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Tejen Mootin 1erG3

Commentaire Composé : « Les deux Coqs  »

Le classicisme est un mouvement littéraire qui se développe en France, et plus


largement en Europe, entre le XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, de 1660 à 1715. Il se définit par
un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s'incarnant dans « l’honnête
homme » et qui développent un style fondé sur une recherche de la perfection, son maître
mot est la raison.
Jean de la Fontaine était un auteur très connu de cette époque notamment pour ses Fables
plaisantes mettant en scène des personnages amusant illustrant et critiquant les défauts de
notre société. Ici, dans la Fable « Les deux coqs » (Fables 12, livre VII), La Fontaine nous
raconte en utilisant le registre parodique l’histoire de deux coqs qui se livrent combat pour
une poule. Le vainqueur crie sa victoire sur tous les toits et se fait attraper par un vautour.
Le vaincu revient finalement près de la poule et gagne l’admiration de toutes les autres
poules. Dans cette Fable la morale semble tout d’abord prévenir le lecteur contre les
dangers du hasard.
Les Fables appartiennent au sous-genre de l’apologue, c'est-à-dire un court récit illustrant
une morale. Nous pouvons donc nous demander en quoi cette Fable est un apologue ?
Nous verrons dans un premier temps en quoi cette Fable plait-il au lecteur et dans un
second temps en quoi elle instruit le lecteur.

Cette fable est en réalité une parodie, La Fontaine critique métaphoriquement la


Guerre de Troie racontée par Homère dans L’Iliade. Dès les premiers vers du texte, La
Fontaine fait référence à la Guerre de Troie pour contextualisé le lecteur « Amour, tu perdis
Troie » (v.3). Par la suite, le fabuliste fait référence à Hélène de Troie « plus d’une Hélène »
(v.9), Hélène, fille de Zeus, était la plus belle femme sur Terre selon la mythologie grecque
et elle fut l’objet de cette Guerre. On peut ensuite voir des références au « Xanthe » (v.5), le
fleuve qui coule près de Troie, et qui, selon la légende, a été rougi par le sang des
batailles.
La Fontaine choisit de personnifier ses personnages principaux. Pour cela, il ne choisit pas
des animaux nobles qui auraient été conforme aux mythes et aux personnages divins de la
Guerre de Troie (lions, aigles, …), mais des coqs. Nous pouvons ainsi voir le champ lexical de
la volaille (« poule », « coq », « bec », « plumage »). En effet les volatiles de la fable se
livrent un combat sans merci pour une Poule, comme les personnages grecques qui
s'affrontèrent pour la belle Hélène. Cette réécriture d'un épisode de la mythologie grecque
est évidemment parodique. La Fontaine dénigre ces personnages grecques en utilisant des
animaux de la « basse-cour ».
Un rappel de mythologie est aussi fait par le vocabulaire épique et des figures de styles nous
mettant dans un contexte de Guerre. D’abord l’utilisation du champ lexical de la guerre
(« guerre allumée », « querelle envenimée », « vainqueur », « vaincu », « sang », « rival »,

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« combat », « gloire », « défaite »). De plus le fabuliste utilise des figures de styles tels que
des antithèses aux vers 1-2 (« paix », « le guerre ») et aux vers 3-4 (« amour », « querelle »).
Nous pouvons aussi remarquer l’utilisation d’un oxymore au vers 10 (« vainqueur », « le
vaincu »). En effet comme nous pouvons le voir La Fontaine fait une réécriture de l’histoire
mythologique grecque mais contrairement aux auteurs de l’époque, il ne fait pas l’éloge des
héros de guerre. La Fontaine les compare à de simples animaux de basse-cour qui se battent
pour une Poule.
Cette fable est une parodie de la Guerre et elle plait au lecteur mais comme toute fable, elle
propose également une morale qui pour cette œuvre est à la fois implicite et explicite

En effet, La Fontaine nous fait une morale sous deux aspects ; il fait tout d’abord la
morale explicite, qui s’étale sur les quatre derniers vers, écrite à un présent de vérité
générale et au passé simple. « La fortune se plaît à faire de ces coups ;
Tout vainqueur insolent à sa perte travaille. Défions-nous du Sort, et prenons garde à nous
Après le gain d’une bataille. » Dans cette morale, nous pouvons remarquer que La Fontaine
essaye de faire passer un message sur les dangers du hasard au vers 33 « Défions-nous du
sort » et que toute possibilité peut s’avérer être une réalité.
Toutefois, chez La Fontaine, les morales explicites ne sont généralement pas les seuls
messages qu’il essaye de faire passer. Les morales explicites cachent souvent d’autres
morales implicites. La critique des femmes est omniprésente dans cette Fable, il fait tout
d’abord une critique des femmes aux vers 1-2, représentées comme une poule, qui seraient
à l’origine des querelles « une Poule survint, Et voilà la guerre allumée. ». La femme est
également représentée comme inutile puisque le seul attribut qui leur ont été accordé était
leur beauté « Hélène au beau plumage ». Dans cette Fable les femmes ne sont pas que
représentées comme des belles créatures, La Fontaine les représente aussi comme des
biens au centre des querelles « Fut le prix du vainqueur » comme nous pouvons le voir la
femme est représentée comme un objet ou un prix.
De plus, La Fontaine ne critique pas seulement les femmes même si la critique des femmes
est très présente tout au long du texte. Le fabuliste en profite pour dénoncer les mauvais
caractères que peut avoir l’homme. Le protagoniste qui représente l’homme est arrogant,
hautain, vantard et prêt à tout pour humilier autrui, dans cette fable on peut même parler
de « karma » car le coq vainqueur s’est vanté de sa victoire en humiliant son opposant pour
qu’au final il finisse par faire son grand voyage avant l’heure et ne pas profiter dignement de
sa « récompense ». L’auteur dénonce l’homme pécheur qui est soif de pouvoir et de gloire
C’est ainsi que Jean de la Fontaine organise sa morale pour instruire le lecteur, d’abord par
une morale explicite qui nous prévient des dangers du hasard et par la suite par une morale
implicite qui fait réfléchir au lecteur sur lui-même.

Cette fable est bel est bien un apologue car La Fontaine souhaite plaire et instruire le
lecteur. L’auteur expose la société des hommes en faisant appel à un mythe grecque, tout
en invitant le lecteur à tirer des enseignements de sa lecture. Il dénonce les péchés de
l’Homme sous des dessous d'animalité. Le comique lui sert à souligner le superflu des
guerres et des querelles. Cette fable peut nous amener à faire une analyse comparative à
une autre fable de Jean de La Fontaine intitulée Le Lion et le Moucheron où il décrit le
combat entre deux animaux puis leurs morts respectives, pour délivrer une double morale
au lecteur.

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