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Thiébaud Schaffhauser
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1. Introduction et éléments de vocabulaire
Tableau 1 : essence de bois compatible avec différents champignons saprophytes (Oei and
Nieuwenhuijzen, 2005)
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L’Inoculation se fait tous les 2 à 3 ans pour être sûr d’avoir une récolte chaque
année. Elle se fait en général au printemps d’avril à fin mai. S’il s’agit de chêne, il
faut le stocker 3 à 4 semaines avant l’inoculation car ce dernier possède encore des
anticorps capables d’empêcher le développement de la culture. Le bois ne doit pas
être trop sec. Si des fissures apparaissent, il peut être nécessaire de le tremper 24h. A
contrario, Il ne faut pas l’imbiber trop longtemps car sinon le bois sera gorgé d’eau
réduisant la proportion d’oxygène et empêchant le bon développement du mycélium.
Si le bois est conservé à l’abri, il conservera l’humidité plusieurs mois et cette
manipulation n’est en général pas nécessaire. Elle est en revanche plus indiquée pour
le bois de petit diamètre (entre 8 à 15 cm).
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Figure 1 : photo de douilles inoculées de mycélium et illustration de la méthode de perçage.
En principe, plus il y a des chevilles, meilleur sera le résultat. Les trous sont
obturés avec de la cire. Le mycélium sur cheville frais peut se conserver
plusieurs semaines et jusqu’à 2 mois sans perte de qualité.
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Mise en place du jardin à champignons : dans l’idéal, l’emplacement doit se
situer dans une zone semi-ombragée avec de l’humidité, la présence de mousses et de
fougères est un bon indicateur (Wurth, 2016). La mise en place se déroule au
printemps de la deuxième année lorsque le champignon a bien colonisé le rondin
(Figure 3).
Dans le cas de la méthode par entaille, il s’agit de retirer le ruban adhésif pour
constater la réussite ou non de la colonisation. Le rondin est alors coupé en 3
juste en-dessous de l’entaille. Celui-ci est enterré dans le sol, entaille vers
le bas sur 10 cm de profondeur, là où l’on veut installer son jardin. Ainsi
le champignon pourra rapidement accéder aux nutriments du sol en déployant
son mycélium souterrain. Au bout de 3 semaines, il est possible de contrôler la
réussite de la colonisation. Elle est réussie quant on peut observer un réseau de
filaments de mycélium à la base en inclinant légèrement le rondin. Il est
conseillé d’arroser fréquemment juste après la mise en place pour aider
l’inoculation à démarrer. De la mousse est placée au-dessus des rondins, sur la
face coupée pour empêcher le dessèchement du bois. La mousse permet
également d’évaluer l’humidité du bois au cours du temps. En fonction de son
aspect, il est facile de décider ou non d’arroser les rondins.
Dans le cas spécifique des shiitakes, les rondins n’ont pas besoin d’être coupés
et enterrés (Wurth, 2016). Soit on peut les empiler
horizontalement (posés sur 2 lattes maintenues par 4 pieux
enfoncés dans le sol) ou bien verticalement en perçant les
rondins et en les suspendant à un arbre par exemple. Dans
les 2 cas, ils sont hors d’atteinte des limaces. L’arrosage
doit être plus régulier durant la phase d’incubation et de
fructification car ces champignons proviennent d’une
région climatique où l’hygrométrie est élevée. Entre la fin
mai et mi-juin les rondins inoculés doivent être plongés en
entier dans de l’eau froide pendant 24h (Figure 4).
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Après l’immersion, les rondins sont frappés à la verticale sur le sol 4 fois de
suite. L’ébranlement occasionné par la vibration favorise la fructification.
Cette technique de forçage est très intéressante car elle permet de
planifier la récolte (Northeast SARE, 2013). Pour terminer les rondins sont
arrosés tous les jours pour éviter le dessèchement, ce qui est particulièrement
important lorsque les premiers boutons apparaissent. Lorsqu’ils deviennent
grands, l’arrosage est réduit sinon ils deviennent spongieux. Entre chaque
récolte, les shiitakes ont besoin d’un temps de repos au cours duquel les
rondins peuvent de nouveaux sécher. Puis l’opération de trempage est
renouvelée pour une deuxième phase de fructification.
culture de champignon est intéressante car elle constitue une source de revenu
lucrative avec des couts et une main d’œuvre réduite. Le Rendement est
grossièrement estimé à environ 20 à 30% du poids du bois (Holzer, 2011). Il
est plus élevé sur du bois dur que sur bois tendre.
Pour les besoins moyens d’un foyer de 3 à 4 personnes, il faut compter
une surface de 7m2 (Wurth, 2016) avec :
Il est primordial que le rondin garde son écorce, il est idéal qu’il possède une
épaisse couche d'aubier, peu de bois de cœur et aucune pourriture du cœur
(Bruhn et al., 2009). Un niveau d’humidité élevé doit être maintenu en période
d’incubation. Au minimum 23% d’eau doit être contenu dans le rondin. Un
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taux supérieur à 35% est optimal (Northeast SARE, 2013). Pour estimer ce
taux, un bout de bois peut être prélevé, pesé tout de suite, puis pesé une fois
l’avoir séché. Il existe également des appareils pour mesurer l’humidité,
souvent utilisés par les ébénistes ou dans les séchoirs à bois. Le lieu
d’installation doit se faire dans un lieu ombragé et humide.
Le trempage et l’ébranlement se déroule à partir de la deuxième année. La
récolte s’étale de juin jusqu’en septembre avec un deuxième trempage en aout
(Wurth, 2016). Un rendement plus élevée est obtenu si le premier choc a lieu à
partir de 14-16 mois après l’inoculation (Northeast SARE, 2013).
« 7-10 jours après le trempage, les boutures se montrent. Quelques jours plus
tard, les champignons sont prêts à cueillir. Un trempage suivant peut se faire
10 semaines plus tard. Cette méthode qui permet de contrôler la période de
fructification convient uniquement pour le shiitake. »(Ferme-Sainte-Marthe)
Au Etat unis, ce cycle est renouvelé toutes les 7 semaines seulement pour avoir
3 récoltes dans l’année (Figure 5) (Northeast SARE, 2013).
TEMPERATURE : Le shiitake une fois bien implanté dans les troncs peut
résister à des températures allant jusqu’à -30°C (Campbell and Racjan, 1999).
La croissance du mycélium est stoppée au-en-dessous de 5°C et au-dessus de
35°C (Tableau 2). Des températures au-delà de 35°C et en-dessous de -7°C
ont une influence négative sur la récolte (Campbell and Racjan, 1999).
D’après les chiffres données par Sepp Holzer qui utilise la techniques de
trempage (Holzer, 2011), un rendement d’environ 2,5 kg/rondin (en prenant
20% du poids du rondin). Le calcul se base sur un rondin de chêne (710
kg/m3), de 15 cm de diamètre et 1 m de long.
Toujours en utilisant la technique de trempage et une humidité contrôlée, une
étude britannique atteint des rendements moyens entre 0.5 et 0.9
kg/rondin/ an (sur 3 ans) en fonction de différentes souches utilisées sur du
chêne (Campbell and Racjan, 1999).
La production n’est pas linéaire ! Elle atteint généralement son pic
de production la deuxième et la troisième année. D’après l’étude
américaine (Northeast SARE, 2013), durant cette
période, on peut espérer 115 à 230 g par rondin
par récolte (avec 2 à 3 récoltes durant l’année). En
prenant en compte 2 récoltes/an, un rondin donnerait
donc entre 0,23 et 0.46kg/an de champignons.
Une autre étude américaine (Szymanski and Hill, 2003) présente des
rendements supérieur en deuxième et troisième année : 2 et 2.5 pounds soit
respectivement 0.9 et 1.125 kg/an avec 3 récoltes dans l’année (cycle de 8
semaines de repos entre chaque trempage) pour 130 rondins inoculés (Tableau
3).
Tableau 4 : heures de travail moyen pour 100 rondins de shiitake inoculés par an.
LES PLEUROTES
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succès dans la lutte contre les sciarides (3 gouttes de chaque diluées dans 1L
d'eau). Utilisez le mélange comme eau d'arrosage (Gerbeaud).
Tableau 5 : Récoltes par année sur tremble et hêtre, rendement et efficacité biologique
(Pavlík and Pavlík, 2013)
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TEMPS DE TRAVAIL : pour les pleurotes, des temps de travaux similaires à
ceux des shiitakes peuvent être pris en compte (Tableau 4). Il est
probablement un peu plus faible puisqu’il n’est pas nécessaire de comptabiliser
les travaux liés au forçage par trempage.
Une étude a montré des rendements de 4,3 kg/an pour 15 rondins soit 285
g/an/rondin en période automnal du 15 au 17 novembre, 2 ans après
l’inoculation (Takaki et al., 2009).
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Hypholome à lames enfumées (Hypholoma capnoides) : essentiellement
inoculé sur des rondins d’épicéa/douglas de 25 à 35 cm de diamètre. Ce
champignon est intéressant si on a des résineux à disposition. La fructification
dure de 10-14 jours entre septembre et décembre. Séparée d’environ 4
semaines, une deuxième récolte est possible. Attention au moment de la
récolte car une confusion est possible avec des espèces dangereuses colonisant
également le bois (Stamets, 2000). Seuls les chapeaux sont utilisés. Il y a peu
de données sur le rendement de ce champignon sur des rondins de bois. Le site
(Gluckspilze) fournisseur de mycélium indique un rendement à hauteur de
10% du poids du bois frais sur 3 à 5 ans.
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Ganoderme luisant/Reishi (ganoderma
lucidum) : il se cultive sur des rondins de 1 m
de long (hêtre ou charme) par la méthode des
trous de forage. Une fois la phase d’incubation
terminée et les rondins coupés en 3, il est
possible de les placer dans des grands pots de
fleurs remplis de terre. En été les pots
pourront être déplacés en serre pour une
meilleure fructification. Le Temps
d’incubation est long : 2 ans avec une récolte en automne. Il faut cependant
veiller à ce que les champignons soient suffisamment arrosés.
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2.2. Culture sur paille
Les conditions d’installation optimales sont identiques à celle de la culture sur bois :
un lieu ombragé et humide. Il est possible de les mètres sous châssis ou serre mais
toujours avec de l’ombre et avec une température inférieur à 30°C. Attention : le
mycélium et les champignons sont particulièrement vulnérables aux rongeurs et aux
limaces. Eventuellement, protéger les champignons avec un voile (tout produit
phytosanitaire type anti-limace est déconseillé).
Phase d’incubation : laisser les bottes dans le jardin, s’il y a de trop fortes
perturbations (plusieurs jours de pluies), il est indiqué de couvrir les rondins
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avec une bâche. Le mois de septembre et d’octobre convient pour une mise en
place d’une culture d’automne avec une récolte au printemps. Dans les régions
à climat rude, une méthode consiste à recouvrir avec les bottes de feuilles
mortes pour mieux les protéger. Mais si la période d’incubation a été
suffisamment longue, le mycélium ne craint plus les gelées. Durant la période
estivale, il faut arroser en moyenne un arrosoir tous les 4 à 5 jours (si
l’emplacement est bien ombragé, seulement tous les 7 à 8 jours).
Récolte : avec une mise en place en automne, on peut espérer une récolte à
partir de mai/juin. Si l’inoculation à lieu en avril/mai, le mycélium a besoin de
2 à 4 mois pour incuber. Il n’y a pas formation de sporophores en-dessous de
10°C, la température idéale étant 20°C. Il y a plusieurs phases de récoltes.
Durant la période de récolte, il faut que la paille reste humide et arroser dès
que la paille est sèche sur au moins 2 cm. Attention aux limaces qui se cachent
dans la paille et mangent les champignons. Récolter tous les champignons sans
les couper car les morceaux laissés au sol attireraient les diptères dont les
larves vivent dans les champignons.
PLEUROTES
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à 20 à 30 kg de paille/m2 (Szudyga, 1978). Après un arrosage, le mycélium est
inoculé dans la paille entre 5 et 8 cm de profondeur (quantité : 500 à 600g/m2).
Après la phase d’incubation, lorsque les premiers primordia (sporophores jeunes
qui ressemble à un bourgeon) apparaissent, la paille sèche superficielle est
enlevée et 5 cm de terre riche en humus qui peut être mélangée à de la tourbe
sont rajoutés (Szudyga, 1978). Le pH du sol se doit d’être autour de 5,7-6, l’ajout
de terre calcaire est déconseillé car basique. Il faut veiller à humidifier la couche
régulièrement mais éviter de mettre plus de 1,5 L d’eau/m2 à la fois. Après 14
jours, une aération au niveau de la couche supérieur est mise en place (avec un
pot de fleur par exemple). Les premières récoltes ont lieu 4 semaines après la
mise en place de la couverture de terre. Les champignons apparaissent tous les
10-12 jours jusqu’aux gelées, les deux premières récoltes sont néanmoins les plus
importantes.
Des rendements de 16 kg/m2 ont été enregistré (Szudyga, 1978) mais d’après
cet article des rendements allant jusqu’à 33 kg/m2 ont déjà été observés. Des tests
ont montrés que plus la paille est vieille plus le rendement est faible. D’autres
substrats issus des activités agricoles ont également été testés combinés à la paille
: copeaux issus de la taille des arbres, fumier, feuilles mortes, foins. Ces essais
n’ont pas été concluants (Szudyga, 1978). Des rendements plus élevés ont été
obtenus avec des fans de pois (Bonenfant-Magné et al., 2000), avec des copeaux
de bois de tilleul, peuplier et aulne, plus particulièrement quand ils étaient
récoltés en hivers (Domondon and Poppe, 2000; Stamets, 2000). Enfin, le
rendement est également amélioré lorsque la paille est trempée pendant 2h dans
de l’eau à 65°C (Bonenfant-Magné et al., 2000). Cette étape réduirait la
concurrence avec les moisissures en raison de niveaux inférieurs de nutriments
solubles sur la paille favorisant leur développement.
Une autre étude (Bruhn et al., 2010) a testé des plates-bandes constituées d’un
mélange de terre et de copeaux de bois de peuplier (8 plates-bandes de 1 m2). Une
première couche de 5 cm a été formée puis 1L/m2 de mycélium a été étalé et
recouvert d’une nouvelle couche de 5 cm. D’autres plates-bandes ont été formées
avec de la paille (10 plates-bandes de 1 m2). Des ballots rectangulaires ont été
trempés 72h dans l’eau pour lessivés les éléments solubles. Les ballots ont ensuite
reposé pendant 24h à l’air libre pour évacuer l’humidité excessive avant la
formation de la plate-bande. Une couche de 3 cm de paille compactée a été
formée, sur laquelle 1L de mycélium a été dispersé et recouvert de 5 cm de paille.
A nouveau, 1L de mycélium a été appliqué sur cette couche et recouvert cette fois-
ci par 8 cm de paille. Enfin, le tout a été recouvert de 3 cm du mélange de terre et
de copeaux de peuplier. Les 2 expériences ont été menées simultanément pour 2
dates d’inoculation différentes: mi-juillet et fin aout. Seule la pluviométrie
naturelle a alimenté les plates-bandes en eau. Résultat : la fructification a eu
lieu en automne, puis au printemps de l’année suivante. Les plates-bandes avec
de la paille ont donné des champignons plus rapidement (en moyenne 44 jours
après l’inoculation) avec un rendement moyen plus important de 1.6kg/m2
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contre 0.9kg/m2 en moyenne pour les copeaux de bois. Le rendement est
significativement plus important lorsque le mycélium a été inoculé tardivement
pendant une période plus fraiche et pluvieuse (sur paille 2.2kg/m2 en moyenne).
Le paramètre climatique (T°C et précipitation) joue donc un rôle important. Il
faut inoculer quand la température atteint 20°C pour que le mycélium se propage
rapidement mais des températures supérieures à 30°C peuvent l’endommager. La
période optimale d’inoculation est donc au printemps et à la fin de l’été. Il est
également important de contrôler l’humidité du substrat.
3.1.Champignons mycorhiziens/plantes
Les champignons mycorhiziens sont différents des champignons cultivés vu
précédemment qui eux sont des champignons saprophytes (qui se nourrissent de
matière organique non vivante : bois, paille…etc.). « Les champignons
mycorhiziens peuvent former des mycorhizes : c'est une association
symbiotique entre une plante (arbre, arbuste, plante herbacée, vivace ou annuelle, à
fleurs ou non, sauvage ou cultivée, en pot ou en pleine terre...) et un champignon,
susceptible de persister durant plusieurs années. Le mot "symbiotique" a toute son
importance : grâce aux mycorhizes, la plante hôte et le champignon mycorhizien se
rendent mutuellement service. La symbiose est en effet une relation de type
"gagnant-gagnant", contrairement au parasitisme » (Gerbeaud). Les champignons
mycorhiziens les plus répandus sont appelés endomycorhiziens car ils possèdent la
capacité de faire pénétrer leurs hyphes à l’intérieur des racines et des cellules de
l’écorce (Figure 8). Cette mycorhize est dite arbusculaire.
Figure 8 : Aperçu schématique de la structure d’une mycorhize arbusculaire (=association entre une
plante et un champignon endomycorhizien) (Agronouvelles).
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Bénéfices pour le champignon (Gerbeaud)
Grâce au mycélium très dense et ramifié qu'il développe autour des racines, le
champignon multiplie par 1000 la surface de contact entre le sol et la racine, ce
qui décuple du même coup les capacités d'absorption de l'eau par le système
racinaire. Outre cette interface sol/racine extrêmement importante, les très
fins filaments du mycélium peuvent s'insinuer dans les pores les plus petits du
sol et en extraire l'eau, chose que les racines, plus épaisses, ne savent pas faire :
en cas de sécheresse, ces micro-pores du sol constituent une réserve d'eau
précieuse. Grâce aux mycorhizes, la plante hôte est donc moins sensible au
manque d'eau.
Autre avantage décisif pour la plante : le champignon l'aide à absorber les
éléments nutritifs présents dans le sol. En partenariat avec des bactéries, les
champignons arrivent à solubiliser des minéraux contenus dans les fragments
de roche (notamment l’apatite riche en phosphore qui est autrement très peu
biodisponible). Ils fragmentent également les matières organiques du sol
(humus) et rendent ainsi des nutriments disponibles pour la plante sous forme
d'azote et de phosphore assimilable.
Le mycélium offre également une protection aux racines, d'une part contre le
dessèchement en cas de sol sec, et d'autre part contre les substances toxiques,
qu'elles soient d'origine naturelle (métaux lourds et aluminium issus de la
dégradation de certaines roches, substances sécrétées par d'autres espèces de
plantes concurrentes -notion de plantes compagnes-), ou dues à la pollution
(dioxines, hydrocarbures, métaux lourds, etc.). Le champignon a ainsi une
action détoxifiante sur le sol dans l'environnement direct des racines.
Le champignon sécrète des régulateurs de croissance (l'équivalent des
hormones pour les végétaux) qui accroissent le développement du système
racinaire : plus dense, plus ramifié, il permet ainsi une meilleure croissance de
la plante.
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Le réseau des filaments du mycélium stabilise la structure du sol autour des
racines, ce qui implique notamment une meilleure rétention de l'eau et des
éléments nutritifs par le substrat de culture.
Ils aident également la plante à se défendre contre des insectes, bactéries et
d’autres champignons parasites (Stamets, 2005). Les infections de
champignons pathogènes causant par exemple la fusariose chez la tomate ou la
pourriture racinaire chez l’œillet d’inde sont 3 à 10 fois moins nombreuses sur
des plantes mycorhizées (Fortin et al., 2008). Les modifications biochimiques
induites dans les plantes mycorhizées, exercent une influence sur les espèces
d’insectes qui broutent les feuillages (Fortin et al., 2008).
Jusqu’à présent tous les concepts et toutes les pratiques agricoles ont été développées
comme si les mycorhizes n’existaient pas (Fortin et al., 2008). L’agriculture intensive
a non seulement défavorisé le développement de symbioses entre plantes et
champignons par ces pratiques (labours, utilisation de fongicides) mais elle a
également rendu les plantes moins sensibles à cette association par la sélection de
plantes à haut rendement, résistantes aux pathogènes (particulièrement les
champignons). De plus, les sélectionneurs ont toujours travaillés dans des milieux
fortement fertilisés, la nutrition ne devant pas être un facteur limitant. Les plantes
« bien nourries » ne favorisaient donc plus le développement de mycorhizes. Tout
cela fait que certaines plantes sont devenues moins réceptives aux champignons
mycorhiziens. Par ce point de vue, on comprend mieux pourquoi l’agriculture actuelle
est de plus en plus dépendante vis-à-vis des fertilisants chimiques ou organiques.
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30 grammes de spores pour 450 de graines avant de planter les graines (ou
10000 spores pour 1g de graines). Les spores sont inactifs en-dessous de 4.4°C.
Semis direct : à petite échelle pour les jardiniers amateurs, l’inoculum est
généralement sous forme d’un mélange granulaire à base de tourbe, d’argile ou
de silice. Il est utilisé par exemple pour les carottes, les haricots, les oignions
(semis ou bulbes), les concombres…etc. La méthode est simple : le lit de
semence est préparé en plaçant d’abord l’inoculum au fond du sillon, puis on
met en place les semis ou les bulbes avant de refermer et d’arroser. Si on utilise
plutôt des inocula sous forme de terreau, on peut les utiliser comme lit de
semence. Un tel substrat, en plus d’assurer la colonisation des racines par les
mycorhizes, constitue un environnement idéal pour la germination en assurant
un bon maintien de l’humidité (Fortin et al., 2008).
Enfin, certains végétaux n'ont tout simplement pas besoin de mycorhizes (ils en sont
naturellement dépourvus, et sont d'ailleurs incapables d'en développer, même
lorsque les champignons adaptés sont présents). C'est notamment le cas : des plantes
de la famille des Brassicacées anciennement Crucifères (choux, navets, radis...) ; des
Chénopodiacées (épinard, betterave...) ; des Polygonacées (oseille, rhubarbe...).
Cependant, un mutualisme peut s’opérer bien qu’il n’y a pas de mycorhization.
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Tableau 6 : rendements obtenus (MS = masse sèche en g) pour des choux de Bruxelles associés à
différents champignons.
Ces résultats pourraient représenter une nouvelle classe de mutualisme entre des
champignons saprophytes et les plantes (les choux n’étant pas capable de faire des
mycorhizes). Une hypothèse avancée est que la digestion du bois par le champignon
augmente le flux de nutriments disponibles pour la plante (Stamets, 2005). Une autre
étude (Grard et al., 2015), visant à explorer le potentiel des jardins potagers sur les
toits en milieu urbain va également dans ce sens. Celle-ci a montré que l'utilisation de
compost issu de la production de pleurote (Pleurotus Ostreatus) à partir de marc de
café augmente significativement les rendements de tomates cultivées dans des bacs
hors sol.
4. Fournisseurs de mycélium/conservation
Les fournisseurs de mycélium trouvés en France présentent peu de choix variétaux et
le plus souvent les produits vendus sont sous forme de kits « prêt à pousser »:
https://www.laboiteachampignons.com/
http://www.fermedesaintemarthe.com/CT-3203-culture-de-champignons.aspx
http://www.shii-take.de/irw_lang.454e47.page.534e5f486f6d65.html
http://www.pilzgarten.at/
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http://www.mycelia.be/en
https://gluckspilze.com/shop
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6. Propretés nutritionnelles et médicinales (à compléter)
De plus en plus d’études scientifiques montrent non seulement l’intérêt nutritionnel
des champignons (Dundar et al., 2008; Gbolagade et al., 2006; Sánchez, 2010), qui
est comparable à celle des œufs, du lait ou de la viande (Oei, 1991) mais également
leurs bienfaits médicinaux. Dans le cadre d’une activité commerciale, ce sont des
arguments à mettre en avant.
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Sources et références utilisées
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