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Chapitre I Les planchers

CHAPITRE I
LES PLANCHERS

1. Généralités
Les planchers sont les aires ou surfaces planes séparant les étages d'une
structure et supportant les charges de revêtements, leurs poids propre ainsi
que les charges d'exploitations. En plus de leurs fonctions de résistance, les
planchers doivent jouer un très grand rôle dans l'isolement thermique et
acoustique entre les différents étages.
Il peut s'agir de planchers d'habitation ou de planchers d'usine; la fonction
de résistances doit être bien entendu être satisfaite dans tous les cas, la
fonction isolement dépend du cas d'espèce, elle est généralement plus
impérieuse dans le cas d'habitation que dans le cas d'immeubles industriels.
Dans les deux cas, l'isolation thermique n'a pas d'importance primordiale,
sauf s'il s'agit d'un plancher du dessus exposé à l'ambiance extérieure. Par
contre, et surtout pour le cas d'habitation, l'isolation acoustique
principalement aux bruits de chocs est impérieuse.
On peut distinguer deus grandes classes de planchers:
- Les planchers coulés sur place ou dits traditionnels ;
- Les planchers préfabriqués, la préfabrication pouvant être partielle ou
totale.
1.1. Planchers coulés sur places
Dans le cas des planchers coulés sur place, on peut distinguer différents
systèmes.
1.1.1. Dalles minces
Ce sont des dalles d'épaisseur constante de 6 à 12 cm, elles ne peuvent être
utilisée que dans des cas de petites portées de 3.50 à 4.00 m; elles sont
intéressantes surtout dans le cas d'appui sur 4 cotés, ce qui est assez
courant; elles sont beaucoup moins déformable et beaucoup moins coûteuse
en acier. Elles ont l'inconvénient d'être particulièrement sonores, elles
isolent mal le bruit et surtout le bruit aérien, elles conduisent très bien les
bruits de choc.
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1.1.2. Planchers nervurés


Ce sont des planchers composés d'une dalle mince ou hourdis reposant sur
une série de nervures qui peuvent être parallèle, orthogonales ou biaises.
Les Figures 1.1, 1.2 et 1.3 montrent les trois types des planchers nervurés.

Figure 1.1− Plancher à nervures parallèles Figure 1.2− Planchers à nervures orthogonales

Figure 1.3− Plancher à nervures biaises

Cas de planchers à nervures parallèles:


Selon le cas de surcharges, les nervures peuvent être espacées de 40 cm à
4.00 m au maximum. Leur section est déterminée par le calcul.
Cas des planchers à nervures orthogonales:
Les nervures sont des poutres croisée, les panneaux de hourdis qu'elles
déterminent ont des dimensions comprises entre 2 et 6 m; des petits
panneaux donnent un ensemble moins lourd mais plus coûteux et plus long
à construire.
Cas des planchers à nervures biaises:
On peut réaliser de très beaux planchers, en disposant les nervures en biais
et découpant les panneaux en losanges ou en carrés (Figure 1.4). Les
poutres sont toujours de hauteur constante. Il est préférable du point de vue
esthétique qu'elles soient plutôt hautes et minces. On peut accroître la
légèreté de tels plafonds en donnant une légère flèche à l'ensemble; il en
existe de 15 et 20 m de portée.
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Figure 1.4− Plancher en biais

1.1.3. Planchers à poutrelles enrobées


Primitivement les planchers étaient constitués par des poutrelles espacées
enrobées complètement de béton (Figure 1.5), le béton ne jouant que le rôle
de remplissage la résistance étant assurée par les profilés seuls. la
résistance de dalle augmente, lorsqu’on agrandit, même peu, l'épaisseur de
la dalle supérieure: l'ensemble fonctionne comme une poutre en béton armé.
On note qu’il est possible de réduire le poids propre en supprimant le béton
entre poutrelles.

Figure 1.5− planchers à poutrelles enrobées.

1.1.4. Planchers à corps creux


Il existe une très grande variété de planchers à corps creux. Les corps creux
peuvent être soit en argile cuite, soit en béton (béton ordinaire ou béton
léger). Ces corps creux sont de différentes épaisseurs: 12, 15 ou 16, 20 ou
25 cm. Les planchers à corps creux sont constitués de:
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- corps creux
- nervures
- dalle mince (table de compression)

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Figure 1.5− Plancher à corps creux

L'espacement entre axes des nervures coulées sur place est très variable, il
varie de 30 à 70cm. En Algérie cette distance varie de 56 à 65cm. La
hauteur la plus fréquente est de 16+4 cm pour un plancher normal ou de
20+5 cm pour les planchers ayant des nervures de grandes portées, ou
recevant une très grande surcharge d'exploitation.
Les corps creux sont liées et supportées par les nervures. Ils ne peut pas
supporter une quelconque surcharge d'exploitation seuls. La partie
supérieure du béton (dalle mince ou table de compression) peut participer à
supporter les efforts avec la nervure. Dans ce cas la nervure sera calculée
comme une section en T et la partie supérieure s'appelle table de
compression. Les nervures peuvent être coulées sur place ou bien
préfabriquées (pour le gain du coffrage). Le sens des poutrelles ou nervures
est choisi dans la direction de la petite portée ce qui favorise un gain de
l'acier. En générale on doit disposer les nervures supportant les corps creux
dans le sens ayant la plus petite portée pour avoir une flèche petite.
Le choix d'un plancher à corps creux peut se justifier par:
- Absence des charges concentrées importantes sur le plancher.
- Plus économique que la dalle pleine
- Nécessité de peu de coffrage
- Bonne isolation thermique et économique
- Exécution simple
1.1.5. Dalles épaisses
Il est possible de réaliser les planchers en dalles épaisses s’appuyant sur
des poutres longitudinales ou transversales très espacées. Les épaisseurs
peuvent atteindre 25 et même 30 cm pour le cas de planchers industriels
lourdement chargés.
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1.1.5. Planchers champignons


Dans les planchers dits champignons, la dalle en béton armé plus ou moins
épaisse selon les portées et les surcharges reporte directement ses charges
sur les poteaux sans l'intermédiaire des poutres.
Les poteaux peuvent être normaux ou s'évaser en tête en forme de
chapiteau, il y'a deux catégories de planchers champignons (Figure 1.6):
- avec chapiteau
- sans chapiteau

Figure 1.6− planchers champignons

Les poteaux peuvent être carrés, rectangulaires, circulaires, hexagonaux ou


octogonaux, la forme carrée est la plus usuelle et la moins coûteuse. Les
chapiteaux peuvent être de disposition très variée comme leur
dimensionnement.

1.2. Planchers préfabriqués


On appelle plancher préfabriqué un plancher qui est construit partiellement
ou totalement en usine ou au abord du bâtiment, par éléments indépendants
qui sont transportés et assemblés sur place ensuite. La Figure (1.7) illustre
un type de plancher préfabriqué.

Figure 1.7− planchers préfabriqués

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Parmi les planchers préfabriqués on peut distinguer deux catégories:


- les planchers à poutrelles jointives sans dalles,
- les planchers à poutrelles non jointives, la dalle de répartition pouvant
être elle-même soit préfabriquée soit coulés sur place.
Les Figures (1.8) et (1.9) montrent quelques aspects des planchers
préfabriqués.

Figure 1.8− planchers à poutrelles jointives

Figure 1.9− planchers à poutrelles non jointives et dalle préfabriquée.

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2. Calcul des planchers


2.1. Planchers à nervures ou poutrelles parallèles
Nous distinguerons les planchers à charge d'exploitation modérée et les
planchers à charge d'exploitation élevée. Les méthodes qui seront exposées
ci-après sont applicable aux états limites ultimes et aux états limites de
service.
2.1.1. Planchers à charge d'exploitation modérée (méthode forfaitaire)
Les moments à faire intervenir dans les calculs des éléments seront
déterminés par l’application de la méthode forfaitaire (annexe E.1 des
règles BAEL). Il s’agit d’une méthode simplifiée de calcul applicable aux
planchers à charge d’exploitation modérée.
Domaine et conditions d’application
- Les planchers à charge d'exploitation modérée qui sont celles des
constructions courantes: locaux d’habitation, bureau dont la charge
d’exploitation Q est au plus égale à deux fois la charge permanente G ou
5000 N/m 2 ;
- Les moments d'inerties sont les mêmes dans les différentes travées ;
- les portées successives des travées sont dans un rapport compris entre
0,8 et 1,25 ;
- la fissuration considérée est non préjudiciable.
Principe de la méthode
Elle consiste à déterminer des moments sur appuis (M w , M e ) et des moments
en travée (M t ) grâce à des fonctions fixées forfaitairement de la valeur
maximale du moment fléchissant M o dans la « travée de comparaison »
c'est-à-dire dans la travée indépendante de même portée libre que la travée
considérée et soumise aux mêmes charges.
Soit :
M o la valeur maximale du moment de flexion dans la travée de comparaison
ou moment isostatique (voir formule des poutres) ;
M w et M e respectivement les valeurs absolues des moments sur appuis de
gauche et de droite qui sont pris en compte dans les calculs de la travée
considérée ;
M t le moment maximal dans la travée considérée.
α le rapport des charges d'exploitation à la somme des charges permanentes
G et d'exploitation Q.
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Q
α= (1.1)
G+Q
La valeur absolu de chaque moment sur appui intermédiaire n’est pas
inférieure à :
- 0,60 M o dans le cas d’une poutre à deux travées ;
- 0,50 M o dans les cas des appuis voisins des appuis de rive d’une poutre à
plus de deux travées ;
- 0,40 M o dans le cas des autres appuis intermédiaires d’une poutre à plus
de trois travées.
La Figure 1.10 présente les différentes dispositions.

0,60 M0

0,50 M0 0,50 M0

0,50 M0 0,40 M0 0,50 M0

0,50 M0 0,40 M0 0,40 M0 0,50 M0

Figure 1.10− moments forfaitaires sur appuis

De part et d’autre de chaque appui intermédiaire, on retient pour la


vérification des sections la plus grande des valeurs absolues des moments
évalués à gauche et à droite de l’appui considéré.

Evaluation des moments M w , M e et M t


On choisit les moments M w et M e en fonction de M o , puis on détermine les
moments M t qui respect les inégalités suivantes :
Mw + Me
Mt + ≥ max[1,05M o ; (1 + 0,3α )M o ]
2

Mt ≥
(1,2 + 0,3α ) M dans le cas d'une travée de rive
o
2

Mt ≥
(1 + 0,3α ) M dans le cas d'une travée intermédiaire.
o
2

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Application
Etudions, à titre d’exemple, une poutre à trois travées égales faisant partie
d’un plancher à charge d’exploitation modérée et répondant aux conditions
d’application de la méthode forfaitaire. Supposons que la charge
permanente G = 2000 daN/m et la charge d’exploitation Q = 4000 daN/m.
4000 2 1,2 + 0,3α 1 + 0,3α
α= = ; 1+0,3α= 1,20 ; = 0,70 ; = 0,60
2000 + 4000 3 2 2
La poutre étant à trois travées, nous prendrons pour valeur absolue du
moment sur le deuxième et sur le troisième appui : 0,50 M o
Travée de rive
Supposons que les travées de rive reposant à leurs extrémités A et D sur
des appuis simples, nous avons M A =M D =0
Mw + Me
Mt + ≥ max[1,05M o ; (1 + 0.3α )M o ]
2

Mt +
(0 + 0,50M o ) ≥ 1,20M ⇒ M t ≥ 0,95M o
o
2

Mt ≥
(1,2 + 0,3α ) M ⇒ M t ≥ 0,70 M o
o
2
Nous retiendrons donc M t = 0,95M o
Travée de intermédiaire
Pour la travée centrale, nous avons M B = M C =0,50M o
Mw + Me
Mt + ≥ max[1,05M o ; (1 + 0.3α )M o ]
2

Mt +
(0,50M o + 0,50M o ) ≥ 1,20M ⇒ M t ≥ 0,70M o
o
2

Mt ≥
(1 + 0,3α ) M ⇒ M t ≥ 0,60 M o
o
2
Nous retiendrons donc M t = 0,70M o . D’où les résultats représentés sur la
Figure 1.11.
0,50 M0 0,50 M0
A 0,95 Mo B 0,70 Mo C 0,95 Mo D

Figure 1.11
Supposons maintenant qu’il existe, sur chaque appui de rive, un moment
d’encastrement partiel évalué, en valeur absolue, à 0,20M o . Il n’y a rien à
changer au calcul précédent pour les moments sur les appuis B et C et pour
le moment en travée centrale.
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Pour chaque travée de rive nous devrons avoir :

Mt +
(0,20M o + 0,50M o ) ≥ 1,20M Soit M t ≥ 0,85 M o
o
2

Mt ≥
(1,2 + 0,3α ) M ⇒ M t ≥ 0,70 M o
o
2
Nous retiendrons donc M t = 0,85M o . D’où les résultats représentés sur la
Figure 1.12.
0,20 M0 0,50 M0 0,50 M0 0,20 M0
0,85 Mo B 0,70 Mo C 0,85 Mo
A D
Figure 1.12

2.1.2. Longueur des chapeaux et arrêts des barres inférieures de second lit
Normalement, la longueur des chapeaux et les arrêts des barres inférieures
de second lit sont déterminés à partir du tracé des courbes enveloppes.
Toutefois, lorsque les charges peuvent être considérées comme
uniformément réparties et que Q≤G, on peut se dispenser du tracé des
courbes enveloppes sous réserve de prendre les dispositions présentées sur
la Figure 1.13. La moitié au moins des armatures inférieures nécessaires en
travée est prolongée jusqu’aux appuis et les armature de second lit sont
arrêtées à une distance des appuis inférieure ou égale à 1/10 de la portée.
Dans une poutre continue comportant des travées inégales ou inégalement
chargées, les chapeaux doivent s’étendre dans les travées les plus courtes et
les moins chargées sur une longueur plus grande que dans les travées les
plus longues et les plus chargées.
La disposition des ancrages des chapeaux et des barres inférieures de
renfort doit être telle qu’elle ne favorise pas la formation de fissures
sensiblement inclinées à 45°. Lorsqu’on emploie des crochets, il faut les
décaler de h comme indiqué sur la Figure 1.13

Figure 1.13– Règles concernant les arrêts des armatures


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Les efforts tranchants sont calculés à l’état limite ultime en prenant en


compte la continuité des poutres et par la suite les moments adoptés sur
appui, l'effort tranchant, dans une section d'abscisse x, est donné par la
formule suivante :
Me − Mw
Vx = Vox + (1.2)
l

V o x : effort tranchant dans une section x de la poutre isostatique
M w : moment sur l’appui de gauche (pris avec son signe)
M e : moment sur l’appui de droite (pris avec son signe)
l : la longueur de la travée
Les efforts tranchants peuvent être déterminés en admettant la discontinuité
des différents éléments, à condition de majorer les efforts tranchants
calculés pour une travée indépendante.
- de 15% pour l’appui intermédiaire d’une poutre à deux travées ;
- de 10% pour les appuis intermédiaires les plus proches des appuis de
rive dans le cas d’une poutre comportant au moins trois travées.

Figure 1.14– Valeur forfaitaire de l’effort tranchant dans des poutres continues à
deux travées et plus de deux travées.

2.1.2. Planchers à surcharge d'exploitation élevée (Méthode de Caquot)


Lorsque les conditions indiquées ci-dessus ne sont pas remplies, et en
particulier, lorsque la charge d'exploitation est supérieure à deux fois la
charge permanente ou à 5000 N/m 2 , on utilise la méthode exposée ci-
dessous, connue sous le nom méthode de Caquot (annexe E.2 des règles
BAEL). La méthode de Caquot initialement établie pour les poutres non
solidaires des poteaux, a été étendue par la suite au calcul des poutres
solidaires avec les poteaux.
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Domaine d’application
La méthode s’applique essentiellement aux poutres-planchers des
constructions industrielles (Entre par exemple dans cette catégorie : une
construction comportant des parcs de stationnement de véhicules légers,
couverte par un plancher sous chaussée), c’est-à-dire pour des charges
d’exploitation élevées: Q > 2G ou Q > 5000 N/m 2 . Elle peut aussi
s’appliquer lorsqu’une des trois conditions de la méthode forfaitaire n’est
pas validée (Inerties variables ; différence de longueur entre les portées
supérieure à 25% ; fissuration préjudiciable ou très préjudiciable). Dans ce
cas, il faut appliquer la méthode de Caquot minorée qui consiste à prendre
G ’ = 2G/3 pour le calcul des moments sur appui.
2.1.2.1. Poutres à moments d’inertie égaux dans les différentes travées
et non solidaires des poteaux
Principe de calcul des moments sur appuis
Considérons dans une poutre continue à section constante deux travées l i et
l i + 1 respectivement soumises à des charges uniformes p i et p i + 1 (Figure
1.15). Assimilons les points A ’ i - 1 et A ’ i + 1 où la courbe des moments coupe la
ligne des appuis à des appuis fictifs libres. L’étude d’une poutre continue à
travées multiples peut alors se ramener à l’étude d’une succession de
poutres à deux travées de portées l ’ i et l ’ i + 1 dont les moments sont nuls au
droit des appuis extrêmes (M i - 1 =0, M i + 1 =0) Sur l’appui central d’une telle
poutre :
pili'3 + pi +1li'3+1
Mi = − (1.3)
(
8 li' + li'+1 )
Pour tenir compte de la variation des moments d’inertie des sections
transversales le long de la ligne moyenne (dû à la variation de la largeur
efficace de la dalle ou la table de compression), on remplace au
dénominateur le coefficient 8 par le coefficient 8,5.
Pour une charge concentrée P j située à la distance a j de l’appui A on trouve
'2
1 a j ⎛ a j ⎞⎛ a j ⎞ Pj li
Mi = − ⎜ 1 − ⎟ ⎜ 2 − ⎟ (1.4)
2 li' ⎜⎝ li' ⎟⎠⎜⎝ li' ⎟⎠ li' + li' +1

Comme précédemment, pour tenir compte de la variation d’inertie des


sections transversales le long de la ligne moyenne, on remplace au

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dénominateur le coefficient 2 par le coefficient 2,125. On peut alors poser,


de façon générale :
1 a ⎛ a ⎞⎛ a⎞
k ' ⎜
1 − ' ⎟⎜ 2 − ' ⎟ (1.5)
2,125 l ⎝ l ⎠⎝ l ⎠

Figure 1.15– Principe de la méthode Caquot

Enfin, l’étude des poutres continues montre que, dans une travée
intermédiaire de portée l, les points de moment nul sont situés sensiblement
à 0,2l des appuis. D’où finalement la méthode de calcul suivante.
Calcul des moments sur appuis
Soit une poutre continue à moment d'inerties égales dans les différentes
travées et non solidaires des poteaux. Cette poutre est soumise à des
charges uniformément réparties et ou concentrée (Figure 1.16).Les moments
dans les sections des nus d’un appui sont évalués en ne tenant compte que
des charges des deux travées adjacentes (à gauche indice w et à droite
indice e).
De chaque côté de l’appui, on détache des travées fictives de longueurs l ’ w
et l ’ e , avec :
l' = l pour une travée de rive avec appui simple de rive ;
l' = 0,8l pour une travée intermédiaire.
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Pe
Pw aw ae
pe
pw

i-1 i i+1
l'w l'e
lw le

Pw aw ae Pe
pe
pw

i-1 i i+1
l'w= 0,8l w l'e= 0,8l e

Continuité simplifiée
Figure 1.16– conventions et sy mboles
- Une charge uniforme p w sur la travée de gauche et p e sur la travée de
droite donnent un moment d’appui égal à :
pwlw'3 + pele'3
Mi = − (1.6)
8,5(lw' + le' )
Toute charge concentrée P w (ou P e ) agissant à la distance a w (ou a e ) du nu
de l’appui donne un moment d’appui égal à :
k w Pwlw'2 ke Pele'2
− ' ou − ' (1.7)
lw + le' lw + le'
k w et k e étant des coefficients donnés pour chaque travée, par :
1 a ⎛ a ⎞⎛ a⎞
k= ⎜1 − ' ⎟ ⎜ 2 − ' ⎟ (1.8)
2,125 l ' ⎝ l ⎠⎝ l ⎠
La distance a, relative à une charge P, est toujours comptée par rapport à
l'appui considéré et est toujours considérée comme positive.
Si la poutre est munie de goussets standards (Figure 1.17) les formules
précédentes deviennent :

pwlw'3 + pele'3
Mi = −
7,7(lw' + le' )
kw1 Pwlw'2 ke1Pele'2
− ou −
lw' + le' lw' + le'
1 a ⎛ a⎞⎛ a⎞
k1 = ' ⎜
1− ' ⎟ ⎜2 − ' ⎟
1,925 l ⎝ l ⎠ ⎝ l ⎠
Figure 1.17– Gousset standard

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Moments en travée
Pour déterminer les moments en travée on trace, pour chaque travée
supposée indépendante et en considérant la portée réelle l, la courbe des
moments relative à la charge permanente (G) puis la courbe des moments
relative à la charge permanente et à la charge d'exploitation (G+Q),
chacune des charges étant affectée par le coefficient de majoration
correspondant à l'état limite considérée.
Pour une travée AB (Figure 1.18) d'une poutre continue pour laquelle la
charge permanente, supposée uniformément répartie, règne sur toute la
longueur de cette poutre, et en tenant compte que les charges d'exploitation
peuvent être appliquées ou non dans les différentes travées, on obtiendra:
- le moment maximal sur l'appui A en surchargeant la travée AB et celle
qui la précède (Figure 1.18a), d’où le moment M A et le point a, Figure
1.19 pour la ligne de fermeture.
- le moment maximal sur l'appui B en surchargeant la travée AB et celle
qui la suit (Figure 1.18b), d’où le moment M B et le point b (Figure 1.19)
- le moment maximal dans la travée AB en surchargeant cette travée
(Figure 1.18c). On calculera, pour cette position des charges, les valeurs
des moments au niveau des appuis A et B, d’où la ligne de fermeture
a 1 b 1 (Figure 1.19)
- le moment minimal dans la travée AB en surchargeant les travées
voisines de AB (Figure 1.18d). On calculera, pour cette position des
charges, les valeurs des moments au niveau des appuis A et B, d’où la
ligne de fermeture a 2 b 2 (Figure 1.19)
- le moment minimal sur l'appui A en ne considérant que la charge
permanente sur les deux travées encadrant A (point a 3 )
- le moment minimal sur l'appui B en ne considérant que la charge
permanente sur les deux travées encadrant B (point b 3 )
La Figure 1.19 montre les courbes enveloppes des moments positifs et des
moments négatifs indiquées en trait fort.
Efforts tranchants
Les efforts tranchants d’appui sont calculés par la méthode générale
applicable aux poutres continues, en faisant état des moments de continuité,
sauf pour les hourdis pour lesquels on peut admettre la discontinuité.
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Figure 1.18 Figure 1.19

2.1.2.2. Poutres à moment d’inertie variable d’une travée à l’autre et non solidaires
des poteaux
En désignant par :
Iw le moment d’inertie de la travée de gauche;
Ie le moment d’inertie de la travée de droite, et en posant :
le' I w
β=
lw' I e
La méthode de calcul est la même que dans le cas précédent, à condition de remplacer les
formules les suivantes :
- moment sur appui dû à des charges uniformes :

pwlw' 2 + βpele' 2
− (1.9)
8,5(1 + β )

(substituer 7,7 à 8,5 en cas de goussets normaux) ;


- moment sur appui dû à toute charge concentrée :
k w Pwlw' k P l' β
− ou − e e e (1.10)
1+ β 1+ β

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Diagramme des moments de flexion pour une travée d'une poutre continue soumise à
une charge uniformément répartie (rappelle)
Considérons une travée quelconque WE d'une poutre continue (Figure 1.20), avec
l la portée de la travée
Mw le moment sur l'appui W, Me le moment sur l'appui E, Mx le moment dans une section
d'abscisse x, x étant mesuré a partir de W
μx le moment dans une section d'abscisse x pour la poutre de même porté que la travée
considérée et soumise aux même charge mais reposant en W et E sur des appuis simples.

Figure 1.20
On démontre en Résistance des Matériaux que l'on a:
⎛ x⎞ x
M x = μ x + M w ⎜1 − ⎟ + M e (1.11)
⎝ l⎠ l
(dans cette formule Mw et Me sont à prendre avec leurs signes).
Dans le cas où les charges agissant sur la travée étudiée sont des charges uniformément
qx
réparties, d’intensité q, la courbe μx est une parabole d’équation y = (l − x )
2
La valeur maximale de μx soit Mo a lieu pour x = l/2 et égale à Mo =ql2/8
Mw + Me
Pour x = l/2, M ( x =l / 2) = M o + d’où le point A sur la figure 1.20
2
L’abscisse du point B pour lequel se produit le moment maximal en travée
l Mw − Me
xtm = −
2 ql
2
qxtm
La valeur du moment maximal en travée M tm = + Mw
2
Les abscisse x1 et x2 des point d’intersection C et D de la courbe Mx avec WE (voir Figure
1.20) :

2M tm 2M tm
Pour C : x1 = xtm − ; Pour D : x2 = xtm +
q q

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Effort tranchant
On démontre en Résistance des Matériaux que l’effort tranchant Vx, dans la section
d’abscisse x (mesurée a partir de W) d’une travée WE d’une poutre continue, est donnée
par:
M − Mw
Vx = θ x + e (1.12)
l
θx, effort tranchant dans la section d’abscisse x pour la poutre de même portée que la travée
considérée et soumise aux même charges mais reposant en W et E sur des appuis simple ;
Mw et Me, moments sur les appuis W et E, moments à prendre avec leurs signes ;
l, portée de la travée.
Application (poutre continue à deux travées identiques)
La poutre continue représentée sur la figure 1.21 est soumise à une charge d'exploitation
uniformément répartie. La portée des travées est de 6,00 m.
Charges à l’ELU
permanents 1,35g = 18000 N/m
d’exploitation 1,5 q = 32000 N/m
totales qu = 50000 N/m

Figure 1.21 Calcul du moment maximal


sur l’appui B
Calculer à l'E LU :
- le moment maximal sur l'appui B
- le moment en travée à mi-portée (x = l/2) en considérant la travée BC déchargée
- le moment maximal en travée
- le moment minimal en travée.
Tracer la courbe enveloppe des moments de flexion.

Portées fictives : l'w= l w = 6,00 m et l'e= l e = 6,00m


Moment maximal sur l'appui B
pw = pe = qu = 50000 N/m

L application de la formule (1.6) donne :


pwlw'3 + pele'3
MB = − = −211764,71 N.m Figure 1.22
8,5(lw' + le' )

Moment en travée AB à mi-portée (x = l/2) en considérant la travée BC déchargée (Figure 1.23)

pwlw'3 + pele'3 50000 × 63 + 18000 × 63


MB = − = − = −144000 N.m
8,5(lw' + le' ) 8,5(6 + 6)
M + Me
M ( x =l / 2) = Mo + w
2

Mo =qu l2/8 = 225000 N.m Figure 1.23


M + Me 0 − 144000
M ( x =l / 2) = M o + w = 225000 + =153000 N.m
2 2
31
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Moment maximal en travée AB (Figure 1.23)


L’abscisse du point pour lequel se produit le moment maximal en travée
l M w − M e 6 0 + 144000
xtm = − = − = 2,52 m
2 qu l 2 50000 ⋅ 6
2
qu xtm 50000 × 2,52
M tm = + Mw = + 0 = 158760 N.m
2 2
Moment minimal en travée BC (Figure 1.23)
L’application des formules précédentes donne Mtm = 25000 N.m

La courbe enveloppe est représentée sur la Figure 1.24.

Figure 1.24
2.2. Dalles
Les dalles sont des éléments rectangulaires, de dimensions lx et ly, appuyés sur leurs quatre
côtés (Figure 1.25). Nous désignerons par lx la plus petite dimension de la dalle, on aura
donc lx ≤ ly. En général, on considère dans l'étude des dalles une tranche de 1 m de largeur,
c'est-à-dire que l'on a b = 100.

ly

lx

Figure 1.25
2.2.1. La dalle ne porte que dans un seul sens
Lorsque les deux conditions suivantes sont simultanément remplies:
- le rapport lx/ly est inférieur ou égale à 0,4 (lx/ly≤0,4) ;
- la dalle est uniformément chargée.
On évalue les moments en ne tenant compte de la flexion que suivant la plus petite
dimension; on dit que la dalle ne porte que dans un seul sens. Dans ces conditions, on ne
calcule que les armatures parallèles au coté lx. On est donc ramené à l'étude d'une poutre de
section rectangulaire, de largeur 1 m, de hauteur totale h0 et de portée lx.
Pour déterminer les moments à prendre en compte on pourra, suivant l'importance des
charges d'exploitation, utiliser les méthodes données dans la section précédente (calcul des
poutrelles).

32
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Très souvent lorsqu'une dalle continue peut être considérée comme partiellement encastrée
sur ses appuis de rive et, en particulier, lorsqu'il s'agit d'un plancher à charge d'exploitation
modérée, on prend pour les moments dans chacune des travées les valeurs suivantes
Moment en travée = ql2x/10 = 0,8 M0
Moment sur appuis = -ql2x/16 = 0,5 M0
q : charge uniforme résultant du poids propre et de la charge d'exploitation ;lx : portée dans
le sens x;
M0 = ql2x/8 : moment pour la dalle sur deux appuis libres.
Exemple : Considérons une dalle de 8 cm d'épaisseur totale, dont les côtés ont pour
dimensions lx=2 m, ly : 6,0 m. La dalle est continue et peut être considérée comme
partiellement encastrée sur les poutres de rive ; la charge d'exploitation est de 3 000 N/m2.
lx/ly = 2/6 = 0,33 < 0,4.
Nous calculerons donc les moments pour la portée lx seulement. En considérant une bande
de 1 m de largeur, en supposant que la combinaison d'actions à considérer soit 1,35G+1,5Q
Poids propre 1,35 × 0,08 × 1,00 × 25 000 = 2 700 N/m
Charge d'exploitation : 1,5 × 3000 = 4500 N/m
q = 7 200 N/m
2
M0 = (7200×2 )/8 = 3 600 Nm.
D'où :
- moment en travée : Mt = 0,8 × 3 600 = 2 880 Nm
- moment sur appuis : Ma = -0,5 × 3 600 = -1 800Nm
Les valeurs des moments, calculées comme indiqué ci-dessus, permettent de déterminer les
armatures inférieures et les armatures supérieures parallèles à lx. Dans le sens parallèle au
grand côté, ly, on dispose, à la partie inférieure de la dalle, des armatures, dites armatures
de répartition, dont la section par unité de largeur est au moins égale au quart de celles des
armatures principales par unité de longueur.
En outre si, comme cela se présente généralement, la dalle est bordée le long des petits
côtés par des appuis dont elle est solidaire, on dispose le long de ces petits côtés des
chapeaux, c'est-à-dire des armatures placées à la partie supérieure de la dalle, dont la
section, par unité de longueur, est au moins égale à celle des chapeaux prévus pour les
grands côtés. La longueur de ces chapeaux est sensiblement égale à celle des chapeaux
placés sur les grands côtés.
En ce qui concerne les charges transmises par le hourdis aux poutrelles, on peut négliger
l'effet de continuité du hourdis, c'est-à-dire que l'on calcule l'effort tranchant comme si le
hourdis reposait à ses deux extrémités sur des appuis simples.

2.2.2. La dalle porte suivant deux directions


Une dalle sera considérée comme portant suivant deux directions si :
- le rapport lx/ly est compris entre 0,4 et 1 (0,4 < lx/ly ≤ 1) et la dalle est uniformément
chargée ;
- la dalle est soumise à des charges concentrées, quel que soit le rapport des portées lx/ly
Dans le cas envisagé, on détermine les moments suivant les deux directions lx et ly et on
calcule les armatures parallèles à ces deux directions en fonction des moments trouvés.
On conçoit en effet que, dans l'hypothèse considérée, une bande telle que (1) (Figure 1.26),
se trouve soulagée par la présence d'une bande telle que (2) et inversement. Il est donc
logique d'affecter le moment calculé pour la portée lx , M = ql2x/8 ou M0 = ql2x/10 d'un
coefficient de réduction destiné à tenir compte de la bande de portée ly
(2)

Figure 1.26 ly (1)

lx
33
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On détermine les moments Mox suivant lx, et Moy, suivant ly, en supposant que la dalle
repose librement sur son pourtour. En pratique, deux méthodes peuvent être utilisées pour
la détermination de Mox et de Moy:
- l’utilisation de la méthode indiquée dans l'annexe E3 des règles B.A.E.L. ;
- l'utilisation des abaques de Pigeaud, ou d'abaques équivalents.

a) Annexe E3 des règles B.A.E.L.


Cette annexe indique que pour une dalle de dimensions lx, et ly, (lx≤ ly), reposant librement
sur son pourtour et soumise à une charge uniformément répartie q couvrant tout le panneau,
les moments au centre de la dalle, pour une bande de largeur unité, ont pour valeurs :
- dans le sens de la petite portée: M ox = μ x plx2

- dans le sens de la grande portée: M oy = μ y M x

Les valeurs des coefficients ; μx et μy, sont données, en fonction du rapport ρ=lx/ly et de
coefficient de Poison υ, par le tableau ci-après :
Tableau 1. Dalle rectangulaire librement appuyée sur son pourtour

Ce tableau tient compte du fait que le rapport Mx/My ne doit jamais être inférieur à 0,25
υ = 0,20 pour les états limites de service
υ = 0 pour les états limites ultime
34
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b) Abaques de Pigeaud
Pigeaud a publié, dans les Annales des Ponts et Chaussées (Janvier - février l92l), des
abaques permettant de déterminer les moments maximaux suivant la petite portée et la
grande portée pour les plaques rectangulaires, simplement appuyées sur leur pourtour,
soumise aux charges suivantes :
- charge uniformément répartie sur toute la surface de la plaque ;
- charge uniformément répartie sur un rectangle concentrique à la plaque.
Nous signalerons seulement les points suivants :

Dans le cas d'une charge uniformément répartie sur toute la surface de la dalle, les
moments au centre de la dalle, pour une bande de largeur unité, ont pour valeurs :
- dans le sens de la petite portée Mox = (M1 +ηM2)P
- dans le sens de la grande portée Mox = (ηM1+M2)P
Dans ces formules
M1 est une valeur donnée par l'abaque en fonction ρ1 = lx/ly
M2 est une valeur donnée par l'abaque en fonction de ρ2 = lx/ly
P est la charge totale sur la plaque, P = plxly.
η est le coefficient de Poisson (appelé υ dans les règles B.A.E.L.). On prendra donc η = 0,
ou η = 0,20, suivant les cas.

On devra également tenir compte du fait que My ne peut être inférieur à 0,25 Mx.
Dans ces conditions, l'abaque relatif à une charge uniformément répartie sur toute la
surface de la plaque conduit aux mêmes résultats que le tableau 1.

Les abaques relatifs à une charge uniformément répartie sur un rectangle concentrique à la
plaque permettent d'étudier le cas des charges concentrées. Les règles BAEL admettent que
lorsqu’une force appliquée à la surface de la dalle sur une aire s, agit uniformément sur une
aire S située dans le plan moyen de la dalle (Figure 1.27); l'aire S ayant un contour parallèle
à celui de s et distant de ce dernier de la demi-épaisseur de la dalle.
Si nous avons un plancher constitué d'une dalle pleine plus un revêtement, les dimensions
de la surface d'application sont:
u = a + 2hr + h ou u = a + 1,5hr + h
v = b + 2hr + h ou v = b + 1,5hr + h

On prendra 2hr si la résistance du revêtement est proche à celle de la dalle ou 1,5hr dans le
cas ou ce dernier est constitué d'un matériau moins résistant
Surface d'impacte au plan moyen de dalle
a
v
P
lx a u
hr
h/2
b
h/2
ly
Figure 1.27
Lorsque le rectangle de répartition de la charge n'est pas concentrique à la plaque, on utilise
l'artifice suivant dû à Résal.
35
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Considérons d'abord le cas où le rectangle ABCD de répartition de la charge possède un


axe de symétrie coïncidant avec l'un des axes de la plaque (Figure 1.28). Soit A1B1C1D1 le
rectangle symétrique de ABCD par rapport à l'autre axe de la plaque. Supposons que le
rectangle A1B1C1D1 et le rectangle CC1D1D supportent la même charge unitaire q que le
rectangle ABCD et considérons les moments au centre de la dalle. Nous avons :
MABCD+ MA1B1C1D1= MABB1A1− MC1C1D1D
Par raison de symétrie, MABCD = MA1B1C1D1. D’où
M − M CC1 D1 D
M ABCD = ABB1 A1
2
A l’aide des abaques de Pigeaud nous pouvons calculer les moments figurant au deuxième
membre de l'équation précédente, puisqu'il s'agit de rectangles concentriques à la plaque.

A1 D1 D2 A2
B C C1 B1
0 B1 C1 C2 B2

C C3 B3
A d D1 A1 B

A D D3 A3
Figure 1.28
Figure 1.29
Considérons maintenant le cas où le rectangle ABCD de répartition des charges, occupe
une position quelconque (Figure 1.29). Par le même raisonnement que ci-dessus nous
pouvons obtenir :
M AA1A2 A3 − M BB1B2B3 − M DD1D2D3 + M CC1C2C3
M ABCD =
4
Dans le deuxième membre de l'équation ne figurent que des rectangles concentriques à la
plaque.
2.2.3. Prise en compte de la continuité
Les méthodes examinées ci-dessus permettent de déterminer les moments Mox et Moy,
suivant lx et ly, dans le cas où la dalle est simplement appuyée sur son pourtour. Dans la
réalité, les dalles en BA ne sont pas articulées sur leurs contours. Lorsque la dalle fait
partie d'un hourdis continu, ou lorsqu'elle est liée à des appuis permettant de compter sur
un encastrement partiel, on réduit les valeurs obtenues pour les moments en travée et on
calcule des moments sur appuis.
On adopte souvent les valeurs suivantes pour les planchers et les constructions similaires :
- si le panneau considéré est continu au-delà de ses appuis :
Les moment en travée
Mtx=0,75 Mox
Mty= 0,75 Moy
Les moments d'encastrement sur les grands côtés : Max= 0,50Mox
- si le panneau est un panneau de rive dont l’appui peut assurer un encastrement partiel
Les moments en travée:
Mtx= 0,85 Mox
Mty= 0,85Moy
Les moments d'encastrements sur les grands côtés
Max= 0,50Mox dans le cas où l'appui est un appui intermédiaire
Max= 0,30Mox dans le cas où le panneau est un panneau de rive.

36
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Sur les petits côtés, les moments d'encastrement sont pris sensiblement égaux à ceux
adoptés pour les grands côtés.
D'une manière générale on doit toujours avoir, pour la portée lx (lx < ly) d'après les règles
BAEL :
M + Me
Mt + w ≥ 1,25M ox
2
Avec :
Mt : moment pris en compte en travée
Mw et Me, valeur absolue adoptée pour les moments de l'appui à gauche et à droite.
Mox moment maximal calculé dans l'hypothèse où la dalle est simplement appuyée sur son
pourtour.

2.2.4. Détermination des armatures.


Les armatures sont déterminées à partir des moments définis ci-dessus et en tenant compte
des remarques suivantes :
- Les différents panneaux du plancher sont, en général, calculés isolément en supposant
qu'ils sont soumis à la charge 1,35G +1,5Q appliquée sur toute la surface du panneau.
- Sur un appui commun à deux panneaux le moment à retenir est le plus grand, en valeur
absolue, de ceux obtenus pour les deux panneaux.
- Pour chacune des directions il faut considérer, en travée et aux appuis, la hauteur utile
qui lui est propre (Figure 1.30) On aura donc :

φx + φ y
d y = dx −
2

dx φy dy φx

Armatures parallèles à lx Armatures parallèles à ly

Figure 1.30
2.2.5. Effort tranchant
Dans les dalles portant sur quatre côtés, l'effort tranchant par unité de longueur est donné
par les formules suivantes :

Charge totale P uniformément Charge totale P uniformément répartie sur un rectangle de


répartie sur la surface de la dimensions u × v, concentrique à la plaque
Plaque u = dimension du rectangle parallèle à lx,
v : dimension du rectangle parallèle à ly.
Au milieu de ly u>v u<v
P P
P Au milieu de u T= T=
T= 2u + v 3v
2l y + lx
Au milieu de lx P P
P Au milieu de v T= T=
T= 3v 2u + v
3l y
37
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2.2.6. Poinçonnement
Lorsqu'une charge concentrée importante peut être appliquée sur un hourdis, il est
nécessaire de vérifier la résistance au poinçonnement de ce hourdis.
On admet qu'aucune armature particulière n'est nécessaire si, la charge concentrée étant
éloignée des bords de la dalle, la condition suivante est satisfaite :

Qu ≤ 0,045uc ho f cj

avec :
Qu, charge de calcul pour l'état-limite ultime ;
uc, périmètre du contour de l’air S sur laquelle agit la charge dans le plan du feuillet moyen.
ce périmètre a été définis précédemment ;
ho, épaisseur totale du hourdis ;
fcj, résistance caractéristique du béton à la compression à 7 jours, soit à 28 jours.
Si la condition précédente n'était pas remplie, ce qui est à éviter, il faudrait alors considérer
un périmètre u, parallèle à uc, et tel que l’on ait :
Qu ≤ 0,045u ho f cj
et disposer des armatures transversales dans toute la zone intérieure à ce périmètre.

2.2.7. Transmission des charges


En ce qui concerne la transmission des charges sur les poutres ou les voiles encadrant une
dalle portant sur quatre cotés, on distingue généralement deux cas :
a) lx/ly≤0,40
Dans ce cas, on suppose que les charges (permanentes et d’exploitation) des panneaux de
dalles se transmettent à la poutre comme indiquée sur la Figure 1.31.

lx

Largeur de dalle chargeant


b
la poutre= lx+b

ly

Figure 1.31
b) lx/ly>0,40
Dans ce cas les charges de la dalle se repartissent suivant le schéma de la Figure 1.32.

A B
45°
E F
lx

D C
ly

Figure 1.32

38
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Sur les poutres AD et BC, nous avons une charge triangulaire, tandis que sur les poutres
CD et AB nous avons une charge trapézoïdale provenant du trapèze CDEF et AEFB.
BF et AE forment avec le segment AB un angle de 45°, donc nous avons des triangles
isocèles AED et BFC (AE=DE et BF=FC). Les bases des triangles sont AD=BC= lx avec
une hauteur lx/2.
La transmission de ces charges vers les poutres donnent naissance à des moments
fléchissant et des efforts tranchants sur les poutres.

Charge trapézoïdale

a= lx/2 a= lx/2
p

A B
ly
RB
RA
Figure 1.33
p : intensité maximum de la charge trapézoïdale.
p
M max = (3l y2 − 4a 2 )
24

TA = TB = p
(l y − a)
2
lx l
avec a = et p = q x où q : charge par m2 de dalle.
2 2

M max = q
lx
48
(3l y2 − l x2 ) (1.13)

TA = TB = q
lx
(2l y − lx ) (1.14)
8
Charge triangulaire p
E

Figure 1.34

A a= lx/2 D
lx RD
l2 RA
M max =p x (1.15)
12
lx
TA = TB = p (1.16)
4
lx l3 l x2
avec p = q où q : charge par m2 de dalle. On a M max = p x TA = TB = p
2 24 8
p : intensité maximum de la charge triangulaire par m de longueur.

39
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Remarque :
Il y a une autre méthode utilisée pour le calcul rapide des efforts, cette méthode consiste à
chercher quelle est la largeur de dalle correspondant à un diagramme rectangulaire qui
donnerait le même moment (largeur lm) et le même effort tranchant (largeur lt) que le
diagramme trapézoïdal, les résultats devenant alors classiques (charge uniformément
réparties).
l y2
M max = (qlm ) (1.17)
8
ly
TA = TB = (qlt ) (1.18)
2
avec pm = qlm et pm = qlm
A B
45°
F
lx

lm lt
D C
ly

Figure 1.35
lm s’obtient en égalisant (1.13) et (1.17) d’où :
⎛ ρ2 ⎞

lm = ⎜ 0,5 − ⎟⎟l x (1.19)
⎝ 6 ⎠
lx
avec ρ =
ly
lt s’obtient en égalisant (1.14) et (1.18) d’où :

⎛ ρ⎞
lt = ⎜ 0,5 − ⎟lx (1.20)
⎝ 4⎠
Cas particulier de la charge triangulaire :
On a EF = 0 soit lx = ly et ρ = 1
D’où (1.19) et (1.20) deviennent :
lm = 0,333l x et lt = 0,25l x

2.2.8. Dispositions des armatures


Dans les dalles, le diamètre des barres employées comme armatures doit être au plus égal
au dixième de l’épaisseur totale de la dalle (pour une dalle d’épaisseur totale h=10cm,
prévoir φ ≤10 mm)
Connaissant les moments maximaux, le ferraillage est calculé comme pour une poutre, en
considérant une largeur de dalle de 1,00m.
Lorsque la fissuration est considérée peu préjudiciable l’écartement maximal des armatures
d’une même nappe est donne par :

Directions Charges réparties Charges concentrées


la plus sollicitée (sens x) Min(3h; 33cm) Min(2h; 25cm)
la moins sollicitée (sens y) Min(4h; 45cm) Min(3h; 33cm)
40
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Pour la FP et la FTP, on adopte les valeurs suivantes:

FP Min(2h; 25cm)
FTP Min(1,5h; 20cm)

Les aciers armant à la flexion la région centrale d’une dalle sont prolongés jusqu’aux
appuis :
- dans leur totalité, si la dalle est soumise à des charges concentrées mobiles ;
- à raison d’un sur deux au moins dans le cas contraire, arrêtées à un distance de l’appui
⎛l ⎞
au plus égale a ⎜ x ⎟ dans les deux sens.
⎝ 10 ⎠
Les armatures peuvent alors être disposées comme indiqué sur la Figure 1.36(a)
A leur partie supérieure, au voisinage des appuis, les appuis les dalles sont armés au moyen
des armatures appelées « chapeaux ». Les écartements maximaux à prévoir entre ces
armatures pour les deux directions lx et ly, sont indiqués ci-dessus pour la direction lx.
Pour les chapeaux disposés perpendiculairement à lx ou ly, on peut prendre dans le cas
courant, une longueur l, comptée à partir du nu de l'appui (Figure 1.36a) au moins égale à
la plus grande des valeurs suivantes :
- la , longueur d’ancrage, c’est-à-dire à la longueur de scellement droit (ls) si la barre est
rectiligne, ou une longueur équivalente(0,60ls ou 0,40ls) si la barre est munie de
crochets.
- 0,20 l , s’il s’agit d’un appui n'appartenant pas à une travée de rive (l représente la plus
grande des portées lx des deux travées encadrant l'appui considéré.
- 0,25 l, s’il s’agit d'un appui de rive
En générale on associe aux chapeaux des barres qui leur sont perpendiculaires et qui
servent des barres de montage. Lorsque les chapeau n’existent que suivant la direction x,
ces barres sont alors spécialement prévues. Les règles limitant les écartements entre les
armatures n’ont pas à être appliquées à ces barres de montage.

(a) Nappes inférieures (b) Nappes supérieures


Figure 1.36
41
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En ce qui concerne les valeurs minimales des armatures d’une dalle, les conditions
suivantes doivent être satisfaites.
On doit avoir :
A
A y ≥ x si les charges appliquées comprennent des efforts concentrés,
4
A
A y ≥ x si les charges sont uniquement réparties.
3

La condition de non-fragilité et de ferraillage minimal conduit aux conséquences suivantes:

- Si la dalle n’est appuyée que sur deux cotés, on doit avoir pour les armatures dans le
sens lx, c'est-à-dire des armatures Ax placées à la partie inférieure de la dalle ou en
chapeaux, parallèment à lx :
f tj
Ax ≥ 0,23 .b.d si h ≤ 12cm (1.21)
fe
Ax ≥ ρ 0 .b.h si 12cm ≤ h ≤ 30cm (1.22)
- Si la dalle est appuyée sur quatre cotés, on doit avoir, pour les armatures supérieures et
les armatures inférieures:
f f
Ax ≥ 0,23 tj .b.d x Ay ≥ 0,23 tj .b.d y si h ≤ 12cm (1.23)
fe fe
⎛ ⎞
⎜ 3 − lx ⎟
⎜ l y ⎟⎠
Ax ≥ ρ 0 ⎝ b.h Ay = ρ0 .b.h si 12cm ≤ h ≤ 30cm (1.24)
2


ftj : résistance à la traction du béton à la traction à j jours ( en pratique à 28 jours).
fe : limite d'élasticité de l'acier constituant les armatures.
b : largeur de la section en général on prend une bande de 1,00m
d: hauteur utile de la dalle.
ρ0 étant un coefficient ayant les valeurs suivantes
0,0012, s’il s’agit de ronds lisses FeE215 ou FeE235
0,0008, s’il s’agit des aciers FeE400 ou treillis soudés en fils lisses de diamètre au
plus égale à 6mm.
0,0006 s’il s’agit de barees ou fils à haute adhérence FeE500, ou treillis soudés en
fils lisses de diamètre au plus égale à 6mm.

Les valeurs minimales indiquées ci-dessus pour les dalles reposant sur deux côtés, sont
valables pour les dalles travaillant en console.

2.2.9. Largeur de la table de compression (largeur de hourdis)


La largeur de hourdis à prendre en compte de chaque côté d’une nervure, à partir de son
parement, ne doit pas dépasser la plus faible des valeurs suivantes :
- La moitié de la distance entre les faces voisines de deux nervures consécutives ;
- Le dixième de la portée de la travée ;
- Les deux tiers de la distance de la section considérée à l’axe de l’appui extrême le plus
rapproché ;
- Le quarantième de la somme des portées encadrant l’appui intermédiaire le plus
rapproché, augmenté des deux tiers de la distance de la section considérée à cet appui.

42
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La Figure 1.37 représente les trois dernières limites à considérer. Dans la partie centrale de la
travée seules les deux premières limites interviennent (moitié de la distance entre faces voisines et
dixième de la portée).

Figure 1.37

Application:
Déterminer les armatures de la dalle de plancher représentée sur la Figure 1.38, sachant
que :
- La dalle supportera un revêtement de sol correspondant à 500 N/m2 ;
- La charge d’exploitation à prévoir est de 8000 N/m2
- Les armatures sont en acier Fe E400, γs=1,15, fissuration peu préjudiciable ;
- Pour le béton fc28= 25 MPa, σb = 14,2 MPa, ft28= 2,10 MPa ;
- La dalle n’est pas exposée aux intempéries et elle est bétonnée sans reprise sur toute
son épaisseur.

10
ly=3,5 m

lx = 3,15 m

Figure 1.38

43
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Nous avons
l x 3,15
= = 0,90 > 0,40, donc la dalle sera considérée comme portant suivant deux
l y 3,50

directions
Pour lx/ly=0,90 nous lisons sur le tableau 1. μx = 0,0458 ; μy = 0,778
La charge permanente, avant pondération,a pour valeur
Poids propre du hourdis 1,00 × 1,00 × 0,10 × 25 000 = 25 000 N/m2
Revêtement du sol 500 N/m2
Charge permanente g = 3 000 N/m2
État-limite ultime de résistance :
La combinaison d’actions à considérer est p = 1,35 g + 1,50 q

En supposant que la dalle repose librement sur son pourtour, les moments par mètre de
largeur ont pour valeurs :

Pour tenir compte de la continuité, nous prendrons :


en travée :

sur appuis

La dalle n’étant pas exposée aux intempéries, nous placerons la génératrice des armatures
de la nappe inférieure à 1 cm de la paroi (Figure 1.39). Comme le diamètre maximal des
armatures qu’il est possible d’utiliser dans une dalle de 10 cm est φ =10 mm, nous
prendrons dx = 8,5 cm

Figure 1.39

44
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Calcul des armatures (b = 100 cm)


en travée, sens lx

en travée, sens ly
Nous avons, en supposant que nous utilisions des φ = 6 mm

sur appui, sens lx

sur appui, sens ly


Nous conserverons la valeur trouvée pour le sens lx, soit 5 φ 6 mm p.m, puisque nous avons
M xa = M ya .

Les écartements choisis pour les armatures sont admissibles puisqu’ils sont inférieurs aux
valeurs maximales données par :
Pour la direction la plus sollicitée :

Pour la direction perpendiculaire

Vérifions que les armatures présentent bien des sections suffisantes pour remplir la
condition de non-fragilité.

45
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or les valeurs trouvées ci-dessus sont supérieures à ces valeurs minimales, en outre

L’effort tranchant maximal a pour valeur, (voir page 24)

Vu 17433
τ= = = 0,22 MPa
b ⋅ d 100 ⋅ 78

Donc il n’y a pas lieu de prévoir armatures transversales.


État-limite de service.
La combinaison d’actions à considérer est p = g +q

Nous avons alors, en supposant que la dalle repose librement sur son pourtour avec cette
ν=0,20.

Et en tenant compte de la continuité :

Étant donné que la fissuration est peu préjudiciable nous avons seulement à vérifier que,
pour chacune des sections étudiées, les conditions
σ b ≤ 0,60 f c 28 = 15 MPa
σ s ≤ f e = 400 MPa
A titre d’exemple, on peut vérifier la section dans laquelle M x = 4330 N.m, nous avons :

M ser 4330
σb = = = 5,56 MPa < 15 MPa
μ1bd
' 2
0,1077 ⋅ 100 ⋅ 8,52

σ s = k1 ⋅ σ b = 49,22 5,56 = 273 MPa < 400 MPa


Donc les armatures déterminées pour l’état limite de résistance conviennent.
Le ferraillage de la dalle est représenté sur la Figure 1.40. En raison de la symétrie, on peut
se borner à considérer seulement un quart de la dalle.
46
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Figure 1.40

2.2.3. Méthode des lignes de rupture


La théorie des lignes de rupture est une méthode d’analyse limite qui permet de déterminer
la charge ultime d’une dalle en béton armé, à partir d’un mécanisme de rupture
cinématiquement admissible. La Figure (1.41) montre, le schéma expérimental de la
fissuration d’une dalle carrée simplement appuyée sur les quatre côtés et soumise à une
charge uniformément répartie.

Figure 1.41 schéma expérimental de la fissuration d’une dalle carrée


Afin de trouver des mécanismes simples, on remplace ces bandes plastifiées par des lignes
idéalisées appelées lignes de rupture, (Figure 1.42). Ces lignes découpent une dalle en
plusieurs éléments ou panneaux.

Figure 1.42

47
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Toutes les déformations plastiques sont supposées être concentrées le long de ces lignes.
Les conventions utilisées dans les représentations graphiques des mécanismes de rupture
sont indiquées à la Figure 1.43.

Figure 1.43 Convention des représentations graphiques.

a) Hypothèses de base et paramètres géométriques


- Le moment fléchissant unitaire le long des lignes de rupture est constant et égal au
moment de plastification des aciers.
- Les éléments découpés par les lignes de rupture tournent autour d'axes passant par des
bords appuyés ou encastrés. Au cas où la dalle est appuyée sur une colonne, l'axe de
rotation passe par celle-ci (Figure 1.44).
- Au moment de la rupture, les déformations élastiques sont faibles en comparaison des
déformations plastiques et elles peuvent par conséquent être négligées. De ces deux
dernières hypothèses, il découle que les éléments d'une dalle découpée par des lignes de
rupture sont plans et, par conséquent que leurs intersections sont des droites. Autrement
dit, les lignes de rupture sont des droites (Figure 1.44).
- Toute ligne de rupture passe par le point d'intersection des axes de rotation de deux
éléments de dalle qu'elle sépare.

Figure 1.44 Eléments découpés par les lignes de rupture et axes de rotation respectifs.
Dans l'exemple de la Figure 1.44, les axes de rotation imposés sont : AB, BC, CD et FH,
l'orientation de ce dernier axe dépendant du paramètre λ1. Le prolongement de la ligne IK
doit nécessairement passer par le point G, intersection de deux axes de rotation imposés.
On constate facilement que le mécanisme de rupture présenté à la Figure 1.44 est fonction
de 4 paramètres géométriques : λ1, λ2, λ 3, λ4.
Si les lignes de rupture découpent la dalle en n éléments et si tous les axes de rotation sont
connus, n−1 paramètres géométriques sont nécessaires pour définir complètement la
configuration de rupture.
Dans le cas général, les axes de rotation de n éléments de dalles constituant le mécanisme
ne sont pas tous connus a priori. Si ξ est le degré d'indétermination qui subsiste dans la
connaissance de ces axes de rotation, il est nécessaire de déterminer i = n−1+ ξ paramètres
géométriques pour définir complètement la configuration de rupture (Figure 1.45).
48
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Figure 1.45 Exemples de mécanismes de rupture et nombre de paramètres géométriques


correspondants

b) Exposé de la méthode
La solution exacte d'une dalle par la méthode des lignes de rupture s'obtient en exprimant
mathématiquement le système complet en fonction des i paramètres géométriques (λ1,
λ2, … λ i), puis en trouvant la combinaison de ces paramètres correspondant au mécanisme
qui se produit sous la charge la plus basse. Cette recherche peut se faire soit
analytiquement soit par approximations successives. La résolution analytique s'effectue en
exprimant que la dérivée partielle de l'expression liant la charge au moment résistant est
nulle pour chaque paramètre géométrique :

⎛ ∂p ⎞
- soit en minimisant la valeur de la charge ultime pu ⎜⎜ u = 0, j = 1....i ⎟⎟
⎝ ∂λi ⎠

⎛ ∂m ⎞
- soit en maximisant la valeur du moment de rupture requis m ⎜⎜ = 0, j = 1....i ⎟⎟
⎝ ∂λi ⎠

Pour établir l'expression liant la charge ultime au moment résistant, on peut utiliser la
méthode énergétique qui fait appel au principe des travaux virtuels. Dans la configuration
de rupture, la méthode des travaux virtuels exprime l'égalité entre le travail extérieur des
charges appliquées à la dalle et le travail des forces intérieures au long des lignes de
rupture.
τ ext = τ int (1.25)

Le travail intérieur ne comprend que des contributions des moments de flexion, et non pas
des moments de torsion ou des efforts tranchants.
Cette méthode s'applique en faisant subir un déplacement quelconque δ au système, en
exprimant les déplacements et rotations résultants pour tous les panneaux et lignes de
ruptures, puis en égalant le travail des forces extérieures et des efforts intérieurs.

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c) Travail des forces extérieures


Si P est la charge appliquée au point où le déplacement est δ, le travail τext des forces
extérieures a pour expression:
τ ext = ∑ P.δ (1.26)
où la somme est étendue à toutes les charges P qui agissent sur la dalle.
Dans le cas d’une charge uniformément répartie, si p désigne l’intensité de la charge, dS un
élément de la surface S d’une partie de la dalle, δ le déplacement de l’élément dS, le travail
des forces extérieurs relatif à cette partie de la dalle a pour expression:
τ ext = ∫∫ p.δ .dS = p ∫∫ δ .dS (1.27)
S S
Cette expression peut être interprétée géométriquement de deux façons :
- si G le centre de gravité de l’aire S et δG le déplacement de G, on peut écrire:
τ ext = p.S .δ G (1.28)
- si V mesure le volume balayé par la partie de la dalle considérée, au cours de son
déplacement, on peut également écrire:
τ ext = p.V (1.29)
d) Travail des forces internes
Si θ désigne la déviation angulaire au droit d’une charnière et m le moment plastique

correspondant, (Figure 1.46), le travail des forces internes τint a pour expression:

τ int = ∫ m.θ .dl (1.30)

où dl représente la longueur de ligne de rupture.

Figure 1.46
Remarques :
- Le travail fourni par le moment plastique le long d’une ligne de rupture est
nécessairement positif du fait que le sens de la déviation angulaire et celui du moment
sont tels qu’ils provoquent un accroissement du travail interne. Il en résulte que le
produit (m.θ) est toujours positif et qu’il n’y a ainsi pas lieu de se préoccuper des signes
de m et θ.
- Si θ1 et θ2 désignent les angles de rotation des parties de dalle 1 et 2 autour de la
charnière, (Figure 1.47), et en remarquant que θ1 + θ2 = θ
L’expression du travail des forces internes s'écrit:
τ int = ∫ m.θ1.dl + ∫ m.θ 2 dl (1.31)

Figure 1.47

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e) Etude des dalles isotropes


On désigne par la dalle isotrope une dalle telle que le moment de plastification soit
indépendant de la position et de la direction de la section de dalle considérée. Une dalle
munie d’un réseau orthogonal d’armatures tels que les moments m1 et m2 par unité de
largeur de bande parallèle aux armatures soient égaux est une dalle isotrope.

Applications
1) Dalle carrée simplement appuyée
On considère une dalle carrée, simplement appuyée sur son pourtour a et soumise à une
charge uniformément repartie. Soit m le moment plastique, p l’intensité de la charge
répartie, a le coté du carrée (Figure 1.48).
Par raison de symétrie, le mécanisme de rupture est constitué par des lignes de rupture
disposées suivant les diagonales. Ces lignes de rupture sont obtenues sous moments de
plastification positifs. Aussi, ces lignes correspondent à des fissures ouvertes sur la face
inférieure de la dalle. Le mécanisme de rupture est ainsi totalement déterminé. Pour un
déplacement égal à l’unité du centre O de la dalle, le déplacement δG du centre de gravité G
de chacune des parties triangulaires de la dalle est de 1/3 ; la force équivalente aux charges
pa 2
réparties sur chaque quart de la dalle est:
4

G
ω O

1/3 1
ω

Figure 1.48

Le travail des forces extérieures pour l’ensemble de la dalle est ainsi égale à la somme des
travaux des forces extérieures provoquant une rupture des quatre parties triangulaires tel
que :
p.a 2 1
S(1) = et δ g (1) =
4 3
D’où;
p.a 2 1
τ ext = 4. .
4 3
Les axes de rotation de chaque partie de dalle passent par les lignes d'appui. La rotation ω
autour de ces axes correspond au déplacement égale à l'unité du point O est égale à:
ω étant petit, on peut assimiler l’angle et sa tangente :
1 2
ω= =
a a
2
Le travail des forces internes dans une partie de la dalle tournant de l’angle ω autour de
son axe de rotation est obtenu en multipliant la projection des lignes de rupture sur l’axe
de rotation par le moment m et la rotation ω.
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2
τ int = 4.m.a.ω = 4.m.a. = 8m
a
L’égalité des travaux des forces internes et externes correspondant à ce mécanisme montre
que la charge ultime doit être telle que:

pu a 2 24m
= 8m soit : pu = 2
3 a
p ⋅a 2
ou: m = u
24
Remarque :
Le calcul d’une dalle carrée dans le domaine de l’élasticité linéaire conduit d’après la
méthode de l’annexe E3 des règles BAEL à l’ELU (voir tableau 1) au moment :
p ⋅ a2
me =0,0368 pa2 =
27.2

On considère le cas d’une charge concentrée localisée d’intensité P appliquée au centre O.


Par raison de symétrie le mécanisme de rupture est le même. Pour un déplacement unité du
centre O, le travail des forces extérieures dans cas est égal :
τ ext = P.1 = P
Le travail de forces internes est le même que précédemment:
2
τ int = 4.m.a.ω = 4.m.a. = 8m
a
La charge ultime correspondant à ce mécanisme de rupture à pour valeur;
Pu = 8m
P
ou: m = u
8
2) Dalle carrée encastrée sur ses appuis
On considère une dalle carrée, encastrée sur ses appuis a soumise à une charge
uniformément repartie. Soit m le moment plastique en travée, m' moment de plastification
sur les appuis encastrés. Le mécanisme de rupture comporte, en plus des lignes de rupture
précédentes, des lignes de rupture sur appuis, les fissures correspondantes s’ouvrent à la
partie supérieure de la dalle (Figure 1.49).

m'

m
a O
ω

1/3
ω 1

Figure 1.49

52
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Pour un déplacement unité du centre O, le travail des forces extérieures est le même trouvé
précédemment :
p.a 2 1 p.a 2
τ ext = 4. . =
4 3 3

Le travail des forces internes, dans ce cas se trouve accru vis-à-vis de celui relatif à la dalle
simplement appuyée en raison du travail fourni par les lignes de rupture sur appui pour la
rotation ω =2/a et le moment de plastification m'.

τ int = 4maω + 4m'aω = 4(m + m' )aω = 8(m + m' )

La charge ultime pu correspondant à ce mécanisme doit être telle que :

p u. a 2
= 8( m + m ' )
3
24(m + m' ) pu a 2
soit : ou : m + m =
'

a2 24

Un raisonnement analogue à celui décrit précédemment conduit pour la charge concentrée


P appliquée au centre O à :
τ ext = P
τ int = 8(m + m' )
La charge ultime Pu est ainsi, telle que :

Pu = 8( m + m' )
P
soit : m + m' = u
8

3) Dalle rectangulaire encastrée sur ses appuis et uniformément chargée


Soient a et b (a < b) les dimensions de la dalle, m et m' les valeurs des moments de
plastification au centre et sur appuis, p la charge uniforme. Le mécanisme de rupture est
constitué par les lignes de rupture indiquées sur la Figure 1.50. Par raison de symétrie, ces
lignes ne dépendent que d’un seul paramètre, la distance λ1.
ω2 b
A m' B
ω1
2
m
a E F
1 1
1
m' m 2

D λ m' C

Figure 1.50

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Le travail des forces extérieures pour l’ensemble de la dalle est égal à la somme des
travaux des forces extérieures provoquant une rupture des quatre parties (2 triangles+2
trapèzes)
τ ext = p.S .δ G
S: surface de la partie de dalle considérée
δ g : déplacement du centre de gravité de la partie de dalle considérée

λ b - 2λ λ
λ
A B
A δ =1/3 2’’ 2’ 2’’
δ =1/2 a/2
ω2
a 1 E
δ =1 E F

ω1 δ =1
δ =1/3

Figure 1.51

τ ext = p.Sδ G = p.[2S1.δ G1 + 2.S 2 .δ G 2 ]


⎛1 ⎞1
S1.δ G1 = ⎜ .a.λ ⎟. (triangle)
⎝2 ⎠3
S 2 .δ G 2 = S 2' .δ G' 2 + S 2" .δ G" 2 (trapèze)
a 1 1 a 1
S 2 .δ G 2 = (b − 2λ ). . + 2. . .λ.
2 2 2 2 3
a a.λ 1
S 2 .δ G 2 = (b − 2λ ). + .
4 2 3

Finalement l'expression du travail des forces extérieures est:

τ ext = p.Sδ g = p.[2S1.δ g1 + 2.S 2 .δ g 2 ] =


p.a
(3b − 2λ )
6

Les axes de rotation de chacune des parties de la dalle passent par les lignes d’appuis. Pour
un déplacement δ =1 des point E et F, les rotations ω1 et ω2 par rapport au petit et grand
cotés sont données respectivement par :
1
ω1 =
λ
2
ω2 =
a
Donc on peut déterminer le travail des forces internes :
54
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Pour les parties 1 (triangles)


τ int (1) = 2(m ⋅ a ⋅ ω1 + m ' ⋅ a ⋅ ω1 ) = 2 ⋅ a ⋅ ω1 (m' + m )
Pour les parties 2 (trapèzes)
τ int (2 ) = 2(m ⋅ b ⋅ ω2 + m' ⋅ b ⋅ ω2 ) = 2 ⋅ b ⋅ ω2 (m' + m )

τ int = τ int (1) + τ int ( 2 ) = (2 ⋅ a ⋅ ω1 + 2 ⋅ b ⋅ ω2 ) ⋅ (m + m' ) = ⎜ 2 ⋅ a ⋅ + 2 ⋅ b ⋅ ⎟ ⋅ (m + m' )


⎛ 1 2⎞
⎝ λ a⎠

τ int = 2(m + m' ) ⋅ ⎜


⎛ a 2b ⎞
+ ⎟
⎝λ a ⎠
L’égalité des travaux internes et externes donne:

τ int = τ ext ⇒
pa
( )
(3b − 2λ ) = 2 m + m' ⋅ ⎛⎜ a + 2b ⎞⎟
6 ⎝λ a ⎠
Donc :

( )
⎛ a 2b ⎞
p = 2 m + m' ⎜ + ⎟
6
⎝ λ a ⎠ a(3b − 2λ )
D’après le théorème cinématique la charge ultime p est la borne inférieure de toutes les
charges évaluées. Cette borne est obtenue pour la valeur du paramètre λ qui annule la
dp
dérivée , ce qui conduit à :

2
dp ⎛λ⎞ a⎛λ ⎞
= 0 ⇒ 4⎜ ⎟ + 4 ⎜ ⎟ − 3 = 0
dλ ⎝a⎠ b⎝a⎠
Seule la racine positive a un sens :

λ 1 ⎛ a2 a⎞
= ⎜ 2 +3− ⎟
a 2 ⎜⎝ b b ⎟⎠

La valeur de pu est obtenue en remplaçant λ par la valeur déduite de cette relation, dans
l’expression de p.
Pour les cas particuliers nous avons :
λ 1 24(m + m ' )
- Pour b = a (dalle carrée) = ⇒ pu
a 2 a2
λ 14,2(m + m ' )
- Pour b = 2a (dalle carrée) = 0,65 ⇒ pu
a a2

Remarque :
Il est à noter que, dans le cas d’une dalle rectangulaire allongée, il serait peu économique
de disposer un réseau orthogonal d’armature qui permette d’obtenir le même moment de
plastification dans les deux sens. Les armatures parallèles aux petits cotés doivent avoir
une section supérieure à celle des aciers perpendiculaires. Dans ce cas la dalle est
considérée comme orthotrope.

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e) Etude des dalles orthotropes


Une dalle est orthotrope lorsque celle-ci est munie d'un réseau d'armatures orthogonales, tel
que les moments de plastification soient inégaux suivant les deux sens de ce réseau. Soient
a et b ( a < b ) les dimensions de la dalle, m et m' les moments de plastification au centre et
sur appui par unité de largeur de bande parallèle aux petits côtés; on désigne par ϕm et
ϕm' les moments de plastification par unité de largeur de bande aux grands côtés. En
principe, ϕ est inférieure à l'unité.

ω2 b
m'
A B
ω1
2
m
a E F
1 1
1
ϕm ' ϕm 2

D λ C

Figure 1.52
Comme dans le cas de la dalle isotrope, le mécanisme de rupture représenté sur la Figure
1.52 ne dépend que du seul paramètre λ. sur la figure représentée nous remarquons que sur
la ligne EF nous avons un moment m, tandis que sur les lignes de rupture de type AE (ou
DE, BF, FC), sont telle que leur normale fasse avec les bandes de moment ϕm , l’angle α

tel que: tgα =
a
A

α
a/2 m(α)

α
λ
E
Figure 1.53
Le moment m(α) a pour expression :
ϕ .a 2 + 4λ2
m(α ) = ϕ .m. cos 2 α + m.sin 2 α = m.
a 2 + λ2
Comme dans le cas de la dalle isotrope, un déplacement unité des point E et F provoque
une rotation :
1
ω1 = des parties triangulaire de dalle
λ
2
ω2 = des parties trapézoïdales de dalle
a
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Le travail des forces externes a la même expression que pour la dalle isotrope :

τ ext = p.Sδ g = p.[2S1.δ g1 + 2.S 2 .δ g 2 ] =


p.a
(3b − 2λ )
6
Le travail des forces interne a pour expression :
Pour les parties triangulaires le travail des forces internes est:
τ int = 2.[m(α ) + ϕm' ].a.ω1
Pour les parties trapézoïdales, on divisera chaque trapèze en trois parties à savoir deux
triangles et un rectangle :
τ int = 4.[m(α ) + m' ].λ.ω2 + 2.(m + m ' )(b − 2λ ).ω2
Le travail des forces internes c'est la somme des travaux des différentes parties de la dalle.
Si on remplace m(α), ω1 et ω2 par leur valeur :
⎛ ϕa b ⎞
τ int = 4(m + m ' )⎜ + ⎟
⎝ 2λ a ⎠
L’équilibre de la dalle implique l’égalité des travaux internes et externes ( τ ext = τ ext ), donc :

pa
6
(
(3b − 2λ ) = 4 m + m ' )⎛⎜ ϕ2λa + ba ⎞⎟
⎝ ⎠

Remarque
L’évaluation du travail des forces internes peut être conduite également de la façon
suivante:
Admettant que les lignes de rupture du type AE soient formées de segment élémentaire
respectivement perpendiculaire au deux cours d'armatures orthogonales. Les segments
parallèles au petit coté de la dalle équilibre, sur une largeur unité, le moment de
plastification ϕ .m , ceux parallèles aux grands cotés, le moment de plastification m,
(Figure 1.54)

A m'

a/2 φm' φm

λ E

Figure 1.54
Dans ce cas le travail des forces internes est égal:
Pour les segments parallèles aux petit cotés :
a
2ϕ (m + m')aω1 = 2ϕ (m + m')
λ
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Pour les segments parallèles aux grands cotés :


b
2(m + m')bω 2 = 4(m + m')
a

( )⎛ ϕ2λa + ba ⎞⎟
On retrouve ainsi l'expression du travail interne : τ int = 4 m + m ⎜
'

⎝ ⎠
Comme dans le cas de la dalle isotrope, le paramètre λ définissant les lignes de rupture doit
être tel que :
2
dp ⎛λ⎞ aλ
= 0 ⇒ 4⎜ ⎟ + 4ϕ − 3ϕ = 0
dλ ⎝a⎠ ba

D’où :

λ 1⎛ ⎛ a2 ⎞ a⎞
= ⎜ ϕ ⎜⎜ 3 + ϕ 2 ⎟⎟ − ϕ ⎟
a 2⎜ ⎝ b ⎠ b⎟
⎝ ⎠
La valeur de pu est obtenue en remplaçant λ par sa valeur dans la relation de p.

Exercice
Considérons une dalle orthotrope encastrée sur trois cotés, et chargée uniformément par la
charge p. La Figure 1.55 montre le mécanisme de rupture probable de la dalle, qui est
divisée en trois éléments. Calculer les moments plastiques requis pour résister a une charge
uniformément répartie pu=16 kN/m2.

3,00m

4,5m

Figure 1.55

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