rampe de lancement, soupirs, croassements, couinements divers... C’était
comme si les dix-sept éléves de la 3° division, ayant di garder le silence
pendant trois longs quarts d'heure, accordaient maintenant leurs organes
vocaux pour un petit concert instrumental.
« En silence, j'ai dit ! En silence ! mugit le professeur dont la voix
domina I'orchestre. Je ne vous lacherai pas avant que vous ayez cessé de
vous agiter, et dans un silence oi l'on puisse entendre tomber une
épingle ! »
Le vacarme s'éteignit. Désireux de sortir au plus tét, les éléves
s'immobilisérent, bras croisés, résistant a l'envie de gigoter.
Tous sauf un ! Au dernier rang, une main voletait dans les airs, comme un
mouchoir sur une corde a linge, pour attirer l'attention du professeur.
M. Wilkinson la considéra d'un ceil sourcilleux. Lui aussi avait hate d'en
finir.
« Quiest-ce qu'il y a encore, Bennett ? gronda-t-il.
— Eh bien, m'sieur, c'est rapport a cette épingle que vous allez laisser
tomber, répondit Bennett, un gargon de onze ans, au regard vif, aux cheveux
bruns plutét mal peignés. Est-ce que vous en avez une sur vous, en ce
moment ? Parce que, si vous n'en avez pas, je pourrais monter dans le
bureau de Mme Smith et lui demander si elle aurait la gentillesse de...
— Vous n'irez rien demander du tout ! cria M. Wilkinson. J'attends pour
libérer votre classe, alors ne me faites pas perdre de temps avec vos
questions stupides !
— Excusez-moi, m'sieur », dit Bennett.
Mais l'idée de ce cérémonial d’épingle qui tombait continuait a l'intriguer,
et une nouvelle question lui vint a l'esprit :
« Le seul ennui, reprit-il, c'est qu'il y a des gars qui sont peut-étre plus
durs d'oreille que les autres, et s'ils sont assis au fond de la classe, ils
risquent de ne pas l'entendre, et alors...
lence ! » coupa le professeur, du plus fort de sa voix tonitruante.
M. Wilkinson était un homme robuste, aux maniéres un peu rudes et a la
patience limitée. Bien qu'il aimat sincérement les éléves confiés a sa garde,
il ne parvenait jamais 4 comprendre le fonctionnement de ces cerveaux de