc ici les motivations qui ont poussé Caïn à tuer
son frère Abel. Aussi, nous comprenons que la jalousie de Caïn dont il est
question dans genèse 4, 1-16 est une conséquence et non la cause de sa
violence contre son frère. Ainsi, la cause profonde de cette violence de
Caïn était sa mauvaise disposition. C’est même là le reproche que Dieu lui
adresse « si tu es bien disposé, ne relèveras tu pas la tête ? » gn4, 7. Cette
mauvaise disposition est, comme nous l’avons déjà dit, la fermeture de
notre cœur à Dieu. Cette fermeture qui tend à lui refuser toute possibilité
d’exister pour nous. La malédiction qui accompagne l’acte de Caïn, nous
apparait alors comme une leçon de Dieu. En effet, « il instruit le genre
humain, comme s’il lui disait à haute voix : que personne parmi vous ne
commette le même crime, s’il ne veut éprouver le même châtiment. »13

De même, nous voyons dans les autres livres qui constituent le


pentateuque, la proscription de la violence sous toutes ces formes. Surtout
cette violence qui porte atteinte à la vie humaine. Ainsi, (Ex 21,12-36 ;
Lv24, 17-22 ; Nb35, 16-34) tous ces textes sembles nous inviter à
reprouver la violence au risque de subir les contrecoups de toutes les sortes
de violence que l’on peut exercer sur tout homme, qu’il soit citoyen où
esclave. Ce qui est condamner ici, c’est cette violence gratuite, préméditer
et exécuter en raison de la haine qu’on porte à l’autre. Dans le code de
l’alliance ci-dessus cité en Ex 21, 12-36 nous voyons qu’il y a des
13
Saint Jean Chrysostome, homélie sur la genèse (2), homélies Tome5, 20ème homélie « Caïn dit à son
frère » (Gn4, 8).
circonstances aggravantes qui interdisent même tout recours à la
miséricorde humaine et divine. Ces circonstance aggravante sont rapporté
en ces mots « Mais si un homme va jusqu'à en tuer un autre par ruse, tu
l’arracheras même de mon autel pour qu’il soit mis à mort. » Ex 21, 14.
Cet avertissement trouve un écho dans tous les textes que nous avons déjà
cité. Mais à cette loi qui réclame « vie pour vie, œil pour œil, dent pour
dent, pied pour pied, brulure pour brulure, meurtrissure pour
meurtrissure, plaie pour plaie » Ex 21, 23- 25 ; semble inciter à la
violence. Elle semble traiter le mal par le mal, la violence par la violence. Il
faut toutefois reconnaitre que cette loi était en fonction de la dureté de cœur
du peuple élu. Cette loi a été promulguée pour dire au peuple : « tu seras
traité en fonction du traitement que tu infligeras au prochain.» En cela nous
voyons que, plutôt que d’être une incitation à la violence, cette loi a un
caractère dissuasif.

Cependant avec le nouveau testament, « on franchit une nouvelle


étape de l’évolution des mœurs. »14 Cette évolution se caractérise par le
nouvel élan que christ donne à la loi. Cette élan se traduit par ces paroles :
« vous avez entendu qu’il a été dit : œil pour œil et dent pour dent. Eh
bien ! Moi je vous dis de ne pas tenir tête au méchant : au contraire,
quelqu’un te donne t- il un soufflet sur la joue droite, tends – lui encore
l’autre, veut- il te faire un procès et prendre ta tunique, laisse lui-même ton
manteau ; te requiert- il pour une course d’un mille, fais en deux avec
lui. » Mt5, 38- 41. Dans l’ancienne loi il était question de prévenir la
violence par la violence. Mais ici christ nous montre qu’il faut vaincre la
violence par l’amour. Cet amour qui nous pousse à continuer à nous donner
a l’autre. A lui dire, je t’aime toujours malgré tout le mal que tu puisses me
faire. Nous pensons que là se trouve tout le sens de « l’autre joue » qu’il
faut donner. C’est la joue de l’amour inconditionnel qui nous pousse à
14
Bible de Jérusalem, “note b de Mt5, 39” Paris, Cerf, 2001, P.1685.
aimer nos ennemis, à accepter de mourir pour eux plutôt que de répondre
de quelque manière que se soit à la violence faite contre nous. C’est comme
s’il nous invitait à mourir que de répondre à la violence. C’est précisément
le chemin qu’il nous montre en acceptant lui-même de subir la croix lors
même qu’il avait le pouvoir de s’en défaire au détriment de la vie de ces
adversaires. C’est ici la désillusion de tout ce qui attendait un Messie
violent qui les libérerait de la domination romaine. Aussi, ceux qui avaient
interpréter la scène des vendeurs chassés du temple « dans un sens
politico-révolutionnaire, situant Jésus dans la ligne du mouvement des
zélotes »15, ont été également déçu. Car le geste du christ en Jn2, 13-25 doit
être interpréter « comme un acte typiquement prophétique : en effet, au
nom de Dieu, les prophètes dénonçaient souvent les abus et ils le faisaient
souvent par des gestes symboliques. »16 Alors, l’épisode de jésus qui chasse
du temple de Jérusalem les vendeurs d’animaux et les changeurs, s’inscrit
dans la mission prophétique de celui-ci. Ce n’est donc pas une allégeance à
la violence, ni encore une légitimation de celle-ci. C’est pourquoi, « il est
impossible d’interpréter le comportement de Jésus comme celui d’une
personne violente ; la violence est contraire au règne de Dieu, c’est
l’instrument de l’antéchrist. »17 C’est bien cet instrument dont se sert le
diable pour nous vider de notre humanité. Car je ne peux exercer de la
violence sur mon semblable et continuer à demeurer un homme. Je deviens
inhumain. Car j’aurais violé ou tuer ma propre humanité en l’autre. En ce
sens, nous devons comprendre une fois pour toute que « la violence ne sert
jamais l’humanité ; au contraire, elle la déshumanise. »18

b- Comment concilier la toute puissance de Dieu avec la mort de


l’innocent.
15
Benoit XVI, Message avant l’angélus du IIIème dimanche de carême, Rome, dimanche 11 mars 2012
(ZENIT. Org)
16
Ibidem.
17
Ibidem.
18
Ibidem.
Du sein de ses misères, l’homme a toujours fait entendre sa plainte.
Cela par ce que la souffrance nous affole toujours. Certains s’en sont pris à
Dieu lui-même. Pourquoi, disent- ils, permet- il la souffrance ? La question
est encore plus grave lorsqu’elle concerne la mort de l’innocent.
Considérant Dieu dans la limite de sa toute puissance, la question apparait
davantage énigmatique. Puisque cette question voudrait mettre en évidence
l’indifférence de Dieu face au malheur de ceux qu’on pourrait appelé
innocent. La pointe du problème serait de vouloir concilier la toute
puissance de Dieu avec la mort des innocents. Cependant, il convient de
souligner que ce problème est avant tout « un mystère avant d’être un
« problème » et il serait vain de vouloir lui donner une solution comme s’il
s’agissait d’une équation ou d’un théorème. »19 C’est pourquoi notre
modeste contribution n’a pas la prétention de résoudre cette épineuse
question d’un point de vu mathématique. Mais veut être une simple
réflexion qui en vaudra une autre.

Lorsque nous nous demandons pourquoi la mort de l’innocent nous


supposons implicitement que l’innocent ne devrait pas connaitre la mort.
C’est dire qu’une voute d’église ne devrait pas s’écrouler sur des fideles en
prière. Ou encore, un petit enfant ne devrait jamais être malade ou se faire
écraser par une voiture. On voudrait que la bonté de Dieu soit sélective.
C'est-à-dire, qu’on voudrait que Dieu préserve les innocents de la mort et
de tout mal tandis que les méchants souffriraient de tous les maux. Nous
oublions de ce fait que Dieu est bon pour tous. Il est bon pour les justes
comme pour les méchants, pour les innocents aussi bien que pour les
coupables. En clair, il fait luire son soleil sur les bons comme sur les
méchants. Ainsi pouvons-nous dire que « c’est au service de sa bonté que
Dieu met sa toute puissance quand il s’agit de l’homme. »20 La toute

19
E. Autexier, le mystère du mal, Paris, édition saint Michel, 1970, PP.81-82.
20
G.M. Garrone, Qu’est ce Dieu?, paris, Desclée, 1969, P. 60.
puissance de dieu est donc une toute puissance de bonté. Cette bonté,
interdit toute option préférentielle. Dieu veut être le même pour les
innocents comme pour les méchants. Si Dieu prenait le parti des innocents,
cela voudrait dire qu’il n’y aurait plus de mécréants puisque les hommes se
seraient ajustés à la loi divine. Cependant, « il n’y aurait pas davantage de
vrais chrétiens. On servirait Dieu par intérêt et non par amour ; les foules
envahiraient nos Eglises non pour glorifier Dieu et se sanctifier, mais pour
obtenir le succès et la prospérité. Ce serait la mort de la liberté et de la
vertu, c'est-à-dire de tout ce qui fait la grandeur et le mérite de
l’homme. »21

En plus de cela, il faut souligner le fait que la vie éternelle que Dieu
garantie a tous ceux qui se sont tenu pur (les innocents), n’est pas cette vie
terrestre. Alors pourquoi s’en prendre à Dieu lorsqu’il rappelle son élu a
lui. Apres lui avoir donné son royaume de grâce ici bas n’est ce pas normal
qu’il l’invite à son royaume de gloire ?22

Il a cela souligné que face a la mort d’un enfant, nous restons


interdits, sans parole. Car personne ne peut donner une solution à cette
énigme. Cela nous situe au cœur du mystère de la souffrance. Ce mystère
« doit être acceptée comme un mystère que l’intelligence de l’homme n’est
pas en mesure de pénétrer à fond. »23 On se demanderait pourquoi la mort
des petits enfants ? A cette question Autexier écrit ceci : « c’est de peur
que leur beauté se ternisse au contacte du monde qui vit dans l’oubli et le
mépris de Dieu … et c’est peut être aussi par ce que le divin jardinier
cueille ses plus belles fleurs pour en orner son paradis.» 24 Nous
entrevoyons la mort des enfants comme une entré au paradis et non comme
une disparition encore plus comme un drame. L’Eglise se réjouit au
21
E. Autexier, op. cit, P. 84.
22
Ibidem.
23
Jean Paul II, salvifici doloris « le sens chrétien de la souffrance », 1984, nº 11.
24
E. Autexier, le mystère du mal, paris, édition saint Michel, 1970, P. 85.
contraire de ce que Dieu est bien voulu ouvrir les portes de son paradis à
ces innocentes personnes. Elle prie cependant pour les qui ont l’immense
peine de voir mourir leur enfant et elle essuie leurs larmes en leur rappelant
qu’ils ont désormais un ange protecteur au ciel.

Ce mystère de la mort de l’innocent s’éclaire davantage au regard de


la croix du christ. Lorsque nous contemplons la croix, nous comprenons
comment meurt le juste, l’innocent. Comment meurt donc le juste ?
Assurément, « il meurt injustement condamné et en apparence, l’injustice
triomphe. En apparence, oui, mais l’apparence est trompeuse car en fait,
cette libre acceptation de l’injustice par l’homme – Dieu, qui est
l’innocence même, rétablit l’équilibre, réconcilie l’homme avec le créateur
en même temps qu’elle transfigure sa souffrance. »25 La de la croix nous
illumine la souffrance et la mort de l’innocent. Elle nous fait comprendre
que la vie du chrétien, « est un mystère de mort et de résurrection »26.
Compris sous cet angle, la mort de l’innocent ne pourra plus nous
scandaliser puisque celui qui incarne l’innocence même est mort de la
façon la plus injuste. Enfin, la croix nous apparait comme le lieu de
conciliation de la toute puissance de Dieu et de la mort de l’innocent. Notre
Dieu est certes un Dieu puissant, mais par amour pour l’homme il a accepté
d’endurer même la mort. Il nous invite, chacun, « à participer à la
souffrance par laquelle la rédemption s’est accomplie. »27 Les innocents
sont donc les participants de cette rédemption. Nous devons comprendre
que « le mystère de la croix est commun au seigneur et à tous ses
disciples. »28 Mais que dire des martyres ?

C- peut- on lier la violence au sacrifice, voir au martyre ?

25
Ibidem.
26
Ibidem.
27
Jean Paul II,  salvifici doloris, le sens chrétien de la souffrance, 1984, nº 19.
28
gabriel David, méditations évangéliques, tome II, Paris, Daniel brottier, p. 145.
Nous soulignons le tout de suite, que la violence est lier au sacrifice,
voir au martyre. Puisque la violence comme nous l’avons précédemment
montrer, foule au pied « l’inviolabilité de l’homme sur qui brille la
splendeur de Dieu. »29 Cette violence qui trouve son expression ultime
dans le meurtre est facilement conciliable au sacrifice et au martyre. Le
martyre, tout comme le sacrifice qui lui est consubstantiel, est un admirable
témoignage de fidélité et de confiance en Dieu. De cela, il en découle que
se rendre disponible au martyre, c’est proclamer « qu’il n’est pas juste de
faire ce que la loi de Dieu qualifie comme mal pour retirer un bien quel
qu’il soit. »30 En clair, c’est éviter le compromis avec toute forme de mal.
Est déclaré martyre, celui qui, dans les circonstances les plus graves,
accepte de subir la violence plutôt d’en commettre. C’est le refus de violer
la vérité moral et de faire violence a l’autre même dan l’intention de sauver
sa propre vie. « C’est l’acceptation volontaire de la mort (…) et
l’affirmation de l’inviolabilité de l’ordre moral.»31 Pour conclure disons
que le martyre « (…) dévoile clairement la véritable, visage, celui d’une
violation de l’humanité de l’homme, plus en celui qui qu’en celui qui le
subit. »32 C’est précisément ici, le point qui lie la violence au martyre. La
violence ainsi comprise n’est elle pas la conséquence d’un refus de Dieu ?

c- Peut-on dire que la violence est la conséquence dans nos sociétés


est la
Conséquence du refus de Dieu ?

Considérant ce que nous avons dit plus haut en ci concerne Abel et


Caïn, nous pouvons dire que la violence dans nos société est la
conséquence du refus de Dieu. Le refus de Dieu nous apparait comme la
racine même de la violence. Dans sa grande bonté, Dieu a voulu donner à
29
Jean Paul II, veritas splendor, 1993, nº 90.
30
Idem, nº 91.
31
Ibidem.
32
Idem, nº 92.
l’homme la possibilité de l’aimer d’un amour pur. C’est pourquoi il lui a
aussi donné la possibilité de ne pas l’aimer. Dieu ne veut donc pas
contraindre l’homme à l’aimer, il le veut libre. Cette liberté a conduit
certain à refuser celui là même qui est la source de la vie. Ainsi, « en se
séparant de Dieu qui est la source de la vie en son essence, l’homme se
prive lui-même de vie. Il s’enferme dans une sorte de prison, la prison de
la mort, non seulement dans l’enfer de l’au-delà, mais déjà dans celui de
l’en deçà, sur la terre. »33 C’est donc l’enfer généraliser sur la terre, c’est la
violence. L’homme qui vit dans cet enfer, le fait vivre de quelque manière
aux autres. C’est donc la société qui paye le prix de ce refus de Dieu. Cet
homme qui mène sa vie ainsi, est prisonnier de ce mensonge originel
« vous serez comme des dieux » Gn3, 5. C'est-à-dire vous commanderez et
ferez plier les autres à votre point de vue. Vous commettrez tout ce que
vous voulez sans avoir à rendre compte à personne. C’est la situation de
l’homme qui veut prendre la place de Dieu. Quand, la créature devient le
créateur, c’est le retour au chaos originel. Pour nous éviter cette situation
de retour au non être, Dieu se tient toujours à coté de l’homme afin de lui
demander la permission d’exister.34 Faisons donc exister Dieu et nous
verrons que la violence disparaitra d’elle même de nos sociétés.

Que conclure ? Comme nous avons pu le constater, la violence est un


fait. On aurait voulu qu’elle n’y point existé. Mais la réalité est qu’elle
existe. Elle a toujours été un problème crucial pour toutes les générations et
plus particulièrement pour notre siècle. C’est alors comme problème, que
nous avons approché ce thème de la violence. Notre travail, a donc été de
jeté une lumière sur ce qui pourrait être appelé les fondements de la
violence. Au sorti de ce travail, nous avons pu comprendre que la violence
33
E. Autexier, le mystère du mal, paris, édition saint Michel, 1970, P.82
34
G.M. Garrone, Qu’est ce Dieu?, paris, Desclée, 1969, P. 56.
se nourris du refus de Dieu. Ce refus de Dieu s’explique par
l’incompréhension du mystère de la souffrance. Mystère qui nous
scandalise toujours et nous fixe dans les possibilités de nos limites.
Cependant, devant ce mystère, l’homme sage tombe à genoux, réfléchit, et
prie pour savoir quelle est la responsabilité qui lui incombe dans les
épreuves de la vie présente et s’en remet à la providence du tout puissant.
Laissant pour ainsi dire le soin à la toute puissance de Dieu de répondre à
ce mystère. Laisser Dieu nous illuminer, c’est laisser Dieu être Dieu pour
nous. Enfin, c’est accepter humblement notre condition d’être fini.
BIBLIOGRAPHIE

- alain Rey, Le grand robert de la langue française, tome VI, Paris,


Dictionnaires le grand robert - VUEF, 2001, P. 1854.
- Saint Thomas D’Aquin, somme théologique, la force, 2a - 2æ, Questions
123 - 140, Paris, Desclée, 1926, p. 10.
- p. Grelot, Cahier Evangile no 4, Homme, qui es- tu ? Les onze premiers
livres de la genèse, Paris, Cerf, 1973, P. 38.
- Jean Paul II, salvifici doloris « le sens chrétien de la souffrance », 1984,
nº9.
- daniel Foucher, pourquoi l’enfer si Dieu est Amour ?, édition de
Montligeon, p.106.
- Saint Jean Chrysostome, homélie sur la genèse (2), homélies Tome5,
20ème homélie « Caïn dit à son frère » (Gn4, 8).
- Bible de Jérusalem, “note b de Mt5, 39” Paris, Cerf, 2001, P.1685.
- Benoit XVI, Message avant l’angélus du IIIème dimanche de carême,
Rome, dimanche 11 mars 2012 (ZENIT. Org)
- Benoit XVI, intervention à l’occasion de la journée de réflexion, dialogue
et prière pour la paix et la justice dans le monde « pèlerins de la vérité,
pèlerins de la paix ». Assise, Basilique Sainte-Marie-des-anges jeudi 27
octobre 2011.
E. Autexier, le mystère du mal, Paris, édition saint Michel, 1970, PP.81-82.
- G.M. Garrone, Qu’est ce Dieu?, paris, Desclée, 1969, P. 60.
- gabriel David, méditations évangéliques, tome II, Paris, Daniel brottier,
pp. 145.
- Jean Paul II, veritas splendor, 1993, nº 90.

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