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DE
TRANSYLVANIE
CLUJ, ROUMANIE
MARS—AVRIL 1936
EN MARGE DES DÉCLARATIONS DE S.M. LE ROI
CHARLES II A L’ÉTRANGER
Une fois de plus, et cette fois avec une autorité accrue par la voix
de son « premier citoyen, de son premier soldat » et du suprême repré
sentant de sa souveraineté dans les relations internationales, la Rou
manie vient de se prononcer sur les grands problèmes qui s'agitent
entre les peuples et sur les plus importantes questions qui la préoc
cupent elle-même dans sa vie intérieure d'État souverain. Profitant
d’un voyage en Occident réclamé par de douloureux devoirs à l’égard
d’un auguste défunt, le Roi George V de Grande-Rretagne, Son parent
et l’ami de Son pays, le Roi de Roumanie Charles II a entendu con
tinuer au-delà des frontières de servir le pays à l’âme et aux destinées
duquel II s’est si profondément identifié. Chacune de Ses paroles
s’est inspirée des intérêts permanents de la Roumanie unifiée, cha
cune de Ses déclarations —■ qui ont fait le tour du monde — s’est
exprimée dans la ligne défà traditionnelle de notre politique étrangère,
dans la connaissance et ï interprétation pleines et objectives des prin
cipes du statut fondamental de la nouvelle communauté internationale,
ainsi que de la position et des droits de la Roumanie dans les cadres
de cette nouvelle famille d’États.
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* *
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* *
patriotes et c'est pour lui une pensée douloureuse que des territoires
qui ont appartenu un jour à la Hongrie aient dû lui être enlevés.
Mais la Hongrie doit finir par reconnaître que cette question appar
tient non pas au présent et à l'avenir mais au passé. Si l’on
permettait qu’il fût porté atteinte à un seul traité, ils s’effondreraient
tous et cet effondrement aurait des conséquences désastreuses. A Mon
avis ce n’est que sur des bases économiques que l'on pourra arriver
à résoudre la question de Hongrie. Mais la Hongrie doit comprendre
que la révision des frontières n'est pas possible ».
En s'exprimant en ces termes, dont la clarté et la précision mani
festent une intelligence profonde de la pensée politique de la nation
et de son opinion publique touchant ces deux problèmes d’importance
capitale, le Roi Charles a montré à l’Occident si souvent inquiet du
sort d’une paix menacée par les interventions successives des prota
gonistes du révisionnisme et de ceux qui agitent le problème des mino
rités, que pour l’État roumain, construit aujourd’hui sur le principe
de la « nation satisfaite », ces problèmes sont à jamais tranchés. Par
tant, si l’Occident désire la consolidation de la paix générale, il doit
les considérer lui aussi comme tels, toute tentative pour les poser à
nouveau signifiant une provocation belliqueuse et devant amener un
état de tension dommageable au maintien et à l’amélioration des rap
ports entre nations.
Il ne faut pas oublier en effet que les frontières actuelles sont le
résultat de l’évolution séculaire des nations autrefois opprimées,
évolution qui s’est opérée dans le sens de leur unité nationale ; et que
d’autre part, aux minorités réduites mais non supprimées grâce à
l’application relative du principe des nationalités dans les traités de
paix de 1919—1920, il a été assuré un statut juridique de protection
beaucoup plus large que n’importe quel régime minoritaire dans le
passé. Mais ce statut n’était pas destiné à devenir une arme aux mains
de ceux qui visent à la modification de la carte politique et territoriale
actuelle, contre les États mêmes qui, dans un geste de générosité,
ont bien voulu accepter ce nouveau régime de protection, sensiblement
restrictif de leur souveraineté.
Ces vérités, dont les chancelleries doivent toujours plus se pénétrer
si l’on désire sincèrement la consolidation du nouvel ordre interna
tional, ont été formulées, avec une autorité et une dignité reconnues
de tous, par le Roi de Roumanie. Par la voie de journaux répandus,
comme le « Daily Telegraph » et d’autres, elles ont été de nouveau
présentées à cette opinion publique occidentale qui est un facteur
EN MARGE DES DECLARATIONS DE S. M LE ROI CHARLES II 277
GEORGÇ SOFRONIE
Professeur à V Université de Cluj.
INFLUENCE DE L’ART POPULAIRE DES ROUMAINS
SUR LES AUTRES PEUPLES DE ROUMANIE ET
SUR LES PEUPLES VOISINS
INTRODUCTION
Certes il existe aussi, sur les Roumains, une influence des peuples
qui vivent auprès d’eux ou dans le voisinage de leurs frontières, mais
l’étude de cette influence n’entre pas dans notre plan ; au surplus, en
matière d’influences réciproques, la proportion entre ce qu’a reçu et
ce qu’a donné un peuple est décisive. Dans notre communication au
Congrès international des sciences historiques de Varsovie (1933),
publiée dans un numéro précédent de cette revue * 2), nous avons
posé cette question: lequel des trois peuples de Transylvanie a-t-il
été plus fécond et a-t-il eu plus d’influence? et nous avons répondu
par ces deux points, évidents pour cette province: en matière d’art
savant, les Saxons, dans l’art populaire, les Roumains. Il est naturel
en effet que l’influence roumaine transylvaine se manifeste dans
l’art populaire rustique et non dans l’art savant et religieux, car les
Roumains, en raison de leur rite oriental, ont un art savant fondé
sur l’art byzantin, tandis que les Saxons et les Hongrois, catholiques
chez les Roumains. Ce n’est que dans les parties orientale et occi
dentale du département de Mureș que Kos *) reconnaît l’influence
populaire roumaine sur la maison sicule.
Tandis que les savants hongrois n’admettent qu’avec des ré
serves, timidement et partiellement ces aspects de la vérité, S.
Opreanu 1 2) a bien mis en lumière l’influence profonde de l’art rou
main de bâtir sur celui des Sicules. Nous exposerons brièvement
les résultats auxquels il est parvenu. La maison préhistorique con
sistant en un vestibule ouvert {tindă) et une seule pièce d’habi
tation, existe encore aujourd’hui, et c’est le type le plus ancien,
dans le pays des Sicules; or c’est aussi le type primitif de la mai
son roumaine un peu partout. Le matériel tout entier du ménage
et de la ferme est identique à celui des Roumains d’autres régions;
même chez les Sicules de la plaine on retrouve beaucoup de détails
d’origine roumaine et jusqu’à des mots comme coteț, hambar, colibă,
draniță, cuptor, casă, (au lieu de « cameră ») et Hid (pod « grenier »),
au lieu de « padlâs ». Les Sicules ont emprunté avant tout aux Rou
mains l’art perfectionné de travailler le bois, et ils construisent
en bois alors qu’ils ont de la pierre à discrétion. Partout leurs mai
sons ont le toit roumain à quatre auvents pareils, descendant jus
qu’au-dessus des fenêtres — forme de toit que nous ne trouvons
généralisée ni chez les Saxons ni chez les Hongrois proprement
dits. Puis l’absence de cheminée, la décoration des murs avec des
tapis et des linges brodés, la maîtresse-poutre sculptée au milieu
de la maison sont autant de traits roumains. La solive sculptée
du Musée national sicule de Sft. Gheorghe 3), de provenance sicule,
n’en est pas moins roumaine par son travail; la date de 1735 en
caractères cyrilliques inconnus aux Sicules le confirme d’ailleurs.
Les formes géométriques dans le travail du bois sont une ca
ractéristique roumaine. Le portail dit « sicule » est très générale
ment répandu chez les Roumains, tandis qu’en dehors des Sicules
les Hongrois ne le connaissent que par ouï-dire. Dans les dépar
tements de Vâlcea et de Gorj, par exemple, on trouve plus de ces
portails sculptés monumentaux qu’en pays sicule, la différence ne
portant que sur la décoration. La porte et le balcon {pridvor) ont
été empruntés aux Roumains et aux Slaves, la galerie antérieure
2*
290 CORIOLAN PETRAN
*) Ch. Viski: Székely szônyegek. Introduction; D. Malonyai: Op. cit., Il, 232.
2) Ch. Pulszky: A magyar hdziipar diszitményei. Budapest, 1878, pp. 4—6.
8) Viski: Op. cit., Introduction.
4) « Székely Nemzeti Mûzeum Emlékkônyve », p. 429.
s) Viski, dans l’ouvrage « Székely Nemzeti etc. », p. 431, et Székely himzések,
Introduction.
6) G. Téglâs: Hunyadmegyei fafaragds «A Magyar Nemzeti Néprajzi oszt.
Értesitôje », 1906, pp. 126—137.
’) L. Domôtôr: Az aradmegyei himzés. « Müvészi Ipar », 1889, pp. 64—72.
8) Ch. Pulszky: Op. cit.
’) Viski: Op. cit.
10) D. Malonyai, II, 263.
INFLUENCE DE L’ART POPULAIRE DES ROUMAINS 297
Broderie Ucrainienne.
C’est aussi des Roumains que les Ruthènes ont reçu les motifs
géométriques, selon l’opinion de Kolbenheyer *) et de Fabian* 2): les
Ruthènes en effet, aujourd’hui encore, les appellent «woloskie» ou
« roumains ». D’ailleurs il y a, au sein de ce peuple, des Roumains
ruthénisés tels que les Houtzouls, qui ayant perdu leur langue n’en
ont pas moins conservé des vestiges lexicaux et des toponymes
roumains 3) ainsi que leur ornementation roumaine ancestrale, de la
même manière que les Roumains siculisés en Transylvanie, grécisés
en Macédoine 45), slavisés en Moravie 6) et en Russie •), que les Gorales
de Pologne 7) et les Vlaques slavisés de Croatie et de Bosnie 8). La
nationalité et la langue se sont perdues, l’art sous son aspect orne
mental s’est conservé. Si on examine les broderies, les tapis, les
quenouilles des musées de Belgrade et de Sofia, on constatera que
3
304 CORIOLAN PETRAN
3*
306 CORIOLAN PETRAN
des conférences de N. dans les journaux « Die neue Zeitung ». Sibiu, 28 janvier
1933, « Sieb. Deutsches Tageblatt », 28 janvier 1933, Sibiu; « Kronstădter
Zeitung », Brașov, 15 octobre 1932, ainsi que le feuilleton sur l’exposition de
costumes dans «Sieb. Deutsches Tageblatt», 5 juillet 1935.
H. Focillon: préface au catalogue de l’« Exposition d’art roumain au
Musée du Jeu de Paume». Paris, 1925, p. 23.
308 CORIOLAN PETRAN
nous pouvons affirmer que ce n’est pas nous qui avons subi la plus
forte influence; au contraire, c’est nous qui avons influencé dans
la plus large mesure les Hongrois»; «au XVIll-e siècle il existait
en Transylvanie, pour la poésie et la musique roumaines, un in
térêt qui dépassait les cadres de la classe paysanne et touchait
non seulement les Roumains mais les Hongrois ». La langue rou
maine était non seulement connue mais employée par les cercles
hongrois transylvains, avant que la Hongrie moderne ne se fût
fixé comme objectif politique la fusion totale de la Transylvanie
dans un Etat unitaire hongrois. La preuve en est qu’en 1768 un
intellectuel magyar publia une collection de poésies roumaines
qui eut deux éditions, et qu’un autre, trente ans plus tard, ras
sembla en un volume manuscrit une série de poésies roumaines ;
en 1785, nous trouvons dans une collection hongroise la complainte
(« Cântec de tânguire ») du héros populaire Horia rédigée dans les
deux langues, de même que les poésies de 1798. Kântor relève des
influences roumaines dans les contes fantastiques, dans les chansons
et marches militaires, dans les vers satiriques criés pendant la danse
(« strigături »), dans les ballades, et il nous en donne des exemples
suffisamment précis. I. U. Soricu 4) souligne que les sortilèges, les
envoûtements, les veillées, les noëls, les coutumes de noces avec
leurs souhaits en vers, les contes etc. ont influencé profondément la
poésie magyare, et il nous cite de nombreux exemples dont cer
tains présentent des vers roumains alternant avec des vers hon
grois. Faute d’espace nous ne pouvons reproduire les exemples
donnés par Kântor et par Soricu; Braniște a), Alexici 3) et, de façon
plus étendue, Kristóf 4) se sont occupés de deux chansons du poète
hongrois V. Balassa, composées sur le rythme de deux chansons
populaires roumaines ; ainsi donc un poète hongrois renommé, de
la seconde moitié du XVI-e siècle, est influencé et attiré par la
poésie populaire roumaine. Kristóf conclut : « Nous devrons donc
admettre que certaines poésies populaires roumaines, soit pour leur
mélodie prenante, soit pour la beauté du fond, étaient connues
des cercles de l’aristocratie hongroise de Transylvanie ».
Une question qui se pose ici, vers la fin de notre exposé, est de
savoir si l’art populaire ancien des Roumains a eu un effet extensif,
c’est-à-dire a trouvé un écho à des époques plus éloignées de nous.
Cet effet extensif se manifeste dans l’histoire de l’art par diverses
appréciations, par des descriptions, des mentions, des allusions et
des images ou réminiscences chez les écrivains, les voyageurs, les
artistes. Une telle question mériterait une étude spéciale, la matière
en étant riche et, au point de vue de notre sujet, imparfaitement
rassemblée, analysée et publiée 1). En ce qui touche l’art roumain,
nous pouvons néanmoins répondre dès maintenant de façon affir
mative: l’influence qu’il a exercée dans le temps s’étend sur une
échelle assez vaste, ayant débuté des le XVI-e siècle. Et même nous
trouvons le costume populaire roumain reproduit dès 1358 —- le
costume masculin — dans le Chronicon Pictum Vindobonense * 2), et
le costume populaire féminin dès 1409 et 1417, dans les peintures
murales des églises de Strei-Sângeorgiu et de Ribița. Sur l’emblème
de la corporation des joailliers de Brașov (1556) le costume du paysan
roumain apparaît également. (Musée national de Budapest).
Sans avoir la prétention de donner une liste exhaustive, citons ici
quelques-uns des écrivains, voyageurs ou artistes qui, dans leurs
ouvrages, se sont occupés de notre art populaire: N. de Nicolai
(1580), M. Opitz (1624), L. Toppeltinus (1667), I. Trôster (1667),
l’auteur du recueil « Costume-Bilder aus Siebenbürgen » (XVII-e
siècle), M. Miles (1670), I. Kajoni (seconde moitié du XVII-e s.),
Dupont (1686), G. Krekwitz (1688), Del Chiaro (1718), La Metraye
(1727), l’auteur de l’Histoire des révolutions de Hongrie (1739), I. E.
Liotard (1742—1743), le rédacteur des « Merckwürdige Historische
Nachrichten » (1743—1744), Br. Hohenhausen (1775), K. G. von
Windisch (1780), F. Grisellini (1780), F. I. Sulzer (1781—1782),
l’auteur de l’iter per Poseganam Sclavoniae (1783), le comte A. de
CONCLUSION
CORIOLAN PETRANU
grois. Pendant les premières années qui ont suivi la guerre, ils ne
voulaient pas croire que le peuple roumain fût en état d’organiser
une université en Transylvanie, que l’on pût y enseigner la science x
dans l’« inculte » langue roumaine et rassembler dans tout le pays
80 ou 90 professeurs à la hauteur dTe leur mission scientifique. Mais
le bilan de là première décade roumaine est venu démentir leur con
viction pessimiste autant qu’intéressée touchant la puissance créa
trice du peuple roumain dans le domaine scientifique et affermir
au contraire notre confiance dans le génie du plus éprouvé des
peuples latins d’Europe.
*
♦ *
1) Nous n’avons cité que les morts, et seulement les plus insignes parmi ceux
qui ont enseigné dans des universités proprement dites, sans parler des profes
seurs d’origine transylvaine dans les Académies et les Ecoles Polytechniques.
D’après le livre de I. Moisil: Românii Ardeleni din Vechiul Regat și activitatea
Zor până la războiul întregirii neamului. [Les Roumains transylvains de l’Ancien
Royaune et leur activité jusqu’à la guerre d’unification nationale]. Bucarest, Cul
tura Națională, 1929, le nombre des Roumains transylvains devenus professeurs
de l’enseignemenESupérieur au cours du siècle passé est de 40 (pp. 28—35), et
de 135 pour l’enseignement secondaire (pp. 16—28).
2) Sur la fondation d’universités par Mathieu Corvin, voir Abel Jenô: Egyete-
meink a kôzêpkorban [Nos Universités au Moyen-Âge], Budapest, Magyar Tu-
domânyos Akadémia, 1881, in 8°, pp. 27—46; Mârki Săndor: Mătyds kirdly em-
lékkônyv [Le Roi Mathias, volume jubilaire]. Budapest, Athenaeum, 1902, in 4°,
pp. 176—177; I. Lupaș: Istoria Românilor [Histoire des Roumains], éd. X-a.
Bucarest, Socec, 1935, in 8°, 120 p.
3) Sur le Roumain N. Olahus, voir I. Lupaș: Doi umaniști români în secolul
XVI [Deux humanistes roumains au XVI-e siècle], N. Olahus et Mihail Valahus].
Bucarest, Academia Română, 1928, in 8°, 29 p., et St. Bezdechi: Familia lui N
Olahus [La famille de N. Olahus], Anuarul Instit. de Istorie Națională, Cluj, 1928—
1930, V-e année, pp. 63—85.
L’UNIVERSITÉ ROUMAINE ET L’UNIVERSITÉ HONGROISE 325
*) «A jegyzék 10 évrôl 826 czimet tünet fel ». Acta Univ., 1882—1883, Fase.
I, p. 21.
334 I. CRĂCIUN
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Total général: 5.761 pour l’Université roumaine, dans la première décade, 1920—1930.
7.146 pour l’Université hongroise, en 45 ans, 1872—1918.
L’UNIVERSITÉ ROUMAINE ET L’UNIVERSITÉ HONGROISE 341
!
i
|
Langue
Allemand
Allemand
Roumain
Espagnol
Hongrois
Polonais
F rançais
Français
Anglais
Anglais
Italien
Italien
Serbe
Total
Latin
.S
Total
cC
J
Ouvrages.................... 17 1 52 2 36 8 _ _ 1 117 37 4 1 __ 8 3 53
Articles .................... 166 1 1.366 10 113 50 13 1 — 1.720 170 10 10 5 8 31 234
Total.................... 183 2 1.418 12 149 58 13 1 1 1.837 207 14 11 5 16 34 287
(suite)
Université hongroise
1883—1893 1893—1903
j
Langue
Grec mod.
Grec mod.
Allemand
Allemand
Roumain
Français
Français
Anglais
Anglais
Italien
Latin
Total
Latin
Total
Ouvrages.................... 17 1 1 19 18 3 1 1 2 3 3 31
Articles .................... 161 8 7 1 5 182 186 15 1 2 14 218
Total ................ 178 9 8 1 5 201 204 18 2 1 4 3 17 249
(suite)
Université hongroise
1903—1913 1913—1918
Langue
Espéranto
Allemand
Allemand
Roumain
Roumain
Français
Français
Anglais
Anglais
Italien
Latin
Total
Total
Turc
Ouvrages ....'. 19 __ 5 _ 1 1 __ 26 12 — 1 _ 1 14
Articles....................... 390 1 63 9 6 2 1 472 160 10 1 4 1 176
Total ..... .409 1 68 9 .7 3 1 498 172 10 2 4 2 190
Total général: 1.837 pour l’Université roumaine, dans la première décade, 1920—1930.
1.425 pour l’Université hongroise, pendant 45 ans, 1872—-1918.
342 I. CRĂCIUN
U n i v e r
Université roumaine
1920—1930
1872—1883 1883—
PAYS
Bibliothèque
Bibliothèque
Médecine
Médecine
Médecine
Sciences
Sciences
TOTAL
TOTAL
Lettres
Lettres
Lettres
Droit
Droit
Droit
....:
Département de Satu-Mare x) :
Localités roumaines............................... 76
» hongroises. . ............................................. 112
» magyaro-roumaines................ 25
» roumano-hongroises................ 8
» roumano-allemandes................ 7
» magyaro-ruthènes.................... 5
» ruthènes .............................................. 4
» magyaro-allemandes................ 3
» germano-roumaines.................... 3
» slovaco-roumaines.................... 1
» roumano-magyaro-allemandes ... 1
» magyaro-roumano-allemandes ... 1
Total.... 260
Département du Bihor :
Département d’Arad :
Localités roumaines.................................. 150
» hongroises.................................... 6
» roumano-hongroises................ 6
» roumano-magyaro-allemandes ... 6
» allemandes................................ 6
» magyaro-roumaines................ 4
» roumano-magyaro-slovaques ... 1
» roumano-serbes........................ 1
» serbo-roumaines........................ 1
» roumano-allemandes................ 1
» roumano-slovaques .......................... 1
» germano-hongroises................ 1
Total .... 184
Soit 6 communes purement hongroises
et 178 » appartenant à d’autres nationalités.
II
III
IV
G*
354 ET. MANCIULEA
VI
ET. MANCIULEA
Professeur
LA SITUATION DES ÉCOLES CONFESSIONNELLES
DE LA MINORITÉ ROUMAINE DE HONGRIE
APRÈS LA TRAITÉ DE TRIANON
II
L’ancien président de la section minoritaire près le Secrétariat
de la Société des Nations, le professeur espagnol Pablo de Azcarate,
à la suite d’une plainte adressée par les Allemands de Hongrie à
l’organe de protection des minorités à Genève, en 1931, a visité
la Hongrie pour se convaincre sur place de la situation de l’ensei
gnement minoritaire. L’attention du professeur Azcarate, au cours
de cette enquête, a été attirée surtout par la minorité allemande,
et il a visité en premier lieu les écoles allemandes de type B, à Șo
pron. Les écoles de type B sont celles où les principales matières
d’étude sont enseignées en langue magyare et les matières secon
daires dans la langue de la minorité respective. Ce sont, relative
ment, les meilleures écoles minoritaires de Hongrie, car les écoles
de type A, où toutes les matières devraient être enseignées dans la
langue maternelle des élèves et la langue magyare ne figurer que comme
matière secondaire, n'existent que sur le papier, dans le texte de la
Nombres Nombre
d’écoles minimum
conf. orth. d’instituteurs
Communes roumaines roumains
1. Apateul Unguresc . . . 1 1
2. Cristur............................. 1 1
3. Comandi......................... 1 1
4. Darvas............................. 1 1
5. Homorog......................... 1 1
6. Jaca................................. 1 1
7. Micherechiu.................... 1 2
8. Peterd............................. 1 1
9. Săcal................................. 1 1
10. Vecherd ............................ 1 1
11. Meghieșpusta................... 1 1
12. Cenad................................. 1 1
13. Chitighaz......................... 2 2
14. Ghiula (grande ville) . . 2 2
15. Ghiula (petite ville) . . 1 1
16. Bătania............................. 1 1
17. Bichis................................. 1 1
18. Bichis Ciaba.................... 1 1
Total . . . 20 22
IV
Les Roumains uniates, ou catholiques de rite oriental, avaient
en Hongrie avant la guerre, et pour le territoire actuellement hon
grois, des écoles confessionnelles dans les communes suivantes :
Nombre Nombre
d’écoles minimum
conf. cath. d’instituteurs
Communes roumaines roumains
1. Almosd............................ 1 1
2. Adoni................................. 1 1
3. Bogomir............................ 1 1
4. Bedeu................................ 1 1
5. Cocad ................................ 1 1
6. Leta Mare......................... 1 4
7. Poceiu............................. 3 3
8. Paleu................................. 1 1
9. Virtiș................................. 1 1
10. Porcialma......................... 1 1
il. Ujfalău............................ 1 1
12. Ciegold............................. 1 1
13. Abrani............................. 1 1
14. Aciad................................ 1 1
15. Macău............................. 1 1
Total . . . 17 20
V
M. Ivân de Nagy l), traitant de Ia situation de l’enseignement
minoritaire roumain dans la Hongrie actuelle, tire les conclusions
suivantes :
«... Nous devons constater avec regret que dans notre patrie
(Hongrie) le plus grand nombre d'illettrés se trouve chez les Roumains,
en comparaison de qui la situation des Ruthènes seule est plus
défavorable. L’une des causes de ce triste état de choses est, selon
moi, le fait que sur le terrain de l’instruction élémentaire les Rou
mains demeurent volontairement étrangers aux écoles del’État et aux
autres écoles confessionnelles, qu’ils évitent. Dans plusieurs endroits
les Roumains préfèrent ne pas apprendre, plutôt que de s’inscrire
aux écoles de l’État, ou bien ils fréquentent les écoles confession
nelles roumaines qui, dans la plupart des cas, sont très mal pour
vues et peu surveillées, de sorte que les élèves oublient rapidement
le peu qu’ils y ont appris. Près de 40% de ces illettrés qui, devenus
adultes, ont oublié ce qu’ils ont appris, se recrutent dans les écoles
confessionnelles roumaines ».
Les constatations de M. I. de Nagy sont exactes ; nous avons
vu en effet que, sur les 37 écoles confessionnelles roumaines (20
orthodoxes et 17 uniates) il n’y en a que quatre où l’on apprenne
le roumain, tandis que dans les 33 autres tout enseignement rou
main a été supprimé. En somme, ces 33 écoles confessionnelles
roumaines ont été purement et simplement fermées et dans leurs
locaux ce sont des écoles magyares qui ont été rouvertes, avec
des instituteurs hongrois remplaçant les anciens instituteurs rou
mains. Aussi longtemps que ces écoles ont existé, les élèves rou
mains les ont fréquentées ; dès qu’elles ont été supprimées, les
Roumains ont préféré l’ignorance à la fréquentation d’écoles offi
cielles hongroises où ils étaient menacés de perdre leur nationalité,
leur langue et leur foi. Cela, M. Ivan de Nagy le reconnaît sans
détour: seules les conclusions qu’il en tire sont illégitimes.
En 1920, la minorité roumaine de Hongrie donnait une forte
proportion d’illettrés et à peine 46 ou 47% d’entre eux (46,8%)
savaient lire et écrire. « Touchant l’instruction scolaire, nous ne
donnons à nos observations qu’une conclusion statistique, écrit
M. I. de Nagy. Dans les premières années après la guerre des
*) Cf. son étude: Les Roumains de Hongrie, dans la revue «La Voix des
Minorités », No. 10, 1927.
LA SITUATION DES ÉCOLES CONFESSIONNELLES 367
difficultés sont nées du fait que les instituteurs des communes rou
maines situées le long de la frontière ont abandonné purement et
simplement leurs écoles, passant la frontière et se réfugiant en Rou
manie, où ils espéraient trouver de meilleures places ». Cette affir
mation est tout à fait controuvée, car c’est la terreur magyare qui a
chassé les prêtres et les instituteurs roumains ou les a contraints à
quitter leurs paroisses et leurs écoles.
« La conséquence de ce fait, c’est qu’au cours des années de
caractère révolutionnaire il n’y a eu en somme de leçons que dans
une seule école confessionnelle roumaine (uniate), avec 2 institu
teurs et 105 élèves ; pendant ces deux années (1919—1920) on a
enregistré 935 élèves roumains obligés de fréquenter les autres
écoles élémentaires (d’État). Grâce à la disparition d’un état de
choses exceptionnel et au rétablissement de l’ordre ébranlé, les
écoles ont naturellement recommencé à fonctionner, de sorte qu’en
1922—1923 il y avait déjà 7 écoles (3 uniates et 4 orthodoxes),
en 1923—1924, neuf (une d’État, 3 uniates et 5 orthodoxes), et
en 1924—1925, dix écoles populaires élémentaires, qui donnaient
l’enseignement dans les deux langues magyare et roumaine, ce qui
correspond pleinement à la proportion de population roumaine (?).
Il va de soi que le nombre des instituteurs et des élèves s’est, lui
aussi, multiplié de sorte qu’en 1924—1925 quinze instituteurs (dont
7 d’état) instruisaient déjà dans les écoles citées 698 élèves ».
Le même auteur nous explique comme suit le nombre réduit
des élèves roumains dans les écoles magyares: « Tant dans les écoles
secondaires que dans les écoles supérieures, la cause du faible chiffre
statistique des élèves roumains s’explique par le phénomène devenu
public que les jeunes minoritaires, ayant l’occasion de connaître
au cours de leurs années d’études la valeur plus haute de la culture
et de l’histoire magyares ( ?), même si l’origine de leur famille et le son
de leur nom les rattachent à telle nationalité, néanmoins ces jeunes
gens commencent à reconnaître avec amour ( ?) la langue hongroise
pour leur langue maternelle, afin de donner par là un fondement
à leur foi nationale envers le sol et l’État dans les cadres desquels,
en définitive, leur peuple, luttant et souffrant durant des siècles
à nos côtés, s’est fondu avec le Magyar organisateur d’État (!) ».
« Négligeons donc l’affirmation de « magyarisation forcée », car
le nombre très réduit des intellectuels appartenant aux nationalités
de Hongrie n’est que la conséquence non préméditée de la magya
risation des écoles secondaires des villes de province et de la vie
7
368 PETRE PETRINCA
VI
Les statistiques culturelles hongroises, fondées sur des estima
tions fausses (considérant par exemple, comme écoles minoritaires
roumaines, les anciennes écoles confessionnelles roumaines dont les
maîtres ont été remplacés par des maîtres magyars) ne présentent
qu’une situation illusoire et qui ne correspond pas du tout à l’état
misérable de l’instruction minoritaire roumaine de Hongrie. Or, ces
données mensongères, la Hongrie les fournit à l’étranger comme
une justification du régime minoritaire qu’elle a institué chez elle.
C’est d’après ces données que l’italien Enrico Aci Monfosca
après avoir affirmé qu’en Hongrie on ne saurait parler d’un pro
blème des minorités («A parlare quindi per l’Ungheria di una ques?
tioné di minoranze nazionali c’è quasi da non essere compresi» (!),
Sur le traitement infligé aux élèves roumains dans les écoles de Hongrie,
voir l’article: Cum sunt tratați Românii din Ungaria, paru dans le journal
« Neamul Românesc » du 4 novembre 1930.
7*
370 PETRE PETRINCA
’) Voir l’article: Frații noștri de sub Unguri. Viața Românilor din Ungaria.
Prigonirea legii și limbei românești. Fuga preoților și a învățătorilor, paru dans
«Cuvântul Liber», 30 mars 1930.
2) Au sujet de l’enseignement minoritaire roumain de Hongrie, on pourra
consulter aussi notre étude: Școala confesională a Românilor din Ungaria, parue
dans la « Gazeta Antirevizionistă », Nos. des 10 et 17 mars 1935.
QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA RÉFORME
AGRAIRE EN TRANSYLVANIE.
La réforme agraire de Transylvanie est, parmi les nécessités
sociales qui se sont imposées après le grand cataclysme européen,
une des plus importantes. Elle a été exigée par l’Assemblée du 1-er
décembre 1918 à Alba-Iulia où des milliers de paysans sont venus
de tous les coins de la Transylvanie pour décider de leur sort.
Ce pas décisif dans l’évolution de ces provinces au point de
vue agricole a son origine dans certains événements qui ont précédé
la Révolution de 1848 et dans d’autres qui se sont déroulés depuis
cette révolution jusqu’à nos jours. Il est donc nécessaire que nous
jetions un court regard en arrière.
La Révolution de 1848 brisa les chaînes du servage, elle trans
forma le paysan en homme libre et le déclara propriétàire du lot
« urbarial » *) inscrit en 1819—1820. Mais lors de cette inscription,
les nobles avaient réussi à induire les serfs en erreur: ils leur avaient
conseillé en effet de ne pas déclarer toute la terre qu’ils cultivaient,
pour la raison qu’ils auraient à payer de trop lourds impôts et des
charges de toutes sortes. En 1848 les paysans se sont vu exproprier
d’une partie des terres auxquelles ils avaient droit, tandis que les
nobles ont reçu des droits de propriété sur toutes les terres qui
n’avaient pas été inscrites dans le recensement de 1819—1820. Les
anciens serfs, spoliés de la sorte de leurs droits ancestraux, se sont
adressés à la justice, ce qui a donné naissance à une interminable
suite de procès.
Dans son livre « The Fate of Transylvanian Soil», Budapest,
1934, p. 24, M. N. Moricz, bien qu’il admette que l’inscription des
*) Ces données ont été recueillies par l’enquête que le Conseil dirigeant de
Transylvanie entreprit à l’époque encore trouble de l’après-guerre (1919). C’est
pourquoi elles ne sont pas tout à fait complètes, mais les chiffres se rapprochent
beaucoup de la vérité.
QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA RÉFORME AGRAIRE 375
No. 1
MINORITAIRE
SUPERFICIE EN HECTARES
No-2 TRANSYLVANIE
RÉPARTITION DELA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE
LA RÉFORME AGRAIRE
83 C-lOOha.
O audcssus de iOOha
8
384 JACQUES RUSU
s*
386 JACQUES RUSU
familiale, celles qui ont pour but d’exploiter les produits agricoles,
de procurer des machines ou des instruments et de rationaliser les
cultures, sont les formes de coopératives qui, par une éducation
appropriée, doivent être conseillées à la classe paysanne. Par la
coopération, la petite propriété paysanne peut s’assurer les avan
tages de la grande propriété. Et l’amélioration de l’existence du
paysan roumain assurera la prospérité de l’agriculture roumaine
tout en permettant un développetnent naturel des autres industries
nationales.
JACQUES RUSU
QUELQUES CONSIDÉRATIONS SUR LA RÉFORME AGRAIRE 389
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390 JACQUES RUSU
No. 4
TRANSYLVANIE ROUMANIE
LÉGENDE:
II
Son intense participation aux actes essentiels de la politique inter
nationale n’a pourtant pas épuisé toute sa puissance de travail: il a
encore trouvé du temps pour une série respectable de publications litté
raires et scientifiques, ainsi que pour les discours anti-revisionnistes
qu’il a prononcés au cours de l’année 1934, avec une admirable persévé
rance, dans de nombreux centres de Slovaquie et de Russie Subcarpa-
thique (Podkarpatska Rus) soulignant d’arguments décisifs, comme
ceux de la sécurité internationale et du maintien de la paix en Europe
centrale, le besoin impérieux pour la République tchécoslovaque de se
trouver dans le voisinage immédiat de la Roumanie. C’est à la même
occasion qu’il a rappelé que la solution apportée par le traité de Saint-
Germain n’est pas provisoire, comme beaucoup seraient portés à le
croire, mais véritablement définitive et que la jeune république saura
la défendre jusqu'à la dernière goutte de sang dès que les tendances révi
sionnistes tenteront de passer à l’action.
Fort de l’expérience acquise au cours de la guerre mondiale, lorsqu’il
eut l’occasion d’être à la meilleure école diplomatique, Édouard Bénès
a entendu mettre tous ces enseignements et ces connaissances variées
au service de la patrie retrouvée, afin de lui assurer le plus de possibilités
NOTES 395
III
de l’Académie Roumaine
Nous avons sous les yeux deux travaux qui s’occupent des frontières
de l’Etat roumain. L’un représente le point de vue de propagande poli
tique de l’écrivain Fr. d’Olay, qui a déjà publié de semblable ouvrages
dans d’autres domaines ; nous devons l’autre à M. Jacques Ancel, qui
fixe1) à la suite d’une analyse minutieuse l’aspect scientifique de ce
problème. Nous croyons qu’il y a intérêt à examiner les arguments ap
portés par les deux ouvrages sur des plans complètement opposés, car
de cet examen peut se dégager, comme une conclusion logique, la réalité
qui a trouvé son expression adéquate dans les traités de paix.
Comme ses autres ouvrages le travail de M. d’Olay — Les Frontières
de la Hongrie de Trianon, Budapest, 1935 — fait partie de cette masse
de volumes imprimés en Hongrie après la guerre pour convaincre « le
monde civilisé » de la nécessité d’une révision des traités de Trianon.
Cette brochure comprend 103 pages, entre lesquelles s’intercalent 35
esquisses de cartes destinées elles aussi à mettre en relief, comme dit
l’auteur, les injustices commises « par l’Occident civilisé en supprimant
d’un trait de plume, non seulement l’unité nationale et économique,
mais même l’unité géographique de la Hongrie — sans tenir compte
du principe souvent proclamé du droit des peuples à disposer eux-mêmes
de leur sort ».
9
400 NOTES
pour le motif que s’il n’y avait pas de frontière la population hongroise
n’aurait pas à souffrir de ce trafic. C’est précisément le fait que les syn
dicats de canalisation ont été créés par les Hongrois avant la guerre, qui
démontre que ces inondations sont des phénomènes d’ancienne date
qui ont précédé le défrichement des forêts des Monts Apuseni (Bihor
etc.), dont l’auteur nous accuse également. Il nous semble qu’il y a là
quelque contradiction.
M. d’Olay se plaint que 63% de la longueur totale des voies de com
munication de la Hongrie soit passé aux mains des Etats voisins ; or
il ne tient pas compte du fait que ce réseau a été suffisamment racheté,
non seulement par les impôts plus lourds et les prestations continuelles
fournis dans le passé par les minorités opprimées, mais encore par le
sang qu’elles ont versé pour la défense de la Hongrie contre tant d’in
vasions venues du Nord et de l’Est.
M. d’Olay ajoute que nous possédons injustement la partie du cours
du Danube qui traverse les Carpathes. Mais ce « chemin sans poussière »
est bordé sur ses rives, du cœur des Carpathes à la mer, d’une double
frange de villages roumains.
Pour donner plus de retentissement à son ouvrage, l’auteur a trouvé
bon de souligner une observation de M. Harold Nicolson, qui affirme
que la conférence préparatoire au traité de Trianon a déroulé ses travaux
« dans une atmosphère de mollesse, d’ennui, de négligence et de som
nolence » (p. 66) : que pouvons-nous répondre à de telles affirmations, si
visiblement dépourvues de sérieux?
Avec des matériaux médiocres, sur la base de principes et d’affir
mations erronés, il est paradoxal de vouloir, comme le fait M. d’Olay,
reconstruire, non pas même un bâtiment modeste, mais tout un empire
qui s’est effondré justement parce que les matériaux dont il était édifié
étaient par trop hétérogènes.
*
» *
9’
402 NOTES
Roumains Hongrois
(proportion pour 100 habitants)
Roumains Hongrois
(Augmentation naturelle par rapport
à 1.000 hab.)
Nous voyons ainsi que les Roumains s’accroissent trois fois plus que
les Hongrois et que dans la dernière année l’augmentation de ces derniers
est tombée à peu près à 0.
Cette différence si nette d’augmentation s’explique par le phéno
mène de la faible natalité et de la mortalité plus grande des Hongrois.
Voici les chiffres face à face en regard les uns des autres:
412 NOTES
io
416 COMPTES-RENDUS
montre les mesures prises par les autorités pour introduire la langue
hongroise comme langue officielle, mesures qui allaient jusqu’à demander
aux évêques roumains de rédiger les registres d’état-civil en hongrois.
Le règlement de l’emploi de cette langue dont il s’occupe ensuite met
en évidence de façon indiscutable l’intention nette de magyarisation.
On n’accordait de fonctions qu’à ceux qui connaissaient le hongrois.
Il cite même des cas où des prêtres qui avaient été nommés avant l’ap
plication de cette loi ont été révoqués parce qu’ils ne savaient pas le
hongrois. Quant aux autorités départementales, elles commencent à
s’ériger en facteur de contrôle des écoles roumaines. Les lois qui régle
mentaient l’emploi de la langue hongroise opéraient de concert avec
l’action de catholicisation de Vulcan ; elles renforcèrent l’élan de magya
risation du pays des Cris, étant donné que l’évêque encourageait dans
une certaine mesure la prédication en hongrois. En second lieu, l’auteur
traite de la situation de la Crișana au point de vue ecclésiastique et cul
turel. Il s’occupe d’abord des conflits qui se sont élevés entre les Hongrois
et les églises orientales, à propos de l’introduction du calendrier gré- 1
gorien. Il étudie ensuite en partie le rôle des communautés orthodoxes
d’Oradea dont l’activité intense a beaucoup contribué à affirmer le ca- ,
ractère roumain de ce département, où la question de l’emploi de la Ì
langue roumaine à l’église a été le plus vite résolue. L’auteur fait plus /
loin quelques remarques sur l’état du clergé diocésain, montrant la situa
tion matérielle très précaire où se trouvait au XVIII-ème siècle le dio
cèse d’Arad. L’évêque était entretenu par une « convention épiscopale »,
sorte d’impôt qui était payé par les communautés ecclésiastiques. En
outre, l’évêque percevait des taxes d’ordination. Les prêtres, de même,
devaient vivre d’impôts prélevés sur les fidèles et de contributions bé
névoles versées par ces mêmes fidèles en échange des services religieux
reçus. Il est vrai que Marie-Thérèse avait donné l’ordre aux grands pro
priétaires d’accorder des terres aux prêtres, mais bien peu nombreux
furent ceux qui exécutèrent cet ordre. D’après tout ce qui précède nous
pouvons voir quel grand contraste il y avait entre la situation maté
rielle de l’évêque d’Arad et celle de l’évêque d’Oradea, qui possédait des
domaines étendus et qui recevait en outre des subsides de l’Etat hon
grois, tant pour lui que pour ses prêtres. Cet état de misère où vivaient
nos prêtres a poussé certains d’entre eux à commettre des abus dans
la perception des taxes prélevées sur les fidèles, et nous connaissons des
cas où les autorités départementales sont intervenues en faveur des
fidèles, non pas dans l’intention de leur rendre justice mais dans celle
de les irriter contre leurs propres prêtres.
L’auteur parle ensuite de la culture et de la discipline du clergé diocé
sain, qui prirent dans cette province un élan assez vigoureux grâce à
fondation des écoles d’Arad.
Il n’oublie pas de montrer comment les difficultés de la vie des pay
sans ont été exploitées par la propagande catholique. Pour indiquer
le lien qui existe entre l’exploitation des serfs et cette politique de catho
licisation, l’auteur s’occupe en général de la situation des serfs en Hon
grie à cette époque. Tous les mécontentements des serfs, qui en 1784
COMPTES-RENDUS 417
10*
418 COMPTES-RENDUS
Une des parties les plus importantes de la présente étude est le cha
pitre IV, où il est question de la vie ecclésiastique, religieuse et morale
au temps de l’évêque Ghérasim Raț. Il envisage successivement la conduite
et l’organisation centrale du diocèse ; il parle de l’intronisation du nou
vel évêque et des visites canoniques de celui-ci ; du centre du diocèse,
où il nous montre comment était formé le Consistoire et de quelle ma
nière l’évêque chercha à le consolider en s’entourant d’un groupe d’hom
mes bien préparés. Puis il passe à l’administration externe : archiprêtres,
prêtres et diacres. Le recrutement des premiers se faisait avec soin et
selon une juste appréciation des études et de la personnalité du can
didat. Ceux-ci une fois nommés étaient fixés pour la vie, quelquefois
la fonction se transmettait de père en fils. Le choix se portait sur le can
didat connaissant le plus grand nombre possible de langues. L’auteur
parle en général des études que devaient faire ceux qui voulaient entrer
dans le clergé, il indique la manière suivant laquelle se faisait l’examen
d’admission qui précédait l’ordination. Il présente la situation maté
rielle du clergé et montre que le but de ceux qui étaient à la tête du diocèse
était d’améliorer autant que possible cette situation. Comme les paroisses
étaient inégales à tous les points de vue, elles furent réparties en trois
classes et les prêtres furent nommés dans le cadre de ces trois classes
suivant leur préparation et les études qu’ils avaient faites. L’auteur
parle encore de la vieille cathédrale du diocèse qui exista jusqu’en 1861,
du monastère de Hodoș-Bodrog et de ceux qui l’ont dirigé à cette épo
que, puis des chapelles et autres lieux de prière dont la majorité était
en bois et qui tous pour ainsi dire étaient l’œuvre de gens du peuple,
parfois même de prêtres.
Touchant la vie du clergé et des fidèles du diocèse, l’auteur relève que la
discipline dans le sein du clergé était quelque peu négligée ; c’est pour
quoi Ghérasim Raț, dès qu’il fut monté sur le siège épiscopal, voulut
faire quelque chose dans cette direction et distingua dans le clergé quel
ques éléments de valeur. Par malheur nous constatons à la même épo
que un grand nombre de cas où des mesures disciplinaires sont prises
contre des membres du clergé. L’évêque désirait que le clergé eût une
vie aussi exemplaire que possible et il voulut réprimer les abus ; c’est
ce qui ressort d’une circulaire du 7 février 1839 par laquelle il obligeait
les prêtres à éviter les cabarets, les maisons mal famées, les forçait à
porter l’habit ecclésiastique, etc.
En ce qui concerne la vie séculière du peuple, il veut également y
apporter une amélioration et prend d’abord des mesures contre l’ivro
gnerie. L’auteur termine cet important chapitre en évoquant des figures
de prêtres dignes par leur attitude d’être à l’honneur dans n’importe quel
livre d’histoire de l’église, et il souligne enfin la conscience et l’attitude
nationale et religieuse du peuple.
Dans un chapitre à part, il s’occupe du déclin mélancolique et
de la triste fin de Samuel Vulcan. Il nous présente d’abord la pro
pagande catholique entreprise dans le Banat, où elle ne gagna d’ail
leurs de terrain que parmi quelques éléments. Après avoir donné
une série d’exemples, il arrive à la conclusion que l’œuvre la plus
420 COMPTES-RENDUS
importante de Samuel Vulcan dans le Banat a été de semer parmi les frè
res la désunion et tous les maux qui en ont résulté. Les dernières années
de l’évêque Vulcan furent tristes, d’abord parce que la propagande ca
tholique commencée en 1834 avait dû être arrêtée par suite de l’oppo
sition du département d’Arad. Le 25 décembre 1839, il mourut à l’âge
de 81 ans. Le problème de la succession se pose immédiatement, parce
que la vacance devait être aussi courte que possible afin que le mouve
ment uniate parmi les Valaques (Roumains) se poursuivît sans inter
ruption. C’était là en effet le souci dominant de la hiérarchie catho
lique hongroise. En effet, pour le seul temps de la vacance, l’auteur enre
gistre plusieurs conflits entre les agissements de la propagande catho
lique et l’héroïque résistance orthodoxe.
Dans le dernier chapitre, l’auteur s’occupe des mouvements nationaux
dans l’église roumaine de cette époque. Il parle d’abord de Moïse Nicoară,
que le diocèse serbe envoya en exil, puis de l’instituteur Moïse Bota, de
l’activité de Diaconovici Loga et d’Alexandre Gavra. Il parle de la vie
scolaire et des difficultés qu’elle devait surmonter, il décrit l’action en
treprise pour faire reconnaître les droits de la langue roumaine, action
en tête laquelle se trouvait l’évêque Gherasim Raț lui-même, et il con
clut que de cette façon « on a posé les bases initiales du grand procès
national qui allait suivre: notre séparation hiérarchique d’avec les Ser
bes ». L’auteur s’arrête un moment aussi sur la question des bourses
accordées aux étudiants pauvres du diocèse d’Arad.
Parlant de la pétition de Ciacova, présentée par les Roumains du
Banat, il dit que « la conscience roumaine de cette province se réveillait
à la lumière des nécessités de la vie roumaine, dans les cadres naturels
et traditionnels de notre orthodoxie, qui seule pouvait la protéger de
façon sincère et permanente ». Il est certain que, de l’exposé de cette
attitude collective des Roumains du Banat, on peut retenir « que l’o
pinion publique du Banat était d’accord sur la nécessité d’ignorer les
voix mielleuses des sirènes catholicisantes et que les frictions nationales
avec les Serbes n’étaient pas un argument suffisant pour abandonner
la foi orthodoxe des aïeux ». En évitant le nouveau joug catholique,
« les Roumains de la Crișana et du Banat faisaient preuve d’une soli
darité religieuse et d’une culture nationale qui leur faisaient honneur
et rendaient service au pays ».
Quel était le milieu culturel où vivaient ces deux évêques? Le milieu
culturel de l’évêché d’Oradea était nourri du dogme catholique uni
versaliste, qui formait un clergé en danger de ne rien pouvoir produire
sur le terrain culturel roumain. En contraste, l’auteur nous présente
Damaschin Bojanca et Alexandre Gavra issus du centre purement rou
main d’Arad, qui détient dès lors la primauté culturelle. Il conclut:
« Un de ces évêques faisait du catholicisme, et par lui tout ce qui était
roumain se trouvait rabaissé ou devenait un instrument au service de la
conquête des âmes, dans le dessein d’augmenter la troupe hétéroclite
des catholiques de Hongrie..., tandis que l’autre donnait au dogme or
thodoxe l’importance traditionnelle qu’il avait toujours eue chez nous
et en faisait un moyen de résistance nationale ».
COMPTES-RENDUS 421
«Jeunes gens, vous organisez dans tout le pays des associations: dans
quel dessein? Pour changer les vieilles choses? Vous n’êtes pas les seuls.
Carbonari, chartistes, francs-maçons, jacobins s’efforcent tous vers le
même but. Il existe un « Jung-Deutschland » de même qu’il existe une
«Giovine Italia»: votre « Ifiju Magyaroszâg » n’en est que l’écho. Il se
peut que tous les autres aient raison. Mais la Hongrie, pourquoi veut-elle
se rajeunir? Les rénovateurs des pays étrangers, nous pouvons les com
prendre, leur but est clair: en éveillant la conscience nationale, forger une
fois pour toutes l’unité d’un pays aujourd’hui réduit en morceaux. Peut-
être atteindront-ils leur but. Mais le même but la Hongrie l’atteindra-t-elle,
si nous éveillons la conscience nationale endormie? Un autre sort qu’aux
autres peuples lui est réservé : le démembrement, en ses éléments composants,
d’un pays formé de parties hétérogènes. Regardez la carte du territoire :
comptez les comitats qui formeront le pays que vous rêvez, dessinez-lui ses
frontières et redoutez l’avenir que vous voulez lui forger. Prenez ensuite la
statistique et demandez-vous ce qu’il reste, ôté 9 de 14. Ce pays vivra
aussi longtemps qu’il dormira. Malheur à celui qui le tirera de son sommeil !
Nous sommes un coin de paradis au milieu de l’Europe. Nous existe
rons aussi longtemps que nous ne suivrons pas ses modes. Nos qualités
et nos privilèges rendent tout le monde égal ici, à l’intérieur. Le bien est
le bien pour tous, le mal est le mal pour tous, ici, à l’intérieur du pays.
Il n’existe pas de rivalité. La noblesse domine. Nous avons une seule
langue, qui ne protège personne mais qui ne provoque pas non plus.
C’est une langue classique: le latin. C’est la langue des lois, de la justice,
de l’école, de la liturgie, des facultés. A côté d’elle nos institutions nobiliaires
nous assurent la suprématie nationale. Sur le sol français, allemand,
italien la démocratie va produire une nation française, allemande, italienne :
sur le sol hongrois la démocratie formera de nouvelles nations étrangères et
nous engloutira. Et quels sujets de mécontentement le peuple a-t-il chez
nous ? L’impôt est faible ; sa terre est bonne. Les moeurs de ses ancêtres et
sa rude simplicité le gardent de la plaie des mauvaises mœurs de l’étranger.
Il est pauvre, mais il n’a pas de dettes. Son niveau n’est guère élevé:
il n’en tombera pas. Il ne se bat pas pour des lauriers, mais il n’est pas
vaincu. Il dort, mais il vit. Et vous voulez l’éveiller? Enfants que vous
êtes ! » x).
Tel est le dramatique tableau ■—■ ethnique, politique et spirituel —
d’un état médiéval de création artificielle que les historiens hongrois
s’entêtent à présenter aujourd’hui encore comme ayant été un état na
tional et magyar — un état qui, par son caractère féodal, ôtait le droit
de vivre à neuf millions d’individus appartenant aux nationalités, au
profit exclusif d’une noblesse recrutée dans les rangs des cinq millions de
Hongrois. « Si la vieille constitution féodale hongroise s’effondre, écrit M.
Komis, et avec elle la domination de la noblesse en grande majorité
hongroise, la masse des nationalités délivrées par le principe de la liberté
et de la démocratie menacera aussitôt d’oppression et de démembrement
1) Komis Gyula: Op. cit., t. II, pp. 211—212. (Les passages soulignés le sont
dans le texte original. N. a.).
COMPTES-RENDUS 427
1) Ibidem, p. 211.
2) Asztalos M.: Op. cit., p. 61.
3) Op. vit., p. 63.
4) Ibidem, p. 84.
428 COMPTES-RENDUS
’) Ibidem, p. 74.
2) Kemény Gy.: Op. cit., p. 22.
3) Op. cit., p. 88.
4) Ibid., p. 88.
COMPTES-RENDUS 429
h
432 NOS MORTS
Bien qu’ils fussent de situation assez aisée, dès que leur fils
Nicolas eut terminé l’école primaire de Saliste, craignant les dé
penses, ils ne lui ont pas laissé faire ses études secondaires
au lycée de Sibiu où leur fils aîné Jean avait terminé ses classes
pour devenir plus tard notaire à Gura Riului (le notaire Scurtu
des « Esquisses » de Virgile Onițiu) et ils l’ont envoyé se familia
riser avec le commerce dans le magasin de Matei Gligor à Sibiu.
Un an il est resté là, comme un oiseau en cage, mais il est enfin
parvenu à fléchir ses parents et à suivre lui aussi les 8 classes du
lycée pour s’inscrire, après les avoir terminées, au cours de
théologie du séminaire Andreian.
Nicolas Ivan s’est affirmé comme homme de devoir, comme
ami du progrès et comme Roumain d’une incontestable dignité au
cours d’une activité publique d’un demi siècle et plus. Il commença
sa carrière comme instituteur à Săliște pour la continuer ensuite
comme aumônier au pénitencier d’Ajud, comme protopope à Alba
Julia et Orăstie, comme rédacteur du «Télégraphe roumain»,
comme assesseur au consistoire, comme professeur de religion au
lycée d’Ëtat de Sibiu et la finir comme titulaire de l’évêché
d’Etienne le Grand enfin reconstitué. Il n’a jamais manqué à son
devoir, à lutter et à se sacrifier pour les intérêts publics auxquels il
a toujours subordonné ses intérêts particuliers.
Sa qualité principale a été son irrésistible penchant pour les
faits, sa soif inassouvie de créations, d’où sont sorties de nombreuses
initiatives et des réalisations qui perpétueront son nom tant parmi les
fidèles de l’archevêché de Sibiu que parmi ceux du diocèse de Cluj.
Ce fut une heure bénie et pleine de conséquences heureuses
que celle où arriva à Cluj, venant de Sibiu, l’assesseur Nicolas
Ivan, au cours de l’été 1919. Lui qui n’était venu qu’avec une
liasse d’actes administratifs, une table et deux chaises, il a réussi à
restaurer et à organiser avec une rapidité inouïe l’évêché orthodoxe
d’autrefois qui avait été emporté dans la tempête des premières
décades du 17-e siècle.
Le nombre des créations solides de ces 16 années de travail
intelligent et plein d’entrain est la preuve que dans les circons
tances d’alors l’homme le plus indiqué pour conduire cet évêché
ressuscité des cendres du passé ne pouvait être autre que cet
homme d’action : Nicolas Ivan.
Il a su remplir au mieux cette mission historique et au cours
de son activité il ne s’est jamais arrêté à mi-chemin.
il*
434 NOS MORTS
pour le bien duquel j’ai lutté sans cesse et à chaque heure du matin
au soir».
Le bien de l’évêque Ivan s’est trouvé relativement modeste,
car il n’était pas habitué à courir après des revenus dits
« stolare » ni à encaisser des taxes pour la bénédiction des églises
ou des prêtres. Il comprenait cependant qu’il devait représenter
l’église dominante dans le centre le plus difficile de Roumanie avec
toute la dignité d’un prince de l’église. Pour concilier de nombreuses
obligations pécuniaires avec sa dignité d’évêque, il n’économisait
pas, évitant de glisser sur la pente de l’avarice condamnable chez
tous les mortels et d’autant plus chez un haut représentant de
l’église.
Ce n’est pas d’après la somme d’argent qu’il sera jugé main
tenant et dans l’avenir mais sur l’importance de ses fondations
et selon l’idée chrétienne d’où est sorti le désir de l’évêque octo
génaire de rester en esprit avec son troupeau même après que
ses restes mortels auront été ensevelis dans le secret du tombeau.
Cette dernière volonté de l’évêque, les exécuteurs testamentaires
avec tous les membres du conseil de l’évêché ont le devoir de la
respecter dans les conditions les plus satisfaisantes. Il est à désirer
que la crosse tombée de la main de l’évêque Nicolas de Cluj, homme
puissant en actes et en paroles, ne soit confiée qu’à un homme doué
du même trésor spirituel de foi active et constante, décidé à
travailler sans cesse et à consacrer sa vie entière au service de
l’église et des fidèles.
I. LUPAȘ