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jaPon - Yamazaki - iCHiro akuto - tSunuki - kirin - gordon & mCPHail - Saké - Clairin - mizuwari - umami
entretien tSunuki
iCHiro akuto la nouvelle
l’aSSemBleur Star
M 06715 - 71 - F: 6,90 E - RD
Spécial
japon
juin juillet aout 2018. Prix exPort : andorre , Belgique, luxemBourg : 8€. SuiSSe : 8CHF. dom : 9€. Canada: 10,50 $ Can
(60 pages)
➧ Clairin ➧ Mizuwari
spirits DireCtion SonSon
➧ Saké taste un rituel De SaiSon
➧ Mixo
une tenDanCe forte
➧ CognaC verSion bio & share le phénoMène nippon
➧ Cahier DéguStationS
ARDBEG AN OA SE CARACTÉRISE PAR LES CONTRASTES
DE LA MULL OF OA, PARTIE TRÈS VENTEUSE DE L’ÎLE D’ISLAY.
DIrECTEur DE lA publICATIoN
Thierry bénitah
Le temps du Japon !
DIrECTEur CoMMuNICATIoN, rETAIl ET DIGITAl
Stéphan Dupont
CoMITé DE réDACTIoN
C
Thierry bénitah, Cécile Fortis, luca Gargano,
François de Guillebon et Serge Valentin
réDACTIoN
édition déléguée F2G publishing
François de Guillebon ’est presque grâce au film de Sofia Coppola, Lost in Trans-
f.deguillebon@whiskymag.fr
lation, que le monde découvre en 2003 que le Japon ne
SECréTAIrE DE réDACTIoN
Cécile Fortis - c.fortis@whiskymag.fr produit pas que du saké. Pour mémoire, l’intrigue tourne
TrADuCTEur autour d’un héros, Bill Murray, en séjour à Tokyo sur le
Christian Diebold tournage d’une pub pour Hibiki. Après le succès d’estime
DIrECTIoN ArTISTIquE
opé spé
du film, les ventes explosent, les productions japonaises ré-
ICoNoGrApHIE
conciliant même les plus réfractaires au whisky en général.
Wonder Image, Myriam ball - myriam@wonderimage.fr Une découverte ? Pas pour tout le monde. Depuis long-
oNT pArTICIpé à CE NuMéro : temps déjà, les distilleries nippones produisent un whisky sur lequel se
J. bates, D. broom, Ch. Croizet, C. Fortis, F. de Guillebon, Ch.
lambert, p. levinson, Ch. Maclean, F. Monti,
penchent avec intérêt les amateurs éclairés. Pour être précis, il faut remon-
A. Morbois, G. olivier, F. piriou, G. D. Smith, S. Van Eycken, C. ter à 1888, date à laquelle la maison Konishi produit un spiritueux qualifié
Weglarz, I. Wisniewski, M. Zerr
de whisky, même s’il ne répond pas aux normes occidentales. Parce qu’elle
CréDITS pHoToS :
é. Erbin, r. Frankenberg, S. Gallucci, Ch. lambert, F. Margarine,
veut pouvoir comprendre et “s’inspirer”, une autre maison, celle de Shinjiro
Ch. Meireis, J. Souteyrat, S. Van Eycken Torii, envoie le jeune Masataka Taketsuru à l’Université de Glasgow, pour
Couverture : b. Demnard apprendre les secrets de la distillation écossaise. Il reviendra diplômé, marié
IlluSTrATIoNS : et plein d’idées. Si le premier whisky de la distillerie de Yamazaki sort en
b. Demnard 1929, il sera un échec cuisant.
publICITé La suite, on la connaît : Nikka, Suntory, Chichibu, Karuizawa, Mars… Autant
Nicolas le brun
n.lebrun@whiskymag.fr de noms, autant de succès. Avec ses productions récompensées à de multi-
Arthur de Moucheron ples reprises à travers le monde depuis, le Japon mérite largement sa place
a.demoucheron@whiskymag.fr
de quatrième grande nation du whisky.
SErVICE AboNNEMENT
Agence bo Conseil Voilà l’une des raisons pour laquelle Whisky Magazine & Fine Spirits
le Moulin 72160 Duneau, France consacre ce numéro au pays du Soleil Levant et à ses produits précis, tra-
Tél. : 09 67 32 09 34
vaillés, maîtrisés. Whiskies, sakés, liqueurs sont bien issus de cette quête de
IMprESSIoN ET rouTAGE
Aubin Imprimeur
l’équilibre parfait. En gastronomie, les chefs nippons se frayent désormais en
86240 ligugé occident une place très à part. En mixologie, l’art du bartending se conjugue
routage 86 - poitiers à l’heure de Tokyo. Dans tous les cas, le maître mot semble être le rapport au
Diffusion : presstalis temps et à la recherche de la perfection. Un numéro donc pour découvrir ce
Gestion des ventes au numéro que umami, omyiage, mizuwari signifient. Entre autres…
bo Conseil - Direction otto borscha
réglage des ventes : Terry Mattard
Bonne lecture
Tél. : 09 67 32 09 34 Bon été
(réservé aux marchands de journaux)
Rendez-vous au Whisky Live Paris
CppAp : 0619 K 84338
ISSN : 1765-8454
Dépôt légal : juillet 2018 François de Guillebon
Whisky Magazine est publié par
Éditeur délégué
Figures de Still
SArl au capital de 8 000 euros
Siège social : 9-11 rue Martre
92110 Clichy - France
Gérant : T. bénitah
Sous licence de paragraph publishing Retrouvez Whisky Magazine & Suivez Whisky Maga- Suivez Whisky Maga-
6 Woolgate Court, St benedicts Street Fine Spirits sur Facebook : zine & Fine Spirits sur zine & Fine Spirits sur
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© 2018 - Figures De Still/Whisky Magazine TaRif aBonnemenT : 1 an 29€, 2 ans 50€ sur whiskymag.fr
prochain numéro : septembre 2018
l’AbuS D’AlCool EST DANGErEux pour lA SANTé. 3
à CoNSoMMEr AVEC MoDérATIoN.
sommaire n° 71
36
Dossier
spécial Japon
36 From Japan, with love
42 tsunuki et yakushima : les nouvelles stars
50 Fuji sanroku, la discrète
54 la whisky culture made in Japan
58
8 Chronique
10 news
20 Duty Free
22 ColleCtor
yamazaki
24 24 Playlist
toki
62 26 Playlist
spécial whiskies japonais élevés en fûts atypiques
28 10 whiskies méDaillés
pour un été d’exception
30 l’entretien
ichiro akuto, le fondateur de la distillerie Chichibu
58 FoCus
Gordon & macPhail, au bonheur des
Connoisseurs
65 62 tenDanCe
Derrière le Copper Dog, le renouveau des blended
malts
64 teChnique
Propreté et salubrité
65 entre nous
64 Brian kinsman, maître de chai de Glenfiddich
69 Chronique
70 news
74 Duty Free
76 Playlist
clairin ansyen sajous 2015
78 Playlist
spécial spiritueux de négoce
80 10 liqueurs JaPonaises
pour un été gourmand et acidulé
82 tenDanCe
le saké monte en puissance 131 132
86 FoCus
sur la route du mezcal
92 rhum
haïti, direction sonson
96 rhum
hse : la touche finale
100 CoGnaC
sur la route du bio
108 entre nous
thierry marx, parrain de la Part des anges 2018 111 Chronique
112 Gastronomie
mizuwari, un rituel de saison
116 esCaPaDe
76 90 tokyo en 10 bars
118 tenDanCe
omiyage
120 mixo
le saint-Graal du barman
124 saveur
umami, la cinquième saveur
126 allianCe
82 Foie gras et saké
128 PlayGrounD
100 108 90 les nouveaux bars à cocktails
130 mixo
nippon Bar tools
131 Diy
sakura martini
132 entre nous
Julie reiner, head bartender au Clover nyC
134 Bonnes aDresses
104 137 DéGustations
24 spiritueux passés au crible
Le tourisme du whisky
Diageo a annoncé en avril dernier un projet d’investissement de 150 millions
de livres sterling en trois ans pour moderniser l’ensemble des douze
centres d’accueil des visiteurs de ses distilleries et construire à
Édimbourg une attraction dédiée à Johnnie Walker. Proposant une
“expérience immersive” ultramoderne, elle présentera également quatre
malts qui entrent dans la composition de ce blend -Cardhu, Glenkinchie,
Clynelish et Caol Ila, “originaires des quatre coins de l’Écosse”. Ces
investissements témoignent de l’importance croissante du “tourisme du
whisky” dans ces contrées.
A
« u cours des décennies à venir, écrit Ivan Rien d’étonnant, par conséquent, que la visite
Menezes, P.-D.G. de Diageo, nos distille- des distilleries compte désormais parmi les
ries joueront un rôle décisif pour inciter attractions les plus prisées du Royaume-
davantage de visiteurs internationaux Uni. Elles enregistrent un nombre annuel de
à venir en Écosse.» Nicola Sturgeon, visiteurs comparable à celui d’institutions
Premier ministre d’Écosse, abonde en comme la cathédrale Saint-Paul de Londres, le
ce sens : «Cet investissement considérable contri- Royal Albert Hall, le château d’Édimbourg et la
buera à attirer un plus grand nombre de touristes en Scottish National Gallery.
Écosse, en proposant des réalisations événementielles Karen Betts, présidente de la Scotch Whisky As-
d’envergure internationale, mais il souligne également sociation, a fait deux remarques importantes lors d’un
l’importance déterminante du secteur du whisky pour l’économie récent déjeuner.
écossaise.» «En plus de profiter à notre industrie, le nombre croissant de visi-
En 2016, un nombre record de 1,7 million de visiteurs étrangers a teurs est une excellente nouvelle pour l’économie écossaise dans
visité la quarantaine de centres d’accueil des distilleries écossaises, son ensemble, et en particulier dans les zones rurales, parce que
soit une augmentation de 25 % depuis 2010 et une croissance an- le visiteur de distilleries de whisky loge dans les hôtels de la ré-
nuelle de 8 %. Les chiffres définitifs pour 2017 n’ont pas encore été gion, consomme dans les pubs et les restaurants, et achète des
publiés, mais les données intermédiaires dont dispose l’Associa- produits locaux.»
tion of Scottish Visitor Attractions attestent d’une croissance conti- Karen Betts a ensuite laissé entendre que la popularité dont
nue du nombre de visiteurs dans les distilleries suivantes : Blair jouit le whisky écossais pourrait se traduire sur le plan politique
Athol (+18 %), Caol Ila (+32 %), Glen Ord (+28 %), Kingsbarns (+30 %) par des mesures fiscales visant à alléger le taux très élevé des
et The Scotch Whisky Experience à Édimbourg (+16 %). taxes qui frappent notre boisson nationale, ce qui, à son avis,
En 2017, le total des dépenses effectuées par ces touristes dans serait susceptible d’inciter les touristes à dépenser davantage.
les distilleries s’est élevé à 53 millions de livres sterling [31 livres «Un encouragement encore plus souhaitable qui bénéficierait
sterling par personne], les visiteurs étant en majorité origi- tout autant à notre industrie qu’au tourisme en Écosse, serait
naires d’Allemagne, d’Écosse, d’autres régions du Royaume-Uni, d’adopter une réduction des droits d’accises dans le budget
des États-Unis et de France. Ces deux derniers pays sont, en va- d’automne du Royaume-Uni. En raison de la charge fiscale exor-
leur, les plus importants marchés du scotch whisky au monde. bitante de 80 % qui pèse sur le prix moyen d’une bouteille de
Aujourd’hui, plus de la moitié des cent vingt-trois distilleries whisky, l’acheteur étranger paie souvent davantage de taxes en
de whisky de malt écossaises accueillent des touristes. Nombre Écosse que dans son propre pays.»
d’entre elles s’inscrivent dans une tradition d’hospitalité de haut Oyez ! Oyez ! Levons notre verre à ces belles paroles ! Le
niveau en proposant restaurants ou cafés, boutiques et salles de bien-fondé d’un allégement des droits d’accise est incontes-
dégustation. Dans toutes les distilleries, l’accueil est chaleureux, table, et représenterait pour le ministère des finances britan-
le personnel et les guides exemplaires, et l’industrie du whisky nique une rentrée d’argent supplémentaire, mais cet argument
Illustration Bastien Demnard
présentée au public de la meilleure des façons imaginables. tombe dans l’oreille d’un sourd. ◊
Rebaptisée
Box devient High Coast Distillery
La distillerie suédoise Box, fondée en 2010 par Per et Mats de
Vahl, a changé de nom. Elle s’appelle désormais High Coast eddu voIt plus gRand
Distillery. Une décision qui s’explique par la pression de Pour faire face à des problèmes de stoc-
Compass Box, la marque de whisky créée par John Glaser et kage, la distillerie des Menhirs qui éla-
rachetée par Bacardi en 2015. Désormais, plus de confusion bore les whiskies Eddu à Plomelin, dans
possible entre les deux marques. le Finistère, s’est lancée dans des travaux
d’agrandissement de son chai. Passant de
Sanctions européennes 650 à 1 300 m2, cela permettra de doubler
Le bourbon trinque ses capacités de stockage et de faire vieil-
En riposte aux taxes américaines sur les importations d’acier lir des cuvées limitées.
et d’aluminium, Bruxelles a décidé d’imposer une surtaxe de www.distillerie.bzh
25 % sur un certain nombre de produits américains exportés
Photos © Mark Power-© Raphaël Becaud-DR
vers l’Europe, dont le bourbon et autre whiskey, ce qui pourrait aRmoRIk, nouveaux chaIs
représenter une hausse de 10 % sur leur prix de vente. La maison Warenghem fait peau neuve.
La distillerie de Lannion (single malts et
1ère édition blended Armorik) dispose de deux nou-
Lyon Whisky Festival veaux chais depuis le mois de mai dernier.
Samedi 24 et dimanche 25 novembre 2018, Lyon accueille la Le 15 septembre débuteront les travaux
première édition du Lyon Whisky Festival organisée au Palais de du nouvel espace visiteurs, qui accueille
la Bourse (Lyon 2e). S’il donne la part belle aux dégustations, des 10 000 personnes chaque année, mais la
masterclass, des conférences, une “cocktail room” ou encore une distillerie reste ouverte pendant les travaux.
boutique éphémère sont également au programme. www.distillerie-warenghem.com
www.lyonwhiskyfestival.fr
l ’ a b u s d ’ a l c o o l e s t d a n g e r e u x p o u r l a s a n t é . à c o n s o m m e r a v e c m o d é r a t i o n .
news whisky écosse
édition LiMitée
ardbeg grooves 2018
Lancée à l’occasion du traditionnel Ardbeg Day au début
du mois de juin dernier, cette nouvelle édition limitée ver-
sion 2018 est élaborée à partir d’un Ardbeg Signature vieil-
li en fûts de bourbon, et d’un Ardbeg vieilli en fûts toastés
ayant contenu du vin rouge. L’appellation Grooves provient
de l’apparition de grosses rainures dans le bois à la surface
des douelles à la suite des opérations de toastage. Un single
malt tourbé à la teinte rouge orangée, mêlant des arômes
newburgh
d’épices et de fumée, de maïs soufflé et de suie, à des notes
plus douces et fruitées de vanille et de poires. Lindores abbey
Ardbeg Grooves Édition Limitée 2018
(70 cl, 46%) : env. 99 € aqua vitae
Dans l’attente de l’embouteillage du premier whisky
de cette toute nouvelle distillerie située à quelques
Ode à l’héritage encablures de la petite ville de Newburgh, dans le Fife,
le propriétaire de Lindores Abbey Distillery, Drew
The Macallan Edition N°4 McKenzie-Smith, lance cette Aqua Vitae distillée en
Il s’agit là du quatrième opus de l’Edition Series lancée
décembre dernier. Une eau-de-vie élaborée à partir
par le master distiller maison, Bob Dalgarno, en 2015. Une
d’herbes naturelles et d’épices récoltées dans les
ode au savoir-faire et à l’héritage laissé depuis 1824, et une
jardins du domaine et dont les origines remontent à la
manière de marquer la reprise de la production au sein de la
fin du XVe siècle.
splendide toute nouvelle distillerie. Cette édition limitée est
Lindores Abbey Aqua Vitae (70 cl, 40%) : env. 49 €
le fruit de l’assemblage de sept whiskies issus de sept fûts
de chêne américains et européens différents, de premier et
second remplissage.
The Macallan Edition N°4 (70 cl, 48,4%) : env. 90 €
Mystère, Mystère…
the gLenLivet code
Alan Winchester, le mythique master
distiller de la maison The Glenlivet, est
manifestement très joueur. Pour obtenir
des informations sur cette édition limitée,
qui fait suite à Alpha et Cipher, il vous faut
“craquer” ou plutôt shazamer le code qui
figure au dos de l’étui de la bouteille. Et
comme à Whisky Magazine & Fine Spirits
nous sommes aussi parfois très joueurs,
nous n’en dirons pas plus sur ce mystérieux
single malt.
The Glenlivet Code (70 cl, 48%) : env. 120 €
L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T DA N G E R E U X P O U R L A S A N T é . à C O N S O M M E R AV E C M O D é R AT I O N .
news whisky écosse
HigHlands baLbLair
Avec Balblair 1991 et Balblair 2000, Inver House Distillers enrichit sa gamme de single
malts millésimés élaborés à Edderton, dans le Ross-shire. La première expression, distillée
en 1991, aura vieilli 24 ans en ex-fûts de bourbon, puis deux années supplémentaires
Nectar dans d’anciens fûts de sherry oloroso de premier remplissage. Même principe de
Glenmorangie Grand vieillissement pour la seconde expression distillée en 2000, vieillie un peu plus de 12 ans
Vintage Malt 1989 en fûts de chêne américain avant de rejoindre pour quatre années d’anciens fûts de xérès
Il s’agit là du deuxième opus de la de premier remplissage.
collection exclusive Bond House Balblair 2000 (70 cl, 46%) : env. 98 €
N°.1 lancée en 2016 par la distillerie Balblair 1991 (70 cl, 46%) : env. 167 €
propriété de LVMH. Une collection
dont le nom évoque le chai historique
Bonded Warehouse N°.1, qui accueille
aujourd’hui la douzaine d’alambics
Édition limitée Barolo Cask Matured
Comme tous les Hazelburn, ce single malt de 9 ans d’âge a été triple
de Glenmorangie. Cette nouvelle
distillé à Campbeltown, par la famille Mitchell. Autant dire dans la
expression est un assemblage des
même distillerie que Springbank. Après avoir été élevé six ans en
plus remarquables et des plus anciens
ex-fûts de bourbon, il a la particularité d’avoir bénéficié d’un finish
whiskies de la maison, de 27 ans d’âge,
de trois années en ex-fûts de Barolo ayant déjà accueilli des malts
partiellement élevés en ex-fûts de
Springbank. Au-delà de le lier plus encore avec la célèbre signature,
bourbon et ex-fûts de sherry oloroso,
cette maturation lui offre de jolies notes de fruits secs, noix de coco en
puis affinés dans un fût de Côte Rôtie.
tête, avec une touche de poivre.
Glenmorangie Grand Vintage Malt
Hazelburn 9 ans Barolo Cask Matured (70 cl, 57,9%) : env. 81 €
1989 (70 cl, 43%) : env. 595 €
Islay
Port Charlotte 10 ans, le retour
Après le lancement de deux éditions limitées, Port Charlotte 10 ans effectue son retour avec une édition
permanente et un nouveau flacon. Ce single malt tourbé à 40 ppm de la distillerie Bruichladdich est
entièrement élaboré à partir d’orge écossais, et vieilli à 65 % en fûts de chêne américain de premier
remplissage, à 10 % en fûts de chêne américain de second remplissage et à 25 % en fûts de vins français
de second remplissage.
Port Charlotte 10 ans (70 cl, 50%) : env. 64 €
sous Le signe de ville d’Akashi en 1984, s’apprêtent à débarquer en France. Il s’agit de deux single
malts non filtrés à froid : Akashi White Wine Cask (50 cl, 50%) élevé 5 ans et demi
La vierge
La distillerie indienne Paul John,
en fûts de cognac puis affiné 10 mois en fûts de vin blanc de premier remplissage,
et Akashi Red Wine Cask (50 cl, 50%)
vieilli 5 ans et demi en fûts de cognac
basée dans la région de Goa, puis affiné 10 mois en fûts de vin
étoffe sa gamme avec un rouge de premier remplissage. Il va
nouvel embouteillage baptisé falloir patienter jusqu’à la rentrée des
Kanya, un nom qui fait classes pour pouvoir les déguster.
référence à l’équivalent indien du En septembre également, une autre
signe astrologique de la Vierge. distillerie japonaise devrait faire
Élu “Whisky asiatique de l’année une arrivée remarquée chez nos
2018” par Jim Murray, l’auteur de cavistes. Il s’agit de la distillerie
la Bible des Whiskies, cet indian Kanosuke fondée dans la préfecture
single malt a été élevé 7 ans en de Kagoshima par la société
fûts de chêne blanc américain Komasa Jyoso, déjà productrice de
et embouteillé sans filtration à shochu, qui vient de commencer à
froid, ni coloration. Intense et distiller. En attendant la sortie de ses
gourmand, il offre un festival de premiers whiskies, histoire de faire
notes fruitées, d’épices chaudes connaissance, elle va commercialiser
et un boisé parfaitement maîtrisé. un New Make Spirit (20 cl, 59%).
Paul John Kanya
(70 cl, 50%) : env. 229 €
France Revival
P & M mise sur la tourbe Jack Daniel’s N°.7 Legacy
Après avoir lancé le premier single malt corse, 45 000 bouteilles de cette édition limitée ont
P & M est de retour avec le premier single malt été réservées pour la France et seront à la
corse tourbé. Un véritable événement ! Élaboré vente à partir du mois de septembre. Ce N°.7
à partir d’un malt finement tourbé brassé par Legacy est élaboré de la même manière que
Pietra distillé en alambic Holstein, il a été élevé son glorieux ainé, seul son degré d’alcool
en ex-fûts de vins blancs et muscats du domaine change, 43% contre 40% pour le Old N°.7.
Gentile et réduit avec l’eau de la source Saint- L’étiquette du Legacy est une étiquette
Georges. Si au nez, les notes tourbées sont très historique de Jack Daniel’s, utilisée avant
affirmées, en bouche, il offre également des 1904, date à laquelle la distillerie de Lynchburg
épices, une pointe de réglisse et quelques herbes remportait sa première médaille d’or à la foire
fraîches qui ne sont pas sans rappeler le maquis. mondiale de St-Louis.
P & M Single Malt Tourbé Jack Daniel’s N°.7 Legacy
(70 cl, 42%) : env. 70 € (70 cl, 43%) : env. 23 €
la disTillerie darTmoor
Dans le Comté de Devon, il faut désormais compter sur la distillerie Dartmoor, une
petite pépite dont l’alambic provient directement de la région de Cognac.
D
écouvrant la distillerie Dartmoor, sise dans le joli bourg La distillerie Dartmoor doit avant tout son existence à un pèle-
de Bovey Tracey, dans le Devon, le visiteur français, sur- rinage de whisky sur l’île d’Islay, au cours duquel Millar, Crow et
tout s’il est amateur de cognac, pourrait se demander s’il d’autres amateurs se sont demandé pourquoi personne n’avait
a vraiment traversé la Manche, tant l’alambic qui produit jamais produit du whisky, du moins en toute légalité, dans le
le futur premier whisky single malt du Devon lui semble- comté de Devon.
ra étrangement familier. Réflexion faite, le climat et le terroir du Dartmoor se prêtent
Il a en effet été acquis par les fondateurs de Dartmoor, Simon déjà à la culture d’une orge de grande qualité, sa géologie gra-
Crow et Greg Millar, auprès du maître distillateur Miguel Dan- nitique filtre une eau de source réputée et la qualité de l’air n’est
jou, représentant d’une troisième génération de distillateurs de pas moins excellente, sous un régime de brise de mer offrant
cognac, dans sa ferme d’Echebrune, près de Pons. Mis en service des conditions de maturation optimales. Si l’on ajoute à ces res-
par son grand-père en 1966, cet alambic de 1 400 litres était inu- sources naturelles la présence de nombreuses microbrasseries
tilisé depuis 1994, date à laquelle deux alambics de plus grande locales à même de fournir un brassin à distiller, dans ces circons-
capacité ont été installés. tances, la création d’une distillerie de whisky relevait du simple
«Le matériel de distillation de qualité est onéreux et demande bon sens !
souvent de longs délais de fabrication, explique Simon Crow. Millar et Crow ont associé à leur projet Andrew Clough, fort de
Greg [Millar] a des liens très forts avec la France, il possède une son expérience de quarante ans dans la finance, la comptabilité
maison en Bretagne, et c’est ainsi que l’occasion s’est présentée et la gestion d’entreprise. Des locaux appropriés ont été aména-
à nous. Lorsque nous avons étudié le potentiel, nous avons com- gés dans l’ancien hôtel de ville de Bovey Tracey, un bâtiment da-
pris que nous pourrions obtenir de cette façon un équipement de tant de 1866 inscrit au patrimoine historique britannique.
grande qualité.» Frank McHardy, qui fut longtemps directeur de la distillerie
«Son fonctionnement ne diffère pas vraiment de celui d’un pot Springbank et directeur de la production, a accepté d’être le
still “standard” en cuivre. Son chapiteau est plus bulbeux que ce- maître distillateur de l’équipe. C’est lui qui a dicté les spécifi-
lui de l’alambic de whisky traditionnel, mais cela augmente le re- cations du brassin et choisi les fûts de maturation, à savoir des
flux et contribue à produire une eau-de-vie très propre et lisse. De barrels de bourbon en chêne américain, des barriques de vin en
plus, la distillation est lente, ce qui est aussi très intéressant. La chêne français et des fûts de xérès espagnol en cours de remplis-
principale différence visuelle, c’est la présence du réchauffe-vin sage. «Chaque fût cède une expression différente à l’eau-de-vie
entre l’alambic et le condenseur. Son utilité, c’est de récupérer finale, explique Selon Simon Crow. Certaines mises en bouteille
l’énergie, ce qui nous permet de préchauffer la deuxième passe proviendront d’un seul et même type de fût, d’autres seront em-
Photos © Distillerie Dartmoor
tout en distillant la première. Cet accessoire augmente égale- bouteillées en fonction de la sélection de fûts préconisée par notre
ment la durée du contact du liquide avec le cuivre, ce qui ne peut maître distillateur. Nous comptons commercialiser notre premier
être que profitable.» whisky en 2020.» ◊
www.dartmoorwhiskydistillery.co.uk
Japon
dfs commercialise un whisky japonais rare
L’un des temps forts des Masters of Wines and Spirits organisés cette année à Singapour par le
groupe de travel retail DFS a été un rare whisky japonais single cask produit par la distillerie Ka-
ruizawa aujourd’hui fermée, sise dans les montagnes de Nagano, à l’ouest de Tokyo.
Ce flacon de Karuizawa 1960 Cask #5627 est issu d’un unique fût n’ayant permis de remplir que
41 bouteilles. C’est l’un des plus anciens whiskies japonais jamais embouteillés. Vieilli dans un ex-
fût hogshead de xérès, Karuizawa 1960 Cask #5627 offre une bouche riche en fruits noirs et un nez
complexe, moussu, évoquant un sous-bois en automne.
Karuizawa 1960 Cask #5627 est conditionné dans un coffret fabriqué par un ébéniste britannique
mais inspiré d’une boîte casse-tête japonaise traditionnelle. À la suite des Masters of Wines and
Spirits, Karuizawa 1960 Cask #5627 sera présenté et commercialisé durant une période limitée par
le groupe DFS à l’aéroport de Singapour-Changi.
Yamazaki
Si le monde a longtemps ignoré le whisky japonais, les
collectionneurs, eux, se précipitent sur certains embouteillages
d’exception. Comme ceux de Yamazaki, dont un flacon est parti à
plus d’un quart de million d’euros.
L
ors de la vente Finest & Rarest organisée par Sothe- but 2015 un flacon de Yamazaki 25 ans valait environ
by à Hong Kong le 27 janvier dernier, une bouteille 800 £ : il faut compter aujourd’hui environ 2 500 £.
de Yamazaki single malt âgé de 50 ans a pulvérisé le Toujours fin 2014-début 2015, nombre de single casks
record du whisky japonais le plus cher au monde : le étaient disponibles entre 700 £ et 900 £, mais ils avoi-
marteau est tombé sur une dernière enchère s’élevant sinent aujourd’hui les 3 000 £. Dans certains cas, il
à 257 881 euros, soit plus du double de son estimation. faudra débourser près de 4 000 £ la bouteille, prin-
Les collectionneurs ont pris bonne note de la rareté des cipalement pour les expressions puissamment mar-
whiskies japonais anciens, en raison des baisses de pro- quées par le xérès. Ce sont des prix de transformation
duction intervenues il y a deux ou trois décennies. Les comparables à ceux obtenus par les emblématiques et
investisseurs avisés ont rapidement conclu que les prix classiques The Macallan, qui demeurent les chouchous
ne pouvaient que grimper. Les distilleries silencieuses des collectionneurs en salle des ventes. Deux bouteilles
comme Hanyu (fermée en 2000) et Karuizawa (en 2011) The Macallan 60 ans ornées d’étiquettes dues à l’artiste
ont tout d’abord suscité le plus d’intérêt, mais d’autres pop britannique sir Peter Blake et au peintre italien Va-
whiskies japonais ont vite bénéficié de cet engouement. lerio Adami viennent d’être vendues 1,2 million de dol-
lars par Le Clos, caviste de luxe de l’aéroport de Dubaï,
Des valeurs record “à faire pleurer” ce qui fait du Yamazaki 50 ans une bonne affaire !
Yamazaki en est un exemple typique. Peut-être le plus Cependant, selon l’indice du cabinet Rare Whisky 101,
connu et le plus largement disponible des whiskies ja- Yamazaki demeure la marque la plus performante. De
ponais. Sa distillerie fondée en 1923 appartient désor- fin 2014 à fin avril 2018, ses prix ont enregistré une crois-
mais au groupe Beam Suntory, ce qui lui donne accès sance de 165,44 %. Cette croissance est-elle pérenne ?
Photos © Distillerie Yamazaki
à des circuits de distribution mondiaux et à d’impor- Le prix record récemment atteint par son expression
tantes ressources marketing. Yamazaki a longtemps été âgée de 50 ans confirme la solidité des références de
un chef de file, ayant lancé en 1924 ce qui fut très vrai- Yamazaki en matière d’investissement et ne pourra que
semblablement le premier whisky authentiquement susciter davantage d’intérêt et de concurrence parmi
japonais, White Label. Aujourd’hui, après un renfor- les collectionneurs. Par conséquent, à condition de ré-
cement significatif de ses capacités de production en sister à l’envie de boire le contenu de ses flacons, l’ave-
2013, les douze alambics de la distillerie sont à même nir s’annonce prometteur pour cette marque. ◊
22 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
1923
Fondée en 1923, Yamazaki est
la plus ancienne distillerie de
musée Le musée
du whisky de Yamazaki
évoque l’histoire du
whisky au Japon à travers
une riche collection
whisky commerciale du Japon. d’objets historiques,
Son fondateur Shinjiro Torii notamment le bureau
a travaillé avec Masataka quotidiennement utilisé
Taketsuru quand celui-ci est par Shinjiro Torii lorsque
revenu d’Écosse après son celui-ci perfectionnait son
apprentissage de la distillation. talent d’assembleur, des
Taketsuru a par la suite fondé flacons de Suntory Whisky
une entreprise concurrente, Shirofuda, le premier
l’actuelle Nikka. whisky jamais fabriqué au Japon, et, temps fort de la visite,
plus de 7 000 bouteilles exposées dans la bibliothèque
de whiskies. Sont également exposés un alambic pot still
historique et la cuve de fermentation naguère utilisée à
Yamazaki.
N°1
Son produit inaugural - Suntory Whisky
Des audioguides sont disponibles en français. Réservation à
l’avance indispensable.
2003
Label - a été commercialisé en 1929.
Ce premier whisky authentiquement
japonais a malgré cela été médiocre-
ment accueilli par le marché nippon. Ce
n’est qu’à partir de 1937, avec la sortie
de Kakubin, qui deviendra l’un des
whiskies japonais les plus vendus au
monde, que les ventes prennent leur es-
sor sur le marché intérieur. Le premier
En 2003, le single malt Yamazaki
single malt Yamazaki est lancé en 1984.
12 ans a été le premier whisky
japonais à remporter une médaille
d’or dans le cadre de l’ISC
(International Spirits Challenge).
Depuis, Yamazaki a été salué par
7
de nombreux prix internationaux
importants, y compris par le titre
de “Whisky mondial de l’année”
décerné à l’expression Yamazaki
Sherry Cask 2013 par la Whisky
Bible 2015 de Jim Murray. il figure
également
dans la
liste des
millions de litres 101 Whiskies
à goûter
Possédant une grande diversité avant de
de cuves de fermentation, mourir de
en bois et en inox, et douze Ian Buxton.
tailles et formes différentes
d’alambics pot still, la capacité
de production annuelle de
Yamazaki est aujourd’hui de
7 millions de litres. Celle-ci a
été augmentée de 40% en 2013 par
un investissement de 50 millions
de dollars en anticipation de la
demande future.
Toki
UNE qUEsTION
DE TEmps
Le nouveau blend de Suntory, bien que suivant la longue
tradition des whiskies nippons, n’a pas été créé pour la
dégustation pure, mais pour savourer du bon temps en long
drink. Et en parlant de temps…
D
es céréales, des levures, de l’eau, du bois. à les travailler, à les polir, à faire évoluer cette tra-
Et du temps. Tels sont les ingrédients dont dition dans le temps et à cause du temps. Car si
Suntory on fait le whisky presque partout dans le le temps philosophique se veut infini, le temps
Toki monde, à quelques variantes près. Une concret vient à manquer. Au Japon, ce n’est un
(70 cl, 43%) : liste d’une telle évidence qu’on en oublie secret pour personne, les stocks de single malts
env. 34 € volontiers à quel point l’insaisissable cinquième sont au plus bas, asséchés par une demande
élément vient compliquer cette mécanique à la mondiale dont l’hystérie semble ne jamais devoir
trompeuse simplicité. se calmer. Certes, le marché intérieur absorbe
Le temps. En japonais, toki. Des céréales, des le- quantité de blends à peine vieillis (il n’existe pas
vures, de l’eau, du bois. Si ces matières premières de durée de maturation minimum pour le whisky
laissent peu de place à l’interprétation, il n’en va dans la réglementation nipponne), mais les pro-
pas de même du temps, concept dont la plasticité duits destinés à l’export auront passé plus de
éminemment culturelle ne saurait se résumer en trois ans sous bois, et parfois bien au-delà.
heures, en années, en siècles. Pas seulement du Ce temps, cette durée, impossible de les com-
moins. Et le dernier-né de la maison Suntory, éta- presser. Alors pourquoi ne pas convaincre les
blie en 1923 comme le rappelle une discrète men- amateurs de consommer le whisky différemment,
tion sur l’étiquette, vient interroger ce rapport au en embrassant toute sa jeunesse ? Toki va donc
temps qui nous place sur une ligne ou un cercle tenter d’amener les Occidentaux vers un rituel de
à distance de l’histoire, du passé, et de l’avenir, dégustation typiquement japonais : le highball, ce
du futur. Toki est un blend, un assemblage de drink rafraîchissant qui connut son heure de gloire
whiskies de malt sortis des alambics des distil- dans les années 50 - grâce soit rendue à Suntory
leries Yamazaki et Hakushu, et de whiskies de qui le ressuscite depuis quelques années aux yeux
maïs produits en système multicolonne à Chita. d’une nouvelle génération de consommateurs.
Il vient souligner les paradoxes d’une culture qui Posé sur glace et recouvert d’eau gazeuse, adroi-
voue la plus extrême révérence à ses traditions, à tement mélangé d’un coup de cuillère de bas en
ses ancêtres, et nourrit tout autant la plus grande haut, ce blend jeune et croquant, où Chita tient le
fascination envers la nouveauté, la modernité, au premier rôle, se mue en cocktail climatisant d’une
point de les fondre en permanence dans un tout. extrême finesse, prêt à accompagner les soirées
Au Japon comme en Écosse, le whisky “moderne” d’été y compris pendant les repas, à la japonaise.
est né avec les blends, mais quand le scotch Convertir les amateurs de whisky du monde en-
semble avoir renoncé à projeter ces assemblages tier à la joie du highball n’est qu’une question de
dans le futur, l’Archipel continue inlassablement temps. ◊
Nez : Des notes fraîches et croquantes de pomme verte, de vanille douce, de céréales et de miel dans une réjouissante
NOTEs simplicité.
DE Bouche : Même trame, sur une texture soyeuse, percutée de menthe poivrée, de coriandre, de poivre intense et de gingembre,
DÉGUsTATION tandis que les extraits secs au fond du verre laissent monter des encens précieux et une subtile volute fumée.
Finale : Un blend léger et délicat, né pour les long drinks.
Frais et épicé à la fois, le Un nez enivrant. Cerise Un nez atypique ! Pample- Un nez aérien, à la fois fumé,
nez développe des notes de noire, mûre, abricot, menthe, mousse, ananas, puis moût fruité, salin et médicinal.
pommes mûres, de confiture et bois précieux. La bouche de bière, levure et noix de Dynamique, il reste délicat.
de groseille, de fleurs de est duveteuse, elle retrans- cajou. La bouche offre ce Grasse, la bouche conserve
cerisier et de bois santal. La crit avec brio ce qui faisait le qu’il faut de puissance sur le son aspect salin et médici-
bouche est dynamique, elle charme de nez. La finale est malt grillé, avec une certaine nal, avant de tendre sur la
oscille entre le bois chaud et patagée entre l’amertume douceur. La finale est douce, cendre. En finale, cendre
les épices. Superbe rapport du bois et du chocolat. Un aux notes de porridge. et fruits jaunes mûrs. Un
qualité/prix ! whisky (très) chaleureux. Unique en son genre ! aspect rhum plutôt discret.
NOTE : 8,1/10 NOTE : 8,7/10 NOTE : 8,6/10 NOTE : 8,4/10
cOuP
de
cœur
L’oxydation dans toute sa Après l’avoir laissé respirer, Bois et épices sont très Le nez est profond et
splendeur : rancio, fruits le nez s’ouvre sur le bonbon présents au nez : encens, complexe : huile de moteur,
secs, noix, chocolat noir, bois au citron, le gingembre, la li- noix de coco, gingembre, fruits noirs, boîte à cigares.
chaud. Attaque puissante queur de framboise et l’aloe bois de santal. En bouche, Puissante et envoûtante, la
(épices fortes, fruits très vera. À la fois vive et grasse, le bois domine la palette bouche explose sur les fruits
mûrs) qui met en valeur une la bouche est dominée par aromatique accompagné de noirs mûrs et la minéralité.
bouche charnue et tannique. des notes épicées, fruitées et liqueur de plantes et d’agru- La bouche est persistante
Une finale longue sur les boisées. Discrète amertume mes. Finale intensément sur la cajou grillée et la terre
tanins du bois. Sublime en en finale. Un bel exemple de boisée. Une belle expression humide. Un whisky d’excep-
fin de repas… blend à la japonaise. du chêne japonais ! tion… trop rare.
NOTE : 8,9/10 NOTE : 8,2/10 NOTE : 8,6/10 NOTE : 9,5/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
26 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
news whisky 10 whiskies médaillés…
Par Cécile Fortis
… pour un été
d’exception
Tous les ans, Whisky Magazine révèle ses World Whisky Awards. Un palmarès
très attendu d’autant que toutes les dégustations sont menées à l’aveugle par
un jury composé des plus grands experts. Pour être primés, les whiskies doivent
donc être exceptionnels. La preuve par dix.
2
et fondateur de Nikka. S’il est gourmand,
1
whiskies favoris du grand master
blender, originaires du Speyside et des généreux et onctueux, sa
Highlands. Résolument dégustation est également
riche et velouté, il séduit ponctuée par les épices et
aussi grâce à sa finale tout une belle fraîcheur. Son seul
en longueur marquée par défaut est sa rareté. Alors, si
de délicates notes fumées vous tombez sur une bouteille,
et boisées. n’hésitez surtout pas !
Johnnie Walker Taketsuru 17 ans
Gold Reserve (70 cl, 43%) : env. 195 €
(70 cl, 40%) : env. 47 €
3 4
bénéficié d’un finish en fût de xérès audacieuse mais payante puisqu’il vient
oloroso. Embouteillée d’être sacré “World’s best indian single
sans filtration à froid, malt”. Sa personnalité
cette édition limitée a très harmonieuse, qui
certainement conquis le navigue entre les notes
jury grâce à sa rondeur épicées apportées
et sa complexité, ses par le xérès et celles
notes fruitées et épicées, d’agrumes héritées des
sans oublier sa texture écorces d’oranges, ne
crémeuse. laisse évidemment pas
Hyde Special Reserve n° 6 indifférent.
(70 cl, 46%) : env. 56 € Amrut Naarangi
(70 cl, 50%) : env. 120 €
6
Difficile de trouver plus bel ambassadeur
pour le Speyside ! Avec ce 15 ans d’âge,
élu “World’s best Speyside single malt”,
Benromach prouve une fois encore que le
5
classicisme peut faire des merveilles. Élevé
en ex-fûts de bourbon et de xérès, ce single
malt marqué par les notes fruitées et épicées
ainsi qu’une touche légèrement tourbée, fait
preuve d’un équilibre, d’une complexité et
d’une élégance remarquables. Autant dire
qu’il s’agit d’une véritable pépite.
Benromach 15 ans (70 cl, 43%) : env. 91 €
World’s Best
Highland Single Malt
World’s Best English Single Malt Glendronach
cotswolds Si GlenDronach est l’une des plus
anciennes distilleries écossaises, elle
La distillerie anglaise Cotswolds n’aura pas attendu bien est surtout connue pour son expertise
longtemps avant d’être médaillée : son single malt vient en en matière de vieillissement et sa
effet d’être sacré “World’s best english single malt” alors prédilection pour les fûts de xérès.
que sa première distillation remonte à 2014 seulement. En Quant au nom de ce single malt de 21
misant sur une orge 100 % locale, des fermentations longues, ans d’âge, qui a décroché le titre de
7
une double distillation en pot still et un vieillissement en “World’s best Highland single malt”,
ex-fûts de bourbon et de vin, il semblerait qu’elle ait fait il fait écho au “parliament of
les bons choix. Celui d’offrir un whisky tout aussi fruité rooks”, la colonie de corbeaux
qu’élégant. qui a élu domicile non loin
Cotswolds (70 cl, 46%) : env. 58 € des chais et protégerait la
distillerie. Une chose est sûre :
World’s Best Taiwanese avec ses notes rares de bois
Single Cask Single Malt précieux et de cuir patiné, il
mérite bien son titre.
kavalan GlenDronach Parliament 21 ans
8
L’an passé, il a déjà reçu le Platinum Award (70 cl, 48%) : env. 159 €
de l’International Review of Spirits. Cette
année, il a été élu “World’s best taiwanese
single cask single malt”. Un titre intimement
lié au parti pris de la distillerie taïwanaise qui
a choisi d’élever intégralement ce single malt
en anciens fûts de porto. De quoi lui offrir des World’s Best French
arômes gourmands de fruits gorgés de soleil Single Cask Single Malt
et de chocolat noir escortés de jolies notes
épicées. Puissant, ce Kavalan embouteillé armorik
au degré naturel, fait également preuve
d’élégance et d’équilibre. Armorik est de retour dans le
Kavalan Solist Port Cask classement des World Whiskies Awards
(70 cl, 57,8%) : env. 135 € avec l’or cette année encore dans
9
les catégories “Meilleur single malt
français” et “Meilleur single malt single
cask français”. Ce dernier est issu d’un
World’s Best Islay Single Malt fût de chêne neuf sélectionné par La
10
Maison du Whisky. À la dégustation, si
BunnahaBhain le boisé est naturellement
au rendez-vous, celui-ci se
Tourbé ou non tourbé ? Chez Bunnahabhain, selon les
époques, on a misé sur les malts tourbés ou sur les malts distingue par sa parfaite
non tourbés. Si ce 25 ans d’âge, l’embouteillage le plus âgé intégration. Ce sont en
de la distillerie d’Islay, qui a déjà été élu “World’s best Islay effet les épices mais aussi
single malt” en 2008, a certainement été produit à partir de les arômes fruités, floraux
malt tourbé, le nombre d’années passés en fûts a eu raison et mentholés qui prennent
de ses notes fumées. À la dégustation, il se fait en effet rapidement le dessus.
remarquer par sa richesse maltée et ses arômes gourmands Armorik 6 ans 2011 LMDW
de fruits, d’épices et de chocolat. (70 cl, 55%) : env. 98 €
Bunnahabhain 25 ans (70 cl, 46,3%) : env. 346 €
Ichiro Akuto,
le fondateur de
Chichibu, dans
son laboratoire
d’assemblage.
Photo DR
I
la qualIté du whIsky quI vIeIllIt
chiro Akuto est le fondateur de la distillerie Chichi-
bu : il a calibré le moindre aspect de sa production
et supervise son exploitation en portant une at-
dans les chaIs. tention obsessionnelle aux détails. Dans les inter-
views qu’il donne, on l’interroge ordinairement sur
ses procédés de production. Mais en réalité, durant
ses journées de travail habituelles, il passe davan-
tage de temps dans son laboratoire d’assemblage
que dans la salle des alambics. Estimant qu’il était grand
Photo DR
la nécessIté d’Importer
l’art d’assembler Il est clair que l’élaboration de ces blends apporte de
Ichiro est peut-être réputé pour les single malts qu’il grandes satisfactions à Ichiro, mais on aurait tort de
produit, à savoir Chichibu et Hanyu, mais nous vous croire que c’est chose facile pour un producteur artisanal
souhaitons bonne chance pour dénicher ces flacons. Le au Japon. Les producteurs de whisky nippons n’ayant
gagne-pain de son entreprise, ce sont les assemblages, pas pour habitude de s’échanger entre eux des fûts ni
c’est-à-dire d’une part les blended whiskies (de malt d’en vendre à des courtiers indépendants, les grandes
et de grain), et d’autre part les blended malts, que l’on firmes obtiennent la variété dont elles ont besoin en
trouve sans trop de difficultés. Le best seller d’Ichiro, produisant en interne la gamme complète des whiskies
c’est de loin son Malt & Grain qu’il désigne sous le nom de malt et de grain requis, soit au sein d’une même dis-
de White Label [étiquette blanche]. «C’est un whisky tillerie (Kirin), soit dans plusieurs distilleries (Suntory
facile à boire, adapté à l’amizuwari (dilution à l’eau), à et Nikka). Privés de ces économies d’échelle, les distil-
déguster dans un verre highball ou sur glaçons.» Ichiro lateurs artisanaux sont contraints de se tourner vers le
élève White Label essentiellement dans des barrels de marché international. «Je dois acheter des fûts à l’étran- ➔
dIstIllerIe, par conséquent nous Reserve et une cuve ovoïde en bois, l’Ovum, pour Wine
Wood Reserve. Quand le niveau a baissé d’un tiers en-
quels types de fûts convIennent à bitre ultime, c’est toujours le goût. «Pour Malt & Grain,
le ratio whisky de malt-whisky de grain est variable. Tout
dépend de la saveur. Il y a des variations sur le plan de la
la maturatIon de notre dIstIllat. maturation, et parce que nous travaillons avec un stock
limité, ces variations sont parfois maximisées : nous vé-
rifions donc le goût puis nous l’ajustons selon les combi-
naisons disponibles pour obtenir précisément le profil
gustatif recherché.»
La conversation aborde ensuite les Chichibu commer-
cialisés en éditions limitées qu’Ichiro produit une ou
deux fois par an. Leur raison d’être, c’est de proposer à
l’amateur éclairé des expériences gustatives inédites.
Affiné en fût de bière Indian Pale Ale, l’expression Chi-
ger pour compléter les stocks de Chichibu et les quelques chibu IPA Cask Finish commercialisée fin 2017 offre à ce
fûts qui restent de Hanyu, parce qu’ici, au Japon, nous titre un exemple typique. «Chichibu est une nouvelle dis-
n’avons pas de tradition d’échange. Et comme je ne pro- tillerie, par conséquent nous ne savons pas encore vrai-
duis pas de whisky de grain, je dois aussi l’importer de ment quels types de fûts conviennent à la maturation de
l’étranger. Mais je considère que c’est une nécessité plu- notre distillat. C’est pourquoi nous testons le plus grand
tôt positive.» Outre la vingtaine de fûts restant de la dis- nombre possible de fûts différents, en termes de bois, de
tillerie Kawasaki disparue depuis longtemps, Ichiro en- capacité et de contenu précédent. L’IPA Cask Finish
trepose dans ses chais des whiskies de grain provenant est le fruit du hasard. Un brasseur artisanal japonais
d’Écosse, d’Amérique (de type bourbon) et du Canada. m’avait demandé de lui fournir des fûts pour faire vieillir
«L’assemblage White Label est un “blend mondial” com- certaines de ses bières. J’ai été tout de suite intéressé de
posé de whiskies de malt et de grain qui proviennent des savoir ce que ça donnerait si nous remplissions de nou-
cinq principales régions productrices de whisky. Il est veau avec notre malt ces fûts utilisés par le brasseur. À
très intéressant de pouvoir ainsi choisir des whiskies de mon avis, il y a une parenté entre la bière IPA et le whisky
qualité originaires de ces pays et de les assembler pour de malt. Bien sûr, les deux sont produits avec de l’orge,
créer un blend unique qu’il serait impossible de produire mais les IPA de qualité ont un fruité que l’on retrouve
en tant que tel dans chacune de ces régions.» dans certains whiskies de malt. C’est pourquoi, il y a trois
Les distilleries artisanales japonaises qui souhaitent ans environ, j’ai décidé de transvaser une partie de notre
proposer à des prix abordables des blends d’entrée de whisky dans ces ex-barriques d’IPA et de l’y laisser vieil-
gamme sont confrontées au problème récurrent du lir. Depuis, j’ai continué à faire de même avec d’autres
manque de whisky de grain nippon. La mise en chantier brasseurs artisanaux et d’autres types de bières. L’année
d’une distillerie de whisky de grain coopérative ne pour- dernière, j’ai échantillonné ces ex-fûts IPA, et leur qualité
rait-elle pas être une solution ? Ichiro acquiesce : «Nous dépassait de loin mes attentes. Je me suis alors dit qu’il
en parlons parfois, mais ces discussions n’ont pas encore était temps d’en élaborer une édition limitée.»
abouti à un projet concret. Je pense que ce serait une
bonne idée de construire collectivement une distillerie
de grain. Ce serait un investissement trop considérable les enfants d’IchIro
pour un seul producteur, mais si l’on pouvait réunir plu- Ichiro a testé plus d’une cinquantaine d’ex-fûts IPA
sieurs entreprises autour de ce projet, je suis convaincu entreposés dans ses chais pour en sélectionner vingt-
qu’il serait réalisable.» quatre qui ont été mariés dans une cuve de vatting. Sauf
dans le cas d’un single cask embouteillé à la force du
fût, l’étape suivante, pour Ichiro et son équipe, consiste
la dIffIcUlté d’homogénéIser à déterminer la teneur en alcool idéale du produit. «C’est
Le petit producteur de blend est confronté à un autre très simple : nous faisons différentes versions par incré-
problème : l’homogénéité de caractère de sa production. ments successifs entre 45% et la teneur de la cuve de vat-
«Le principal obstacle, c’est que l’on a souvent affaire à ting, puis nous procédons à une dégustation pour trouver
un inventaire insuffisant. Il m’arrive souvent de penser le titre alcoométrique qui exprime le mieux les arômes et
qu’en utilisant tel ou tel malt, je pourrais améliorer mon les saveurs.»
de fûts entre distilleries, mais Ichiro demeure résolu- d’essayer d’autres whiskies.» C’est donc à cela que nous
ment optimiste. «Je suis convaincu que c’est une bonne boirons ! ◊
Whisky Magazine & Fine Spirits N°71 35
From Japan,
with l
À l’écart de l’ombre portée des
géants Suntory et Nikka vibre
un incroyable foisonnement
créatif. Munie d’un aller-retour
Paris-Tokyo à la saison des
pluies et d’un pass rail illimité
pour traverser l’Archipel, notre
reporter n’avait qu’une seule
consigne: nous envoyer une carte
postale du Japon. Et si possible
livrer une tentative d’exploration
du whisky nippon sans plan ni GPS.
Ici commence l’errance.
love
phrases seulement, Koki Takehira, le direc-
teur de Mars Shinshu, rappelle à quel point
le succès phénoménal que connaît actuelle-
ment le whisky japonais ne peut s’apprécier
sans être relié à son passé. Balayée par les
essuie-glaces, la pluie lessive l’asphalte, sous
un ciel gris et bas à la patine de céramique
ancienne. Derrière le pare-brise flouté de gouttes, les
Alpes japonaises se laissent à peine deviner dans le
brouillard, dessinant un théâtre d’ombres fantoma-
tiques sous l’épaisse forêt. C’est là, dans le village de
Miyada, préfecture de Nagano, sur les contreforts du
mont Komagatake, que commence l’errance. À la re-
cherche du whisky japonais, à l’écart des deux géants
Suntory et Nikka qui dissimulent un renouveau stimu-
lant.
Construite en 1985, au creux de la vague, par l’alcoolier
Hombo Shuzo et équipée du matériel de Yamanashi
devenue trop étroite, Mars Shinshu déploie ses bâ-
timents fonctionnels et sans charme. Il est troublant
de constater à quel point ce pays animé par un souci
constant du détail et de l’esthétisme, qui va jusqu’à ran-
ger en mosaïque les pavés et rochers au fond du lit des
rivières, consacre fort peu d’efforts pour attirer le re-
gard sur ses distilleries, hangars coiffés de pagodes et
salles de dégustation (quand elles existent) aux airs de
réfectoire de collège de banlieue. Manière de signifier,
peut-être, que l’essentiel frémit dans les cuves, chu-
chote dans les alambics ou repose dans les chais. Et
aussitôt me reviennent les propos tenus par un vieux
monsieur japonais établi de fort longue date à Paris :
«Quelques années seulement en France suffisent à un
Japonais pour en comprendre la plupart des rouages,
mais un Français pourrait vivre pendant des décennies
au Japon sans jamais rien saisir du pays.» Au lieu de
chercher à faire mentir les certitudes des anciens, j’ai
préféré les épouser et onduler sur les doutes. Après
tout, qui sait si le chemin ne se dessinera pas à force
d’égarements, en avançant tout simplement.
Cuves de fer
Chez Mars Shinshu, le présent se construit sur l’accu-
mulation du passé. «Nous faisons un whisky de style
traditionnel et authentique, selon la vision du père du
whisky japonais», avance Koki Takehira. Cette pater-
nité que l’histoire attribue invariablement aux fonda-
teurs de Suntory ou Nikka, Shinjiro Torii et Masataka
Taketsuru, revient ici sans l’ombre d’un doute à Kiichi-
ro Iwai, l’homme qui expédia Taketsuru en Écosse avec
l’intention d’utiliser ultérieurement ses connaissances
pour créer sa distillerie. Iwai avait la trentaine quand il
caressait ses rêves, et 77 ans quand il les réalisa enfin,
en entrant au service de Hombo Shuzo. Il fit dessiner ➔
La distiLLerie tsunuki
et Le chai de vieiLLissement
de Yakushima
Les nouveLLes
stars
Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
ENQUETETSUNUKI.indd 43
43
➔
10/07/2018 17:52
WHIM0071_043_BG342308.pdf
avec sa distillerie tsunuki et alambics, j’avais visité la distillerie quelques mois
après le début de sa première saison de produc-
ses chais de vieillissement de tion. Aujourd’hui, à mi-chemin de la deuxième
saison de distillation, je me suis dit qu’il était
Yakushima, le groupe hombo grand temps d’aller voir ce que la compagnie
avait sorti de son coffre à jouets, aussi ai-je pris
shuzo frappe fort. stefan van un avion pour Kagoshima par un froid matin de
février.
eycken nous livre son regard Tout comme chez Mars Shinshu, la distillation
chez Mars Tsunuki a lieu durant la moitié la plus
sur ces deux nouvelles stars froide de l’année. Dans le premier établissement,
la saison de distillation s’étendait sur six mois,
Qualité et innovation
Quelques minutes plus tard, nous nous retrou-
vons au milieu des cinq cuves de fermentation en
inox. La réponse à une banale question portant
sur leur capacité révèle de passionnants projets
pour l’avenir. «Jusqu’à récemment, nous explique
Kusano, chaque cuvée représentait une tonne
d’orge maltée, mais nous sommes passés en début
d’année à un système de 1,1 tonne par cuvée.» On
pourrait supposer que cela traduit une augmen-
tation de la production et des rendements, mais
cela ne se passe pas tout à fait ainsi chez Hombo
Shuzo. Les décisions y sont toujours motivées par «nous cherchons à obtenir un distiLLat pLus
la qualité et l’innovation, et c’est bien le cas ici.
«L’une des choses que je souhaite faire la saison
robuste et vouLons que Les résidus accumuLés
prochaine, me glisse Kusano à l’oreille, c’est com-
mencer à utiliser des malts spécialisés, des malts
dans Le spirit stiLL fassent partie intégrante
caramélisés et grillés, l’idée étant d’en rajouter des arômes du distiLLat.» ➔
en chêne bLanc d’amérique et des barriques que il n’y avait pas une grande activité en ce qui
concerne la fermentation lactique tardive.» En
nous dénichons à droite et à gauche.» humant une grappe de douelles laissée à sécher
sous les cuves, on perçoit incontestablement un
personne ne peut croire qu’un Japonais ne tente (70 cl, 43%) : env. 475 €
pas l’expérience mizunara. La bonne nouvelle,
c’est que si les whiskies Kirin sont encore rares,
la distillerie avec vue sur le Mont Fuji n’a pas fini
de nous surprendre. ◊
Whisky Magazine & Fine Spirits N°71 53
la whisky culture
made in Japan ’idée qu’il puisse exister une culture nationale du
Comment un pays est bar est bien singulière. Est-il réellement possible
devenu en un siècle une de comparer un pub écossais avec un bar d’hôtel
haut de gamme à Glasgow ? Quel est le concept
nation whisky ? Comment le commun à un bistro français et à un bar à cock-
tails parisien d’avant-garde ? Existe-t-il une pers-
précieux breuvage a petit pective plus générale qui permettrait de dire non
à petit envahi la sphère seulement que tel établissement est typiquement
français, mais aussi que les cocktails eux-mêmes
sociale ? Comment enfin, sont préparés “à la française” ?
le whisky est devenu au C’est une notion qui est en effet difficile à saisir,
mais alors pourquoi parlons-nous donc avec tant
cœur de la culture bars de désinvolture de la “culture des bars japonais” ?
au Japon. Récit coloré par Existe-t-il un réel fil conducteur entre l’environne-
ment feutré des temples de Ginza voués au cock-
Dave Broom. tail classique et la fébrile animation des bars à hô-
tesses du même quartier ? Les izakayas enfumés
partagent-ils un dénominateur commun avec
les bars à geeks du single malt ?
Pourtant, cette fascination qui ne se dément
Au bonheur Des
Connoisseurs
au cours des quelque cinquante dernières
années, la maison Gordon & MacPhail, à Elgin,
de whisky l’occasion d’explorer des whiskies qui
n’avaient jamais existé en tant que single malts à
part entière. On peut considérer par conséquent
que George Urquhart est l’un des pionniers de la
a joué un rôle majeur dans la survie et la catégorie des single malts.»
renaissance ultérieure du whisky single malt Connoisseurs Choice a inauguré la création de
gammes successives dont le nombre s’est étoffé
écossais. il ne serait en effet pas exagéré de au fil du temps, pour atteindre pas moins d’une
dizaine, de sorte que le consommateur rencon-
dire que sans sa persévérance, il n’y aurait trait en définitive parfois quelques difficultés
peut-être pas eu de survie du tout, ni a fortiori pour comprendre leurs différences et se décider
pour l’une ou l’autre de ces nombreuses expres-
de renaissance. Mais c’est aussi l’inventivité sions.
dont la maison fait preuve comme en témoigne la On avait en outre le sentiment que les flacons
Connoisseurs Choice, naguère avant-gardistes,
dernière gamme qui voit le jour. devenaient plutôt passés de mode, dans un uni-
D
vers de plus en plus compétitif d’expressions
La boutique ans les années 1960, George Urqu- non filtrées à froid, sans colorant et embouteil-
historique hart, l’un des premiers représentants lées à la force du fût, portant sur leurs étiquettes
Gordon & de quatre générations d’Urquhart les dates de distillation, d’embouteillage et les
MacPhail ayant modelé l’avenir de Gordon & types de fûts utilisés pour leur maturation.
fondée 1895
par James MacPhail, a fait œuvre de pionnier
Gordon et John en créant une gamme de whiskies Changement de gamme
Alexander écossais single malt qu’il a lui-même Aussi la maison Gordon & MacPhail a-t-elle an-
MacPhail dans sélectionnés, élevés et embouteillés», noncé au début de l’année les changements radi-
South Street,
à Elgin, la
indique un porte-parole de l’entre- caux qu’elle a apportés à l’ensemble de son offre.
“capitale” du prise. «Ce faisant, il a effectivement «Notre portefeuille comportant dix gammes
Speyside. inventé une catégorie dans un mar- était réputé difficile à comprendre, c’est pour-
ché auparavant entièrement voué aux whiskies quoi nous l’avons réduit à cinq gammes, pour les
d’assemblage. La gamme Connoisseurs Choice cibler davantage», indique Stephen Rankin.
Photos John Paul Photography Inverness
Patrimoine
Le 24 mai 1895, James Gordon et John Alexander MacPhail fondent la maison Gordon & MacPhail.
Après avoir ouvert leur épicerie dans South Street, à Elgin, la “capitale” du Speyside, les deux associés
se mettent rapidement à la recherche de whiskies de la région pour les vendre aux côtés de leurs
cafés, thés et vins.
Engagé en 1915, le jeune John Urquhart s’occupe bientôt de l’acquisition de single malts et du
remplissage des fûts, jetant les base d’un inventaire extraordinaire de whiskies en cours de maturation.
Il crée également des blends “maison” pour les clients de Gordon & MacPhail.
John Urquhart devait ultérieurement reprendre les rênes de l’entreprise que dirigent encore aujourd’hui,
après plusieurs générations, des membres de sa famille. En 1991, les bureaux de l’entreprise sont
déménagés de l’étage au-dessus de la boutique de South Street, dans un bâtiment administratif construit
à cet effet - George House - non loin de là, dans Boroughbriggs Road, où des chais ont également été
Photo © Gordon & MacPhail
bâtis pour abriter le remarquable inventaire de fûts de l’entreprise, certains datant d’avant la Seconde
Guerre mondiale.
Deux ans après l’extension de Boroughbriggs Road, Gordon & MacPhail réalise une ambition de longue
date, devenir distillateur, en plus de ses activités d’assembleur et d’embouteilleur, en acquérant la
distillerie Benromach mise en sommeil à Forres, qui a été rééquipée et rouverte en 1998. John Urquhart
copper dog
Le renouveau des bLended maLts
Où il est question de Diageo, du J’aurais dû lire le programme plus attentivement.
Mais qui se soucie du saut dans l’inconnu quand la
Craigellachie Hotel, de Dave Broom et séance de spiritisme est orchestrée par Stuart Mor-
de blended malt sorti de l’imagination rison, assembleur chez Diageo, et Dave Broom,
qu’on-ne-présente-plus-dans-ces-pages, dans les
de maîtres en la matière. Blending is sous-sols aveugles du Craigellachie Hotel ?
L’hôtel, qui fête cette année ses 125 ans, tient la
messy dit-on ? La preuve que du “mess” vedette, indirectement. La splendide bâtisse vic-
peut jaillir du “jolly good”. torienne, érigée sur les rives de la Spey selon les
plans de l’architecte Charles Doigt, bien connu
p
des amateurs de malt pour avoir semé des toits en
arfois le reportage prend une direction pagode sur les kilns des distilleries, a subi en 2014
inattendue. On croit se diriger vers une une cure de Botox bienvenue sous l’impulsion de
séance de dégustation en compagnie son nouveau propriétaire. Lequel en a profité pour
du master blender, avec l’intention de installer au rez-de-chaussée un pub, le Copper
prendre des notes et si possible d’inter- Dog. Quatre ans plus tard, l’estaminet est devenu
viewer l’hôte - au minimum lui glisser le rendez-vous incontournable de la région, au
quelques questions entre deux gorgées. grand dam du Quaich, le mythique bar à whisky
Et on se retrouve enfermés à plusieurs dans une logé à l’étage. Les bières artisanales du coin, les
salle aux épais murs de pierre sans fenêtre, atta- Gin To et les shots y valsent à la volée. Manquait
Stuart Morrison, blés devant une multitude d’éprouvettes graduées, l’essentiel : le whisky. Alors, pour ne pas empié-
assembleur chez une ribambelle de fioles et des verres bleu cobalt : ter sur la chasse gardée de son vénérable voisin
Diageo et concep- aujourd’hui, leçon d’assemblage, guys ! Ma faute. du dessus, le Copper Dog a créé son whisky. Un
teur du blended blended malt. À son nom. À son image.
malt Copper Dog.
So chic. So cool.
En réalité, l’hôtel a fait appel à Diageo pour la
conception du jus. «En échange d’une participa-
tion minoritaire dans la marque, le Copper Dog
a eu accès aux 10 millions de fûts logés dans nos
chais et à mon temps», résume Stuart Morrison,
concepteur du whisky. Le brief ? «Un blended malt
du Speyside, qui a le goût du Speyside.» C’est tout ?
«C’est tout. C’est plus d’infos qu’on en a parfois»,
ironise le jeune maître assembleur formé à l’école
des immenses Maureen Robinson et Jim Beve-
ridge. En réalité, une autre consigne devait sceller
le deal : le jus devait aussi s’épanouir en mixologie.
Se montrer à l’aise en Old Fashioned ou en Negro-
ni, garder tout son chien dans l’eau gazeuse (en
Highball), la ginger ale ou le cola. Ne pas mouf-
ter si d’aventure on s’allongeait de bière très hou-
siasme, votre passion, vos frustrations, vos énerve- assemblage de single malts du Speyside. Fruité
ments !» Note à moi-même : si cochonner son plan (pommes vertes), malté, picoté de noisette,
de travail suffisait à confectionner un bon blend, adouci de miel épicé et vanillé, il s’avance avec
le mien décrocherait 98/100 chez whiskyfun.com légèreté au nez et richesse en bouche dans un
(Serge, je tiens un sample à ta disposition). bel équilibre.
Un nombre appréciable de blended malts sont Copper Dog, blended malt (70 cl, 40%) : 35 €
apparus ces toutes dernières années sur le mar-
ProPreté
salubrité
chacun au-dessus et en dessous des plaques de
Le nettoyage du matériel de drainage positionnées sur le fond de la cuve. «L’in-
térieur de la cuve-matière est nettoyé une fois par
distillerie est un sujet qui va bien semaine à l’eau chaude pulvérisée par des buses
au-delà de l’éclatante brillance disposées dans la cuve, explique Mickey Heads,
le directeur de la distillerie Ardbeg. Le cycle dure
des surfaces. Les explications de quarante-cinq minutes et nettoie également les
pales du fourquet.» Faisant office de “tamis” au tra-
Ian Wisniewski.
Q
vers duquel s’écoule le moût (c’est-à-dire le liquide
sucré), les plaques de drainage sont susceptibles
d’être bouchées par des fragments d’orge, en parti-
uel est en effet le premier aspect à prendre en culier par la balle de la céréale.
considération dans une distillerie ? La propreté. «Après chaque trempe, les nombreuses buses posi-
Car seul un matériel propre permet d’assurer la tionnées sous les plaques de drainage émettent des
qualité et l’homogénéité de caractère du distillat, jets d’eau à 85 °C à travers les fentes de drainage,
mais aussi de maximiser la productivité tant sur ce qui déloge les restes de son d’orge et les résidus
le plan du rendement que de la consommation les plus fins, poursuit Mickey Heads. Ce nettoyage
énergétique et du temps. Jadis, le nettoyage était assure le bon fonctionnement du drainage, sinon
effectué entièrement à la main, ce qui présentait son rendement et son efficacité seraient compro-
de grands risques pour la sécurité, car le person- mis. Le cycle de nettoyage dure de trois à quatre
nel devait s’aventurer à l’intérieur des cuves-ma- minutes ; il faut compter ensuite cinq à six minutes
tières, des cuves de fermentation et des alambics d’écoulement de l’eau dans les cuves d’effluents.»
pot still. Répondant à cette question, le concept de Une cuve-matière qui aurait été laissée vide pen-
nettoyage en place (NEP) regroupe différents sys- dant une période prolongée et ne serait pas mi-
tèmes de nettoyage automatisé intégrés au maté- nutieusement nettoyée avant sa remise en service
riel de production, aux diverses cuves et alambics. présenterait des risques significatifs.
levure pour la consommation des sucres du moût. chaque fermentation, pour prévenir tout risque d’in-
Mais il y a plus. «Les bactéries risquent également fection bactérienne.» Dans l’alambic pot still, c’est
d’infecter les levures qui, quand elles sont stressées l’élément de chauffe, les tuyaux spiralés en cuivre
de la sorte, ne parviennent pas à mener à bien la dans lesquels circule la vapeur, par exemple, qui
fermentation de façon usuelle. Par conséquent, on focalise l’attention. Le système de chauffe du wash
n’obtient pas un brassin ayant le profil aromatique still (alambic de première distillation) requiert un
habituel, or la raison d’être de la distillation, c’est nettoyage plus fréquent que celui du spirit still (de
l’homogénéité de caractère du distillat», ajoute deuxième distillation), car le brassin distillé dans
Mickey Heads. Les cuves de fermentation sont le wash still contient des sucres résiduels, des le-
soit en inox, soit en bois. L’inox est réputé plus fa- vures mortes, des résidus d’orge et des graisses
cile à nettoyer, ce qui ne signifie pas nécessaire- qui cuisent sur les éléments de chauffe et peuvent
ment une différence d’approche. par conséquent réduire le transfert calorique vers
le liquide en cours de distillation.
«Même si les éléments chauffants sont recouverts
eau et vapeur d’une croûte de cuisson, il est tout à fait possible
«Speyburn possède des cuves de fermentation en d’obtenir le caractère et la qualité habituels, mais
bois et en inox, explique Derek Sinclair, directeur la distillation est ralentie et requiert plus d’éner-
Pour éviter de
général des distilleries d’Inver House Distiller. gie, ce qui augmente le coût de revient mais aus-
compromettre Ces cuves sont toutes soumises au même régime si sa durée», précise Stuart Robertson. Il va sans
la qualité et de nettoyage. Les têtes de lavage auto rotatives dire que la solution, c’est le NEP. «Après chaque
l’homogénéité du positionnées à l’intérieur des cuves émettent des distillation effectuée dans le wash still, des buses
caractère du dis- jets haute pression qui assurent une pulvérisation positionnées pour nettoyer les éléments chauffants
tillat, le nettoyage
du matériel est sur 360 degrés. L’eau chaude à 80 °C tue toutes les pulvérisent une solution détergente douce à base
indispensable. bactéries. Après dix à quinze minutes de lavage de soude. Le rinçage est ensuite réalisé au moyen
à l’eau chaude, on injecte pendant dix à quinze de jets d’eau émis par les mêmes buses durant dix
minutes supplémentaire de la vapeur qui sort du minutes environ. Un dernier rinçage à l’eau durant
Photos DR
fond de la cuve, le couvercle étant fermé. Ce cycle quelques minutes achève le cycle de nettoyage»,
de nettoyage est effectué systématiquement après conclut Mickey Heads. ◊
Whisky Magazine & Fine Spirits N°71 65
brian Kinsman
Après Project XX et IPA Series, la gamme Experimental Series
accueille Winter Storm. Comment définiriez-vous cette gamme ?
Elle est l’aboutissement d’une collaboration entre plusieurs
employés de l’entreprise. Elle gravite autour de notre tradition
Maître de chai de d’expérimentations et de créations de saveurs nouvelles et
intéressantes. Cette tradition remonte à William Grant en 1887. David
Glenfiddich l’a poursuivie en travaillant à la création du système de solera dans les
années 1990 et de Snow Phoenix en 2010. Des arômes intéressants et
des saveurs remarquables, qui en font un whisky fidèle au caractère
Alors que Glenfiddich relance son fondamental de Glenfiddich.
expression âgée de 30 ans et poursuit ses
Experimental Series, rencontre avec Brian Nous assistons au grand retour de l’expression Glenfiddich âgée de
Kinsman, son maître de chai. 30 ans. Pourquoi ?
Il est difficile de gérer la disponibilité d’un whisky âgé de 30 ans, mais
nous avons la chance de disposer d’excellents stocks de whiskies âgés
Comment le maître de chai du premier single malt au monde se et je suis très heureux d’être ainsi en mesure de sélectionner des fûts
réinvente-t-il ? me permettant de créer une plus grande quantité de ce 30 ans.
En ce qui me concerne, l’essentiel, ce n’est pas d’essayer de me
réinventer. Glenfiddich possède un patrimoine considérable Quelle sera la prochaine grande étape du whisky ?
qui s’inscrit dans une tradition vivante et qui est à l’origine d’un Je n’en sais rien ! Si je songe à toutes les évolutions qui ont eu lieu
extraordinaire héritage d’expressions produites au fil des décennies. depuis que je suis entré chez William Grant & Sons en 1997, il est très
Glenfiddich a également remporté des prix prestigieux pour la difficile de prédire quelle sera l’ampleur des changements au cours
qualité de son whisky et c’est mon rôle de le maintenir à un tel niveau des vingt prochaines années, mais je ne doute pas que nous serons à
d’excellence. C’est ce que je dois faire, en respectant le passé et l’avant-garde de ces changements. ◊
l’histoire de la distillerie tout en cherchant à élaborer des expressions
nouvelles qui sauront passionner les générations à venir.
J’ai travaillé aux côtés de David pendant plus de dix ans et je continue
de travailler avec lui dans ses fonctions chez The Balvenie. Il m’a
transmis un savoir-faire considérable, mais il a aussi laissé derrière
innovations. eLLe nous donne Les
lui des chais remplis de fûts de grande qualité et d’expériences moyens de comprendre de L’intérieur.»
66 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
distillerie ◆ technique ◆ rhum ◆ cognac
Haïti
Direction
SonSon
Cognac
Sur la route du bio
Vermouth
Comoz
le chaînon
manquant
Saké
COUVSPI.indd 67
la tendance forte 12/07/2018 20:19
WHIM0071_067_BG348421.pdf
Photo prise par Charles Rolls, co-fondateur
Agriculteur local cueillant du gingembre
Plantation de “Gingembre vert”, Côte d’Ivoire
L’ A B U S D ’ A L C O O L E S T D A N G E R E U X P O U R L A S A N T É . À C O N S O M M E R AV E C M O D É R AT I O N .
Chronique
Des mots
Nos mots sont des armes. Ils en disent parfois bien plus long que
ce que l’on voudrait admettre sur nos intentions ou nos préjugés.
C’est aussi vrai dans le monde des spiritueux qu’en politique.
r
égulations, classifications : le que chez les puristes qu’on devrait par-
diable est toujours dans le dé- fois penser à ce que l’on dit ou à com-
tail, c’est-à-dire dans le choix des ment on le dit. En début d’année, un
mots, jamais innocent. Lorsque producteur de rhums très apprécié tant
Luca Gargano présenta sa classi- du public que des professionnels mais
fication pour les rhums, personne fort critiqué par certains partisans de la
ne s’étonna, au vu de la liste de ses défen- non-intervention pour son utilisation du
seurs les plus acharnés, de la présence d’une dosage, déclarait grosso modo qu’aux Ca-
catégorie “rhum industriel”. Au début, ce n’est raïbes, il y a vingt ans, eh bien, le vieillissement
pas sur elle que se centrèrent les foudres des détrac- ce n’était pas top. Mais que depuis qu’il s’y était mis,
teurs de l’opération - l’esprit humain est incapable de en utilisant le savoir-faire cognaçais, eh bien, ça al-
ne pas voir une hiérarchisation derrière une catégori- lait beaucoup mieux. Si les mots ne suffisent malheu-
sation, et c’est sur ces non-dits là que l’on débâtit. Et reusement pas à chauffer un alambic charentais, ils
puis, “industriel” pour des rhums produits dans des savent par contre mettre le feu aux réseaux sociaux
distilleries où les colonnes multiples règnent est un rhumiers. On dénonça l’arrogance française ou, pire
terme absolument correct - même si, nous en avons encore, le syndrome du sauveur blanc, venu expliquer
déjà parlé, au sens strict même les artisans de l’alam- à la “populace” des îles comment faire - enfin ! - bien
bic à repasse produisent avec des outils “industriels”. les choses. Il faut bien le dire, les interprétations les
Le souci, c’est qu’il a beau être correct, il n’en reste plus extrêmes de ces déclarations étaient surtout ex-
pas moins empoisonné. Personne, sauf les plus valeu- trêmement intéressées. Dans les tranchées de la toile,
reux, n’achète un aliment dont l’étiquette mentionne la guerre est sans quartier et personne n’est prêt à
en toutes lettres le maudit mot, et ce alors que tous faire la lecture la plus bienveillante possible de décla-
(ou presque) reconnaissent les qualités de certaines rations - ou appellations - potentiellement probléma-
expressions de cette catégorie. Ceux qui ont adopté la tiques. Ce n’est pas toujours la faute de l’énonciateur.
classification de Gargano ont beau défendre sa neu- Mais alors que l’incendie verbal est devenu le modus
tralité, la tentation d’y voir une critique consciente operandi de ce qu’on appelle encore “discussion”
ou inconsciente de certaines pratiques était trop forte en ligne, peut-être est-il temps d’exercer un tantinet
pour ne pas être remarquée par les cibles éventuelles. d’autocontrôle et de se retenir de jeter de l’huile sur
Finalement, le “rhum industriel” est devenu “rhum le feu. Cela nous permettrait à tous, simples buveurs,
moderne”. Ce n’est pas génial, mais ça n’insulte per- d’y voir un peu plus clair. Que l’insulte et l’invective
sonne. On aurait pu s’épargner le débat. Il n’y a pas fassent place à la transparence, en somme. ◊
Illustration Bastien Demnard
sainte Lucie
admiraL rodney dévoiLe
son armada
Admiral Rodney revient sur le devant de la scène avec une nouvelle Jamaïque
collection baptisée HMS en hommage à l’amiral George Rodney. Premiers rhums vieux
Trois rhums traditionnels distillés en alambic à colonne et élevés en chez Hampden
ex-fûts de bourbon au sein de St Lucia Distillers, l’unique distillerie La distillerie Hampden passe à la vitesse
de Sainte Lucie, composent cette gamme supérieure avec deux nouveaux embouteillages
inédite : HMS Princessa âgé de 5 et 9 officiels qui répondent au doux nom de Hampden
ans, HMS Royal Oak âgé de 7 et 12 ans Estate Pure Single Jamaican Rum avec une
et HMS Formidable âgé de 9 et 12 ans. Ils version à 46% et un overproof à 60% réservé
portent d’ailleurs les noms des navires aux puristes. La distillerie jamaïcaine souhaite
de la flotte du célèbre Admiral. imposer sa marque de fabrique sur le plan
Admiral Rodney HMS Princessa international en proposant ses tout premiers
(70 cl, 40%) : env. 45 € rhums vieux officiels après plus de deux siècles
Admiral Rodney HMS Royal Oak d’histoire. Il s’agit d’un assemblage de rhums
(70 cl, 40%) : env. 60 € vieux 100 % pot still (3 marks différents) âgés de
Admiral Rodney HMS Formidable plus de 7 ans, intégralement vieillis à la distillerie
(70 cl, 40%) : env. 75 € et destinés à rejoindre les deux autres références
phares de leur catalogue, le God et le Rum Fire.
Luca Gargano n’est pas étranger à l’affaire
puisqu’il aura su montrer à Hampden tout le
potentiel de son rhum en le mettant notamment
à l’honneur dans sa gamme Habitation Velier.
Rum Funk Hampden Estate Pure Single Jamaican Rum
Plantation Xaymaca (70 cl, 46%) : env. 59 €
Quand la maison Ferrand a acheté en 2017 la Hampden Estate Pure Single Jamaican Rum
distillerie barbadienne WIRD (West Indies Rum overproof (70 cl, 60%) : env. 79 €
Distillery), elle a, par la même occasion, acquis
un tiers de Long Pond et de Clarendon, deux
distilleries emblématiques de la Jamaïque. Une
aubaine pour Alexandre Gabriel qui a décidé
de revenir aux origines du rhum “high esters” en
sortant le Plantation Xaymaca Special Dry. Cet
soLedade
Des cachaças de
assemblage de rhums 100 % pot still issus du vieil
dégustation
70
cognac
Frapin a encore
Frappé
La cuvée 1270, année où la famille
s’installe en Charente, vient rappeler à
quel point les racines cognaçaises de
Frapin plongent dans un lointain passé.
martini Fiero
Et tout le talent de la vénérable maison
s’exprime dans ce jeune VS élaboré
avec les vignes de Grande Champagne
du domaine, distillé sur lies et vieilli en L’art de vivre
fûts de chêne du Limousin. Sa souplesse à l’italienne
d’acrobate trouve en écho une fraîcheur Martini crée l’événement avec le lancement
intensément florale, infusée de tilleul d’un nouvel apéritif baptisé Fiero.
et verveine, adoucie de fruit jaune Cette nouvelle expression composée
caramélisé, caressée de vanille et d’ingrédients naturels est élaborée à base
taquinée d’épices boisées nerveuses. Très de vins blancs, d’écorces d’oranges cultivées
joli en dégustation pure, doté d’une belle dans la région de Murcia et d’armoises
longueur en bouche, il se faufile avec récoltées dans le petit village italien de
aisance dans les cocktails et rafraîchit Pancallieri, qui macèrent ensemble pendant
l’été en se coulant sous la glace et le deux mois. S’il se déguste pur ou avec des
tonic ou l’eau pétillante. Versatile, dans le glaçons, ce nouveau Martini peut également
meilleur sens du terme. être consommé allongé de tonic. Un mix
Frapin 1270 (70 cl, 40%) : env. 40 € rafraîchissant, qui met en valeur ses jolies
notes d’oranges, parfait pour l’été.
Martini Fiero (75 cl, 14,4%) : env. 9 €
Banana spirit
édition Limitée
tempus Fugit Rouge framboise
Trois ans après avoir lancé son gin “made in Calvados”, la maison
crème de banane
La marque suisse de
Christian Drouin propose une édition limitée à 5 700 bouteilles
baptisée Carmina. Comme les précédentes, cette nouvelle expression
est élaborée à partir d’une trentaine de variétés de pommes à cidre
liqueurs poursuit son normandes et de genièvre, ainsi que de framboises, de cassis, de
entreprise de restauration fleur de sureau, de vanille, de citron et d’orange. Chaque aromate est
macéré et redistillé séparément, puis les distillats sont assemblés
des arômes traditionnels, avant la mise en bouteille.
cherchant cette fois Le Gin de Christian Drouin Édition Limitée Carmina
son inspiration au début (70 cl, 42%) : env. 39 €
du XXe siècle, lorsque la
banane passa du statut de
curiosité exotique à celui
de fruit le plus populaire
au monde. Cette nouvelle
guiLLotine
La vodka gastronomique
liqueur est distillée à Lorsque Paul Berkmann, le fondateur de Guillotine, et Mikael
partir de bananes mûres, Petrossian, à la tête de la célèbre maison de caviar, créent une vodka,
Photo © Anna Palma/Martini
dubaï
Le Clos propose
un cognac
Rémy Martin
en édition
limitée
Le Clos, le prestigieux caviste de
l’aéroport de Dubaï, a joué un coup rhum
de maître en obtenant la distribution Saint James
exclusive pour l’Europe et le Moyen- fête l’anniver-
Orient d’un nouveau cognac Rémy
Martin lancé en édition limitée.
saire de l’AOC
Les rhums de la Martinique
Rémy Martin Carte Blanche
Merpins Cellar Edition est une
doivent respecter une
création du maître de chai Baptiste règlementation très stricte
Loiseau à qui l’on a laissé toute en matière de production,
liberté pour produire cette Fine récolte et ingrédients
Champagne âgée de 27 ans avec pour obtenir le label très
les barriques de son choix. Merpins convoité de l’AOC Rhum
est le nom du domaine où la maison Martinique.
Rémy Martin conserve ses stocks Pour célébrer le 20e anniversaire de
d’eaux-de-vie de Fine Champagne. l’appellation d’origine contrôlée Rhum
Seules 9 650 bouteilles de Rémy Martinique, Marc Sassier, œnologue de la
Martin Carte Blanche Merpins maison Saint James et nouveau président de
Cellar Edition sont commercialisées, l’AOC, a lancé Saint James Single Cask 1997,
conditionnées dans un flacon simple un rhum agricole produit avec la première
et coffret cadeau. Ce cognac intense récolte et la première distillation AOC
et épicé exprime des arômes et de l’île. Saint James 1997 Single Cask est
saveurs de cannelle, clou de girofle, commercialisé en magasins hors taxe dans
miel et pain d’épices que prolonge
le monde entier.
une finale interminable.
Embouteillé à 42,9%, ce rhum à la robe
Rémy Martin Carte Blanche
Merpins Cellar Edition est
acajou présente un nez d’épices douces
disponible dans les cinq magasins et une bouche chaleureuse de fruits secs,
du Clos, au Terminal 3 de l’aéroport café et chocolat. La finale sèche libère un
de Dubaï. soupçon de fumée de cigare.
Campari
Histoires de fût
Les amateurs de cocktails classiques à base de Campari, comme le Negroni, ou d’un simple mais
rafraîchissant Campari Tonic à déguster un soir d’été, seront bien avisés, lors de leurs voyages, de se mettre
en quête de la nouvelle liqueur Campari exclusivement distribuée en boutiques hors taxe d’aéroport.
Campari Cask Tales [histoires de fût] est issu de l’affinage d’un Campari traditionnel en fûts de bourbon de
deuxième remplissage sélectionnés à cet effet. Cette maturation atténue l’amertume de Campari par des
arômes et saveurs fruités, suaves et crémeux, tout en ajoutant une délicate volute de fumée boisée. «Bitter,
toujours, mais désormais un peu plus fruité ; suave, mais avec une pointe de fumée ; une expression à nulle
autre pareille, qui conserve les arômes et saveurs emblématiques de Campari d’origine», explique Bruno
Photo Pol Baril/Omedia
Malavasi, herboriste et maître assembleur chez Campari, à propos de sa dernière création qui célèbre le
150e anniversaire de la naissance du fondateur de la marque, Davide Campari. Campari Cask Tales est
commercialisé à un prix supérieur à celui de Campari d’origine, exclusivement dans les aéroports où sont
ouverts des magasins à l’enseigne de Gebr. Heinemann, notamment à Copenhague, Francfort et Sydney.
LE CLAIrIN
passe à l’ansyen
Il y a quelques années, le clairin était encore une boisson ex-
clusivement locale, réservée aux habitants de Haïti et à une
poignée de voyageurs audacieux. Un rhum brut et préservé de-
puis des siècles, indissociable de la vie haïtienne, qui berce
le quotidien autant qu’il apaise les morsures de la vie.
Stylisme Archimède & Tiepolo - Daniel Giusiano - Galerie de Curiosités - 47 rue de Lappe, 75011 Paris - +33 6 62 51 64 82 - https://www.instagram.com/archimede_et_tiepolo/
A
lors quand Luca Gargano, patron de Velier ternationale de la mixologie, ce championnat du
et imprésario du clairin sur les scènes inter- monde du clairin propose chaque année à ses
clairin Sajous nationales, décide de faire vieillir un spiri- participants de voyager le long des routes de Haï-
Ansyen 19 mois tueux historiquement blanc, les amateurs ti, dans une expédition initiatique qui les mène
Single Cask 2015 retiennent leur souffle et se demandent bien jusqu’à la ville de Jacmel pour la grande finale. Le
(70 cl, 54,7%) : ce que l’Italien va sortir de ses manches. Comme périple de cette année s’est clos de manière très
env. 63 € notre homme n’est pas du genre à faire les choses particulière, puisque chaque finaliste et accom-
à moitié, il a commencé par faire construire son pagnateur ont eu l’extrême privilège de déguster
propre chai de vieillissement à Port-au-Prince, les tout premiers clairins vieillis et de sélectionner
capitale d’Ayiti, pour y mettre à vieillir le clairin à son propre fût. Baptisé Clairin Ansyen, c’est une
domicile et en utilisant sa propre futaille acquise gamme de dix single casks qui verront ainsi le
au travers des dernières décennies. Et le choix ne jour, vieilli de 19 à 27 mois dans des anciens fûts
manque pas : anciens fûts de single malt, de deme- de Caroni et de whisky. Et alors que les clairins de
rara, de Caroni, Hampden, calvados, armagnac… Casimir et Vaval ont la faveur des fûts de whisky,
Un cheptel de barriques d’exception qui consti- celui de Sajous semble plus particulièrement réus-
tue autant de témoignages de ses aventures qu’il sir aux notes d’hydrocarbures emprisonnées dans
fusionne comme pour leur donner une continui- les barriques de Caroni.
té et une légitimité constante. Mais c’est aussi et Énième clin d’œil à Haïti et plus particulièrement
surtout un terrain de jeu fabuleux et singulier qui à la ville de Jacmel, chaque étiquette représente
permettra aux amateurs, et espérons-le aux locaux, une photo de masque en papier mâché dessiné par
de découvrir l’incidence du bois et du temps sur des artisans locaux, véritables acteurs d’une tradi-
les merveilles aromatiques que sont les clairins. À tion séculaire qui contribue à la renommée mon-
partir de fin 2015, Luca Gargano met ainsi en dor- diale de son carnaval. Et si les habitants portent
mance pour la toute première fois de leur histoire avant tout ces masques pour exprimer leurs joies,
les pur jus des producteurs Michel Sajous, Faubert leurs frustrations mais aussi leurs désirs, gageons
Casimir et Fritz Vaval. Il surveillera constamment que nos sélectionneurs d’un jour auront eux aussi
leur évolution, avant de laisser la gageure de la sé- été habités le temps d’un instant, d’une dégusta-
lection aux huit bartenders finalistes qu’il a invités, tion, du formidable esprit qui règne sur les terres
en mai 2018, à participer à la seconde édition du de Haïti.
Clairin World Championship. Créé afin de tisser Parmi les single casks sélectionnés, Daniele Bion-
des liens entre la culture haïtienne et la scène in- di, bras droit de Luca Gargano et figure embléma-
tique de Velier, a sélectionné un clairin produit par
NOTEs Couleur : Doré clair, brillant et vif. Nez : Écorce de citron vert, Michel Sajous en 2016 et qui aura passé 19 mois
DE compoté de citron jaune, bois de cèdre, léger solvant (fût de
Caroni). Tout le parfum du jus de cristalline au moment du
dans un ancien fût de Caroni, le fût #CARSA4.
DÉGUsTATION pressage. Bouche : Intense, légèrement pimentée et fruitée, un
Mis en fût le 7 juin 2016 et embouteillé en janvier
léger bois de Caroni est au rendez-vous. Finale : Sur les agrumes 2018 à 54,6% et 246 exemplaires, ce rhum artisanal
et le parfum de la canne à sucre. Le lien avec le Sajous blanc est là ! arbore un aspect épicé (gingembre) et fruité ainsi
qu’une touche pétrolière furtive. ◊
76 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
playlist spiRitUEUX DE NÉGOCE
Par Arthur Morbois
coUP
de
cœUR
Une belle fraîcheur domine Au nez, une large palette Le verre dégage un élan Un boisé très largement
le verre (herbe mouillée, végétale. Belle attaque, de d’esters et de fruits frais. dominant, des fruits frais
eucalyptus, miel). La bouche la vanille bourbon aux fruits La bouche est ample, les viennent au nez puis cèdent
étonne par son attaque vive exotiques pour finir sur de fruits et le boisé prennent le leur place aux fruits cuits
et épicée, puis sur les fruits. l’acajou chaud. Les saveurs dessus. Légèrement moins et confits en bouche. Une
La finale est verdoyante, s’estompent légèrement explosif que ses confrères, fin de bouche sur le bois
puis le bois toasté apporte dans des arômes de rhum ce LFCH laisse la part (chêne, pin, acajou).
rondeur et douceur. cuit. C’est beau. belle au fruité. Du grand
Hampden !
NOTE : 8,2/10 NOTE : 8,8/10 NOTE : 9,1/10 NOTE : 7,9/10
Un nez chatoyeur, typique Un éventail de fleurs (lilas, Un cognac floral qui tire Un parfum floral et citronné,
jamaïcain, d’abord médicinal acacia), de fruits (man- vers la violette, voire jeune sur des tons médicinaux et
puis sur les fruits frais. Une darine, mangue, melon, lavande au nez. En bouche empyreumatiques (goudron,
bouche fidèle au nez, sur datte) et d’épices (cannelle, nous avons affaire à des caoutchouc). Copieuse, la
les fruits, finement boisée, cacao, badiane) envahissent notes gourmandes de miel, bouche regorge d’arômes
dotée d’une attaque souple narines et papilles dans un de mirabelle et de bois alpin. de fruits (pomme au four,
et d’une finale légère. équilibre d’orfèvre. En toute fin de bouche des abricot) et d’épices (cacao,
notes de dattes font une muscade).
apparition.
NOTE : 8,2/10 NOTE : 8,8/10 NOTE : 8,3/10 NOTE : 8,6/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
78 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
… pour un été
gourmand et acidulé
Qu’elles soient élaborées à base d’eau-de-vie ou de saké, les liqueurs japonaises
ont la particularité d’être très peu sucrées et d’afficher un degré d’alcool assez
bas. Elles séduisent également par leurs parfums originaux comme le yuzu, la
prune, la mandarine ou encore les fleurs de cerisiers. La preuve par dix.
Kirakira
le plus girly
Au Japon, le printemps est une saison qui attire de
nombreux touristes venus admirer les cerisiers en
fleurs. Ils pourraient facilement être conquis par
cette liqueur qui les met à l’honneur. Elle est en effet
Nakano
la plus vive
En misant sur les prunes
Nanko-Ume de Wakayama,
le gingembre qui est
travaillé entier avec sa
2
1
élaborée par infusion de fleurs de cerisier, appelées peau pour préserver l’ensemble de ses
sakura en japonais, cueillies sur le mont arômes, et le yuzu recherché pour sa
Yoshino. D’une incroyable légèreté, elle se puissance aromatique et son acidité,
distingue par de subtiles notes fruitées, Nakano semble avoir trouvé la bonne
fraise, cerise et grenade en tête. Quant aux formule. Son umeshu au gingembre
fleurs qui semblent en apesanteur dans et au yuzu navigue en effet entre
la bouteille, elle contribue au plaisir de la douceur et richesse de la prune et la
dégustation. vivacité, l’amertume et les épices du
Kirakira (50 cl, 12,5%) : env. 41 € duo gingembre-yuzu. Le tout avec
beaucoup d’équilibre.
Nakano umeshu yuzu et gingembre
(50 cl, 12%) : env. 33 €
la médaillée
3
Iki no Kura
Heiwa sHuzo
50 % de pur jus de yuzu, un la plus originale
agrume japonais extrêmement Cette liqueur, qui est produite à base de
parfumé, et 50 % de saké jun- shôchu de blé par Iki no Kura, installé
mai vieilli pendant 2 ans : voici sur la petite île Iki-no-shima, dans la
la recette de ce yuzushu d’une préfecture de Nagasaki, séduit par l’ori-
grande richesse aromatique ginalité de son parfum : le shiso rouge.
élaboré par Heiwa Shuzo, une Si elle est encore méconnue en France,
maison fondée en 1928 dans cette plante aromatique proche du basi-
la préfecture de Wakayama. Grâce à ses lic et de la menthe est très présente dans
4
notes d’agrumes, yuzu bien sûr mais aus- la cuisine japonaise. Au-delà d’offrir une
si citrons vert et jaune puis mandarine, jolie couleur rose, elle
de gingembre et sa jolie fraîcheur, elle séduit par ses arômes à la
a d’ailleurs décroché la médaille d’or, fois persistants et aussi
dans la catégorie liqueur, lors du célèbre doux qu’une caresse.
concours d’Osaka. Un must ! Iki no Kura Hime-mura-
Heiwa Shuzo yuzushu saki (50 cl, 7%) :
(72 cl, 7%) : env. 49 € env. 38 €
6
le riz est d’une qualité exceptionnelle. Un
5
au repos au moins deux ans. L’umeshu est
terroir également propice à l’élaboration
ensuite mis en bouteille et
de shôchu de riz. Pour
vieilli pendant pas moins
produire ce magnifique
de huit années avant
umeshu, tout à la fois
d’être commercialisé. À
vif et gourmand grâce
déguster comme un grand
à ses délicates notes de
spiritueux.
noyau, il est associé à des
Niwa No Uguisu umeshu
prunes Ôshuku de Oita.
11 ans (72 cl, 12%) :
Niwa No Uguisu umeshu
env. 85 €
(72 cl, 12%) : env. 36 €
Daishichi Shuzo
Hoôbiden
la plus soyeuse
Depuis sa fondation en 1752, la maison Dai- la plus addictive
shichi Shuzo, installée dans la préfecture de
7
Dans la famille Kobayashi, installée dans le joli vil-
Fukushima, élabore des sakés de toute beauté lage de Biden, au sein de la préfecture de Tochigi, on
de façon très artisanale. Elle accorde produit du saké depuis 1872. Actuellement dirigée
8
autant de soin à la production de son par Masaki Kobayashi, la petite maison familiale
umeshu qui est fait à base de saké mise également sur son yuzushu pour
kimoto junmaï et de prunes de la va- séduire. Il est produit à base de saké
riété nanko. Pour preuve, tout à la fois que Masaki marie avec les meilleurs
riche et soyeuse, il se distingue par sa yuzus du Japon, cultivés à Miyazaki,
finesse, sa légère acidité et ses notes dans le sud du pays. À la dégustation,
tout à fait uniques de saké kimoto. on est bluffé par sa densité aroma-
Kimoto umeshu daishichi tique, sa grande délicatesse ainsi
(72 cl, 12,5%) : env. 59 € que son bel équilibre entre acidité et
amertume.
Hoôbiden yuzushu
(50 cl, 13%) : env. 36 €
Nakano
la plus gourmande
Des prunes de Kishu, de l’eau-de-vie et Nigori
du sucre : lorsqu’on voit la liste des ingré-
dients qui entrent dans la composition de
cet umeshu millésime 2007, on comprend
la plus ricHe
Dans la préfecture de Saitama, la petite distil-
vite que sa complexité est avant tout lerie d’Asahara élabore une jolie collection de
liée à son âge. Chez Nakano, dans la liqueurs de fruits à l’image de cette Mikanshu,
préfecture de Wakayama, on prend en la mandarine japonaise. Les fruits, qui sont
effet son temps pour donner naissance à sélectionnés avec une grande exigence, ma-
9
des liqueurs d’exception. Ces dix années cèrent entier dans de l’alcool neutre pendant
10
de maturation offrent à plus de six mois. Une purée de nouveaux
cet umeshu une ampleur fruits est ensuite ajoutée au
et une douceur uniques et mélange qui n’est pas filtré,
des notes très séduisantes c’est-à-dire nigori, avant
de caramel. À savourer d’être mis en bouteille. De
comme un dessert. quoi renforcer les arômes
Nakano aged umeshu et apporter davantage de
2007 (20 cl, 20%) : texture.
env. 34 € Nigori Mikanshu
(50 cl, 12,5%) : env. 35 €
LE saké
une Tendance Porté par le succès de la gastronomie
japonaise mais aussi par l’engouement
pour les whiskies nippons, le saké séduit
de plus en plus de Français. À commencer
par les chefs et les sommeliers ou encore
les bartenders. Il faut dire que cette
boisson d’une grande subtilité offre une
palette aromatique unique et se marie
très bien avec la gastronomie qu’elle soit
française ou japonaise.
E
Au centre : lle y songeait depuis de nombreuses chef français au pays du Soleil Levant. Si, pour
L’adresse parisienne années : c’est désormais chose faite. Au Dassaï, cette ouverture s’impose naturellement
de Dassaï, la célèbre
maison de saké japo- mois d’avril, Dassaï, la célèbre maison comme un moment fort de son histoire, un pari
nais, imaginée avec de saké japonais, a enfin inauguré son sur l’avenir, il s’agit aussi d’un véritable événe-
la complicité de Joël adresse parisienne. À la fois pâtisserie, ment pour le monde du saké. Une catégorie à
Robuchon. salon de thé, restaurant et bar à saké, ce part, encore méconnue du grand public, qui
À droite :
L’Abysse, le “comptoir
nouveau lieu a été imaginé avec la com- ne cesse de faire des adeptes en France. Pour
à sushis moderne” plicité de Joël Robuchon, l’un de nos preuve, en cinq ans, les exportations de saké du
ouvert par Yannick plus grands chefs français. Un artiste Japon vers la France ont fait un bond de + 161 %
Alléno au sein du des fourneaux qui peut revendiquer pas en volume et + 238 % en valeur. Une très jolie per-
Pavillon Ledoyen. moins de vingt-sept étoiles au Guide Michelin, formance dans un pays où le vin est roi.
dont sept à Tokyo. Mais ce n’est pas uniquement
pour son talent que Hiroshi Sakurai, à la tête de La promesse d’accords inédits
Dassaï, s’est associé avec Joël Robuchon pour Les prestigieux chefs français, Joël Robuchon
ouvrir le tout premier flagship de sa maison. en tête, ont été les premiers à tomber sous
Son choix a également été guidé par l’attache- le charme de cette boisson japonaise ances-
ment qui, depuis de nombreuses années, lie le trale élaborée à base de riz et d’eau. D’ailleurs,
ForTe
Concorde, Paris 8e
WoRkshoP
issÉ :
11 rue Saint
Augustin, Paris 2e
La Maison Du
sakÉ :
11 rue Tiquetonne,
Paris 2e
La Maison Du
Whisky :
6 carrefour de
l’Odéon, Paris 6e
Jin :
6 rue de la
Sourdière, Paris 1e
ken kaWasaki :
15 rue
Caulaincourt,
Paris 18e
abRi soba :
10 rue Saulnier,
Paris 9e
sagan :
8, rue Casimir-
quelques jours après l’inauguration de la bou- autres tables étoilées, ont également succom- Delavigne,
Photos ©Guillaume de Laubier-©Sébastien Veronese-© Yurina Nihara
tique Dassaï, Yannick Alléno dévoilait L’Abysse, bé au raffinement et à la délicatesse du saké. Paris 6e
son “comptoir à sushis moderne” installé au rez- Xavier Thuizat, chef sommelier de l’hôtel de
enyaa :
de-chaussée du Pavillon Ledoyen. Avec un nom Crillon, fait partie de cette nouvelle généra-
37 rue de
faisant référence aux profondeurs des mers, sa tion de professionnels du monde du vin à s’être
Montpensier,
nouvelle table rend un bel hommage au Japon, laissé séduire par le saké. Au-delà de mettre le
Paris 1e
un pays dont l’excellence en matière de poisson saké à l’honneur de la carte de L’Écrin, il préside
fait l’unanimité. Pour l’accompagner dans cette également le Kura Master, le premier grand caPRi bazaR :
aventure, il a fait appel à Yasunari Okazaki, un concours de sakés japonais jamais organisé 83 rue du
maître sushi japonais réputé, triplement étoilé en France. L’Argentine Paz Levinson, l’une des Faubourg Saint-
lui aussi. L’Abysse peut également se targuer de plus grandes sommelières du monde, qui fait Denis,
proposer l’une des plus belles cartes de sakés de partie de notre équipe de dégustateurs et vient Paris 10e
France. Une carte qui réunit déjà une vingtaine de rejoindre la team d’Anne-Sophie Pic en tant
de références, dont des bouteilles très rares, et que chef sommelière exécutive, est elle aussi
doit rapidement s’étoffer. une grande amatrice de saké. Grâce à eux, de-
Nos talentueux sommeliers, qui règnent en puis quelques années, il part à la rencontre de
maîtres sur les caves des palaces parisiens et la gastronomie française et, il faut bien le recon- ➔
Le saLon du saké
un événement de référence
Il y a cinq ans, Sylvain Huet organisait le premier Salon du Saké à Paris. Devenu
incontournable, ce rendez-vous s’est rapidement imposé comme une véritable
référence au niveau européen. Il s’agit d’ailleurs du plus important événement dédié
au saké à se tenir en dehors du Japon. Il faut dire que Sylvain Huet, également
fondateur de L’Académie du Saké, n’est autre que le premier français sacré Saké
Samouraï. L’an passé, son Salon du Saké a accueilli plus de 4 000 visiteurs originaires
de 35 pays différents. 182 marques étaient présentes, plus de 350 références de
Photos DR-La Maison du Saké-Cyril Denis
sur la rout
t e du mezcal mexique
Illustration Schwabenblitz/Shutterstock.com
oaxaca
Direction SonSon
Voyage en clairin inconnu avec la visite d’une distillerie tout
droit surgie d’un passé immémorial, où le temps paraît s’être
arrêté depuis bien longtemps. Ici, rien ne semble pouvoir troubler
la quiétude ni le process de la distillerie. Rien, ni le joyeux
O
brouhaha ambiant de la ville, reliée de quelques centaines de
mètres, ni l’agitation continue des ouvriers intra-muros.
n ne compte plus
les micro-distilleries
en Haïti où se réin-
vente chaque jour
un patrimoine spi-
ritueux incroyable,
disparu depuis bien
longtemps ailleurs.
Il n’y a plus qu’ici où
s’éternise encore une
production s’appa-
rentant au tafia et à
la guildive des livres d’histoire, et l’abondance
des infrastructures de fortune témoigne encore
et toujours de l’immense richesse du pays, mais
aussi - et surtout - de son importance capitale
dans la compréhension fragmentaire du rhum
et de son histoire.
Lorsque, sur la route qui mène à Saint-Michel
92 Whisky
Whisky Magazine
Magazine && Fine
Fine Spirits
Spirits N°70
N°71
L’une des trois petites
colonnes, entièrement
en cuivre et chauffée
de L’Attalaye - sorte de Mecque du clairin - on
vous propose de faire un détour pour découvrir Le rhum en héritage à feu nu, qui assure la
transformation de la
“rape” en clairin.
une distillerie “digne d’intérêt”, vous n’hésitez Comme suspendue en dehors des réalités quo-
pas très longtemps et vous acquiescez sans vous tidiennes qui se bousculent à quelques en-
soucier du temps que cela prendra, ni du nombre cablures de là, la distillerie Sonson et son pro-
de nids-de-poule qui tasseront vos vertèbres sur priétaire Stephan Kalil Saoud qui s’applique
les chaussées difformes du pays. D’autant plus à faire vivre tout un héritage. Celui du clairin
lorsque votre hôte, un certain Luca Gargano, ne originel d’abord, fait à partir de sirop et non de
l’a encore jamais visitée. Tout un programme jus de canne, mais aussi et surtout celui de son
en soi. La scène se passe à Cabaret (Kabarè en grand-père Prinston Pierre-Gilles, qui fonda la
créole), une commune située dans le départe- distillerie en 1932. Chaudronnier de profession,
ment de l’Ouest et dans l’arrondissement de c’est lui qui fit construire la distillerie actuelle
Arcahaie. Un bourg peuplé de quelque 60 000 sur les fondations d’une ancienne habitation
âmes qui tirent le principal de leurs revenus de coloniale, qui abritait déjà une distillerie de
la culture maraîchère et du sisal, un agave dont clairin fonctionnant grâce à un moulin à eau,
la fibre sert à fabriquer du cordage, des tissus et depuis disparu. Certaines sources affirment
des tapis. La ville est à l’image du pays tout entier, même qu’elle aurait appartenu à Florvil Hyp- ➔
énergique et captivante, fourmillante de vie. Une
fois avalée en son centre, une large inscription
sur un mur peint ne laisse aucune place au doute en Haïti où Se réinvente cHaque jour un
et attise l’effervescence : clairin Sonson Pierre-
Gilles. Après quelques minutes d’un sentier si- patrimoine Spiritueux incroyable, DiSparu
nueux, les portes d’un vaste domaine s’ouvrent
enfin et nous donnent l’impression saisissante de DepuiS bien longtempS ailleurS, on ne compte
rentrer dans une forteresse, une ville dans la ville.
pluS leS micro-DiStillerieS. ➔
La touche
finaLe
U
savoir sur la méthode HSE.
À gauche : n siècle de belles paroles flotte au- du XIXe à la Martinique avec sa structure métal-
Autour de l’Habitation tour de l’Habitation Saint-Étienne… lique de type Eiffel (inscrit à l’ISMH). Niché dans
Saint-Étienne et de
l’ancienne distillerie, Des secrets flottent aussi. […] En une vallée rurale agricole et exubérante, et serti
le magnifique jardin fait, c’est une addition de petits se- dans un magnifique jardin, l’endroit est magique !
protégé. crets, un vieux savoir, un vrai savoir, Lorsque les Hayot rachètent, en 1994, cette belle
À droite : que seuls possèdent les sarcleurs de endormie au Gros-Morne, elle est à l’abandon. La
Photos © Jean-luc de Laguarigue
torique, et le moins cher. Si on veut aller plus loin, d’avoir une assise solide concernant nos profils aro-
il faut chercher d’autres tonneliers, visiter les fo- matiques et de stocks de rhums vieux», explique
rêts, avoir une vraie traçabilité du chêne. C’est un José Hayot. Un vieillissement de quatre ou cinq
processus très coûteux. Un chêne américain de ans en fûts de chêne américain ayant contenu du
bourbon coûte 100 euros, contre 400 euros pour un bourbon, permet d’aller chercher la gourmandise,
chêne français du Limousin», explique Sébastien la sucrosité, le côté noix de coco, le côté vanille.
Dormoy, directeur de production. La raison est La base aromatique est stable dans le temps. Les
Cyrille Lawson :
«On peut faire du rhum de plein de façOns différentes.»
HSE a créé le premier rhum blanc millésimé, mais a égale- où la prise aromatique
ment renversé la table avec ses rhums vieux. s’accélère et on sort
de l’AOC - ce qu’on
Vous ne vous contentez pas de mettre du rhum dans des ne veut pas. Le seul
barriques… finish qu’on a lancé
Oh non, loin de là. Dès le rachat de l’Habitation, nous avons hors AOC, c’est celui
voulu créer une architecture de vieillissement afin d’assurer en fûts d’Islay, parce
la consistance de nos produits. Nous achetons uniquement qu’on a adoré le résul-
des fûts de chêne américain neufs - sans même un passage tat. L’appellation doit
en bourbon -, ce qui nous permet de maîtriser notre base. Et être un tremplin, pas
nous appliquons cinq à six niveaux de chauffe. Par exemple, seulement un carcan.
le VO et le Black Shériff ont le même compte d’âge, et sont en Avec le finish, on ne
tous points identiques : la seule différence est la chauffe du cherche pas à déna-
fût. Et cela donne deux rhums qui n’ont rien de semblable. À turer le produit ni à
partir du XO, on intègre du chêne français ou du chêne amé- l’édulcorer, mais à lui apporter une autre dimension. Le small
ricain complexe (maturé, séché parfois jusqu’à 48 mois), qui cask (55 l) est une autre variation selon la même philosophie,
permettent de dégager des profils incroyables. On peut faire en jouant cette fois sur la taille du fût et non son précédent
du rhum de plein de façons différentes. contenu. Et nous allons sortir à la rentrée une série de brut de
Combien de fûts dans les chais aujourd’hui ? fûts, vieillis environ dix ans, dans du chêne américain maturé
Environ 7 000, ouillés chaque année. 36 mois et du chêne français séché 48 mois, avec des chauffes
Vous vous êtes en outre distingués avec la gamme de fini- spécifiques pour montrer l’impact du bois sur un même distil-
tions, et l’utilisation de “small casks”… La facilité ? lat. Ça donne des produits avec une longueur incroyable. Si on
Vous savez, il est plus difficile de faire une belle finition qu’un doit retenir quelque chose d’HSE c’est cette maîtrise des fûts.
rhum classique : c’est comme le lait sur le feu, il y a un moment Christine Lambert
En modE bIo
Ils ont choisi la viticulture biologique par respect pour la terre
et pour le goût des terroirs. Ces vignerons engagés sont une
exception au pays du cognac. Et si l’avenir leur donnait raison ?
E
n France, le marché des produits alimen- tillation », explique Pascal Rousteau, viticulteur À Cognac, sur les 75 000
taires bio ne connaît pas la crise. Rassu- bio depuis 1998 et président de l’association des hectares de vignes de
rant et tendance, il a doublé en cinq ans. producteurs Vitibio en Charentes. «Nous pas- l’appellation, à peine 1 %
Le vignoble français suit le mouvement. sons plus de temps dans la vigne, nous investis- est certifié bio.
Depuis dix ans, les surfaces bio ont qua- sons dans du matériel adapté et nous avons des
druplé et représentent désormais 9 % du coûts de main d’œuvre plus élevés». Pour vivre
vignoble national. Pourtant, si les vins mieux de cet engagement environnemental, un
AB ont le vent en poupe, le cognac, pre- choix de vigneron s’impose, celui de commer-
mier spiritueux à avoir obtenu la certifi- cialiser toute sa production de cognac bio en
cation, reste à la traîne dans l’ombre des bouteilles. Levez vos deux mains, compter vos
grands leaders conventionnels. Sur les 75 000 dix doigts, ceux qui ont fait ce choix ne sont
hectares de vignes de l’appellation, à peine 1 % guère plus nombreux ! ◊
est certifié. Qui sont ces artisans du cognac
anticonformistes et visionnaires ? Comment Sources BNIC - Green Trésors - l’association Vitibio
gardent-ils le cap dans un contexte climatique
difficile et face à la pression productiviste du
négoce ? Bienvenu sur la route d’un des trésors Domaine Du Breuil sous pavillon américain
cachés du cognac.
Posons le décor, les majors Hennessy, Martell, Il y a dix-huit mois, l’américain Sazerac rachetait le plus grand
Rémy Martin et Courvoisier assurent à eux seuls vignoble bio du cognac, 52 hectares au cœur de la Grande
80 % des ventes de cognac dans le monde. Ils Champagne, le cru le plus prestigieux de l’appellation. Ugni-blanc,
s’approvisionnent auprès des 4 500 viticulteurs colombard, mais aussi folle blanche, sémillon et montis, ça sent le
cognac de cépage ! Il va pourtant falloir patienter encore quelques
de l’appellation dont la vocation est de produire
années avant de régaler nos papilles. La mise en stock ne fait
du vin ou de l’eau-de-vie. La production est une
que commencer. En attendant, Clive Carpenter, ex-ambassadeur
affaire de viticulteurs, la commercialisation, l’af-
de la maison Hennessy, est aux commandes de ce trésor. Il vient
faire des négociants ! Tout autre modèle n’est
d’inaugurer la
qu’une exception. À Cognac, être vigneron bio
rénovation de la
et vendre en direct sa production aux consom-
vénérable distillerie
mateurs est une double exception quand on sait
et prépare un projet
Photos ©Olivier Baudin/Bodinoliv-DR
J
ean et Amy arrivent tout juste de de Jean… «Deux ou trois millésimes pas plus
Russie où leur importateur distribue pour garder la typicité des terroirs», précise le
leur gamme L’Organic dans ses 180 viticulteur-distillateur-maître de chai- voyageur.
boutiques. Il y a déjà tant à faire au Le nouveau design est habile, disruptif dans le
vignoble. Sur les coteaux d’Eraville, paysage cognaçais et détaché des conventions.
un typique village de Grande Cham- La gamme baptisée L’Organic n’emploie pas les
pagne, les 14 hectares de vigne de la habituelles appellations d’âge (VS, VSOP, XO).
famille Pasquet évoquent habituelle- Une numérotation affiche sans complexe l’âge
ment le désordre organisé d’un jardin de la plus jeune eau-de-vie entrant dans l’assem-
anglais. Cette année, sous les rangs blage. C’est explicite et efficace.
de vigne, les légumineuses et les céréales pro- Alors que le craft semble s’inscrire dans le
lifèrent. Elles ont été plantées cet hiver afin de temps au-delà de la tendance, ce cognac “autre-
favoriser les nutriments naturels du sol et elles ment” ouvre la voie à de nouveaux consomma-
adorent ce printemps pluvieux. Il est temps de teurs, l’argument bio n’étant qu’une valeur de la
passer au broyage. Jean en profite pour repérer marque parmi d’autres. Il démontre une fois en-
des traces de maladie. Le voilà rassuré, le redou- core les multiples visages du cognac, sa capacité
té mildiou est tenu à distance. Par précaution, à s’adapter à toutes les consommations et à s’in-
l’arsenal de phyto-traitements fait de tisanes téresser à tous les réseaux de distribution. Dans En haut :
d’orties, de prèles et de fougères sera appliqué un contexte biologique en pleine croissance, La gamme de cognacs
sur les feuilles régulièrement. En bas du coteau, la demande provenant des consommateurs in- L’Organic de la famille
un troupeau de vaches lève la tête dans notre di- fluencera-t-elle les stratégies commerciales des Pasquet.
En bas :
rection. «Nous avons planté de la vigne sur leur vignerons et des maisons de négoce ? Suscite- Jean Pasquet et son
ancien près», explique Amy. «Ici, on ne fait au- ra-t-elle de nouvelles conversions ? L’avenir le épouse Amy.
cun apport organique tant le sol est riche de son confirmera peut-être mais ce qui est certain c’est
passé. Quand la vigne est trop vigoureuse, elle que pour le cognac, qu’il soit bio ou pas, la vigne
est aussi plus sensible aux maladies», précise c’est là où tout commence. ◊
l’incollable jeune femme. Son discours claque
d’enthousiasme et de sincérité. Cette ancienne
prof d’anglais semble avoir développé un goût
très vif pour la chose viticole et pas seulement.
Chez les Pasquet, le cognac se décline de la
vigne à la bouteille. Dans le petit salon lumineux
qui leur ressemble tant, les bouteilles de cognac
bio nouvellement revisitées par l’agence Linéa
(une pointure dans l’univers des spiritueux)
s’exposent en toute simplicité. L’esprit craft
est à faire pâlir d’envie les services marketing
des multinationales. Ici, tout est tellement vrai
et artisanal : les 14 hectares de vigne convertis
à l’agriculture biologique depuis vingt ans, la
fermentation naturelle du vin avec les levures
indigènes, la distillerie dans son jus où père et
fils se retrouvent chaque hiver pour concentrer
les meilleurs arômes du raisin, les assemblages
Le chaînon
P
Qui se souvient encore de Comoz ? our l’amateur, le vermouth blanc, c’est
deux choses : le Martini Bianco, ver-
Cette vénérable maison de Chambéry mouth le plus vendu au monde, et l’his-
fut pourtant la première à torique Dolin. Il sait sans doute qu’il
s’agit d’un vermouth aussi doux mais
commercialiser un vermouth blanc bien moins amer que le rouge clas-
et laissa une marque indélébile sur sique. Plus porté sur le floral et l’agru-
me que sur les racines et les épices, il a
le cocktail cubain. Elle revient été longtemps davantage apprécié seul
aujourd’hui grâce à son ancien rival qu’en cocktail. Enfin, s’il est perspicace, le connais-
seur aura aussi appris que le style est né en Savoie,
Dolin, et c’est tout un événement. du côté de Chambéry, avant d’être repris, avec le
succès que l’on sait, de l’autre côté des Alpes.
C’est à la fois beaucoup et peu : cela ne nous dit
ni comment Chambéry est devenu synonyme de
blanc, ni le profil que le produit pouvait avoir à
l’époque. Pour cela il faut remonter un peu plus
de deux cents ans en arrière, à une époque où la
région était administrée depuis Turin par un Sa-
voie roi de Sardaigne. C’est lors de ces années-là,
dit-on, qu’un distillateur nommé Joseph Chavasse,
installé aux Echelles, à la frontière avec la France,
se rend à Turin et découvre le vermouth. De retour
à la maison, il travaille à sa première formule. S’ins-
tallant à Chambéry après 1815, il devient le pre-
mier vermouthier de la région (la marque est at-
testée dès 1821). À sa mort, l’entreprise est reprise incolores rendue pos-
par son beau-fils Ferdinand Dolin, qui en change sible par l’amélioration
le nom. L’existence du vermouth de Chambéry est des techniques de filtra-
alors essentiellement locale. Sous le régime de la tion, il dépose en 1881
maison de Savoie, tant à Turin qu’à Chambéry, les la marque vermouth
élaborateurs vendent surtout en ville, au détail. blanc. Effet d’appel ou
La libéralisation progressive changera la donne, pas, ce lancement sera
mais ce n’est qu’avec l’annexion de la Savoie par suivi par un véritable
la France en 1860 que l’expansion commerciale est boom du vermouth à
enfin possible. Chambéry - en 1900, on
Aux côtés de Dolin, une autre maison jouera un y compte 17 produc-
rôle capital dans ce processus : Comoz. Depuis teurs. Les producteurs
le mitan des années 1850, la distillerie éponyme parisiens se mettent à
proposait un large portefeuille de liqueurs et de commercialiser du ver-
distillats. Suivant l’exemple de Dolin, elle ajoute mouth de Chambéry d’imitation (s’ensuivra un
à son catalogue un vermouth de Chambéry. Vers procès qui aboutira à la création de la défunte DO
1875, elle en commercialise près de 100 000 litres vermouth de Chambéry), tandis que les Italiens
par an, quantité négligeable si on la compare avec répondent avec leurs propres biancos.
les Italiens ou Noilly Prat, mais suffisante pour la Si cette histoire est aujourd’hui largement oubliée,
Photos © Gérard Cottet- Comoz
placer en tête à Chambéry. c’est parce que Comoz n’a pas survécu au déclin
du marché des vins aromatisés. Les héritiers de
Claudius abandonnèrent la production au début
Le Premier bLanc des années 1970. Le Chambéry était alors résiduel,
Lorsque Jean-Pierre Comoz, le fondateur, décède le marché non plus dominé mais tout simplement
en 1879, son fil Claudius décide de moderniser écrasé par Martini et, dans une moindre mesure,
l’opération. Capitalisant sur la mode des liqueurs Cinzano. ➔
même si son invention est mentionnée dans cer- sons : ses qualités intrinsèques, ses applications
taines publicités. en cocktail et, pour le club très select des enthou-
Le charme chambérien, pour le public d’outre-At- siastes, pour ce qu’il dévoile d’un aspect de l’his-
lantique, tient au fait que la technique de filtra- toire des liqueurs tombé dans l’oubli. Ce dodo du
tion a été aussi appliquée aux vermouths secs. monde des spiritueux n’est plus une espèce dispa-
Au contraire du Noilly Prat, ces secs savoyards rue : elle devrait même être disponible en France
donnent des Dry Martinis absolument incolores, d’ici à la fin de l’année. ◊
Whisky Magazine & Fine Spirits N°71 107
entre nous
Propos recueillis par Christine Croizet
Thierry Marx
Parrain de la ParT
des anges 2018
La 11e édition de la Part des Anges
est lancée. Le chef Thierry Marx
succède à Guy Savoy comme parrain
de cette vente caritative de
cognacs d’exception organisée par
les professionnels du cognac et
Artcurial.
Le 14 juin dernier, au milieu des flacons de collection exposés dans
les salons d’Artcurial, Thierry Marx déambule. Il salue les maîtres
de chai des vingt-deux maisons donatrices et se plonge avec
délectation dans l’histoire de chacun des lots créés pour l’occasion.
Les fonds récoltés lors de la vente aux enchères qui se tiendra à
Cognac, le 20 septembre prochain, seront reversés en partie à
l’école de réinsertion Cuisine Mode d’Emploi(s) fondée en 2012 par
le chef étoilé. Cette formation gratuite permet le retour vers l’emploi
de jeunes en échec scolaire et d’anciens détenus. Thierry Marx
se prête volontiers aux jeux des selfies, il répond aux journalistes
avec charisme et méthode. Cet homme d’engagement connaît ses
valeurs, il défend l’audace, le travail et la liberté. Morceaux choisis.
votre école ?
femmes du terroir. Comment enchérir ? En direct, pendant le dîner Nos actions sociales ont une dimension environnementale,
de gala le 20 septembre prochain à Cognac, à l’hôtel Chais Monnet. afin que les hommes apprennent à vivre ensemble et non pas
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panne de projets de vie. Avec un peu d’audace, elles lèvent la
tête et peuvent regarder plus loin. ◊
108 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
G a s t r o n o m i e ◆e s c a pa d e ◆d é G u s tat i o n s
Mizuwari
Un ritUel de saison
Omiyage
des soUvenirs plein
les bagages
Umami
la cinqUième saveUr
Saké et foie gras
l’alliance inédite
24
spiritueux
passés au crible par
nos experts
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le saint graal nippon 12/07/2018 20:41
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LA CLEF
DE LA
FINESSE
*
Chronique
CoCktails de jeunes
Où l’on se pose la question de savoir si, en France, le renouveau cocktail
n’aurait pas laissé sur la touche une génération entière de consommateurs.
On a beau chercher, on trouve difficilement des quinquagénaires
et sexagénaires dans les bars à cocktails à la mode.
Mais où sont-ils donc passés ?
O
n connait tous l’expression ne s’applique pas à l’univers cocktail.
“des jeunes... de 7 à 77 ans”. Si Car avant, c’était pire.
elle était pertinente pour le L’une des raisons principales de la
journal de Tintin, elle ne l’est désaffection des bars à cocktails par
évidemment pas pour les bars les 50/60 ans est davantage à trouver
à cocktails. Ne serait-ce que pour dans le formatage de ces nouveaux lieux.
une question d’âge légal de consommation Pensés pour séduire une clientèle jeune et
d’alcool. Mais pas que. Il suffit de se rendre branchée, ces bars se sont eux-mêmes fermés
dans n’importe quel bar hexagonal apparu ces dix à une clientèle plus âgée et le manque de diversité
dernières années pour constater que 95 % de la clien- de l’offre ne fait qu’accentuer le phénomène. Dj set
tèle est âgée de 25 à 45 ans. Dès lors, une question et musique forte en fin de semaine, bar à “date tin-
taraude : mais où sont les plus de 45 ans ? der”, lieux bondés où l’on ne s’entend pas forcément
Plusieurs raisons pourraient expliquer la désertion parler et où il faut parfois jouer des coudes passé une
des bars à cocktails nouvelle génération par cette certaine heure : le cocktail bar moderne se veut festif
frange de la population. La première qui nous vient et ne correspond en rien aux attentes d’une clientèle
à l’esprit serait d’ordre culturel. On pourrait avan- plus mature qui, si elle est plus posée, n’est pas force-
cer que cette génération n’a pas la culture cocktail. ment rangée des bagnoles.
Certes, mais c’est oublier ceux qui ont connu dans Dans ces nouveaux bars, cette génération-là a simple-
leur jeunesse le pire de la mixologie : noms impro- ment l’impression de ne pas être à sa place. Cette im-
bables, équilibres et mélanges incertains, sucre à pression est par ailleurs amplifiée par un détail qui a
foison et jus de fruits à gogo, bars d’hôtel et prix pourtant ici toute son importance : l’âge du personnel
exorbitants comme seuls refuges. Que les souvenirs qui y officie. Le métier de barman en tant que carrière
laissés par le cocktail entre les années 1970 et 1990 est définitivement révolu et rares sont finalement les
en France soient loin d’être impérissables se com- bartenders de plus de 35 ans. Le fait d’avoir derrière
prend alors aisément. le comptoir des jeunes gens majoritairement âgés
Penser que cette génération reste figée dans une entre 20 et 30 ans ne fait qu’accroître le fossé.
mauvaise image du cocktail et n’est pas à l’affût, elle Où sont les quinquagénaires et sexagénaires alors ?
aussi, de nouveauté reviendrait néanmoins à la ré- Dans les bars à cocktails de la vieille garde et dans
duire “aux vieux cons” qui ne changent pas d’avis. les bars d’hôtel. Davantage par dépit que par choix.
Or, la ritournelle passéiste du “c’était mieux avant” C’est bien cela le plus triste dans l’histoire. ◊
Illustration Bastien Demnard
MIzuwarI
Un ritUel de saison
L
’été, quand le thermomètre s’en-
Le mizuwari est un mode de consommation flamme, même les plus accrocs ont
très prisé au pays du Soleil Levant, en tendance à bouder leurs whiskies
préférés. Il existe pourtant des so-
particulier au cours des repas. Il s’agit de lutions pour déguster vos malts en
déguster son whisky allongé d’eau plate et mode estival. Il suffit de s’inspirer
des Japonais qui, été comme hiver
accompagné de glaçons. Salvatore Mannino d’ailleurs, n’hésitent pas à ajouter
et Didier Ghorbanzadeh, deux grands fans de l’eau dans leur verre. Pas un trait
d’eau à la manière des Écossais : au
de mizuwari, jouent les guides qu’il s’agisse pays du Soleil Levant, on dilue carrément son whisky.
Lorsque l’eau est plate, on parle de mizuwari. Les Ja-
d’élaboration ou d’accords. ponais ajoutent même des glaçons dans leurs verres.
Même si on vous a toujours expliqué que la glace
anesthésiait les arômes, ne criez pas tout de suite au
sacrilège. Ce mode de dégustation, qui ne se limite pas
aux whiskies nippons du reste, s’avère très intéressant
gustativement, en particulier lorsque les températures
grimpent. Et puis en version mizuwari, vous pourrez
facilement déguster votre whisky tout au long du re-
pas. Alors, pour vous convaincre de tenter l’expérience
au moins une fois, nous avons demandé à Didier
Ghorbanzadeh, expert de La Maison du Whisky, spé-
cialiste du Japon, et Salvatore Mannino, brand ambas-
sador à La Maison du Whisky, deux grands amateurs
de mizuwari, amoureux du Japon, de partager leurs
accords favoris. Des accords de saison, très simples,
qui devraient facilement vous séduire. D’autant que
selon les deux experts, les mizuwari se marient bien
avec pratiquement tous les plats. En revanche, tous les
whiskies ne fonctionnent pas en mizuwari, en particu-
lier les malts élevés en fûts de xérès. La dilution fait
généralement apparaître des notes de café pas idéales
pendant le repas. Un profil qui peut tout de même
être intéressant au moment du dessert. «Au Japon, le
whisky est principalement bu à table, explique Salva-
tore Mannino. Allongé d’eau, il est plus accessible et il
accompagne facilement le repas. Même dilué, l’aroma-
tique est toujours présent et cela permet à de nouveaux
Salvatore Mannino et Didier Ghorbanzadeh, deux grands arômes très fruités et fins de se manifester. Cela dit, at-
amateurs de mizuwari, amoureux du Japon.
tention, la quantité d’alcool reste la même !» ◊
112 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
en
L
les bars de qualité n’y
e consensus bar du quartier décida propose également meilleur spécialiste sont pas légion. L’ex-
général qui se de jeter l’éponge le plus grand choix de l’Archipel en ception qui confirme
dégage chez les après quinze années d’embouteillages Arran matière de whiskeys la règle, c’est le Bar
amateurs à la fois d’activité, les deux disponible au Japon. américains : sa cave Fos et c’est un secret
de spiritueux et de frères comprirent que Dernier point, mais patiemment constituée bien gardé. Paisible
grands voyages, le temps était venu non des moindres : les pendant plus de trois et intime, il occupe le
c’est que nulle autre de se lancer dans prix sont raisonnables. décennies offre la rez-de-chaussée d’une
ville au monde n’arrive l’aventure. C’est ainsi possibilité de faire un maison traditionnelle
à la cheville de Tokyo que tout en ayant Malt Bar south park remarquable “voyage japonaise : oui, on
pour ce qui est du conservé leur activité (nakano) dans le temps liquide”. est censé retirer ses
nombre, de la variété professionnelle, ils Ce bar est situé à quinze chaussures avant d’y
et de la qualité de ses veillent aux destinées minutes à pieds de la Bar BenFiddich (shinjuku) entrer. On n’en partira
débits de boissons. du bar en soirée. gare la plus proche, ce L’établissement pas sans avoir goûté
Toute liste ne peut être Associant à une qui pour les Tokyoïtes ressemble à un l’embouteillage maison
qu’irrémédiablement carte soigneusement est loin… très loin. Pour croisement entre du bar, un single cask
partiale, mais les dix élaborée une cette raison, il n’est un laboratoire Chichibu.
bars présentés ci-après atmosphère jamais bondé, du moins d’alchimiste et une
feront un bon point de décontractée, celui-ci du côté clientèle du échoppe d’apothicaire,
départ. Tokyo regorge est l’endroit idéal pour comptoir. En revanche, mais que l’on ne
certes de nombreux décompresser. de l’autre côté, les s’y trompe pas, sa
établissements étagères sont surpeu- raison d’être, ce
excellents, mais si vous Bar espace rassurants plées. Près de 2 000 n’est pas l’image ni
faites l’impasse sur (akasaka) flacons sont disponibles le spectacle, mais la
l’un de ceux-ci, vous Situé au cœur du au verre : un choix qui qualité des cocktails.
manquerez vraiment quartier branché devrait satisfaire tous Hiroyasu Kayama,
quelque chose. d’Akasaka, ce bar est les palais. Goûtez les le propriétaire-
certes minuscule, embouteillages single barman, élabore ses
Bar Gosse (MeGuro) mais sa sélection de cask Yamazaki du pro- créations sur la base
Dirigeant cet whiskies japonais priétaire… s’il en reste. de botaniques, épices
établissement avec est inégalée à Tokyo. et liqueurs rares. Il
son frère Atsushi, Son propriétaire, Go Milwaukee’s cluB (nishi prépare même un
Satoshi Yui avait Hashimoto, est un kawaGuchi) “Campari” maison à
songé à ouvrir son inconditionnel des Si, techniquement, partir de cochenille
propre bar à l’époque malts d’Ichiro : si l’établissement est moulue. Il est parfois
où il prendrait sa vous ne jurez que par situé dans la toute difficile de parvenir
retraite du monde de la Chichibu ou Hanyu, proche banlieue à entrer dans le bar,
finance. Mais lorsque c’est ici que vous devez de Tokyo, il figure mais il vaut la peine
le propriétaire d’un aller. L’établissement dans la présente d’attendre.
2 - Wasabi frais
Vous connaissez sûrement le wasabi, ce condiment
vert piquant qui relève nos sushis. Mais avez-vous
déjà goûté au vrai wasabi, celui qui ne provient pas
d’un tube, mais que l’on frotte sur une râpe en peau
de requin (aussi un joli cadeau par ailleurs) ? Car
s’il s’avère très compliqué de rapporter du thon du
grand marché de poissons de Tsukiji, les racines
entières de wasabi, elles, seront parfaites pour épa-
ter vos amis à la prochaine soirée sushi.
3 - Jeans
Il était un temps, on me demandait de rapporter
des Levis quand je revenais des États-Unis. À ma
grande surprise, ce sont les Japonais aujourd’hui
qui sont devenus les rois du denim. Tout comme
pour leur whisky, c’est en reprenant les techniques
originales et en y apportant leur précision et exi-
gence qu’ils y sont parvenus. L’histoire se répète !
4 - Verrerie et vaisselle 4
Kappabashi-dori, c’est une longue rue à Tokyo
dédiée aux professionnels de la restauration. Les
bartenders s’y rendent pour trouver des bar tools
japonais à bon prix (voir page 130), mais ils se
laissent souvent tenter par d’autres jolis objets.
Outre les superbes verres taillés de Kagami Crys-
tal ou les tumblers ultrafins de chez Usuhari, ce
sont les bols en céramique, plateaux laqués, ben- 6 - Atarime
tos et autres vaisselles qui font vite atteindre la Qui dit saké dit atarime ! Ces petits snacks de cal-
Photos © MaxG Photography-© Antb-© Honeybee49-© Manuel Ascanio-© Atsushi Hirao-© Sopacha Nirothon-© Kei Shooting/Shutterstock.com
limite des 23 kg pour les valises ! mars séchés s’apparentent un peu à un beef jerky
de la mer. Coupés en lamelles, il n’y a rien de tel
5- Kit Kat au matcha pour accompagner un verre de saké ou encore un
Les vrais gastronomes auront acheté du bon thé whisky bien iodé “on the rocks”. Apparemment, le
matcha au sous-sol gourmet des grands depart- réchauffement climatique en rend la pêche plus
ment stores tels que Mitsukoshi ou Isetan. Sinon difficile, conduisant à une pénurie dans tout le Ja-
en dernier recours, il y a toujours le Kit Kat au pon ces derniers temps. Après le whisky, le calmar. 6
matcha du duty free. En effet, la grande marque de Rien ne va plus !
biscuits chocolatés sort de nombreuses déclinai-
sons au Japon, allant des plus classiques comme 7 - Saké
la fraise jusqu’au Kit Kat au saké, très surprenant ! Pour remplir les choko, les petits verres à saké ache-
tés plus tôt à Kappabashi-dori, il faut un bon saké.
Pour ceux qui découvrent seulement maintenant
cette boisson fermentée de riz, le mieux est de rester
sur la catégorie premium des ginjo, dont la subtili-
té et le fruité se rapprochent d’un vin blanc délicat.
Ils sont parfois en dégustation dans les aéroports.
J’avais ainsi rapporté à l’époque un superbe saké
local de Hokkaido produit dans un igloo !
japon
Le Saint-GraaL
du barman
L
Aucun autre pays n’a plus influencé ongtemps, le Japon fut fermé au reste du
monde. Cette période d’isolement volon-
le revival cocktail que le Japon. Des taire, appelée sakoku, dura un peu plus de
outils du barman au travail de la deux siècles. Ce n’est qu’avec l’abdication
du shogun Yoshinobu Tokugawa en 1867 et
glace en passant par la gestuelle, l’arrivée au pouvoir de l’empereur Mutsuhi-
to que l’archipel commença à s’ouvrir, à se
les techniques ou le service, le moderniser mais aussi à s’occidentaliser. Ce fut
bartending japonais constitue un le début de l’ère Meiji qui vit notamment la ville
d’Edo être rebaptisée Tokyo, “la capitale de l’est”.
Saint Graal pour les pros du shaker Et c’est non loin de Tokyo, à Yokohama, qu’au-
occidentaux. Et ce peut-être avant raient été servis les premiers cocktails au pays du
Soleil Levant et ce dès 1874 selon Kazuo Ishikura,
tout parce que l’art du cocktail auteur spécialisé dans l’histoire nippone du cock-
nippon tient davantage d’un artisanat tail. Le premier bar à cocktails japonais aurait ain-
si été le bar de l’hôtel Yokohama, hôtel à la mode
que d’une industrie encline aux occidentale construit par le Hollandais Hufnagel.
phénomènes de mode. Il semble toutefois que ce fut l’arrivée de Louis Ep-
pinger à la direction du Grand Hôtel de Yokohama
en 1889 qui marqua véritablement le début de la
culture cocktail japonaise.
Un Allemand à Yokohama
Louis Eppinger appartenait à la génération des
Harry Johnson et autre William Schmidt, ces
bartenders allemands émigrés aux États-Unis et
entrés au panthéon de l’Histoire du cocktail. Offi-
ciant à San Francisco et Portland dans les années
1870, Eppinger est surtout connu pour sa carrière
japonaise au sein du Grand Hôtel de Yokohama
qu’il dirigea de 1889 jusqu’à pratiquement sa mort
à 77 ans, en 1907. Un cocktail reste associé de façon
indélébile à son nom, mais aussi au Japon, sans
que l’on ne sache si Eppinger en est réellement le
créateur : le Bamboo, délicat mélange de vermouth
dry et de xérès rehaussé de quelques touches de
bitters. On sait toutefois que l’origine du Bamboo
est américaine et que sa création date du milieu
Ci-dessus :
Hiroyasu Kayama (à
des années 1880. L’indication de William T. “Cock- Mythique Ginza gauche), le magicien
tail” Boothby dans son livre World Drinks and How Aujourd’hui encore Ginza reste emblématique de des épices du bar Bar
To Mix Them en 1908, “Originated and named by l’art du cocktail à la japonaise, réputé pour ses bars BenFiddich, et Rogerio
Igarashi Vaz (à droite)
Mr. Louis Eppinger, Yokohama, Japan”, a cepen- à cocktails “traditionnels” et ses barmen en veste du Bar Trench, deux
dant gravé dans le marbre le Bamboo comme blanche aussi aguerris que parfois âgés. Ce n’est talentueux représentants
une signature d’Eppinger en provenance directe donc pas un hasard si Ryu Sasakura, le bartender de la nouvelle vague du
du Japon. Durant ses dix-huit années de ser- du manga éponyme, agite son shaker dans un bar cocktail japonais.
Photos © Bar Trench-© Bar BenFiddich-DR
vice, Eppinger a formé son personnel, des locaux de Ginza. Et oui, les Japonais ont même un des-
contrairement aux clients de l’hôtel majoritaire- sin animé consacré au cocktail ! Ginza compte
ment étrangers. Ce sont ces disciples qui auraient ainsi son nombre de temples dédiés aux cock-
ensuite répandu leur savoir cocktailien appris de tails (Star Bar, High Five, Mori Bar, Tender Bar,
source sûre à travers le pays, notamment dans le Bar Radio, Bar Orchard, Kisling, Bar Lupin…) et
quartier de Ginza à Tokyo où au début du siècle autant de maîtres es-cocktail y officiant tel Takao
dernier des établissements influencés par les cafés Mori, 72 ans et grand spécialiste du Martini. C’est
de style européen comme Maison Konosu, Café aussi cela le bartending japonais : des barmen qui
Printemps ou Café Lion mirent particulièrement à continuent à œuvrer quand pratiquement tous de
l’honneur les boissons mélangées. ce coté-ci du globe sont déjà à la retraite. Voir des ➔
Umami
La cinquièMe saveur
Découvert au Japon au début du XXe siècle,
l’umami demeure une saveur mystérieuse pour
la majorité des palais occidentaux. Devenue
tendance depuis quelques années seulement,
la cinquième saveur fait ombien existe-t-il de saveurs ? Dans son Traité
pourtant depuis longtemps de la sensation et des choses sensibles, le phi-
losophe grec Aristote en relevait sept : «le gras
le bonheur des industriels est la saveur du doux ; le salé et l’amer sont à
de l’agroalimentaire sous peu près la même saveur ; le fort, l’acre, l’aigre
et l’acide sont les nuances intermédiaires.»
sa forme cristallisée: le Sept, c’est également le nombre de saveurs
glutamate de sodium. Mangez, utilisées par Polycarpe Poncelet au début du
XVIII siècle pour mettre au point son orgue
e
c’est forcément bon. des saveurs, instrument dont il décrivit le prin-
cipe dans sa Chimie du goût et de l’odorat, ou
Principes pour composer facilement, & à peu de
frais, les liqueurs à boire, & les eaux de senteurs…
Mises en correspondance avec les sept notes de
la gamme musicale puisque «pour l’agrément
des liqueurs, il dépend du mélange des saveurs,
dans une proportion harmonique», l’acide y ré-
pondait ainsi à l’ut ; le fade au ré ; le doux au mi ;
l’amer au fa ; l’aigre-doux au sol ; l’austère au la
et le piquant au si. L’histoire ne dit pas si la li-
queur obtenue était particulièrement goûtue
mais elle témoigne que l’abbé Poncelet inventa
le Pianocktail de Boris Vian deux siècles avant
ce dernier.
En 1751, le naturaliste suédois Carl von Linné,
dans sa Philosophia botanica, en rajouta trois
pour arriver à dix : douces, grasses, acides, vis-
queuses, aqueuses, acres, styptiques, amères,
salées et sèches. L’escalade aurait sans doute
continué si Adolf Fick n’avait coupé court à la
surenchère en 1864. Le physiologiste allemand
détermina en effet que l’ensemble des percep-
tions gustatives résultait d’une combinaison
additive de quatre saveurs primaires (le salé, le
cUisine de grands-mères
sapide et
gOUrmand.
mique, guanylique et inosinique. Le glutamate
est ainsi présent dans la tomate, l’oignon, l’as- Étroitement lié à la culture culinaire nippone
perge, le brocoli, le fromage, les champignons car découvert au Japon grâce à un bouillon
ou la betterave ; le guanylate dans les shiitakes,
les cèpes ou les morilles séchés et l’isonate dans
qui constitue l’une des bases de la cuisine lo-
cale, l’umami n’a pourtant rien de spécifique- en Un mOt,
Le gOût
le thon ou la bonite séchée, les sardines, le porc, ment japonais. La cuisine française, avec ces
la volaille ou le bœuf. Constituant, avec le shoyu, plats en sauces ou longuement mijotés, est elle
la base de la cuisine japonaise, le bouillon dashi aussi umami. Comme la cuisine italienne et
exprime à lui seul l’essence même de la saveur
umami. Les trois ingrédients qui le composent
contiennent en effet les trois acides aminés
son renfort de parmesan dans les pasta ou le ri-
sotto. Même le burger mêlant fromage, viande
de bœuf et tomate est finalement umami… La
dU bOn.
responsables de l’umami. En mariant entre eux récente mode de l’umami a ainsi de quoi faire
des ingrédients contenant l’une de ces trois sourire. Ou comment faire passer pour une nou-
substances, on décuple d’ailleurs leur goût. La veauté auréolée d’exotisme japonisant tendance,
fermentation, la maturation, le séchage ou les une saveur que nous connaissons tous depuis
cuissons longues développent aussi davantage toujours sans réellement réussir à la définir. De
l’umami. C’est pourquoi des ingrédients comme récentes recherches sur le sujet ont d’ailleurs dé-
le parmesan ou le poisson séché en possèdent montré que l’umami est également présent dans
une forte teneur. Difficile pourtant de décrire le lait maternel. Pour un peu que vous ayez été
précisément la saveur umami. On dit souvent allaité par maman, vous avez donc goûté à la sa-
de celle-ci qu’elle a le goût d’un bouillon ou de veur umami depuis votre plus tendre enfance. ◊
Photos Sakoodter Stocker-Matunaga N-Peter Hermes Furian/Shutterstock.com
OsmazOme vs e621
Au début du XIXe siècle, le chimiste Louis amer
Jacques Thenard découvrit une substance
sapide un peu similaire dans des extraits de acide
viande qu’il nomma osmazome. Brillat-Savarin,
dans sa Physiologie du Goût parue peu avant Umami
sa mort en 1826, en chanta les louanges la pré-
sentant comme «le plus grand service rendu par saLé
la chimie à la science alimentaire». Ce ne fut
pourtant pas l’osmazome de Thenard qui fit le sUcré
bonheur des industriels de l’agroalimentaire
mais l’umami de Ikeda. Car si, pour reprendre
Raymond Loewy, le beau fait vendre, le bon
Saké
et
foie graS
D
epuis le mois de mai, Mathieu Pacaud est aux
commandes d’Apicius, l’un des plus beaux res-
taurants parisiens. À 37 ans, le jeune chef étoilé,
déjà à la tête du Divellec (Paris 7e) et des cui-
sines du Domaine de Murtoli, en Corse, prend
ainsi la relève de l’emblématique Jean-Pierre
Vigato. Un pari osé à la hauteur de son talent et de son
ambition. Celle de faire de ce superbe hôtel particulier
du XVIIIe à deux pas des Champs Élysées «le Maxim’s
du XIXe siècle». Pour cela, il ne compte pas seulement
Sa curiosité et sa sur le restaurant : le bar dirigé par Gabin Fouquemberg
sensibilité en font l’un avec la complicité de Julhia Claviez a également un
des bartenders les plus rôle à jouer. Il a d’ailleurs eu droit à un petit lifting lui
aussi. Désormais, même s’il est toujours possible d’y
pointus de la scène déguster un cocktail sur-mesure, une carte a vu le jour.
cocktail française. Pointue mais accessible, en particulier en termes de
Thomas Girard le prouve budget au regard du standing des lieux et du quartier,
une fois encore avec elle a été imaginée par Thomas Girard. S’il a un faible
pour le calvados, le consultant est également sous le
son alliance inédite qui charme du saké qu’il considère comme «une nouvelle
marie foie gras, l’un des arme pour les bartenders permettant d’explorer des
grands classiques de la territoires inédits». Il a d’ailleurs imaginé un cocktail à
gastronomie française, base du saké Tengumai Yamahai (5 cl), un junmai éla-
boré dans la région de Ishikawa par Shata Shuzo, de
avec un cocktail à base l’umeshu Niwa no Uguisu (2,5 cl), une liqueur de prune
de saké, une création japonaise, et du whisky Nikka Coffey Malt (0,5 cl). «Ce
résolument avant- saké est très intéressant pour sa richesse et sa complexi-
té, explique-t-il. J’aime beaucoup sa texture, ses notes
gardiste. un peu oxydatives et son côté beurre noisette. L’umeshu,
qui est peu sucré, offre des arômes fruités et une belle
acidité qui vient contrebalancer la richesse du foie gras.
Quant au whisky, il apporte une touche épicée au cock-
tail qui est sur le fruit et la rondeur mais très équilibré.
Apicius Cela fonctionne bien avec le foie gras du chef qui est cuit
20 rue d’Artois, Paris 8e à la vapeur et servi avec de la rhubarbe confite et des
Tél. : 01 43 80 19 66 cerises flambées.» ◊
126 Whisky Magazine & Fine Spirits N°71
playgroUnd
Par Cécile Fortis et Gaylor Olivier
Coup de
Cœur
Cravan
le renouveau du CaFé à la
FrançaiSe
U
n ovni vient de se poser sur la scène cocktail
parisienne. Son nom ? Cravan en hommage à Arthur
Cravan, boxeur, poète et fondateur de la revue
Maintenant, disparu à la frontière mexicaine en 1918.
Un patronyme qui en dit long sur la philosophie
du lieu. Son adresse ? Rue Jean de la Fontaine, en plein
cœur du 16e arrondissement. Un quartier quelque peu
endormi où le cocktail est encore synonyme de palace. mais dénuée de nostalgie. Qu’il s’agisse du Tunnel (gin,
Récemment installé au pied d’un superbe immeuble dry vermouth, Campari), du Yellow Cocktail (gin, Suze et
Art Nouveau signé Hector Guimard, dans un très beau Chartreuse jaune) ou encore de son sublime Bloody Mary,
café qui a vu le jour en 1911, Franck Audoux a bien chacune de ses créations impressionne par sa précision
l’intention de changer la donne. Le pari est audacieux et son équilibre. Au-delà des cocktails aux prix tout
mais son parcours nous fait dire qu’il va le relever sans doux (12 €) vu le quartier, on passe aussi chez Cravan
difficultés. Il a en effet écrit l’histoire du Chateaubriand pour le très bon café et les plats, simples mais eux aussi
et du Dauphin avec le chef Inaki Aizpitarte. Il a aussi été parfaitement exécutés à partir de produits sélectionnés
l’un des premiers à faire le lien entre la gastronomie et les comme la salade César, le hot dog, le steack & eggs ou
cocktails. Autant dire qu’il a de belles cartes en main pour encore l’Eton mess. Avec une mention très très spéciale
imaginer ce qui sera certainement le nouveau café à la pour le finger sandwich d’araignée de mer : un petit
française : un lieu exigent, loin des standards habituels, “oreiller” fait de pain de mie japonais, tout aussi moelleux
ouvert tous les jours dès 8 heures du matin jusqu’à 23 que goûteux, totalement addictif. Vous l’aurez compris, le
heures. Inspiré par l’histoire du cocktail français, Franck monde du bar est en passe de faire sa révolution et c’est
a d’ailleurs créé une carte de cocktails tendance vintage dans le 16e arrondissement que ça se passe.
sement, il donne lui aussi la part belle aux grands classiques : Negroni, Dry Martini, Old Fashioned ou encore Side-
car. Les drinks sont à l’image des assiettes : plutôt bien faits et servis avec attention mais ne vous attendez pas à
retrouver le style créatif qui fait le succès de De Soto. Les prix sont un peu élevés, fidèles au standing du quartier.
Cela dit, à ce tarif là (de 13 € à 40 €), vous aurez droit à un petit assortiment de fruits secs pour accompagner votre
verre. Suffisamment rare pour être souligné.
le serpent à plUmes
CoCktails By night
Un drôle d’oiseau a élu domicile place des Vosges jusqu’alors
peu fréquentée par les noctambules. Un Serpent à Plumes qui se
plaît à brouiller les pistes… Il vous faudra en en effet traverser une
boutique de pyjamas et emprunter l’escalier qui mène au sous-sol
Giulia
Pour Les Rouquins, leurs assiettes ciselées, leurs canons à l’accent du
pour découvrir ce nouveau bar à cocktails. Sous de magnifiques Sud et l’ambiance toujours très festive, on n’hésitait pas à traverser Paris.
voûtes en pierre, si le bar a de l’allure, l’impressionnant canapé Avec Giulia, l’histoire risque de se répéter. Cette fois, Serge Lacombe et
De Sede DS-600 en vinyle blanc en jette lui aussi. Quant à la Richard Liogier comptent vous attirer dans le 14e arrondissement, en face
carte des cocktails, signée Kévin Ligot, elle réserve également des Rouquins, avec des pizzas. Des pizzas de compét’ évidemment ! Ils
de jolies surprises comme ce Days of Being Wild (mezcal Vida, ont bossé plusieurs mois sur la pate qui ne manque ni de caractère,
jus de concombre pimenté, citron vert, bitters, blanc d’œuf) ni de finesse et encore moins de croustillant. Elle est d’autant plus
ou ce Separate but Together (Nikka From The Barrel, jus de addictive qu’elle accueille exclusivement des produits d’exception
pamplemousse, dénichés chez des petits producteurs italiens. Côté drinks, qu’il s’agisse
sirop de pollen, de vins ou de cocktails, l’Italie est également à l’honneur. Lors de
pamplemousse notre visite, quelques jours après l’ouverture, la carte des cocktails se
bitters, espuma de limitait à un Spritz et un Americano
thé matcha). En mais les créations de Stanislas Jouenne
revanche, évitez ne devraient pas tarder à entrer en scène.
l’heure de l’apéritif : Au regard du back bar de Giulia, qui
ce Serpent à Plumes peut se targuer d’aligner la plus grande
est un véritable collection de Nardini de tout Paris, et du
noctambule. talent du célèbre bartender, on s’attend à
de très beaux drinks.
Nippon
avec un débit réduit,
permettant de doser
ses recettes au plus
juste. Idéal aussi pour
stocker ses prépara-
tions maison !
cerisier en fleurs
SAKURA MARTINI
BaR goto
Un reverse Martini au saké, printanier avec
Ouvert en 2015, Bar Goto s’est
une jolie pointe saline. Le bien nommé Sakura rapidement fait un nom au
Martini, signé Kenta Goto du Bar Goto à New sein de la scène cocktail new-
yorkaise. Son créateur, Kenta
York, se hisse aisément au sommet de la Goto, qui a passé sept ans au
catégorie Sakétini. Kanpai! Pegu Club d’Audrey Saunders, le
définit lui-même comme un bar
à cocktails new-yorkais au style
japonais. Au menu : délicieuse
cuisine de bar japonaise et
drinks aux accents nippons tel
ce Sakura Martini ou un Umami
Recette Mary à base de vodka, shiitake,
dashi, miso, citron, tomate et
de kenta goto clamato.
• 75 ml de saké
• 30 ml de gin
• 0,75 ml de
liqueur de Luxardo
Maraschino
• Une fleur de
cerisier salée
Le saké en cocktaiL
C’est par le Sakétini,
Méthode ce Martini apparu dans
les années 1980/90
Dans un verre à mélange rempli où le saké remplace le
au ¾ de glaçons, verser l’en- vermouth dry, que le
semble des ingrédients puis “vin de riz” nippon a
mélanger à l’aide d’une cuillère fait son entrée dans la
à mélange. Servir dans une mixologie moderne.
coupette et y déposer une fleur Jusqu’à présent, aucun
Photo © Kenta Goto / Bar Goto
Vous avez formé Phil Ward, Giuseppe Gonzalez, Ivy Mix et bien
d’autres grands noms. C’est quoi le secret ?
Je peux montrer à n’importe qui comment faire de bons cocktails,
mais je ne peux pas changer leur personnalité. Lors des entretiens
d’embauche, ce qui compte le plus pour moi c’est ce qui se passe
Julie ReineR
entre le moment où ils entrent et celui où ils arrivent là où je les
attends. Quelle sensation transmettent-ils ? Dans notre métier, la
communication non verbale est très importante. Quand je regarde
en arrière et que je vois qui a travaillé avec nous et que je constate la
croissance de notre industrie, je suis très heureuse. Au début, il n’y
Head bartender au avait pas de talents sur le marché. Il fallait les former - et j’étais moi
aussi en pleine période de formation !
Clover NYC Les cocktails sont meilleurs aujourd’hui. Qu’est-ce qui n’a pas
Dans le monde du cocktail, Julie Reiner changé ?
Ici, il y a toujours eu une forte culture bar. Les gens sortent tous les
est incontournable. Née à Hawaii, jours de la semaine. Nous vivons dans de très petits appartements et
formée à San Francisco, elle fait les bars deviennent en quelque sorte nos salons. On y va pour voir
partie de ces quelques bartenders des amis, y passer quelques heures en buvant des cocktails.
qui révolutionnèrent New York au Justement, Clover Club est une référence mondiale mais, situé à
tournant du siècle. Derrière Flatiron Brooklyn, c’est un peu un bar de quartier, de proximité.
Photo © Virginia Rollison
C’est une ambiance relax, vous pouvez venir et boire une bière. Il y
Lounge (2003), Clover Club (2009) et avait une certaine prétention dans beaucoup de bars de Manhattan,
Leyenda (2016), cette figure marquante, des bars qui n’ont de cesse de vous dire qu’ils sont les meilleurs. On
qui a formé parmi les meilleurs a vu une réaction assez rafraîchissante. Les gens se sont fatigués des
nœuds pap’, des bitters maison et de barmen qui leur expliquent ce
mixologues de leur génération, reste qu’est la Chartreuse avant même de leur demander s’ils ont passé une
présente dans ses bars. bonne journée. ◊
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LAMBAY WHISKEY
IrLAndE
70 cL, 40%
€€
PAZ : FRANCOIS :
Nez : Nez :
Frais avec des notes de fleurs
blanches (jasmin, glycine, fleur
Riche et concentré. Très gourmand,
aux notes de boutons d’or, necta-
Un whisky fruité
d’oranger). Il combine le côté floral rine, peau de pêche, miel de fleur au nez et suave en
avec des amandes fraîches, des avec une touche de bois toasté. Il bouche, équilibré
pêches jaunes et des abricots mûrs
ainsi que des épices. Attrayant.
laisse entrevoir de la rondeur.
Bouche :
et élégant.
Bouche : La rondeur devinée au nez est
Franche avec des saveurs grillées bien présente. Bien que les
combinées avec des notes de miel, fleurs et fruits soient en retrait,
raisins secs et amandes grillées. la bouche se pare d’épices fortes
Une note de réglisse met en valeur (poivre noir, graines de moutarde)
le côté minéral. qui viennent soutenir un registre
FiNale : boisé tout aussi intense.
De persistance moyenne avec FiNale :
des notes de réglisse et de La finale est très logiquement
cardamome noire. dominée par une douce amertume
commeNtaire : sur le bois, relevée cette fois d’une avec
Un whisky fruité au nez et suave pointe d’anis vert. quoi
?
en bouche, équilibré et élégant. commeNtaire :
Un whisky gourmand. Des langoustines, noix
de coco, coriandre et
Note : 8,6/10 Note : 8,1/10 bouillon de citronnelle.
AIKAn
écoSSE
50 cL, 43%
€€
PAZ : FRANCOIS :
Nez : Nez :
Définitivement Une intensité modérée avec des
arômes qui me rappellent plus le
D’abord dominé par des notes de
cèdre et chêne toasté, le nez évo-
boisé, mais rhum que le whisky. Des fruits et lue sur des tonalités pâtissières,
joliment boisé ! quelques arômes terreux. Au deu- et plus particulièrement sur le
xième nez, on se tourne vers des croquant aux amandes et la tarte
arômes de chocolat et de café. aux cerises. De quoi lui donner
Bouche : des allures de whiskey américain.
Attaque sèche. C’est un whisky Bouche :
avec des saveurs sucrées et Encore une fois, le bois est très
épicées comme les abricots, clous présent, dans le goût (pain grillé,
de girofle, muscade et cannelle. La sciure de chêne) et dans la texture
bouche est fidèle au nez. (tannique, légèrement astringente).
FiNale : FiNale :
La longueur est moyenne, avec Malgré le peu d’espace dont elles
cette sensation de déguster plus disposent, quelques notes de sirop
un rhum qu’un whisky. d’érable et de miel de châtaigner
avec commeNtaire : arrivent à s’imposer brièvement.
quoi Parfait pour la mixologie. Tentez commeNtaire :
?
un White Russian, en remplaçant Définitivement boisé, mais joli-
Du bœuf en croûte. la vodka par du whisky. ment boisé !
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
ToMATIn FIrE
écoSSE
70 cL, 46%
€€€
PAZ : FRANCOIS :
Nez : Nez :
Un whisky Très expressif avec une touche
médicinale mais loin de l’iode et
Évoque une palette de couleur
allant du noir au violet, rappelant
doté d’un bel de la tourbe. Il y a du menthol, le cassis, les cerises noires, le cuir
univers, très mais aussi de l’artichaut et des de Russie et les lilas. D’une belle
cohérent. fruits mûrs ainsi qu’un côté
vineux, comme un amontillado.
fraîcheur.
Bouche :
Caramel et amandes grillées. Intense, l’attaque ne lésine pas
Complexe et intrigant. sur les épices. On y retrouve les
Bouche : fleurs ainsi que le cuir de Russie,
Un whisky avec beaucoup de per- qui lie subtilement les univers
sonnalité. Des notes de fruits très boisés et épicé.
mûrs, banane rôtie, ananas, raisins FiNale :
secs et prunes. Des épices fraîches La finale, bien qu’assez discrète,
(cardamome, muscade). Une note amène une douce amertume mal-
de fumée en fin de bouche. tée, tandis que quelques épices
FiNale : restent fermement accrochées
avec Toastée, avec des notes de au palais.
quoi café et de cacao. commeNtaire :
?
commeNtaire : Un whisky doté d’un bel univers,
une terrine de lapin. Un bon whisky persistant. très cohérent.
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
BLAdnocH SAMSArA
écoSSE
70 cL, 46,7%
€€€
PAZ : FRANCOIS :
Nez : Nez :
Un whisky avec Particulier avec des arômes
lactiques et de la noix de coco. Des
D’une belle puissance, le nez
s’ouvre sur le sablé au parmesan,
un bel équilibre notes de céréales, vanille, caramel l’abricot confit, la liqueur
en bouche. au lait et croûte de fromage. C’est d’orange ainsi que quelques
un nez très lactique et fruité (abri- feuilles de sauge.
cots, poires, pommes jaunes). Bouche :
Bouche : La bouche est souple, portée par
L’attaque est franche, les arômes une belle puissance. Côté aroma-
et saveurs lactiques passent en tique, elle affirme d’abord un peu
arrière-plan. Le whisky est sec plus son aspect fruité avant de
avec des notes d’amandes grillées, donner la part belle aux épices
massepain, abricots confits, zeste (gingembre confit, poivre blanc).
de mandarine et fleurs blanches. FiNale :
FiNale : La finale met quant à elle l’accent
La persistance est moyenne et, sur les céréales (bar de muesli,
à la fin, les notes lactiques biscottes aux céréales, pain
avec sont de retour. toasté..)
quoi commeNtaire : commeNtaire :
?
Un whisky personnel, avec un bel Bien fait mais manque un peu de
une glace de sabayon équilibre en bouche. subtilité.
aux amandes.
Note : 7,8/10 Note : 7,8/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ: ARTHUR :
NEZ : NEZ :
De faible intensité aromatique. Il
offre de légères notes de banane
Vif et poivré. Le verre s’exprime
à l’aération, les notes de citrons
Une finale
et d’agrumes comme le citron et s’ouvrent doucement puis chaleureuse
un souvenir de noix de coco. viennent les arômes laitiers. et volatile.
BOUCHE : BOUCHE :
Attaque sèche et moyennement Fraîche et légèrement acide. Le
corsée, aux notes de céréales lé- citron est encore de la partie,
gèrement grillées, à la très légère presque sorbet. Donne l’impres-
note de noix de coco, de banane sion de picotements sur les côtés
et d’agrumes comme le zeste de de la langue.
citron. La texture est douce et FINALE :
l’alcool très équilibré. Une finale chaleureuse et volatile.
FINALE : COMMENTAIRE :
L’équilibre de l’alcool, de la Une vodka assez classique.
texture et des saveurs est
remarquable en fin de la bouche. avec
quoi
COMMENTAIRE : ?
Les larmes sont denses. Cela res-
semble à une vodka de céréales Idéale pour réaliser
typique d’Europe de l’Est. un Cosmopolitan
classique et éternel.
NOTE : 8/10 NOTE : 7/10
VODKA FARONVILLE
FRANcE - 70 cL, 40%
€€
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Une référence Atypique. On dirait un très bon
pisco acholado. Floral, plus préci-
Surprenant. Les arômes de pain,
de levure, de farine complète et de
gourmande et sément glycine mélangée à de la son d’avoine dominent.
atypique. pomme verte, des raisins blonds, BOUCHE :
des pêches et des prunes jaunes. Gourmande, la bouche est
BOUCHE : céréalière, presque maltée. Le
La vodka la plus expressive que seigle et les graines de tournesol
j’ai jamais goûtée. On dirait une s’expriment en fin de bouche.
fantastique eau-de-vie de raisins FINALE :
blancs et rouges avec, d’une Une finale qui devient peu à peu
part, des notes de raisins secs et, florale, puis finement boisée.
d’autre part, des notes florales, COMMENTAIRE :
de prunes jaunes, de poires et de Une référence gourmande, chaleu-
pommes vertes. reuse et atypique. À suivre.
FINALE :
avec Longue, expressive et persistante.
quoi COMMENTAIRE :
? C’est idéal pour les amateurs de
pisco. J’adore cette vodka !
Un saumon gravlax.
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Particulier pour un gin. Belle
intensité aromatique. Notes de
Le nez est porté par des effluves
citriques, de genièvres puis her-
Un gin intriguant
genévriers, de fleurs blanches bacées (plantes alpines, aneth). qui joue sur les
comme la fleur d’oranger et de BOUCHE : plates-bandes de
miel. Bonbons à la réglisse, pin et
amandes fraîches.
Un côté vert apparait crescendo
en bouche : feuilles de citronnier
l’acquavit.
BOUCHE : fraîchement pilées. L’aneth finit
C’est un gin sec mais il a une par prendre le dessus dans une
attaque douce avec des notes vague de fraîcheur.
d’anis, de fenouil et de genévrier. FINALE :
Son côté plus végétal donne une Sur les herbes froides, le kum-
sensation intense en bouche. quat. Légèrement iodée.
Le miel et les fleurs d’oranger COMMENTAIRE :
occupent une place centrale. La Un gin intriguant qui joue sur les
texture est enveloppante. plates-bandes de l’acquavit. avec
FINALE :
quoi
?
Longue et persistante, la finale
est surtout végétale. Un poulet fermier au
COMMENTAIRE : four et fenouil grillé.
La rencontre de deux mondes.
ROKU gIN
JAPON - 70 cL, 43%
€€
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Un gin intense, Intense, aromatique et élégant.
Agrumes, zestes de citron et de
Évidemment le genévrier est pré-
sent, mais c’est par une pointe de
aromatique et mandarine avec du genièvre, poivre, de bois blanc, d’effluves
élégant. du pin et des concombres. Il y a de citron vert et de fraîcheur que
aussi des notes de fleurs comme ce gin affirme sa particularité.
la lavande et les pétales de roses BOUCHE :
blanches. Puis des notes de cèdre. L’attaque est souple, la fraîcheur
BOUCHE : s’évapore rapidement au profit
Très intense et aromatique. du citron glacé. Une bouche
Genévrier mais aussi une infinité assez classique, qui s’arrondit
d’autres éléments : combawa, jas- peu à peu.
min, magnolia, lavande et citron. FINALE :
FINALE : Finale plutôt longue, sur les fruits
Une finale pleine de parfums frais d’été.
avec et d’agrumes. D’une persistance COMMENTAIRE :
quoi admirable. Une référence somme toute clas-
? COMMENTAIRE : sique, qui doit bien s’exprimer en
Un jardin aromatique de cocktail.
Un carpaccio de bar. lavandes fraîches. Tout ce
qu’on attend d’un gin.
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Un profil aromatique un peu
difficile à comprendre.
Immédiatement genévrier, puis
le nez prend un virage à 180°
Une finale
BOUCHE : vers des arômes légumineux, de intense et
L’attaque sèche est surprenante. potager, presque pot au feu. persistante.
Elle se distingue par son intensité BOUCHE :
et sa force. Notes de géranium Froide et coulante. Picotante.
et d’agrumes tels que le citron, le Nous naviguons ici sur une pa-
pamplemousse et les manda- lette entre aneth, fenouil, botte de
rines. Notes de légumes comme carottes et sève de plantes vertes.
la carotte jaune, quelque chose FINALE :
de terreux. Texture huileuse et La fin de bouche évolue de la
équilibrée en alcool. sève à la menthe pour finir sur
FINALE : une fine réglisse, apportant un
Intense et persistante. Les notes peu de fraîcheur.
florales et végétales se combinent COMMENTAIRE :
dans une belle harmonie. Une eau-de-vie particulière, qui avec
COMMENTAIRE : se démarque par son côté végétal. quoi
Une expression pure en bouche, ?
plus intéressante qu’au nez.
Un caviar d’aubergine.
NOUAISON gIN
FRANcE - 70 cL, 45%
€€
PAZ: Arthur:
NEZ : NEZ :
Un gin pour Un peu timide, il s’ouvre lente-
ment. C’est un gin sauvage avec
Très genièvre dès l’ouverture du
flacon. Le nez est ensuite enrobé
les puristes, des notes rustiques. Genévrier, de citron de Menton et de plantes
amateurs de pin, un peu de terre. Du côté des alpines (génépi).
BOUCHE :
London Dry agrumes, le zeste de pample-
mousse se distingue. Sur la langue, les premiers mots qui
Gin. BOUCHE : viennent à l’esprit sont : grande flui-
Notes de genévrier, de pin, dité et verdure. Une alternance de
de cardamome et d’agrumes. végétaux se remarque (ciboulette,
Puis coriandre, angélique et carottes et radis).
concombres. Excellent équilibre FINALE :
et belle concentration de Une finale singulière sur des notes
saveurs et de gras. de citronnelle et de poivre gris.
FINALE : COMMENTAIRE :
Les notes de genévrier et de Un gin original, un peu dans la
réglisse sont prédominantes. même lignée que le précédent.
avec COMMENTAIRE :
quoi C’est un gin pour les puristes
?
amateurs de London Dry Gin.
Des tataki de thon.
NOTE : 8/10 NOTE : 6,8/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ : ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Très expressif, élégant et précis.
Notes végétales qui rappellent
Inattendu. À la croisée des
genres. À la fois tequila, eau-de-
Une eau-de-vie
l’anis, la cardamome et le fenouil. vie de prune et gin à la mûre. d’une grande
Puis apparaissent des notes florales BOUCHE : intensité de
comme le jasmin et des fruits
(ananas, pomme). Subtil et délicat.
Une première bouche plutôt
douce, très légèrement fumée.
saveurs.
BOUCHE : Au second passage, la bouche
Une note fumée rappelle la tequila est florale (fleurs blanches) puis
mais dans une version délicate. Des herbacée.
saveurs de poires mûres, de carda- FINALE :
mome, de graines de fenouil et de Une finale chaude, sur le feu de
carottes fraîchement récoltées. Une bois, les cendres, légèrement
légère note terreuse donne de la fumée.
complexité. La texture est huileuse. COMMENTAIRE :
FINALE : Une eau-de-vie spéciale, qui allie
D’une persistance moyenne des genres différents.
mais très délicate. avec
COMMENTAIRE : quoi
?
Une grande intensité de saveurs,
pure, agréable et équilibrée. Un guacamole épicé.
NOTE : 8,8/10 NOTE : 7/10
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Un calvados Sur le fruit : pommes rouges
fraîches et grillées. Dans un second
Clair et vif. Très axé sur le cidre,
riche en fruits, sur la pomme
fort agréable, nez, il y a du miel et de très légères fraîche, puis fermentée.
doté d’une belle notes de vanille et de jasmin. BOUCHE :
BOUCHE :
tenue en bouche. Intense avec beaucoup
Ample et gourmande. On retrouve
la fine pointe vinaigrée du nez, la
de personnalité. Plus grillée et bouche est souple et élégante, sur
fumée que le nez. Les arômes de la pomme au four.
pommes rouges rôties sont FINALE :
dominants, mais il y a aussi une Douce au départ, la finale se
note fumée et terreuse. révèle ensuite plus chaleureuse,
FINALE : sur des arômes pâtissiers (tarte
L’alcool en fin de bouche normande).
est un peu chaud. COMMENTAIRE :
COMMENTAIRE : Un calvados fort agréable,
Il a une double personnalité, chaleureux, doté d’une belle tenue
avec fine et fruitée mais intense en bouche.
quoi en même temps.
?
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Notes de fruits blancs et épicées
(vanille, cardamome, cannelle et
Fleuri et boisé. Le nez, expressif,
dégage une kyrielle de fleurs
Une finale tout
muscade). Puis une note de miel (pissenlit, bouton d’or), puis en douceur, sur les
et de caramel au beurre avec une quelques touches d’épices en fin fruits secs.
touche légèrement fumée. d’olfaction (cannelle, cumin).
BOUCHE : BOUCHE :
Belle intensité des arômes. Les Souple et onctueuse. Les fleurs
fruits et le pain grillé dominent. laissent la part belle aux fruits
Une note de miel et de fleurs confits (abricot, figue) et au boisé
équilibre la complexité de la (chêne liège, acacia).
bouche. La texture est suave. FINALE :
FINALE : Une finale tout en douceur,
D’intensité moyenne. volatile, chaleureuse, sur les fruits
COMMENTAIRE : secs.
C’est un cognac bien fait, avec un COMMENTAIRE :
bel équilibre entre les notes toas- Une belle référence de cognac, avec
tées et les notes de fruits secs. floral puis fruité, dotée d’une quoi
?
grande douceur.
Une fine tarte aux
abricots confits.
NOTE : 7,8/10 NOTE : 7,9/10
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Intense, pour Complexe et intrigant. Premier
nez sur les notes florales comme
Doux et rond. Une douceur
boisée se démarque tout d’abord
les amateurs la violette. Puis apparaissent des du verre. Puis vient le bois, cha-
de cognac pêches confites, des pommes leureux, presque exotique.
BOUCHE :
voluptueux. mûres et des poires caramélisées,
et enfin les fruits secs comme la Fraîche et douce. Texturée, facile
noix et les noisettes au caramel. à appréhender. Le bois se mêle
BOUCHE : subtilement aux fruits secs.
Une belle intensité de saveurs. FINALE :
La texture est onctueuse, corsée, Raisonnable, les arômes en toute
intense et structurée. fin de bouche laissent apercevoir
FINALE : des bois exotiques (acajou, teck).
Longue persistance. Les notes COMMENTAIRE :
grillées et caramélisées Un cognac plutôt simple, d’abord
occupent une place centrale en sur le bois, puis sur le fruit.
fin de bouche.
avec COMMENTAIRE :
quoi Intense, pour les amateurs
?
de cognac voluptueux,
Pour réaliser un avec corps et texture.
Sidecar de haut niveau.
NOTE : 7,9/10 NOTE : 7,6/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Intense et expressif. Les notes de
vieillissement sont les protago-
Prononcé et plein de chaleur. Le
boisé domine largement la partie.
Le milieu de
nistes, avec le caramel, la vanille, Des touches d’acajou fumé et de bouche est
la muscade et la réglisse. Arrivent dattes mûres se font sentir. très onctueux
BOUCHE :
ensuite la canne à sucre, le miel et
les fruits. Une note intéressante de Tempérée et picotante. Le bois
et soyeux.
fumée ajoute de la complexité. contrôle encore l’ensemble mais
BOUCHE : laisse un peu de place aux fruits
Attaque intense avec des notes de à coque et aux fruits secs en fin
miel, de canne à sucre, de pêches au de bouche.
sirop et d’abricots confits. Les arômes FINALE :
de vanille sont prédominants avec la Une finale assez longue, parado-
fleur d’oranger. Le milieu de bouche xalement herbacée provoquant
est très onctueux et soyeux. un vent de fraîcheur à la rétro-ol-
FINALE : faction
La mémoire de la canne à sucre COMMENTAIRE : avec
quoi
est évidente. Une référence agréable, qui se ?
COMMENTAIRE : démarque par une rétro-olfaction
Pour les palais qui aiment les végétale. Une glace à la noix de
spiritueux avec douceur. Pécan.
PAZ: ARTHUR:
NEZ : NEZ :
Un rhum qui a du Intense avec des notes de canne
à sucre naturelle, sauvage et en
Volatile et exubérant. Le nez
s’échappe sur des tons de ba-
répondant, même temps domestiquée par le diane, d’écorce, de cire d’abeille,
tourné sur les bois. Notes de caramel, de confi- de sève de pin, de mirabelle et
épices et le ture de lait, de noix caramélisées
et de vanille de Madagascar.
enfin de gomme.
BOUCHE :
végétal. Les fruits prédominants sont les Poussive et sèche. La bouche est
pêches et les figues. vive, chaleureuse, sur les esters et
BOUCHE : sur une belle palette végétale.
Une explosion de jus de canne à FINALE :
sucre mélangé à de la vanille, de Longue et en dents de scie. La
la muscade, de la cannelle et des finale se différencie de la bouche
clous de girofle. Très enveloppant par son côté verdoyant et frais,
en milieu de la bouche. presque eucalyptus.
FINALE : COMMENTAIRE :
Extrêmement persistante. Un rhum qui a du répondant,
avec COMMENTAIRE : majoritairement tourné sur les
quoi
? Pour le novice, nous rappelons épices et le végétal.
qu’il est bon d’ajouter quelques
Du chocolat aux gouttes d’eau pour équilibrer.
oranges caramélisées.
NOTE : 8/10 NOTE : 8,4/10
PRIX € Moins de 30 € €€ Entre 31 et 60 € €€€ Entre 61 et 100 € €€€€ Entre 101 et 180 € €€€€€ Plus de 180 €
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