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Fermentation, salaison et déshydratation ont été les principaux moyens de conservation de nos
aliments pendant des millénaires, jusqu’à l’invention de l’appertisation, de la pasteurisation,
de la réfrigération et de la congélation au siècle dernier. Méthodes anciennes et savoir-faire
ancestraux, un temps jetés aux oubliettes de la modernité, reviennent aujourd’hui sur le devant
de la scène grâce à leur simplicité et à leur efficacité.
Le principe :
L’appellation « lacto-fermentation » fait référence aux ferments lactiques activés par le plus
traditionnel des agents de conservation : le sel. Ce minéral essentiel à la vie sélectionne les
bactéries bénéfiques qui préservent les aliments et élimine les pathogènes responsables du
pourrissement. Les ferments lactiques se développent en anaérobie, dans le liquide de
fermentation (saumure ou jus), en se nourrissant des glucides présents dans les végétaux et les
transformant en acide lactique. Le liquide devient de plus en plus acide, prenant la saveur du
vinaigre et lorsqu’il atteint l’acidité idéale (PH 4), les bactéries lactiques sont elles-mêmes
inhibées et la préparation se stabilise pour une (très) longue conservation.
Les bénéfices :
À la différence des bocaux appertisés (bouillis) de nos grand-mères où le bacille toxique du
botulisme est susceptible de se développer en cas d’erreur de cuisson, la lacto-fermentation ne
présente aucun danger pour la santé. Ce procédé sans cuisson conserve les vitamines d’origine
des aliments et les enrichit d’enzymes, de minéraux et de pro-biotiques bénéfiques pour notre
flore intestinale et notre immunité. Les Japonais et les Sud-Coréens, célèbres pour leur régime
alimentaire sain et équilibré, en consomment quotidiennement sous forme de condiments
(pickles, kimchi – voir ma recette plus bas).
Tous types de légumes frais (à l’exception des pommes de terre), si possible sans
pesticides.
Des épices et aromatiques, selon la saison et l’inspiration.
Du sel naturel (sel gris de mer par exemple), non raffiné, ni iodé ni fluoré.
De l’eau sans chlore : eau de source ou eau du robinet filtrée (ou au moins décantée :
laisser une heure à l’air dans un récipient ouvert, le chlore s’évapore).
Des bocaux en verre (de préférence à joint en caoutchouc type Le Parfait qui assurent
un résultat idéal). À défaut, les bocaux de confiture ou de cornichons avec couvercle
en métal à vis peuvent faire l’affaire, mais il faut les surveiller pendant la semaine de
fermentation et les risques de moisissures en surface, voire d’échec du processus, sont
plus importants.
Une planche à découper.
Un couteau d’office.
Une râpe.
Une bouteille en verre (pour concocter la saumure).
Une brosse à légumes.
Une balance de cuisine.
La mise en bocal :
1. Laver et passer les bocaux à l’eau bouillante.
2. Rincer et brosser les légumes rapidement sans les éplucher – sauf si leur peau est trop
dure pour être consommée –, une bonne partie des ferments et des vitamines sont sur
la peau.
3. Couper fin ou râper les légumes selon la texture et l’aspect souhaités, puis les tasser
dans le bocal. Si vous préparez différents légumes, vous pouvez les mélanger avant la
mise en bocal ou bien superposer les couches. Bien tasser en tout cas pour chasser l’air
au maximum.
La phase de salage :
Le plus simple est de couvrir les légumes tassés dans le bocal avec de la saumure. Pour
obtenir celle-ci, dissoudre dans la bouteille en verre 30 grammes de sel naturel (environ trois
cuillères à soupe rases) dans 1 litre d’eau.
Une seconde méthode, utilisée pour la choucroute et le coleslaw (voir mes recettes plus bas),
consiste à saler directement : c’est alors le jus des légumes que le sel fait dégorger qui servira
de liquide de conservation. Le dosage dans ce cas est de 10 grammes de sel pour 1 kilo de
légumes préparés et il faut impérativement peser les légumes et le sel pour que les proportions
soient respectées. Légumes et sel sont malaxés avant de tasser le mélange dans le bocal.
Le stockage :
Pour la bonne gestion du stock, qui peut grossir rapidement si on prend goût à cette méthode
en saison d’abondance végétale, il s’avère utile de marquer la date de préparation et le nom
des légumes utilisés avec un feutre permanent sur le bocal.
Un bocal annoté. Photo:
Laurence de Bodinat.
La fermentation s’accomplit en huit à quinze jours : on attend donc au moins deux semaines
avant de consommer sa préparation qui peut se conserver plusieurs années.
Dégustation :
À l’ouverture du bocal, un agréable parfum acidulé indique la réussite de la préparation. Au
cas – très rare – où la fermentation aurait mal tourné, une mauvaise odeur le signale
immédiatement.
Une fois ouvert, le bocal est conservé au frigidaire et reste consommable pendant plusieurs
mois à condition de prélever les portions de service avec un ustensile propre et de tasser le
mélange restant dans son jus à l’intérieur du bocal. Pour la bonne conservation des lacto-
fermentations entamées, ce qui a été sorti du bocal ne doit pas être remis dedans.
Recettes diverses :
Quand on aborde cette technique ancestrale et intuitive, tout un univers culinaire savoureux,
créatif et coloré s’ouvre à nous. Je suggère de commencer par du classique : choux et légumes
racines [carotte, panais, betterave, navet, radis… N.DL.R.].
Betteraves & navets. ©L.deBodinat.
Une fois que vous aurez réussi et dégusté vos premières préparations et assimilé les principes
de base de ce procédé, vous pourrez laisser libre cours à votre imagination et créer vos
propres recettes avec les légumes de saison que vous achetez ou récoltez.
La betterave et le chou rouge donnent une belle couleur pourpre au jus et aux autres légumes
– les navets rosiront à leur contact par exemple. Les légumes feuilles (épinards, chou kale,
têtes d’orties…) et les fleurs comestibles (violettes, capucines, bourrache…) peuvent
parfaitement être intégrés aux mélanges.
Ma recette de choucroute
Chou, sel. Couper fin un chou vert ou rouge (on peut utiliser pour cela un éplucheur
avec lame horizontale), bien tasser dans le bocal et couvrir de saumure. Variante :
peser le chou coupé fin, ajouter 10 grammes de sel pour un kilo de chou, malaxer et
tasser dans le bocal en s’assurant que le jus couvre le chou.
Ma recette de kimchi
Chou chinois (variante chou rouge), piment frais et en poudre, ail, gingembre, radis
noir carotte. Couper le chou chinois, le piment et le gingembre en morceaux, éplucher
les gousses d’ail et les laisser entière, ajouter éventuellement carottes, radis noir,
poireaux en morceaux, mélanger et saupoudrer de piment en poudre (une à trois
petites cuillères selon le degré de piquant souhaité) en mélangeant avec des gants ou
une cuillère. Tasser dans le bocal et couvrir de saumure.
Ma recette de coleslaw
©L.deBodinat.
Conclusion : la lacto-fermentation est un jeu d’enfant qui peut être pratiqué par les gourmands
de 7 à 77 ans. Elle permet une infinité de combinaisons de saveurs et de couleurs. C’est selon
moi le moyen idéal de conserver le meilleur des légumes de saison pour le reste de l’année, de
dynamiser sa santé et de faire pétiller ses papilles. Santé !
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1er mercredi du mois. Bonne nouvelle, c’est gratuit et sans engagement !
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À propos de l’auteur
LAURENCE DE BODINAT
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29 novembre 2019
24 septembre 2019
1.
👏 Merci pour cette info (oubliée, c’est vrai).. Mais c’est valable que pour les légumes!
Alors pour une conservation similaire des fruits, par quoi peut-on remplacer le sel?
Merci d’avance
Martine Demorieux Tekaye
Répondre 11
Laurence le 26 avril 2020 13 h 12 min
Sur le blog ni cru ni cuit, j’ai trouvé cette page pour les fruits :
https://nicrunicuit.com/category/faire/fermenter/fruits/