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Décembre 2012
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dédicaces
Je dédie ce travail
2
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Remerciements
Je ne manquerais pas non plus de remercier infiniment tous ceux qui m’ont
enseigné un jour, à l’école primaire, au lycée et à l’université.
Je présente également mes vifs remerciements à tous les membres du jury qui ont
bien accepté de valoriser et de juger ce mémoire.
3
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
ABRÉVIATION
4
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ................................................................ 10
PARTIE 1 : LES PRODUITS ISLAMIQUES DE FINANCEMENT......... 14
CHAPITRE 1 : LE FINANCEMENT ISLAMIQUE : CONCEPT ET
PRINCIPES GENERAUX ........................................................................... 16
Section 1 : L’Histoire de la finance islamique ............................................................................. 16
1-3 L’établissement des premiers modèles d’institutions financières islamiques ......................... 18
2-1 L’accroissement des dépôts de fonds dans les pays du golfe persique .................................. 19
2-4 Rôles des législations dans le développement de la finance islamique ................................... 22
3-1 Développement des services financiers et création de nouveaux produits ........................... 23
5
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Section 3 : Comparaison entre financement par Mourabaha et financement par crédit bancaire
classique .................................................................................................................................... 59
Sous-section 1 : Présentation des formules de financement par Mourabaha offertes par les
banques tunisiennes .............................................................................................................................. 59
6
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
2-1 Points communs entre les deux modes de financement .......................................................... 65
Sous-section 1 : Régime fiscal en matière d’impôts direct au niveau des banques. ..................... 75
Sous-section 2 : Régime fiscal des biens acquis par voie de Mourabaha au niveau des clients. 85
Section 2 : Régime fiscal en matière de taxe sur la valeur ajoutée, de droits d’enregistrements et
des taxes parafiscales ................................................................................................................. 92
3-1 En matière de taxe sur la valeur ajoutée et des autres droits et taxes ...................................103
7
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Conclusion ...........................................................................................................................................105
1-1 Présentation des opérations d’achat /revente par le législateur britannique .......................107
1-2 Régime fiscal des opérations de financement achat /revente en matière d’impôt direct ..108
1-3 Régime fiscal des opérations de financement par achat /revente en matière de droit de
timbre et taxe foncière (Stamp duty land tax) .................................................................................111
1-4 Régime fiscal des opérations de financements par achat/revente en matière de taxe sur la
valeur ajoutée .......................................................................................................................................112
2-2 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière d’impôt Direct .............................116
2-3 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière de cotisation sur la valeur ajoutée
118
2-4 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière de droits d’enregistrement .........118
3-2 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière d’impôt Direct .............................120
3-3 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière de Taxe sur la valeur ajoutée .....121
3-4 Régime fiscal des opérations de Mourabaha en matière de droits d’enregistrement .........122
Section 4 : Mise en évidence empirique du régime fiscal Tunisien de la Mourabaha par rapport
aux expériences étrangères ....................................................................................................... 122
Sous-section 1 : Positionnement du régime fiscal par rapport aux expériences étrangères. ....123
8
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
1-2 Dans le cas où l’établissement de crédit n’est pas établi en Tunisie .....................................143
Conclusion ...........................................................................................................................................152
Bibliographie ................................................................................................159
9
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
INTRODUCTION GENERALE
1
Rapport JOUINI et PASTRE « enjeux et opportunités de développement de la finance islamique pour la place de Paris »
(décembre 2008)
10
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
- Des produits qui sont la reprise de pratiques anciennes, basées sur le principe
de partage des pertes et profits ;
- Des produits nouveaux quasiment identiques, dans leurs fonds, à ceux
offerts par les banques conventionnelles, sauf que la rémunération de la
banque n’est pas basée sur l’intérêt mais sur une marge qui permet aux
banques islamiques de ne pas être marginalisées au sein du système financier.
Ces deux catégories de produits confèrent aux banques islamiques un double profil,
chacun correspondant à une catégorie de produits. D’une part, elles peuvent être
assimilées à des banques d’investissement, d’autre part ce sont des établissements
financiers qui réalisent des opérations commerciales et financières pour leurs
clients.
2
Banque islamique de développement : introduction aux techniques islamiques de financement, acte de séminaire 37
septembre 1992.
3
Chariaa : la loi divine et le code de conduite des musulmans
11
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
orienter les décisions en grande partie, surtout quand il s’agit d’une charge
supplémentaire. Après l’importante croissance de la finance islamique dans le
monde au cours des cinq dernières années et l’introduction d’une nouvelle banque
islamique en Tunisie, il y a beaucoup de débats sur les règles fiscales applicables à
ces transactions. La réponse du législateur Tunisien à ces questionnements est
venue par l’institution d’un régime fiscal des opérations de Mourabaha prévu par la
loi de finances pour l’année 2012, qui devra résoudre les problèmes de double
imposition et de possibles enchevêtrements avec notamment la TVA et les droits
de mutation. Sur le plan international, le Royaume-Uni a entamé cette
harmonisation depuis 2002, c’est au tour de la France avec la publication par le
ministère de l’économie de l'industrie et de l’emploi sur son site Internet des fiches
de doctrine traitant des questions fiscales relatives aux opérations de Mourabaha.
Le Maroc quant à lui vient d’entamer une réflexion similaire.
12
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
- Une première partie introductive qui traitera dans un premier chapitre des
concepts et des principes généraux de la finance islamique. Le deuxième
chapitre sera consacré à l’étude de la Mourabaha comme mode de
financement pratiqué par les banques en vue de définir les mécanismes de
fonctionnement de ce mode et les conséquences qu’il peut avoir tant sur
l’établissement de crédit que sur le client ;
- Une deuxième partie qui traitera dans un premier chapitre de l’adéquation du
régime fiscal en vigueur de la Mourabaha aux caractéristiques propres de ce
mode de financement telles que définies dans la première partie. Le
deuxième chapitre sera consacré à l’étude empirique des expériences
étrangères afin d’une part de positionner le régime fiscal tunisien par rapport
à ceux prévus au Royaume-Uni, en France et au Maroc et d’en tirer les
enseignements et recommander les mesures d’adaptation du régime fiscal
tunisien d’autre part.
13
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
14
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Introduction
La finance islamique est une pratique qui prend de plus en plus d’ampleur ces
dernières années et constitue pour les acteurs économiques une alternative au
financement par crédit bancaire.
15
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Introduction
Une première phase de lancement qui s’étend de l’après deuxième guerre mondiale
jusqu’à la fin des années 1960. La deuxième étape commence à partir des années
1970 jusqu’à la fin des années 1990, elle constitue la période où la finance islamique
a connu une croissance importante dans le monde musulman. Enfin une troisième
époque, qui commence à partir de l’année 2000, et pendant laquelle la finance
islamique prend une dimension universelle.
16
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
L’époque de l’après deuxième guerre mondiale jusqu’à la fin des années 1960 a
connu la naissance des premières institutions financières islamiques. Plusieurs
évènements ont caractérisé cette période et qui ont contribué à la renaissance de la
finance islamique dont on note :
17
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
4
Source : http://www.oic-oci.org; date de consultation aout 2012
5
Michel RUIMY, la finance islamique page -30
18
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
2-1 L’accroissement des dépôts de fonds dans les pays du golfe persique
Depuis le début des années 1970, l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole) cherche à réajuster les prix du brut de pétrole. La première hausse
intervient au début de l’année 1970, lorsque l’Iran persuade ses partenaires du bien-
fondé d’une hausse modérée. En octobre 1973, la victoire israélienne lors de la
guerre de Kippour intensifie la crise et les pays arabes utilisent le pétrole comme
une arme économique. Le 18 octobre, l’OPEP double ses prix et réduit de 5% sa
production de brut. Après une multiplication par quatre du cours du brut en cinq
mois, le prix du baril passe de 2,59 dollars courants à 11,65 dollars courants en
mars 1974.
Cette flambée des prix du brut a profité aux pays producteurs et notamment les
monarchies musulmanes du Golfe persique qui ont enregistré une évolution
importante de leur PIB. Le tableau suivant retrace l’évolution du PIB de l’Arabie
Saoudite, l’Iran, l’Irak et l’Indonésie entre l’année 1968 et 1976. 6
6
Source: http://perspective.usherbrooke.ca
19
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
L’afflux des pétrodollars est au cœur des levées de fonds spectaculaires opérées par
les Etats du Golfe. Le prix du baril étant multiplié par quatre, ces pays disposaient
d’une manne financière considérable.
L’augmentation du revenu par habitant dans ces pays et la nécessité de réinvestir les
fonds collectés du ménage selon les modalités conformes aux principes de la Charia
constituaient un environnement favorable développement des IFI.7
7
IFI : Institution Financière Islamique
20
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
8
Source : http://www.oic-oci.org
9
La finance islamique : Geneviève Causse BROQUET REVU BANQUE édition 2009, page 22
10
Source : www.alrajhibank.com.sa
21
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
déployé dès le départ une activité internationale en implantant un réseau dans les
pays du sud de l’ex Union Soviétique, du Moyen Orient et du Maghreb.
11
La finance islamique : Michel RUIMY, ARNAUD FRANEL édition 2008 page 44
12
La finance islamique : Michel RUIMY, ARNAUD FRANEL édition 2008 page 44
22
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Jusqu’à l’année 2000 le système financier islamique était plutôt considéré comme
une niche de marché à la fois exotique et peu compétitive. Suite aux évènements du
11 septembre 2001, certains pays du Golfe, craignant le gel de leurs avoirs, ont
procédé en grande partie au rapatriement de leurs fonds déposés à l’étranger. Ce
13
mouvement de fonds a coïncidé avec l’augmentation du prix du pétrole et une
augmentation du volume de sa production. L’accumulation de la masse de liquidité
dans les pays du golfe a contribué à la progression de la finance islamique dans
cette troisième étape. L’activité de la finance islamique à cette époque a été
caractérisée par l’amélioration de la qualité des services bancaires et la création de
nouveaux produits ; facteurs importants qui ont contribué par la suite à
l’internationalisation de l’activité. Plusieurs mesures d’accompagnement ont
soutenu l’expansion de la finance islamique en l’occurrence, la création
d’organismes normalisateurs et des agences de notations.
13
Source : http://2000watts.org : Les prix moyens de baril de Pétrole à New York ont évolués de 23 $ en 2001
pour atteindre 95 $ en 2011
14
La finance islamique : Michel RUIMY, ARNAUD FRANEL édition 2008 page 39
23
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
citons les « soukouks » (obligations émises par les organismes, Etats ou entreprises),
créés en 2001 dans trois pays : la Malaisie, le Qatar et le Bahreïn.
Appelés souvent des obligations islamiques, les soukouks sont plutôt des produits
assimilables aux Asset-Backed Sécurities (valeurs mobilières adossés à un actif) de la
finance conventionnelle. L’émission de ces produits a permis aux banques
islamiques de se placer sur le marché financier soit en tant qu’émetteur de valeurs
mobilières ou en qualité de souscripteurs ou d’acheteur. A défaut d’un marché
monétaire interbancaire islamique, ce produit constituait la solution tant pour
absorber le surplus de liquidité que pour la collecte des fonds. Le marché des
soukouks est évalué à la fin de l’année 2007 à plus de 100 milliards de dollars.15
24
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
16
La finance islamique : Geneviève Causse BROQUET, REVU BANQUE édition 2009 page 23
17
Soukuks : Certificats d'investissement conformes à la Charia. Ils représentent l’équivalent des obligations
18
Rapport JOUINI et PASTRE « enjeux et opportunités de développement de la finance islamique pour la place de Paris »
(décembre 2008)
25
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
26
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Introduction
La finance islamique peut être définie comme « étant des services et opérations de
financement principalement mis en œuvre pour se conformer aux principes de la
Charia ».21
21
Source : Maroc, Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, la finance islamique Octobre 2011
27
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Durant les années 1980, le terme « opérations bancaires sans intérêt » a été utilisé
pour décrire une alternative à un système bancaire conventionnel. Mais ce terme est
un concept étroit, qui ne dénote qu’un principe isolé de la finance compatible avec
la charia. D’après les spécialistes, la finance islamique repose sur cinq piliers,
répartis en trois principes négatifs (l'interdiction de l'intérêt, l'interdiction de
l'incertitude, l'interdiction des secteurs illicites) et deux principes positifs (le partage
des profits et des pertes, l'existence d'un actif sous-jacent).
28
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
temps, convenu sans aucune relation avec les résultats éventuels de l’opération
financée »22.
Cette interdiction découle du rôle assigné à la monnaie. Elle est considérée comme
un instrument d'échange et d’étalon de valeur. Son rôle de réserve de valeur n’est
pas admis en islam. L’argent n’est pas considéré comme un bien susceptible de
générer par lui-même des revenus du seul fait de l’écoulement du temps. La finance
islamique considère que le fondement de la rémunération de l’argent placé est la
rentabilité de l’actif ainsi financé. Elle exclut par principe l’idée d’une rémunération
fixe, déconnectée de la rentabilité de l’actif financé.
Dans la terminologie des jurisconsultes, "Gharar" est la vente d'une chose ou d’un
produit qui n’existe pas à la date de la transaction ou la vente d’un élément qui est
la conséquence d’un événement dont la survenance est incertaine.
22
: La finance islamique : Geneviève Causse Broquet page 34
23
: Understanding Islamic Finance , Muhammad Ayub, John Wiley & sons edition 2007
29
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Les éléments traitant du gharar dans la littérature islamique sont beaucoup plus
moindre que celle de l’intérêt. Toutefois, les savants en la matière ont essayé de
transposer les traditions de l’époque du prophète au contexte actuel pour
déterminer si une transaction est compatible avec les principes de la Charia.
L'incertitude ne peut pas être évitée dans le monde des affaires. La prise de risque
est plutôt une condition pour la réalisation de profits. Le problème, cependant, était
que le degré d'incertitude rendant toute opération non conforme aux principes de la
charia n'avait pas été clairement défini. Dernièrement, « les chercheurs ont
différencié entre l’incertitude absolue et le degré d’incertitude acceptable et ont
déclaré que seules les transactions qui impliquent une incertitude excessive à l'égard
de l'objet et le prix dans un contrat devraient être interdites »24. Ils classent les
principes couvrant le gahrar (incertitude) comme suit :
24
Understanding Islamic Finance , Muhammad Ayub, John Wiley & sons edition 2007
30
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
31
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
25
: Mémoire Karim CHERIF : Analyse des produits financiers islamiques, page 18
32
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Ces deux récits aspirent à la justice sociale et à l’équité dans les transactions. Ils
signifient que le revenu ou le gain ne sont mérités qu’en assumant le risque associé
à l’activité exercée.
Des règles ont été édictées pour spécifier le cadre dans lequel un système bancaire
islamique pourrait fonctionner. Le point central qui le caractérise c’est que la
rémunération de participation de la banque dans le financement de l’investissement
ne peut être que sur la base du rendement effectif.
Dans la philosophie des banques islamiques, les clients sont des partenaires. S’ils
sont des déposants rémunérés, ils doivent accepter de partager les risques des
activités financées par leurs dépôts. S’ils sont emprunteurs, la banque participe au
projet (directement ou indirectement) et est de ce fait partenaire dans leurs activités.
33
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Introduction :
27
Equivalent en arabe :فقه المعامالت اإلسالمية
34
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
La Moudaraba peut être définie « par le contrat conclu entre un investisseur qui
apporte les fonds (rabb-al-mal) en l’occurrence la banque et un entrepreneur
(manager) appelé Mudarib qui assure le travail nécessaire et apporte son expertise
pour faire fructifier ces fonds dans une opération conforme à la charia »28 .
28
La finance islamique : Geneviève Causse broquet page 52
35
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
En cas de réalisation de profit, ce dernier est distribué entre les deux parties selon
un ratio qu’il convient de déterminer au moment de la signature du contrat. Le
manager ne peut prétendre à aucune autre rémunération que celle du ratio
initialement convenu. La perte financière incombe au propriétaire du capital ; la
perte du manager étant le coût d’opportunité de sa propre force de travail qui a
échoué de générer un surplus de revenu. En dehors du cas de violation du contrat
ou d’une négligence, le manager n’a pas à garantir ni le capital investi, ni la
réalisation d’un profit. Bien que le pourvoyeur de fonds puisse imposer, dans les
termes du contrat, certaines conditions que le manager accepte d’ailleurs, mais il n’a
aucun droit de s’ingérer dans le travail quotidien du Mudarib.
En tant que mode de financement pratiqué par les banques islamiques, les
déposants, dont l’argent fourni figure au passif de la banque, sont considérés
comme « rabb-al-mal », la banque étant le « Mudarib ». Les dépôts Mudaraba
peuvent former soit un pool commun, soit investis dans un projet ou un segment
d’activité bien précis. S’agissant de l’actif, la banque se comporte comme rabb- al-
mal vis-à-vis de l’entrepreneur manager qui joue le rôle du Mudarib. Cependant, le
manager est souvent autorisé d’associer le capital Mudaraba avec ses propres fonds.
Dans ce cas, les profits peuvent être partagés selon des ratios convenus entre les
deux parties, mais la perte incombe aux deux parties proportionnellement au capital
fourni par chacune d’elle.
36
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
souscrivent au capital d’une nouvelle société pour la réalisation d’un projet spécifique
(de type « joint-venture »), ou prennent des participations dans une société existante et
participent aux profits selon les indications consignées dans le contrat et aux pertes
proportionnellement à leurs apports respectifs dans le capital, sauf si la mauvaise
gestion est avérée »29.
Ce mode de financement se distingue de la moudharaba sur les aspects suivants :
- L'institution financière intervient non seulement dans la formation du capital
des projets à financer mais aussi dans la gestion. A ce titre, elle peut être
représentée dans les organes de gestion. Tous les associés, y compris la
banque, ont droit de regard sur la gestion du projet. Chaque associé y compris
la banque se réserve le droit de surveiller la bonne marche de l'opération et de
se retirer si les perspectives ne lui paraissent pas satisfaisantes ;
- Le partage des profits est fixé à l'avance indépendamment des apports initiaux.
C'est-à-dire que les bénéfices éventuels sont partagés selon les rapports fixés
par le contrat et qui ne sont pas forcément égaux aux rapports des apports de
fonds initiaux. Par contre les pertes éventuelles sont réparties exactement au
prorata des apports. ;
- Le manager reçoit une rémunération pour la gestion effective du projet avant la
répartition des bénéfices nets.
La Moucharaka apparait comme une forme de partenariat actif dans lequel, les deux
parties participent dans le capital et dans la gestion, et aussi dans les profits et les
pertes réalisés.
29
La finance islamique : Geneviève CAUSSE BROQUET page 57
37
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
bancaires offerts par les banques islamiques, nous allons présenter ci-après les
techniques suivantes :
- La marge est une rémunération du risque encouru par le banquier qui est
propriétaire des biens entre le moment où la banque prend livraison de la
commande et la revend à son client. Elle est donc responsable de tous les
dommages pouvant survenir.
- La marge négociée est fixe et ne varie pas durant la période de règlement.
30
http://www.pamecas.org/la-finance-islamique?start=1
38
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
2ème étape : le client acheteur signe une promesse d’achat à la banque assortie ou
non d’un dépôt de garantie.
5ème étape : un contrat de Mourabaha est signé entre la banque et son client
acheteur pour un prix comprenant le coût de revient plus une marge.
« Par Ijara, on entend tout contrat selon lequel un établissement de crédit met, à
titre locatif, un bien meuble ou immeuble déterminé, identifié et propriété de cet
établissement, à la disposition d’un client pour un usage autorisé par la loi. » 31
31
Source : http://www.apsf.org.ma
39
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce genre de financement, les banques islamiques ont vu une technique qui
s'accommode avec leur orientation de concourir au développement des économies
dans un strict respect de la Charia.
De première vue, ce produit financier peut être considéré comme non conforme à
la Charia du moment qu’il n’existe pas à la date de la transaction. Toutefois, la
vente Salam trouve sa licéité dans la Sunna. En effet, selon le Hadith d’Ibn Abbas,
« Le Prophète est arrivé à Médine à un moment où les gens achètent les fruits sur
une et deux années, il a dit : celui qui achète un bien qui lui sera livré
ultérieurement, qu'il le fasse en une mesure connue, un poids connu et à une
échéance déterminée ». (hadith rapporté par al-Boukhari et Muslim).20
32
Source :Banque Islamique de Développement : introduction aux techniques islamiques de financement
40
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
client. Dans la pratique des banques islamiques, deux contrats indépendants sont
établis : le premier engage l’institution financière à acheter les marchandises auprès
du fournisseur en contrepartie d’un paiement au comptant. Le deuxième est un
contrat de vente conclu avec l’acheteur soit par un paiement au comptant ou par
des versements échelonnés.
4ème étape : paiement par le client final du prix indiqué dans le deuxième contrat qui
correspond au coût de revient majorée d’une marge.
41
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Ce contrat présente des similitudes avec la vente Salam dans la mesure où l’achat
porte sur des biens qui n’existent pas à la date de conclusion du contrat. Il se
différencie de ce dernier par :
Les deux contrats portent sur le même bien mais sont indépendants.
33
Sounna : pratiques et usages du prophète Mohammad
34
Banque islamique de développement : introduction aux techniques islamiques de financement page 161
42
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
43
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Conclusion :
La finance islamique peut être définie comme « étant des services et opérations de
financement principalement mis en œuvre pour se conformer aux principes de la
Charia ».35 Elle est organisée autour des principes fondamentaux qui renversent la
conception traditionnelle de prêt à intérêt.
La « Mourabaha » est la forme la plus utilisée par les banques islamiques. Son poids
relatif est estimé à plus de 70% de l'ensemble des financements accordés par les
banques islamiques.36
35
Source : Maroc, Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières, la finance islamique Octobre 2011
36
Banque islamique de développement : introduction aux techniques islamiques de financement
44
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Introduction
La Mourabaha a été définie par L’Organisation pour la Comptabilité et l’Audit des
Institutions Financières Islamiques, plus connue sous son acronyme anglais
AAOIFI, comme étant : « …la vente d’un bien pour un prix égal au prix d’achat avec une
marge définie et approuvée par les parties. Elle peut être une vente simple, dans ce cas elle est
appelée Mourabaha ordinaire ou précédée par une promesse d’achat dans ce cas elle est appelée
Mourabaha bancaire. La marge de profit peut être un pourcentage du prix de revient ou un
montant fixe ».37
Bien que cette définition est apparue avec la publication de la norme de la chariaa
n°8 de l’AAOIFI, la Mourabaha est un ancien concept qui date de l’avènement de
l’Islam.
Ainsi il serait utile de présenter dans une première section le concept de Mourabaha
dans la littérature classique et de montrer son origine et les sources de cette
pratique ainsi que son évolution dans le temps. La deuxième section sera consacrée
à l’étude détaillée des caractéristiques de la Mourabaha bancaire telle que pratiqué
actuellement par les banques islamiques en se basant sur les normes publiées ainsi
que sur les pratiques du secteur.
En substance, le financement par voie de Mourabaha se rapproche du financement
par crédit bancaire. Toutefois, elle s’en distingue sur des points essentiels. Une
comparaison entre ses deux modes est présentée au niveau de la troisième section.
37
Norme 8 de l’AAOIFI a défini la Mourabaha comme suit :
ﺑﻧﺳﺑﺔ ﻣن اﻟﺛﻣن أو ﺑﻣﺑﻠﻎ ﻣﻘطوع ﺳواء،"ﺑﻳﻊ ﺳﻠﻌﺔ ﺑﻣﺛﻝ اﻟﺛﻣن اﻟذي اﺷﺗراﻫﺎ ﺑﻪ اﻟﺑﺎﺋﻊ ﻣﻊ" زﻳﺎدة رﺑﺢ ﻣﻌﻠوم ﻣﺗﻔق ﻋﻠﻳﻪ
أو وﻗﻌت ﺑﻧﺎء ﻋﻠﻰ وﻋد ﺑﺎﻟﺷراء ﻣن اﻟراﻏب ﻓﻲ اﻟﺣﺻوﻝ ﻋﻠﻰ اﻟﺳﻠﻌﺔ، وﻗﻌت ﻣن دون وﻋد ﺳﺎﺑق وﻫﻲ اﻟﻣراﺑﺣﺔ اﻟﻌﺎدﻳﺔ
وﻫو أﺣد ﺑﻳوع اﻷﻣﺎﻧﺔ اﻟﺗﻲ ﻳﻌﺗﻣد ﻓﻳﻬﺎ ﻋﻠﻰ ﺑﻳﺎن ﺛﻣن اﻟﺷراء أو اﻟﺗﻛﻠﻔﺔ. ﻋن طرﻳق اﻟﻣؤﺳﺳﺔ وﻫﻲ اﻟﻣراﺑﺣﺔ اﻟﻣﺻرﻓﻳﺔ
". ( ) ﺑﺈﺿﺎﻓﺔ اﻟﻣﺻروﻓﺎت اﻟﻣﻌﺗﺎدة
45
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Il faut dire que ce type de vente, bien qu’il a été largement pratiqué par les
commerçants durant la période préislamique, il était dépourvu d’un cadre
réglementaire qui fixe les normes de bonnes pratiques permettant d’assurer une
certaine équité entre les commerçants quant à la définition des prix de vente et des
caractéristiques des marchandises et biens pouvant faire l’objet de commerce.
Avec l’avènement de l’islam, des normes ont été établies pour définir les
caractéristiques des différents contrats de ventes dont la vente avec majoration du
prix de revient. La conformité à la Chariaa de ce type de contrat dérive des versets du
coran, de la sunna du prophète, du consentement de la majorité des savants
musulmans et du Quias (analogie).
L’islam a défini en outre les modalités de constatation de la dette. Celle-ci doit faire
l’objet d’un écrit qui précise l’échéance du terme et les modalités de règlement et que
des témoins soient présents.
46
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
soldats.
En effet, « Abdallah, fils de Amr Ibn El Ass, raconte ce-ci : " le Prophète (sur lui salut
et bénédiction) m'a ordonné de préparer les chameaux retenus sous ma garde, pour
une expédition. Je les ai alors mis à la disposition des soldats jusqu'au dernier d’entre
eux. Des soldats sont restés sans monture. J'ai alors dit : "Ô Messager d’Allah! Il n'y a
plus de monture, que dois-je faire pour le reste des soldats? Il me dit : « achète-nous
des chameaux, contre de jeunes chamelles qui seraient acquises au terme des
[prochaines] périodes de l'aumône légale, et cela autant qu'il est nécessaire ». [Abdallah
fils d'Omar] ajoute en disant : j'achetais un chameau contre deux et même trois jeunes
chamelles qui seraient acquises à la prochaine période de l'aumône légale. Au terme de
cette dernière, le Prophète (sur lui salut et bénédiction) remit les jeunes chamelles
[promises] ". »38
La majorité des juristes musulmans sont d’accord que les ventes Mourabaha sont
conformes à la Charia.
Imam Malek a traité de la vente avec marge dans le « Mowatta » , le premier code qui
regroupe les traditions du prophète. Selon lui, la Mourabaha est réalisée par l'échange
de biens dont les prix englobent une marge bénéficiaire convenue39. Il reconnait ainsi
la pratique de la Mourabaha dans une transaction de Troc (marchandise contre une
autre marchandise).
Ibn Rushd dans son œuvre « Bidâyat al-mujtahid wa nihâyat al-muqtasid » tome II
page 328 précise que : « l’ensemble des savants sont sur l’unanimité que les ventes
sont de deux catégories : Musâwama et Mourabaha. Dans la Mourabaha, le vendeur
cite à l’acheteur le prix d’achat initial de la marchandise et lui conditionne une marge
bénéficiaire… » 40.
38
Les sciences de la charia pour les économistes : les sources du Fikh, ses principes et ses théories, le Fikh des
transactions financières et des sociétés et son application contemporaine. Banque islamique de développement (Acte de
séminaire n°44)
39
: Understanding Islamic Finance , Muhammad Ayub, John Wiley & sons edition 2007
40
: source : http://www.doctrine-malikite.fr/La-Mourabaha_a122.html
47
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Selon le docteur Youssef Ben Abdallah Chebili41, les contrats de Mourabaha pour le
donneur d’ordre est une pratique ancienne et il appuie cette thèse en se référant à
l’imam Chaf’ei qui a dit : « si quelqu’un demande à un homme de lui acheter une
marchandise et de lui revendre cette même marchandise avec un profit, Cette vente
est légitime »42
41
: Fikh Al Mouamalt al Masrifia Tome 4 Page 9
42
: Fikh Al Mouamalt al Masrifia Tome 4 Page 10
48
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
transféré à l’acheteur qui paie le prix convenu à l’échéance (ou aux échéances)
prévue(s).
Toutefois, l’article 6 de ladite loi exclut de son champ d’application les crédits
accordés par les établissements de crédits et les ventes d’immeuble.
43
Understanding Islamic Finance , Muhammad Ayub, John Wiley & sons edition 2007 page 221
44 AAOIFI : l’Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial Institutions
49
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Le contrat de vente Mourabaha n'est valable que si les conditions suivantes sont
réunies:
- Le consentement des parties contractantes;
- Le prix; et
- L’objet de la vente.
Tout contrat de vente n’est légalement valable qu’à condition que son objet soit
“dans le commerce”. En effet, conformément à l’article 62 du Code des
Obligations et des Contrats, peuvent seuls former objet d’obligation, les choses, les
faits et les droits incorporels qui sont dans le commerce ainsi que toutes les choses
au sujet desquelles la loi ne défend pas expressément de contracter.
L’objet ne doit pas avoir disparu ou péri au moment de la vente. Il n’est pas
nécessaire que ces biens existent lors de la conclusion du contrat. Mais dans
certains cas, il peut avoir pour objet une chose future : c’est le cas notamment de la
vente de la chose à fabriquer à condition que les parties prenantes dans le contrat
expriment leur consentement sur l’objet et le prix et qu’elle ne soit pas interdite ou
entaché d’une incertitude quant à la probabilité de sa réalisation (article 66 alinéa 1
du C.O.C).
45
:Les encyclopédies Salah Amamou, Thème le contrat de vente.
51
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Outre les actifs et biens qui ne sont pas conformes à la Chariaa, la norme n°8 a exclu
du champ d’application de ce mode de financement les opérations de changes qui ne
peuvent pas faire l’objet de vente contre un remboursement à terme. Il en est de
même pour le financement d’un engagement par signature : un accréditif impayé ne
peut être converti en un financement en devises. En outre, l’intervention de la banque
ne peut porter que sur les biens tangibles ; les services et la main d’œuvre ne peuvent
pas être financés par Mourabaha.
Ce besoin peut être matérialisé par un document qui précise l’expression du besoin et
la promesse d’achat auprès de l’institution financière.
La promesse d’achat faite ne doit pas engendrer une obligation de résultat mise à la
52
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
53
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
La Mourabaha doit être matérialisée par un acte distinct de celui de l’acquisition par la
banque. De ce fait, le simple transfert de propriété à la banque ne peut constituer en
lui seul un contrat de Mourabaha conclu tacitement. De même la banque ne peut
obliger son client à signer le contrat de Mourabaha du seul chef de l’existence de la
promesse d’achat. Cependant, et en cas de renonciation de la part du client, la banque
peut demander un dédommagement égal à la différence entre le prix d’acquisition et
celui de la revente à un autre client. Comme nous l’avons développé précédemment
elle peut retenir le dédommagement sur les dépôts de garantie ; ou bien faire exécuter
l’option dans l’acte d’achat auprès du fournisseur.
Si la société a acquis le bien avec un crédit fournisseur celle-ci doit le mentionner dans
le contrat de Mourabaha.
54
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Le prix de revient est constitué du prix d’acquisition ainsi que les frais directs
supportés par la banque. Aux termes du paragraphe 4-4 de la norme de la chariaa n°8
de l’AAOIFI, la banque ne peut pas inclure dans le prix de revient les frais généraux
administratifs tels que la facturation des salaires du personnel de la banque.
Le vendeur (dans le cas d’espèce la banque islamique) et l’acheteur (le client) doivent
convenir une Marge à appliquer au coût de revient de la marchandise. Une fois le prix
fixé, il ne peut être augmenté. Toutefois, ce prix peut être réduit lorsque la banque
islamique reçoit un rabais ou une remise de la part du fournisseur initial de la
marchandise. L’AAOIFI admet la possibilité de détermination du prix de vente,
durant la période préalable à la conclusion de Mourabaha, en se référant à un taux
directeur tels que le Libor ou le TMM (en Tunisie). Toutefois, lorsque les parties sont
engagées dans un contrat de Mourabaha, le prix de vente fixé ne doit pas subir des
changements.
55
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Comme tout acte juridique, la conclusion d’un contrat de Mourabaha produit des
effets tant sur la banque que sur son client. Ces conséquences peuvent être présentées
selon la chronologie du déroulement de l’opération.
Par ailleurs, et par souci de conformité, la banque doit s’assurer que les offres de prix
n’ont pas été acceptées par le client. En effet, durant la période de la négociation, les
offres de prix peuvent parvenir soit au nom du client soit au nom de l’institution
financière. Mais en aucun cas l’acceptation de l’offre ne peut être faite par le client. Si
par erreur le client a matérialisé l’acceptation de l’offre du fournisseur, la banque doit
immédiatement renoncer à cette opération de financement.
56
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
quelconque.
La commission d’étude ne peut être perçue par la banque que lorsque l’étude est
ordonnée par le client et que le prix a été consenti entre les deux partie. (une
obligation implicite de délivrer une étude de faisabilité et qu’elle soit ordonnée).
Dans le cas d’un financement syndiqué (crédit consortial), la banque chef de pool
peut demander une commission dite « commission d’organisation » qu’elle la facture
aux autres institutions financières.
- Elle doit assurer par ses propres moyens le règlement du fournisseur ; ainsi le
mandat accordé à l’agent se limite à la discussion et à la préparation des différents
documents nécessaires à l’accomplissement de l’achat du bien à financer ; le
règlement du prix demeure à la charge de la banque. (la norme précise que la
banque ne doit verser le montant de l’achat dans les comptes bancaires du
mandaté, le règlement doit avoir lieu directement à partir des comptes de la
banque).
- La banque doit veiller à ce que les documents justifiant le transfert de propriété
soient libellés en son propre nom.
- La norme recommande l’écoulement d’un certain délai entre la réalisation de
57
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
L’article 593 du COC fait référence à l’usage et à la tradition réelle pour le constat de
la délivrance. Il cite l’exemple que la remise des certificats de dépôts ou de la lettre de
livraison vaut délivrance pour la marchandise entreposée.
La garantie que le vendeur doit à l’acquéreur porte sur deux volets : le premier est
celui de la jouissance et la possession paisible de la chose vendue alors que le second
porte sur la garantie des vices rédhibitoires.
58
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
47
: http://www.vernimmen.net/html/glossaire/
59
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce qui suit, nous allons présenter les différentes formules adoptées par les
banques islamiques tunisiennes pour le financement des entreprises.
48
Circulaire aux banques n°87-47 du 23 décembre 1987, relative aux modalités d'octroi, de contrôle et de
refinancement des crédits
60
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Les marchés conclus par l’entreprise peuvent être financés par Mourabaha à
condition que la banque ne participe que dans le financement de biens et
matériels tangibles. La banque intervient dans la phase de démarrage du
marché par l’acquisition des biens et marchandises nécessaires sans que son
concours ne dépasse 10% de la valeur du marché.
Elle agit aussi lors de l’avancement de la réalisation du marché en finançant
toute acquisition de biens tangibles dans la limite de 80% de leur coût.
Le remboursement de ces dettes s’effectue pour la première catégorie lors de
l’encaissement de l’avance sur marché auprès des clients et pour la deuxième
catégorie au fur et à mesure de l’encaissement des décomptes facturés par
l’entreprise.
Ces formules de Mourabaha sont similaires aux crédits de préfinancements
de marchés publics et d’avances sur créances administratives telle que
prévues par les articles n°11 et n°12 de la circulaire de la BCT n°87-47 du 23
décembre 1987.
- Le financement des Exportations :
B- Financement de l’investissement :
62
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
63
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
49
Prévu par la circulaire de la BCT n° 2012-17 du 4 octobre 2012 ayant modifié la circulaire de la BCT n°87-47
du 23 décembre 1987.
50
Prévu par la circulaire de la BCT n° 2012-17 du 4 octobre 2012 ayant modifié la circulaire de la BCT n°87-47
du 23 décembre 1987.
64
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Tout d’abord, en matière de respect des modalités d’octroi des crédits, les formules
de financement par Mourabaha offertes par les banques tunisiennes se trouvent en
conformité par rapport aux normes fixées par la circulaire de la BCT n° 87-47 du
23 décembre 1987. A ce titre, chaque formule présentée se trouve rattachée à une
catégorie de crédit et les limites de l’intervention des banques se trouvent
respectées et ce, en dépit de l’absence du recours au refinancement auprès de la
Banque Centrale de Tunisie.
Enfin, en matière de constitution des garanties sur les financements offerts aux
clients, la banque peut exiger des garanties de différentes formes pour assurer le
règlement de ses créances. Ces garanties peuvent être identifiées distinctement et
rattachés à chaque opération de financement comme elles peuvent être générales en
65
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Si les deux formes de concours de financement sont régies par les mêmes règles
d’octroi et de contrôle fixé par la BCT, il n’en est pas ainsi des modalités pratiques
de fonctionnement qui diffèrent l’une de l’autre.
De prime abord, si l’accès au financement par crédit bancaire est permis à tous les
agents économiques opérant dans des activités conformément à la législation
Tunisienne, le financement par Mourabaha exclu certains secteurs d’activité qui ne
sont pas conformes aux principes islamiques ( à titre d’exemple la vente d’alcool et
le commerce de la viande de porc).
En revanche, la forme de vente à crédit que revêt la formule mourabaha limite son
champ d’intervention aux seuls financements des acquisitions de biens et
marchandises tangibles. Ainsi, sont exclus toute forme de financement de services.
66
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce même contexte, les crédits à moyen terme contractés pour le financement
des investissements sont généralement consignés dans un seul contrat portant sur la
valeur globale du projet ; les appels de fonds se justifient généralement par la
présentation des décomptes des fournisseurs ou des factures pro-forma.
Cette flexibilité n’est pas vérifiée dans la mise en place des financements
Mourabaha. En effet, les besoins exprimés par les agents économiques sont
généralement diversifiés et diffèrent d’une période à une autre. Ainsi, chaque
opération de financement doit être matérialisée par deux contrats distincts.
67
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
au bilan des banques islamique sous la rubrique « Biens acquis dans le cadre des
opérations de Mourabaha »51 doivent faire l’objet d’un test de dépréciation à l’arrêté
de chaque situation comptable.
Elément de
Financement par Mourabaha Financement par crédit Bancaire
comparaison
Domaines d’intervention
Elément déterminant dans la prise de
décision de financement. En effet,
Peu importe l’activité du client à condition
Activité financée certaines activités qui sont prohibées d’un
qu’elle soit exercée conformément à la
point de vue religion (vente d’alcool…)
réglementation.
ne peuvent pas être financées par les
banques islamiques.
Une gamme de produit plus large dépassant
De par sa forme commerciale basée sur le financement des biens tangibles au
l’achat en vue de la revente, la Mourabaha financement des services et des besoins
Gamme des produits ne peut financer que les biens tangibles, ponctuels de trésorerie.
ce qui exclut le financement des services
et la main d’œuvre.
51
Bank al Maghreb : Directive pour la comptabilisation des opérations Ijara, Mourabaha et Moucharaka.
68
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Mise en place du crédit Chaque opération de financement doit Possibilité d’établir un seul contrat fixant
faire l’objet de deux contrats distincts. une enveloppe globale.
Produits de la banque
69
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Conclusion
La Mourabaha est un instrument financier très flexible qui se rapproche trop d’un
contrat de crédit classique ; toutefois, elle s’en distingue de ce dernier au niveau de
la nature de l’actif financé, du genre des produits, et du risque liée à l’opération.
Le principal critère distinctif réside dans le montage de cette opération qui consiste
dans la réalisation d’une transaction de vente, pour le cas de la Mourabaha simple
ou de deux transactions de vente pour le cas de la Mourabaha pour le donneur
d’ordre. Ces caractéristiques ne sont pas sans conséquences sur les revenus réalisés
par l’établissement de crédit et les modalités de prise en compte de ces opérations
dans les comptes de ce dernier et ceux de son client.
La question qui se pose est dans quelle mesure le législateur Tunisien a pris en
considération les caractéristiques de ce mode de financement pour la définition
d’un régime fiscal adéquat ?
52
Norme 8 de l’AAOIFI a défini la Mourabaha comme suit :
ﺑﻧﺳﺑﺔ ﻣن اﻟﺛﻣن أو ﺑﻣﺑﻠﻎ ﻣﻘطوع ﺳواء،"ﺑﻳﻊ ﺳﻠﻌﺔ ﺑﻣﺛﻝ اﻟﺛﻣن اﻟذي اﺷﺗراﻫﺎ ﺑﻪ اﻟﺑﺎﺋﻊ ﻣﻊ" زﻳﺎدة رﺑﺢ ﻣﻌﻠوم ﻣﺗﻔق ﻋﻠﻳﻪ
أو وﻗﻌت ﺑﻧﺎء ﻋﻠﻰ وﻋد ﺑﺎﻟﺷراء ﻣن اﻟراﻏب ﻓﻲ اﻟﺣﺻوﻝ ﻋﻠﻰ اﻟﺳﻠﻌﺔ، وﻗﻌت ﻣن دون وﻋد ﺳﺎﺑق وﻫﻲ اﻟﻣراﺑﺣﺔ اﻟﻌﺎدﻳﺔ
وﻫو أﺣد ﺑﻳوع اﻷﻣﺎﻧﺔ اﻟﺗﻲ ﻳﻌﺗﻣد ﻓﻳﻬﺎ ﻋﻠﻰ ﺑﻳﺎن ﺛﻣن اﻟﺷراء أو اﻟﺗﻛﻠﻔﺔ. ﻋن طرﻳق اﻟﻣؤﺳﺳﺔ وﻫﻲ اﻟﻣراﺑﺣﺔ اﻟﻣﺻرﻓﻳﺔ
". ( ) ﺑﺈﺿﺎﻓﺔ اﻟﻣﺻروﻓﺎت اﻟﻣﻌﺗﺎدة
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
INTRODUCTION
La finance islamique a été introduite dans le tissu économique tunisien depuis 1983
et le secteur bancaire compte actuellement trois banques islamiques :
- Beit Ettamouil Saoudi Tounsi : plus connue sous le nom BEST Bank,
créée en 1983 et devenue la Banque Al Baraka Tunisie à partir du
1er janvier 2010 ;
- La Noor Islamic Bank : qui a ouvert son bureau régional pour l’Afrique
du Nord à Tunis le 20 juin 2008 ; et
Bien que le marché des produits financiers islamiques existe en Tunisie depuis les
années 1980, les opérations financières réalisées par les banques islamiques
demeuraient, jusqu’au 31 décembre 2011 dépourvues d’un cadre fiscal spécifique.
72
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
73
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Le régime fiscal des opérations de Mourabaha est prévu par les articles 28 à 37 de la
loi n°2011-07 du 31 décembre 2011 portant loi de finances pour l’année 2012.
Les dispositions de cette loi ont porté exclusivement sur le traitement des
opérations de Mourabaha en matière de TVA et de droit d’enregistrement. En
matière d’impôt sur le revenu des personnes physique et de l’impôt sur les sociétés,
la loi de finances n’a pas apporté de précision sur le traitement fiscal de ces
opérations.
Pour ce faire, nous allons procéder dans une première section à l’analyse du régime
fiscal de la Mourabaha en matière d’impôts directs. Ensuite, une deuxième section
est réservée à la présentation du régime fiscal en matière des taxes assises sur le
chiffre d’affaires (TVA et TCL) et des droits d’enregistrement.
74
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
En se basant sur les textes en vigueur, nous allons présenter dans un premier
paragraphe le régime fiscal des revenus issus des opérations de Mourabaha au
niveau des banques tunisiennes tout en mettant l’accent sur les difficultés
d’application de ce régime.
Par ailleurs, elle définit la marge bénéficiaire réalisée par les établissements de crédit
comme celle constituée par la différence entre le prix de cession et le prix
d’acquisition.
En matière d’impôt sur les sociétés, le législateur tunisien est resté muet sur les
modalités de détermination du revenu du financier et les critères de rattachement
de ces revenus à la période d’imposition. Il a ainsi admis implicitement que le
régime d’imposition des intérêts des crédits bancaires est applicable à la marge du
financier dans le cadre d’une opération de Mourabaha.
La détermination du régime fiscal applicable à ces revenus fait appel aux principes
comptables appliqués par l’établissement de crédit et relatifs au traitement des
ventes Mourabaha et la prise en compte des revenus y afférents. En réalité, le
75
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
La norme comptable n°24 relative aux engagements et revenus y afférents dans les
établissements bancaires, prévoit que les revenus liés aux engagements contractés
par les établissements bancaires sont prises en compte en résultat de façon à les
rattacher à l’exercice au cours duquel ils sont encourus.
Cette norme prévoit deux traitements pour la prise en compte des revenus :
53
Article 11 du code de l’IRPP et de l’IS.
76
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans un cas classique de vente Mourabaha où l’achat par la banque des biens à
financer et leur revente au client est réalisé dans un court laps de temps, le
traitement de référence prévu par la norme comptable n°2 de l’AAOIFI n’est pas
en contradiction, sur le fonds, avec les dispositions des normes comptables
tunisiennes. En effet, sur le plan économique, le revenu du financier constitue la
rémunération d’un différé de paiement pouvant être assimilée à des intérêts.
Dans ce cas, le régime fiscal des intérêts sur les crédits bancaires peut être appliqué
à la rémunération du financier dans le cadre d’une opération de Mourabaha.
Il va sans dire que les règles fiscales relatives aux revenus des créances accrochées
qui consiste dans la déductibilité des agios réservés, demeurent applicables pour les
banques qui commercialisent les produits financiers islamiques tels que la
Mourabaha. Ils peuvent en outre bénéficier des dispositions relatives à la
défiscalisation des agios réservés sur les créances courantes prévues par la loi de
finances pour l’année 2012.
- Les agios réservés sur les créances courantes et celles nécessitant un suivi
particulier ;
77
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Par ailleurs, l’application des normes comptables tunisiennes par les banques
islamiques peuvent aller aussi à l’encontre des objectifs des services bancaires
conformes à la chariaa ; étant donné que la conformité à la chariaa ne peut être
adéquatement reflétée avec des normes qui ont été construites avec un esprit et une
logique collant beaucoup plus avec des opérations de la finance conventionnelle.
Elle ne permet pas, à ce titre, de résoudre certaines difficultés de traitement
comptable et par conséquent des ambiguïtés sur le traitement fiscal.
En effet, certains cas fréquents dans l’activité des banques qui dérogent au cadre
classique exposé ci-dessus peuvent se présenter et qui sont de nature à constituer
des difficultés de traitement comptable et fiscal.
Ces deux cas qui sont assez fréquents dans les banques, soulèvent des difficultés de
traitement comptable et fiscal liées aux conséquences que peut avoir la durée de
détention des biens objets de Mourabaha sur les revenus et les charges de la
banque. A ce titre, les éléments suivants peuvent impacter le résultat comptable et
fiscal de l’établissement de crédit :
78
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Selon la norme comptable n°2 de l’AAOIFI, les biens acquis par l’institution
financière sont comptabilisés au coût historique. L’évaluation postérieure à la date
de constatation initiale de ces actifs est effectuée à la clôture de chaque période
comptable par rapport à la valeur des flux financiers attendus de leur revente.
S’il s’avère que la valeur comptable des actifs détenus par la banque est inférieure à
la valeur des flux financiers attendus de leur revente, cette dépréciation doit être
constatée en résultat de l’exercice de la manière suivante :
54
Il s’agit d’une appréciation personnelle de l’application des dispositions des textes en vigueur aux cas
spécifiques de ces opérations.
55
ما يدل على احتمال عدم امكانية استرداد تكلفة الموجود
56
المرابحة لألمر بالشراء مع عدم االلزام بالوعد
79
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur le plan national, le cadre conceptuel tunisien précise dans le paragraphe 47 que
la prudence est la prise en compte d'un certain degré de précaution dans l'exercice
des jugements nécessaires pour préparer les estimations dans des conditions
d'incertitudes, pour faire en sorte que les actifs ou les revenus ne soient pas
surévalués et que les passifs ou les charges ne soient pas sous-évalués. Selon la
norme comptable n°22, les actifs détenus en vue de « vente Mourabaha » peuvent
être présentés dans les états financiers des établissements bancaires sous la rubrique
des autres actifs.
Le traitement fiscal des provisions pour dépréciation des actifs détenus en vue de la
vente Mourabaha repose sur la qualification de l’opération : s’agit-elle d’une
opération commerciale (achat en vue de la revente) ou d’une opération financière ?
Si l’opération est qualifiée comme commerciale, les éléments d’actifs acquis par
l’établissement de crédit remplissent les conditions prévues par le paragraphe 5 de
la norme comptable n°4 relative aux stocks, qui définit le stock comme des
éléments d’actifs détenus pour être vendus dans le cours normal de l'exploitation.
Dans ce cas, les provisions pour dépréciation de ces éléments d’actifs peuvent être
déduites de la base imposable dans les limites prévues par la loi.
57
المرابحة لألمر بالشراء مع االلزام بالوعد
80
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur cette base, les provisions pour dépréciations des actifs Mourabaha, peuvent être
déduites dans la limite de 50% du bénéfice imposable et sans que le montant de ces
provisions n’excède 50% du prix de revient du produit.
En ce qui concerne les stocks détruits, ces derniers peuvent constituer une charge
déductible du résultat imposable. Dans une prise de position n° 359 du 18 mars
2010, la DGELF58 a précisé que cette déduction est conditionnée à la constatation
de la destruction de ces stocks par un huissier notaire et en présence de deux agents
de l’administration fiscale.59
81
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur la base de ce qui précède, le législateur doit intervenir pour clarifier le régime
fiscal de cette provision.
B- Traitement comptable et fiscal de la plus ou moins-value de cession des biens récupérés par
voie de contentieux ou dont les clients ont renoncé à leur achat
La vente Mourabaha des biens récupérés par voie de contentieux ou des biens
acquis par la banque initialement dans le cadre des opérations de Mourabaha et
dont les clients ont renoncé ultérieurement à leur promesse d’achat, peut soulever
certaines difficultés de traitement comptable et fiscal.
En effet, ces actifs peuvent être détenus par la banque sur une période assez longue
avant leur revente aux clients. Dans ce cas, la valeur marchande du bien à la date de
la vente peut être éloignée de son prix de revient.
Le régime fiscal en matière d’impôt sur les sociétés suit le traitement comptable
prévu par les normes comptables tunisiennes et ce en vertu de la convention de
réalisation de revenu, prévue par le paragraphe 47 du cadre conceptuel tunisien qui
sert de base pour l’identification, la reconnaissance et la mesure de revenu en
comptabilité.
83
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur cette base, l’imposition des revenus provenant de la cession des biens
récupérés par voie de contentieux ou des biens acquis par la banque initialement
dans le cadre des opérations de Mourabaha et dont les clients ont renoncé
ultérieurement à leur promesse d’achat, est effectué comme suit :
Sur cette base, si la banque opte pour le traitement de ces opérations selon la
norme n°2 de l’AAOIFI, cette dernière doit, à notre avis, procéder aux
retraitements nécessaires afin de rattacher les revenus aux périodes d’imposition.
Dans le cas où la banque dispose d’un établissement stable, elle est soumise à
l’impôt sur les sociétés en raison de son activité exercée en Tunisie. Les revenus des
opérations de Mourabaha sont soumis aux mêmes règles d’imposition applicables
aux banques tunisiennes telles que définies précédemment.
Si la banque étrangère ne dispose pas d’un établissement stable en Tunisie, elle est
soumise à l’impôt sur les sociétés en raison de l'ensemble de son revenus de source
tunisienne à l'exception de ceux que la loi a expressément exonéré en régime de
droit commun ou par des dispositions spécifiques des conventions fiscales de non
double imposition contractées par la Tunisie et les autres pays.
61
Cf. : Régime fiscal des banques résidentes, 1-1 règles générales
84
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Compte tenu de ce qui précède, lorsque la banque étrangère est établie dans un Etat
ayant contracté avec la Tunisie une convention de non double imposition, les
revenus des opérations de Mourabaha sont imposés, par voie de retenue à la source
libératoire au taux de 2,5%, sauf dispositions plus favorables prévues par les
conventions de non double imposition.
Si le bénéficiaire de ces revenus est établi dans un Etat n’ayant pas contracté de
convention de non double imposition avec la Tunisie, l’impôt au titre de ces
revenus est perçu par le biais d’une retenue à la source libératoire au taux de 20%.
62
Conditions d'imposition des dividendes, des intérêts, des redevances et des bénéfices des
entreprises dans le cadre des conventions de non double imposition conclues entre la Tunisie et
d'autres pays.
85
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Les charges proprement dites ont été définies par le paragraphe 60 du cadre
conceptuel tunisien par, soit les sorties de fonds ou autres formes d'utilisation des
éléments d'actif, soit la constitution de passifs (soit les deux), résultant de la
livraison ou de la fabrication de marchandises, de la prestation de services ou de la
réalisation d'autres opérations qui s'inscrivent dans le cadre des activités principales
ou centrales de l'entreprise.
Les acquisitions par les clients de biens meubles ou immeubles par voie de
Mourabaha peuvent, être assimilées aux acquisitions par crédit bancaire et ce, en
vertu de la convention de prééminence du fonds sur la forme. Elles se traduisent
dans les comptes des clients sous les formes suivantes :
- Une charge relative à l’exploitation, lorsque les biens acquis sont destinés
à être utilisé dans le cycle de production ou destinés à la vente en l’état.
Ces charges sont comptabilisées hors marge de la banque.
- Des immobilisations, lorsque ces biens sont censés être utilisés sur plus
d'un exercice et sont détenus soit pour être utilisés dans la production ou
la fourniture de biens et de services, soit pour être loués à des tiers, soit à
des fins administratives et de soutien à leur activité.
86
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans un cas classique de vente, où l’achat par la banque des biens à financer et leur
revente au client est réalisé dans un court laps de temps, le traitement comptable et
fiscal de cette opération ne pose pas généralement de difficultés.
En effet, le prix de revient du financier constitue une base fiable pour la prise en
compte de la charge ou de l’immobilisation. La marge stipulée dans le contrat est
portée au résultat conformément à l’échéancier communiqué.
De ce qui précède, le régime fiscal de ces opérations suit le même que celui des
acquisitions par un emprunt bancaire. Il s’établit comme suit :
87
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
- La valeur des biens acquis par l’entreprise est portée parmi les charges
d’exploitation. Celle-ci est égale, par analogie à la norme comptable n°3
relative aux revenus, à la juste valeur des contreparties décaissées ou à
décaisser au titre de l’achat de marchandises et de produits fabriqués.
Lorsque la contrepartie est mesurée par des liquidités ou équivalents de
liquidités et que le règlement est différé, la juste valeur est mesurée en
actualisant les dépenses futures au moyen d’un taux d’intérêt permettant
d’actualiser leur montant nominal au prix de vente au comptant des
marchandises concernées.
Sur le plan fiscal, l’application stricte des normes comptables par l’entreprise peut
poser des difficultés de traitement. En effet, dans le cas d’espèce, la distinction
entre charge d’exploitation et charges financières est tributaire des paramètres
adoptés par l’entreprise pour la détermination de la juste valeur des marchandises
acquises. Si cette valeur dépasse le prix de revient figurant sur le contrat de vente
Mourabaha, la charge financière comptabilisée à ce titre se trouve différente de celle
figurant sur l’échéancier.
88
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
89
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Le montant total des charges déduites du résultat fiscal de l’exercice 2011, selon ce
traitement, serait de 304.425 dinars.
Ce traitement comptable ne permet pas à notre avis, de traduire fidèlement la
transaction. En effet, la marge du financier qui est de l’ordre de 17,7%
(53.100/300.000) nous paraît exagérée et dissimule une plus-value.
Les achats sont évalués à la juste valeur qui correspond au prix d’achat
au comptant soit 22.000 dinars la tonne. Sur cette base les charges
d’exploitation s’élèvent à 330.000 dinars. Dans ce cas le prix de vente
du financier incorpore implicitement une plus-value de cession.
Le montant total des charges déduites du résultat fiscal de l’exercice 2011, selon ce
traitement, est de 331.925 dinars. Encore faut-il que l’administration fiscale accepte
ce traitement qui bien que conforme aux principes comptables généralement admis
en Tunisie, il présente des divergences par rapport aux dispositions contractuelles.
A travers cet exemple d’illustration, nous pouvons conclure que les termes du
contrat de vente Mourabaha ne permettent pas au client d’assurer, dans tous les
cas, un traitement comptable conforme aux principes comptables généralement
admis en Tunisie.
In fine, l’adoption de l’un des traitements comptables ci-dessus présentés est neutre
fiscalement : l’arbitrage que peut faire l’entreprise entre l’un des traitements peut
engendrer seulement un lissage de résultat qui se traduit par une minoration du
résultat fiscal d’un exercice contre une majoration du résultat de l’exercice ultérieur.
90
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Soit une banque qui possède un terrain qu’elle a récupéré par voie de contentieux.
91
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Nous allons présenter dans les paragraphes qui suivent le régime fiscal des
opérations de vente Mourabaha en matière de taxe sur la valeur ajoutée, des droits
d’enregistrements et de taxes parafiscales (TCL).
92
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce cadre, la loi de finances pour l’année 2012 a prévu des mesures en vue de
clarifier les modalités de détermination de l’assiette et les mécanismes de déduction
et de collecte de la TVA.
B- Difficultés d’application
93
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
94
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Cette situation est de nature à porter atteinte à la neutralité fiscale de la TVA. Dans
ce cadre, un non assujetti aurait intérêt à financer ses acquisitions auprès d’une
banque islamique (réaliser une économie de 25% du montant de la TVA) que
réaliser ses acquisitions par ses propres moyens ou par un crédit bancaire
conventionnel.
A notre avis, des éclaircissements sur ces opérations devront être apportés par
l’administration fiscale.
B-2 Lorsque les revenus de la banque englobent une plus-value sur cession
L’établissement bancaire peut dans certains cas effectuer des opérations de vente
Mourabaha sur des biens qui peuvent générer des plus-values. Ces derniers peuvent
être de deux natures :
La question qui se pose est quel est le régime en matière de TVA applicable à ces
plus-values ?
La réponse à cette question nous renvoie aux dispositions du code de la taxe sur la
valeur ajoutée qui définissent les opérations imposables.
63
: Note commune n°4/2012, texte DGI n° 2012/4 du 24/06/2012
95
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur la base de ce qui précède et à notre avis, cette plus-value échappe à l’application
de la TVA.
Par ailleurs, et lorsque la plus-value résulte de la cession d’un bien immeuble, cette
opération peut être considérée comme des travaux immobiliers au sens de l’article
1er du code de la TVA.
Dans une prise de position (1258) du 29 avril 2003 la DGELF a précisé que la
vente de locaux par une banque au profit de médecins est considérée comme une
opération commerciale, autre que l'achat en vue de la revente, soumise à la TVA au
taux de 18%.
96
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
La déduction ne concerne pas, dans tous les cas, la taxe sur la valeur ajoutée
grevant les voitures de tourisme qui ne font pas l’objet de l’exploitation.
Lorsque l’acquisition de biens est effectuée par les services de l’Etat, les collectivités
locales, les établissements et entreprises publics, les montants payés dans le cadre
des contrats de vente Mourabaha ne sont pas soumis à la retenue à la source au
taux de 50% au titre de la valeur ajoutée et ce, en vertu de l’article 19 bis du code de
la TVA.
B- Difficultés d’application
97
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans le cas d’espèce, l’intervention de la banque par le biais d’un contrat de vente
Mourabaha constitue une rupture de la chaine. Ce cas pose le questionnement sur
les modalités de détermination de l’assiette soumise à la TVA au niveau du client.
Ainsi, est-il permis de se baser sur le prix d’acquisition du financier pour déterminer
l’assiette soumise à la TVA ou bien c’est la totalité du prix de vente qui servira
d’assiette pour l’application de la TVA.
Une deuxième difficulté peut rencontrer les banques et leurs clients lorsque les
biens financés sont soumis au droit de consommation. A ce titre, ni la loi de
finances pour l’année 2012 ni la note commune n° 4/2012 n’ont apporté de
précisions complémentaires
A notre avis, lorsque la vente Mourabaha porte sur des produits soumis au droit de
consommation, la banque est tenue de porter à l’identique sur la facture ou le
contrat selon le cas, le montant du droit de consommation supporté lors de
l’acquisition des mêmes produits et ce, en vertu de l’article 5 de la loi n°88-62 du 02
juin 1988 portant refonte de la réglementation relative au droit de consommation.
98
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce cadre, la loi de finances pour l’année 2012 a instauré un régime fiscal en
matière de droit d’enregistrement spécifique aux opérations de Mourabaha réalisées
par les établissements de crédits qui précise :
Par ailleurs, lorsque les acquisitions de la banque portent sur des terrains destinés à
la construction d’immeubles individuels à usage d’habitation, les actes sont soumis
au droit d’enregistrement sur la base des taux progressifs suivants :
- jusqu’à 120 m2 1%
- de 120,001 à 300 m2 2%
- de 300,001 à 600 m2 3%
- au-delà de 600 m2 5%
Lesdits actes sont également soumis :
99
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
100
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Pour illustrer ces lacunes, prenons pour le premier cas l’exemple d’une banque qui
procède à la livraison à soi-même d’un immeuble qui lui servira pour une partie à
une agence commerciale ; le reste est vendu à ses clients par le biais de contrats de
vente Mourabaha. La question qui se pose est quel est le régime fiscal de ces ventes
en matière de droits d’enregistrement ?
101
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Ne s’agissant pas d’un prêt, les actes de vente Mourabaha assorti d’une clause
hypothécaire sont-ils soumis au droit de conservation foncière au taux de 0,2% ou
de 1% ?
Face à ces difficultés, nous estimons que l’administration fiscale doit apporter les
clarifications nécessaires.
En effet, les revenus qu’une banque peut prétendre réaliser de la conclusion d’une
vente Mourabaha selon les développements exposés dans la section 1 se détaillent
comme suit :
Il demeure bien entendu une difficulté en ce qui concerne la plus-value qui peut
résulter de la vente de certains biens dont la valeur marchande à la date de la vente
est supérieure au prix de revient de la banque. Fait-elle partie du chiffre d’affaires
soumis à la TCL ?
En matière d’avantages fiscaux, la loi de finances pour l’année 2012 prévoit que
lorsque le client de la banque bénéficie d’avantages ou d’exonérations en vertu de la
législation fiscale ou de la législation relative à l'incitation aux investissements ou
en vertu de textes particuliers, ces avantages s’appliquent à l’établissement de crédit
au titre des équipements, matériels ou de biens immobiliers objet du contrat de
vente Mourabaha, et ce comme suit :
3-1 En matière de taxe sur la valeur ajoutée et des autres droits et taxes
Dans le cas de la suspension de la taxe sur la valeur ajoutée et des taxes au profit
des fonds spéciaux du trésor susvisées, l’établissement de crédit est tenu de
respecter les conditions prévues par l’article 11 du code de la taxe sur la valeur
ajoutée.
103
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Bien que la loi de finances pour l’année 2012 a prévu le principe général de
transfert du bénéfice de l’avantage fiscal à l’établissement de crédit, la note
commune n’a pas donné de clarifications sur les modalités pratiques de réalisation
de ce transfert.
104
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Conclusion
Le législateur tunisien a introduit une nouvelle notion qui est « la vente
Mourabaha » et lui a réservé un régime fiscal et ce, en dépit de l’absence d’un cadre
juridique qui réglemente ces opérations. Face à ce vide juridique, on s’attendait à ce
que l’administration fiscale émette une note commune qui permet de définir ce
nouveau mode de financement et de présenter ses caractéristiques. Toutefois, la
note commune n° 4/2012 s’est limitée à une définition élémentaire et n’a pas traité
des aspects spécifiques de ce mode de financement.
Le régime fiscal des opérations de vente Mourabaha, prévu par la loi de finances de
2012, a traité du cadre général de ces opérations. Ce régime est d’application
rétroactive en vertu de la loi de finances complémentaire de l’année 2012.
Toutefois, certains aspects spécifiques à ces opérations n’ont pas été pris en
considération dans la définition du régime fiscal de ce mode de financement. Il
s’agit notamment de :
105
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Pour conclure, l’institution d’un régime fiscal des opérations de Mourabaha par le
législateur tunisien présente des difficultés de traitements relatives à des aspects
spécifiques de ce mode et qui nécessitent des clarifications de la part des services
compétents de l’administration fiscale.
106
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Après avoir développé le régime fiscal tunisien des opérations de vente Mourabaha,
nous allons essayer dans ce chapitre de positionner la réglementation tunisienne en
la matière par rapport à certaines expériences étrangères. Pour ce faire, nous allons
étudier successivement les mesures adoptées dans ce cadre au Royaume-Uni, en
France et au Maroc.
Le Royaume-Uni était l’un des premiers pays occidentaux à avoir prévu une
réglementation fiscale adaptée aux modes islamiques de financement. Il a
commencé en 2003 par la promulgation d’une loi de finances permettant d’éliminer
la double perception des droits d’enregistrement sur les opérations portant sur des
biens immobiliers. Puis en 2005, le parlement a promulgué une deuxième loi de
finances qui prévoit que le revenu du financier provenant des opérations de
financement de type achat/revente est assimilé à des intérêts et enfin par la
promulgation d’une loi en 2007 qui réglemente le régime fiscal des obligations
Islamiques dites SOUKOUK.
Dans le cadre de ce mémoire, nous allons nous limiter à l’étude du régime fiscal des
opérations d’achat/revente (assimilées aux opérations de vente Mourabaha).
64
Mohammad Amin : Chancellor Guide To The Legal And Shariah Aspects Of Islamic Finance ,
edition Humayon A. Dar & Omar F. Moghul
107
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Le législateur Britannique n’a pas adopté un régime fiscal spécifique aux opérations
d’achat revente. Il a simplement étendu le régime en vigueur des opérations de
financement par crédit bancaire aux opérations d’achat revente moyennant le
respect d’un schéma de financement qu’il a décrit et des conditions suivantes 65 :
- une personne (X) achète un bien et le vend, soit immédiatement, soit
dans d’autres circonstances, à une autre personne (Y);
65
Mohammad Amin : Chancellor Guide To The Legal And Shariah Aspects Of Islamic Finance ,
edition Humayon A. Dar & Omar F. Moghul
108
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
66
Mohammad Amin : Chancellor Guide To The Legal And Shariah Aspects Of Islamic Finance ,
edition Humayon A. Dar & Omar F. Moghul
109
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
comme ayant un établissement stable du seul fait qu’elle est une partie contractante
dans un accord portant sur un mode alternatif de financement.
Il en est de même des dispositions relatives aux représentants des personnes non
résidentes prévues par le FA 1995 S 127 ( loi de finances de 1995), qui ont été
modifiées de la sorte que si une partie contractante dans un accord de financement
alternatif est non résidente, elle n’est pas considéré comme ayant un établissement
stable au Royaume-Uni du seul fait qu’elle agit par l’intermédiaire d’un résident
dans le cadre de ces contrats 67.
Il cite, à ce titre, le cas de la convention de non double imposition conclu avec les
Etats-Unis d’Amérique qui prévoit que la notion d’intérêt couvre « tous les autres
revenus qui sont soumis au même régime fiscal que les revenus de sommes prêtées
par la législation fiscale de l'Etat contractant d’où proviennent les revenus ». Par
conséquent, les revenus du financier sont traités comme des intérêts en vertu de
cette convention.
67
Mohammad Amin : Chancellor Guide To The Legal And Shariah Aspects Of Islamic Finance ,
edition Humayon A. Dar & Omar F. Moghul
68
HMRC est un organisme, créé par une loi du Parlement en 2005 suite à la fusion de l'Inland Revenue and
Customs and Excise. Il est chargé de de l'administration du régime fiscal grâce à un certain nombre de
commissaires
69
Mohammad Amin : Tax Partner, PriceWaterhouseCoopers LLP and Council Member of the Chartered
Institute of Taxation (CIOT)
110
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Par contre, les modèles de l’OCDE des conventions de non double imposition ne
prévoient pas des définitions pareilles et de ce fait, selon Mohammad Amin, le
revenu du financier peut s’inscrire sous la catégorie des autres revenus prévue par
l’article 21 des conventions de l’OCDE et le droit d’imposition serait accordé au
pays de résidence.
En effet, la loi de finances pour l’année 2003, a adopté des mesures pour éliminer la
double imposition à la SDLT, des transactions immobilières réalisées par les
établissements financiers lorsqu’ils s’adonnent à des opérations de financement
basées sur la technique d’achat/revente.
Au début, ce traitement était réservé aux seuls clients particuliers des établissements
financiers. Ensuite, il a été étendu, à partir de 2006 (FA 2005) « pour couvrir aussi
les immeubles à usage commercial et les transactions immobilières réalisées par les
investisseurs personnes morales »70.
Selon cette note, la vente avec différé de paiement génère pour l’institution
financière deux opérations :
- une livraison de bien qui suit le même régime fiscal que celui des
opérations de vente de bien au comptant et ce, selon les taux du droit
commun ;
- et un service relatif à un différé de paiement qui est exonéré de la TVA
conformément aux dispositions de la loi de finance de 1994.(VAT Act
1994).
Le législateur britannique a défini un cadre général d’une finance alternative. Pour
ce qui est des opérations de Mourabaha, l’institution de la technique achat revente
permet de répondre aux exigences prévues par les normes de l’AAOIFI en la
matière.
70
Laurence Toxé Avocate Associée NORTON ROSE LLP 14 mai 2008
112
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
115
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Les règles fiscales en matière d’imposition des revenus provenant des opérations de
Mourabaha renvoient principalement aux règles comptables pratiquées tant pour le
financier que pour le client.
Compte tenu de ce qui précède, le régime fiscal des ventes Mourabaha en matière
d’impôt direct se présente comme suit :
71
Instruction n° 4FE/S1/10 de la Direction générale des finances publiques du 23 juillet 2010
116
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Lorsque le Financier est établi dans un pays ayant conclu avec la France une
convention de non double imposition, les sommes qui lui sont versées par le client
sont traitées sur le plan fiscal, à hauteur du revenu du financier, comme des intérêts
et « sont exonérées du prélèvement prévu au n°III de l’article 125 A »72.
Toutefois, lorsque le financier est établi dans un pays non coopératif, les revenus
du financier sont soumis à l’impôt par voie de retenue à la source.
Sur le plan fiscal, le traitement des acquisitions du client diffère selon qu’elles
constituent des charges ou des actifs immobilisés.
En ce qui concerne les charges, elles sont prises en compte selon les règles ci-
dessus mentionnées et suivent le même régime du droit commun Français réservé à
la détermination des bénéfices industriels et commerciaux.
Par ailleurs, lorsque les acquisitions des clients constituent des actifs amortissables,
le revenu du financier et la commission, le cas échéant, sont exclus de la base
d’amortissement de l’actif acquis.
La plus-value réalisée lors de la cession ultérieure de l’actif par le client est calculée
à partir du prix d’acquisition payé par le client, augmenté de la commission
72
Instruction n° 4FE/S1/10 de la Direction générale des finances publiques du 23 juillet 2010
117
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
considérée comme des frais d’acquisition, sauf pour les entreprises qui ont inclus
la commission dans leurs charges déductibles de leurs résultats imposables.
Par ailleurs, « si le prix de cession net du revenu du financier est supérieur au prix
d’acquisition du financier, l’excédent constitue une plus-value imposable »75 et la
livraison du bien vendu constitue le fait générateur de la TVA.
73
Equivalent à la Taxe sur la valeur ajoutée en droit fiscal Tunisien
74
Instruction n° 4FE/S1/10 de la Direction générale des finances publiques du 23 juillet 2010
75
Article Par Ibrahim Zeyyad CEKICI, « Développement de la finance islamique en France : les
premiers pas de l’administration fiscale » REVUE LAMY DROIT DE S AF FAI R E S N0 3 5 •
F ÉVR I E R 2009
118
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Sur la base de ce qui précède, nous pouvons conclure que le régime fiscal prévu par
le législateur français a traité des aspects spécifiques de ce mode de financement et
permet de répondre à plusieurs questionnements posés par les difficultés de
traitement du régime tunisien. Il s’agit principalement de la définition des revenus
provenant des opérations de Mourabaha et des traitements fiscaux qui lui sont
réservés.
Le régime fiscal des opérations de ventes Mourabaha a été prévu par la loi de
finances n° 48-09 pour l'année budgétaire 2010. Nous présentons dans ce qui suit
les principales dispositions de ce régime.
76
Forum Africain de la finance islamique, document de Kawthar RAJI, Tunis le 13 avril 2011.
119
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Selon cette recommandation, la vente Mourabaha a été définie comme tout contrat
par lequel un établissement de crédit acquiert, à la demande d’un client, un bien
meuble ou immeuble en vue de le lui revendre à son coût d’acquisition majoré
d’une rémunération convenue d’avance.
La banque centrale impose aux établissements de crédit qui offrent ces produits de
« s’assurer, par tout moyen, de leur conformité aux standards internationaux en la
matière »77.
77
Article 15 recommandation du Bank Al Maghrib n° 33/G/2007 du 13 septembre 2007
120
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
78
Prise de position : réponse n°31 du 18 janvier 2010
121
Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Par ailleurs, la TVA ayant grevé les biens acquis dans le cadre de "Mourabaha"
n'ouvre pas droit à déduction chez l'établissement de crédit.
L’institution d’un régime fiscal spécifique aux opérations de vente Mourabaha est
un processus évolutif qui doit prendre en compte d’une part, les caractéristiques
propres de ce mode de financement et d’autre part, les développements de
plusieurs montages financiers par les banquiers afin de pouvoir répondre aux
impératifs d’un marché financier en perpétuelle mutation.
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Dans ce cadre, nous allons essayer dans une première sous-section de positionner
le régime fiscal tunisien pour le traitement de ces opérations par rapport aux
expériences étrangères.
Les régimes fiscaux prévus au Royaume-Uni, en France et au Maroc, apportent
indéniablement des solutions à certaines difficultés de traitement soulevées lors de
l’examen du régime fiscal tunisien.
La définition avancée par la note commune n° 4/2012 a été succincte et n’a pas
traité les aspects spécifiques de la Mourabaha. De plus, la doctrine administrative se
caractérise par « l’incertitude de son statut juridique »79 et ne peut se prévaloir de la
prérogative d’une loi pour la définition des opérations de Mourabaha.
79
Oualid Gadhoum ; Thèse de Doctorat ;La doctrine Administrative en Tunisie, Avril 2003
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie :
difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
La France pour son côté a considéré que les textes en vigueur réglementent les
opérations de Mourabaha et a procédé, pour les besoins de l’établissement d’un
régime fiscal, à la définition de ce mode de financement.
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie : difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Eléments de
Tunisie Royaume-Uni France Maroc
comparaison
Commentaire
En matière d’institution d’un cadre juridique aux opérations de Mourabaha, seuls le Maroc et le Royaume-Uni ont prévu un cadre juridique pour les
opérations de Mourabaha. Alors que le Maroc a adopté les standards internationaux et a imposé aux établissements de crédits de s’y référer pour s’assurer de
la conformité de ces produits à la chariaa, le Royaume-Uni a défini un cadre global régissant toutes les institutions financières qu’elles soient islamiques ou
non ainsi que les produits financés soit conforme à la Chariaa ou non.
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Le régime fiscal de la « Mourabaha » comme mode de financement pratiqué par les banques en Tunisie : difficultés de mise en œuvre et mesures d’adaptation
Eléments de
Tunisie Royaume-Uni France Maroc
comparaison