Communiqué
de
presse
conjoint
ALCS
–
AMDH
–
ITPC-‐MENA
:
Casablanca
le
13
mai
2020
Les
génériqueurs
nationaux
interdits
par
le
laboratoire
américain
GILEAD
de
produire
les
traitements
anti-‐COVID-‐19
:
Les
associations
appellent
au
recours
aux
licences
d’office
Le
12
mai
2020,
le
laboratoire
américain
Gilead
a
annoncé
avoir
accordé
des
licences
volontaires
à
cinq
génériqueurs
d’Inde
et
du
Pakistan
pour
produire
et
vendre
des
versions
génériques
de
son
médicament
remdesevir
actuellement
testé
contre
le
COVID-‐19 1 .
De
fait,
les
génériqueurs
marocains
ne
pourront
pas
produire
localement
le
médicament
s’il
s’avère
efficace,
d’autant
plus
que
ce
dernier
est
protégé
dans
notre
pays
par
un
brevet
d’invention
au
moins
jusqu’en
2031.
L’ALCS,
l’AMDH
et
ITPC-‐MENA
demandent
au
gouvernement
marocain
l’émission
de
licences
d’office
sur
tous
les
médicaments
et
technologies
susceptibles
de
traiter
le
COVID-‐19.
«
Même
si
le
Maroc
figure
parmi
les
pays
pouvant
être
approvisionnés
par
cette
licence,
la
décision
de
Gilead
n’est
pas
une
bonne
nouvelle
pour
notre
pays,
a
déclaré
Dr
Othoman
Mellouk,
expert
en
propriété
intellectuelle
et
de
l'accès
aux
médicaments
et
fondateur
d’ITPC-‐MENA.Si
les
essais
du
remdesevir
s’avèrent
concluants,
une
riposte
nationale
efficace
contre
la
pandémie
nécessitera
une
production
locale.
La
dépendance
de
sources
étrangères
d’approvisionnement
en
temps
de
crise
sanitaire
mondiale
ne
se
fera
pas
sans
problèmes
comme
on
l’a
vu
avec
les
saisies
de
produits
de
santé
en
transit
dans
de
nombreux
pays,
ou
encore
avec
les
masques
de
protection…
Ce
qui
nous
a
sauvé
et
qui
a
hissé
le
Maroc
au
rang
d’exemple
à
suivre
c’est
que
nous
avons
été
rapides
à
produire
ce
dont
nous
avions
besoin
localement
».
Développé
par
Gilead
initialement
contre
le
virus
d’Ebola,
leremdesevirest
aujourd’huiégalement
testé
contre
le
COVID-‐19.
Au
Maroc,
ce
médicament
est
protégé
par
un
brevet
(MA35665)accordé
par
l’OMPIC,
qui
expire
en
2031.
Un
autre
brevet
abusif
visant
à
prolonger
la
durée
de
protection
a
également
été
déposé
par
Gilead
et
est
actuellement
en
cours
d’examen
(EP16770866).
Si
ce
dernier
est
accordé,la
durée
de
protection
sera
étendue
jusqu’en
2036.
Certes,
l’obtention
d’un
brevet
garantit
au
détenteur
le
monopole
sur
le
marché
jusqu’à
expiration,
cependant
le
gouvernement
ale
droit,
conformément
aux
accords
internationaux
(flexibilités
de
l’accord
ADPIC
de
l’OMC
1https://www.gilead.com/purpose/advancing-global-health/covid-19/voluntary-licensing-agreements-for-
remdesivir
confirmées
par
la
déclaration
de
Doha
par
les
pays
membres)
et
à
la
loi
nationale,
de
suspendre
cette
protection
pour
des
raisons
de
santé
publique
et
d’autoriser
une
production
nationale.
C’est
ce
qu’on
appelle
les«
licences
d’office
».
«
Nous
demandons
au
gouvernement
d’appliquer
immédiatement
l’article
67
de
Loi
n°17-‐
97
relative
à
la
propriété
industrielle
relatif
aux
licences
d’office
au
brevet
du
remdesevir,
mais
également
à
tous
les
produits
de
santé
(médicaments,
tests,
technologies)
susceptibles
d’être
nécessaires
à
la
riposte
au
COVID-‐19.
Cette
mesure
permettra
à
l’industrie
nationale
de
se
préparer
pour
répondre
aux
besoins
nationaux
en
temps
et
en
heure
»,
a
déclaré
le
Pr
Mehdi
Karkouri,
président
de
l’ALCS.
En effet, l’article67 de cette loi prévoit l’octroi de « licences d’office » pour des produits
pharmaceutiques à travers un acte administratif, à la demande de l’autorité en charge de la
santé publique. Cette disposition s’applique lorsque des médicaments ne sont pas disponibles
en « quantit é́ ou quali té́ suffisantes » sur le marché, ou parce que le prix est « anormalement
éleév́ ». Il est à noter, qu’aucune négociation avec le détenteur du brevet n’est requise pour de
telles licences. Cette disposition de loi permet de répondre aux besoins nationaux mais peut
également êtreutilisée dans le but d’exporter des médicaments dans des pays qui n’ont pas les
capacités de production suffisantes. Ainsi, le Maroc pourrait venir en aide auxplusieurs pays
qui sont exclus de la licence de Gilead, pour beaucoup même en l’absence de brevet.
L’industrie nationale pourrait également bénéficier d’un marché plus large contribuant à des
prix plus abordables.Les trois associations invitent également les sociétés qui fabriquent des
médicaments génériques marocains à assumer leurs responsabilités et à démontrer leur sens
national face à cette pandémie mondiale.
«
Dès
que
les
résultats
des
différents
essais
cliniques
en
cours
seront
confirmés,
la
demande
mondiale
sur
les
médicaments
avérés
efficaces
va
exploser.
Il
est
peu
probable
que
cinq
génériqueurs
puissent
répondre
seuls
à
une
telle
demande.
Qu’est
ce
qui
garantit
que
le
Maroc
sera
priorisé
?
Quels
prix
seront
imposés
au
Maroc
?
Que
se
passera-‐t-‐il
si
un
pays
producteur
ou
de
transit
décide
de
réquisitionner
toute
la
production
pour
répondre
d’abord
à
ses
besoins
internes
comme
a
fait
l’Inde
en
mars
dernier
?
Notre
pays
doit
se
préparer
à
tous
les
scenarios
et
faire
usage
de
tous
les
instruments
légaux
dont
il
dispose
pour
ne
pas
être
pris
de
court
»,
a
conclu
Dr.
Aziz
Ghalile
président
de
l’AMDH.
Contacts
presse
:
Aissam
HAJJI,
Chargé
de
plaidoyer
de
l’Association
pour
l’accès
au
traitement(ITPC-‐
MENA)
:
aissam.hajji@itpcmena.org,
Tel
:
0661993587
Moulay
Ahmed
DOURAIDI,
Responsable
de
plaidoyer
et
droits
humains
à
l'ALCS
:
doura3s2@gmail.com,
Tel
:
0655511362
Aziz
RHALI,
Président
de
l’Association
Marocaine
des
droits
Humains
(AMDH)
:
aziz_rhali@yahoo.fr,
Tel
:
0661041264