L’examen clinique est la première approche diagnostique de toute pathologie médicale au cours de
laquelle le praticien utilise ses propres moyens ou, au plus, un système instrumental simplifié. Même si la
stomatologie met en œuvre des procédés d’examen distincts de ceux de la clinique usuelle, la méthode
générale reste cependant la même qu’en médecine. L’objet de cet exposé est de présenter un fil directeur
méthodique afin de pouvoir diriger un examen clinique standard en stomatologie. Ainsi, après un rappel
anatomique, cet article présente la conduite de l’examen clinique en stomatologie, puis ses spécificités
selon les régions anatomiques étudiées.
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“ Point fort
Dès le départ, l’interrogatoire permet d’orienter le diag-
nostic grâce à la qualité des informations recueillies, mais il
conditionne également les rapports de confiance ultérieurs
avec le patient.
Région cervicale
Comprise entre le bord inférieur de la mandibule et les reliefs
“ Point fort
supérieurs sternoclaviculaires, la région cervicale se divise en trois
parties (Fig. 4) : Comme pour les autres disciplines médicales, l’examen en
• une partie postérieure constituée par les muscles de la nuque, stomatologie fait appel principalement à l’« inspection » et
et limitée en avant par le bord antérieur du muscle trapèze ; à la « palpation », termes issus du latin inspectare et palpare
• deux parties latérales comprises entre les bords antérieurs du signifiant respectivement « regarder dans » et « toucher ».
trapèze et du sterno-cléido-mastoïdien. Elles sont subdivisées
en triangles sus-claviculaires en arrière des régions sterno-
cléido-mastoïdiennes (dans lesquelles se trouvent les gouttières
jugulocarotidiennes) ; Le patient est installé confortablement, généralement sur un
• une partie antérieure, subdivisée en régions sous-hyoïdienne fauteuil d’examen plutôt qu’au lit, et il est rassuré. Un équipement
(contenant la filière laryngotrachéale et la glande thyroïde), adapté est souvent nécessaire, tel qu’un éclairage de bonne qualité
sous-mentale, et latéralement en régions sous-mandibulaires et une instrumentation spécifique de type abaisse-langue, miroirs
dans lesquelles se situent les glandes submandibulaires, artères plans, sondes, etc.
faciales et rameaux labiomentonniers du nerf facial, et enfin, Classiquement, l’examen clinique en stomatologie est divisé
en loges rétromandibulaires en arrière de la mandibule. en deux temps, l’un exobuccal hors de la cavité buccale, l’autre
endobuccal concernant directement la bouche.
Figure 5. Inspection de la cavité orale en ouverture. Figure 6. Inspection de la cavité orale et de l’oropharynx.
“ Point fort
Il est nécessaire d’orienter l’examen et de l’approfondir
selon la région anatomique étudiée et l’orientation diag-
nostique recherchée. Il s’agit de l’étape essentielle dans
la prise en charge du patient, permettant la réalisation
d’un bilan précis et exhaustif des lésions. De la qualité de
ce bilan, dépendent la justesse de l’éventuelle demande
d’examens complémentaires et l’attitude thérapeutique.
H
18 17 16 15 14 13 12 11 21 22 23 24 25 26 27 28
D G
48 47 46 45 44 43 42 41 31 32 33 34 35 36 37 38
Figure 16. Percussion dentaire.
B
Figure 13. Formule dentaire chez l’adulte.
de mortification, dysplasie de l’émail) ; les mobilités dentaires
(transversale, axiale, douloureuse ou non) ; la vitalité pulpaire
(par des tests thermiques ou électriques) ; la qualité des recons-
H
tructions prothétiques, etc. ;
55 54 53 52 51 61 62 63 64 65 • l’état de la gencive et notamment son aspect (habituellement
D G rose pâle, devenant rouge vif lors de gingivite odontiasique ou
85 84 83 82 81 71 72 73 74 75 tartrique), sa consistance (normalement ferme et peu dépres-
B sive), son volume (augmenté lors de gingivite hypertrophique),
ses attaches dentaires (récessions gingivales correspondant
Figure 14. Formule dentaire chez l’enfant.
à une migration apicale de l’attache épithéliale au-delà de
la jonction amélocémentaire). Les poches parodontales sont
◦ chez l’adulte de 32 dents définitives, 16 par maxillaire, appréciées par des sondes graduées et peuvent faire l’objet de
huit par hémimaxillaire comprenant d’avant en arrière : prélèvement à visée bactériologique ;
deux incisives, une canine, deux prémolaires, trois molaires • l’occlusion (ou articulé dentaire), qui est analysée en intercuspi-
(Fig. 13), dation maximale (Fig. 17), et à l’aide du papier à articuler pour
◦ chez l’enfant de 20 dents temporaires ou lactéales, dix par mettre en évidence des prématurités et des interférences.
maxillaire, cinq par hémimaxillaire comprenant d’avant en
arrière : deux incisives, une canine, deux molaires (Fig. 14) ; Massif facial osseux
• l’hygiène buccodentaire (gingivite et plaque tartrique), l’état
des soins dentaires, l’haleine (halitose, éthylisme, etc.) ; Très accessible à la clinique (Fig. 18) et aidé par le caractère symé-
• les arcades dentaires : courbe de Spee, encombrements ou mal- trique de cette région, l’examen des bases osseuses est toujours
positions dentaires, absences (agénésies, inclusions) et pertes comparatif et analysé dans les trois plans de l’espace (horizontal
dentaires (avulsions) ; ou axial, frontal ou coronal, et sagittal), et ce dans des circons-
• l’organe dentaire. La palpation digitale ou instrumentale tances très diverses : traumatologie [20] , kystes et tumeurs bénignes
(sonde, percussion) permet de déceler les anomalies morpholo- des maxillaires [21] , dysmorphies des maxillaires [22–24] , etc.
giques (micro- ou plus fréquemment macrodonties) ; les caries, La face peut se subdiviser en trois étages :
abrasions et fractures dentaires (Fig. 15, 16) ; les anomalies de • supérieur ou craniofacial, comprenant une partie centrale fron-
couleur par comparaison aux autres dents (teinte grisâtre en cas toglabellaire et deux régions latérales frontotemporales ;
Innervation faciale
La recherche d’un trouble sensitivomoteur facial [27–29] doit être
systématique dans de nombreux domaines : traumatologie, can-
cérologie, avant chirurgie buccale ou maxillaire, etc. Tout déficit,
moteur ou sensitif, doit être précisé au patient et clairement noté
dans le dossier, à plus forte raison avant une intervention chirur-
gicale afin que ce déficit ne soit pas imputé au geste opératoire.
Conclusion
L’examen clinique en stomatologie demeure l’étape initiale
déterminante à plusieurs titres :
• sur le plan médical, un examen minutieux et bien orienté per-
met la recherche d’éléments cliniques déterminants aboutissant
à une meilleure hypothèse diagnostique et, par conséquent, à
une prise en charge plus efficace du patient ;
• sur le versant « économique de la santé », l’examen clinique
possède certainement le meilleur rapport coût-efficacité [31] . Il
aboutit à la demande d’examens complémentaires bien orien-
tés ;
• enfin la relation médecin–malade est hautement conditionnée
par ce premier contact. Le rapport de confiance du patient et
toutes ses conséquences en découlent.
[17] Vaillant JM, Laudenbach P. Pathologie des glandes salivaires. Paris: [24] Canal P, Goudot P. Dysmorphies maxillo-mandibulaires,
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Stomatologie, 22-066-C-10, 1989 : 4 p. observational study. Lancet 2003;362:1100–5.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Maladière E, Vacher C. Examen clinique en stomatologie. EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale
2016;11(4):1-11 [Article 22-010-A-10].
Plan ■ Difficultés 8
Établissement de la stratégie thérapeutique 8
■ Introduction 1 Détecter et gérer les situations difficiles 8
Alliance thérapeutique 10
■ Indications de la prise en charge des dysfonctions Établir un rationnel thérapeutique « à la carte » 10
temporomandibulaires 2 Perspectives 11
■ Objectifs 2
Objectifs généraux 2
Objectifs spécifiques : une thérapeutique ciblée 2
■ Historique et perspective des modalités thérapeutiques 3 Introduction
■ Types de prise en charge des dysfonctions
temporomandibulaires 3 Les dysfonctions temporomandibulaires (DTM) sont une
Type A : traitement conservateur 3 myoarthropathie de l’appareil manducateur, le plus souvent dou-
Type B : traitement orthopédique (orthèses, gouttières) 3 loureuse, caractérisée par au moins un des trois signes cardinaux
Type C : traitement structurel 3 « BAD » : B pour bruit articulaire, A pour algie manducatrice
Type D : traitement préventif 5 modulée par la fonction, D pour dyscinésie mandibulaire [1] .
■
La vue occlusale mécaniste de la physiopathologie des DTM a
Modalités thérapeutiques 5
été éclipsée en grande partie par l’évolution des connaissances
Psychothérapie (rassurer, expliquer, conseiller) 6
sur les mécanismes d’apparition et de modulation des douleurs
Rééducation cognitivocomportementale 6
périphériques et centrales.
Gymnothérapie 6
Pour expliquer l’étiopathogénie des DTM, une approche mani-
Kinésithérapie 6
chéenne de causalité binaire disparaît complètement si l’on lui
Pharmacothérapie 6
substitue la notion d’influence réciproque comme, par exemple,
Gouttière occlusale 7
dans les interactions entre des facteurs anatomiques et des fac-
Moyens invasifs 7
teurs comportementaux. Pour mieux comprendre les conditions
■ Pronostic 7 d’extériorisation des symptômes des DTM, un modèle étiopatho-
■ Quelle stratégie de prise en charge des dysfonctions génique à trois « dimensions » évoqué en 1980 par Hansson [2] a été
temporomandibulaires ? 8 proposé en France par Gola et al. en 1995 [3] , détaillé par Orthlieb
Algorithme de décision thérapeutique 8 et al. en 2004 [1] (Fig. 1). Dans le Research Diagnostic Criteria for
Phases de traitements 8 Temporomandibular Disorders (RDC/TMD), Dworkin et LeResche
Efficience et individualisation 8 proposent avec succès de comprendre les DTM suivant deux axes :
Que veut dire « invasif » ? Que veut dire « surtraitement » ? 8 une dimension physique (axe I) et une dimension psychosociale
DTM
Axe I
Biomécanique
STRUCTURE
(typologie, ATM, occlusion, posture)
Dimension mécanique,
aspect somatique local
(axe II) [4] . En 2014, le RDC/TMD évolue en DC/TMD restant avec éducatives semblent offrir plus d’avantages qu’une approche uni-
les deux axes I et II, mais un axe III « biologique » y est envisagé modale. Cette suggestion généralement fondée est encore plus
sous la forme de biomarqueurs [5] : efficiente pour les patients souffrant d’hypertension psycholo-
• axe I : la dimension biomécanique : aspect structurel, soma- gique. Les cliniciens doivent intégrer qu’il est nécessaire d’écouter
tique local comprenant l’organisation musculosquelettique, les attentivement les plaintes des patients et de leur donner toutes les
articulations temporomandibulaires (ATM) et l’occlusion ; réassurances nécessaires.
• axe II : la dimension biopsychosociale : aspect psychique
de l’individu dans son contexte environnemental et culturel
influençant son interprétation des facteurs psychoémotionnels
et son comportement manducateur ;
• axe III : la dimension biologique : aspect systémique, somatique
“ Point fort
général influençant le terrain musculoarticulaire. Indications de prise en compte/prise en charge des
Établir un diagnostic, ou pour le moins une hypothèse diag- DTM
nostique, est l’aboutissement de toute consultation. L’examen • Conseils préventifs en cas de dépistage de signe infra-
clinique et radiographique permet d’établir un bilan structu-
rofonctionnel, lequel est ensuite replacé dans son contexte
clinique.
• Prise en compte des risques de DTM, à titre préventif,
biologique et psychosocial avant tout d’abord de définir des objec-
tifs thérapeutiques, puis une stratégie de prise en charge (moyens, dans la pratique odontologique.
séquence) à assortir d’un pronostic. La médecine fondée sur les • Reconditionnement avant traitement prothétique ou
preuves doit se concrétiser dans le respect des recommandations orthodontique.
de bonnes pratiques (RBP). Dans ce cadre, les décisions thérapeu- • Traitement curatif des myoarthropathies manducatrices
tiques sont une combinaison des données de la littérature, de fonctionnelles.
l’expérience clinique et des besoins spécifiques de chaque patient.
Idéal Normalité
DTM DTM
fonctionnel fonctionnelle
asymptomatique symptomatique
et structurel et structurelle
Psychophysiothérapie
Psychophysiothérapie
Psychophysiothérapie
Psychophysiothérapie
Traitement occlusal
Traitement occlusal
Traitement occlusal
Traitement occlusal
Traitement occlusal
Pharmacothérapie
Pharmacothérapie
Pharmacothérapie
Pharmacothérapie
Pharmacothérapie
Gouttière
Gouttière
Gouttière
Gouttière
Gouttière
Années 1980 Années 1990 Années 2000 Années 2010 Années 2020
Prévention-interception (invasif)
Type D dans un contexte asymptomatique
(rééducation, meulage, collage, prothèse, orthodontie, chirurgie)
L’équilibration occlusale doit s’entendre comme incluant les tuelle peut contribuer à un pronostic positif [13, 14] , mais elle n’est
différentes techniques de meulage, de collage, de restaurations généralement pas indiquée en première intention, sauf « anomalie
ou d’orthodontie. Ces traitements irréversibles présentent un cer- occlusale d’évidence » (cf. infra). L’équilibration occlusale doit être
tain nombre de risques qui doivent être parfaitement évalués. évitée chez les patients présentant des problèmes d’hypertension
Dans certains cas identifiés, une équilibration occlusale ponc- émotionnelle, d’occlusoconscience exacerbée.
BOP ELN
GRM ELD
Restauratrice Orthochirurgie
Pharmacothérapie
Rééducation cognitivocomportementale
La douleur sévère doit être traitée pendant quelques jours
Le praticien doit apprendre au patient à autogérer son dys- par une prescription antalgique de niveau adapté au mécanisme
fonctionnement, pour augmenter son pouvoir d’action sur ses algique. Les antidépresseurs à faible dose (pour les douleurs chro-
symptômes [4] ; une approche thérapeutique multidisciplinaire niques sévères) relèvent d’une prescription médicalisée dans une
est parfois nécessaire pour renforcer cette auto-prise en charge. approche pluridisciplinaire. Les myorelaxants sont généralement
Cette rééducation vise à corriger les habitudes nocives (crispation, peu efficaces sur les muscles masticateurs ; ils peuvent éventuelle-
mâchonnement, ventilation orale, posture linguale atypique, pos- ment permettre de mettre en confiance, d’améliorer le sommeil.
ture de sommeil contraignante, etc.) en leur substituant des Des injections intramusculaires (anesthésiques) peuvent avoir des
comportements bénéfiques répétitifs (posture de repos lèvres indications dans des cas bien identifiés (contraction musculaire
jointes et sans contact dentaire, ventilation nasale, mastication résistante au traitement classique) et des mains expérimentées. La
unilatérale alternée, déglutition physiologique non crispée, etc.). toxine botulique n’est indiquée que dans des troubles musculaires
Il s’agit d’un véritable travail de reconditionnement neuromuscu- neuropathiques dans le cadre d’une prise en charge pluridiscipli-
laire. naire.
“ Point fort surtraitement [21] . Il semble exister une confusion entre ces deux
termes.
Prise en charge efficiente = individualisation et alliance thé-
Un traitement invasif modifie de façon plus ou moins étendue
rapeutique. certaines structures de manière irréversible. Un « surtraitement »
est un traitement non nécessaire, une faute professionnelle
d’autant plus grave que ce traitement est invasif, mettant en dan-
L’absence d’une vision claire de l’étiologie, l’existence de ger le patient.
multiples hypothèses et les convictions préconçues de certains Une revue de littérature détaillée [22] souligne qu’un état buc-
cliniciens aboutissent à un large éventail de traitements plus ou codentaire altéré génère un handicap masticatoire. Les auteurs
moins recommandés. Le concept de Stohler, low tech, high pru- notent, chez les personnes âgées, une relation forte entre la lon-
dence, reste de bon sens [19] . gévité et la capacité à mastiquer. Même si les preuves sont faibles,
la compensation des déficiences dentaires reste toujours indiquée
dans ses formes classiques : soins, prothèse, orthodontie. Ces trai-
Algorithme de décision thérapeutique tements, dont les pronostics sont connus, visent une optimisation
(non une idéalisation) structurelle économe et individualisée.
La démarche thérapeutique est facilitée en suivant un algo-
En présence de DTM et de denture altérée, les traitements
rithme de décision en quatre questions (Fig. 8) :
dentaires conventionnels doivent être menés à bien, le plus
• existe-t-il un caractère d’urgence ? → prise en charge immé-
rapidement possible dans leur phase initiale (suppression des
diate ;
foyers d’infection, obturation des cavités, restaurations provi-
• existe-t-il des facteurs pathogènes évidents ? → correction
soires, compensation provisoire des édentements). Les phases de
immédiate. Traitement de type A ;
réalisation définitive attendront la résolution de la symptoma-
• existe-t-il une indication d’orthèse orale ? → si indiquée, elle
tologie et l’obtention de conditions dento-musculo-articulaires
sera souvent utilisée en seconde intention. Traitement de type
stables. Le traitement est alors invasif mais justifié par l’état den-
B;
taire, il n’y a pas de surtraitement.
• existe-t-il des nécessités de stabilisation structurelle ? Traite-
Ces traitements dentaires sont, par essence, des traitements
ment de type C parfois en première intention.
« occlusaux » ; ils aident à l’optimisation fonctionnelle et
comportementale (par exemple, la correction d’une mastication
Phases de traitements unilatérale). Non seulement ils ne représentent aucun « surcoût
thérapeutique », mais ils permettent un renforcement du senti-
Elles sont présentées sur la Figure 9. ment de prise en charge et agissent directement sur des aspects
mécaniques pouvant contribuer à la symptomatologie. Le dan-
Efficience et individualisation ger serait de faire croire au patient que le traitement dentaire est
indiqué uniquement pour corriger son bruxisme, ou sa myalgie
Dans la « médecine fondée sur la preuve », l’évaluation d’un chronique.
patient, puis les décisions de traitement sont une combinaison : La notion de « surtraitement » s’applique aux sujets présen-
• de la littérature disponible ; tant des arcades dentaires saines ne nécessitant pas de traitement
• de l’expérience clinique ; pour elles-mêmes, et sur lesquelles sont réalisés des traitements
• des besoins spécifiques de chaque patient. dentaires irréversibles. Dans le cadre de DTM en denture saine,
Ainsi, le point de vue individuel, la plainte principale, le style la règle du choix thérapeutique est intangible : « pas de trai-
de vie, la culture et les attentes de chaque patient doivent être tement occlusal étendu, non indiqué par des raisons dentaires
considérés dans le choix d’une stratégie de traitement particulière. intrinsèques fortes ».
Une approche pragmatique de la prise en charge des DTM doit
mettre en jeu une logique de simplicité, confrontant données
diagnostiques claires et indiquant des thérapeutiques simples et
efficaces (efficientes), les plus validées possible. La compréhension
Difficultés
globale mais détaillée du problème de décision médicale posé par Établissement de la stratégie thérapeutique
le patient permet de mettre à jour des cibles thérapeutiques indi-
vidualisées, c’est-à-dire des points d’entrée les plus accessibles aux Il s’agit :
moyens de traitement les plus sûrs. La problématique structurelle • d’établir une « liste des problèmes » claire, pertinente, précisant
(axe I : contracture, désunion condylodiscale avec claquement, les facteurs déclenchants, contribuant et entretenant les DTM,
désunion condylodiscale avec blocage en phase aiguë, etc.) doit pour le sujet donné ;
être située dans le contexte psychoémotionnel (axe 2) et intégrée • d’identifier les facteurs « opérationnels », c’est-à-dire les facteurs
dans le cadre biologique global du sujet. De cette compréhension sur lesquels on peut agir et affecter le contrôle des symptômes
globale naîtra une individualisation thérapeutique efficace. et obtenir un succès à long terme.
Les formes de traitement multimodales intégrant des stratégies
comportementales et éducatives semblent offrir plus d’avantages
qu’une approche unimodale. Cette suggestion est en particulier
Détecter et gérer les situations difficiles
valable pour les patients souffrant d’hypertension psycholo- Une évaluation psychologique et une prise en charge par un
gique [20] . professionnel de la santé mentale sont recommandées pour les
patients souffrant de douleurs chroniques ayant vécu plusieurs
Que veut dire « invasif » ? Que veut dire échecs thérapeutiques. Ceci ne signifie pas que le chirurgien-
dentiste se débarrasse du patient pour le confier à un psychologue,
« surtraitement » ? mais qu’il doit intégrer dans sa stratégie de prise en charge une
Le plus souvent, les conclusions de la littérature suggèrent que coopération pluridisciplinaire fondée sur le dialogue et la poten-
les traitements invasifs représentent dans la majorité des cas un tialisation des compétences.
Rééducation renforcée
Reconsidération du diagnostic
JD.Orthlieb, Faculté d’Odontologie de Marseille, Pôle Odontologie, La Timone AP–HM Marseille - Février 2016
Figure 8. Arbre décisionnel. Dysfonctions temporomandibulaires (DTM) : algorithme d’aide à la décision thérapeutique. OPAM : orthèse de propulsion
et d’avancée mandibulaire ; ELN : enveloppe linguale nocturne ; ELD : enveloppe linguale diurne ; BOA : butée occlusale antérieure ; BOP : butée occlusale
postérieure.
Réévaluation 2 mois
Figure 10. Quatre exemples de stratégie « à la carte » signifiant une prise en charge individualisée mais programmée. PECC : prise en charge cognitivo-
comportementale ; GRM : gouttière de reconditionnement musculaire ; GAP : gouttière d’antéposition.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Orthlieb JD, Giraudeau A, Jeany M, Ré JP. Prise en charge des dysfonctions temporomandibulaires.
EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale 2016;11(4):1-11 [Article 22-056-R-30].
La chirurgie reconstructrice des paupières connaît un essor important du fait de la fréquence élevée des
carcinomes cutanés dans notre population âgée. Les procédés de reconstruction sont nombreux et le
chirurgien doit mettre en œuvre ceux qu’il maîtrise le mieux tout en obtenant des résultats carcino-
logiques, fonctionnels et esthétiques satisfaisants. La protection du globe oculaire, la restauration du
champ visuel et la discrétion du procédé de reconstruction sont les objectifs principaux. La connaissance
de l’anatomie palpébrale est indispensable. Les paupières doivent être reconstruites plan par plan, à
partir de tissus voisins, souples et fins chaque fois que possible. La règle des quarts de Mustarde est un
guide fondamental pour le choix de la reconstruction.
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2
4 3 5
5 6
Muscle orbiculaire
Large et plat, il s’étend au-delà des limites des paupières.
La fonction de ce muscle résiste de façon étonnante aux inci-
sions et aux résections. Il est rare que les patients, lorsque la surface
du tégument a été reconstituée, même si une portion importante
du muscle a été réséquée, ne puissent pas fermer les yeux norma-
lement [1] .
Tarse
Structure conjonctive densifiée fibroélastique qui donne à la
paupière sa stabilité, le tarse est moulé sur le globe oculaire. Il
Figure 2. Coupe sagittale des paupières et du contenu orbitaire. Les a donc la forme d’un segment de sphère (Fig. 3), dont la hau-
différents éléments décrits sur la coupe sagittale schématique peuvent se teur est plus importante à la paupière supérieure qu’à la paupière
retrouver sur une coupe anatomique. Les éléments osseux de l’orbite n’y inférieure, manque de hauteur qui explique sa propension à la
figurent pas. bascule.
Le tarse involue avec l’âge : sa hauteur se réduit et sa résis-
tance diminue. Ses attaches aux ligaments palpébraux peuvent
Anatomie se distendre ou se rompre. Il faut tenir compte de la tonicité et
de la résistance du tarse, par exemple en examinant les paupières
controlatérales, avant de décider d’une technique de reconstruc-
Seuls les détails anatomiques qui ont une importance chirurgi-
tion susceptible de déplacer ou de mettre en tension le tarse
cale sont présentés. L’essentiel de l’anatomie des paupières peut
restant.
être décrit à partir d’une coupe sagittale (Fig. 1, 2).
Il existe entre le bord inférieur du tarse de la paupière inférieure
et le muscle droit inférieur une formation fibreuse, connue sous le
Peau terme de « rétracteurs de la paupière inférieure » ou de « ligament
de Lockwood ». Cette formation est importante dans la statique
Adhérente au muscle orbiculaire et au tendon canthal interne, de la paupière inférieure (sa distension peut être à l’origine d’un
elle est particulièrement fine au niveau des portions prétarsale et entropion chez le sujet âgé).
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Figure 4.
A. Vascularisation. 1. Artère supraorbitaire ; 2. arcade supérieure ; 3. artère lacrymale ; 4. artère temporale superficielle ; 5. arcade marginale ; 6. artère
zygomaticofaciale ; 7. artère infraorbitaire ; 8. artère transverse de la face ; 9. artère supratrochléaire ; 10. artère du dorsum nasal ; 11. artère palpébrale
médiale supérieure ; 12. artère palpébrale médiale inférieure ; 13. artère angulaire ; 14. artère latérale du nez ; 15. artère faciale.
B. Segmentation des paupières, dans le plan sagittal. 1. Portion verticale préseptale, plus épaisse ; 2. portion horizontale des paupières prétarsale, fine et
mobile.
Un travail anatomique [4] a mis en évidence l’existence, au La protection cornéenne est assurée pendant toute la durée de la
niveau de la paupière supérieure, de quatre arcades vasculaires reconstruction par des topiques locaux (agents mouillants, pom-
parallèles au bord libre : made ophtalmique à la vitamine A).
• une arcade marginale siège en avant du bord inférieur du tarse ; Lorsque des fils ou des points sont au contact de la cornée, ou
• une arcade périphérique plus profonde chemine dans lorsque les topiques locaux sont insuffisants, le port d’une lentille
l’épaisseur du muscle de Müller ; thérapeutique est d’une aide précieuse.
• deux arcades se situent en avant du rebord orbitaire supérieur,
l’une profonde et l’autre superficielle par rapport au muscle
orbiculaire.
Rétractions cutanées, contention
Ces différentes arcades sont anastomosées entre elles par de des cicatrices
fines artérioles à direction verticale.
Les capacités de rétraction des berges d’une perte de substance
cutanée sont considérables et peuvent altérer le résultat chirurgi-
Régions palpébrales – Dimensions cal au niveau des paupières :
• il faut donc tenir compte de cette rétraction lors des recons-
Diverses zones palpébrales peuvent se définir dans le plan sagit- tructions en différé, et libérer largement les berges des pertes de
tal : substance afin de ne pas « verrouiller » la rétraction cicatricielle
• une portion antérieure : le plan musculocutané (ou lamelle initiale, notamment dans le sens vertical ;
antérieure des ophtalmologistes) ; • après cicatrisation, l’utilisation de pansements élastiques adhé-
• une portion postérieure : le plan tarsoconjonctival (ou lamelle sifs (Lumiderm® ) permet de combattre la tendance à l’ectropion
postérieure des ophtalmologistes). de certaines cicatrices, ou de stabiliser les paupières laxes. Leur
Dans le plan vertical, Stricker [3] distingue (Fig. 4B) : utilisation peut toutefois être limitée par l’intolérance cutanée
• une portion verticale préseptale épaisse ; aux adhésifs.
• une portion horizontale prétarsale fine à la paupière supérieure. Les postures et les massages, poursuivis tant que les cicatrices
Cette finesse est indispensable à une bonne mobilité et donc à ne sont pas totalement assouplies, évitent souvent de recourir à
une vision normale. des interventions itératives ou à des greffes.
Dans le plan frontal, en cas d’utilisation de lambeaux :
• le tiers interne de la paupière supérieure est plutôt reconstruit
par des téguments venus du front ou du sillon nasogénien ; Pertes de substance
• les deux tiers externes sont plutôt reconstruits par des tégu-
ments venus de la tempe et de la joue. de la paupière supérieure
Les dimensions palpébrales sont assez stables et il faut retenir
que : Leur reconstruction est délicate car il existe deux impératifs
• le tarse mesure 25 mm de long et 9 à 10 mm de hauteur dans souvent contradictoires :
sa portion centrale à la paupière supérieure, et 4 à 5 mm de • couvrir efficacement la cornée et permettre l’occlusion palpé-
hauteur en la portion centrale à la paupière inférieure ; brale ;
• la longueur de la paupière supérieure est de 34 mm et de la • restaurer une mobilité et une minceur suffisantes pour ne pas
paupière inférieure de 32 mm alors que la longueur de la fente amputer le champ de vision et rendre au regard son expression
palpébrale est de 30 mm (chiffres moyens) : ces chiffres sont normale.
utiles à connaître pour cerner les indications de la technique de Lorsque la suture directe n’est pas possible, deux groupes de
reconstruction à privilégier en fonction de la taille de la perte techniques sont utilisables :
de substance [5] . • les lambeaux cutanés locaux de voisinage recouvrant les greffes
muqueuses ;
• l’utilisation de la paupière inférieure, qui est classiquement
Physiologie admise. Ceci ne peut se faire que si le site donneur n’est pas déjà
cicatriciel, et si le patient a compris le principe de l’intervention
(occlusion palpébrale durant quelques semaines).
Mobilité Les lambeaux épais ne jouent qu’un rôle temporaire.
Les paupières sont mobiles : la paupière supérieure balaye le Une synthèse des diverses possibilités de reconstruction de
globe, assure l’étalement des larmes et la protection de la cornée la paupière supérieure présentées ci-dessous est présentée sur la
mais la paupière inférieure est également le siège de mouvements : Figure 5.
• translation interne au moment du clignement ;
• mouvements vers le bas qui accompagnent celui du globe dans Inférieures ou égales à 25 % (< 8 mm environ)
le regard vers le bas.
Ces mouvements sont indispensables à la protection du globe Elles sont en règle autofermantes.
et au confort visuel du patient. S’il est généralement admis que
l’on peut se passer de la paupière inférieure [6] , son absence ou sa Touchant le bord libre
rigidité perturbent l’étalement du film lacrymal et sont une source
Certaines pertes de substance intéressent la totalité de
d’inconfort ou de douleurs pour le patient.
l’épaisseur de la paupière, y compris le bord libre, mais sur une
surface et une longueur limitées.
Protection cornéenne Mustarde [7] a établi la règle suivante, valable aussi pour la pau-
pière inférieure :
Souci principal lors de la reconstruction palpébrale, la protec- • un quart de la paupière peut être réséqué et suturé par rappro-
tion cornéenne tient à différents facteurs : chement des berges de la perte de substance (un tiers chez le
• qualité du signe de Bell : capacité du globe à basculer vers le sujet âgé avec hyperlaxité) ;
haut lors de l’occlusion volontaire contrariée ; • dans les pertes de substance étendues, un quart de la longueur
• quantité et qualité du film lacrymal : les sécrétions lacrymales initiale de la paupière peut être négligé dans le calcul des dimen-
sont souvent diminuées chez le patient âgé. sions d’un lambeau de reconstruction.
Le sacrifice de la glande lacrymale, quelquefois indispensable en Après exérèse pentagonale (Fig. 6A), la suture directe se fait en
carcinologie, compromet gravement le résultat fonctionnel de la deux plans (Fig. 6B).
blépharopoïèse supérieure. Il faut rechercher un compromis entre Le plan profond tarsoconjonctival est habituellement suturé par
résultat esthétique (hauteur de la fente palpébrale) et confort ocu- des fils résorbables (6/0) enfouis : une aiguille ronde évite de déchi-
laire, chez des patients ensuite soumis à des irritations chroniques rer le tarse qui fournit ainsi un bon point d’appui à la traction.
et à des sensations permanentes de corps étrangers. Les fils de soie noués à la face postérieure de la paupière sur le
PDS paupière
supérieure
À distance du Touchant le
bord libre bord libre A
Conjonctive Conjonctive
Pleine
respectée ou respectée ou
épaisseur
reconstruite reconstruite
A B C
D E F
Figure 9. Lambeau bipédiculé de Tripier et greffe de peau totale.
A. Reprise d’exérèse d’une tumeur annexielle.
B. Reconstruction du plan conjonctival par une greffe de muqueuse buccale.
C. Couverture par un lambeau musculocutané bipédiculé de type Tripier.
D. Fermeture du site de prélèvement par greffe de peau totale.
E, F. Résultat à 18 mois.
Figure 10.
A. Lambeau de Tenzel, cantholyse.
B. Suture de la perte de substance.
seulement est nécessaire. Le pédicule doit être situé au milieu de Pour des pertes de substance totales de la paupière supé-
la perte de substance. Le lambeau doit être tracé du côté temporal rieure, il est nécessaire de prélever plus du quart de la paupière
de ce repère. La largeur du pédicule doit être de 5 mm (l’arcade inférieure.
artérielle est à 3 mm du bord libre). Le site donneur est fermé direc- Mustarde conseille de prélever le lambeau palpébral inférieur en
tement par suture de pleine épaisseur de la paupière inférieure. traçant un pédicule du côté où subsiste le maximum de paupière
A B
Figure 11.
A. Lambeau d’Esser–Mustarde en place.
B. Après sevrage.
A B
Figure 12.
A. Perte de substance.
B. Lambeau de Cutler–Beard.
C. Après sevrage.
supérieure (c’est-à-dire en interne au niveau de la paupière infé- Il est laissé en nourrice 3 à 4 semaines puis sevré (Fig. 12A à C). Il
rieure s’il subsiste un moignon important de paupière supérieure peut être armé par du cartilage auriculaire.
en dedans également).
La perte de substance palpébrale inférieure résiduelle est ensuite Greffe composée de Hubner [14, 15]
fermée par un lambeau temporojugal dans un deuxième temps,
Cette technique consiste à prélever un ou des greffons tarsocon-
au 15e jour postopératoire.
jonctivaux controlatéraux incluant le bord ciliaire. Il est possible
Certains auteurs [6] situent le pédicule au contraire sur la berge
de prélever ainsi un quart de la longueur totale de chaque pau-
externe du lambeau à l’extrémité d’un lambeau temporojugal. La
pière. Théoriquement, les trois quarts du bord ciliaire peuvent être
reconstruction est alors réalisée en un temps. En raison du risque
ainsi reconstruits en greffes libres composées, à condition de dis-
vasculaire plus important, cette technique est à réserver à des
poser d’un plan musculocutané antérieur qui recevra les greffons.
sujets sains et non fumeurs (Fig. 11A, B).
La repousse des cils est parfois imparfaite.
Lambeau de Cutler–Beard [5]
Ce lambeau rectangulaire de pleine épaisseur est prélevé aux Lambeau de Dupuy–Dutemps inversé
dépens de la paupière inférieure, à 4 à 5 mm de son bord libre Il s’agit d’un lambeau tarsoconjonctival à pédicule inférieur
(maintien de la vascularisation du bord libre palpébral par l’arcade greffé. Ce type de lambeau possède des possibilités réduites du
inférieure). Il est ensuite mis en place au niveau de la perte de sub- fait de l’étroitesse du tarse de la paupière inférieure, et que cette
stance médiane de la paupière supérieure et suturé en deux plans. hauteur diminue encore avec l’âge.
Conjonctive Conjonctive
respectée atteinte
Pertes de substance
de la paupière inférieure
Si classiquement [6] « il ne faut pas toucher à la paupière supé-
rieure pour reconstruire la paupière inférieure », l’expérience de
la chirurgie palpébrale amène toutefois, avec des résultats tout à
fait satisfaisants, un certain nombre de chirurgiens à utiliser des
lambeaux tarsoconjonctivaux prélevés aux dépens de la paupière
supérieure. Il est également logique d’utiliser l’excès de peau des
personnes âgées pour réaliser des lambeaux mono- ou bipédiculés.
Une synthèse des diverses possibilités de reconstruction de
la paupière inférieure présentées ci-dessous est effectuée sur la
Figure 13.
A B
Figure 18.
A. Lambeau musculocutané à pédicule externe.
B. Résultat à trois mois.
C D
A B
Figure 23. Lambeau orbito-naso-génien.
A. Prélèvement du lambeau après reconstruction du plan muqueux par une
greffe de fibromuqueuse palatine.
B. Mise en place.
C. Résultat à six mois.
A B C
D E
Figure 24. Reconstruction de la paupière inférieure par un lambeau frontal en « îlot ».
A. Perte de substance emportant la caroncule et les trois quarts internes de la paupière inférieure après exérèse d’un épithélioma basocellulaire chez une
femme jeune.
B. Tracé d’un lambeau frontal médian en îlot.
C. Prélèvement.
D. Lambeau en place tunnellisé sous les téguments de la glabelle.
E. Résultat.
A B
Figure 25.
A. Prélèvement chondromuqueux en place.
B. Lambeau de Mustarde en place et méchage gras endonasal.
“ Point fort
Principes de reconstruction complexe des pau-
pières
• Les trois plans (cutané, tarsal et conjonctival) doivent
être réparés ;
• La conjonctive est reconstruite par libération de la
conjonctive adjacente ou greffe muqueuse
• Le tégument est réparé par greffe de peau totale (sous-
sol vivant) ou lambeau local ou régional
A B
Figure 27.
A. Pose d’une greffe de peau totale.
B. Aspect à j10.
C. Aspect deux mois après le sevrage.
Une greffe de peau totale peut être mise en place, après une
première phase de granulation, pour raccourcir la durée des soins
(Fig. 29).
Lorsque la perte de substance est trop étendue pour permettre
une réinsertion efficace des moignons du tarse à la crête lacrymale
postérieure, il est possible d’effectuer une cantholyse externe. La
désinsertion du canthus externe, associée à la libération des inser-
tions du septum sur le pilier orbitaire externe, permet de mobiliser
horizontalement l’ensemble des paupières et de rapprocher, en
dedans, les tarses de la crête lacrymale. La perte des attaches nor-
A males des tarses à leurs deux extrémités doit faire réserver cette
technique à des opérateurs avertis en raison des troubles de la sta-
tique des paupières et des déformations de la fente palpébrale qui
peuvent en résulter.
Suture canaliculaire
Les berges du canalicule sont disséquées sur 1 à 2 mm. Trois
à quatre points de monofil de 8 à 10,0 sont mis en place sur le
Figure 30. Lambeau frontal. canalicule (de façon identique à une suture vasculaire microchi-
rurgicale). Le positionnement des fils de suture canaliculaires est
réalisé avant la mise en place des points de canthopexie.
et ne se tende pas comme une corde en direction du canthus et La suture des plans profonds, musculaire et tarsal permet le
des paupières. Les irrégularités liées à la rotation du pédicule sont rapprochement des berges canaliculaires dont l’affrontement doit
retouchées sous anesthésie locale, trois mois plus tard. être réalisé sans tension.
Les lambeaux glabellaires peuvent s’associer aux lambeaux pré- Classiquement l’intubation n’est pas nécessaire en cas de plaie
levés dans le sillon orbitonasogénien, en opposant deux lambeaux franche du tiers externe du canalicule.
tracés suivant la technique d’Imre pour les pertes de substance les S’il existe une atteinte des deux canalicules, une atteinte
plus importantes. du canal d’union ou du sac lacrymal, une intubation bica-
naliculonasale ou monocanaliculonasale est nécessaire. En cas
d’atteinte d’un seul canalicule, si la plaie est contuse, si le
Réparation des voies lacrymales tiers médian est atteint, une sonde minimonocanaliculaire est
utilisée.
Les réparations des voies lacrymales s’envisagent plutôt en post-
traumatique qu’après résection tumorale [3] .
La réparation des voies lacrymales a fait des progrès consi-
Indications
dérables depuis l’apparition des techniques microchirurgicales En traumatologie, le retard thérapeutique diminuerait les
et l’apparition des tuteurs souples en silicone. L’intubation est chances de guérison. Dès le diagnostic posé, l’intervention doit
directe monocanaliculaire (section sans perte de substance) ou être programmée dans les 12 à 48 heures en fonction de l’état géné-
bicanaliculonasale (section avec perte de substance). ral du patient. Toutes les plaies ou pertes de substance des voies
Toute plaie du tiers médial des paupières doit faire rechercher lacrymales doivent être réparées ou au moins placées en urgence
une section d’une (des) voies lacrymales (sondage et lavage). Le sur des fils tuteurs en silicone, par intubation bicanaliculo-
canalicule inférieur est le plus souvent atteint, l’atteinte des deux nasale.
canalicules et du canal d’union est plus rare. Les lésions du sac En carcinologie, les reconstructions des voies lacrymales sont
et du canal lacrymonasal se rencontrent essentiellement dans les exceptionnellement indiquées. Les greffes veineuses ou artérielles,
disjonctions craniofaciales (Le Fort II et III) ou les fractures du même si elles restent perméables à long terme, sont peu fonction-
complexe orbito-naso-ethmoïdo-frontal. nelles. Les matériaux étrangers (tube plastique ou verre) sont à
Les voies lacrymales peuvent être atteintes lors de la résection l’origine de troubles fonctionnels, dus notamment à l’irruption
d’une lésion tumorale. Les conséquences en sont variables en des sécrétions nasales lors du mouchage. Les ouvertures directes
fonction : des voies lacrymales ou de la muqueuse du canthus interne dans
• de la lésion : atteinte d’un ou deux canalicules ; les fosses nasales sont invalidantes.
• de l’étendue de la résection des voies lacrymales.
La résection des voies lacrymales chez le sujet âgé est en géné-
ral bien supportée, en raison de la diminution progressive des
sécrétions lacrymales avec l’âge.
“ Point fort
Technique [26, 27]
Reconstruction cutanée
Elle se fait à partir de lambeaux prélevés au niveau de la tempe,
de la région sus-sourcilière, ou du cuir chevelu :
• lambeaux cutanés temporaux : il s’agit de lambeaux de rotation
qui amènent des téguments prélevés en arrière et au-dessus du
sourcil. Le danger de ce prélèvement est le rameau frontal du
VII. La zone donneuse est fermée par une greffe de peau totale ;
• lambeaux de cuir chevelu : prélevés sur un pédicule inférieur
ou même en « îlot », ils ont une vascularisation axiale sur les
vaisseaux temporaux superficiels. Ils sont fiables et apportent
un tégument abondant, mais épais et pileux ;
• lambeaux de fascia temporalis greffé : ces lambeaux sont égale-
ment axés sur les vaisseaux temporaux superficiels. Ils couvrent
parfaitement le canthus externe et sont très fiables à condition
de ne pas franchir la ligne médiane lors du prélèvement. La
Figure 31. Greffe de peau totale, après exérèse de mélanose de couverture par une greffe de peau totale peut se faire secondai-
Dubreuilh, en reconstruction d’une perte de substance superficielle mais rement, pour éviter de comprimer l’extrémité du lambeau par
étendue à la joue et au canthus externe. un bourdonnet. Ils donnent, de manière aléatoire, des résul-
tats peu satisfaisants en raison de rétraction et de dyschromie
(Fig. 32).
Quelle que soit la technique utilisée, la fente palpébrale n’est
Pertes de substance complexes pas reconstituée lors du premier temps de couverture de la perte
Il faut alors : de substance. Ce n’est que lorsque le lambeau s’est assoupli et
• reconstruire la perte de substance conjonctivale ; incorporé au site receveur que l’ouverture de la fente palpébrale
• fermer la perte de substance cutanée habituellement trop éten- en dehors se fait en deux ou plusieurs étapes.
due pour utiliser un petit lambeau local ; En effet :
• pallier la perte de substance du ligament canthal externe par • l’exérèse initiale a souvent emporté la glande lacrymale et
des procédés de soutien de la paupière inférieure. l’ouverture de la fente palpébrale entraîne une souffrance due
à la sécheresse oculaire. Ceci a pu nécessiter la fermeture ulté-
rieure d’une fente pourtant esthétiquement réussie ;
Reconstruction tarsoconjonctivale • l’ouverture de la fente palpébrale, en dehors, en l’absence de
squelette tarsal, provoque l’affaissement de la partie externe de
Le déploiement du cul-de-sac conjonctival supérieur suffit dans la reconstruction palpébrale inférieure. Il est alors nécessaire de
les cas les plus limités. Les greffes de muqueuse buccale four- placer un greffon muqueux palatin ou chondromuqueux nasal
nissent pour les pertes de substance étendues une grande surface en l’amarrant en dehors au périoste à 2 mm en arrière du rebord
de muqueuse souple et de bonne qualité. orbitaire externe.
A B C
Figure 33. Reconstruction bipalpébrale.
A, B. Exérèse d’une récidive d’épithélioma pagétoïde atteignant le bord libre des deux paupières.
C. Reconstruction conjonctivale par greffe de muqueuse buccale prélevée en face interne de joue.
D E F
Figure 33. (suite) Reconstruction bipalpébrale.
D. Couverture par lambeau orbitonasogénien.
E. Résultat temporaire.
F, G. Résultat définitif après résection de la peau du lambeau, couverture par greffe de peau totale et
ouverture prudente de la fente palpébrale en trois étapes.
A B
Figure 34.
A. Perte de substance bipalpébrale et canthale interne.
B. Reconstruction par lambeau libre antébrachial, épais et dyschromique.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Barthélémy I, Pham Dang N, Bardot J, Casanova D. Chirurgie reconstructrice des paupières. EMC - Chirurgie
orale et maxillo-faciale 2016;11(4):1-19 [Article 22-350-B-10].
Les ostéotomies segmentaires en chirurgie préimplantaire ont pour principal but d’éviter des compromis
implantaires et prothétiques instables. Elles permettent ainsi de repositionner un segment osseux et de
mettre en place l’implant dans un axe optimal. En effet, la résorption centrifuge et/ou centripète des sec-
teurs édentés, les égressions des secteurs dentés antagonistes ou encore la perte de dimension verticale
d’occlusion peuvent conduire à une réhabilitation prothétique inesthétique et non fonctionnelle. Les indi-
cations sont par conséquent multiples et regroupent les anomalies de position interarcade segmentaires.
Les ostéotomies segmentaires permettent ainsi de traiter les secteurs édentés maxillaires et mandibulaires
aussi bien antérieurs ou latéraux, tout en limitant le risque cicatriciel muqueux.
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Démarche diagnostique
Face à un édentement, plusieurs solutions prothétiques peuvent
Introduction être envisagées. La solution implantaire n’est jamais la seule, et le
patient doit être informé de toutes les possibilités, le choix entre
Un implant idéalement placé doit être dans l’axe de la future la solution amovible et la prothèse fixée. Interviennent également
dent prothétique, avec le meilleur point d’émergence possible [1] . dans la décision finale l’état général du patient, sa motivation, sa
Pour ce faire, le volume osseux sous-jacent doit permettre ces compliance, ses attentes, ses besoins.
conditions. Il est fréquent néanmoins que l’édentation, sans
être forcément ancienne, ait entraîné une perte osseuse qui
ne permette plus d’implanter dans ces conditions idéales d’axe
Anamnèse
ou d’émergence. Pour de petits déficits, un compromis prothé- L’anamnèse s’attache à connaître l’état général du patient et
tique peut être envisagé, avec par exemple une adaptation du consigne celui-ci dans une feuille d’examen indispensable du dos-
point d’émergence en position plus linguale ou palatine, ou sier, en notant les éventuelles contre-indications absolues ou les
la correction de l’axe et du profil d’émergence par des piliers mises en garde [12] . La prise de contact avec le médecin généraliste
angulés mais au maximum à 25◦ . Cependant, et en raison d’un ou un des spécialistes du patient peut s’avérer nécessaire.
certain nombre de facteurs (esthétiques, mécaniques, etc.), un Les contre-indications absolues classiques sont :
remodelage osseux chirurgical semble toujours préférable à cette • un risque majeur d’endocardite oslérienne (prothèse valvulaire,
modification des piliers supra-implantaires, pour un placement antécédent d’endocardite infectieuse, cardiopathies congéni-
plus idéal de l’implant [2] . tales non opérées) ;
Tableau 1.
Classification des pertes osseuses alvéolaires (d’après [3] ).
Auteur Critère Avantage Inconvénient Classification
[4]
Direction de la perte Pas d’appréciation Classe I : perte osseuse vestibulolinguale + hauteur normale de la crête
osseuse quantitative de la Classe II : perte osseuse verticale + crête de largeur normale
perte osseuse Classe III : perte osseuse verticale et horizontale
[5]
Degré de la perte Plus précise Perte osseuse : < 3 mm : légère ; 3 mm < perte osseuse < 6 mm : modérée ;
osseuse perte osseuse > 6 mm : sévère
[6]
Degré de la perte Classification de la Pas d’appréciation Classe A : crête alvéolaire normale
osseuse qualité osseuse dans le sens Classe B : résorption légère de la crête
vestibulolingual Classe C : os alvéolaire totalement résorbé, os basal intact
Classe D : résorption de l’os basal
[7]
Quantité d’os résiduel Apprécie le relief de Classe I : arcade dentée
la crête Classe II : hauteur osseuse après avulsion
Classe III : crête arrondie de hauteur et d’épaisseur normales
Classe IV : crête très mince, hauteur normale
Classe V : crête plate, très résorbée
Classe VI : crête négative avec résorption de l’os basal
[8]
Hauteur d’os résiduel Pas d’appréciation Classe A : os résiduel > 10 mm, un implant de 10 mm est totalement
dans le sens recouvert d’os
vestibulolingual Classe B : 7 mm < os résiduel < 9 mm ; 70 à 90 % d’un implant de 10 mm
sont recouverts d’os
Classe C : 4 mm < os résiduel < 6 mm ; 40 à 60 % d’un implant de 10 mm
sont recouverts d’os
Classe D : 1 mm < os résiduel < 3 mm ; 10 à 30 % d’un implant de 10 mm
sont recouverts
[9]
Évaluation des Classe I :
composantes : - édentement limité à 1 ou 2 dents
- mésiodistale - 3 ou 4 parois osseuses résiduelles (dans le sens vestibulolingual)
- vestibulolin- - perte osseuse verticale parfois importante (A, B, C, D)
guale/palatine Classe II (crête en lame de couteau)
- dimension verticale - édentement limité à 3 ou 4 dents
- 1 ou 2 parois osseuses résiduelles dans le sens vestibulolingual
- perte osseuse verticale de type B ou C
Classe III : faible perte de substance :
- édentement limité à une ou plusieurs dents
- 3 ou 4 parois osseuses résiduelles dans le sens vestibulolingual
- perte osseuse verticale réduite (A, B)
[10]
Sens et degré de la Défaut horizontal, vertical et combiné, puis chaque classe est définie en
perte osseuse petit (P < 3 mm), moyen (M entre 4 et 6 mm) et gros défaut (G > 7 mm)
Examen exobuccal Figure 1. La ligne du sourire : basse (A), moyenne (B) et haute (C).
• rechercher un bruxisme ou une dysfonction linguale ; • toute anomalie de position interarcade segmentaire amenant à
• les relations antérieures et postérieures dans les trois plans ; un compromis prothétique potentiellement instable, inesthé-
• des photos endobuccales. tique ou non fonctionnel ;
Cet examen doit permettre de prévoir un assainissement pré- • la perte segmentaire de la dimension verticale d’occlusion qui
opératoire de la cavité buccale si besoin. En cas d’extractions, la rend difficile une restauration prothétique interarcade équili-
cicatrisation nécessite une attente de trois mois avant réévalua- brée ;
tion. • la résorption centripète d’un secteur latéral maxillaire édenté
amenant à une réduction transversale et/ou une lingualisation
de la crête alvéolaire ;
Examens radiologiques • l’ostéotomie segmentaire qui favorise le repositionnement du
L’examen de débrouillage reste la radiographie panoramique fragment permettant la mise en place d’un implant dans un axe
en début de traitement. Il peut être complété par des clichés optimal ;
rétroalvéolaires et des téléradiographies craniofaciales. Il permet • la résorption centrifuge du secteur antérieur du maxillaire supé-
de visualiser l’état de la cavité buccale, avec les lésions osseuses rieur, laissant un capital osseux vertical suffisant d’au moins
éventuelles, présence de dents incluses, de repérer les éléments 5 mm, mais où la qualité de la fibromuqueuse rend difficile la
anatomiques importants (canal dentaire, sinus maxillaire, etc.). fiabilité d’un coffrage important sans danger. Cela peut être une
indication à l’ostéotomie segmentaire. Celle-ci permet de resti-
tuer la hauteur, la largeur et la continuité esthétique de la crête,
Empreintes avec un minimum de risque muqueux ;
Les empreintes pour modèles d’étude et l’enregistrement de • l’édentation mandibulaire intercanine avec résorption centri-
l’occlusion en relation centrée font partie du bilan initial. Pour pète, l’épaisseur crestale étant de 3 mm au moins, est une
un montage en articulateur (l’articulateur semi-adaptable est le indication potentielle. En effet, si un apport osseux par cof-
plus utilisé), un arc facial est nécessaire. frage est une possibilité, il offre une moins grande sécurité pour
En fin de consultation, une synthèse est formulée avec la rédac- la prise de greffe qu’une ostéotomie segmentaire en split, cela
tion : de par un contact osseux plus important de la greffe avec l’os
• d’une ordonnance pour un scanner ou une cone beam compute- receveur.
rized tomography (CBCT) complémentaire ; L’édentation mandibulaire des secteurs latéraux peut être
• d’un compte rendu de consultation pour le médecin généraliste une indication à l’ostéotomie segmentaire. Le coffrage reste la
et pour le patient lui-même. possibilité la plus fréquemment utilisée, mais une ostéotomie seg-
mentaire en sandwich est une solution à retenir, d’autant plus si
la fibromuqueuse est de mauvaise qualité et si la réserve osseuse
Consultation secondaire au-dessus de la partie supérieure du canal dentaire est de 4 mm au
La consultation secondaire est le moment de la décision thé- moins.
rapeutique. Après un rappel des conclusions de la précédente
rencontre, on mène :
• l’interprétation du scanner ou de la CBCT sur les planches four-
Techniques alternatives ou complémentaires
nies par le radiologue, ou par l’analyse des fichiers DICOM Parmi les techniques alternatives et complémentaires, nous
du CD-Rom. Elle est avantageusement complétée par une utilisons plus particulièrement certaines d’entre elles, comme
simulation informatique sur logiciels dédiés (Simplant® , Nobel l’orthodontie, les coronoplasties et la distraction alvéolaire.
Clinician® , Osirix® ), qui, outre un outil d’investigation et de Par l’orthodontie, on peut par exemple obtenir l’ingression des
planification performant pour le praticien, est un support très dents antagonistes à l’aide de minivis à ancrage squelettique lors
pédagogique pour le patient [15] . Cette simulation constitue en d’une égression modérée. Ce type de mouvement peut être facilité
plus une preuve d’information ; ou accéléré par des corticotomies associées [18] .
• l’analyse des modèles d’étude montés sur articulateur permet Les coronoplasties et les élongations coronaires sont réalisables
la réalisation du set-up. En cas d’ostéotomie segmentaire, cela si les dents antagonistes sont déjà dévitalisées ou abîmées. Le gain
permet d’anticiper le type de geste, et la confection d’une gout- vertical reste limité.
tière de repositionnement du segment à déplacer pour faciliter La distraction osseuse est une autre solution pour obtenir une
et optimiser le geste. augmentation verticale ou transversale de la crête alvéolaire [19, 20] .
À l’issue de cette consultation, une décision thérapeutique est La néoformation osseuse est due à la traction lente induite entre
prise parmi les différentes possibilités qui auront été présentées au deux segments d’os séparés. L’avantage est l’augmentation pro-
patient. gressive des tissus mous. Il n’y a pas de limites du procédé en
théorie. L’inconvénient est lié à l’encombrement en bouche du
dispositif, au coût du matériel et à la difficulté d’orientation de
Pourquoi une ostéotomie segmentaire ? fragments dans l’espace.
Les ostéotomies segmentaires ont toute leur place dans le panel
des indications en chirurgie préimplantaire [16, 17] . La résorption
centrifuge et/ou centripète des secteurs édentés, les égressions des Techniques opératoires
secteurs dentés antagonistes, la perte de la dimension verticale
d’occlusion sont parmi les facteurs évolutifs pouvant conduire à Ostéotomies segmentaires maxillaires
des impasses prothétiques. Ostéotomie segmentaire maxillaire latérale
L’ostéotomie segmentaire peut permettre d’éviter des
compromis implantaires et prothétiques instables, et permet Le principe est celui de toute ostéotomie. L’anesthésie générale
des conditions optimales facilitant le travail de l’implantologiste. est à préférer, pour le confort du malade, du fait de la difficulté
L’objectif prothétique final ayant été planifié par la gouttière fréquente à positionner le fragment et du geste combiné à la prise
chirurgicale, le segment osseux ostéotomisé est mis en place au du greffon.
plus proche de la position voulue. Après infiltration à la xylocaïne adrénalinée, il est pratiqué une
incision vestibulaire. Le décollement est sous-périosté. Un décolle-
ment latéral en tunnel de part et d’autre de l’incision est réalisé au
Place de l’ostéotomie segmentaire niveau des traits d’ostéotomies prévisionnelles. Une ostéotomie à
en chirurgie préimplantaire la scie, à la fraise fissure fine ou au Piezotome® avec contrôle au
doigt du versant palatin, en veillant à ne réaliser aucune brèche
Les indications les plus fréquentes potentielles de l’ostéotomie muqueuse, est effectuée.
segmentaire en chirurgie préimplantaire sont dans notre expé- Le fragment est mobilisé de telle manière qu’il soit placé sur le
rience : site prévisionnel de la gouttière chirurgicale. C’est ce temps qui
est le plus difficile du fait des contacts interférents au niveau des L’ostéotomie de crête est une technique facile réalisable sous
traits d’ostéotomie. Avec prudence, à la fraise diamantée pour ne anesthésie locale. Elle nécessite une épaisseur minimum de 3 mm
pas léser le périoste de proche en proche, il convient de supprimer mais une hauteur alvéolaire suffisante pour la mise en place
tous ces contacts pathologiques osseux pour placer le fragment d’implants.
ostéotomisé dans la position souhaitée par la gouttière. L’incision est crestale, à laquelle on peut associer des incisions
Une greffe sinusienne peut être associée. Dans ce cas, le volet latérales de décharge.
osseux classiquement réalisé au niveau de la paroi antérieure du L’ostéotomie peut être faite à la microscie, au Pietzotome® ou à
sinus maxillaire est déposé, la muqueuse sinusienne est décollée la fraise fissure fine (1,1 mm).
et relevée. Elle est protégée par une lame malléable. L’ostéotomie Le trait d’ostéotomie supérieur est médian. On réalise des traits
segmentaire peut ensuite être réalisée selon la technique latéraux monocorticaux de chaque côté. Pour affaiblir l’os, une
décrite. ostéotomie « en pointillés » peut être réalisée sur le trait inférieur,
Le greffon osseux pariétal ou iliaque prélevé est mis en place axe inférieur d’ouverture du clivage. Cela permet ainsi d’éviter le
en sandwich. L’objectif est de combler les diastèmes osseux supé- risque de fracture pathologique.
rieurs et latéraux. Si un comblement sinusien y est associé, la greffe Le clivage est réalisé prudemment afin de séparer les deux
d’interposition supérieure interfragmentaire est utilisée comme valves, sans fracture, ni sur le versant lingual ni sur le versant
toit du sinus. L’ostéosynthèse du fragment mobilisé est réalisée vestibulaire. Une des difficultés de cette ostéotomie est de rester
par plaques 1,6 ou 1,2. dans un axe parallèle aux deux valves, vestibulaires et linguales.
La difficulté du geste est la réalisation de l’ostéotomie palatine Le comblement interfragmentaire est réalisé par des tasseaux
qui doit être faite sous contrôle parfait, au mieux visuel, au mini- et/ou des copeaux d’os autologues d’origine orale.
mum par un doigt placé en palatin. Il faut veiller à ne réaliser La stabilisation de l’ostéotomie est faite par deux vis bicorticales
aucune brèche muqueuse, ni à fracturer par la mobilisation des de 10 à 12 mm de longueur.
fragments ostéotomisés. Le positionnement des fragments dans le sens sagittal nécessite
Lorsque l’ostéotomie prend en compte un secteur denté, un la réalisation sur set-up préopératoire d’une gouttière chirurgicale,
minimum de 4 mm est à respecter de part et d’autre de l’apex de qui seule permet un placement des fragments rigoureusement
la racine dentaire. Il faut informer le patient que dans certains adaptés au plan de traitement implantaire ultérieur.
cas des fourmillements, voire une hypoesthésie, peuvent survenir La suture est faite sans aucune tension en points séparés parfai-
en postopératoire au niveau du palais. Les symptômes peuvent tement hermétique.
perdurer dans de rares cas.
Ostéotomie segmentaire des secteurs latéraux
Ostéotomie en sandwich du prémaxillaire mandibulaires
Geste techniquement facile, cette ostéotomie nécessite une Cette indication est limitée.
réserve osseuse sous-nasale de 4 mm au minimum. Elle permet, Nous la réservons aux patients présentant une muqueuse cres-
sur des muqueuses très remaniées, d’abaisser de façon importante tale en mauvais état, fibreuse, remaniée, cicatricielle ou aux
le niveau de crête sans souffrance tissulaire ou risque de lâchage fibromuqueuses très fines.
de sutures. La position du nerf alvéolaire inférieur conditionne la faisabilité
Après infiltration par xylocaïne adrénalinée, l’incision est ves- et l’indication.
tibulaire. Le décollement sous-périosté est fait selon la demande En effet, la nécessité d’un apport de 2 à 3 mm ne justifie pas
mais doit concerner le plancher des fosses nasales dans sa partie cette technique, une apposition simple est suffisante.
proximale et les bords latéraux des orifices piriformes. Cela per- La question peut se poser pour quelques solutions précises :
met ainsi de contrôler l’orientation du trait d’ostéotomie et de • un manque de hauteur de 5 mm et plus amenant à discuter un
confirmer l’absence d’effraction osseuse du plancher des fosses coffrage sur une muqueuse très fragile ;
nasales. • une anomalie de position segmentaire lingualisation ou vesti-
Le décollement peut être poursuivi jusqu’à la crête si la mobi- bulisation du secteur mandibulaire édenté ;
lisation du fragment le nécessite. Dans certains cas, le rebord • une résorption alvéolaire amenant, s’il n’y a pas un gain de
crestal peut être décollé pour libérer le fragment ostéotomisé des hauteur osseux important, une hauteur coronaire excessive et
remaniements cicatriciels fibreux éventuels qui peuvent gêner la dysesthésique.
mobilisation des fragments. L’étude de l’imagerie (dentoscanner ou cone beam) est ici par-
L’ostéotomie est faite en fonction du plan de traitement, plus ticulièrement importante. Il est nécessaire d’avoir des images de
ou moins distalement. Le trait supérieur horizontal est réalisé de grande qualité pour visualiser la position du nerf alvéolaire infé-
façon à laisser la place de part et d’autre de l’ostéotomie à la mise rieur. Une distance de 4 à 5 mm au moins est nécessaire entre la
en place de l’ostéosynthèse. L’orientation du trait d’ostéotomie se partie supérieure du canal dentaire et la crête implantable.
doit d’être oblique en bas et en arrière pour éviter une fenestration Quelques précisions sont nécessaires :
du plancher des fosses nasales. Les traits verticaux sont réalisés • la largeur de la crête mandibulaire doit être suffisante pour la
sous contrôle du doigt sur le versant palatin. mise en place des implants. Il faut éliminer les crêtes en lame
Le matériel utilisé par la section doit être fin, de type microscie de couteau avec une crête linguale ou vestibulaire plus adaptée
ou Pietzotome® . La mise en place du fragment inférieur de la greffe à une indication de coffrage ;
est guidée par la gouttière chirurgicale prévisionnelle. • la hauteur du trait d’ostéotomie par rapport à la crête doit tenir
Nous avons l’habitude de synthéser avec des microplaques tri- compte des données du dentoscanner car il est fréquent que les
dimensionnelles (diamètres 1,2 ou 1,6 mm). hauteurs disponibles en distal et en mésial puissent varier de
Le gain de hauteur est fonction du plan de traitement, mais façon importante.
il peut dépasser 10 mm, le seul facteur limitant étant la retenue La technique chirurgicale est classique. Après infiltration à la
provoquée par la tension éventuelle de la muqueuse palatine et/ou xylocaïne adrénalinée, l’incision est vestibulaire. En fonction de
crestale. la localisation de l’ostéotomie, le nerf alvéolaire à sa sortie peut
être opéré.
Le décollement sous-périosté repère la partie supérieure de la
Ostéotomies segmentaires mandibulaires crête alvéolaire.
Le trait horizontal d’ostéotomie est tracé à partir des données
Split mandibulaire du dentoscanner, précisant la distance entre la partie supérieure
Le split mandibulaire concerne la symphyse mandibulaire, zone du canal et la crête avec une zone de sécurité suffisante.
anatomique située de part et d’autre du foramen, supportant les Cette ostéotomie est réalisée à la microscie avec prudence,
canines et les incisives. même si la situation du nerf a été a priori parfaitement repérée
À ce niveau, il est conseillé un minimum de largeur de crête sur le dentoscanner. Les traits latéraux sont menés sous contrôle
préalable de 7 mm pour envisager la mise en place d’implants. digital en lingual. L’ouverture du capot ostéotomisé permet de
s’assurer de la bonne situation de l’ostéotomie par rapport au [5] Allen EP, Gainza CS, Farthing GG, Newbold DA. Improved technique
canal dentaire et l’ostéotomie peut ainsi être poursuivie sous for localized ridge augmentation. A report of 21 cases. J Periodontol
contrôle de la vue à la microscie, au Piezotome® ou à la fraise 1985;56:195–9.
microfissure. [6] Lekholm U, Zarb GA. In: Branemark PI, Zarb GA, Albrektsson T, edi-
La gouttière chirurgicale est le repère qui permet le position- tors. Patient selection and preparation. Tissue integrated prostheses:
nement optimal du fragment supérieur. Ce fragment placé est osseointegration in clinical dentistry. Chicago: Quintessence Publi-
maintenu par une ostéosynthèse par plaque et la zone intermé- shing Company; 1985. p. 199–209.
diaire est comblée par un greffon. [7] Cawood JI, Howell RA. A classification of the edentulous jaws. Int J
La fermeture muqueuse est réalisée sans tension par points sépa- Oral Maxillofac Surg 1988;17(4):232–6.
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[10] Wang HL, Al-Schammari K. HVC ridge deficiency classification: a
Il s’agit ici de chirurgie ambulatoire. therapeutically oriented classification. Int J Periodontics Restorative
Le patient est revu trois à quatre jours après l’intervention Dent 2002;22(4):335–43.
chirurgicale pour s’assurer de l’absence d’hématomes, et pour sur- [11] Baudoin C, Bennani V. Un projet prothétique en implantologie. Paris:
veiller les sutures. Quintessence International; 2003, 133p.
À cette occasion, une radio de contrôle de type panoramique [12] Ekfeldt A, Christiansson U, Eriksson T, Lindén U, Lundqvist S,
est effectuée. Le patient est revu trois semaines après pour juger Rundcrantz T, et al. A retrospective analysis of factors associated
de la bonne résorption des fils et de l’absence de granulomes. with multiple implant failures in maxillae. Clin Oral Implants Res
Un dentoscanner de contrôle est effectué quatre mois après 2001;12:462–7.
l’intervention chirurgicale. [13] Tjan AH, Miller GD, The JG. Some esthetic factors in a smile. J
Les complications immédiates de ce type d’intervention sont Prosthet Dent 1984;51:24–8.
peu fréquentes à partir du moment où le dossier a été parfaitement [14] Cook R, Verrett R, Noujeim M, Cronin R. Rapport entre biotype paro-
dontal et épaisseur de la table vestibulaire : étude in vivo. Parodont
étudié avant la prise de décisions.
Dent Rest 2011;31:317–26.
Les complications locales sont rares, marquées surtout par le
[15] Pascual D, Dumont N, Breton P, Cheynet F, Chossegros C. Modélisa-
risque d’hématome. Les risques muqueux sont exceptionnels. tion des techniques de reconstruction par greffes osseuses des secteurs
mandibulaires postérieurs avec le logiciel Simplant® . Rev Stomatol
Chir Maxillofac 2012;113:108–14.
Déclaration d’intérêts : les auteurs n’ont pas transmis de déclaration d’intérêts [16] Enislidis G, Wittwer G, Ewers R. Preliminary report on a staged ridge
en relation avec cet article. splitting technique for implant placement in the mandible: a technical
note. Int J Oral Maxillofac Implants 2006;21:445–9.
[17] Lalo J, Vérrons A-S, Lezy J-P. Les ostéotomies corticales
Références d’augmentation alvéolaire en chirurgie implantaire. Rev Stomatol Chir
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teria of success. Int J Oral Maxillofac Implants 1986;1:11–25. [19] Bianchi A, Felice P, Lizio G, Marchetti C. Alveolar distraction osteo-
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A. Paré.
Service de chirurgie maxillofaciale, plastique de la face et stomatologie, Hôpital Trousseau, CHU de Tours, avenue de la République, 37170 Chambray-lès-Tours
cedex 9, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Goga D, Sury F, Paré A. Ostéotomies segmentaires préimplantaires. EMC - Chirurgie orale et maxillo-faciale
2016;11(4):1-5 [Article 22-650-C-20].