Rapport d’observations
Observatoire de Haute-Provence
Semaine du 5 au 10 décembre 2016
Encadré par :
Ariane Lançon Sylvie Cabrit
Pierre Ocvirk Jean-Baptiste Le Bouquin
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Table des matières
1 Introduction 1
2 Remerciements 2
3 Instruments utilisés 3
3.1 Imagerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.2 Spectroscopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
4 Techniques de réduction 11
4.1 Biais, courant d’obscurité, flat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.2 Imagerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.3 Spectroscopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
5 Organisation 17
5.1 Choix des cibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5.2 Préparation des observations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
7 Objets étudiés 25
7.1 Nébuleuse de la Bulle (NGC 7635) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
7.2 Nébuleuse du crabe (M1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
7.3 Nébuleuse du Nœud Papillon (NGC40) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
7.4 Nébuleuse de l’Esquimau (NGC2392) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
7.5 Nébuleuse du Casque de Thor (NGC2359) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
7.6 Nébuleuse d’Orion (M42) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
7.7 Etoile T Tau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
7.8 NGC2273 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
7.9 Galaxie du Cigare (M82) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
7.10 M81 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
7.11 RY Tau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
8 Galerie 87
9 Conclusion 88
Table des figures
5.1 Carte de visibilité pour trois objets dans le ciel avec staralt . . . . . . . . . 18
3
TABLE DES FIGURES TABLE DES FIGURES
4
7.67 M82 (schéma-guide pour la spectrographie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
7.68 Spectre du centre de M82 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
7.69 Spectre de l’extrémité ouest de M82 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
7.70 Diagramme de rapport de raies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
7.71 M81 : image composite RVHα . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
7.72 M81 : Carte d’émission Hα . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
7.73 M81 : Carte d’émission (OIII) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
7.74 M81 : image composite RVB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
7.75 M81 : Carte de couleur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
7.76 Imagerie de RY Tau avec le t120. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
7.77 Spectre de RY Tau avec le t152. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
6
7.37 Caractéristiques générales de M81 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
7.38 Résumé des acquisitions effectuées sur M81 au T120 . . . . . . . . . . . . . 81
Chapitre 1
Introduction
Le séjour s’est étalé du lundi 5 au samedi 10 décembre, avec des observations les nuits
du 5 au 8 inclus. La Lune, relativement basse sur l’horizon au coucher du Soleil, a été peu
gênante. Les conditions d’observation, très bonnes sur les quatre nuits (seeing moyen d’une
seconde d’arc, peu de vent), ont permis l’étude d’objets délicats à pointer (en particulier
au télescope de 152 cm).
Le rapport est structuré comme suit. Nous commencerons par présenter les deux mé-
thodes d’observation utilisées : l’imagerie et la spectroscopie, avec chacune leur télescope
attitré, respectivement celui de 120 et celui de 152 cm. Nous détaillerons en particuliers
les instruments installés sur ces télescopes : caméra CCD et Spectrographe Aurélie.
Dans un second temps nous aborderons l’aspect réduction des données. Nous dévelop-
perons les démarches suivis et les spécificités de l’imagerie et de la spectroscopie.
Nous verrons ensuite comment préparer une nuit d’observation : quelles cibles choisir,
et quelles sont les conditions d’observations pour ces cibles ? Nous parlerons également de
la préparation des cartes de champs, indispensables pour pouvoir trouver certains objets.
Après une courte partie sur les grands axes d’interprétation des résultats (en imagerie et
en spectroscopie), nous étudierons plusieurs objets astrophysiques. Chaque binôme ayant
eu la chance d’en étudier au moins un, des nébuleuses planétaires aux galaxies spirales.
Enfin, nous clorons ce rapport par une galerie d’images, dont l’étude scientifique sera
peut-être moins aboutie, faute de temps, mais dont la beauté à elle seule justifie leur place
ici.
1
Chapitre 2
Remerciements
Nous aimerions commencer par dire que cette semaine a été très enrichissante et que
nous avons pris beaucoup de plaisir à participer à cette belle semaine de découverte.
Nous remercions l’Observatoire de Haute Provence pour nous avoir accueilli durant une
semaine et nous avoir alloué du temps sur le T120 cm et le T152 cm. Merci à la Maison
Jean Perrin de nous avoir accueilli durant les observations.
Nous remercions chaleureusement les opérateurs Jean Balcaen pour le T152 cm et Jean-
Pierre Troncin pour le T120 cm pour leur disponibilité et leur sympathie. Ils ont été d’une
grande aide pour réaliser nos observations durant ces quatre nuits en nous enseignant tous
les secrets de ces deux télescopes.
Nous remercions ensuite les équipes du CDS pour leurs bases de données ainsi que tout
leur service informatique mis à disposition ainsi que les services de la base de données ADS
pour leur aide dans nos recherches.
Et bien sûr nous remercions nos encadrants Ariane Lançon, Sylvie Cabrit, Jean-Baptiste
Le Bouquin et Pierre Ocvirk qui ont monté ce projet. Ils nous ont enseigné de nombreuses
choses durant ce stage qui nous serons d’une grande valeur pour notre futur.
2
Chapitre 3
Instruments utilisés
3.1 Imagerie
3.1.1 T120
Le T120 est un télescope Newton sur monture équatoriale qui utilise un miroir de
120 cm ouvert à f/6 (figure 3.1 ). Initialement installé à l’observatoire de Paris en 1875, il
fut rénové et installé à l’observatoire de Haute-Provence en 1942.
Le schéma du télescope (figure 3.2) nous montre le trajet de la lumière en trait plein.
On collecte la lumière sur le miroir primaire qui la renvoie sur le miroir plan. La lumière
est ensuite dirigée vers la roue à filtres puis finit sa course sur le CCD pour réaliser de
l’imagerie directe.
3
3.1. IMAGERIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
4
3.1. IMAGERIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
Rappel principe CCD La technique d’imagerie utilisée au T120 est l’imagerie CCD.
Une CCD (Charge coupled deviced) est une matrice de photodiode composée de semi-
5
3.1. IMAGERIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
conducteur de nature différente permettant de détecter des photons dans un certain inter-
valle de longueur d’onde.
Le principe est le suivant : un photon arrive sur la matrice. Il va transmettre son
énergie à un électron de la bande de valence, bande riche en électrons mais ne participe
pas aux phénomènes de la conduction, du semi-conducteur. L’énergie que l’électron reçoit
va permettre de passer le "gap", bande interdite dans laquelle aucun électron ne peut se
trouver, pour pouvoir être dans la bande de conduction, bande participant aux phénomènes
de conduction. Les électrons dans la bande de conduction sont piégés dans des puits de
potentiel. La lecture consiste à compter le nombre d’électrons dans chaque puit de potentiel.
La lecture va nous donner une carte de la matrice avec des pixels ayant pour intensité une
valeur en ADU (Analog To Digital unit) correspondant à un certain nombre d’électrons
récoltés. Dans ce cas le gain correspond au nombre d’électrons qu’il faut pour avoir un
ADU.
6
3.2. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
3.2 Spectroscopie
3.2.1 T152
Ce télescope de type Cassegrain, dont les caractéristiques sont données dans le tableau
3.2, fut à l’origine construit en 1967 par la REOSC, filiale du groupe SAFRAN spéciali-
sée notamment dans les optiques de haute performance pour l’astronomie, le spatial, les
grands lasers ou encore l’industrie des semi-conducteurs. Sa mise en service débuta en
1969 avec l’instrument Spectrographe Coudé. Depuis Mars 1989 le seul instrument installé
est le spectrographe Aurélie qui permet d’obtenir des spectres à très haute résolution. Le
spectrographe peut fonctionner jusqu’à une résolution de R = 110000. La géométrie du
télescope comprend deux renvois coudés dans chaque axe de la monture ce qui permet
d’envoyer la lumière dans le spectrographe placé dans la salle de contrôle et qui n’a donc
pas besoin de se déplacer avec le télescope.
D = 1524 mm
Miroir principale parabolique h = 180 mm
f /4.5
Coude Distance focale 40.50 m
Ouverture f /27
Miroir secondaire hyperbolique Diamètre : 340 mm
Epaisseur : 62 mm
Premier miroir plan Diamètre : 344 mm
Epaisseur : 62 mm
Deuxième miroir plan Diamètre : 170 mm
Epaisseur : 60 mm
3.2.2 Aurélie
Aurélie est un spectromètre à réseau plan [GBK+ 94]. Il est associé à un détecteur CCD
EEV 42-20. Le Spectrographe est utilisé au foyer f /27 où l’échelle est de 200 µm/arcsec.
Ceci donne 14 µm/arcsec avec le grandissement effectif de 0.07 du télescope. L’entrée du
spectrographe se fait par un trou de 3 arcsec sur le ciel.
Un agencement de prismes placés après ce trou permet de décomposer l’image en
tranches qu’on aligne ensuite selon la direction orthogonale à la dispersion. Cela permet
7
3.2. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
8
3.2. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
Le détecteur CCD est utilisé avec un binning vertical de 100 pixels et un binning hori-
zontal de 1 pixel. Le binning vertical élevé permet de collecter d’avantage de photon pour
une même longueur d’onde tout en minimisant le bruit de lecture. Le binning horizontal
faible permet d’échantillonner suffisamment la réponse spectrale.
9
3.2. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 3. INSTRUMENTS UTILISÉS
carrés, celui-ci essaye alors d’ajuster le pointage grâce à une lame réfractrice modifiant le
chemin optique pour conserver des intensités respectives égales dans chacun des carrés. Cet
asservissement de pointage possède une amplitude limitée car cette lame ne peut réfracter
la lumière que dans un certain cône.
10
Chapitre 4
Techniques de réduction
Le biais est le niveau d’électrons minimal du CCD. Les images du biais (bias) sont
des expositions très courte faites obturateur fermé, sans qu’aucune lumière atteignant le
capteur. Leur but est de retirer l’offset qui est environ le même pour chaque image. Il faut
prendre beaucoup d’images de biais (une cinquantaine) et les moyenner afin de créer un
biais maître (master bias). On retire le master biais de chaque image.
Le courant d’obscurité (dark current) est le courant thermique du CCD qui est le si-
gnal du à la température ambiante. Les courants d’obscurité sont fait avec le même temps
d’exposition que les images normales, mais sont fait sans qu’aucune lumière n’atteigne le
capteur. Il doit être pris à la même température que les images normales. On doit faire une
quinzaine de courant d’obscurité chaque nuit. On doit retirer le biais de chaque image de
11
4.2. IMAGERIE CHAPITRE 4. TECHNIQUES DE RÉDUCTION
courant d’obscurité avant de les combiner pour créer le courant d’obscurité maître (master
dark).
Les flats (images de champs plats) sont des expositions très courtes avec la caméra
pointée sur un champ homogènement illuminé (e.g. un mur blanc). Ils enregistrent les illu-
minations non-homogènes du au vignetage causé par l’optique et à l’obstruction partielle
du chemin de la lumière par des poussières sur le capteur et ils mesurent aussi les différences
de sensibilité entre pixels du détecteur. Leur but est de retirer ce champ d’illumination in-
homogène des images. Avant de moyenner tous les flat afin d’obtenir le flat maître (master
flat), il faut retirer l’offset des flat et les diviser par le continue basse fréquence.
Le biais et le courant d’obscurité sont des effets additifs qu’il faut donc corriger par
soustraction. Le flatfield mesure des effets de transparence ou de sensibilité, donc des effets
multiplicatifs qu’il faut corriger par division.
Pour chaque image, on retire d’abords le biais maître et le courant d’obscurité maître,
puis on divise les images par le flat maître.
Dans notre cas, le courant d’obscurité est négligeable, de l’ordre de quelques électrons
par pixel par heure, donc on ne le prend pas en compte.
4.2 Imagerie
Une image comprend les photons des sources astrophysiques et les photons du fond de
ciel.
Pour trouver la valeur du ciel (sky) nous avons fait la moyenne des pixels sur une région
où il y a peu d’étoiles. Puis nous retirons le ciel en soustrayant la valeur du ciel de tous
les pixels. Puis, dans le cas où il faut appliquer un logarithme, nous ajoutons une petite
valeur à tous les pixels afin qu’aucun pixel ne soit négatif.
En vue d’enlever les artefacts, il faut faire en sorte que les images dans les différents
filtres soient bien alignées en se servant des étoiles présentes dans le champ de vue.
4.3 Spectroscopie
En spectroscopie, le flat est mesuré grâce à une source émettant un spectre de lumière
continu de type corps noir (en pratique une lampe à filament de tungstène). Le signal
enregistré dans le flat combine le spectre de la lampe (forte pente) et la transmission de
l’instrument. Cette dernière comprend une composante basse fréquence que nous avons
supposée relativement plate sur le domaine spectral de nos observations (6000-7000 Å), et
une composante haute fréquence (variation de pixel à pixel et franges).
La division des spectres des cibles astronomiques par le flat normalisé ne corrigera que
des variations de sensibilité à haute fréquence.
12
4.3. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 4. TECHNIQUES DE RÉDUCTION
Figure 4.2 – Biais du t120, présentant des petites fluctuations (d’écart type ≈ 6) autour de 300.
On peut combiner différents spectres en faisant la médiane d’une section avec du signal
afin d’améliorer le rapport signal sur bruit.
Il faut calibrer les longueurs d’ondes du spectromètre afin d’obtenir la bonne échelle
de longueurs d’ondes. On réalise le spectre d’une lampe thorium-argon et on y identifie les
raies et les longueurs d’ondes respectives à partir d’un catalogue de raies donné figure 4.9.
A partir de cette calibration, le spectre est ré-échantillonné sur une table régulière en
longueur d’onde.
13
4.3. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 4. TECHNIQUES DE RÉDUCTION
14
4.3. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 4. TECHNIQUES DE RÉDUCTION
15
4.3. SPECTROSCOPIE CHAPITRE 4. TECHNIQUES DE RÉDUCTION
1.23
7.28
691
667
2.62
618
7.28
1.34
645
653
16
Chapitre 5
Organisation
17
5.1. CHOIX DES CIBLES CHAPITRE 5. ORGANISATION
Figure 5.1 – Carte de visibilité pour trois objets dans le ciel avec staralt
18
5.2. PRÉPARATION DES OBSERVATIONS CHAPITRE 5. ORGANISATION
un rayonnement diffus (et donc un continuum dans le domaine spectral puisque les
poussières ré-émettent comme un corps noir). On peut notamment citer NGC1555
(nébuleuse de Hind) à coté de l’étoile T Tauri qui fut observé durant ce stage.
— Restes de supernova : A l’instar des nébuleuses planétaires, ces nébuleuses ont
pour origine la fin de vie d’une étoile, mais tandis que les nébuleuse planétaires
proviennent des étoiles de faible masse, le type de nébuleuse que nous avons ici
provient de l’explosion d’étoiles de masses supérieures à 8 masses solaire pouvant
laisser au centre un trou noir, une étoile à neutron, un pulsar ... (contre une naine
blanche dans le cas d’une nébuleuse planétaire).L’émission est produit par l’onde
de choc entre la matière éjectée à grande vitesse et le milieu ambiant. Nous avons
observé M1 qui correspond à ce profil.
Galaxies
Nous prenons maintenant un peu de distance pour observer des galaxies, ensembles
de milliards d’étoiles et de gaz prenant le plus couramment la forme d’ellipses ou de spi-
rales. Nous observons notamment M90, M51 et NGC2273 (galaxies spirales), M87 (galaxie
elliptique) et M82 (irrégulière).
Étoiles
Simple mais efficace, l’observation d’étoiles peut nous permettre de mieux discerner
leurs caractéristiques grâce à la spectroscopie.Les objets choisis sont des étoiles de T
Tauri,du trapèze d’Orion. On observe également toutes les étoiles à l’origine de l’ionisation
dans les nébuleuse planétaire (et certaines pour les région HII).
Planètes
Mais il y a aussi beaucoup plus proche à observer : les planètes de notre propre système
solaire, qui peuvent être rocheuses ou gazeuses. On peut notamment voir les satellites
orbitant autour de ces planètes. Uranus et Jupiter ont été observées en imagerie cette
semaine.
19
Chapitre 6
20
6.1. TRAITEMENT D’IMAGE CHAPITRE 6. INTERPRÉTATIONS DES DONNÉES
4. Carte de couleur
Par exemple pour la mise en evidence des bandes de poussieres B-V
5. Image Hα ou OIII pure
On peut montrer qu’on a emission pure en Hα en faisant : (Hα − ciel) et (R − ciel)
Et puis on fait un rapport (Hα−ciel)
(R−ciel) et on obtient le facteur β qui relie Hα a R
suivant la relation Hα = β ∗ R
6. Composition d’une image en couleur RGB
On assigne les images B,V,R,Hα ou OIII pour produire une image cimportante qui
met en evidence les structures d’interet.
21
6.2. ANALYSE SPECTRALE CHAPITRE 6. INTERPRÉTATIONS DES DONNÉES
Identification des raies La première étape consiste à identifier les éléments corres-
pondants aux raies présentes dans les spectres. La richesse chimique du spectre est liée
à la composition chimique et aux conditions physiques de l’objet observé. Par exemple,
le spectre d’une étoile de type M comportera des raies atomiques et moléculaires tandis
que le spectre d’une étoile O sera plus pauvre. De la même manière, le spectre d’un mi-
lieu interstellaire permet d’obtenir des informations sur sa densité et sa température par
exemple.
R Lors de l’identification d’une raie, on cherche en général à déterminer le flux
F = raie Fλ dλ, la longueur d’onde centrale λ (si il y a un pic unique) et la largueur à
mi-hauteur FWMH. Pour cela, on pourra modéliser la raie par un profil Gaussien ou une
combinaison de Gaussienne. Pour des spectres sans étalonnages absolu des flux, F est en
unité arbitraire d’énergie.
Vitesses radiales Une fois les raies identifiées, il est possible de calculer la vitesse radiale
en utilisant l’effet Doppler. Le décalage Doppler est donné par l’équation 6.1, où λ0 est la
longueur d’onde en laboratoire.
λ − λ0
Vradial = ·c (6.1)
λ0
Cependant, la détermination de λ peut être entachée d’une erreur. Dans le cas de raies
fines bien distinctes du bruit, l’ajustement par une gaussienne est suffisamment précis et
l’erreur réside dans l’incertitude de calibration en longueur d’onde. La figure 6.1 donne les
résidus typiques obtenus lors de la calibration. La moyenne quadratique des résidus vaut
RMS ≈ 0.08. Dans le cas où l’ajustement de la raie par une gaussienne est difficile (raie
non symétrique, large, peu distincte du bruit), l’erreur peut être approximée en procédant
à plusieurs ajustements successifs pour déterminer l’écart-type des valeurs obtenues.
NOAO/IRAF nicolas@nicolas-Inspiron-5559 Fri Dec 9 20:57:48 2016
Notons toutefois que la vitesse radiale déterminée est relative à l’observateur, lui même
en mouvement avec la Terre. dépend du mouvement de la Terre. Le mouvement impactant
22
6.2. ANALYSE SPECTRALE CHAPITRE 6. INTERPRÉTATIONS DES DONNÉES
le plus la mesure est celui de rotation autour du soleil à une vitesse de ∼ 30 km s−1
(on néglige la vitesse de rotation de la Terre sur elle-même, l’influence des planètes sur
le barycentre du Système Solaire). Il peut donc être nécessaire de convertir la vitesse
radiale en vitesse héliocentrique en tenant compte des coordonnées de la cible et de la date
d’observation.
FWHM
∆Vobs = ·c (6.2)
λ0
Cependant, le spectre obtenu résulte de la convolution du spectre intrinsèque de la
source par la réponse instrumentale de l’instrument (essentiellement due à l’optique et au
fait que la fente d’entrée n’est pas infiniment fine). Par conséquent, une source comportant
des raies monochromatiques produira un spectre avec des raies élargies. L’équation 6.3
donne le lien entre ∆Vobs la largueur de la raie observée, ∆Vreel la largeur intrinsèque et
∆Vinst la largeur minimale caractéristique de l’instrument.
q
∆Vobs = ∆Vinst 2 + ∆V 2 (6.3)
reel
[OI]6300
= 3, (6.4)
[OI]6363
[N II]6548
= 3. (6.5)
[N II]6548
[SII]6716
R=
[SII]6731
23
6.2. ANALYSE SPECTRALE CHAPITRE 6. INTERPRÉTATIONS DES DONNÉES
[SII] 6717/6731
1.5
1.25
[SII] 6717/6731
1
0.75
0.5
0.25
0
1 1 .5 2 2.5 3 3. 5 4 4 .5 5 5.5 6
Log Ne
Pour T = 104 K (température typique des milieux ionisés autour des étoiles chaudes O
ou B), la courbe peut être approximée par l’équation 6.6.
r
R − 1.49 T
Ne ≈ · · 104 cm−3 (6.6)
5.62 − 12.8 · R 104
L’observation de R permet ainsi de déterminer une valeur de N e.
Enfin, les rapports [NII]/Hα et [SII]/Hα permettent de distinguer les régions HII
(photo-ionisées par des rayons U.V.) des régions chauffées par chocs ou photo-ionisées
par des rayons X (AGN par exemple). Par la suite, on utilisera ces rapports de raies pour
vérifier la nature des nébuleuses étudiées (voir figure 9.1).
24
Chapitre 7
Objets étudiés
Figure 7.1 – Nébuleuse de la Bulle : composition rouge (filtres R et Hα), vert (filtre V), bleu (filtre B) et
cyan (filtre [OIII])
Dans cette section, nous étudions la nébuleuse de la Bulle, située dans la constellation
de Cassiopée et dont les caractéristiques sont données dans le tableau 7.1.
La nébuleuse NGC 7635, représentée sur la figure 7.1, est composée d’une structure
25
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
circulaire entourant l’étoile BD +60 2522, responsable de l’ionisation du milieu et dont les
caractéristiques sont données en tableau 7.2. Cette bulle correspond à la matière soufflée
par le vent stellaire et qui vient à la rencontre du milieu environnant.
7.1.2 Imagerie
Nos observations de NGC 7635 au T120 se sont étalées sur deux nuits (les 6 et 8
décembre), et sont résumées dans le tableau 7.3.
Table 7.3 – Résumé des acquisitions effectuées sur NGC 7635 au T120
Figure 7.2 – NGC 7635 en filtre Hα Figure 7.3 – NGC 7635 en composition B
(bleu), V (vert) et Hα (rouge)
26
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
On constate également que la sphère centrale est plus brillante sur son pourtour qu’en
son sein. Ceci s’explique en partie par des considérations géométriques : la ligne de visée
traverse une colonne de matière plus étendue lorsqu’elle est tangentielle à la membrane de
la bulle. Un autre phénomène contribue sans doute, cependant : la membrane de la bulle
constitue probablement un front de choc entre la matière soufflée à grande vitesse par les
vents en provenance de l’étoile centrale et le milieu environnant au repos, plus froid.
L’asymétrie de la bulle interpelle également : l’étoile ne se trouve pas en son centre,
elle est décalée vers le nord. Une explication probable est une densité accrue du milieu
environnant au nord de la bulle, qui conduit à une vitesse d’expansion de la nébuleuse
moindre comparée à son côté sud. Cette hypothèse est soutenue par l’imagerie : on observe
que le milieu environnant est bien plus brillant au nord qu’au sud, signe d’une plus grande
densité.
Figure 7.4 – Carte d’émission en Hα de NGC Figure 7.5 – Carte d’émission en [OIII] de NGC
7635 7635
θ
r=D· ' 1.64 pc (7.1)
2
Si on formule l’hypothèse d’une vitesse d’expansion constante au cours de son histoire,
il devient possible d’estimer l’âge de la structure sphérique à partir de la vitesse radiale de
l’étoile centrale (tableau 7.1) et de la vitesse radiale de la bulle obtenue par spectroscopie
(tableau 7.6).
La vitesse relative d’expansion de la bulle par rapport à l’étoile centrale vaut :
bulle
Vexp = Vhelio ?
− Vhelio ' 20 km s−1 (7.2)
Il est important de noter que la valeur utilisée ici pour la vitesse radiale de la bulle,
bulle , n’est qu’une limite supérieure, puisque les incertitudes de pointage et de géométrie
Vhelio
de la bulle se traduisent par une incertitude de l’angle d’incidence de la ligne de visée sur la
27
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
membrane de la bulle. Nous ne mesurons donc qu’une fraction du mouvement propre réel
de la membrane. De plus, la vitesse héliocentrique de l’étoile est elle aussi très incertaine,
puisque le vent stellaire en complique la mesure.
On peut cependant obtenir un âge maximal approximatif pour la bulle :
r
tbulle = ' 82 200 ans (7.3)
Vexp
NGC 7635 semblerait donc être une structure extrêmement jeune, associée à un épisode
d’intenses vents stellaires lui aussi extrêmement récent. En utilisant le taux de perte de
masse de l’étoile BD +60 2522 (tableau 7.2), on peut estimer la masse totale maximale
expulsée par l’étoile depuis le début du phénomène :
7.1.3 Spectroscopie
Différents spectres ont été acquis en différents points de la nébuleuse comme indiqué
sur la figure 7.6 :
— région (1), correspondant à une zone dense que l’on appellera « pilier » (nuit du
06/12/16) ;
— région (2), en bordure de la nébuleuse (nuit du 06/12/16) ;
— région (E), correspondant à l’étoile BD +60 2522 (nuits du 06/12/16 et 08/12/16).
Dans les régions (1) et (2), les mesures suivantes ont été réalisées :
— identification des raies ;
— vitesses radiales de la région ;
— dispersion en vitesses interne à la région ;
— rapports de raies ;
— calcul de la densité électronique.
28
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Table 7.4 – Etude spectrale de NGC7635 (région 1). Résolution spectrale : ∆Vinst ThAr = 61 ± 4 km s−1 ,
erreur sur les vitesses radiales : 3 km s−1
Ces données mènent aux résultats figurant dans le tableau 7.5. La vitesse héliocentrique
de la région est cohérente avec celle mentionnée dans [CGM+ 95] (∼ −50 km s−1 ). Dans
cette région, les raies ne sont pas résolues, la dispersion en vitesses étant dominée par la
résolution instrumentale. La comparaison entre la dispersion de vitesse ∆Vobs et ∆Vinst
permet d’affirmer que ∆Vreel est faible et qu’il n’y a pas de mouvements différentiels au
sein de la structure. Les rapports de raies sont conformes aux prédictions théoriques. Enfin,
la forte densité électronique semble concorder avec l’excès de flux collecté dans le filtre Hα.
Région 2 Le spectre obtenu pour cette région est donné en figure 7.8, et une étude
similaire à celle de la région 1 permet de déterminer les caractéristiques compilées dans
le tableau 7.6. Les conclusions de la région 1 s’appliquent. Cependant, la région 2, en
périphérie de la nébuleuse est beaucoup moins dense. Ce résultat était prévu par l’analyse
des images obtenues au T120.
29
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Région E Le spectre obtenu pour l’étoile BD +60 2522 est donné en figure 7.9. On y
observe des raies en absorption correspondant à l’absorption par la photosphère de l’étoile
ou par le milieu interstellaire (diffuse interstellar bands) et des raies en émission correspon-
dant à l’émission de la nébuleuse et du vent stellaire. Dans le domaine Hα, l’étude des raies
donne les résultats figurant dans le tableau 7.7. Le spectre correspondant à ce domaine est
donné en figure 7.10. Concernant la raie fine en émission Hα, la vitesse héliocentrique étant
de l’ordre de celle des régions environnantes, nous pouvons conclure qu’elle correspond à
l’émission Hα du milieu environnant, ou bien à de la matière stellaire arrêtée par le milieu.
Pour la raie en absorption, la dispersion de vitesse étant de l’ordre de la vitesse de rotation
de l’étoile (voir tableau 7.2), nous pouvons conclure qu’elle est causée par cette rotation.
Enfin, le profil large en émission Hα a une distribution de vitesse beaucoup plus grande,
et est peut-être à mettre en lien avec le vent stellaire de BD +60 2522.
NOAO/IRAF nicolas@nicolas-Inspiron-5559 Fri Dec 9 05:04:46 2016
Figure 7.9 – Spectre de NGC7635 (région Figure 7.10 – Spectre de NGC7635 (ré-
E) gion E - zoom Hα)
Table 7.7 – Caractéristiques de NGC7635 (région E). Résolution spectrale : ∆Vinst ThAr = 61 ± 4 km s−1 ,
erreur sur les vitesses radiales : 3 km s−1 (raies fines), ∼ 20 km s−1 (profil large en émission Hα)
30
7.1. NÉBULEUSE DE LA BULLE (NGC 7635) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
est plutôt causée par une variation de la position pointée plutôt que par un déplacement
de matière. La figure 7.12 donne le profil dans la région Hα (normalisé au continuum).
Lors de la seconde nuit, la raie en absorption est plus large. Cela correspond sans doute à
des phénomènes se produisant dans la photosphère de l’étoile.
31
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Nom de l’objet M1
Coordonnées (J2000) 05h34min31.94s +22o 00’52.2”[LHM11]
Distance (pc) 2000±500 [Tri73]
Type SNR
Figure 7.13 – Carte de champ en vue de l’observation en spectroscopie. Le filament le plus intense est au
coeur du triangle bleu formé par trois étoiles visibles dans le champ de la caméra de guidage. Nous avons
utilisé les images faites au T120 (filtre B et Hα pour réaliser ces cartes)
32
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.2.2 Imagerie
Présentation Nous présenterons ici les résultats obtenus en imagerie. Les observations
ont été menées dans la nuit du 5 au 6 décembre au T120. Nous avons réalisé deux trichro-
mies, la première avec les filtres R, V, et B classiques, la seconde en prenant le filtre étroit
Hα pour la couleur rouge et le filtre [OIII] pour la couleur verte (le filtre B reste inchangé).
Les temps de pose et nombre d’images sont respectivement 40s x5, 60s x6, 80s x6, 60s
x9, et 60s x9. Nous avons pris garde à ce que les images ne soient pas saturées.
Il est important de ré-aligner les différentes images avant de les coloriser (ici fait avec
AstroImageJ). Notons enfin que nous n’avons pas soustrait le fond de ciel aux images 7.14
et 7.15. Les niveaux de couleurs sur ces images sont ajustés subjectivement. L’idée étant
de bien faire ressortir les structures filamenteuses.
L’image en RVB permet déjà de voir ces structures filamenteuses (apparaissant plus
rouges).
L’image avec les filtres étroits permet de mettre en évidence des régions jusque-là
33
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
invisibles (car noyées dans le continuum). En particulier le filtre [OIII] (en vert sur la
figure 7.15) montre des filaments bien marqués et plus étendus.
7.2.3 Spectroscopie
Présentation En spectroscopie, nous avons visé 3 positions près du filament le plus
brillant en Hα des données en imagerie. Les filaments de Hα ne sont pas visibles à la
caméra de guidage du spectromètre. Donc nous avons utilisé des cartes de champ faites à
partir de nos observations en imagerie (cf Figure 7.13). Ces positions sont décrites sur la
figure 7.16 et le tableau 7.9. Nous avons pris garde à ce qu’il n’y ait pas de saturation.
Les raies entre le spectre de la position 1 et la position 3 n’étant pas les mêmes donc
nous nous trouvons sur un autre filament qui a des propriétés différentes du premier.
Figure 7.16 – M1 en filtre Hα. Cercle rouge : région des trois pointages
34
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Interprétation Nous allons étudier la première position sur un filament très dense. Les
spectres sont décrits dans la figure 7.17, des agrandissements montrent le dédoublement
des raies dans les figures 7.18 (raies du soufre II) et 7.19 (raies de l’oxygène I). On constate
le dédoublement de toutes les raies.
35
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Pic 1 Pic 2
Pic 1
Pic 2
Pic 3 Pic 3
Figure 7.18 – Raies dédoublées du soufre II sur le filament, les deux rebonds à 6730 Å et 6744 Å sont
supposés être également des raies du soufre redshiftées (même écart entre les pics) dans le domaine 6000
Å-7000 Å. Les pics en violet sont les pics correspondants à la raie 6730 Å redshiftée (cf tableau 7.13) pour
plusieurs vitesses et les pics en cyan sont les raies correspondantes à la raie 6744 Å redshiftée (cf tableau
7.13).
Lors de la calibration des raies, nous avons eu un écart type de 0.06%. Après calibration,
36
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
nous avons détecté plusieurs atomes ionisés dans la bande. Sur chacun des signaux, nous
avons corrélé aux données des gaussiennes afin de déterminer les caractéristiques de la
nébuleuse. Pour toutes les raies dédoublées, nous avons décidé de corréler deux gaussiennes
aux données car chaque doublet est séparé d’une longueur d’onde de 2.5 Å constant. Les
paramètres des raies de la figure 7.17 sont décrits dans les tableaux suivants. Un exemple
de corrélation des raies est donné dans la figure 7.18.
Table 7.10 – Raie [NII] à 6547.9 Å de M1
37
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Les valeurs des flux sont normalisées pour Hα pour chaque pic, sauf pour le pic 3 (pas
de composante Hα). Les vitesses sont données dans le référentiel terrestre. Les incertitudes
sont déterminées d’après une statistique sur les courbes d’ajustement et en considérant le
rapport entre la hauteur de la raie et le rapport signal sur bruit.
On observe une raie large à 6665 ÅĊette raie est supposée être une raie de recombinaison
de l’hélium. Sur les spectres, on observe bien le rapport 3 (aux incertitudes sur les flux près)
entre les deux raies de l’oxygène I (cf tableaux 7.15 et 7.16) et les deux raies de l’azote II (cf
tableaux 7.10 et 7.11) . Au vu du rapport signal sur bruit, nous ne pouvons déterminer la
position de la raie qu’au demi-angstroem près. Par effet Doppler, nous pouvons estimer trois
vitesses radiales différentes. Les vitesses radiales des différents composants nous indiquent
l’émission de trois filaments dans le faisceau collecté par le spectromètre à cette position.
On observe dans ces trois filaments des compositions chimiques différentes : le premier
révèle des raies de H (Hα), [NII], [SII] et [OI] et se rapproche à une vitesse moyenne de 570
km/s, le deuxième a la même composition chimique observée mais a une vitesse plus lente
de 400km/s, le troisième révèle uniquement des raies de [SII] et semble s’éloigner à une
vitesse de 630km/s. Ces vitesses sont cohérentes étant donné que l’on se trouve dans une
région dans laquelle le mouvement des filaments peut atteindre des vitesses de 1000km/s.
L’observation dans un même faisceau de différentes vitesses radiales suggère une structure
3D complexe de filaments entrelacés.
La figure 7.20 permet d’estimer la densité électronique connaissant le rapport des raies
du soufre.
[SII] 6717/6731
1.5 Pic 1
Pic 2
Pic 3
1.25
[SII] 6717/6731
0.75
0.5
0.25
0
1 1.5 2 2.5 3 3 .5 4 4 .5 5 5.5 6
Log Ne
38
7.2. NÉBULEUSE DU CRABE (M1) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.2.4 Discussion
Avec l’estimation de distance faite plus haut, on peut tenter d’estimer la date à laquelle
l’étoile centrale aurait explosé. On utilise pour cela la vitesse maximale trouvée grâce à la
spectroscopie (cf section 7.2.3) : 650 km/s ± 25 km/s. On utilise également de la nébuleuse
déterminée avec l’imagerie : 3,8 pc de diamètre. Le temps nécessaire pour parcourir 1,9 pc
à cette vitesse est d’environ 2900 années.
Vers l’an 1054, un astronome chinois a rapporté l’apparition d’une « nouvelle étoile »par-
ticulièrement brillante dans la constellation chinoise Peih (constellation du Taureau). On
sait maintenant que cette nouvelle étoile n’était rien d’autre qu’une explosion de super-
nova ([May39]). Notre estimation d’âge est assez éloignée de cette valeur mais l’ordre de
grandeur est le bon. Il faut aussi noter que nous avons utilisé la vitesse maximale trouvée
grâce à l’étude spectroscopique. Les valeurs actuellement admises sont de l’ordre de 1500
km/s ([BKHW91]). De plus il est illusoire de considérer que cette vitesse est restée la même
depuis l’explosion jusqu’à aujourd’hui, on s’attendrait plutôt à une vitesse freinée au cours
du temps à cause de l’interaction avec l’environnement.
On peut maintenant tenter de calculer une masse. En considérant que l’objet est à peu
près une ellipsoïde de volume 1,9 pc x 1,4 pc x 1,4 pc, et en prenant une densité de l’ordre
de 1000 particules/cm3 , estimée plus haut, la masse de l’objet serait :
avec ff le filling factor. Avec ff =1 nous obtenons une masse de l’ordre de 350 M . Un
filling factor de 1 est évidemment surestimé vu la nature filamenteuse. Une recherche dans
la littérature donne une masse de l’ordre de la masse solaire ([DF85]) ce qui donnerait un
filling factor de l’ordre de 0,01. Une telle valeur est raisonnable en considérant, une fois
encore, l’allure de l’objet.
39
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.3.1 Imagerie
NGC40 a été observée le 05/12/2016 dans les filtres R, V, B, Hα et [OIII], les temps de
pose sont résumés dans le tableau 7.18. On cumule un total de 5 poses pour chaque filtre.
On réalise deux images composites, une avec les filtres R, V et B (figure 7.21) et une autre
avec les filtres Hα, [OIII] et B (figure 7.22).
R V B Hα [OIII]
3s 3s 5s 60s 60s
Les deux images contiennent des informations différentes. On remarque qu’avec les
filtres R-V-B (figure 7.21) on sonde mieux l’intérieur de la nébuleuse, nous permettant de
distinguer l’étoile centrale. On observe aussi que la nébuleuse semble allongée dans une
direction privilégiée et présente des demi-anneaux de matière de part et d’autre. Ce genre
de structure multipolaire suggère que le vent, responsable de la géométrie de la nébuleuse,
n’est pas à symétrie sphérique mais au contraire fortement collimaté [HCZK14].
L’image composite avec les filtres Hα-[OIII]-B (figure 7.22) permet d’observer la struc-
ture d’ionisation. Le centre de la nébuleuse est jaune, indiquant la présence de [OIII] et
de H. Les bords de la nébuleuse sont rouge, on est donc en absence de [OIII] dans cette
région mais en présence de H. On peut vérifier ceci en regardant séparément les cartes Hα
et [OIII] (figure 7.23 et figure 7.24). Cette structure de ionisation correspond à des modèles
de photoionisation d’une région isochore excitée par une étoile de température effective de
3.5×104 K [DS03]. Dans ces modèles, la concentration de [OIII] diminue fortement à partir
d’une distance égale à 50% de la taille de la région et tombe à zéro vers 60%.
La carte Hα met aussi en évidence un halo filamentaire ainsi qu’un jet pouvant être
la direction privilégiée d’échappement du vent [MLBM96]. Ces structures peuvent être la
trace d’interactions entre ces vents et le milieu environnant.
40
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.21 – Image composite de NGC40 dans les filtres R-V-B R est en rouge, V est en vert et B est
en bleu. Champ : 1’40”×1’40”
41
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.22 – Image composite de NGC40 dans les filtres Hα-[OIII]-B. Hα est en rouge, [OIII] est en vert
et B est en bleu. Champ : 1’40”×1’40”
42
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.23 – Carte d’émission de Hα. La dynamique a été ajustée de manière à faire ressortir les structures
les plus faibles de l’émission Hα. Champ : 1’40”×1’40”
43
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Spectroscopie
Bord de NGC40. Une première étude de NGC40 a été faite sur les bords de la nébuleuse.
Nous avons effectué trois mesures du spectre avec des temps de pose de 200 secondes le 5
décembre 2016. Après réduction des données, on obtient la figure 7.25.
L’analyse en détail de ce spectre est donnée dans la table 7.19. On voit très clairement
sur ce spectre les raies Hα, [NII] ainsi que le doublet du soufre [SII]. Les raies de l’oxygène
sont aussi présentes mais un pixel mort empêche de mesurer l’intensité de celle à 6363,63 Å
et donc de vérifier le rapport des deux. Ces raies sont présentées sur la figure 7.26. On voit
aussi sur cette figure la raie de [SIII] à 6312.03 Å.
44
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Cependant, on peut vérifier le rapport d’intensité des raies de l’azote. La raie à 6583 Å
a une intensité de 27706 adu.Å et celle à 6548 Å une intensité de 8606 adu.Å, ce qui donne
un rapport égal à 3,22. On peut voir ces raies ainsi que la raie Hα sur la figure 7.27. Le
rapport attendu étant de 3, ce résultat est surprenant, d’autant plus que les raies sont très
bien définies et donc que l’erreur sur le rapport est trop faible pour expliquer cet écart.
Une cause possible pourrait être que la réponse instrumentale est mal corrigée par le flat.
45
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Le rapport d’intensité du doublet [SII], que l’on peut voir sur la figure 7.29 est de 0,69
et le logarithme du rapport entre Hα et [SII] est de 1,02. Sur le diagramme de Polcaro,
ceci place NGC40 dans la catégorie des nébuleuses planétaires, comme on peut le voir sur
la figure 7.28.
46
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
L’analyse du décalage des raies donne une vitesse radiale de l’objet d’environ -21,4 km/s
ou encore une vitesse dans le référentiel héliocentrique de -26.96 km/s, avec une incertitude
provenant de la calibration des raies de 4 km/s. Ces incertitudes ne prennent pas en compte
les erreurs qui peuvent être induites pour l’ajustement de gaussiennes. Ceci indique donc
que la nébuleuse s’éloigne de nous. Les calculs ont été faits avec les longueurs d’ondes de
références du National Institute of Standards and Technology.
En ce qui concerne la dispersion des vitesses observée, on obtient une dispersion moyenne
de 22 km/s. En corrigeant de la réponse instrumentale, on obtient une dispersion des vi-
tesses réelle moyenne de 0.4 km/s, ce qui indique très peu de mouvement interne au sein
de la nébuleuse.
47
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Etoile centrale. Nous avons aussi travaillé sur le spectre de l’étoile centrale de la nébu-
leuse. Là aussi, 3 spectres avec des durées d’exposition de 200 secondes ont été recueillis
le 5 décembre 2016. Les résultats de la réduction sont présentés sur la figure 7.30 et les
informations que l’on peut en tirer sont contenues dans la table 7.20.
Sur ce spectre, on voit deux types de raies : des raies étroites appartenant à la nébuleuse
et des raies étendues venant de l’étoile elle-même. Par rapport à l’analyse précédente,
quelques raies de la nébuleuse sont noyées dans le bruit et le continuum de l’étoile mais
le comportement général correspond. On remarque tout de suite que le spectre de l’étoile
est décalé par rapport à celui de la nébuleuse. Ce décalage est dur à mesurer à cause de
l’étalement des raies associées à la superposition des spectres. La figure 7.31 montre ce
problème avec l’exemple du doublet de [SII].
NOAO/IRAF laurent@laurent-X550LB Fri Dec 9 05:19:19 2016
Les deux raies fines sont superposées à deux raies larges de même séparation que les
raies, qui sont trop proches et étalées pour pouvoir être mesurées séparément. De plus,
l’ensemble est flanqué de part et d’autre, de deux autres raies larges. Celle qui est centrée
48
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
à environ 6675 Å correspond probablement à une émission de l’hélium I. Nous n’avons pas
trouvé à quel élément correspond la raie centrée vers 6777 Å.
Ceci empêche d’avoir une estimation fiable de la vitesse de l’objet. Cependant, on voit
que toutes les estimations de vitesse sont positives. Ainsi contrairement à la nébuleuse,
l’étoile se rapprocherait de nous. L’estimation de la dispersion des vitesses est, quant à
elle, moins dispersée. Sa moyenne est de 877 km/s [SH82]. Cette dispersion, beaucoup plus
grande que dans le cas précédent, s’explique par la présence de vents à la surface de l’étoile.
La densité électronique est estimée à 7000e− /cm−3 . Elle est logiquement supérieure à
celle donnée pour les bords de la nébuleuse car la densité de matière est supérieure dans
l’étoile.
49
7.3. NÉBULEUSE DU NŒUD PAPILLON (NGC40)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Aussi, sur ce spectre et contrairement au spectre précédent, on remarque des raies tel-
luriques en absorption, notamment l’ensemble de raies venant de O2 . Ces raies, présentées
sur la figure 7.33, proviennent de l’atmosphère terrestre entre l’étoile et le télescope. Ces
raies apparaissent lorsqu’il y a un continu à absorber, en l’occurrence celui de l’étoile.
50
7.4. NÉBULEUSE DE L’ESQUIMAU (NGC2392) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.4.1 Imagerie
Nous avons observé cet objet la nuit du 5 au 6 décembre 2016 sous les trois filtres
RVB pendant successivement 1,1 et 3 secondes et dans les filtres Hα et [OIII] pendant 30
et 60 secondes. sur les images de la figure 7.34 nous pouvons remarquer une partie fort
brillante et blanche au centre correspondant à l’étoile ayant formé cette nébuleuse, puis
immédiatement aux abords de cette étoile nous pouvons observer une zone dans le filtre
Hα et [OIII] correspondant à la présence d’hydrogène partiellement ionisé et d’oxygène
ionisé deux fois par l’étoile centrale.
Figure 7.34 – Deux observation de la nébuleuse de l’esquimau en filtre Hα-[OIII]-B (le Hα en rouge et le
[OIII] en vert et le B en bleu)
7.4.2 spectrométrie
La partie spectrométrie a été faite sur deux parties de la nébuleuse de l’Esquimau.
D’abord en pointant sur la couche interne et en prenant une série de mesures pour l’ex-
ploitation, puis en pointant sur la deuxième couche plus externe pendant 200s pour chaque
mesure.
51
7.4. NÉBULEUSE DE L’ESQUIMAU (NGC2392) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Rapport des raies L’émission pour les deux régions est semblable mais il y a quand
même certaines différences en ce qui concerne l’intensité des flux.On voit que l’intensité
des raies Hα par exemple pour la première couche est plus intense alors que pour les raies
interdites du NII et du SII, c’est le contraire qui est observé. Ce qui pourrait s’expliquer par
une plus forte turbulence avec éventuellement des chocs en jeu. Un rapport des raies entre
la raie interdite du NII(6538) et Hα donne une valeur de 0.316 pour la première couche et
0.5 pour la deuxième ce qui montre que le processus d’émission Hα est prédominant dans
ces deux couches. Néanmoins, ces rapports sont grands par rapport à ceux que l’on observe
dans les régions HII autour des régions de formation d’étoiles Voici les caractéristiques de
tous les paramètres tirés de l’exploitation des spectres :
52
7.4. NÉBULEUSE DE L’ESQUIMAU (NGC2392) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.35 – En haut : spectre de la première couche.En bas celle de la deuxième couche
53
7.5. NÉBULEUSE DU CASQUE DE THOR (NGC2359)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.5.1 Imagerie
Nous avons observé cet objet dans la nuit du 6 au 7 décembre 2016 sous quatre filtres
différents : Hα et [OIII] pendant 180 secondes, B pendant 60 secondes et V pendant 100
secondes. Les images visibles sur la figure 7.36 montrent des nébuleuses en émission pure.
La forme de la nébuleuse fait apparaître une bulle de gaz en émission ainsi que deux arcs
paraboliques de part et d’autre de cette bulle.
Figure 7.36 – Ces images représentent la nébuleuse NGC2359 à travers les filtre HαVB (à gauche : Hα
en rouge, V en vert et B en bleu ) et Hα[OIII]B (à droite : Hα en rouge, [OIII] en vert et B en bleu).
Sur ces images le nord se trouve à droite et l’est en bas. Sur l’image de gauche on peut voir que malgré la
blancheur des étoiles (et donc l’ajustement des filtres) la nébuleuse se dessine en rouge sans émission diffus
de vert et de bleu : ce qui laisse penser que la nébuleuse apparaît dans des raies "pures" et pas du tout en
diffusion ou un autre processus qui ferait apparaître une rayonnement continu. Sur l’image de gauche on
rajoute l’oxygène ionisé deux fois en vert, seuls le bout des "ailes" ne semblent émettent en Hα mais pas
en [OIII] le processus ionisant semble donc être moins énergétique à ces endroits
On peut trouver une explication à cet aspect dans certains articles scientifiques([RMPM00]
par exemple) :il est du aux vents d’une étoile très brillante qui est au centre de la bulle
de gaz, ici l’étoile centrale HD 56 925 se trouve être une étoile de Wolf-Rayet. Ces étoiles
ne sont plus sur la séquence principale (et ont donc un cœur d’Hélium, ou d’oxygène ou
d’un élément encore plus lourd) et ont des vents violents et une très grande température
de surface. Elles expulsent énormément de matière jusqu’à exploser dans une supernova.
Ces étoiles sont caractéristiques d’un spectre avec des raies larges d’hélium et d’azote et
parfois d’oxygène et de carbone. La bulle que nous voyons au centre est donc formée par
les pertes de matière de l’étoile HD 56 925 que nous pouvons deviner sur la photo : c’est
l’étoile la plus brillante à l’intérieur de la bulle de gaz. Les régions en jaune sur la figure
de droite montrent les endroits où le milieu reçoit suffisamment d’énergie pour ioniser l’hy-
drogène une fois et l’oxygène deux fois. On peut également deviner des nuages de poussière
en absorption sur le bord de la bulle ainsi que sur le coté des "ailes" qui bordent la bulle.
De récentes recherches (cf [Zhe14] ) mettent en évidence la présence de rayonnement X
54
7.5. NÉBULEUSE DU CASQUE DE THOR (NGC2359)
CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
55
7.6. NÉBULEUSE D’ORION (M42) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.37 – M42 en composition R (rouge), V (vert) et B (bleu). Noter que l’échelle d’intensité est
logarithmique.
Cette section est consacrée à la nébuleuse d’Orion (figure 7.37), l’une des plus brillantes
du ciel nocturne, dont les caractéristiques sont données dans le tableau 7.23.
Table 7.23 – Caractéristiques générales de M42
M42 est en fait un objet très étendu, couvrant une région du ciel d’environ 1◦ × 1◦ .
Nous n’avons donc observé que sa région la plus centrale et la plus brillante : le nuage de
gaz et de poussières entourant les quatres étoiles de l’amas du Trapèze, qui est une région
de formation d’étoiles. Nos observations nous ont amené à étudier l’étoile θ1 Ori C (l’une
des étoiles du trapèze) plus en détails, ses caractéristiques principales sont donc présentées
dans le tableau 7.24.
Table 7.24 – Caractéristiques générales de θ1 Ori C
56
7.6. NÉBULEUSE D’ORION (M42) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.6.2 Imagerie
Nous avons observé la nébuleuse d’Orion au T120 dans la nuit du 6 au 7 décembre ;
les poses réalisées sont résumées dans le tableau 7.25. Du fait de la luminosité importante
de M42, les temps de poses utilisés sont extrêmement courts comparés aux autres objets
observés durant le stage.
Figure 7.38 – M42 en filtre Hα. Noter que Figure 7.39 – M42 en composition Hα (rouge),
l’échelle d’intensité est logarithmique. [OIII] (vert) et B (bleu). Noter que l’échelle d’in-
tensité est logarithmique.
57
7.6. NÉBULEUSE D’ORION (M42) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
également une zone à fort rougissement, qui est néanmoins plus difficile à interpréter, en
raison des fortes émissions Hα et [OIII] de la région, et de la difficulté à trouver un fond
de ciel « pur »à soustraire.
58
7.6. NÉBULEUSE D’ORION (M42) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
UA. Ceci n’est valable que dans l’hypothèse où le amas central est plutôt sphérique, afin
de s’affranchir des effets de projection. Cette valeur est à comparer à la distance séparant
le Soleil de Proxima du Centaure : 1.3 pc.
7.6.3 Spectroscopie
L’étude spectroscopique a été réalisée dans le milieu interstellaire de l’amas du Trapèze
et sur l’étoile θ1 Ori C.
Milieu interstellaire Dans la région interstellaire, les mesures suivantes ont été réali-
sées :
— identification des raies ;
— vitesses radiales de la région ;
— dispersion en vitesses interne à la région ;
— rapports de raies ;
— calcul de la densité électronique.
La figure 7.43 correspond au spectre obtenu dans cette région. L’identification des raies
et les résultats associés sont compilés dans le tableau 7.26.
Table 7.26 – Etude spectrale de M42 (MIS). Résolution spectrale : ∆Vinst ThAr = 61 ± 4 km s−1 , erreur
sur les vitesses radiales : 4 km s−1
Ces données mènent aux résultats figurant dans le tableau 7.27. Dans cette région, les
raies ne sont pas résolues, la dispersion en vitesses étant dominée par la résolution instru-
mentale. La comparaison entre la dispersion de vitesse ∆Vobs et ∆Vinst permet d’affirmer
que ∆Vreel est faible et qu’il n’y a pas de mouvements différentiels au sein de la structure.
Les rapports de raies sont conformes aux prédictions théoriques. Enfin, la forte densité
électronique semble concorder avec l’intensité des émissions dans cette zone située au cœur
de la nébuleuse.
Table 7.27 – Caractéristiques de M42 (MIS)
Étoile Le spectre de l’étoile θ1 Ori C est donné en figure 7.44. Le type spectral étant
O7, le spectre est pauvre en raies d’absorption. On retrouve néanmoins essentiellement la
raie Hα en absorption. De la même manière que pour la nébuleuse de la Bulle (voir 7.1), il
59
7.6. NÉBULEUSE D’ORION (M42) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
60
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
L’étoile T Tau est une étoile variable située dans la constellation du Taureau, ses carac-
téristiques sont énoncées dans le tableau 7.28. Elle fut découverte en 1852 par John Russell
Hind en même temps que la nébuleuse par réflexion NGC 1555. T Tau est composée de
trois étoiles dont seulement une émettant dans le visible avec une magnitude apparente de
9,3. N’ayant pas une température assez élevée pour ioniser le gaz, sa nébuleuse est donc
un nuage de poussières qui réfléchissent la lumière. L’étoile T Tau constitue le prototype
de la classe des étoiles T Tauri classiques qui sont des étoiles jeunes (10 millions d’années
maximum) et de masse inférieure à 3 masses solaires. Elles se situent à un stade avant la
séquence principale et sont entourées d’un disque d’accrétion et de jets bipolaires très col-
limatés. On trouve souvent dans leur entourage des objets de Herbig-Haro qui se forment
par collision entre la matière éjectée par l’étoile et la matière environnante. Ils présentent
une émission pure (Hα,[OI],[OIII], [N II],[SII]). Lors de notre stage à l’OHP, nous avons
étudié l’étoile T Tau en spectroscopie et en imagerie.
La figure 7.45 représente le spectre de l’étoile T Tau. Le spectre nous montre deux
raies principales en émission qui sont la raie H-alpha et [OI] 6300 Å. La raie de [OI] est
en principe doublée, on devrait donc observer une deuxième raie [OI], trois fois plus faible
à 6363, 63 Å. Nous pouvons constater que celle ci est bien présente à la longueur d’onde
61
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
6353, 14 Å mais qu’un pixel mort nous empêche de la mesurer. Le tableau 7.29 présente
les caractéristiques des raies importantes.
Table 7.29 – Résultats d’ajustement par une gaussienne sur le spectre de T Tau
λlabo (Å) λexp (Å) Flux FWHM (Å) Identification ∆V (km/s) V (km/s) Vhelio (km/s)
6562,8 6563,19 10355 7,54 H-alpha 1g 344,7 17,8
6300,14 6299,84 799,5 2,30 [OI] 109,5 -14,8 -19
6707,8 6708,11 -160,4 1,7 Li 78,9 13,8 9,32
6300,8 6297 799,5 2,3 [OI] min 109,5 -180,9
6716,43 6715,12 197,7 2,2 [SII] 98,2 -58,5
6730,63 6729,52 501,6 4,4 [SII] 196,1 -49,4
La figure 7.46 nous montre le profil de la raie H-alpha qui est complexe et asymétrique
avec trois pics (la raie peut être fitée par trois gaussiennes). Cette forme de raie est typique
des étoiles T Tau qui présentent une complexité physique de part leur magnétosphère et
de l’éjection de matière.
62
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
La figure 7.47 nous montre la raie du Lithium qui est une raie photosphérique qui nous
confirme la jeunesse de l’étoile et nous renseigne sur sa vitesse. Son étude va nous permettre
de vérifier si notre mesure est en accord avec la vitesse de l’étoile dans la littérature
qui est de 24, 6km/s. Ainsi, après correction héliocentrique, nous obtenons une vitesse
de 9, 82km/s qui est en accord avec la littérature étant donné l’incertitude de 25km/s.
L’incertitude a été déterminée en divisant la largeur à mi-hauteur par le rapport signal sur
bruit.
63
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Nous pouvons aussi nous pencher sur la raie de [OI] 6300 Å et voir qu’elle n’est pas
symétrique. Cette non symétrie fait que la raie [OI] est très importante, en effet, on re-
marque qu’elle est décalée seulement vers le bleu par rapport à l’étoile. La non symétrie
de la raie s’explique par la présence d’un disque autour de l’étoile qui masque le contre jet.
C’est de cette manière que l’hypothèse d’un disque autour des T Tauri a été faite en 1984
par [AOJ84]. On sait que cette raie provient d’un jet de matière issu de l’étoile. En fitant
la raie à l’aide d’une Gaussienne, nous relevons une vitesse moyenne de −23, 1 ± 25km/s.
Nous pouvons déterminer la vitesse maximale projetée du jet en relevant la longueur d’onde
minimale de la raie qui se trouve environ à 6297Å, le bruit limitant l’approximation. Cela
nous montre que le jet atteint une vitesse radiale d’au moins 180 km/s. Or si la matière
dépasse 100km/s et qu’elle provoque un choc avec une région dense, cela devrait produire
du [OIII] que nous allons essayer de retrouver en imagerie dans la région nébulaire.
En étudiant le spectre nous avons également pu relever les deux raies[SII] 6716, 6731
Å. Les deux raies [SII] proviennent directement du jet et sont décalées vers le bleu par
rapport à l’étoile ce qui implique que le jet visible vient vers nous. Nous avons égale-
ment calculé la densité électronique ne déduite du rapport de flux des deux raies de [SII],
6716
R= ∼ 0, 4 ce qui nous donne ne > 104 cm−3 ce qui est très dense.
6731
En conclusion, l’étude spectroscopique de l’étoile T Tau nous a permis de confirmer l’exis-
tence d’un jet et d’un disque ainsi que de déterminer la densité et une approximation de
la vitesse de son jet.
64
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
R B V H-alpha [OIII]
40 s 40 s 40 s 100 s 40 s
Figure 7.49 – Image de TTau filtre H-alpha, Nord en bas (avant retournement)
On présente dans la figure 7.49 l’image de T Tau dans le filtre H-alpha car c’est celui qui
présente le meilleur contraste. On voit donc l’étoile centrale T Tau entourée d’une nébuleuse
à l’ouest. La distance entre le centre de l’étoile et la partie centrale de la nébuleuse est
d’environ 19arcsec.
Dans la figure 7.50, nous avons superposé les filtres H-alpha, V et B. Pour cela nous
avons tout d’abord soustrait le ciel de chaque image puis aligné les trois images de chaque
filtre avant de les combiner par une médiane et de les aligner entre les différents filtres.
Lorsque l’on compare l’image de la figure 7.50 à l’image du DSS (figure 7.51), nous consta-
tons qu’une partie de la nébuleuse est différente. En effet on remarque une partie supplé-
mentaire (au sud et en apparence plus rouge) dans notre image qui n’apparait pas sur celle
de DSS obtenue avant 1994. Cette nouvelle partie est visible sur l’observation de Adam
Block au Mount Lemmon en 2010 (7.52).
65
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Cette structure supplémentaire n’est pas un artefact, nous allons donc chercher s’il
s’agit aussi d’une nébuleuse en réflexion qui indiquerait une variation d’éclairage ou si il
s’agit d’une zone d’émission (zone de choc). Etant donné la vitesse des jets estimée dans
l’étude spectroscopique, des chocs dus au jet pourraient créer du [OIII]. Pour déterminer
la nature de l’objet, nous allons rechercher si le rapport de raie sur le continuum est le
même dans cette structure que dans le reste de la nébuleuse pour la raie H-alpha ainsi
que pour [OIII]. Pour déterminer le rapport, nous avons divisé l’image de [OIII] après
soustraction du ciel par celle du filtre V après le même traitement (voir figure7.53). La
figure 7.54 nous sert de comparatif.
66
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
67
7.7. ETOILE T TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Afin de voir la cohérence de cette hypothèse nous allons effectuer la même opération
mais avec les filtres H-apha et V. Cela nous donne la figure 7.55.
On constate que la même structure ressort avec un rapport Hα/R plus élevé que dans
la nébuleuse par réflexion ce qui implique une contribution plus importante en H-alpha.
Cela peut suggérer la présence d’un objet de Herbig-Haro formé à partir du jet de l’étoile
T Tau et qui n’est constitué que d’émission pure.
Ainsi, l’étude en imagerie de l’étoile T Tau nous aura permis de mettre en évidence une
variation de son activité d’éjection avec l’apparition d’un objet de Herbig-Haro.
68
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.8 NGC2273
NGC2273 est une galaxie de type Seyfert 2. Celle-ci présente un noyau très brillant
avec une forte activité. Elle est située dans la constellation du Lynx et fut découverte le
15 Septembre 1867.
7.8.1 Imagerie
L’image 7.56 a été obtenue à partir de trois images dans les filtres R, V et B. Les
temps d’exposition sont de 30s pour chaque filtre. On peut clairement remarquer la forte
luminosité du noyau. On observe une structure en spirale barrée autour du centre puis une
seconde structure de bras spiraux à plus grande échelle. Les deux disques semblent être
dans le même plan.
La dimension apparente du système est d’environ 2.5 arcmin, ce qui donne une taille ty-
pique d’environ 20 kpc, cohérent avec la littérature [FBB+ 06].
On pourrait s’attendre à une forte émission d’[OIII] pour ce type de galaxie due à sa
69
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
classification Seyfert 2 mais l’étude de l’émission dans la raie [OIII] ne met que peu en
évidence un excès d’activité d’[OIII] par rapport aux étoiles dans le champ. La figure 7.57
est obtenue en retirant la contribution du continuum à l’image obtenue avec le filtre [OIII].
L’émission du ciel a aussi été retirée. Les graphes sur la droite et en dessous de l’image
représentent les projections respectives des lignes vertes. On peut voir que les variations
de [OIII] dans NGC2273 ne sont pas dissociables du bruit du reste de l’image et qu’aucun
excès d’émission dans la raie n’est apparent.
Figure 7.57 – Emission d’[OIII] de la galaxie NGC2273. La galaxie se situe au centre du curseur.
7.8.2 Spectroscopie
Cette galaxie très lointaine a tout d’abord été difficile à pointer sur le T152, nous avons
donc mesuré des spectres seulement dans la région centrale très lumineuse. Nous avons
donc posé durant des temps assez longs de 400s pour maximiser le rapport signal sur bruit.
Cette galaxie a une forte activité car elle possède en son centre un noyau actif (AGN
[HB91]), nous pouvons donc mesurer en émission un certain nombre de raies comme Hα,
le doublet de l’azote [NII], celui du soufre [SII] et même distinguer une raie de l’oxygène.
Le spectre de raie réduit que nous avons obtenu grâce à nos six temps de pose est celui de
la figure 7.58.
70
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
On repère deux raies d’émission possédant un bon rapport signal sur bruit, les autres
raies identifiées sont moins marquées mais peuvent être bien approximées par des gaus-
siennes dont les caractéristiques sont résumées dans le tableau 7.31.
La position centrale de ces raies, en les approximant par des gaussiennes, nous indique
un redshift égal à 6.28 × 10−3 ce qui correspond à un éloignement de la galaxie à une
vitesse de 1880 km/s. Ces valeurs ont été calculées à partir des deux raies ayant le meilleur
rapport signal sur bruit, à savoir celle en Hα et celle à 6583,3 Å de l’azote, et sont résumées
dans le tableau 7.31. Ces valeurs correspondent relativement bien à celles trouvées dans
la littérature avec une vitesse de 1840km/s [RCK+ 05] étant donné que nous n’avons pas
pris en compte la vitesse de l’observateur par rapport à la source qui vaut au maximum
30 km/s mais qui n’est pas cruciale au vu de la valeur absolue trouvée. Néanmoins nous
avons estimé l’erreur sur la mesure : σ est égale au rapport de la largeur à mi-hauteur de
la raie (FWHM) sur le rapport signal sur bruit SNR. Le bruit a été mesuré dans le continu
en prenant des valeurs approchées pic à pic. On remarque que les mêmes valeurs calculées
sur les autres raies correspondent assez bien à une erreur de ± 2σ.
71
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
On peut ensuite calculer des rapports d’intensité intéressants de ces raies, notamment
ceux détaillés dans le tableau suivant :
On remarque que l’on retrouve la référence sur le doublet du sodium dans un rapport
de 3 pour 1. Le rapport sur le doublet du soufre nous indique aussi une densité électronique
au sein de cette galaxie de 371.
De plus les rapports d’intensité de la raie de l’azote et des raies du soufre avec celle
de l’hydrogène font bien entrer cette galaxie dans la classe des AGN (voir figures 7.60 et
7.61).
Enfin cette galaxie est de type Seyfert 2. Or le modèle standard unifié propose que ce
type de galaxie émet des bandes fortement élargies dans le visible ce qui correspondrait à
72
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.60 – Rapport Azote sur Hα Figure 7.61 – Rapport Soufre sur Hα
une rotation rapide de la matière autour du trou noir central [BMR12]. Malheureusement
ce noyau de l’ordre de quelques parsecs correspondrait à cette distance a une étendue sur
le ciel de 1/100e d’arcsec, ce qui va bien au delà des limites du spectrographe ou même
du seeing que nous pouvons avoir avec un télescope terrestre. Néanmoins nous pouvons
considérer que l’élargissement des raies de notre spectre est dû à la vitesse de rotation de
la galaxie sur elle même. Etant donné la taille du trou du spectrographe nous ne pouvons
estimer la vitesse de rotation que dans 3 arcsec (ce qui correspond à un diamètre de 450pc),
en supposant que nous avons toujours réussi à pointer le télescope sur le centre galactique.
Table 7.33 – Correspondances entre l’élargissement des raies et la vitesse de rotation à 225pc du centre
Les mesures de la FWHM nous permettent de calculer une vitesse de rotation approchée
de la galaxie de 130 km/s à une distance de 225pc en supposant la rotation proche du noyau
comme étant une rotation solide. Dans l’article [PW99] qui estime la courbe de rotation du
CO dans les régions centrales de la galaxie, nous pouvons retrouver une vitesse de rotation.
En supposant une rotation solide proche du centre, nous pouvons approximer la courbe
de rotation par une droite et estimer la vitesse de rotation à 225 pc d’environ 125 km/s
(voir 7.62). On remarque que ces deux valeurs de vitesses mesurées sont comparables bien
que prises respectivement en visible et en CO ainsi que dans le cadre où notre précision de
mesure est assez grossière.
73
7.8. NGC2273 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.62 – Courbes de rotation des régions centrales de NGC 2273 mesurées en CO
74
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
M82
Paramètre Valeur [KK06] [SBH98] [KPZ+ 01] [LS63] [MCGD93] [SGLS03]
Constellation Grande Ourse
Ascension droite (α) 09h 55m 52,19s
Déclinaison (δ) +69◦ 40’ 48.8"
Inclinaison 80◦ [LS63]
Redshift 203 ± 4 km/s [MCGD93]
Type morphologique I0
Magnitude apparente 8.41
Distance 4 ± 0.5 Mpc
Diamètre 11 kpc
Taille apparente 11’.2 × 4’.3
Taux de formation d’étoiles 20 ± 10 M /an
Découvreur Johann Elert Bode
Date de découverte 1774
M82, aussi appelé NGC 3034 ou Messier 82 ou la galaxie du Cigare, est une galaxie à
sursaut de formation d’étoiles.
M82 et M81 forment une paire physique de galaxies, elle sont séparées d’une distance
de 100+100
−70 kpc (nous avons calculé grâce à Aladin une distance de 40 kpc).
Le noyau de M82 est dans une phase de violente d’activité stellaire. Ceci a pu être
causé par un rapprochement sérré avec M81 qui s’est déroulé il y a quelques centaines de
millions d’années.
D’après Simbad, M82 est très visible en radio, en infrarouge, en rayons X.
7.9.2 Imagerie
Figure 7.63 – Image recomposée de M82 en Hα pure (rouge, orange) avec les filtres B (bleu) et V (vert).
Sur la figure 7.63 et sur la figure 7.65 nous observons que la galaxie est vue par la
tranche. On capte plus de Hα provenant du nord du centre galactique qu’on en capte
75
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.64 – Image recomposée de M82 avec les vents de Hα en rouge, B en bleu, V en vert.
provenant du sud, ceci est du aux poussières du disque galactique qui bloquent les Hα, le
B et le V, et que la galaxie est incliné par rapport à nous. M82 a une inclinaison de 80◦
[LS63].
Sur la figure 7.64 nous observons des vents de matière qui émanent du noyau central,
qui sont éjectés en direction des pôles du centre galactique, et qui rayonnent en Hα.
Sur la figure 7.65 nous observons que l’extinction est plus élevée vers au centre de la
galaxie que sur les bords.
Sur la figure 7.66 nous observons très clairement la structure des vents de matière, ils
émanent du centre galactique, ils forment des cônes ouverts d’environ 60◦ .
7.9.3 Spectroscopie
Sur le spectre 7.68 de M82, nous observons par ordre croissant de longueur d’onde (de
gauche à droite) : OI, NII, Hα, NII, et les deux raies de SII. Sur le spectre 7.69, nous
observons la même chose que sur le spectre 7.68 à l’exception de OI qui n’est pas présent.
Table 7.35 – Données obtenues à partir du spectre du centre de M82. σλ ≈ 0, 04 Åpour Hα Il est à noter
que la raie OI pourrait être contaminée par l’atmosphère terrestre, d’où les résultats aberrants par rapport
au reste des données.
λlabo λobs flux fwhm Vobs Vhelio Vhelio -Vsimbad dV ∆Vobs ∆Vreel
(Å) (Å) (Å) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s)
[OI] 6300 6300 1,70 1,62 8,56 -8,25 -210 47,5 77,4 45,7
[NII] 6547 6553 17,2 3,12 262 245 26,5 9,15 143 128
Ha 6562 6568 100 3,22 250 233 14,9 9,13 147 133
[NII] 6583 658 55,8 3,15 260 243 24,6 9,10 143 129
[SII] 6716 6721 10,3 3,06 246 230 11,0 17,8 136 121
[SII] 6730 6736 12,3 3,05 249 232 13,1 17,8 135 120
76
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Table 7.36 – Données obtenues à partir du spectre de l’extrémité ouest du disque galactique de M82.
σλ ≈ 0, 7 Å
λlabo λobs flux fwhm Vobs Vhelio Vhelio -Vsimbad dV ∆Vobs ∆Vreel
(Å) (Å) (Å) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s) (km/s)
[NII] 6547 6548 69,7 15,2 43,9 32,9 -186 22,8 699 696
Ha 6562 6565 100 3,98 136 125 -93,8 22,8 182 171
[NII] 6583 6586 65,1 3,51 127 116 -102 22,7 160 147
[SII] 6716 6718 21,4 3,06 109 98,8 -120 44,6 136 121
[SII] 6730 6734 24,2 2,574 150 139,9 -79,0 44,5 114 96,1
D’après les tableaux 7.35 et 7.36 En soustrayant la vitesse relative d’extrémité du disque
galactique à celle du centre on trouve la vitesse de rotation du disque de la galaxie, qui est
égal à 117 ± 22 km/s.
On peut noter que la différence entre la vitesse héliocentrique que nous avons obtenue
et celle présente dans simbad reste comprise dans la marge d’erreur de cette dernière qui
est de l’ordre de 30 km/s.
Dans le tableau 7.35 on a un rapport [NII]/Hα d’environ 56% dans le centre de la
galaxie et 65% à l’extrémité de celle-ci (il s’agit ici de la raie [NII] à 6583 Å), on a donc
un log([NII]/Hα) entre -0,18 et -0,25. D’après le diagramme 7.70, on se situerait donc à la
limite d’une activité due à la formation stellaire et à l’accrétion de matière par le trou noir
central de la galaxie.
Pour le gaz contenu dans le disque galactique il y a équilibre entre la force centrifuge
et la force d’attraction gravitationnelle de la galaxie.
GMgalaxie 2
vrotation Mgaz
Fgravitationelle = Fcentrif uge = 2
= (7.6)
R R
RV 2
Mgalaxie = (7.7)
G
Sachant qu’on a une distance angulaire entre le centre et l’extrémité de la galaxie de 2
minutes, et que M82 est situé à 4 Mpc, on a un rayon de 2,3 kpc.
77
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
78
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.67 – Schéma de la galaxie, où les flèches rouges indiquent les positions auxquelles on a mesuré
les spectres.
79
7.9. GALAXIE DU CIGARE (M82) CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.70 – Diagramme représentant l’activité de la galaxie en fonction du rapport de raies. Les lignes
rouges correspondent à nos rapports [NII]/Hα.
80
7.10. M81 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.10 M81
7.10.1 Présentation
Dans cette section, il est question de M81, une galaxie spirale située dans la constellation
de la Grande Ourse, et dont les principales caractéristiques sont données dans le tableau
7.37.
Table 7.37 – Caractéristiques générales de M81
Faute de temps, nous n’avons pu conduire une étude spectroscopique de M18 au T152.
Nous ne présentons donc ici que les résultats des observations effectuées au T120.
7.10.2 Imagerie
Nous avons observé M18 au T120 dans la nuit du 7 au 8 décembre. Du fait de sa
grande étendue angulaire, deux pointages différents et l’assemblage d’une mosaïque sont
nécessaires pour imager la galaxie dans sa totalité. Les poses réalisées sont résumées dans
le Tableau 7.38 ; afin de bien capturer les régions Hα et l’étendue totale des bras spiraux,
des temps de pose particulièrement longs ont été utilisés dans ce filtre.
Table 7.38 – Résumé des acquisitions effectuées sur M81 au T120
81
7.10. M81 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.71 – Composition de M81 en filtres Hα (rouge), V (vert) et B (bleu). Noter que l’échelle d’intensité
est logarithmique (nord en haut).
82
7.10. M81 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
Figure 7.72 – Carte d’émission en Hα de M81. Figure 7.73 – Carte d’émission en [OIII] de
Noter la structure spirale des régions de forma- M81. Noter à nouveau les régions de formation
tion d’étoiles (nord en haut). d’étoiles (nord en haut).
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7.10. M81 CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
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7.11. RY TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.11 RY Tau
7.11.1 Présentation de l’objet
RY Tau
Paramètre Valeur [SWRL08]
Ascension droite (α) 04h 21m 57.4s
Déclinaison (δ) +28◦ 26’ 36"
Type spectral F8 III
Distance 134+54
−31 pc
Masse 1.69 M
Luminosité 12.8 L
Age 6.5 ± 0.9 Myr
Découvreur Pickering
Date de découverte 1907
RY Tau est une étoile T Tauri, de type UX Ori, qui montre une variabilité photomé-
trique irrégulière dans le visible et dans le proche infrarouge. Elle appartient au nuage
moléculaire Taurus-Auriga.
7.11.2 Imagerie
Sur la figure 7.76, nous n’observons pas les détails de la structure de la nébuleuse autour
de RY Tau, mais nous observons que la nébuleuse a une forme à peu près circulaire avec
deux bosses/renflements/protubérances, une allant en direction du Nord-Est et une allant
en direction du Nord-Ouest.
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7.11. RY TAU CHAPITRE 7. OBJETS ÉTUDIÉS
7.11.3 Spectroscopie
Sur la figure 7.77, nous voyons la contamination de l’atmosphère terrestre à droite à la
fin du spectre.
86
Chapitre 8
Galerie
Ce chapitre présente les images obtenue au T120 sans qu’il n’ait été réalisé d’étude
approfondie des objets. Juste pour le plaisir des yeux ...
Figure 8.1 – Nébuleuse de la Tête de Cheval Figure 8.2 – Galaxie du Tourbillon (M51)
87
Chapitre 9
Conclusion
Synthèse scientifique Nous avons étudié des étoiles à travers toutes les étapes de leur
vie (nébuleuses planétaires, rémanents de supernova et des étoiles en phase évolutive) mais
également au sein de leur structures (amas, galaxies). Concernant les nébuleuses, nous
avons complété le diagramme de Polcaro avec nos objets. Nous avons pu ainsi vérifier la
nature des objets. Le diagramme donné en figure 9.1 répartit les objets selon les valeurs
des rapports de raie du soufre et de l’hydrogène α. Ces rapports permettent de distinguer
les régions photo-ionisées par chocs (rémanent de supernova) de celles photo-ionisées par
rayonnements UV.
NGC7635 (2)
NGC2392
M1 NGC40 (bord)
NGC40 (étoile)
En ce qui concerne nos autres résultats, ils sont pour la plupart en adéquation avec
ceux trouvés dans la littérature. Il y a cependant quelques différences. Celles-ci peuvent
être expliquées par les incertitudes de mesure ou des conditions d’acquisition des données
différentes. Les barres d’erreur sont dues à plusieurs facteurs : le bruit trop important par
rapport au signal ou encore la résolution des instruments disponibles qui, aussi grande
soit elle, est limitée. Elles peuvent donc être réduites par des temps de pose plus longs,
des instruments toujours plus performants, et des traitements numériques toujours plus
efficaces.
Conclusion En conclusion bien que cette semaine a été très satisfaisante aussi bien sur
le plan professionnel que relationnel, elle a impliqué une grosse charge de travail autant
au niveau des observations que de la rédaction de ce rapport, en passant par l’analyse des
données et la communication. La mise en commun des résultats a notamment été un grand
défi mais nous y étions bien préparé.
88
CHAPITRE 9. CONCLUSION
Cette expérience s’est révélée être un bon premier pas dans le monde de l’observation. Elle
nous a aidé à comprendre les difficultés qui peuvent se poser lorsque l’on essaye d’observer
des objets célestes : précision de pointage du télescope, qualité des données dépendant
du temps, choix du temps d’exposition, ... ou lorsque l’on essaye de les exploiter : bruit,
superposition de spectres, apprentissage des logiciels dédiés, .... Nous avons pu surmonter
ses difficultés en nous entraidant les uns les autres à l’aide de nos compétences complé-
mentaires venant de deux masters différents et aussi grâce aux cours que nous avons reçu
en aval et pendant la semaine.
Ce stage nous sort aussi du cadre scolaire et nous permet d’utiliser nos connaissances dans
des situations concrètes, en plus d’avoir la joie de prendre de belles images. Tout ceci consti-
tue également un atout indéniable pour une carrière future dans le milieu de l’observation
astronomique ou encore dans celui de l’instrumentation. Si il fallait décrire cette semaine
en un mot, ce mot serait épanouissant. Cette semaine a apporté tout ce qu’elle promettait
et plus encore.
89
Bibliographie
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