Vos conseils avisés et votre aide ont su donner tout son intérêt à ce travail.
Merci pour votre aide, votre soutien et vos encouragements permanents, qui m’ont permis de
mener à bien ce travail.
2
TABLE DES MATIERES
I. EPIDEMIOLOGIE ...................................................................................................................6
A. PREVALENCE ET MORBIMORTALITE .............................................................................6
3
VIII. MODALITES DE PRISE EN CHARGE : MESURES DE PREVENTION ..................... 21
A. HYGIENE BUCCODENTAIRE ........................................................................................... 22
B. MESURES D’ALIMENTATION .......................................................................................... 22
C. REGIMES ALIMENTAIRES................................................................................................ 23
D. REEDUCATION .................................................................................................................. 24
E. MESURES D’URGENCE ..................................................................................................... 24
F. ALIMENTATION ARTIFICIELLE ...................................................................................... 26
B. METHODOLOGIE ............................................................................................................... 28
D. RESULTATS ........................................................................................................................ 33
1. DESCRIPTION DE LA POPULATION ETUDIEE ........................................................... 33
2. EVALUATION DE LA POPULATION A RISQUE DANS LES EHPAD......................... 33
3. EVALUATION DE LA DEMARCHE DIAGNOSTIQUE ................................................. 35
4. EVALUATION DES MODALITES DE PRISE EN CHARGE .......................................... 36
5. EVALUATION DES DIFFICULTES POUR LE RESPECT DES REGIMES .................... 36
E. DISCUSSION ....................................................................................................................... 37
4
INTRODUCTION
En effet, leur prévalence augmente avec l’âge et chez les sujets institutionnalisés,
pouvant atteindre jusqu’à 30 à 60%.(1)
Sa symptomatologie étant peu spécifique, le diagnostic est difficile, avec des causes
multiples, chez des sujets fragiles poly pathologiques.
Ces troubles sont cependant responsables de complications sévères tels que fausses routes,
pneumopathies d’inhalation et dénutrition, souvent responsables de mortalité en institution,
mais aussi d’un isolement social et d’une altération de la qualité de vie.
C’est pour tenter de répondre à ces interrogations, qu’une étude a été réalisée auprès de
27 EHPAD d’un groupe privé associatif à but non lucratif en région parisienne.
Le but étant d’évaluer les pratiques et de les comparer aux recommandations officielles.
L’objectif étant de mettre en évidence des axes d’amélioration pour une meilleure prise
en charge des troubles de la déglutition et d’augmenter ainsi le niveau de sécurité et
surtout de qualité de vie des résidents en EHPAD.
5
I. EPIDEMIOLOGIE
A. PREVALENCE ET MORBIMORTALITE
Les troubles de la déglutition se rencontrent fréquemment chez les personnes âgées et davan-
tage si celles-ci sont institutionnalisées. Bien que médecins gériatres et généralistes y soient
souvent confrontés, ces anomalies restent mal connues et insuffisamment pris en charge. Le
début est parfois insidieux sur plusieurs années et le patient peut avoir développé des
techniques compensatoires et masqué son problème à l’entourage.
Ces troubles sont alors souvent révélés par leurs manifestations les plus démonstratives:
fausse route, pneumonie d’inhalation, dénutrition protéino-calorique.
Il existe néanmoins des symptômes moins visibles dont la répercussion sur la qualité de vie et
l’état général de la personne ne sont pas à négliger.
Dans de nombreux cas, le diagnostic est difficile à établir et souvent posé de façon tardive. (2)
La prévalence des troubles de la déglutition dans la population âgée n’est pas connue avec
précision; les données disponibles divergent fortement d’une étude à l’autre. Cependant, leur
fréquence semble élevée et ce, davantage chez les patients souffrant d’états polypathologiques
et séjournant en maison de repos.
Citant différents auteurs, Greuillet et Couturier évoquent une prévalence allant de 12 à 68%
au sein de populations de personnes âgées institutionnalisées. Quant aux patients vivant au
domicile, une étude réalisée par questionnaire a révélé que 10 à 16% d’entre eux présentaient
des symptômes de dysphagie. (3)
Les troubles de déglutition sont donc fréquents et la prévalence augmente avec l’âge, de
9 % pour les sujets âgés de 65 à 74 ans vivants à domicile à 28 % après 85 ans.
En institution, elle atteint 30 à 60 %. (1)
Les troubles de la déglutition sont responsables de 4000 décès par an en France. (4)
II. DEFINITION
A. LA DEGLUTITION
Ensemble des actes qui assure le transport des aliments, des liquides, de la salive et des
mucosités nasales de la cavité buccale à l’estomac.
B. DYSPHAGIE
6
On définit un trouble de la déglutition comme « un trouble du transfert de la
nourriture de la bouche vers l’estomac en passant par le pharynx et l’œsophage. »
Cette difficulté à avaler peut parfois avoir des conséquences graves comme la fausse route
également appelée « fausse déglutition» qui peut amener à l’étouffement.
C. FAUSSE ROUTE
La Fausse Route se manifeste le plus souvent par une toux reflexe qui représente une tentative
d’expectoration. Le réflexe de toux permet d’expulser les aliments inhalés accidentellement,
c’est un mécanisme de protection des voies respiratoires.
Chez la personne âgée, ce réflexe perd de sa sensibilité, en effet, un grand nombre de fausses
routes sont « silencieuses » et passent inaperçues, avec une augmentation des risques
d’infections pulmonaires, qui peuvent, à long terme, engager le pronostic vital de la personne.
III. ANATOMIE
7
IV. PHYSIOLOGIE
A. 3 PHASES DE DEGLUTITION
La phase pharyngée se déclenche de façon réflexe lorsque le bol alimentaire atteint l’isthme
du gosier. Ainsi, les aliments sont transportés à travers le pharynx jusqu’au sphincter
supérieur de l’œsophage. La protection des voies aériennes est assurée par l’inhibition
respiratoire centrale et une série de mécanismes complexes: le voile du palais s’élève pour
fermer la partie nasale du pharynx, la racine de la langue recule pour protéger le larynx en
abaissant l’épiglotte, les cordes vocales et les bandes ventriculaires s’étant au préalable
refermées.
8
B. MODIFICATION DE LA DEGLUTITION AU COURS DU
VIELLISSEMENT : PRESBYPHAGIE
La dysphagie est communément associée à l’âge et pourtant les principales études concernant
les sujets âgés sains ne mettent pas en évidence une augmentation significative des troubles de
déglutition. Néanmoins, les processus physiologiques du vieillissement n’épargnent pas la
déglutition. Ils modifient l’ensemble des structures bucco-dentaires, pharyngées, laryngées et
œsophagiennes y participant. C’est ce que l’on appelle la presbyphagie.
Cette dernière présente des caractéristiques particulières : un allongement du temps oral, un
retard de déclenchement du réflexe de déglutition, une augmentation du seuil de sensibilité de
la toux, une diminution du péristaltisme pharyngé et des troubles de relaxation du sphincter
supérieur de l’œsophage. (2) (Tableau I)
Malgré ces modifications, la sécurité du temps oro-pharyngé ne semble pas compromise du
moins lorsque la personne est en bonne santé et relativement autonome. Ces changements
sont généralement bien compensés. Cependant, ils peuvent mettre le sujet âgé en difficulté
lorsqu’il est confronté à des sources d’agression multiples qui cumulent leurs effets. Lorsque
le potentiel de réserve du sujet âgé est altéré, alors apparaît une véritable dysphagie. C’est ce
qui explique une prévalence élevée chez les patients partiellement ou totalement dépendants,
poly déficients et institutionnalisés. (6)
Les modifications de la déglutition chez le sujet âgé sont donc dominées par le ralentissement
des phases buccales et pharyngées de la déglutition. Le vieillissement en lui-même peut
altérer la physiologie de la déglutition mais, ces modifications sont en général discrètes,
habituellement compensées et ont peu de conséquences chez le sujet âgé en bonne santé. En
revanche, elles modifient le potentiel de réserve du sujet âgé, qui risque de décompenser lors
d’une agression. (5)
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Tableau I. Modifications physiologiques de la déglutition au cours du vieillissement. (2)
1. Phase buccale
Trouble de l’habileté motrice, difficultés pour gérer les aliments dans l’assiette et les mettre
en bouche.
→ Augmentation de la durée du repas, réduction des prises alimentaires
Altération du goût (perte physiologique de 60% des bourgeons du goût) et de l’odorat
→ Modification du plaisir et de l’intérêt alimentaire.
Difficultés de mastication (édentation, vieillissement de l’articulation temporo-mandibulaire)
→ Préparation du bol alimentaire prend plus de temps pour un résultat moins homogène
Trouble de l’insalivation
→ Bol alimentaire moins homogène et pro- pulsion moins efficace
Invagination et trouble du tonus labial
→ Moins bon contrôle du bol en bouche, favorise le bavage
Perte de sensibilité linguale et diminution des mouvements antéro- postérieurs.
→ Stases buccales, moins bon contrôle en bouche, risque de fuites prématurées vers le
pharynx.
2. Phase pharyngée
Perte de sensibilité bucco-pharyngée, seuil de détection des stimuli plus élevé et donc retard
de déclenchement du réflexe de déglutition
→ Réflexe de toux déprimé, risque de fuite prématurée vers le pharynx.
Ossification des cartilages laryngés
→ Diminution de l’amplitude laryngée
Diminution du péristaltisme pharyngé
→ Diminution de la durée du transit, stases dans les vallécules et sinus piriformes
nécessitant des déglutitions multiples.
3. Phase œsophagienne
Trouble de la relaxation du sphincter supérieur de l’œsophage, trouble du péristaltisme
œsophagien
→ Sensation de blocage.
10
V. ETIOLOGIES ET PATHOLOGIES A RISQUE DE TROUBLES DE LA
DEGLUTTIION
Les troubles de la déglutition sont observés au stade initial chez 19 à 79% des AVC, ils
persistent chez un quart des malades dans les 6 mois après l’AVC.
Les pneumopathies d’inhalation représentent la 3eme cause de décès dans le premier mois
suivant l’AVC. Elles concernent 9% des patients dans la semaine suivant l’AVC et 20%
dans les 6 mois. Leurs fréquences augment avec l’âge des patients.
Les risques de bronchopneumonies chez les patients souffrant d’un accident vasculaire
cérébral sont sept fois plus élevés que dans la population générale et persistent à distance de
l’épisode aigu. (8, 9)
Parmi les malades Parkinsoniens avec troubles de la déglutition, 20 à 50℅ d’entre eux ont une
cachexie et des pneumopathies d’inhalation. (2)
11
mauvais contrôle lingual, oubli de déglutir, blocages alimentaires, reflexe de succion et
fausses routes. Les traitements peuvent majorer ces troubles. . Chez ces patients s’ajoutent des
troubles du comportement alimentaire. Très souvent, l’alimentation est assurée par un tiers, ce
qui majore encore les risques d’inhalation. (2)
Les troubles de la déglutition sont donc extrêmement fréquents chez les sujets déments en
institution.
B. PATHOLOGIES STOMATOLOGIQUES
Les sujets porteurs de dentiers complets amovibles ont une efficience masticatoire réduite de
30 à 75% par rapport aux sujets à dentition intacte.
En fait, la fonction salivaire est conservée chez le sujet en bonne santé mais son altération
relève de facteurs associés : médicaments, déshydratation, diabète, respiration bouche ouverte
…
L’hyposialie peut entrainer une dysgueusie, des glossodynies, des sialadenites, des
fissurations de la muqueuse buccale, une mauvaise haleine, des caries dentaires, des troubles
de la mastication et de la déglutition. (12)
Une hygiène buccale altérée est également un facteur de risque. Il faut savoir que les
personnes âgées ont une augmentation de la colonisation de l’oropharynx par des germes
pathogènes. Les inhalations de salive colonisée peuvent donc, à elles seules, provoquer une
bronchopneumonie. (2)
C. PATHOLOGIES ORL
12
D. PATHOLOGIES IATROGENES
- par xérostomie ou un défaut de production salivaire comme c’est le cas de tous les
traitements anticholinergiques (antihistaminiques, antidépresseurs tricycliques,
neuroleptiques, anti émétiques, agents contenant de l’atropine, anti diarrhéiques,
antiparkinsoniens et diurétiques…).
E. PATHOLOGIES GENERALES
13
Tableau II. Principales pathologies pouvant altérer la déglutition chez le sujet âgé. (12)
Affections neurologiques
Pathologies vasculaires cérébrales
Maladies de Parkinson et affections dégénératives apparentées
Maladie d’Alzheimer
Tumeur du SNC
Traumatismes crâniens
Sclérose latérale amyotrophique
Sclérose en plaque
Chorée de Huntington
Syndrome de Guillain Barré et neuropathies périphériques
Affections musculaires
Myasthénies
Myopathies
Poly myosites,
Affections ORL
Tumeur de la cavité buccale, pharynx, larynx, œsophage
Compression extrinsèque (thyroïde, adénopathies.)
Ostéophytes cervicaux compressifs
Diverticule de Zenker
Candidose oro-pharyngée
Pathologies iatrogènes
Suites chirurgicales ORL, vasculaires, rachidiennes, neurologiques…
Radiothérapies cervicale
Présence de matériel endoluminal ORL
Médicaments
Divers
Diabète
Dysthyroidies
Sarcoïdose
Amylose
Maladie de Whipple
Syndrome de Gougerot Sjogren et autres connectivites
Déshydratation, dénutrition
Affections psychiatriques
Fin de vie
14
F. CONSEQUENCES ET COMPLICATIONS DES TROUBLES DE LA
DEGLUTITION
- Les Dysphagies brutales ou Fausses Routes par inhalation de corps étrangers avec
tableau classique de pénétration, toux, dyspnée inspiratoire, cyanose et désaturation,
engageant au maximum le pronostic vital immédiat en provoquant un arrêt
respiratoire, une syncope et un décès. D’où l’importance de la manœuvre d’Heimlich
qui doit pouvoir être pratiquée par tous soignants.
Le bilan clinique (ORL, neurologique, diététique) est primordial pour faire le diagnostic
étiologique, identifier le type de la dysphagie, déterminer si l’alimentation orale est possible
et sous quelle forme et définir la rééducation adaptée.
Les procédés para cliniques d’évaluation (vidéo-fluorographie, naso-fibroscopie) sont utiles
pour aider à comprendre les mécanismes de la dysphagie afin d’adapter sa prise en charge.
(14)
15
A. SIGNES D’ALERTE
Ils peuvent être spécifiques aux troubles de la déglutition ou aspécifiques traduisant alors
un retentissement en amont sur l’alimentation et en aval sur l’état nutritionnel et/ou
respiratoire. (cf. Tableau III)
Les symptômes spécifiques sont : un bavage, des difficultés de mastication, des résidus
buccaux, une toux avant/pendant/après la déglutition, un reflux nasal, des modifications de
la voix (sons mouillés), des blocages «hauts» ou «bas», etc.
16
B. DIAGNOSTIC CLINIQUE
Le bilan clinique a pour but d’identifier le trouble de déglutition, d’en déterminer la cause et
de proposer des investigations complémentaires. (12)
1. INTERROGATOIRE
L’anamnèse permet de recueillir des informations sur les antécédents personnels, médicaux
et chirurgicaux du patient.
Elle se centrera particulièrement sur les affections neurologiques, oto-rhino-laryngologi-
ques, gastro-entérologiques et les éventuels traitements concomitants.
La nature du trouble sera appréciée par la recherche des symptômes, leur mode d’appari-
tion et leur évolution au cours du temps. (12)
2. EXAMEN CLINIQUE
L’examen clinique local, une attention particulière sera portée à l’examen de la sphère oro-
faciale. L’examen oro-facial comprend l’examen neurologique des paires crâniennes et
l’examen endobuccal. Ainsi, seront évaluées successivement : l’hygiène buccale (rechercher
une mycose, une édentation, une mauvaise adaptation du dentier…), la salivation, la motricité
et la sensibilité de la sphère bucco-faciale, les praxies bucco-faciales et la possibilité de
réaliser des actions volontaires telles qu’avaler sa salive ou tousser. Le degré d’ascension du
larynx et de l’os hyoïde est estimé à l’inspection et à la palpation du cartilage thyroïde au
cours de la déglutition. On peut explorer la perception d’un contact sur la paroi pharyngée,
dont l’abolition serait plus apte à prévoir le risque d’inhalation que celle du reflexe nauséeux.
La recherche du reflexe nauséeux et vélopalatin n’est d’aucune utilité pratique. L’examen
doit aussi évaluer la maitrise de la respiration, l’aptitude à maintenir une apnée, à réaliser une
toux et un raclement de gorge de façon volontaire. (12) (cf. Tableau IV)
17
Tableau IV. Examen clinique d’un patient ayant une dysphagie. (12)
Antécédents à rechercher
Chirurgie et radiothérapie cervicales
Neurochirurgie
Intubation trachéale
Maladie neuromusculaire
Maladie de système
Traitements par corticoïdes, benzodiazépines, neuroleptiques
Enquête alimentaire
Habitudes et exclusions alimentaires
Compensations volontaires
Anorexie
Mode d’alimentation, entérale (SNG, gastrostomie, jejunostomie) parentérale, mixte
Signes de dénutrition : poids, perte de poids « à – derniers mois, IMC, albuminémie, MNA
Examen oro-facial
Examen de la cavité buccale : candidose, érosions, gingivites, état dentaire, prothèse
dentaires, xérostomie, stase salivaire, hygiène buccodentaire…
Examen neurologique : apraxie buccolinguofaciale, amyotrophie, fasciculation, dystonie,
dyskinésie, déficit moteur sensitif ou sensoriel, ophtalmoplégie, ptosis, bavage, fatigabilité
musculaire...
Etude de la phonation et de l’articulation : dysarthrie, dysphonie…
Examen de la déglutition aux liquides et solides
Capacité de déglutition sur commande
Contrôle volontaire de la déglutition
Délai d’initiation de la phase orale et pharyngée
Toux, dysphonie ou dyspnée à la déglutition
Régurgitations orales ou nasales
Résidu buccal
Fuite labiale du bolus
Amplitude d’élévation du larynx
18
LES TEST AU VERRE D’EAU
Si les conditions de sécurité sont suffisantes (bon état d’éveil, réflexe de toux efficace,
installation correcte du patient et matériel d’aspiration disponible), le bilan se termine
généralement par l’évaluation d’essais alimentaires.
Le patient doit déglutir des volumes croissants de textures variées (eau, crème, solide).
Un test facilement réalisable est le «test à l’eau». Il consiste en l’ingestion d’un verre
d’eau de 90 ml, sans interruption. Le test est considéré comme positif, avec haute suspicion
d’inhalation lorsqu’ un phénomène de toux pendant la manœuvre ou dans la minute
suivante est observé ou lorsque la voix du patient est altérée (voix mouillée).
Ce test est rapide et identifie 80% des patients qui inhalent lors de l’examen par vidéo-
radioscopie. (15)
Ce test ne diagnostique pas les inhalations silencieuses, fréquentes chez le sujet âgé,
puisque, la moitié des inhalations constatées lors d’examens endoscopiques ou
radiologiques ne déclenchent pas de toux.
Ce test à l’eau est intégré dans le « test de capacité fonctionnelle de Guatterie », qui
consiste à faire boire successivement 4 cuillerées (2ml) d’eau plate et à augmenter les
volumes de chaque prise (4, 8, 50ml) si il n’y a pas de fausse route jusqu’à la boisson au
verre. (16)
ECHELLES CLINIQUES
19
C. EXAMENS COMPLEMENTAIRES
Si l’examen clinique permet d’analyser aisément la phase orale, il rencontre plusieurs limites
à la phase pharyngo-œsophagienne qui n’est pas accessible à l’oeil nu. Selon certains auteurs,
l’examen clinique au chevet du patient serait insuffisant pour prédire les inhalations.
Plus précisément, il ne détecterait qu’un tiers des patients qui font des fausses routes avec
pénétration laryngée lors des examens complémentaires. Dans certains cas, il est donc
intéressant de compléter le bilan clinique par un examen para clinique. (18).
D’une manière non spécifique, il comporte un bilan biologique nutritionnel, une évaluation
de la fonction respiratoire, un examen de l’œsophage et de l’estomac, un scanner cérébral, une
radiologie du thorax complétée éventuellement par un scanner thoracique.
- L’examen vidéo-radioscopique, est un examen non invasif qui analyse de façon dynamique
les 3 phases de la déglutition. Il se déroule sur une table de radiographie. Le patient non à
jeun, est en position assise, verticalisé et doit avaler quand on le lui demande une quantité pré-
cise de bolus radio-opaque. Il nécessite donc un bon niveau de vigilance et de coopération du
patient. Un enregistrement est réalisé et permet d’analyser les séquences au ralenti. On
obtient ainsi une étude biomécanique permettant de déterminer les mécanismes phy-
siopathologiques
Cette technique connaît néanmoins plusieurs limites. La première étant que l’interprétation
des images est difficile et nécessite un opérateur expérimenté. La seconde étant inhérent à la
condition des patients gériatriques qui ne peuvent pas tenir assis ou qui présentent des trou-
bles cognitifs trop importants pour savoir avaler à la commande. Enfin, le danger d’inhalation
de baryte n’est pas négligeable. Cette technique est indiquée lorsque le diagnostic d’un
trouble de déglutition sur dysphagie oro-pharyngée est suspecté, pour préciser le mécanisme
et pour évaluer l’effet d’une position, d’une manœuvre ou d’une modification de texture ou
d’un traitement de rééducation.
Les explorations fonctionnelles les plus utilisées et les plus informatives sont les essais de
déglutition sous naso-fibroscope et l’examen vidéo-radioscopique.
Il n’y a que peu de place pour des traitements médico-chirurgicaux qui sont spécifiques à cer-
taines pathologies comme le diverticule de Zenker ou le reflux gastro-œsophagien.
21
Le kinésithérapeute gère la fonction respiratoire. Par diverses techniques (aspiration,
aérosolthérapie, drainage), il réalise un désencombrement bronchique. Parfois, il intervient
au niveau postural en améliorant la tenue de la tête et du tronc.
L’ergothérapeute veille à l’utilisation optimale des acquis rééducatifs dans la gestion
des actes de la vie journalière ou la compensation des déficits par des aides techniques
adaptées.
Le diététicien adapte le régime alimentaire par rapport aux consignes médicales et
logopédiques, mais aussi au goût du patient et se rend compte de la faisabilité de ceux-ci en
institution.
Le psychologue décèle un éventuel syndrome dépressif réactionnel, s’assure de
l’acception de la maladie et de l’intégration du patient dans son entourage.
Pour qu’elle soit efficace, cette prise en charge doit être réalisée en collaboration avec l’entou-
rage, la famille et le personnel de l’institution dans lequel réside la personne. Une information
claire et précise doit être fournie afin que l’évolution du trouble et les éventuelles
complications puissent être appréhendées. (2)
A. HYGIENE BUCCODENTAIRE
Les soins dentaires visent à maintenir le plus de paires fonctionnelles de dents naturelles.
Importance aussi de l’entretien des prothèses dentaires et des traitements des mycoses ou
gingivites…(2)
B. MESURES D’ALIMENTATION
MESURES GENERALES
Pour aider et accompagner une personne présentant des troubles de la déglutition, plusieurs
paramètres sont à prendre en compte selon notamment les recommandations HAS, Mobiqual,
PNNS et les bonnes pratiques de soins en EHPAD. (13, 19, 20, 21) (cf. Tableau VI)
22
TECHNIQUES COMPENSATOIRES
Procédés visant à pallier les déficiences des mécanismes de la déglutition normale en fonction
des explorations video-fluoroscopiques.
C. REGIMES ALIMENTAIRES
Les modifications qualitatives des aliments visent à modifier les propriétés cohésives et
rhéologiques du bolus en modifiant la texture des aliments. Le choix de la texture découle des
données cliniques, un suivi est indispensable, avec réajustement selon l’évolution. (13)
(cf. Tableau VI)
Tableau VI. Conseils pour l’alimentation de personnes âgées présentant des troubles de
la déglutition, d’après Jacquot et al. 2001 (13)
Environnement
Donner une information claire et précise au malade et à l’entourage.
Expliquer les gestes d’urgence face à une fausse route (manoeuvre de Heimlich).
Éviter la télévision, la radio, les conversations durant les repas.
Installation
Position assise ou semi-assise.
Légère flexion de la tête en avant : elle aide à mieux protéger les voies respiratoires.
En cas d’atteinte unilatérale, la rotation de la tête du côté paralysé permet de déglutir du côté
sain.
Si une aide est nécessaire, elle doit être assise à la hauteur du patient pour ne pas lui faire
lever la tête.
Alimentation
Éviter l’alimentation orale en cas de fatigue.
S’attacher à préserver ou à restaurer la capacité d’auto-alimentation
Fractionner les repas en 5 prises quotidiennes avec collations dans la matinée et dans l’après-
midi.
Proposer de petites bouchées.
Mesures associées
Pour faciliter la prise des médicaments, si possible les faire prendre avec un yaourt, compote...
Aliments
Adapter les aliments pour pallier les difficultés de mastication et faciliter le passage des
aliments dans la filière oro-pharyngée.
Soigner la présentation des aliments.
23
Tableau VI. Conseils pour l’alimentation de personnes âgées présentant des troubles de
la déglutition, d’après Jacquot et al. 2001 (13) suite
Diététique Variété et adaptation des repas
Adapter la texture, coupé fin, mouliné, mixé (à ce stade, le but est d’obtenir une texture
homogène et sans grumeaux).
Préférer des préparations bien froides ou chaudes qui stimulent la déglutition.
Favoriser les plats avec un goût prononcé, qui permet d’activer les phénomènes de salivation,
mastication et déglutition et de stimuler l’appétit.
Favoriser épices, poivre, bouquet garni, saveurs acides et salées (sécrétion salivaire fluide).
Limiter les saveurs sucrées et lactées (sécrétion salivaire plus épaisse).
Éviter les aliments secs glissant mal dans la bouche ; utiliser des corps gras pour rendre les
préparations plus onctueuses (et plus goûteuses) : sauces, beurre, crème.
Éviter les aliments solides dispersibles en bouche ou à texture granulée : pain, biscottes,
biscuits secs, semoule, petits pois, pomme de terre, etc.
Éviter les aliments filandreux ou à texture enveloppante : poireaux, carottes râpées, salsifis,
céleri, bas morceau de bœuf ou de veau, etc.
Favoriser les textures homogènes, lisses, suffisamment liées pour éviter un émiettage dans la
cavité buccale : flans, mousses, terrines.
Éviter la monotonie, source de lassitude et de perte d’appétit avec risque de carences ou
d’apports inappropriés : rendre les plats appétissants en jouant avec les couleurs, la
présentation, varier les recettes, aromatiser les plats.
D. REEDUCATION
E. MESURES D’URGENCE
Isoler si possible le malade des autres patients. Dégager les voies aériennes. Aspiration
trachéale répétée si hyper salivation. Oxygénothérapie (5 l/min). Canule de Guedel et position
latérale de sécurité (si troubles de la conscience ou vomissements).
24
Lorsque le patient est conscient
– Claques dorsales : se positionner à côté du patient, mettre une main à plat sur la poitrine et
pencher le tronc en avant ; appliquer de fortes claques dorsales (5 ou plus) entre les
omoplates.
– En cas d’échec, le mieux est d’appliquer la manœuvre de Heimlich ou compressions
abdominales : Le principe est d’exercer une forte pression de bas en haut sur la région
épigastrique afin de chasser violemment l’air intra thoracique et d’entraîner ainsi l’expulsion
d’un corps étranger trachéal ou laryngé.
Après cinq tentatives inefficaces, faire une nouvelle série de cinq claques dorsales.
ASSIS
– se placer derrière le patient, genoux fléchis pour être à la bonne hauteur.
ALITÉ
– allonger le patient sur le lit
– le tourner sur le côté
– pratiquer la manœuvre.
AU SOL
– mettre le patient sur le dos
– mettre un poing au creux de l’estomac
– placer l’autre main sur la première
– appuyer fortement vers le haut
25
F. ALIMENTATION ARTIFICIELLE
La nutrition entérale sera indiquée si les mesures citées ci-dessus sont insuffisantes.
Elle devra être débutée d’autant plus rapidement qu’il existe une dénutrition, une situation
hypercatabolique,ou que la dysphagie a peu de chance d’évoluer rapidement et favorablement.
Elle a pour objectif d’éviter les complications nutritionnelles et respiratoires. Une prescription
adaptée en terme d’apports calorico-azotés et le respect des bonnes pratiques permettent, le
plus souvent, de répondre à cet objectif.
Dans de nombreuses pathologies, et dès lors que les troubles de déglutition persistent au-delà
de un mois, la nutrition entérale est réalisée de préférence par une gastrostomie. (13)
Cette décision soulève des interrogations d’ordre éthique chez les patients incapables de
donner leur consentement éclairé.
L’alimentation par sonde est en effet associée à une importante morbidité chez le sujet âgé
dément et à une mortalité à court et moyen terme.
La GPE ne modifie pas la qualité de vie des déments ni leur survie et n’est pas recommandée
par le consensus français sur la démence sévère de 2005.
Les malades dysphagiques après AVC pourraient tirer davantage de bénéfices de la GPE. (12)
Selon les recommandations de l’ESPEN 2006, les mesures préconisées en cas de troubles de
la déglutition sont : (23)
_ chez les sujets âgés avec troubles de la déglutition sévères, il est recommandé de mettre
en place une prise en charge nutritionnelle (par compléments nutritionnels oraux ou
alimentation entérale par sonde) pour assurer les apports nutritionnels et ainsi maintenir
ou améliorer le statut nutritionnel ;
_ chez les malades avec troubles de la déglutition, la prévention des pneumopathies
d’inhalation par la nutrition entérale par sonde n’est pas prouvée ;
_ chez les malades âgés avec troubles de la déglutition d’origine neurologique sévères, la
prise en charge doit être initiée le plus précocement possible ;
_ chez les malades âgés avec troubles de la déglutition d’origine neurologique, il est
recommandé d’associer à la prise en charge nutritionnelle une rééducation intensive de
la déglutition jusqu’à ce que l’apport oral spontané soit suffisant ;
_ chez les malades âgés avec troubles de la déglutition d’origine neurologique, il est
recommandé d’utiliser plutôt la gastrostomie que la sonde naso-gastrique pour une
alimentation entérale au long cours, car elle est associée à moins d’échec de la prise en
charge et à un meilleur statut nutritionnel.
26
VIII. ETUDE : PRISE EN CHARGE DES TROUBLES DE LA DEGLUTITION EN
EHPAD
Nous constatons que les sujets âgés institutionnalisés sont à risque de troubles de la
déglutition.
Or ils ont des conséquences potentiellement graves sur l’état nutritionnel, avec de plus
des infections respiratoires et de façon plus aigüe des fausses routes.
Plus globalement, ils ont un retentissement social, psychologique et sur la qualité de vie
des résidents.
Les médecins coordonnateurs, ont un rôle de prévention essentiel, car ils sont confrontés
à une population ayant des pathologies à risque de troubles de déglutition.
C’est pour tenter de répondre à ces interrogations que nous avons mené cette enquête.
Ce questionnaire a donc pour but d’évaluer les modalités de prise en charge des troubles
de la déglutition par les médecins coordonnateurs et les difficultés rencontrées en
EHPAD.
Ces données seront par la suite comparées aux recommandations existantes sur ce sujet,
afin d’en retirer une conduite à tenir pour une meilleure prise en charge nutritionnelle.
27
B. METHODOLOGIE
CHOIX DE LA METHODE :
Le but de cette étude a été d’évaluer de manière descriptive, les pratiques professionnelles
des médecins coordonnateurs sur les troubles de la déglutition et les difficultés rencontrées en
EHPAD par l’intermédiaire d’un questionnaire.
Nous avons utilisé la liste des 27 EHPAD d’un groupe privé associatif à but non lucratif
sur Paris et région parisienne.
Cette association (loi 1901) est un acteur majeur en matière de gestion de structures pour
personnes âgées et un des plus anciens depuis 1964.
Parmi les 27 EHPAD, 18 disposent d’une unité de vie protégée pour personnes désorientées et
1 structure exclusivement réservée aux personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ou de
pathologies apparentées.
Pour évaluer la population à risque de troubles de déglutition, nous avons utilisé des
questions directives avec un choix de pourcentage.
Pour évaluer la démarche diagnostique des médecins coordonnateurs ainsi que les modalités
de prise en charge des troubles de déglutition, nous avons utilisé des questions fermées,
28
synthétiques, pour faciliter les réponses et diminuer le temps du questionnaire (10 minutes
maximum) et pour avoir une appréciation globale des pratiques.
Pour cela, nous nous sommes rapporté aux dernières « Recommandations HAS sur la prise
en charge en cas de dénutrition chez la personne âgée », ainsi que sur « Les bonnes
pratiques de soins en EHPAD de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie », en
les adaptant à notre problématique.
29
C. QUESTIONNAIRE SUR LES TROUBLES DE LA DEGLUTITION
1. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION
A. NOMBRE DE RESIDENTS DE L’ EHPAD
o Moins de 70
o Entre 70 et 100
o Plus de 100
B. MOYENNE D’AGE DES RESIDENTS DE L’EHPAD
o Moins de 75 ans
o Entre 75 et 85 ans
o Plus de 85 ans
C. GIR MOYEN PONDERE DE L’EHPAD
o Moins de 650
o Entre 650 et 700
o Plus de 700
30
B. DES PNEUMOPATHIES D’INHALATION
o Moins de 10%
o Entre 10 et 20%
o Plus de 20%
31
11. AVEZ-VOUS UNE ORGANISATION EN SALLE A MANGER PERMETTANT
D’IDENTIFIER LES RESIDENTS A RISQUE DE TROUBLES DE
DEGLUTITION (2 salles ou 2 services différents, des tables différentes, un plan de table
avec la notification des résidents à risque…)
o Oui
o Non
32
D. RESULTATS
Plus de la moitié des EHPAD interrogés (60%) ont des résidents d’âge
moyen supérieur à 85 ans, 30℅ ont entre 75 et 85 ans et il n’y a que 10%
qui ont moins de 75 ans.
La moitié des EHPAD interrogés ont un GMP entre 650 et 700, mais
35% ont un GMP supérieur à 700, contre 15% seulement avec un GMP
inferieur à 650.
33
- Résidents ayant une nutrition entérale :
Les pathologies à risques sont déclarées êtres très fréquentes chez les
résidents des EHPAD interrogés.
34
- Résidents ayant présenté des pneumopathies d’inhalation :
Les Dentistes interviennent dans 70% des cas, alors que les
Orthophonistes et Kinésithérapeutes interviennent dans la moitié des
cas (50%) et les Diététiciennes dans 40% des cas seulement.
35
4. EVALUATION DES MODALITES DE PRISE EN CHARGE
Difficultés rencontrées pour le respect des régimes dans 20% des cas
avec les soignants, dans 30% des cas avec les résidents et leurs familles,
et dans 40% des cas avec les équipes de ménage et de restauration.
36
E. DISCUSSION
On peut regretter l’absence d’échange direct, qui aurait pu être obtenu lors d’un entretien
avec le médecin coordonnateur, au cours duquel le questionnaire aurait pu être rempli.
Cela aurait pu permettre une meilleure compréhension des questions et des réponses plus
détaillées ou des réflexions supplémentaires.
De plus on peut noter le choix des questions fermées, qui a été fait pour faciliter les réponses
et raccourcir le temps du questionnaire, mais qui peut limiter les réponses données.
Par ailleurs les réponses obtenues, émanent plus d’un ressentie que d’un calcul précis du
médecin coordonnateur ou de l’infirmière coordinatrice, concernant les chiffres demandés sur
les caractéristiques de la population de leurs EHPAD et ceux concernant l’année écoulait.
Cela donne un aperçu approximatif des taux de prise en charge des troubles de la déglutition.
Les Biais de mesure et d’analyse ont été par contre limités par ce choix de questions
fermées.
37
Des précisions, sur les modalités de prise en charge en pratique, sur la qualité et la quantité de
matériel disponible, sur l’actualisation des listings et leur mode d’identification, sur le type
d’organisation en salle avec le nombre de soignants en fonction du nombre de résidents, ainsi
que sur le type de problèmes rencontrés pour le respect des régimes en fonction des différents
interlocuteurs, auraient pu compléter notre questionnaire.
Près d’un quart des EHPAD interrogés n’ont pas répondu. Sans parler de refus, la non-
participation à notre étude est de (26 %).
- Un manque de soignants et de moyens sur l’EHPAD pour prendre en charge les troubles
de la déglutition.
- ou, plus généralement, le mode d’envoi du questionnaire par email qui a pu ne pas susciter
d’implication suffisante pour l’obtention de réponses.
Le taux de participation à notre enquête est donc plus faible que celui escompté..
Ceci est responsable de la taille de l’échantillon de notre étude. Cette dernière permet d’avoir
des premiers résultats reflétant l’état des pratiques des médecins coordonnateurs. Elle
consiste donc en une étude préliminaire. Une étude complémentaire de plus grande ampleur,
serait nécessaire pour confirmer ou infirmer nos résultats.
38
2. ANALYSE DES RESULTATS ET COMPARAISON AVEC LES
RECOMMANDATIONS
- Les sujets de notre enquête ont un âge moyen de plus de 85 ans pour
60℅ des EHPAD interrogés, avec 30℅ des EHPAD qui ont des résidents
d’âge moyen entre 75 et 85 ans et que 10℅ des EHPAD qui ont des
résidents de moins de 75 ans.
Ces chiffres sont corrélés avec l’âge moyen dans les EHPAD fin 2007 selon l’anesm, qui
était de 84 ans et 9 mois, avec 14℅ de résidents de moins de 75 ans et 52℅ de résidents
de plus de 85 ans. (25)
- Le GMP se situe entre 650 et 700 pour la moitié des EHPAD de notre
enquête, avec 35℅ des EHPAD qui ont un GMP élevé supérieur à 700 et
seulement 15℅ des EHPAD qui ont un GMP à moins de 650.
Ces taux sont comparables à l’évaluation du niveau de dépendance des résidents des
EHPAD selon l’observatoire des EHPAD de Janvier 2013, avec un GMP moyen de 662,
dont 38℅ d’EHPAD entre 600 et 700 de GMP, 36℅ avec un GMP supérieur à 700 et
26℅ des EHPAD avec un GMP inferieur à 600. (24)
Le GMP moyen des EHPAD de notre étude est donc élevé ce qui donne un aperçu du
niveau de dépendance des résidents pris en charge.
Or on sait que le risque de troubles de la déglutition augmente avec l’âge mais que l’âge à lui
seul ne compromet pas la sécurité de la déglutition. En l’absence de comorbidités, les
modifications de la déglutition sont lentes et peu pénalisantes même à un âge très avancé.
Des études ont montré effectivement qu’il n’y avait pas d’augmentation significative du
risque d’aspiration chez les personnes âgées comparées à des adultes jeunes en l’absence
39
de pathologies associées. De même des travaux ont montré que le réflexe de toux n’était
pas affecté par l’âge.
Les résidents de nos EHPAD, le plus souvent poly pathologiques, sont donc à haut risque
de troubles de déglutition. (26)
En effet, on sait qu’à domicile la prévalence de la dysphagie est estimée entre 8 et 15%,
et qu’elle peut atteindre entre 30 à 40% voire 60% en institution. (1)
Cela met en évidence le fait que les troubles de la déglutition sont souvent sous évalués, ce
qui est probablement le cas dans notre échantillon.
- Très peu de résidents en EHPAD ont une nutrition entérale, 100 % des
EHPAD interrogés ont répondu qu’elles comptaient moins de 10% de
résidents avec une nutrition entérale, 60% d’entre eux ont précisé
n’avoir même aucun résident alimenté par nutrition enterale.
Cela peut s’expliquer par le fait que la prise en charge des résidents ayant une nutrition
entérale n’est pas réalisable dans certains EHPAD ( du fait des complications potentielles
et surtout de l’absence d’ide la nuit ) et qu’ils sont donc plutôt hospitalisés en Unité de Soins
de Longue Durée ou en Soins de Suite et de Réadaptation, ce qui sous-évalue le résultat.
Soit parce que, comme l’indique les recommandations de l’HAS, le recours à la nutrition
enterale doit être fait en deuxième intention, après échec des autres prise en charges
(régimes avec modification de textures, rééducation…) et dans des pathologies bien
40
déterminées (avec peu de chances d’évolution favorable de la dysphagie) et si la dysphagie
persiste au-delà de 1 mois. (1)
Une forte proportion de pathologies neurologiques est donc retrouvée chez les résidents de
nos EHPAD.
Cela révèle le fort taux de résidents à risque de troubles de déglutition dans nos EHPAD
puisque les maladies cérébro-vasculaires et dégénératives neurologiques sont les
principales causes de dysphagie chez la personne âgée.
En effet, les AVC sont responsables de 40 à 70% des troubles de déglutition. (2)
Pour les démences, les troubles de la déglutition sont présents presque constamment,
mais sont sous-estimés et souvent ignorés. (27) Plus souvent que les troubles de la
déglutition chez ces sujets déments, ce sont les troubles du comportement alimentaire qui
posent problème (absence de déglutition, oubli de déglutir, difficulté pour la prise de
liquides, mouvements archaïques de succion…) avec les conséquences de l’alimentation
causée par un tiers (volume inadapté, rythme trop rapide, accumulation d’aliments dans la
bouche…) et les traitements sédatifs qui aggravent la situation. (28)
41
Résidents ayant des traitements à risque de troubles de déglutition ((Neuroleptiques,
Benzodiazépines, Hypnotiques, Anti cholinergiques…) :
Ce résultat est sous-évalué par rapport à la forte proportion de résidents ayant des
traitements potentiellement à risque dans les EHPAD.
Cela peut révéler une méconnaissance des nombreux traitements aux mécanismes
d’actions divers, pouvant être responsables directement ou indirectement de troubles de
déglutition. (4)
Que ce soit par une xérostomie ou un défaut de production salivaire comme c’est le cas de
tous les traitements anticholinergiques (antihistaminiques, antidépresseurs tricycliques,
neuroleptiques, anti émétiques, agents contenant de l’atropine, anti diarrhéiques,
antiparkinsoniens et diurétiques…).
Que ce soit par sècheresse buccale ou candidoses oro-pharyngées comme tous les traitements
inhalés (décongestionnants ORL, vasoconstricteurs, corticoïdes, mucolytiques ou
fluidifiants…).
Ou encore par altération ou dépression du système nerveux central et du niveau de vigilance
(benzodiazépines, anticonvulsivants, antipsychotiques, opiacés, lithium…).
On compte aussi des traitements agissant sur le sphincter inferieur de l’œsophage et
provoquant un reflux gastro œsophagien (théophylline, dérivés nitrés, inhibiteurs calciques…)
ou provoquant une œsophagite (antiinflammatoires non stéroïdiens, corticoïdes,…). (4)
Ce taux important de fausses routes souligne à quel point les symptômes des troubles de la
déglutition peuvent passer inaperçus et se révéler à l’occasion d’une complication aigue tel
que la fausse route.
D’où l’importance du dépistage pour limiter ces complications aigues le plus souvent
mortelles.
42
Résidents ayant présenté des pneumopathies d’inhalation :
Ce résultat est probablement sous-estimé, car cette complication clinique peut être difficile à
appréhender, avec une symptomatologie souvent atypique soulevant des problèmes de
diagnostic différentiel et de plus, cette pathologie peut être difficilement rattachable aux
troubles de la déglutition.
L’incidence de ces infections pulmonaires augmente avec l’âge avec un risque six fois
plus grand chez les sujets de plus de 75 ans que chez les moins de 60 ans, ainsi que chez
les sujets institutionnalisés. (4)
Les risques de bronchopneumonie chez les patients souffrant d’un accident vasculaire
cérébral sont sept fois plus élevés que dans la population générale et persistent à distance de
l’épisode aigu. (8, 9)
Parmi les malades parkinsoniens avec troubles de la déglutition, 20 à 50℅ d’entre eux ont
une cachexie et des pneumopathies d’inhalation. (2)
43
c) EVALUATION DE LA DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
On note une place modérée accordée au diagnostic clinique ainsi qu’aux consultations de
spécialistes.
En effet, après le repérage et le signalement, le plus souvent par les soignants des signes
d’alerte, il est essentiel de réaliser un interrogatoire détaillé puis un examen clinique à la
recherche d’un trouble de la déglutition.
Cet interrogatoire doit pouvoir être fait en collaboration avec le résident, mais aussi les
soignants. Il a une valeur diagnostique mais aussi d’élaboration d’un projet thérapeutique en
fonction des attentes du résident et des possibilités de l’EHPAD.
Puis, l’examen clinique est réalisé sans prise alimentaire dans un premier temps (examen
de la sphère facio-bucco-linguale, la recherche de reflexes anormaux et l’analyse de la salive
et de l’état buccodentaire). (4)
Puis l’examen clinique est réalisé en situation d’essai aux liquides et aux solides, ce sont
les tests de réalimentation. C’est le principe du « 3 Oz water swallow test », le plus
réalisé. Il consiste en la boisson sans interruption de 90 ml d’eau, avec un test évocateur si le
patient tousse dans la minute qui suit le test ou à la voie mouillée. Ce test a une sensibilité de
75% à 95% en fonction du volume de la fausse route en analyse conjointe avec la
vidéoscopie. (15) Ainsi que le test à l’eau adapté par M. Guatterie, qui consiste à faire
boire successivement 4 cuillerées (2ml) d’eau plate et à augmenter les volumes de chaque
prise (4, 8, 50ml) si il n’y a pas de fausse route jusqu’à la boisson au verre. (16)
Les tests de déglutition sont donc un moyen simple de détection systématique parmi la
population à risque permettant de mettre en œuvre des mesures thérapeutiques
adaptées.
Les tests mixtes sont les plus intéressants, associant symptômes suspects et test de
réalimentation. Leur spécificité et leur spécificité peut atteindre 95%.
44
Réalisation d’examens complémentaires (Vidéographie, Transit oeso pharyngé,
Endoscopie…) :
Or ces examens n’ont leur intérêt que lorsque le bilan clinique est peu contributif, pour
confirmer ou infirmer le trouble, préciser le mécanisme et valider les attitudes thérapeutiques.
Si le diagnostic clinique est évident, ils perdent de leur utilité.
Il parait donc important de renforcer un travail coordonné déjà engagé, impliquant tous les
acteurs de santé, rassemblés autour d’un objectif adaptatif ou réadaptatif avec un rôle de
rééducation, d’information et d’éducation du malade.
45
d) EVALUATION DES MODALITES DE PRISE EN CHARGE
Les résultats sont variables d’une résidence à une autre, en fonction des moyens financiers
et humains alloués et de la sensibilité de l’établissement par rapport à ce risque, ainsi que du
projet de soin concernant les troubles de la déglutition.
Certaines mesures devraient être obligatoires, avec une variabilité sur les modalités
d’application de ces règles en fonction des particularités de chaque résidence.
Sachant que l’on peut émettre des préconisations, mais qu’il n’y a pas de réponse ou de
modèle type que l’on puisse systématiser.
- On peut noter que dans 80% des cas il existe du matériel adapté.
Cependant ce listing doit être effectif, actualisé, personnalisé, associé à un plan de table,
affiché, facilement consultable, diffusé à toutes les équipes, avec des mesures d’identification
pour permettre aux soignants et IDE intérimaires de repérer les résidents à risque.
Le type d’organisation en salle à manger doit être précisé et pensé pour assurer la sécurité des
résidents, cependant elle est souvent dépendante de contraintes architecturales et du roulement
ainsi que de l’effectif du personnel soignant.
L’organisation doit aussi comprendre les petits déjeuners, les gouters, les plateaux en
chambre…
La qualité de cet encadrement par l’équipe d’ide et de soignant est dépendante de plusieurs
facteurs : du nombre de soignants par rapport au nombre de résidents, mais aussi de leur
information et leur connaissance des résidents à risque, ou encore de leur formation pour la
46
détection des signes d’alarme en faveur de troubles de la déglutition ainsi que pour les gestes
d’urgence en cas de fausses routes.
Les protocoles doivent être actualisés, accessibles, mis à la disposition de toutes les équipes,
consultables facilement et surtout présentés et portés à la connaissance des différentes équipes
de façon régulière et répétée.
- Des formations sont réalisées auprès des équipes soignantes dans 60%
des cas, mais auprès des équipes de ménage et de restauration dans
seulement 10% des cas.
Ces formations doivent faire partie d’un planning de formation à réitérer régulièrement et lors
de changements dans les équipes soignantes. Des formations sous forme de jeux de rôle ou
d’ateliers pratiques interactifs, peuvent être aussi intéressantes et plus attractifs pour
sensibiliser et apprendre les gestes d’urgence aux soignants.
De plus, des efforts sont à mener concernant les formations des équipes de cuisine et de
ménage en rendant ces formations obligatoires et en déterminant qui devrait être
responsable de ces dernières (le médecin coordonnateur de l’EHPAD ou les prestataires de
restauration et de ménage eux-mêmes).
Sachant que toutes les personnes amenées à intervenir sur des sujets âgées dépendants
devraient avoir une initiation portant sur les signes d’alerte, sur les risques encourus et
sur les mesures d’urgence en fonction des situations qu’ils peuvent rencontrer dans leurs
pratiques quotidiennes, étant régulièrement en contact direct ou indirect avec des
résidents potentiellement à risque. (13, 19, 20, 21) (cf. Tableau VI)
47
e) EVALUATION DES DIFFICULTES POUR LE RESPECT DES
REGIMES
Se pose alors le problème des résidents qui refusent parfois leur régime.
Pour les familles, des brochures d’information pourraient permettre de les sensibiliser à ce
problème, afin qu’ils participent avec le reste de l’équipe, à une prise en charge univoque. Car
eux aussi sont divisés entre respecter certaines évictions alimentaires pour la sécurité de leurs
parents et réaliser quelques écarts pour leur conserver un de leurs derniers plaisirs qui est
l’alimentation.
D’où l’importance d’un travail en équipe associant résidents, soignants et familles, pour
élaborer conjointement un projet de soin et de vie personnalisé, qui répondrait aux souhaits
et aux besoins du résident, mais aussi aux moyens et aux capacités de l’EHPAD.
-40% des EHPAD interrogés déclarent avoir des difficultés avec les
équipes de ménage et de restauration, alors que pour les soignants ce
chiffre diminue à 20%.
Cela confirme ce qui a été développé plus haut concernant les efforts à réaliser pour former
tous les intervenants en EHPAD, afin de sensibiliser tous ces personnels en liens directs avec
les résidents à risque des troubles de la déglutition et d’obtenir une prise en charge univoque
et homogène au service du résident. (13, 19, 20, 21) (cf. Tableau VI)
48
F. PROBLEMATIQUE ET PERSPECTIVES D’AVENIR
Tout au long de notre enquête, nous avons pu constater que les médecins
coordonnateurs sont confrontés à la problématique des troubles de la déglutition, avec
une population âgée institutionnalisée poly pathologique de plus en plus à risque.
Ce constat peut être expliquer par différents facteurs, que ce soit des problèmes de
moyens financiers et humains de l’EHPAD, des difficultés organisationnelles, ou le manque
de temps de présence du médecin coordonnateur et des autres professionnels intervenant sur
l’EHPAD, ainsi que le défaut de sensibilisation de l’ensemble du personnel de l’EHPAD à ce
risque et plus largement des résidents et de leurs familles.
C’est le rôle du médecin coordonnateur d’organiser une prise en charge globale et une
intervention pluridisciplinaire autour des troubles de la déglutition, avec le
développement d’un réseau et une formation de l’ensemble du personnel de l’EHPAD.
Elle seule permettrait de lutter activement contre les complications aigues, fausses routes,
pneumopathies et dénutrition et de maintenir une qualité de vie en préservant le plaisir de
manger des sujets âgés.
En premier lieu, il serait prioritaire de dépister les personnes à risque (par la connaissance
des signes d’alerte par les soignants, ainsi que par un signalement précoce à l’équipe
médicale des sujets à risque à travers des fiches d’évaluation).
Par la suite un diagnostic clinique et para clinique systématisé pour les sujets à risque
serait essentiel, avec l’intervention de spécialistes et le développement d’un réseau (ORL,
Orthophoniste, Kinésithérapeute, Ergothérapeute, Diététicienne…).
De plus une adaptation des régimes et du matériel spécialisé devrait être organisée par la
diététicienne et l’ergothérapeute.
49
soignants mais aussi surtout de restauration et de ménage) ainsi que des résidents et de
leurs familles, à travers des brochures d’information sur les troubles de la déglutition.
Et puisque manger est un des seuls actes de la vie quotidienne qui lie à la fois nécessité
vitale et plaisir, le fait de le préserver et de le sécuriser contribuerait au mieux-être de
notre population âgée institutionnalisée.
50
CONCLUSION
Les résultats de notre étude sont corrélés aux constats suivants : Les troubles de la
déglutition représentent un problème fréquent et multifactoriel, concernant
prioritairement une population à risque âgée et institutionnalisée, avec de graves
conséquences morbides notamment nutritionnelles et infectieuses ainsi qu’un
retentissement sur la qualité de vie des résidents.
Paradoxalement, la prise en charge de ces troubles est encore insuffisamment intégrée
dans le soin gériatrique, avec une symptomatologie souvent méconnue, ils sont peu dépistés,
diagnostiqués, explorés et traités.
Or l’enjeu de la prévention des troubles de la déglutition est d’importance.
Selon les recommandations, il devrait y avoir un dépistage systématique des personnes à
risque par des procédés cliniques accessibles à la pratique courante (interrogatoire et
examen clinique détaillé). Ce dépistage devrait être complété par des investigations
complémentaires, pour guider les choix thérapeutiques. Des stratégies devraient reposer
sur des techniques de compensation (régimes alimentaires) ou des méthodes de
rééducation. (12)
51
BIBLIOGRAPHIE
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Gériatrie, 2005, 1, 39-46.
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aspects épidémiologiques. Presse Med 2001 ; 30 : 1623-1634.
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52
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(22) Rédaction Prescrire. Faire face à une asphyxie par corps étranger. Rev Prescrire
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(24) Observatoire des EHPAD, Janvier 2013, Direction Nationale Sociale et Solidaire
KPMG.
(26) Veyrune JL et coll : Effets du vieillissement sur les structures et les fonctions
orales. La revue de Gériatrie 2004 ; 29 : 51-60.
53
RESUME
Force est de constater que les troubles de la déglutition représentent une affection de la
population âgée institutionnalisée, aux conséquences morbides. Face à ce problème, le
médecin coordonnateur à un rôle de prévention et de prise en charge de ce risque.
L’objectif de notre étude a été d’évaluer, par l’intermédiaire d’un questionnaire, l’état
des pratiques professionnelles et de les comparer aux recommandations officielles, afin
de définir des axes d’amélioration. Ceci en étudiant 27 EHPAD d’un groupe privé
associatif, comprenant moins de 70 résidents pour 50℅ des EHPAD interrogés, d’âge
moyen supérieur à 85 ans pour 60℅ d’entre eux et de GIR Moyen Pondéré entre 650 et
700 pour la moitié des EHPAD de notre enquête.
80℅ des EHPAD interrogés déclarent avoir moins de 30℅ de résidents présentant des
troubles de déglutition. 60% déclarent avoir plus de 50℅ de résidents ayant des
pathologies à risque de troubles de la déglutition et 50℅ évaluent la présence de
traitements à risque chez moins de 30℅ de leur résidents. La moitié des EHPAD de
notre enquête déclarent avoir entre 10 et 20% d’épisodes de fausses routes, 80℅
évaluent à moins de 10℅ le taux de pneumopathies d’inhalation.
Ces résultats montrent une sous-estimation du risque de troubles de déglutition et de
complications infectieuses inhérentes à ces troubles. Ces pourcentages peuvent être
expliqués par un dépistage clinique faible, puisque 10% des EHPAD réalisent un
examen clinique, 20% un examen ORL et 40% des examens complémentaires, avec un
taux d’interventions de 40% de diététiciennes, 50% d’orthophonistes ou de
kinésithérapeutes, et 70% de dentistes. Ces résultats vont à l’encontre des
recommandations de l’HAS qui préconisent une approche multidisciplinaire, avec dépistage
clinique prioritaire et para clinique si besoin. (1). Cependant, les moyens dont disposent les
EHPAD pour la prévention des troubles de la déglutition sont conséquents avec 80% de
matériel adapté, 100% de listing de résidents à risque, 80% d’organisation en salle de
restaurant, 100% de présence de soignant pendant les repas et 90% de protocoles
existant. Un défaut de formation peut être relevé pour 40% des soignants mais surtout
pour 90℅ des équipes de restauration et de ménage. Le médecin coordonnateur est
confronté à des difficultés pour le respect des régimes avec les soignants dans 20% des
cas, avec les familles et les résidents dans 30%, et surtout avec les équipes de
restauration dans 40%. Au vu de ces résultats, il apparait essentiel d’optimiser la prise en
charge des troubles de la déglutition en définissant une démarche systématisée, globale et
coordonnée en équipe pluridisciplinaire de ce problème nutritionnel.
Cette prise en charge permettrait de placer le médecin coordonnateur au centre d’un de
ses rôles prioritaires concernant la prévention, de plus, l’investissement et l’intervention
de tous les acteurs de l’EHPAD, permettrait de répondre à ce problème de santé
publique et d’obtenir une plus grande sécurité et surtout une meilleure qualité de vie
pour nos sujets âgés en institution.
54