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INTRODUCTION
Tous les pays mettent en place des politique économiques qui décrivent la
manière dont les gouvernements tentent d’encadrer globalement l’économie
du pays.
Pour ce faire, ils utilisent plusieurs instruments; principalement deux
instruments : la politique budgétaire et la politique monétaire.
Dans ce cours de Politique Monétaire,
Il s’agira d' expliquer les grandes questions qui se posent en politique
monétaire.
Connaitre et comprendre les objectifs de la politique monétaire.
Quels sont les instruments que cette politique monétaire utilise.
Quels sont les canaux de transmission de la politique monétaire.
...
2
- Déflation : c’est lorsque la croissance monétaire est trop faible par
rapport au volume d’activité
Les banques centrales, comme toute autre institution, disposent d’un bilan
composé d’un actif et d’un passif.
Banque Centrale
Actif Passif
Titres d’Etat Billets en circulation
Réserves des banques
Les actifs sont les avoirs de la banque centrale et les passifs sont les
engagements. Les titres d’Etat résultent de la conduite de l’opération
d’OPEN MARKET. Ces titres sont aussi rémunérés.
Les passifs ce sont les engagements c’est-à-dire les billets en circulation
détenus par le public. Par contre, les réserves de banque sont des avoirs
détenus par les établissements des crédits dans leurs comptes à la banque
centrale.
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et en or (actif) ...
ACTIF PASSIF
RUBRIQUES RUBRIQUES
5
Les banques centrales peuvent acquérir des actifs rapportant des intérêts
avec de la monnaie qu’elles créent et encaissent donc en général des profits
significatifs.
Certains de ces profits sont utilisés pour couvrir leurs dépenses. Cependant,
plusieurs chercheurs s’accordent à souligner que les banques centrales n’ont
pas besoin de capital positif pour les mêmes raisons que les banques
commerciales.
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- La liquidité de marché est définie comme la facilité avec laquelle il est
possible de vendre des actifs financiers sans modifier significativement
leur prix.
- La liquidité de financement est la facilité avec laquelle une institution
solvable peut honorer ses engagements à leur échéances en mobilisant
les dépôts auprès de la banque centrale et d’autres institutions
financières en vendant les actifs financiers en émettant les titres de
créances.
La monnaie que l'on conserve chez soi, ou sur son compte courant, ne
rapporte rien.
Pour qu'elle rapporte, il faut la placer, c'est à dire la transformer en actifs
financiers (en capital financier).
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Cependant, ces opérations ne sont pas nécessairement équilibrées au jour le
jour. Ainsi, les banques sont habituées à se donner de crédit à court terme
entre elles sur un marché appelé, marché interbancaire.
LE MARCHÉ MONÉTAIRE
La monnaie est un bien très particulier. Il n'en existe pas moins un marché
pour la monnaie comme il existe un marché pour les autres biens.
DE NOMBREUX MARCHES
En pratique, il existe, non pas un, mais des nombreux marchés monétaires,
autant qu'il existe de produits monétaires particuliers (marché du "call
money" ou prêt à 1 jour, prêt à 8 jours...). Selon les caractéristiques des
produits, les taux d'intérêt diffèrent quelque peu.
Mais tous ces marchés monétaires (ou de crédit à court terme) sont
interconnectés et évoluent conjointement, ce qui permet de parler de
manière plus simplifiée du marché monétaire en général.
Marché interbancaire
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Le marché interbancaire est un marché réservé aux banques. Elles
s’échangent entre elles des actifs financiers de court terme, entre un jour et
un an. C’est un marché de gré à gré, cela signifie que les banques traitent et
négocient librement entre elles.
L’offre émane des banques qui ont des liquidités disponibles, elles prêtent
des liquidités aux autres banques. La demande émane des banques qui ont
des besoins de financement, elles empruntent des liquidités aux autres
banques.
L’équilibre global entre offre et service de liquidité ne peut pas être laissé au
seul marché interbancaire sans l’intervention de la banque centrale, le prix
de la liquidité (c'est à dire le taux d'intérêt à court terme) risquerait d’être très
volatile. Le prix sur le marché interbancaire est un prix à court terme et c’est
un taux global.
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Dans les deux cas, on parle d’opération OPEN MARKET parce que la
banque centrale intervient sur le marché monétaire et non pas de gré à gré
avec chacune de banque. C’est à dire, la banque ne s’intéresse pas à une
seule banque en particulier, mais elle intervient sur le marché dans son
ensemble.
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I. 2.1. Le taux de refinancement
Les banques se refinancent auprès de la banque centrale selon le taux de
refinancement. En d’autres termes, les banques paient pour le service de
liquidité, un prix calculé en fonction du taux de refinancement.
Les taux directeurs sont les taux d'intérêt fixés par une Banque centrale (d'un
pays ou d'une union monétaire), taux auxquels cette banque centrale
accorde des crédits à court terme aux banques commerciales.
Le taux de refinancement est le principal taux directeur de toutes les
Banques centrales : il est utilisé lors des opérations de refinancement
(opérations d’open market »), au cours desquelles les Banques centrales
proposent des liquidités aux banques commerciales.
Dans plusieurs pays, les taux d’intérêt appliqué par la banque centrale aux
opérations de refinancement est encadré par le taux marginal de facilité de
dépôt, c’est le taux plancher et le taux marginal d’emprunt, qui est le taux
plafond.
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Ainsi, le taux directeur influence tous les taux pratiqués dans toute
l’économie (taux monétaire, taux…). Le comportement du taux directeur se
répercute directement sur les banques commerciales.
Il est important de distinguer les taux à court terme des taux à long terme.
Les taux d’intérêt à long terme dépendent à chacun instant, de l’anticipation
de la valeur future des taux d’intérêt à court terme. Les taux à court terme
sont très proches des taux de refinancement.
Il est aussi très important de distinguer le taux d’intérêt nominal et le taux
d’intérêt réel. Le taux d’intérêt réel se défini comme la différence entre le
taux d’intérêt nominal et le taux d’inflation anticipé sur la même période.
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La séquence de taux d’intérêt qui servit aux différents horizons temporels
constitue la courbe des taux.
En effet, le taux d’intérêt à long terme dépend à chaque instant de la valeur
future du taux d’intérêt à court terme.
La banque centrale intervient à l’extrémité courte de courbe en fixant le taux
de référence des opérations du jour au jour (taux directeur).
Les mouvements du taux directeur se transmettent, le long de la courbe de
taux par le jeu des anticipations.
Cette courbe est illustrée visuellement par la « courbe des taux », construite
en mettant en abscisse les maturités, de 1 jour à 30 ans par exemple, et en
ordonnée les taux d'intérêt à ces différentes maturités. On peut la tracer pour
un emprunteur donné (par exemple un État) ou en moyenne sur un
ensemble de titres.
Dans le cas standard, où peu des variations de taux d'intérêt sont attendues,
le taux d'intérêt à long terme est plus grand que le taux d'intérêt à court
terme en raison de l'existence d'une prime de risque positive.
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Il peut arriver, cependant, qu'elle soit décroissante, les taux longs étant
inférieurs aux taux courts. On parle alors de courbe « inversée ». Certains
travaux ont montré qu'une courbe des taux inversée est un signe
annonciateur d'une récession économique. En effet, elle témoigne d'une
anticipation de baisse des taux courts. Or les baisses de taux courts sont
généralement pratiquées par les banques centrales pour tenter de contrer les
récessions.
Donc, la courbe de taux peut être inversée, si on anticipe que les taux
baisseront à l’avenir car la banque centrale à diminuer la monnaie en
circulation. L’enjeu est que la banque centrale peut influencer les taux de
long terme en communiquant publiquement leurs intentions concernant la
politique monétaire future.
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N.B.
A compléter : veuillez dresser une liste des différents taux d’intérêt appliqués
dans une économie et les définir.
I.5. Vème ENJEUX : INTERACTION INTERNATIONALE
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L’hypothèse d’une neutralité à Long Terme reste l’hypothèse fondatrice qui
justifie les choix institutionnels : indépendance de la banque centrale,
spécialisation dans la lutte contre l’inflation, mais aussi la définition des
objectifs de la politique monétaire.
ΔP ΔV ΔM ΔY
= + −
P V M Y
Ainsi, la monnaie est neutre à LT, si V est constante et le PIB contraint par
les capacités d’offre, alors toute augmentation de la masse monétaire ne fera
ΔM ΔP
que produire l’inflation, M
se répercute directement sur P . C’est
pourquoi Friedman affirme que « l’inflation est toujours et partout un
phénomène monétaire. »
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C’est la théorie keynésienne qui nous explique la source de la rigidité
nominale. La théorie keynésienne enseigne qu’une hausse de la masse
monétaire entraine à court terme une chute du taux d'intérêt. Si les prix ne
s’ajustent pas à la hausse, l’offre de la monnaie est ex ante inférieure à la
demande de la monnaie et l'ajustement se fait par la baisse des taux
d'intérêt.
La baisse de taux d’intérêt permet de relancer la demande des biens et
services, et en présence de capacité de production non utilisée, le PIB peut
augmenter.
La relance de l’économie peut donc aussi se faire via la politique monétaire
et donc l’augmentation de la masse monétaire n’a pas seulement pour
conséquence l’augmentation de prix, mais peut aussi relancer l’économie via
le taux d’intérêt.
Alors d’où viennent les rigidités nominales ?
Cette théorie fut développée par Edmond Philip et Robert Lucas en 1970 qui
affirment que les producteurs observent mieux leur prix que les prix des
autres biens. C’est ainsi que lorsque le niveau générale des prix augmente,
ils croient que c’est leur propre prix qui tend à croitre. Donc, ils pensent que
la demande adressée à leur bien augmente. Ils vont répondre à cette erreur
de perception en augmentant leur production. Par conséquent, la hausse du
prix
sera limitée.
Théorie développée par Stanley Fisher (1957) et John Taylor en (1980). Les
salaires nominaux sont lents à s'adapter à court terme. Pourquoi ? à cause
des contrats de longue durée, des conventions collectives de travail...
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Il s'agit du pilotage du taux d’intérêt fondé sur le comportement d’optimisation
et des anticipations rationnelles.
En effet, on assiste actuellement au développement de nouveaux modèles
de politique monétaire dans lesquelles, les agrégats monétaires jouent un
rôle secondaire ou sont entièrement ignorés. C'est le cas du modèle
développé par R. Clarida, J. Galy et M. Gertler.
Dans ce modèle nouveau keynésien, la banque centrale fixe le taux d’intérêt
à court terme afin de maintenir le taux d’inflation future et l’écart de
production future, aussi proches que possible de ses objectifs. Un aspect
important du modèle, c’est que la banque centrale adopte une approche
prospective. Elle n’essaye pas de contrôler le niveau courant de l’inflation ou
de la production, mais elle contrôle les prévisions d’inflation et d’écart de
production qui résulte de son modèle
Pour John Muth [1961], puis Robert Lucas & Sargent [1972], les anticipations
sont rationnelles ; cela ne signifie pas que les agents ne commettent jamais
19
d’erreurs, mais qu’ils ont une connaissance parfaite du fonctionnement de
l’économie et qu’ils utilisent toute l’information disponible.
Formellement
a
La valeur anticipée des prix en t( Pt ) est égale à l’espérance
a
d’erreur entre Pt et Pt est nulle, les agents ne se trompent pas
systématiquement.
20
directement ou indirectement sous forme de métal, alors qu’aujourd’hui elle
repose aussi sur le crédit.
Friedman relève que cette relation fonctionne seulement à Court Terme car
dit-il que les agents économiques ne sont que provisoirement victimes de
l’illusion monétaire en cas de politique monétaire expansionniste si bien que
le taux de chômage rejoint rapidement son niveau naturel tandis que le taux
d’inflation se trouve propulsé à un niveau supérieur.
21
Pour mettre un terme à ce cercle vicieux inflationniste, Friedman préconise
l’abandon de politique monétaire discrétionnaire au profit des règles fixes.
Une politique discrétionnaire est celle qui se détermine à chaque période en
fonction des informations sur l’état de l’économie. Nous reviendrons sur ce
point au dernier chapitre. Il suggère de déterminer un objectif de croissance
pour la masse monétaire compatible avec le taux de croissance moyen de la
production afin de garantir la stabilité des prix à long terme.
22
I. 6. Cadre Théorique VI : Le policy mix
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cause de ses conséquences inflationnistes. De fait, les épisodes
d’hyperinflation en Amérique latine ont tous été reliés aux dérapages
incontrôlés des finances publiques.
24
CHAPITRE II : LES OBJECTIFS DE LA POLITIQUE MONETAIRE
25
Dans ces conditions, la politique monétaire est l’instrument naturel du
contrôle de l’inflation.
Lorsque le niveau général des prix à la consommation baisse de façon
prolongée, on parle de « déflation », qui est donc une inflation négative. Rare
depuis la Seconde Guerre mondiale, la déflation est généralement
considérée comme une situation dangereuse pour l'économie, parce que
l'anticipation d'une baisse future des prix des biens incite les consommateurs
à différer leurs achats, ce qui engendre une baisse de la demande adressée
aux entreprises, donc une baisse ultérieure des prix, etc.
Ainsi, il est généralement admis que les opérations des autorités monétaires
dans le domaine de la lutte contre l’inflation, conduisent à un accroissement
du chômage ou à une baisse de la production.
L'inflation galopante est une inflation à deux voire trois chiffres. À mesure
qu'elle se développe, la méfiance à l'égard de la monnaie nationale s'accroît.
Sa détention est évitée au maximum.
Les contrats à long terme sont indexés ou exprimés dans une monnaie
étrangère. Les actifs physiques sont recherchés. Le système financier tend à
se disloquer. La fuite des capitaux affaiblit l'économie nationale.
L'inflation galopante a été le lot récent de nombreux pays émergents ou en
voie de développement.
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l'inflation ne reste pas modérée et s’engouffre dans une spirale inflationniste
des prix et des revenus pouvant conduire à l'inflation galopante.
Une politique monétaire laxiste peut éventuellement, plutôt que de se
traduire dans une augmentation générale des prix à la consommation
(l’inflation), se traduire dans une forte augmentation du prix de certains actifs
créant ainsi une « bulle » boursière, immobilière, … Le reflux ultérieur («
éclatement de la bulle ») peut perturber l’économie et provoquer une
récession (cf. Japon ’90, crise financière 2008…).
Une bulle économique, bulle de prix, bulle financière, ou encore bulle
spéculative, est un niveau de prix d'échanges sur un marché (marché d'actifs
financiers : actions, obligations, marché des changes, marché immobilier,
marché des matières premières, etc.) excessif par rapport à la valeur
financière intrinsèque (ou fondamentale) des biens ou actifs échangés.
Même lorsque la politique monétaire est menée avec rigueur, une parfaite
stabilité des prix n'est toutefois plus observée dans les économies modernes.
Dans ces économies, caractérisées par un processus rapide de croissance
et de progrès, un niveau minimum d’inflation apparaît inévitable (Par
exemple, l’objectif d’inflation de la BCE : < 2 % pour assurer la stabilité des
prix). Ce taux minimum que l'on pourrait qualifier de taux normal d'inflation
peut être modifié temporairement, à la hausse ou à la baisse, par des chocs
ou des variations conjoncturelles affectant l'économie réelle.
Ces chocs peuvent conduire à une inflation par la demande ou à une inflation
par les coûts.
L'inflation par la demande est notamment liée aux périodes de haute
conjoncture de l'économie.
Lorsque les capacités de l'économie sont utilisées à plein (plein emploi,...),
tout accroissement supplémentaire de la demande tend à se résoudre en
augmentation de prix.
Certains chocs ou événements exceptionnels peuvent également aviver
l'inflation par la demande (guerres, vague d'investissements suscitée par des
innovations techniques...). Mais indépendamment des événements
exceptionnels et des variations conjoncturelles, le processus général des
progrès tend aussi à susciter une certaine inflation par les déplacements de
28
la demande qu'il provoque (modification de la structure de la demande
globale) et la plus grande rigidité des prix à la baisse (produits moins
demandés) qu'à la hausse (produits plus demandés).
L'inflation par les coûts (même quantité produite à coûts plus élevés) peut
provenir de chocs extérieurs violents comme les chocs pétroliers de 1973,
1979 et 2008 (augmentation du prix de l’énergie et des matières premières).
Mais sa composante structurelle est probablement plus importante.
L'inflation par les coûts peut être le résultat des progrès techniques et du
mode de transmission de leurs bénéfices à la population. Si la concurrence
parfaite était d'application et les prix parfaitement flexibles, la transmission
des bénéfices des progrès réalisés dans un secteur se ferait via une baisse
nominale rapide du prix des produits concernés.
Progrès techniques et inflation
Les progrès auraient tendance à provoquer une baisse du niveau général
des prix dans l'économie. Dans la réalité, l'effet inverse (hausse moyenne
des prix) est observé car c'est moins la concurrence des entreprises sur les
marchés des produits qui assure la transmission des bénéfices des progrès à
la population que les revendications salariales émanant des salariés de
l'entreprise ou du secteur concerné par les progrès.
L’inflation naît alors de ce que les taux de progrès ne sont pas uniformes
entre les secteurs au sein de l’économie alors que les augmentations de
salaire tendent, elles, à se propager et à s’uniformiser.
Lorsque des progrès sont accomplis, les entreprises s'efforcent d'en
conserver le bénéfice, tandis que les salariés s'efforcent d'en obtenir le
partage. Dans les secteurs de pointe où les progrès sont les plus rapides, les
employeurs peuvent concéder facilement des augmentations de salaire. Mais
ces augmentations de salaire tendent ensuite à être exigées par les salariés
des autres secteurs et à se diffuser dans l'économie, indépendamment des
progrès réalisés, ce qui conduit à un relèvement des coûts et des prix.
29
de régime politique sont souvent précédés par des hausses de prix qui ont
provoqué des colères sociales.
30
Après la Seconde Guerre Mondiales, les épisodes hyper inflationnistes ont
encore été nombreux, notamment dans les pays « émergents » d'Amérique
latine, dans les années 1970 et 1980.
Mais ce qui frappe également, lorsque l'on observe les années de forte
croissance de l'après-guerre, durant les Trente Glorieuses, c'est la
persistance, un peu partout, d'une inflation relativement élevée.
Après les poussées inflationnistes des années 1980, à la suite des deux
chocs pétroliers de 1970, l’orientation de la politique monétaire à partir de la
décennie 1990, était vers la stabilité des prix. Ceci est clairement démontré
dans le tableau ci-après.
31
Répartition des taux d’inflation dans le monde
En effet, dans les années 1980, les banques centrales avaient hérité des
taux d'inflation élevés, à la suite de deux chocs pétroliers des années 1970.
Plusieurs pays resserrèrent leurs politiques monétaires de manière
discrétionnaire par l'ancrage de leur monnaie sur celle d'un pays peu
inflationniste.
N.B. La notion d'ancrage sera explicitée dans le prochain objectif.
Cependant, quelques pays émergents enregistraient encore des taux
d'inflation très élevés.
C'est dans les années 1990 que s'affirma l'orientation vers la stabilité des
prix. Le graphique ci haut le démontre clairement :
En 1980, moins des 10% des pays jouissaient d'un taux d'inflation inférieur à
5%.
En 1990, cette proportion des pays jouissant d'un taux d'inflation autour de
5% est passée à environ 30%.
En 2000, 60% des pays présentent des taux d'inflation d'environ 5%.
En 2010 : la majorité des pays avaient des taux d'inflation en dessous de
15%, consacrant ainsi la disparition de l'hyperinflation dans la plupart des
pays du monde. On pouvait même localement, trouver des pays marqués par
la déflation, c'est à dire par une baisse simultanée de la production et du
niveau général des prix (cas du japon).
Le Japon se caractérisa pour sa part de la fin des années 1990 à 2006 (puis
encore à partir de 2009) par une déflation généralisée. Dans la tourmente
32
financière des années 2008-2012, une tourmente relayée par la crise des
dettes souveraines, les stratégies théoriques et pratiques des banques
centrales ont l'inflation en ligne de mire.
L’argument en faveur de la stabilité des prix est que l’inflation fausse les
décisions économiques en taxant implicitement la richesse des agents et en
brouillant les signaux donnés par les prix relatifs. Ainsi, les banques
centrales cherchent à limiter la hausse des prix.
Les prix des biens de consommation subissant une augmentation
– volontiers dénommée « vie chère » –, il s'ensuit que le « pouvoir d'achat »
des revenus et des patrimoines, c'est-à-dire la quantité de biens qui peut être
achetée avec une unité de revenu ou de patrimoine, mais également le
pouvoir d'achat de la monnaie, c'est-à-dire ce qui peut être acheté avec une
unité de monnaie, diminue au rythme de l'inflation, dont on dit qu'elle ampute
le pouvoir d'achat, sauf dans le cas où les revenus ou les patrimoines sont
indexés sur une mesure du niveau des prix à la consommation : on parle
alors de maintien de la valeur « réelle » du revenu ou du patrimoine, c'est-à-
dire de maintien du pouvoir d'achat.
N.B. Cette partie doit être complétée par la lecture du livre de Politique
monétaire de Françoise DUMETZ et Christian PFISTER sur l'objectif de la
stabilité des prix.
Cet objectif de stabilisation des prix a été assigné aux banques centrales
parce qu’elles sont garantes de la valeur de la monnaie qu’elles émettent.
33
Or la valeur de la monnaie n’est autre que le pouvoir d’achat en biens et
services qu’elle confère à son détenteur. Il est d’usage de distinguer la valeur
externe d’une monnaie (le taux de change) et sa valeur interne (qui peut être
mesurée, pour un consommateur type, par l’inverse du niveau des prix à la
consommation).
34
En 2011, 28 pays dans le monde l’avait adopté, et le Fonds monétaire
international [2006] en a fait son régime officiel : il est le nouveau système
monétaire international [Rose, 2007]. Cette trajectoire est originale dans
l’histoire marquée par des régimes monétaires internationaux venus des
pays dominants, et non dominés monétairement
Il s’agit d’une conception de la politique monétaire axée sur la réalisation
d’un objectif d’inflation avec un engagement explicite de considérer la
maîtrise de l’inflation comme le but principal de la politique monétaire et un
accent mis sur la transparence et la responsabilité.
I.3.1. Le dispositif de ciblage de l’inflation
A. Les avantages.
35
L’un des principaux arguments en faveur du régime des cibles d’inflation est
d’accroître la confiance du public dans la stabilité des prix futurs. Lorsqu’une
banque centrale adopte un tel régime, elle signale clairement que la maîtrise
de l’inflation est une de ses priorités. Lorsque ce régime est crédible et bien
communiqué, les gens s’attendront à ce que les prix demeurent relativement
stables, aux environs du taux d’inflation annoncé.
Cependant, l’adoption d’une cible d’inflation ne signifie pas pour autant que
l’objectif de la croissance économique est abandonné.
En fait, certains croient que la stabilité des prix est la meilleure contribution
de la politique monétaire à la croissance économique. Selon David Dodge,
grâce aux cibles d’inflation, les entreprises et les particuliers peuvent former
des projets économiques à long terme avec une confiance accrue. On ne
gaspille plus des ressources économiques rares pour tenter de se prémunir
contre la menace d’une inflation galopante.
En outre, lorsque les gens s’attendent à ce que les prix demeurent stables,
les banques centrales peuvent mieux réagir aux chocs macroéconomiques.
Par exemple, du fait que la hausse récente du prix du pétrole n’a pas
entraîné une augmentation de l’inflation, la Banque du Canada a été en
mesure de maintenir des taux d’intérêt relativement faibles.
De même, les cibles d’inflation peuvent accroître la transparence et la
cohérence de la politique monétaire. Selon M. Dodge, grâce au ciblage de
l’inflation, les délibérations sur la politique monétaire ont gagné en rigueur et
en clarté.
Les économistes appellent ancrage nominal un lien fort vers une grandeur
exprimée en valeur, par exemple le niveau des prix, celui du taux de change
dans une autre monnaie, celui d'un agrégat monétaire (une quantité de
monnaie s'exprime en valeur), ou celui du PIB en monnaie courante.
On peut aussi comprendre par ancrage nominal le fait de fixer une variable
nominale comme objectif de la politique monétaire. Trois variables sont
généralement utilisées comme cible : le taux de change, un agrégat
monétaire (dans la majorité des cas M2) et l'inflation.
38
demande agrégée des biens et services pour chaque niveau des prix. Et
selon la pente de la courbe d’offre, l’activité et/ou les prix augmentent. Une
politique monétaire restrictive a l’effet inverse.
Pour les uns, dont les keynésiens, la politique monétaire peut être utilisée
dans un objectif de régulation conjoncturelle macro-économique, c'est-à -dire
qu'elle peut agir sur la production et l'emploi.
Ainsi, par exemple, quand le chômage est élevé du fait d'une insuffisance de
la demande, on doit abaisser le taux d'intérêt de manière à stimuler la
demande (les ménages vont plus emprunter, par exemple pour se loger,
puisque cela coûtera moins cher, et les entreprises feront la même chose
pour financer leurs achats de biens d'équipement ; dans les deux cas, cela
contribue à augmenter la demande, donc la production et l'emploi).
L’utilisation de la politique monétaire contracyclique est aujourd'hui
contestée. En effet, l’existence de rigidité des prix qui est une hypothèse
essentielle pour justifier une politique monétaire contracyclique est
aujourd’hui largement admise. Cependant, le délai long et variable de
réaction des économies aux impulsions monétaires font des politiques
contracycliques des exercices difficiles, une politique contracyclique pouvant
fort bien se transformer de facto en une politique procyclique.
Les anticipations des marchés peuvent aussi limiter les effets des politiques
contracycliques, par exemple si le taux d’intérêt à long terme augmente en
période de récession, parce que la baisse forte des taux courts induite par
l’action de la banque fait anticiper une résurgence de l’inflation
39
Le comportement des banques centrales est très souvent formalisé à partir
de la règle de Taylor (1993), qui résume en quelque sorte la « fonction de
réaction » des autorités monétaires. D'après cette règle, le taux directeur
(en valeur nominale) de la banque centrale est fixé en fonction de quatre
arguments :
40
La banque centrale durcit sa politique (relève son taux directeur) lorsque
l'inflation effective dépasse la cible d'inflation, et lorsque la croissance
effective est supérieure à la croissance potentielle. Mais toutes les banques
centrales n'attachent pas le même poids à l'objectif de stabilité des prix par
rapport aux objectifs relatifs à la croissance et à l'emploi.
Remarque
41
Aux États-Unis, par exemple, le Système fédéral de réserve a un double
mandat : un niveau d’emploi aussi élevé que possible et le maintien de la
stabilité des prix.
42
La vitesse de circulation de la monnaie ne s'avère pas constante, si bien que
la relation entre quantité de monnaie en circulation, prix et production se
trouve difficile à anticiper.
43
Depuis les années quatre-vingts, la généralisation de la libre circulation des
capitaux s'est effectuée concomitamment à un mouvement d'adoption de
régimes de changes flottants.
Mais, même dans le contexte d'une liberté de maniement des taux d'intérêt
pour conduire la politique monétaire au sens strict, cet instrument n'en
impacte pas moins le change, qui est une variable fondamentale de toute
politique économique. L'autonomie des politiques monétaires est donc
largement théorique.
Réciproquement, les opérations sur le marché des changes peuvent
interférer avec la politique monétaire au sens strict, qu'il s'agisse de la
stabilité des prix ou de l'activité économique.
Ainsi, le soutien de la monnaie locale par la banque centrale favorise la
stabilité des prix en pesant sur l'activité, par le canal du taux d'intérêt (la
raréfaction de la monnaie provoque une hausse des taux) et du commerce
extérieur (les exportations sont découragées). Réciproquement, une vente
de monnaie locale contre devise favorise une relance de l'activité via la
baisse des taux d'intérêt et la hausse des exportations.
44
CHAPITRE IV. LES CANAUX DE TRANSMISSION DE LA POLITIQUE
MONETAIRE
Idée générale :
45
Cette conception keynésienne traditionnelle du mécanisme de transmission
de la politique monétaire peut se résumer par le schéma suivant, qui illustre
les effets d’une expansion monétaire :
46
Pour comprendre cette relation entre le taux d'intérêt à court, moyen et long
terme, il faut préciser qu’il existe (comme souligné à l'introduction), sur les
marchés financiers, un grand nombre de taux d’intérêt, dont chacun
correspond à une durée et une catégorie d’emprunteurs.
La courbe des taux est généralement positive (les taux à long terme étant
supérieurs aux taux à court terme).
C’est à travers cette courbe des taux que les changements de taux
directeurs, autrement dit la politique monétaire, se diffusent à l’ensemble de
l’économie. La forme de la courbe des taux est donc essentielle pour la
transmission de la politique monétaire.
i) L'évolution future anticipée des taux courts. On montre, en effet, que si les
marchés financiers anticipent, à l'avenir, une hausse des taux courts, les
taux longs vont également monter en proportion. En fait, le taux à dix ans,
par exemple, est égal à la combinaison des dix taux à un an anticipés pour
chacune des dix années à venir;
(ii) L'incertitude qui affecte ces anticipations de taux : elle se matérialise par
une prime de risque spécifique. Plus les anticipations de taux courts futurs
sont incertaines, plus les taux longs sont élevés. C'est une des raisons pour
lesquelles les banques centrales s'attachent à préserver leur crédibilité.
(iii) Les taux longs sont affectés par l’offre et la demande de titres aux
différentes échéances. Par exemple, si le déficit budgétaire est important,
l’Etat va émettre plus de titres, leur offre s’accroit, leur prix baisse, et le taux
d’intérêt que doit consentir l’Etat doit s’élever.
Ainsi en déterminant son taux directeur, la Banque Centrale vise à agir sur
l’ensemble des taux qui affectent l’économie nationale. Une variation du taux
directeur va provoquer un déplacement de la courbe des taux.
NB. L'économie réagit au niveau et aux variations des taux d'intérêt réels,
c'est-à-dire la différence entre les taux nominaux dégagés par le marché et
l'inflation anticipée.
47
L'évolution des taux constatée sur les marchés financiers a un impact direct
sur le financement de l'économie et donc sur l'activité. Cet impact direct est
cependant bien plus dans les pays où l'intermédiation bancaire joue un plus
grand rôle. Ainsi, le canal du taux d'intérêt diffère considérablement d'un
pays à l'autre.
Les taux d’intérêt déterminent le coût des ressources que les banques se
procurent sur les marchés monétaires (à court terme) ou financiers (à
long terme).
Plus leurs ressources sont chères, moins les banques sont incitées à
prêter et plus elles prêtent à taux élevé ; la demande de crédit, dans ce
cas, diminue.
La politique monétaire a un impact sur 1) les conditions et 2) sur le
volume du crédit distribué dans l’économie.
Les variations du volume et des conditions des prêts bancaires affectent
à leur tour les dépenses d'investissement et de consommation.
48
Ce canal suppose cependant que le crédit puisse être rationné sans que les
taux d’intérêt viennent équilibrer l’offre et la demande (logique keynésienne).
En effet, un durcissement des conditions d'accès des banques à la liquidité
ou une détérioration de la qualité de leur actif les conduits à restreindre les
crédits aux ménages et aux entreprises ; c'est cela le canal du crédit.
49
En cas d'une mauvaise santé des banques, lorsque leurs bilans sont
dégradés avec des risques d'insolvabilité avec des passifs financiers
dépassant les actifs, le remède n'est pas monétaire mais budgétaire. Le
décideur politique devra dans ce cas :
1. soit amener les banques à renforcer leur capital soit par émission
d'actions ou par fusion entre banques
2. soit procéder à une injection des fonds publics
Comme son nom l'indique, ce canal de transmission concerne les prix des
actifs comme les actions, obligations ou des biens immobiliers.
50
obligations par rapport aux actions, ce qui suscite une hausse des cours
de ces dernières.
En combinant ces thèses avec le fait que la hausse des cours des actions
(Pe ↑) entraîne une augmentation du coefficient Q de Tobin (Q↑) et donc des
dépenses d’investissement (I ↑), on déduit le mécanisme suivant de
transmission de la politique monétaire :
M ↑⇒ Pe ↑⇒ Q ↑⇒ I ↑⇒Y ↑
Un autre canal de transmission par les cours des actions agit par le biais des
effets de richesse sur la consommation.
Ce canal a été mis en évidence par Franco Modigliani.
Dans le modèle du cycle de vie de Modigliani, les dépenses de
consommation sont déterminées par les ressources des consommateurs tout
51
au long de leur vie, qui sont constituées du capital humain, du capital
matériel et de la richesse financière — ou patrimoine.
Lorsque les cours des actions s’élèvent, la valeur de ce patrimoine financier
s’accroît et, par conséquent, les ressources globales des consommateurs
pendant l’ensemble de leur vie augmentent, et donc la consommation. Une
politique monétaire expansionniste peut entraîner une hausse des cours des
actions (Pa ↑),
Ainsi, nous avons le mécanisme suivant de transmission de la politique
monétaire :
M ↑Pa ↑richesse ↑consommation ↑Y ↑
52
Ainsi, le canal du taux de change ou canal externe de la politique monétaire
amplifie les autres canaux de transmission.
Le schéma du mécanisme de transmission de la politique monétaire par le
canal du taux de change est donc le suivant:
M ↑ ir ↓E ↓NX ↑Y ↑
Où
E = valeur d’une devise par rapport à une autre càd le taux de change;
NX : exportations nettes
Ce canal revêt une importance particulière dans les petites économies
ouvertes où les modifications du taux de change jouent un rôle important
dans la détermination des prix et de la production.
II.1. EVALUATION
53
Comment peut-on évaluer l' importance relative des différents canaux de
transmission de la politique monétaire?
La force des différents canaux de transmission varie d'un pays à l'autre, d'un
environnement à un autre.
Si certains chercheurs, tels que Taylor (1995), considèrent comme
extrêmement importants les canaux traditionnels de taux d’intérêt, agissant
par le biais du coût du capital, de nombreux autres spécialistes n’ont pas la
même opinion.
Selon une étude récente sur les dépenses d’investissement en capital fixe
des entreprises (Chirinko, 1993), la réaction de l’investissement aux
variables de prix, par rapport aux variables réelles, a tendance à être faible et
peu significative.
Ainsi, plus la proportion de prêts à court terme ou à taux variable est forte
dans un pays, plus le canal du taux d'intérêt sera puissant.
Le canal des prix d'actifs dépend de l’ampleur des détentions d'actifs par les
résidents.
Par ailleurs, le canal de crédit constituent un mécanisme de transmission
supplémentaire, dans lequel les variations de taux d’intérêt peuvent avoir une
incidence non négligeable sur la demande globale.
54
crédit, qui se situe au cœur de l’analyse du canal du crédit, est une
construction théorique qui s’est avérée extrêmement utile pour expliquer
nombre d’autres phénomènes importants à savoir: la structure actuelle
du système financier, fournit une explication cohérente de
l’enchaînement des événements lors d’une crise financière type et des
raisons pour lesquelles les crises financières sont si néfastes pour
l’économie.
Étant donné que la plupart des banques centrales ont recours aux taux
d’intérêt nominaux à court terme, généralement le taux interbancaire, comme
principal instrument de politique monétaire, il existe un risque que ces taux
soient l’objet d’une attention excessive, de la part des autorités monétaires
comme du public, en tant qu’indicateurs de l’orientation de la politique
monétaire.
II.2.2. Les prix d’autres actifs, outre ceux des instruments de dette à
court terme, fournissent d’importantes indications sur l’orientation de
la politique monétaire car ce sont des canaux de transmission
essentiels.
55
La recherche économique sur les phénomènes monétaires a fini par établir
que les prix d’autres actifs, outre les taux d’intérêt, ont des effets majeurs sur
la demande globale. Monétaristes, keynésiens et néo-keynésiens
soutiennent tous l’idée que les prix d’autres actifs, tels que les cours des
actions, les taux de change, les prix des logements et terrains, sont un
élément important du mécanisme de transmission de la politique monétaire.
Si les économistes sont divisés sur le point de savoir quels canaux de
transmission sont les plus importants, tous s’accordent néanmoins sur le fait
que les prix d’autres actifs jouent un rôle important dans la façon dont la
politique monétaire affecte l’économie.
56
II.2.4. Un objectif important de la politique monétaire devrait consister à
éviter les fluctuations non anticipées du niveau des prix, ce qui
permettrait de justifier la stabilité des prix comme principal objectif à
long terme de la politique monétaire
Au cours des années récentes, les banques centrales ont entrepris de mettre
davantage l’accent sur la stabilité des prix comme principal objectif à long
terme de la politique monétaire.
Face à la crise financière, les banques centrales ont répondu avec vigueur
en utilisant tous les leviers possibles.
58
La stratégie de la règle : est celle qui consiste en l’annonce
préalable par la banque centrale des objectifs et en l’engagement
ferme de s’en tenir, sauf cas de force majeure.
L'autorité publique peut suivre des règles préétablies ou, au contraire, mener
une politique discrétionnaire en adaptant ses choix à chaque période selon
les circonstances.
Pour que la politique monétaire soit efficace, elle doit éviter cette
incohérence et pour ce faire, elle ne doit pas être sous l’emprise du pouvoir
59
politique. La question porte alors sur la capacité des agents privés à
anticiper ou non ces déviations.
60
fixés, à réaliser une expansion monétaire afin de stimuler l'activité
économique.
Cette anticipation est à l'origine d'une augmentation des salaires nominaux
lorsque ceux-ci sont renégociés, assurant aux travailleurs un salaire réel
inchangé, avec pour conséquence que l'expansion monétaire n'aura aucun
effet sur le niveau d'emploi.
Le point important est qu'en plus d'être inefficace (le chômage ne diminue
pas) la politique monétaire discrétionnaire est coûteuse, puisqu'elle se traduit
par un supplément d'inflation. Le seul moyen pour l'autorité monétaire
d'éviter ce biais inflationniste est de s'engager de manière crédible à ne pas
ajuster sa politique à la situation économique ; c'est-à-dire à suivre une règle.
61
La problématique du Seigneuriage milite en faveur de l'indépendance de la
banque centrale. En effet, le gouvernement peut avoir intérêt à une inflation
plus élevée. En effet, la banque centrale fabrique des billets de banque à
faible coût et les émets à leur valeur nominale, plus élevée.
L'émission des billets s'apparente ainsi à un prêt sans intérêt accordé par les
agents privés à la banque centrale. Le profit correspondant est appelé
seigneuriage. Ainsi, le seigneuriage revient à prélever un impôt sur les
détenteurs de monnaie, d'où son appellation de taxe d'inflation
Il est en principe perçu par la banque centrale et reversé au Trésor.
Si la banque centrale n'est pas indépendante, le gouvernement peut être
tenté de maximiser ces recettes.
ΔMo
=Π +g
Mo
ΔMo
=i
Mo
ΔMo=iMo
65
Lorsque les politiques des banques centrales visant à baisser les taux
directeurs se sont révélées insuffisantes pour relancer le crédit et générer
des liquidités, celles-ci ont dû adopter des mesures non conventionnelles.
La politique monétaire ayant vite atteint ses limites (taux proches de 0), le
mécanisme keynésien de la Trappe a liquidité semble appeler à un policy
mix, c’est-adire à un recours massif à l’outil budgétaire. Stratégie qui n’a pas
été suivie par les économies développées, soumises à un endettement
massif.
66
Si une politique monétaire expansionniste n’a aucun impact, en revanche, la
politique budgétaire se révèle très efficace puisqu’elle ne génère désormais
plus d’effet d’éviction (les taux d’intérêt n’augmentent pas).
Il faut cependant préciser un point important : l’existence d’une trappe a
liquidité doit être mise en relation avec les anticipations sur l’évolution des
taux réels (taux nominal – taux d’inflation). En effet, si les taux d’intérêt
nominaux sont très faibles mais les anticipations d’inflation très fortes, les
agents économiques vont rester attentistes. Seul un taux d’intérêt bas (voir
négatif) peut constituer une incitation à consommer et à investir.
Pour que la baisse des taux d’intérêt soit efficace, il est donc nécessaire que
l’inflation ne diminue pas aussi rapidement que les taux nominaux. Il se peut
cependant, dans le cas d’une crise sévère, que l’inflation chute plus
rapidement que les taux d’intérêt nominaux.
Dans ce cas, la hausse des taux d’intérêt réels ralentit l’activité économique.
C’est cette situation que l’on a observé fin 2008 – début 2009 dans la zone
euro, et surtout aux Etats-Unis.
Un pays confronté à une telle situation, est menace d’une baisse continue du
niveau des prix. On parle de déflation, phénomène plutôt rare, mais qui est
tenace (exemple de la crise de 1929 et du cas japonais depuis 1993).
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actionnent en même temps ce dispositif. Dans le cas contraire, la balance
extérieure se détériorerait et l’activité nationale se réduirait.
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Bibliographie
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