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Université Jean-Monnet Licence LEA 2011-12

Sem. 1 (automne) « Grammaire française »


Les constituants immédiats (CI) de la phrase simple
3. La fonction Sujet
3.1. Sujet et notions voisines
Ne pas confondre la fonction Sujet (S) avec
— le rôle sémantique d’agent (« celui qui fait l’action ») : — le rôle informationnel de thème de la phrase :
Ce livre a été brûlé par des fanatiques. Pendant les vacances, il part habituellement à la montagne.
(Ce livre = sujet, mais ce sont des fanatiques qui font l’action.) Le sujet est il, mais pendant les vacances représente le
Ce stade va accueillir le prochain concert de Johnny. thème de la phrase (ce dont elle parle), part
habituellement à la montagne étant le prédicat (l’apport
Ce stade = sujet, mais ce constituant représente le lieu de l’action (le d’informations).
concert aura lieu dans le stade).
3.2. Le sujet comme fonction syntaxique
Le sujet est un rôle joué par un constituant obligatoire de la phrase (l’autre étant le verbe). On ne peut le supprimer.
Ce constituant est de type groupe nominal (GN = art. + nom) ou assimilé (pronom, proposition subordonnée) qui peut être
remplacé par elle(s)/il(s). Le sujet commande l’accord du verbe en personne/nombre (et genre pour les participes passés).
Seul le sujet peut être focalisé (extrait de la phrase) grâce à la structure C’est… qui… (C’est ce stade qui va accueillir le concert).
Place : en phrase déclarative simple, le sujet précède fréquemment le verbe, mais il peut lui être postposé
— dans les incises (Il ne fait pas chaud, dit-il / répondit la directrice) ;
— dans l’interrogation standard (postposition du pronom sujet, redoublant le GN : [Marc] vient-il ?) ;
— après certains compléments adverbiaux en tête de phrase (Ainsi périssent les traîtres !) ;
— dans certaines subordonnées (relatives : le film dont m’a parlé ma cousine).
3.3. Sujet dit « impersonnel »
Le pronom il, invariable en genre et nombre peut jouer le rôle purement formel de sujet (sujet « apparent ») de différentes
manières.
3.3.1. Certains GN indéfinis sujets (« réels ») étant placés après le verbe (permutation), le pron. il (vide de sens, ne répond pas
à la question qui ?) occupe la position préverbale :
Cf. allemand, avec es équivalent de il, mais accord
De drôle de choses se produisent  Il se produit de drôle de choses dans cette maison. en nombre avec le sujet réel :
Seltsame Dinge geschehen  Es geschehen seltsame Dinge.
3.3.2. En fonction sujet, les infinitifs (ouverts par de) et les subord. (que P) sont généralement placés après le verbe. Il étant
« sujet grammatical » (ça dans la langue parlée).
Se garer est difficile  Il est / c’est difficile de se garer dans cette rue.
Qu’il ait oublié paraît étonnant  Il (ça) paraît étonnant qu’il ait oublié.
Cf. anglais (to joue le rôle de de) : Cf. allemand (zu joue le rôle de de) :
To copy this DVD is forbidden  It is forbidden to copy this DVD. Dich vergessen ist schwer  Es ist schwer dich zu vergessen.
3.3.3. Les expressions météorologiques (pleuvoir, neiger, faire du vent…) désignent des phénomènes sans agent, ni thème. La
place du sujet est occupée par il (fam. ça) : il neige, ça pleut. (anglais it is raining ; all. es regnet).
3.3.4. Verbes « unipersonnels »
Ces verbes ne peuvent avoir qu’un sujet : il, ne Il me faut ton dictionnaire bilingue ( Ton dictionnaire, il me le faut).
représentant rien ni personne (*ça ou *lui Il faut insister / Il faut que vous veniez immédiatement, il le faut.
impossibles) et suivi d’un « complément ». Il s’agit encore de l’affaire Clearstream. Il en va de votre honneur.
EXERCICE 3
J’aurais souffert la mort et j’y étais résolu. Il fallut que la Soyez abandonnés de tout, même de Dieu, s’il vous
force même cédât au diabolique entêtement d’un reste un épicier pour ami, vous vivrez chez lui comme
enfant ; car on n’appela pas autrement ma constance. le rat dans son fromage. (Balzac) — Il était impossible
(Rousseau) — « Est-ce amour ? Est-ce haine ? Mais il de fermer complètement la porte, qui frottait sur le
5 me semble que ce n’est pas de l’indifférence. Raison de plancher. Lorsque nous y montions, le soir, abritant de
plus pour m’éclaircir, en finir. » […] « Peut-être ainsi la main notre bougie que menaçaient tous les courants
parviendrai-je à ne plus rien faire dont je doive rougir. » d’air de la grande demeure, chaque fois nous essayions
(Stendhal) — S’il en arrivait autrement, que feriez- de fermer cette porte, chaque fois nous étions obligés
vous ? (Diderot) — Souffler une maîtresse à son ami, d’y renoncer. (Alain-Fournier) — Ce n’est pas assez
10 c’est une rouerie trop commune pour moi. Marianne ou que mon naturel soit bon ; il faut qu’il soit
toute autre, qu’est-ce que cela me fait ? La véritable prophétique : la vérité sort de la bouche des enfants.
affaire est de souper ; il est clair que Coelio est à jeun. […]Ce n’était pas la Vérité, c’était sa mort qui lui
[…] Dans l’un il y a une pistole, dans l’autre un soupir parlait par ma bouche. (Sartre)
amoureux, dans celui-là une migraine, dans celui-ci le
temps qu’il fait, et toutes les actions humaines s’en vont — Indiquez les types de sujets fonctionnant dans les
de haut en bas, selon ces poids capricieux. (Musset) citations du corpus.
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Sem. 1 (automne) « Grammaire française »
Les constituants immédiats (CI) de la phrase simple
4. Les compléments du verbe
4.1. Des compléments essentiels
Constituants qui fonctionnent dans la phrase par rapport au verbe (forment avec ce dernier le groupe verbal, GV) :
GN(Ce libraire) GN GV(vend des journaux)GV.
Ces compléments, essentiels au verbe, ne doivent pas être confondus avec :
— les compléments non essentiels / « accessoires » / « de phrase » (circonstanciels) ;
— les compléments de détermination d’un autre constituant (Nom, Adj, Adv).
4.2. Caractéristiques communes à tous les compléments essentiels
Les compléments du verbe sont placés à proximité de celui-ci :
À gauche pour les Pron. sans préposition, y et en : À droite pour les GN, GP, Adv :
Vous nous le direz demain. J’y vais. Bernard en vient. elle achète un livre / parle à son voisin / habite ici.
4.2.1. Complément d’objet (COD, COI)
Le COI se construit avec une préposition (Emma parle à Issam), contrairement au COD (Emma parle le polonais). Un
verbe peut avoir Ø, 1, 2, 3 CO (mais un seul COD).
Pronominalisation Suppression Commutation Passivation
GN COD  le, la, les. GN Les CO ne sont pas Le CO d’un verbe ((je En cas de transformation
avec art. indéfini  en… facilement supprimables préfère…) peut être GN (… la passive, seul le COD devient
(un(e)). J’ai lu ton roman  je (*Nous accaparons), sauf s’ils franchise), pronom (… cela), sujet (La ville a subventionné ce
l’ai lu ; Betty a lu un roman  sont implicites (Charles mange infinitif (… continuer comme projet  Ce projet a été
Elle en a lu un. [un repas/des aliments /*un ça), subordonnée (… qu’il subventionné par la ville).
GN COI  prép. + porte-avion…]. vienne), jamais adjectif : Impossible pour COI (mais
lui/elle(s)/eux (à + N  lui, Certains implicites peuvent *je préfère importante possible dans certaines
leur). Betty reste avec Günther  orienter ou changer le sens utile langues : This problem is often
avec lui. Betty parle à Günther du verbe (Charles boit ; Yves a comportementaux. referred to by many.)
 lui parle. changé [les rideaux]).
Nota bene : La question Quoi ? n’est pas pertinente pour reconnaître un COD (Tu deviens quoi ?  attribut du sujet)
4.2.2. Complément essentiel de lieu EXERCICE 4
(CEL) Alexis imagina la fierté de ses parents lorsqu’il leur crierait, dès le
Complément qui indique le lieu avec un verbe de seuil, qu’il était deuxième en composition française. Jamais encore
déplacement (aller, venir, arriver…) ou de situation il n’avait remporté un tel succès dans ses études: quinze sur vingt !
dans l’espace (être, se trouver, résider, habiter…). Il n’est D’habitude, il se contentait de la moyenne. Et soudain, le voici sur
ni déplaçable, ni supprimable (*la poste se trouve, 5 le podium. M. Colinard l’avait félicité devant toute la classe :
*Dans la rue vous êtes). « Alexis Krapivine, vous êtes en progrès. Votre copie est même
Ne doit pas être confondu avec un circonstanciel excellente. S’il n’y avait eu vos défaillances en orthographe, je vous
de lieu, qui porte sur la phrase ([CCLÀ la aurais mis premier ex æquo avec Thierry Gozelin. »
campagneCCL,]Cunégonde habite CELchez sa grand- Pour Thierry Gozelin, c’était normal : il écrasait la classe par son
mèreCEL  CCLChez sa grand-mèreCCL, elle habite CELà 10 savoir et son intelligence. Toujours le nez dans des livres. Alexis, lui
la campagneCEL). Le CEL ne peut construire une aussi, aimait lire. Mais pas au point d’oublier les autres plaisirs de
question de type Que faites-vous… ? (*Que faites-vous l’existence. Il se remit à courir, dépassa l’église Saint-Pierre, la
là-bas ? — Je me trouve/j’habite). mairie et s’arrêta, avenue Sainte-Foy, au pied d’une façade grise,
Le CEL est généralement un GP, parfois un GN sévère, anonyme, percée de fenêtres toutes semblables. Dédaignant
(habiter rue Tréfilerie), remplaçable par un adverbe 15 l’ascenseur, il gravit trois étages d’un seul élan et se planta, le cœur
(j’y habite, tu en viens, elle se trouve là-bas). battant vite, devant la porte. Une carte de visite était fixée par des
4.2.3. Compléments essentiels divers punaises au dessus de la sonnette : Georges Pavlovitch Krapivine.
(mesure, coût…) Alexis reprit sa respiration. Une phrase lui brûlait les lèvres :
Expriment des caractéristiques du sujet (taille, « Maman, papa, je suis deuxième en français ! » Il dirait cela en
valeur, odeur…). Placés après les verbes (mesurer, 20 russe, bien sûr. Ses parents craignaient qu’il n’oubliât sa langue
coûter, sentir, durer) ils n’acceptent pas les tests des maternelle, au lycée. Eux-mêmes parlaient le français avec aisance,
COD auxquels ils ressemblent : mais ils n’avaient jamais pu se corriger de leur accent. Alexis les
reprenait parfois en riant. Pour lui, le russe faisait partie du folklore
Pronominalisation : J’ai senti (perçu) cette odeur familial. On s’en servait à la maison, mais la langue de la vie, la
 je l’ai sentie. Cette pièce sent (exhale) le chou-fleur 25 langue de l’avenir, c’était celle qui bourdonnait dans la rue, au
*elle le sent. lycée. Il sonna. Pas de réponse. Deux fois, trois fois. Rien…
Passivation : Le géomètre a mesuré (estimé) ce champ Heureusement, en cas d’absence, la clé était sous le paillasson. Il
 ce champ a été estimé par le géomètre ; le géomètre ouvrit la porte, entra et, aussitôt, une odeur casanière lui remua le
mesure 1m83. cœur. Sans doute ses parents étaient-ils sortis juste avant le déjeuner
Forme de ces compléments : GN (l’odeur), 30 pour faire une course dans le quartier. Ils n’allaient pas tarder à
mais aussi expressions de mesure (1m83) et revenir.
adjectifs adverbiaux (sentir bon, fort) impossibles Henri Troyat, Aliocha, 1993, Éd. J’ai Lu.
avec les COD.
— Indiquez les compléments essentiels du verbe dans tout le texte.
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Les constituants immédiats (CI) de la phrase simple
5. L’attribut
5.1. Traits communs à tous les attributs
5.1.1. Relation attributive
L’attribut est un constituant relié à un GN (ou équivalent : Pron) par l’intermédiaire d’un verbe :
Les choses deviennent plus simples. Je trouve la situation trop compliquée.
Il se distingue de l’épithète (adjectif), attribut du sujet épithète de (G)N
qui marque la qualité de quelque Cet exercice est très utile. = P Cet exercice très utile m’a beaucoup aidé
chose ou de quelqu’un, sans verbe : = GN, ≠ P
Placé après le verbe, il n’est pas supprimable : *Géraldine est devenue !
L’attribut peut fonctionner — par rapport au sujet : attribut du sujet (AS) ou
— par rapport au complément (verbe) : attribut du complément d’objet (ACO)
L’attribut est donc une fonction primaire (CI) qui construit le noyau d’une phrase :
S+V+AS ou S+V+CO+ACO
5.1.2. Nature
L’attribut peut être un GN (ma voisine est une avocate renommée) ou équivalent (Pron. : le propriétaire est quelqu’un
d’important, tu restes toi-même ; si vous n’êtes pas riche, vous le deviendrez peut-être ; infinitif : ici s’arrêter, c’est mourir) ;
adjectif et équivalents (les manifestants laissent le président indifférent ; le chef reste d’accord) ; subordonnée relative (la situation
est ce qu’elle est ; vous restez qui vous êtes), adverbe ou équivalents (Fanny est ainsi ; ici les gens sont comme ça).
5.1.3. Accord
L’Adj. attribut s’accorde (genre, nombre) — sujet : FPlles fleursFPl sont de plus en plus FPl grandes FPl.
avec l’élément auquel il se rapporte : — CO : ils ont jugé MPlles chefs d’arméeMPl MPlresponsables de ces massacresMPl.
5.2. Attribut du sujet (AS)
Se construit avec un verbe :
— verbe être (« copule ») : sans signification, il associe le sujet et son attribut. Certaines langues fonctionnent ainsi
sans verbe « être » au présent : russe : я профессор [ja professor] « je » + « professeur »  « je suis professeur »
— verbe d’état (sembler, paraître, avoir l’air, devenir, rester, se constituer, se transformer en, passer pour…)
— tout verbe impliqué dans une construction attributive occasionnelle : la maîtresse est rentrée fâchée. (Cf. anglais :
Milton read the Bible blind).
L’AS ressemble au COD, mais
— un Adj. ne peut jamais être COD (*Chris a rencontré gentil) ; — l’AS se pronominalise toujours en le, pour les
— un nom seul (sans déterminant) peut fonctionner comme un deux genres, au Sg. et au Pl. : les filles sont
adjectif en fonction d’AS, et non de COD (Gérard est [un] devenues expertes  Expertes, elles le sont devenues ;
médecin ; *Gérard a connu médecin) ; — l’AS peut être représenté par l’adverbe ainsi
— une construction attributive n’a pas de passif (Georges devient (Chang est vraiment méfiant, il est devenu ainsi
une personne obèse  *Une personne obèse est devenue par Georges) ; [= méfiant] depuis qu’on lui a volé son scooter).
5.3. Attribut du complé- EXERCICE 5
ment (ACO) Lol quitta S. Tahla, sa ville natale, pendant dix ans. Elle habita
Fonctionne avec certains verbes U. Bridge.[…]
(trans. dir. et indir.) ayant un Pendant dix ans, on le croit autour d’elle, elle fut fidèle à Jean Bedford.
sens spécifique en emploi attri- Que ce mot ait eu un contenu quelconque pour elle, ou non, on ne l’a
butif : je trouve cela inutile ; on 5 sans doute jamais su. Il ne fut jamais question entre eux, jamais, ni du
l’appelle Trinità ; ils l’ont nommé passé de Lol ni de la fameuse nuit de T. Beach.
directeur ; les gens te regardent en Même après sa guérison, elle ne s’inquiéta jamais de savoir ce qu’il était
ennemi ou te considère comme un advenu des gens qu’elle avait connus avant son mariage. La mort de sa
traître ; la sorcière le transforma en mère — elle avait désiré la revoir le moins possible après son mariage —
crapaud ; les fans le disent ca- 10 la laissa sans une larme. Mais cette indifférence de Lol ne fut jamais mise
pricieux. en question autour d’elle. Elle était devenue ainsi depuis qu’elle avait
Contrairement à l’AS et au tant souffert, disait-on. Elle, si tendre autrefois — on disait cela comme
COD, l’ACO ne se pronomi- tout le reste, sur son passé devenu de fer-blanc — elle était naturellement
nalise pas : devenue impitoyable et même un peu injuste, depuis son histoire avec
Ils ont élu CODJeanCOD directeur
15 Michael Richardson. On lui trouva des excuses surtout lorsque sa mère
de l’établissement mourut.
 ils l’ont élu directeur. Elle paraissait confiante dans le déroulement futur de sa vie, ne vouloir
Peut être représenté par comme guère changer. En compagnie de son mari on la disait à l’aise, et même
tel (Il n’est pas chef, mais est heureuse. Parfois elle le suivait dans ses déplacements d’affaires. Elle
considéré comme tel).
20 assistait à ses concerts, l’encourageait à tout ce qu’il aimait faire, à la
tromper aussi, disait-on, avec les très jeunes ouvrières de son usine.
Marguerite Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein
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Les constituants immédiats (CI) de la phrase simple
6. Compléments « de phrase » (et adverbiaux)
Sont présentées ici les caractéristiques des compléments de phrase (compl. circonstanciels et compléments « de
modalité ») puis le cas des compléments adverbiaux.
6.1. Particularités
6.1.1. Ne dépendent pas d’un seul con- CP{À Paris}CP Je vais CELà la bibliothèque Sainte-GenevièveCEL CP{à Paris}CP.
stituant de la phrase, se rapportent à la
phrase dans son ensemble. Ils sont CP{À la campagne}CP Aurélie habite CELchez son oncleCEL CP{à la campagne}CP.
donc fréquemment déplaçables (contrai- CP{demain.}CP Marc se lève CETà huit heuresCET CP{demain.}CP
rement aux compléments essentiels).
6.1.2. Leur nombre est théoriquement illimité.
6.1.3. Ils sont souvent supprimables (non indispensables à la cohérence du noyau).
6.2. Tests de reconnaissance
6.2.1. Coordination
Ils ne se coordonnent pas avec un CV *J’habite chez un ami et / ou à Strasbourg
(essentiel)  ils sont de niveaux différents : *Charles travaille deux heures et / ou trois matières à la fois.
6.2.2. Extraction-détachement
Ils peuvent être détachés et introduits par et cela (+ verbe faire) :
Je travaille à la bibliothèque CP{à Nice}CP  Je travaille à la bibliothèque, et cela [je le fais] à Nice.
6.3. Typologie
On doit distinguer deux types de compléments de phrase :
6.3.1. Circonstanciels
Ils renseignent sur des particularités de la situation dont parle la phrase :
1. Temps et lieu (confusion possible 2. Manière (gérondif, avec), But (pour, afin de), Cause (à cause de, parce que),
avec des compléments essentiels) 3. Moyen-instrument (avec), condition (si, en cas de), concession (malgré)…
6.3.2. Compléments de modalité
Ils expriment l’attitude du locuteur à L’étudiant a répondu franchement.
l’égard de ce qu’il dit : opinion per-  franchement = CC Manière (« de manière franche, « réponse franche »),
sonnelle, subjectivité (selon moi), certitu- Franchement, l’étudiant a répondu.
de (peut-être), relation à l’interlocuteur :  franchement = Ct de modalité (« Pour être franc, je trouve que… »)
6.4. Formes
1. GP (dans le pré, sur la route, en vacances, par inadvertance, avec audace, 4. gérondifs (en entrant, en avançant) ;
au-dessus de la ville, pendant l’éxécution des otages) ; 5. propositions (phrase enchâssée dans une
2. GN (la nuit, rue Tréfilerie, les cheveux défaits…) ; autre : lorsqu’il fait chaud, si le temps le permet,
3. adverbes (brusquement, aussitôt, partout, alentour, tout de suite, parce que je le vaux bien, bien que ce soit interdit).
malencontreusement) ;
 Pas de pronominalisation, mais « adverbialisation » : y (je mange dans ce restaurant tous les vendredis  j’y mange ou je
mange ici/là).
6.5. Compléments adverbiaux
Compléments de type circonstanciel, — ils peuvent avoir la même forme (GP, Adv) ;
qui indiquent des caractéristiques de — ils donnent des informations similaires (temps, lieu, manière…)
l’action du verbe, ils sont fréquem- — ils ne sont pas détachables ;
ment confondus avec les complé- — ils ne sont pas déplaçables (ils restent proches du verbe dont ils sont
ments « de phrase » : compléments).
EXERCICE 6
Plusieurs fissures se sont ouvertes à l’est du Vieux-Port, crevasses arborescentes au beau milieu de la rue,
certaines exsudent une matière chaude et noire ou seulement des vapeurs chaudes et noires. Des colonies
d’insectes en sortent, un long reptile ou deux, cela sent le chlore et l’éther, le soufre et les gaz rares, non loin
déjà traînent quelques rats […].
5 Mais pour l’instant, pendant que Marseille tremblait, c’est toute une partie de son socle sous-marin, au
loin, qui vient de s’incliner. Brusquement le fond de la mer s’est abaissé. Naturellement ce phénomène
provoque un violent appel d’eau : voici qu’à l’horizon paraît une vague. Fuyant le centre-ville et ses pots de
fleurs tueurs, les premiers arrivés sur le port la voient tout de suite au loin, cette vague. Ils la trouvent assez
grande. Ils trouvent qu’elle avance un peu vite.
10 Elle est un mur haut comme un gros immeuble, profond comme trois immeubles et long comme deux
cents, rué vers la côte à la vitesse d’une locomotive en bousculant et propulsant loin au-dessus de lui,
entrechoqués, toutes les barques de pêche et les bateaux de plaisance sur son passage.
Jean ECHENOZ, Nous trois (1993)
— Découper ce corpus en phrases simples.
— Analyser chaque phrase en groupes fonctionnels (CI), en distinguant fonctions essentielles et compléments
périphériques.
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Les fonctions de second degré
7. Les expansions de constituants
Les CI (constituants immédiats : Sujet, Complément du verbe, Attribut, Complément de phrase) jouent un rôle par
rapport à la phrase ou à son noyau (GV). Chacun de ces constituants peut à son tour recevoir un certain nombre
d’expansions : 1) apposition, 2) complément de détermination, 3) épithète.
7.1. Apposition 7.2.1. Construction prépositionnelle
Le principe de l’apposition est simple : une même per- De nombreux CD se construisent avec une préposition :
sonne ou chose est représentée par une ou plusieurs CDN (nom) : la porte du garage ; le marché aux puces ; une
expressions supplémentaires. chemise sans manches ;
7.1.1. Élément juxtaposé CDA (adj) : difficile à comprendre ; doué en affaires ; sûr de sa
Un constituant (GN, Pron, inf., proposition subor- stratégie ; choquant pour les plus jeunes ; solidaire avec les
donnée) peut être en apposition d’un GN, Pron ou grévistes.
équivalent, auquel il est juxtaposé (après, parfois avant) : 7.2.2. Juxtaposition
Mon frère, l’intellectuel de la famille, adore les échecs  mon La langue contemporaine recourt fréquemment à la
frère et l’intellectuel de la famille = une seule et même per- « construction directe » (cf. les langues germaniques :
sonne. sound engineer ; Tonmeister) :
Le roi Louis XIV a marqué son siècle. CDN : un passage handicapé ; L’Affaire Dreyfus ; un espace
Louis XIV est une désignation du roi en question. détente ; un soirée solidarité sans-papiers ; la génération
Cette idée, la lutte contre les excès financiers par une taxe, m’a Gorbatchev ; l’Université Jean-Monnet ; un plan défonce…
toujours séduit. CDA : un tarif spécial étudiants ; la programmation
 Cette idée et la lutte contre les excès… désignent une seule orientée objet ; un camping adapté enfant…
et même chose. 7.2.3. Adverbe
Votre hypothèse, que Mars ait pu connaître une forme de L’Adv. (et ses équivalents) permet de déterminer un
vie, fait froid dans le dos. Adj. (grand  très / extrêmement grand) ou un autre ad-
La reprise par un pronom peut constituer une forme verbe (vraiment très grand ; il travaille trop rapidement).
d’apposition :
Assassiner sa belle-mère, cela constitue-t-il vraiment un 7.3. Épithète
crime ? Adj. qualificatif ou équiv. (participe, subord. rel. adj.,
Est-ce que les rongeurs, ça aime le polystyrène ? mais aussi certains Adv.) qui porte sur un N (ou équiv. :
Pron). Comme l’attribut, l’épithète s’accorde en genre
7.1.2. Préposition de et nombre.
Certaines constructions en de procèdent de la même
relation. L’élément apposé est un GN (qui admet un 7.3.1. Épithète liée
adjectif substantivé) qui précède le GP de + N : Placée à proximité du N, dans le GN, elle le détermine :
les délinquants sexuels font les grands titres des journaux  la
Mon intellectuel de frère adore les échecs. Ce prétentieux de phrase ne concerne pas les autres délinquants.
Charles-Élie n’en rate pas une. L’épithète des pron. indéfinis se construit avec de
7.2. Complément de détermination (CD) (quelqu’un / quelque chose de sérieux).
Complément qui permet de préciser (restreindre) la La place de l’épithète peut être significative (un pauvre
portée d’un GN, adj. ou adv. : cousin / un cousin pauvre).
— J’aime le bruit : n’importe quel bruit. 7.3.2. Épithète détachée
— J’aime le bruit blanc de l’eau : la phrase ne parle que Placée avant ou après le N/Pron, dont elle est séparée
d’un type de bruit. par une pause (virgule), l’épithète ajoute un commen-
Contrairement à l’apposition, le complément ne désigne taire, sans restriction de sens :
pas la même chose que ce qu’il détermine (le bruit ≠ Ici {sérieux,} les étudiants{, sérieux} réussissent leurs études
l’eau). Le complément du nom est toujours postposé. tous les étudiants qui travaillent ici sont sérieux.
EXERCICE 7
Notre chambre était, comme je l’ai dit, une grande mansarde. À moitié mansarde, à moitié chambre.
Il y avait des fenêtres aux autres logis d’adjoints ; on ne sait pas pourquoi celui-ci était éclairé par une
lucarne. Il était impossible de fermer complètement la porte, qui frottait sur le plancher. Lorsque nous y
montions, le soir, abritant de la main notre bougie que menaçaient tous les courants d’air de la grande
5 demeure, chaque fois nous essayions de fermer cette porte, chaque fois nous étions obligés d’y renoncer.
Et, toute la nuit, nous sentions autour de nous, pénétrant jusque dans notre chambre, le silence des trois
greniers.
C’est là que nous nous retrouvâmes, Augustin et moi, le soir de ce même jour d’hiver.
Tandis qu’en un tour de main j’avais quitté tous mes vêtements et les avais jetés en tas sur une chaise
10 au chevet de mon lit, mon compagnon, sans rien dire, commençait lentement à se déshabiller. Du lit de
fer aux rideaux de cretonne décorés de pampres, où j’étais monté déjà, je le regardais faire. Tantôt il
s’asseyait sur son lit bas et sans rideaux. Tantôt il se levait et marchait de long en large, tout en se
dévêtant. La bougie, qu’il avait posée sur une petite table d’osier tressée par des bohémiens, jetait sur le
mur son ombre errante et gigantesque.
Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes (1913)
— Relever et analyser toutes les expansions du texte.
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Sem. 1 (automne) « Grammaire française »
L’analyse de la nature (classe) des mots
8. Nom ≠ Verbe ≠ Adjectif
8.1. Nom (N) : mot qui ne peut pas être sujet ou COD seul, doit être précédé d’un Dét (le, la, les, un(e), des…).
Det + N = GN.
Un GN peut être sujet, COD, Attribut, CC (Ce soir, on se rencontre place d’Italie).
Un GN peut être remplacé par un pronom (pronominalisation : l’escalier craque  il craque).
Placer un Dét devant un mot en fait un nom (substantivation : le dedans, tout son savoir, les qu’en dira-t-on).
Le Dét. peut être absent avec les noms propres (Je connais Ø Berlin et Ø Ousama) et dans certains GP (Il y a du monde
Ø place de la Gare) ou attributs (le client est Ø roi).
Opposition de formes : genre (M vs F), nombre (Sg. vs Pl).
8.2. Verbe (V) : forme verbale qui peut être conjuguée = 1 à 4 mots :
actif simple actif composé passif composé passif surcomposé
(tu) aperçois (tu) as aperçu (tu) as été aperçu (tu) as eu été aperçu.
Accord (pers., nombre) avec le sujet (tu aperçois / vous apercevez).
Les participes peuvent devenir adjectifs (attendu  inattendu) ou noms (une surprise). Tout verbe dispose d’un infinitif,
qui peut être substantivé (le dire, le faire) et parfois entrer dans la langue comme nom (ton devoir, des vivres, selon ses dires).
8.3. Adjectif (Adj) : mot qui peut être
— toujours épithète (avant ou après nom avec lequel — attribut (non « relationnel ») : peut suivre un GNSg
s’accorde en genre et nombre : les jolis poignards, un + est / devient, admet un CDA simple type très,
dîner agréable, notre conseil régional) ; extrêmement (ce dîner devient [très] ennuyeux).

9. Pronom vs Determinant
9.1. Pronom personnel : varie en personne, nombre, et a des formes différentes selon la fonction. Ex. à la
3e personne (équivalent d’un GN : le train / il arrive) :
Formes conjointes Formes disjointes
Sujet COD COI Sujet complément
M F M F M F M F
Sg. il elle le la lui lui elle lui elle
Non réfl.

Pl. ils elles les leur eux elles eux elles


inan. idem idem en, y idem Ø
Réfléchi ø se soi
9.2. Sous-classes (Pron, Dét)
Pronoms et déterminants se correspondent pour la plupart des sous-classes (voir exercice ci-dessous) et ont souvent
des formes communes qui peuvent faire qu’on les confond (certains, d’autres). Mais
— Pron. toujours constituant seul (sujet : chacun / celui-ci recopie le texte) ;
— Det. toujours devant un nom (GN, par ex. sujet : chaque élève / cet élève recopie le texte).
Distinction entre pronoms :
animés (êtres humains et assimilés) vs non animés (choses, cert. animaux)
lui, eux, quelqu’un, personne, tous ça, quelque chose, rien, tout
Distinction entre déterminants :
devant noms comptables vs devant noms « de masse »
(matières, abstractions)
un livre ; deux, trois, quatre idées / voitures du temps ; de la vodka ; des lentilles
un livre + un livre = deux livres de la vodka + de la vodka = de la vodka
9.3. Déterminant (Dét)
9.3.1. De et la forme de déterminant
de peut se retrouver déterminant seul :
de + des  de : Sg. je cherche un livre ; Pl. je cherche des livres (Sg. un  Pl. des)
Sg. j’ai besoin d’un livre ; Pl. j’ai besoin de [des] livres (en fait le Dét des  Ø)
des + adj. + NPl  de + Adj +N : des beaux bijoux (relâché)  de beaux bijoux.
9.3.2. Groupe déterminant
Certains déterminants, qui peuvent chacun être déterminant seul, peuvent constituer un groupe dans l’ordre
suivant :
➊ Prédéterminant ➋Déterminant ➌Déterminant Nom
(spécifique) (secondaire)
Ø Ø Ø voitures
les {deux}{autres} livres
tou(te)s tes {quelques}{autres} souvenirs
ces autres

9.3.3. Déterminant complexe (locution déterminative)


Une expression composée de mots d’autres classes (adv., noms, noyau de phrase) peut équivaloir à un déterminant.
Déterminant complexe + Nom Attention ! ne pas confondre ces locutions avec les structures N+CDN dont
trop elles sont issues :
beaucoup
Il y a un tas CDN{de cartons}CDN dans la cour.  il y a un tas, composé de cartons.
un tas de rêves
toutes sortes Il y a GN{un tas de gens}GN dans le hall.  il y a des gens (nombreux) dans le hall.
des espèces Il fait face à GN{une foule de problèmes}GN.  *Il fait face à une foule.

EXERCICE 8 : pronoms et déterminants correspondants


Pronom Déterminant
Personnel Je, tu, il, nous, on, ce… Ø
Article Défini : Le, la, les
Ø comptable : un, une, des, de
« de masse » (partitif) : du, de la, des
Démonstr. Ce, cette, ces
Possessif Le mien, le tien…
Interrogatif Quel(s), quelle(s)
+ exclamatif (quel champion !)
Numéral Un, deux, trois…
Indéfini Chacun, tou(te)s, quelqu’un, plusieurs, beaucoup,
d’aucuns, aucun, personne / rien, nul, n’importe
quoi/qui
Compléter le tableau par les formes disponibles correspondantes pour chacune des deux classes.

9.4. Pronoms relatifs :


Les pron. rel. reprennent un antécédent (ANTle billetANT que j’ai acheté…)
Deux séries :
— série de formes qui varient par rapport à la fonction du Pron. dans la — série qui varie en genre et
subord. : la tempête qui arrive (sujet), les nuages que vous voyez (COD), ce à nombre : lequel, laquelle,
quoi vous pensez (compl. prép. non animé), les seringues dont vous avez lesquel[le]s (auquel, duquel…)
besoin (compl. de), la maison où il est né (compl. de lieu)
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Sem. 1 (automne) « Grammaire française »
L’analyse de la nature (classe) des mots (suite)
10. Préposition vs adverbe
10.1. Préposition (Prep)
Invariable, ne fonctionne jamais seule, mais construit un groupe prépositionnel (GP) : Prep + N ou équiv. (GN,
GInf, Pron)  GP (qui peut être CO, CP, voire attribut, jamais sujet). Certaines prépositions ont une forme
commune avec Adv  peuvent alors être employées seules (nous sommes devant, il vote contre).
Liste canonique : à dans par pour en vers avec de sans sous chez sur (mnémo. : Adam part pour Anvers avec deux cents sous chez Sur)
Locutions prépositionnelles : En face de, à côté de, au dessus de, vis-à-vis de, par rapport à, suite à, faute de, grâce à, face à,
au fur et à mesure de, loin de, conformément à…
Les locutions peuvent être confondues avec les GP/GN dont sont issues.
Test : remplacer par une Prép simple (si elle existe). Pronominalisation de GP + de : en face de lui (* en sa face), au dessus d’eux
(*à leur dessus) mais à côté de lui / à son côté, dans son intérêt. De + GN ne peut être supprimé (*Il agit en faveur [des démunis]).
10. 2. Adverbe (Adv)
Pas de critère unique de reconnaissance formelle. Fonctionne seul comme constituant. Presque
Peut être confondu avec Prép (derrière, avant, contre), toujours remplaçable par un Adv en -ment (< adjectif
Det (tout, beaucoup), Adj (jouer fort, voir grand), Pron (tout, où). F) : aucunement, grandement, excessivement.
10.2.1. Typologie des adverbes
• dérivés de « manière » en -ment : adj. au F +ment (grandement) ; adj. • interrogatifs (où ? comment ? pourquoi ? quand ?)
en –nt  -mment (puissant : puissamment ; intelligent : intelligemment) ; • exclamatifs (Que…/ Comme vous êtes intelligent !)
• quantifieurs (beaucoup, peu, très, si + -ment : tellement, extrêmement) ; • négation (ne… pas…/ plus… / nullement)
10.2.2. Locutions adverbiales : est-ce que… ? sur le champ, peut-être, d’ores et déjà…
10.2.3. Invariabilité
L’adv. est normalement invariable, excepté
— tout [« totalement »] devant Adj. F commençant par cons. (Grand-mère dort tout habillée / toute nue)
— seul devant un sujet  « seulement » (seule une étudiante a trouvé la réponse)
— quelques Adj. employés comme Adv. (Les yeux grands ouverts « complètement »).
10.2.4. Fonction
Contrairement à la Prep, l’Adv est un constituant fonctionnel :
• compl. de détermination (CD) d’un Adj. (antéposé : Le film est très / extrêmement beau) ; d’un GP (antéposé : porte
sur la Prép. [tout] contre vous, [vraiment] vers la ville) ; d’un autre Adv. (antéposé : très bruyamment, beaucoup trop fort) ;
• compl. adv. ou circonstanciel (CC) d’un V (postposé : Juliette tousse bruyamment) ;
• compl. de phrase (CP) : CC / compl. de modalité déplaçable, supprimable : {malheureusement}, je l’ai rencontré hier.
• peut être converti en un mot d’une autre classe (Adj : ils sont bien, N : le mal).
10.2.5. Intransitivité
L’Adv. n’a pas de complément non adverbial (souvent  très / plus / trop souvent), sauf
• certains Adv. en -ment (heureusement que P) ; • Adv. avec GP reprenant complément de l’Adj. correspondant :
heureusement pour vous, conformément à la loi, différemment de toi.
EXERCICE 9
La rivière était bordée par des grèves de sable. On rencontrait des trains de bois qui se mettaient à onduler
sous le remous des vagues, ou bien, dans un bateau sans voiles, un homme assis pêchait ; puis les brumes
errantes se fondirent, le soleil parut, la colline qui suivait à droite le cours de la Seine peu à peu s’abaissa, et il en
surgit une autre, plus proche, sur la rive opposée. […]
5 Frédéric pensait à la chambre qu’il occuperait là-bas, au plan d’un drame, à des sujets de tableaux, à des
passions futures. Il trouvait que le bonheur mérité par l’excellence de son âme tardait à venir. Il se déclama des
vers mélancoliques ; il marchait sur le pont à pas rapides ; il s’avança jusqu’au bout, du côté de la cloche ; — et,
dans un cercle de passagers et de matelots, il vit un monsieur qui contait des galanteries à une paysanne, tout en
lui maniant la croix d’or qu’elle portait sur la poitrine.
10 C’était un gaillard d’une quarantaine d’années, à cheveux crépus. Sa taille robuste emplissait une jaquette de
velours noir, deux émeraudes brillaient à sa chemise de batiste, et son large pantalon blanc tombait sur
d’étranges bottes rouges, en cuir de Russie, rehaussées de dessins bleus.
La présence de Frédéric ne le dérangea pas. Il se tourna vers lui plusieurs fois, en l’interpellant par des clins
d’œil ; ensuite, il offrit des cigares à tous ceux qui l’entouraient. Mais, ennuyé de cette compagnie, il alla se
15 mettre plus loin. Frédéric le suivit. […]
G. Flaubert, L’éducation sentimentale
• Relever et classer les Dét. de la l. 10 à la fin du texte. • Relever et classer les Prép. des lignes 1 à 4.
• Identifier les Adj. qualificatifs des lignes 5 à 12. • Relever et classer les Adv. des lignes 1 à 4 et 13 à 15.
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Sem. 1 (automne) « Grammaire française »
11. Conjonction
Comme son nom l’indique, c’est un mot servant à joindre deux mots, groupes de mots, propositions, phrases. On
distingue habituellement
11.1. La conjonction de coordination
Elle joint deux ensembles qui se situent au même niveau.
Liste canonique : mais ou et [donc] or ni car
Tous ces mots, ainsi que puis (pourtant classé traditionnellement comme Adv) se placent obligatoirement avant le
1er mot du 2e groupe :
L’oiseau était sur la branche, et il s’est envolé.
« mais / or «
« puis «
L’oiseau a dû avoir peur car «
L’oiseau a eu peur donc «
« il s’est donc envolé.
11.2. La conjonction de subordination
Elle introduit un ensemble (phrase, sous-phrase) qui se situe à un niveau différent (« subordonné » : la phrase ainsi
ouverte est constituant dans la principale ; voir phrase complexe au S2). On distingue les formes :
— quand, lorsque, si (= « dans l’hypothèse où, au cas où »), comme, puisque, quoique et
— une série de formes bâties sur le schéma x + que (bien que, après que, avant que, pourvu que, parce que, maintenant que…).

EXERCICE 10
Il y avait au tournant des douves, à la base des tourelles, une sorte de cellule à moitié
bouchée, qui servait autrefois de porte dérobée. Le pont qui la reliait aux allées du parc était
détruit. Il n’en restait que trois piles, en partie submergées, et que l’eau marécageuse du fossé
salissait incessamment de lies écumeuses. Je ne sais quelle envie me prit de me cacher là pour
5 le reste du jour. Je passai d’un pilier sur l’autre, et je me tapis dans cette chambre en ruine, les
pieds touchant au courant, dans le demi-jour lugubre de ce vaste et profond fossé où coulaient
des eaux de lavoir. Deux ou trois fois, je vis Madeleine passer de l’autre côté des douves, et
regarder vers les allées, comme si elle eût cherché quelqu’un. Elle disparut et revint encore ;
elle hésita entre trois ou quatre routes qui menaient du parterre aux confins du parc, puis elle
10 prit, sous un couvert d’ormeaux, l’allée des étangs. Je ne fis qu’un bond pour m’élancer d’un
bord à l’autre, et je la suivis. Elle marchait vite, sa coiffure de campagne mal attachée sur ses
oreilles, tout enveloppée d’un long cachemire qui l’emmaillottait comme si elle avait eu très
froid. Elle tourna la tête en m’entendant venir, rebroussa chemin brusquement, passa près de
moi sans me regarder, et se mit à escalader l’escalier.
— Donner la nature des mots soulignés.
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Sem. 1 (automne) « Grammaire française »
12. Analyse en constituants immédiats (ACI) et analyse complète (nature et fonction)
Niveaux syntaxiques des différentes fonctions (rappel) :
Les constituants immédiats (CI) de la phrase sont les plus grandes unités syntaxiques qui la composent.

Constituants Fonctions « de 1er degré » : sujet (S), verbe (V), compléments essentiels du verbe
immédiats (CI) de la (objet (CO), lieu (CEL)…), compléments adverbiaux (CA), attributs (Attr) (noyau de
phrase la phrase), complément d’agent (verbe passif : L’arbre a été frappé par la foudre) ;
Fonctions « accessoires » : compléments « de phrase » (CP) (circonstanciels
(CC), de modalité).

Fonctions de « second degré » (expansion) : compléments de détermination,


épithètes, apposition

Fonctions de discours : apostrophe (représente l’interlocuteur : Charlie, il y a


quelqu’un qui vient pour l’entretien de la piscine.)

Analyse en Constituants Immédiats (ACI)


Exemple : Andreï Makine, Le testament français (1995)
Les hommes chargeaient de lourds sacs de blé sur une télègue
CI = LES HOMMES CHARGEAIENT DE EL(lourds)EL SACS CDN(de blé)CDN SUR UNE TELEGUE

fonction = Sujet Verbe COD Complément essentiel Lieu

Un troupeau, dans une lenteur paresseuse, coulait vers l’étable


SUN TROUPEAUS, CCM{DANS UNE LENTEUR EL(paresseuse)EL}CCM, VCOULAITV CEssVERS L’ETABLECEss.

La senteur agréable d’un feu de bois — l’odeur du dîner tout proche — planait dans l’air.
SLA SENTEUR EL(agréable)EL CDN(d’un feu CDN(de bois)CDN)CDN — APP(l’odeur CDN(du dîner EL(CDA(tout)CDA proche)EL)CDN)APP—S VPLANAITV
CCL{DANS L’AIR}CCL.

EXERCICE 11
1. CORPUS
La mémoire de la tante Catherine était sans fond. Chaque fois que Jean venait la voir, elle reprenait,
recommençait toujours par la même formule : « Autrefois, à Rozilis, quand j’avais ton âge… » C’était
il y avait très longtemps, Jean avait du mal à compter, cinquante, soixante ans. C’était avant toutes les
guerres, quand le monde était encore innocent. Elle parlait des Marro, de sa sœur Mathilde qu’elle
5 appelait Maud. Jean était le seul à qui Catherine parlait de cette façon. Elle n’avait jamais rien
raconté au père de Jean, qui était pourtant son vrai neveu, ni à personne. Les autres ne devaient pas
comprendre. Ou bien ils ne valaient pas la peine qu’on leur dise. Elle avait choisi Jean pour lui
donner sa mémoire.
J.M.G. Le Clézio, Révolutions, 2003
2. QUESTIONS
Nature et fonction
— Indiquer la nature de : la (la [voir] 1, 2) ; longtemps (3) ; soixante (3) ; avant (3) ; personne (6) ; autres (6) ; leur (7) ;
— indiquer la fonction de : sans fond (1) ; innocent (4) ; des Marro (4) ; Maud (5 ; rien (5) ; son vrai neveu (6) ;
— analyser : de la tante Catherine (1) ; de sa sœur Mathilde (4) ; de cette façon (5) ;
— chercher dans le texte, un adjectif épithète, un groupe nominal sujet, un groupe nominal COD, un groupe
prépositionnel complément de phrase.
Syntaxe de la phrase simple
— Faire l’analyse en constituants immédiats de la phrase : Elle avait choisi Jean pour lui donner sa mémoire. (7-8)

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