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BIOSECURITE ET MEILLEURES PRATIQUES DE GESTION

AUX ETATS -UNIS ET EN EUROPE OCCIDENTALE


POUR LA PREVENTION ET LE CONTROLE DES MALADIES INFECTIEUSES
DANS LES ELEVAGES DE REPRODUCTION ET LES COUVOIRS.

ROBERT J. ECKROADE,
UNIVERSITE DE PENNSYLVANIE
ECOLE DE MEDECINE VETERINAIRE

Cet article traite des programmes de biosécurité et des meilleures pratiques de gestion qui
peuvent être mis en œuvre pour prévenir et combattre des maladies infectieuses spécifiques,
se manifestant dans des élevages de reproduction, et leur dissémination par voie bactérienne.
Nous traiterons également des perspectives historiques, économiques, politiques et des
considérations pratiques nécessaires à l’élaboration d’un programme efficace.

Un programme de biosécurité vise à réduire les conséquences et les risques liés à


l’introduction d’agents pathogènes transmissibles bien définis. Les meilleures pratiques de
gestion, qui permettent d’atteindre ces objectifs, sont bien connues. Ces procédures seront
passées en revue dans cet article mais de nombreuses références présentant des informations
plus détaillées sur ce thème sont également disponibles (1,2,3). Les programmes de
biosécurité les plus efficaces sont également les plus onéreux à mettre en œuvre. Ils requièrent
donc d’importants investissements et une motivation inébranlable de la part des gestionnaires
du programme. En réalité, les programmes les plus complets sont, la plupart du temps,
uniquement appliqués dans les élevages de reproducteurs et, parfois, dans les élevages de
multiplication. Ils se réduisent le plus souvent à leur plus simple expression ou sont même
inexistants dans les élevages de poulets de chair.

Le coût d’un programme de biosécurité doit se justifier par les risques d’infection, l’impact de
la maladie sur les coûts de production et la crédibilité du produit fini sur les marchés
nationaux ou internationaux. La mise en œuvre d’un programme de biosécurité doit porter ses
fruits et être rentable.

Les programmes de biosécurité sont généralement conçus pour combattre des agents
pathogènes spécifiques tels que S. pullorum ou Mycoplasma gallisepticum (MG). De
nombreux agents infectieux, y compris des agents responsables de maladies catastrophiques
telles que la maladie de Newcastle (Velogenic Viscerotropic Newcastle disease) et l’influenza
aviaire hautement pathogène, peuvent cependant aussi être évités à peu de frais
supplémentaires.

Aujourd’hui, une exploitation avicole moderne peut débuter son activité avec des poussins
exempts de tout agent pathogène spécifique. ensuite, il « suffit » de les installer dans un
environnement non contaminé par ces agents et d’empêcher leur introduction. Une tâche
ardue mais réalisable.

Par le passé, l’industrie avicole a dû recourir à des mesures extraordinaires pour éradiquer et
contrôler des maladies telles que la pullorose, la typhoïde, la MG et la leucose aviaire. A cette
époque, la pullorose était fort répandue et les procédures de tests précoces n’étaient pas d’une
grande utilité. Lorsque la MG fut identifiée comme l’une des principales causes de maladies
respiratoires et de réduction de la production d’œufs, il était impossible de trouver des

1
élevages de reproduction exempts de MG qui puissent fournir des poussins non atteints par la
maladie. En conséquence, des programmes de traitement d’envergure, par le biais
d’antibiotiques, d’enrobages d’œufs et de tests effectués sur chaque volaille de l’élevage de
reproduction, furent nécessaires pour obtenir de nouvelles populations de volailles saines. Il a
fallu plusieurs années d’efforts et d’investissements substantiels afin d’éradiquer la MG dans
les élevages de reproducteurs.

Je défends l’opinion selon laquelle il est possible, en cas d’apparition de MG au sein d’un
élevage de reproduction, d’éliminer complètement la maladie pour l’élevage suivant et de
reprendre le commerce avec ces nouveaux poussins installés dans des poulaillers nettoyés et
désinfectés. Evidemment, on peut espérer qu’entre temps, vous ayez une idée de la cause de
l’introduction de la MG dans votre élevage. Votre programme de biosécurité peut échouer et
risque encore d’échouer à l’avenir.

Un bon programme de biosécurité assurera aussi la lutte contre certaines maladies au moyen
de vaccinations et exigera, par contre, une tolérance zéro pour d’autres maladies. Par exemple,
la plupart des producteurs avicoles limiteront par vaccination les cas de maladie de Marek,
d’encéphalomyélite aviaire et de bronchite infectieuse. Certains pays autorisent même la
vaccination des volailles de chair contre la typhoïde et des volailles produisant des œufs
commerciaux contre la Salmonella enteritidis (SE). Un pays exige même que tous les
reproducteurs de tous types d’œufs soient vaccinés contre la SE. La plupart des pays
développés n’autorisent cependant pas la vaccination des élevages de reproducteurs contre la
MG.

Les autorités de chaque pays doivent s’asseoir à la table de discussion, avec des représentants
de l’industrie avicole, pour mettre au point ensemble un programme qui leur convient au
mieux.

MEILLEURES PRATIQUES DE GESTION


POUR ASSURER UN NIVEAU SATISFAISANT DE BIOSECURITE

Pour les besoins de cette discussion, nous allons segmenter notre article en divers sujets qui
couvriront les élevages de reproduction, les couvoirs, les usines d’aliments du bétail et le
contrôle des êtres humains. Chacun de ces sujets pourrait, en raison de leur complexité, faire
l’objet d’un séminaire indépendant. Comme nous l’avons déjà indiqué ci-dessus, les efforts
les plus importants doivent être consentis au niveau des élevages de reproduction, et dans une
moindre mesure, dans les élevages de multiplication et de poulets de chair.

Le lieu d’implantation des élevages de reproduction revêt une importance primordiale. Il faut
isoler physiquement les élevages de reproduction en les installant à une distance de minimum
50 kilomètres des zones de concentration de populations de volailles de chair, de poules
pondeuses, de dindes et d’élevages de particuliers. Ces emplacements favorables attirent
d’autres producteurs de volailles et risquent, à long terme, de devenir de nouvelles « régions
de concentration de volailles ». La proximité étroite de ces « autres types » de volailles
augmente fortement les risques d’échec du meilleur des programmes de biosécurité. Il peut
s’avérer nécessaire, pour une entreprise d’élevage de reproduction, d’acquérir de grandes
étendues de terres ou, pour un gouvernement, d’adopter des règlements de zonage qui
excluraient l’élevage de volailles dans certaines régions qui pourraient être classées comme
terres cultivables ou prairies. Les entreprises agricoles qui élèvent des poulettes devraient se
situer à une distance minimale de 3,6 kilomètres des fermes d’élevages de reproduction. En

2
outre, au sein d’une ferme d’élevages de reproduction, des lots de volailles du même âge
devraie nt être distants de minimum 1,8 kilomètre.

La ferme d’élevages de reproduction devrait être clôturée et située à l’écart des voies
publiques. Les camions assurant l’approvisionnement et la maintenance des exploitations de
volailles devraient entrer par un portail surveillé et passer par un bac de désinfection. Un
désinfectant devrait être vaporisé sur la partie supérieure du véhicule. L’accès à la ferme
devrait être interdit à tout autre véhicule. La station de surveillance et la zone de nettoyage et
de désinfection des camions devraient être situées à une certaine distance du poulailler. Il
faudrait tenir une liste de tous les visiteurs de l’exploitation avicole. Toute personne voulant
accéder à la zone du poulailler devrait obligatoirement suivre une procédure stricte qui
consisterait à passer dans une pièce pour se changer, puis sous une douche, et enfin, dans une
pièce aseptisée, équipée de casiers, où tout travailleur et visiteur recevrait des vêtements
propres à enfiler.

Un poulailler doit comprendre un sol en béton à l’épreuve des ravages des rongeurs, des murs
et portes qui se nettoient facilement. Il doit également être inspecté pour s’assurer qu’il
n’abrite aucun oiseau sauvage. Les réservoirs d’aliments en vrac doivent être situés à côté de
la clôture pour éviter que les camions d’approvisionnement ne doivent entrer dans l’enceinte
de l’exploitation. D’autres installations nécessaires dans une ferme d’élevage sont un sas de
passage pour la décontamination des œufs, des installations de stockage et des installations
pour l’élimination des volailles mortes.

Les exigences sont quelque peu réduites pour les populations de poulettes et les élevages de
multiplication. Ces mesures visent à créer une barrière physique qui maintienne les êtres
humains, les véhicules, les oiseaux sauvages et les animaux à l’écart de la ferme.

Après l’extermination d’une population de volailles contaminées, le poulailler et les sols


doivent être nettoyés et désinfectés. Vous trouverez ci-dessous l’énumération de toutes les
étapes du programme de décontamination et de lutte anti- vectorielle publié dans le rapport de
1993 de l’Association américaine de la santé animale. Le Dr. Tom Holder et sa commission
d’experts, qui compte entre autres le Dr. Robert J. Eckroade, ont écrit cet article. Des listes
similaires sont aussi disponibles pour les élevages de pondeuses et de dindes.

DECONTAMINATION D’UN POULAILLER

I. Elimination des volailles


A. Supprimez toutes les volailles mortes et vivantes du bâtiment, y compris toutes les
volailles qui se sont échappées.
B. Débutez immédiatement les procédures de lutte anti- vectorielle au cours de
l’élimination des volailles. Référez-vous aux lignes directrices relatives à la lutte
anti-vectorielle.
II. Nettoyage à sec
A. Eteignez tout équipement électrique ava nt d’entreprendre le nettoyage à sec et le
nettoyage humide. Les moteurs, les connecteurs fixes et autre matériel non amovible
doivent être nettoyés à sec au moyen d’air comprimé ou à l’aide d’une brosse. Soyez
très prudent lors du nettoyage de moteurs électriques et veillez absolument à ne pas
pulvériser à l’intérieur du moteur. Avant le nettoyage humide et la désinfection,
utilisez du ruban adhésif pour couvrir les fentes du boîtier du moteur. L’adhésif doit
être enlevé lorsque le nettoyage humide et la désinfection sont terminés.

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B. Nettoyez les ventilateurs et les arrivées d’air de l’extérieur.
C. A l’intérieur, brossez, balayez, aspirez et essuyez la poussière et autres saletés des
plafonds, équipements d’éclairage, des poutres, des rebords, des murs, des
ventilateurs, des arrivées d’air, des couloirs. Nettoyez toujours de haut en bas.
D. Ouvrez rapidement les lignes d’alimentation et enlevez la nourriture des conduits, de
tous les recoins de la ligne et à tous les points d’accumulation de nourriture.
E. Les surfaces dures (béton) se nettoient plus rapidement et facilement que les sols
d’argile ou de terre. Eliminez complètement tous les déchets. Si nécessaire, balayez à
la main ou de pelletez le sol, les passages entre les pièces, les couloirs, les poteaux de
soutènement, les coins de la plupart des poulaillers pour faire du bon travail.
Remplissez si possible les brouettes de fumier à l’intérieur du poulailler et couvrez-
les avant de les emmener à l’endroit de déversement ou de compostage. Le fumier ne
doit pas être étendu à proximité des installations d’élevage.
III. Nettoyage humide
Le nettoyage humide comprend les étapes de trempage, de lavage et de rinçage.
Employez de préférence de l’eau chaude. Les détergents et autres produits tensio-
actifs sont souvent ajoutés à la solution de nettoyage pour décomposer les déchets et
les films de dépôts, et permettre une meilleure pénétration des agents nettoyants. Les
salmonelles peuvent multiplier la présence importante de déchets et moisissures. Les
étapes suivantes doivent donc être effectuées l’une à la suite de l’autre, sans
intervalle.
A. Assouplir la couche de saleté coriace dans les zones très encrassées. Un pulvérisateur
à basse pression (de 13,8 à 20,7 bars) délivrant 50 à 150 litres/minute convient pour
cette tâche.
B. Lavage. Les professionnels du nettoyage emploient une technique de pulvérisation
systématique. Ils commencent par le fond de la pièce et reviennent vers l’avant, en
débutant par les plafonds, puis les murs et finalement le sol. Utilisez des accessoires
additionnels tels que des lances ou des becs qui, montés sur le matériel de
pulvérisation, permettent de nettoyer les zones difficiles d’accès.
1. Lavez les plafonds et les murs. Nettoyez le tout en profondeur.
Bien que l’utilisation de pulvérisateurs libérant une pression de 13,8 à 137,9 bars a
été rapportée, des pressions de lavage entre 51,7 et 137,9 bars sont préférables. Lors
des nettoyages à haute pression, une attention toute particulière et des vêtements
spéciaux sont nécessaires car la pression du jet peut couper la peau à la manière d’un
couteau. Il convient donc d’être prudent et de suivre les instructions du fabriquant
lors de l’emploi de ces équipements.
2. Faites tout particulièrement attention aux parties supérieures et inférieures des
abreuvoirs et aux surfaces visibles et cachées des chaînes et auges.
3. Nettoyez les pièces de stockage, les couloirs, les dégagements, les salles comprenant
les installations sanitaires.
4. Nettoyez à la main toutes les zones qui ont résisté aux étapes de nettoyage
précédentes.
C. Rinçage
1. Il est suggéré d’effectuer un rinçage final pour obtenir un bâtiment vraiment propre
et pour éliminer les résidus des produits chimiques de nettoyage.
2. Raclez immédiatement toutes les flaques d’eau qui sont des terrains de prédilection
pour les bactéries.
D. Danger d’intoxication au monoxyde de carbone dégagé par les moteurs à essence.

4
L’institut américain de la sécurité et de la santé au travail 1 a récemment publié
l’avertissement suivant, suite à de récents accidents survenus dans des entreprises
agricoles :
1. N’utilisez pas de nettoyeurs sous pression ou autres machines alimentées par essence
dans des lieux fermés, pour le nettoyage de bâtiments, en raison de l’émission de
monoxyde de carbone, un gaz mortel.
IV. Réparations
Toutes les réparations doivent être effectuées à ce moment.
V. Inspection
Une inspection visuelle, effectuée par un tiers, est recommandée afin de vérifier que
le nettoyage humide et les réparations ont bien été effectués. Cette opération peut
être exécutée par une autorité extérieure ou par un employé interne responsable du
contrôle qualité et digne de confiance.
VI. Désinfection
La désinfection doit être entreprise dans les 24 heures qui suivent le rinçage. En
effet, les désinfectants ne sont efficaces que sur des surfaces propres. Ne débutez pas
la désinfection tant que l’inspection de la conformité du nettoyage n’a pas été
effectuée.

1
National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH)

5
A. N’employez que de l’eau propre et potable pour la désinfection. L’eau de source ou
d’étangs peut réduire l’efficacité des désinfectants.
B. Intensification de l’efficacité par la chaleur. Tous les désinfectants, qu’ils se
présentent sous la forme de sprays, de mousses, d’aérosols ou de fumigènes, sont
plus efficaces s’ils sont utilisés à des températures supérieures à 19°C. Les
températures d’emploi des désinfectants à base de chlore et d’iode ne doivent pas
excéder 43 degrés.
C. Mélanges dangereux. Chaque désinfectant est le résultat d’un précieux dosage.
L’addition de détergents, de produits tensio-actifs ou d’insecticides à un désinfectant
sans l’approbation préalable du producteur peut réduire fortement l’action d’un ou
plusieurs composants du produit. Pour des raisons d’économie, d’efficacité et de
sécurité des êtres humains et des animaux, il convient de se conformer aux
instructions fournies avec le produit.
D. Evaluation des produits. Un afflux de plaintes relatives à de nouveaux désinfectants
et systèmes de lutte contre les salmonelles a été enregistré. Le tableau 2 fournit une
aide pour l’évaluation de l’efficacité des divers produits existants.
E. 4 litres environ de désinfectant dilué sont généralement appliqués pour traiter une
superficie variant de 930 à 1400 m². La quantité totale de solution désinfectante
nécessaire est déterminée par la surface totale des sols, murs et plafonds.
F. Suivez les instructions d’emploi du fabriquant. Il est recommandé d’utiliser des
vaporisateurs sous pression ou des appareils thermiques pour pousser le désinfectant
à s’infiltrer dans les pores du bois, dans les fissures et les lézardes des murs pour
protéger contre les salmonelles. Des pressions de vaporisation de 34,5 à 69 bars sont
suggérées. Traiter toujours les pièces de l’arrière vers l’avant, et du haut vers le bas.
G. Il est pratiquement impossible de désinfecter complètement des sols encrassés. Le
désinfectant dilué est appliqué sur le sol dans des proportions de 4 litres de produit
par 100 m². Des investigateurs ont rapporté des résultats favorables avec du chlore et
de l’aldéhyde formique. Veuillez prendre note de l’avertissement ci-dessous relatif à
l’aldéhyde formique.
H. Décontaminez les casiers, les coffres, les auges et les distributeurs d’alimentation, de
même que les charrettes. Stérilisez les lignes d’approvisionnement en eau. Des
instructions précises sur la stérilisation des systèmes de distribution d’eau et
d’aliments ont été publiées dans la revue Biosecurity for Poultry2 . Vous trouverez les
références de la source en annexe. Attention ! Une utilisation inadéquate des agents
désinfectants peut endommager les composants métalliques et non métalliques des
systèmes de distribution d’eau. Renseignez-vous auprès du fabriquant d’équipements
de transport d’eau spécifiques aux exploitations agricoles avant de traiter vos puits et
lignes de distribution d’eau au moyen de chlore ou toute autre substance aseptisante.
Les lignes d’approvisionne ment en eau devraient être désinfectées entre deux
élevages. Une verdunisation systématique de l’eau consommée par les volailles, à la
concentration minimum de 1 à 1,5 * 10-6 de chlore libre semble réduire l’extension
des salmonelles. Une concentration de 1,5 à 2,5 * 10-6 de chlore libre est
recommandée pour le dernier passage de l’eau dans le système.
I. Par le passé, des solutions d’aldéhyde formique (formaline) étaient directement
appliquées comme désinfectant de surface contre les salmonelles. La fumigation par
aldéhyde formique a aussi été employée comme étape finale de la désinfection des
bâtiments contre les salmonelles, étape visant à faire pénétrer les agents désinfectants
dans les pores du bois et les fentes des murs. Cette technique est valable dans la

2
La biosécurité appliquée aux volailles

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mesure où un niveau d’hygrométrie (au moins 70%) et une température (au moins
21°C) acceptables sont maintenus. De tels traitements risquent d’être interdits à
l’avenir.
AVERTISSEMENT : l’aldéhyde formique et la formaline sont des produits
chimiques dangereux. Il convient donc de contacter les autorités nationales ou
fédérales (EPA, OSHA, FDA3 ) et des professionnels agréés avant de les employer !
En cas d’application, l’utilisation de masques à gaz, de vêtements de protection et
l’existence de plans de sauvetage est essentiel.
J. Séchez rapidement le bâtiment. Certains exploitants recourent à des canons à chaleur
pour accélérer l’étape de séchage dans des régions aux climats froids et humides.
K. Les salmonelles sont invisibles. Ayez recours à des tests de laboratoires pour vérifier
le succès de la décontamination.

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Environment Protection Agency, Occupational Safety and Health Administration, Food and Drug
Administration

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Tableau 1 Propriétés et exemples de désinfectants répandus

Propriétés spéciales Hypochlorites Iodophores Cresols Glutaraldehyde


Chloramines Phénols
Actif contre les Oui Oui Oui Oui
bactéries à Gram
négatif (Salmonella,
E.coli, etc.)

Résistance aux débris Pauvre Pauvre à Bonne Pauvre


organiques satisfaisante

Effet de l’eau dure Néant Néant Néant Oui

Effet néfaste de la d D Non Non


chaleur

Activité résiduelle e Oui Oui Oui

pH fournissant la Acide Acide Acide pH 5-8,5


meilleure efficacité

Compatibilité avec Oui Oui Oui Oui


des surfactants
anioniques (savons)

Compatibilité avec Oui Oui Non Oui


des surfactants non
ioniques

Marques déposées communes

Chloramine-T Betadine Cresl-400 Ucarsan


Clorox Bio-Dyne Environ-D
Hazalone Oifec LpH-AG
Isodyne Lysol
Losan Orthophenylphenol
R.I.D PD256
Tamed Iodine Tek-Trol
a. Modifié sur la base de Biosecurity for Poultry (Brunet) et Selection and Use of
Disinfectants in disease Prevention (Meyerholz et Gaskin)
b. Lorsque des types ou noms de produits apparaissent, il s’entend que l’Association
américaine de la santé animale (U.S. Animal Helath Association ou USAHA) ne promeut ni
ne discrimine aucun produit. La mention de marques déposées ne constitue en aucun cas une
garantie du produit par l’USAHA.
c. à moins que l’eau dure ne soit alcaline
d. Utilisez à moins de 43°C, principe actif enclenché par la chaleur
e. Hypochlorites : Non; chloramines : Oui
f. Les produits sont mentionnés à titre d’exemples. De nombreux produits ne sont pas repris
dans cette liste. Il existe de nouveaux désinfectants à base d’ammonium quaternaire.

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REDUCTION DES RISQUES DE SALMONELLE
DANS LA PRODUCTION DE POULETS DE CHAIR

LUTTE ANTI-VECTORIELLE CHEZ LES POULETS DE CHAIR,


LES POULETTES ET LES VOLAILLES REPRODUCTRICES

La lutte anti- vectorielle dépasse la simple préparation, avant le nettoyage et la


désinfection, des poulaillers vidés de leurs volailles. Il s’agit d’une pratique essentielle et
impérative pour la réduction des risques et valable pour toute la durée de vie de vos poulets de
chair.
Une détection/extermination systématique des rongeurs et des insectes, opérée par des
professionnels agréés, est conseillée. Veillez à ce que le personnel fournissant ces services
applique des procédures strictes de biosécurité pour leurs vêtements, équipements et
véhicules. Assurez-vous également des succès de ce fournisseur de services dans la lutte anti-
vectorielle au sein d’exploitations de volailles. Une pub lication en anglais, bien illustrée et
détaillée, intitulée Integrated Pest Management for Poultry (Arends et Stingham) est
disponible gratuitement, sur demande. Purina Mills a produit un film qui illustre des
techniques uniques pour le contrôle et la lutte contre les rongeurs.

I. Rongeurs
Les matières fécales des rongeurs contiennent des doses de salmonelles capables de
communiquer l’infection aux volailles, plus particulièrement les types S. enteritidis,
la S. typhimurium et la S. arizonae. Des déjections de souris se déposent souvent
dans les conduits d’alimentation, ce qui intensifierait la contamination, par les
salmonelles, de volailles vivant dans un milieu confiné. Les rongeurs n’amplifient
pas seulement l’action des salmonelles ; il semble en effet qu’ils transportent aussi la
maladie d’une exploitation ou d’une ferme à l’autre.
En conséquence, les mesures de réduction des risques de contamination de
salmonelles doivent comprendre (1) des tentatives de disposer de bâtiments à
l’épreuve des rongeurs, (2) une sélection adéquate des appâts et de leur mise en
place, (3) l’élimination rapide et sûre de toutes les volailles mortes, des aliments non
consommés ou renversés et (4) des inspections, mises en place d’appâts et captures
régulières, effectuées par des professionnels. Voici un programme détaillé de lutte
contre les rongeurs.
II. Bâtiments à l’épreuve des rongeurs
A. Eliminer tous les refuges potentiels pour les rongeurs, à l’intérieur et à l’extérieur du
poulailler (par exemple, les hautes herbes, les buissons, les déchets alimentaires, les
équipements cassés, les débris de construction, les remblais sous les fondations, les
boîtes en carton).
B. Il est suggéré d’installer des obstacles contre les rongeurs autour des poulaillers.
C. Fermez toutes les entrées intérie ures ou extérieures du bâtiment. Réparez tous les
défauts dans les revêtements extérieurs des murs. Les portes et encadrements de
porte doivent s’ajuster impeccablement.
D. Rebouchez tous les trous et le béton fissuré ou cassé. L’emploi de « laine d’acier »
pour refermer un trou et l’ajout d’une couche finale de maçonnerie constituent une
bonne méthode pour condamner toute ouverture.
E. Les bacs d’alimentation et les bâtiments devraient être protégés pendant la nuit.
Eliminez quotidiennement les volailles mortes.

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III. Préparatifs avant le placement des appâts
A. Après avoir vidé les poulaillers de leurs volailles, tous les aliments doivent être
immédiatement retirés des mangeoires et du bâtiment pour inciter les rongeurs à se
rendre directement aux appâts.
B. Eliminez toutes les sources de nourriture possibles pour les rongeurs (par exemple,
des aliments renversés et des volailles mortes).
C. Inspectez régulièrement l’extérieur du bâtiment à la recherche de trous ou terriers
creusés par des rongeurs.
IV. Sélection et mise en place des appâts
A. La warfarine (ou coumafène), diphacinone et pindane sont des rondenticides
anticoagulants requérant des doses multiples pour produire l’effet escompté. Ils
doivent donc être ingérés plusieurs jours de suite pour provoquer la mort des
rongeurs. Ils sont particulièrement efficaces dans des programmes d’appâts réguliers,
toutes les deux semaines. Les anticoagulants plus récents contiennent du
brodifacoum et du bromadiolone qui peuvent engendrer la mort trois à cinq jours
après une seule ingestion. Ces rodenticides « à dose unique » peuvent s’employer à
tout moment, et plus particulièrement, juste après l’évacuation des volailles du
poulailler. Les poudres de pistes sont surtout utilisées dans les zones souvent
fréquentées par les rongeurs mais où l’installation d’un poste d’appâtage est malaisée
(par exemple, les solives et les chevrons). Il s’est avéré que l’alternance des
rodenticides tous les deux mois contribue à éviter l’effarouchement des rongeurs et le
développement d’une résistance aux produits. Vous trouverez au tableau 1 une liste
des rodenticides employés dans les exploitations avicoles.
B. Les personnes qui achètent des rodenticides sous-estiment souvent leur nécessité à
long terme. Veillez à constituer un stock de ces produits.
C. Economisez vos appâts en installant des postes d’appâtage uniquement aux trous
« actifs ». Bouchez, à l’aide de papier, tous les trous pratiqués par les rongeurs et ne
placez des appâts qu’au niveau des trous qui se réouvrent.
D. Disposez les appâts en respectant les instructions d’orientation fournies par le
fabriquant de votre rodenticide. Placez des appâts en petites quantités et renouvelez-
les régulièrement (jusqu’à deux fois par semaine) plutôt que de placer de grandes
quantités peu fréquemment. Les rongeurs préfèrent les appâts frais.
E. La lutte contre les rongeurs des greniers est facilitée par la construction de trappes
d’accès aux combles, associée au placement d’un appâtage annuel, au minimum,
sous la forme d’un bloc de cire et d’appâts à effet aigu vendus en paquets à usage
unique, renouvelés aussi souvent que nécessaire. Appâtez le périmètre extérieur du
poulailler par l’installation de bat- flanc en bloc de cire.
F. Lorsque le programme de lutte est terminé, il est essentiel de procéder à l’inspection
et au nettoyage des postes permanents d’appâtage tous les quinze jours. Inspectez les
postes au moyen d’une source de lumière rouge de faible intensité constitue une
méthode de contrôle et d’évaluation efficace.
G. Précaution : Tous les appâts sont toxiques pour les rongeurs, les volailles, les autres
animaux et les être humains. Disposez- les de manière à éviter qu’ils ne contaminent
les aliments ou ne soient à la portée des volailles ou des êtres humains. Les appâts ne
doivent pas être simplement disposés à même le sol, dans les zones fréquentées par
les être humains, qui risquent de transporter le poison sur leurs semelles et de
contaminer des zones sensibles.

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Tableau 1. Rodenticides qui peuvent être employés dans les exploitations avicoles

Matière active Dose unique/multiple Empoisonnement secondaire


Brométhaline Unique Non
Calciférol (Vit. D) Multiple Non
Warfarine et sel de sodium Multiple Oui
Brodifacoum Unique Oui
Bromadiolone Unique Oui
Pindane et sels de sodium Unique/multiple Oui
Diphacinone et sels de Unique/multiple Oui
sodium
Chlorophacinone Unique/multiple Oui
PMP sels de calcium Multiple Oui
Scilliroside Unique Non
Phosphore de zinc Unique Non

V. Insectes
A. Stratégie de contrôle de base
La lutte des mouches et scarabées, qui peuvent aussi être des vecteurs de
salmonelles, exige le recours à plusieurs pratiques, ce qui réduit la pression sélective
rencontrée lors de l’emploi d’une seule méthode d’éradication. Par exemple :
1. Conservez une litière bien ventilée et sèche.
2. Empêchez toute fuite d’eau et la présence de zones humides.
3. Si possible, utilisez des méthodes de lutte biologique (des mouches parasites et
prédateurs).
4. Utilisez différents types d’insecticides. Alternez, par exemple, les insecticides à base
de phosphate organique (malathion), les carbamates (sevin) et les pyréthrines. La
terre de diatomées peut être utilisée en association avec des insecticides chimiques.
B. Application des insecticides
1. Lorsque le sol est bien sec, après le nettoyage et la désinfection, appliquez un
insecticide agréé sur le sol, les poutres de soutènement et les murs, pour combattre
les scarabées et les autres insectes nuisibles.
2. L’association de pyréthrines (pyréthrine et pypéronyl butoxide) font partie des rares
insecticides qui peuvent être utilisés par des systèmes de vaporisation automatique à
l’intérieur des poulaillers. Ils offrent les avantages suivants : capacité « de mettre au
tapis » rapidement les insectes volants, faibles périodes résiduelles et faible toxicité
pour les mammifères. La fréquence d’application de ces insecticides, surtout
lorsqu’ils sont employés par un système vaporisation automatique, ne doit pas
dépasser deux utilisations par semaine.
3. Suivez les précautions de sécurité recommandées par les fabriquants lors de
l’application de ces insecticides.
VI. Oiseaux sauvages et animaux domestiques
Evitez de laisser traîner de la nourriture à l’extérieur des bâtiments et, dans ce cas,
nettoyez- la immédiatement. Les bâtiments doivent être construits de manière à
exclure l’accès des oiseaux sauvages et à les empêcher de percher sous les avant-toits
ou sur des persiennes. Lors de l’évacuation des volailles, veillez à n’en oublier
aucune dans le poulailler. Empêchez les oiseaux sauvages de nicher et de se
reproduire dans les poulaillers. Les animaux domestiques ne peuvent avoir accès aux
poulaillers.

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MAINTENIR LES AGENTS PATHOGENES
A L’ECART DE L’EXPLOITATION AVICOLE

Le programme de biosécurité, décrit dans les pages précédentes, pour le nettoyage et la


désinfection des exploitations avicoles (fermes) doit à présent aborder la question « de ce qui
passe par le portail ou la clôture de sécurité ».

L’ensemble du programme de lutte contre la maladie consiste à introduire des poussins


exempts de certaines maladies dans une ferme également dépourvue des agents pathogènes
générant ces maladies et à éviter ensuite l’introduction de ces mêmes agents pathogènes. Un
certain risque est associé aux mouvements de poussins, aliments, êtres humains, véhicules et
équipements de l’extérieur vers l’intérieur de la ferme « propre ».

POUSSINS

Les poussins installés dans la ferme doivent obligatoirement provenir d’élevages de


reproduction testés et certifiés exempts ou immunisés contre des maladies spécifiques. Dans
la plupart des pays, ces maladies comprennent la pullorose, la typhoïde, la MG, le
Mycoplasma synoviae (MS) et, plus récemment, la Salmonella enteritidis (SE). Si possible, les
fermes doivent pratiquer l’élevage par lots distincts de volailles du même âge.

COUVOIRS

Le couvoir est le point central de toutes les exploitations intégrées de poulets de chair.
Comme tous les poussins passent par cet endroit, il est le lieu par excellence où les agents
pathogènes peuvent se transmettre et atteindre tous les poulaillers de l’exploitation. Un faible
niveau de biosécurité peut aussi provoquer la propagation des maladies aux élevages de
reproduction.

Les agents infectieux tels que la MG et les salmonelles peuvent se transmettre verticalement à
partir d’élevages de reproduction infectés. Les agents peuvent aussi être introduits dans le
couvoir, par des personnes, des véhicules ou équipements portant les germes de la maladie.
Les procédures de biosécurité en couvoirs devraient permettre la détection précoce de ces
infections ou mieux, empêcher leur introduction ou limiter leur propagation horizontale, en
cas de présence des agents pathogènes.

Tout comme les fermes de sélection, les couvoirs doivent offrir le niveau de biosécurité le
plus strict pour l’éclosion des poussins reproducteurs et servant à la multiplication. Les
couvoirs pour les poussins reproducteurs devraient être entourés d’une clôture et seules les
camions de livraison des œufs et des poussins devraient avoir l’autorisation d’entrer dans cette
enceinte, non sans avoir subi un nettoyage et une désinfection. Les travailleurs et visiteurs
devraient stationner à l’extérieur de cette enceinte et ne devraient pouvoir y pénétrer qu’après
avoir signé un journal de bord, avoir pris une douche et avoir enfilé une combinaison
spécialement conçue pour pénétrer dans les couvoirs. Dans les élevages de multiplication et
les couvoirs de poulets de chair commerciaux, tous les employés et les visiteurs devraient
enfiler un survêtement sur leurs vêtements et chaussures. En cas d’apparition d’une maladie,
des douche seraient aussi accessibles. Tous les véhicules de livraison de poussins et d’œufs
devraient être uniquement assignés à cette tâche et être soumis à une fumigation quotidienne.

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La structure du couvoir doit comprendre des surfaces non poreuses et un sol en pente douce
qui facilite les nettoyages et désinfections fréquentes. Le schéma des flux de travail doit
toujours s’effectuer à partir de la pièce aseptisée, contenant les œufs, vers la pièce non
aseptisée où s’opère le traitement des poussins. Le flux d’air doit être sous pression positive
dans les zones aseptisées et sous une pression inférieure dans les zones non aseptisées.

Les préincubateurs doivent être nettoyés et désinfectés chaque jour, après chaque transfert.
Les éclosoirs doivent être nettoyées et désinfectés après chaque incubation.

Un contrôle microbiologique périodique du couvoir garantit l’assurance qualité de l’ensemble


du programme sanitaire. Il pourra aussi détecter les infections de salmonelles dans les
élevages de reproduction.

ALIMENTS

Les aliments et leur livraison représentent un risque important pour la biosécurité des fermes
avicoles. Les usines d’aliments de bétail doivent appliquer un programme de biosécurité
particulier, comprenant des pratiques propres de bonne gestion, spécifiques à ce milieu. Les
aliments sont une source bien connue de Salmonella, d’autres bactéries et mycotoxines. Ils
doivent donc être manipulés selon des règles précises, doivent être traités pour en éliminer les
agents pathogènes et ne peuvent plus subir une nouvelle contamination après traitement.
Comme toutes ces procédures ne sont pas pratiquées au sein de la ferme avicole, le
programme de l’usine d’aliments de bétail doit être connu des personnes responsables de la
gestion de la biosécurité.

La structure d’une usine d’aliments de bétail doit se composer d’une première partie abritant
les ingrédients séparés et d’une seconde partie aseptisée, qui accueille les aliments prêts à être
commercialisés. Les responsables de la gestion doivent donc contrôler les flux de produits et
les mouvements de personnes. Les rongeurs et les oiseaux sauvages doivent être tenus à
l’écart de ces endroits, afin d’empêcher l’introduction d’agents pathogènes dans les lieux
normalement propres où sont entreposés les stocks de grains et les aliments finis. Les sous-
produits d’origine animale tels que la farine de poisson et la farine d’équarrissage sont des
ingrédients à plus haut risque. Ils doivent être placés et stockés dans des casiers à part, au
moyen d’équipements exclusivement utilisés pour leur manipulation. La vérification de la
contamination de ces produits et leur achat à des entreprises qui appliquent des pratiques de
bonne gestion propres réduiront la présence de salmonelles dans ces aliments.

De par la reconnaissance du risque qu’impliquent les ingrédients contaminés, l’application


des procédés de pré-traitement, de granulation, de traitement et d’acidification des aliments
finis est très répandue. Le contrôle du couple temps-température dans le processus de
granulation et l’évaluation du niveau d’acidit é additionné fournissent les garanties d’un
contrôle de qualité efficace. Ensuite, il faut éviter toute nouvelle contamination, par des
personnes, des équipements ou de la vermine, des aliments finis désinfectés. Dans certains
pays, où la distribution de l’alimentation par sac est utilisée, la réutilisation de sacs peut être à
l’origine de l’introduction d’agents pathogènes dans des fermes exemptes de maladies.

PERSONNES

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Les mouvements de personnes représentent peut-être le plus grand risque d’introduction
d’agents pathogènes dans une exploitation avicole. Aucune personne non autorisée ne doit
pouvoir s’approcher du poulailler ou du couvoir. Les travailleurs de l’exploitation autorisés
doivent être conscientisés de la menace qu’ils représentent à chacune de leur entrée dans
l’enceinte de la ferme. Les procédures d’accès conditionnés par le passage sous une douche
sont essentielles dans le cas d’élevages de reproducteurs. Le changement de vêtements, le port
de chaussures, d’un chapeau et le nettoyage des mains constituent les précautions minimales à
prendre dans le cas d’élevages de volailles pour la multiplication. Le port d’un survêtement,
de chaussures et d’un chapeau, ainsi que le nettoyage des mains s’appliquent pour les
élevages de poulets de chair.

Les travailleurs de l’entreprise ne peuvent avoir de contacts avec d’autres volailles, de même
qu’avec des animaux domestiques, des oiseaux, des coqs de combat. Ils ne peuvent pas non
plus visiter des foires d’animaux ni chasser des canards sauvages. Tout le travail effectué
pourrait être réduit à néant par l’entrée dans le poulailler d’une seule personne dont les
vêtements, le corps ou les chaussures sont contaminés. Les équipes de maintenance, de
vaccination et les gardiens se déplacent d’un poulailler/ d’une ferme à l’autre. Ils doivent être
conscients du risque qu’ils occasionnent. Les conducteurs de camions d’aliments ne doivent
jamais avoir accès au poulailler. Des boîtes aux lettres peuvent être placées à côté des casiers
d’aliments pour permettre aux livreurs de fournir les recettes avec les aliments livrés. Les
conducteurs qui viennent emporter les œufs doivent uniquement être autorisés à pénétrer par
l’entrée extérieure de la pièce qui abrite les œufs.

Si possible, les équipes et le personnel de maintenance ne devraient visiter qu’une ferme par
jour. Il vaut mieux que les gardiens vivent au-delà de la clôture qui enceint les poulaillers. Ils
ne doivent pas visiter d’autres fermes.

VEHICULES ET EQUIPEMENTS

Les véhicules se déplacent aussi d’une ferme à l’autre. La proximité du poulailler doit être
aussi limitée que possible. Un stationnement trop proche d’un poulailler infecté laisse à la
poussière le loisir de contaminer l’extérieur et l’intérieur du véhicule si les vitres sont
baissées. Les semelles contaminées peuvent elles-mêmes transmettre les agents pathogènes au
plancher des camions et des voitures. Les bottes devraient être lavées et aseptisées avant
d’entrer dans les véhicules et les chaussures doivent être vaporisées de désinfectant. Les
survêtements doivent rester dans la ferme ou être stockés dans des sacs de plastique pour être
nettoyés. Les mouches peuvent aussi poser un problème car elles peuvent se réfugier dans les
véhicules et se laisser transporter jusqu’à la ferme suivante.

Les véhicules doivent être lavés et nettoyés à fond chaque semaine, plus souvent, même, si
l’exploitation visitée pose des problèmes. Dans la mesure du possible, les équipements ne
doivent pas être partagés entre plusieurs fermes, plus particulièrement entre les fermes de
reproducteurs et la ferme où est élevée la lignée issue de ces élevages.

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PROGRAMME NATIONAL DE LUTTE CONTRE LA MALADIE

L’évolution des programmes de biosécurité s’est produite en raison de la nécessité


d’éradiquer l’infection S. pullorum des élevages de reproduction. A la fin des années ’20 et au
début des années’30, le S. Pullorum était une maladie grave pour les jeunes volailles et
provoquait un taux de mortalité élevé. La reconnaissance du rôle important joué par les
élevages de reproduction infectés et la transmission de la maladie à la progéniture sur de
longues périodes a suscité la mise sur pied d’un programme d’éradication de la pullorose.

Ce programme, basé sur des tests sanguins et microbiologiques, visait à identifier les volailles
infectées par la pullorose. Sa réalisation exigeait des investissements considérables en temps
et en moyens financiers. Lorsqu’un élevage était « propre », on voulait évidemment le tenir
absolument à l’écart d’une nouvelle infection. Nous appelons à présent ce processus
biosécurité.

Aux Etats-Unis, le Plan national d’amélioration des volailles (National Poultry Improvement
Plan ou NPIP) a été mis au point en 1935 et constituait un programme national d’éradication
de la pullorose dans les élevages de reproduc tion. Ce plan est géré par le gouvernement
fédéral américain, par le biais de programmes des gouvernement des Etats. Il s’effectue sur
une base volontaire, exige l’application de meilleures pratiques de gestion spécifiques à la
biosécurité et comprend des tests sanguins et microbiologiques périodiques. Ce programme
s’adresse aux élevages de reproducteurs mais peuvent aussi inclure les élevages de
multiplication si une exploitation avicole de ce type en manifeste le désir. Le NPIP exige que
les maladies traitées par le programme soient signalées et notifiées dans chaque Etat. De cette
manière, la reconnaissance de l’infection par des laboratoires de diagnostic est portée à leur
attention par le canal des systèmes de notification.

Le NPIP est contrôlé par des représentants, disposant du droit de vote, délégués par les Etats
qui participent au plan. Ses délégués se réunissent tous les deux ans pour organiser un forum
de discussion et apporter des modifications au programme. Au cours des années, le
programme s’est élargi, à la demande de l’industrie avicole, pour inclure la S.gallinarum
(typhoïde), la MG et la MS. Une modification majeure a été apportée à la fin des années ’80
par l’introduction dans le programme de la salmonelle parathyroïde. Ce ajout s’explique par
les préoccupations et de l’attention accordée par le public aux salmonelles transmises par
l’alimentation et responsables de maladies chez l’être humain.

Dans les années ’90, il a été demandé au NPIP de certifier que des produits à l’exportation
étaient exempts d’agents pathogènes autres que la SE transmise par les œufs ou que la
maladie qui se propage au niveau des couvoirs.

Le programme NPIP de base fonctionne car il s’applique sur une base volontaire et prohibe le
transport, au-delà des frontières d’un Etat, de volailles ne répondant pas aux normes et critères
imposés. Il n’exige pas nécessairement la destruction des élevages. Aucune compensation ne
doit donc être versée aux exploitations. En réalité, il fonctionne aussi par le fait que les
entreprises avicoles participant au programme ne sont pas autorisées à faire du commerce
avec les entreprises non intégrées dans le plan. De toute façon, les industries avicoles
n’achèteraient jamais des volailles infectées.

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Ce plan permet à l’entreprise qui est implantée dans un seul Etat de fournir des poussins aux
seules fermes dont elle est propriétaire mais pas aux autres entreprises, ni sur le marché de
l’exportation, qui a pris une importance énorme. Si un élevage de multiplication devait être
infecté par la MG, l’entreprise n’exigerait pas l’extermination de l’élevage. Récemment
encore, toutes les entreprises que je connais auraient en fait exterminé les élevages de
multiplication infectés par la MG. Comme les élevages de multiplication ne sont pas soumis
aux tests obligatoires, certains d’entre eux sont infectés. Dans ce cas, certaines entreprises
décident de garder l’élevage, de le traiter par médicaments et de réduire les pertes dues à la
MG à la progéniture, d’accroître les pratiques de biosécurité des lieux infectés, à savoir la
ferme, le couvoir et les fermes de poulets de chair vers lesquelles sont acheminés leurs
poussins.

L’exploitation avicole de multiplication doit être soumise à un nettoyage et une désinfection


spéciale avant d’accueillir à nouveau des volailles exemptes d’agents pathogènes. Elle doit
aussi subir une surveillance sérologique approfondie pour s’assurer qu’elle ne soit pas à
nouveau infectée.

Une entreprise dont les élevages de multiplication sont contaminés par une infection MG
étendue a pris la décision de recourir à la vaccination contre la MG pendant un an pour se
débarrasser de ce problème. Les coûts d’extermination de tous ses élevages ne pouvaient pas
se justifier. Dans cette entreprise, la présence et propagation de la maladie étaient dues à un
programme de tests inadéquat et à un faible niveau de biosécurité qui avait également permis
à la maladie de contaminer d’autres élevages de reproduction.

Les élevages de reproducteurs infectés par la MG devaient systématiquement être éliminés


par l’entreprise, à ses propres frais. Ils ne pouvaient tout simplement plus rester dans la chaîne
de production car ils auraient donné des poussins infectés par la MG et devaient faire partie
du programme NPIP pour envoyer les volailles et les œufs hors des frontières de l’Etat. La
plupart des exploitations implantées dans les pays d’Europe occidentale auraient agi de la
même manière. Les élevages de reproducteurs auraient été tués sans dédommagement de
l’entreprise et les élevages de multiplication pourraient être traités et ne devraient donc pas
être tués.

Il semblerait que les efforts incroyables consentis par l’industrie de sélection restent à sa
charge. L’industrie des volailles de chair accepte un certain niveau de MG mais elle exprime
sa volonté d’exiger de tous les élevages de reproduction qu’ils soient exempts de cette
maladie. De manière similaire, l’industrie des pondeuses requiert que tous les niveaux de
reproducteurs, y compris les élevages de multiplication soient exempts de MG mais un certain
pourcentage d’infection subsiste au niveau des élevages de production commerciale d’œufs.

Dans les pays qui disposent d’industries avicoles modernes, les programmes nationaux ont
éradiqué et lutté contre la pullorose et la typhoïde au niveau de la reproduction et de la
production commerciale. L’infection par ces agents pathogènes n’est pas admise. Malgré
l’interdiction de cas de MG et MS au niveau des reproducteurs et au-delà, ces maladies
apparaissent occasionnellement au niveau des élevages de multiplication. L’obligation d’une
surveillance a été efficace dans la mesure où elle a permis d’identifier les élevages infectés.

L’industrie avicole a manifesté quelques réticences à l’introduction, dans ces programmes


nationaux, des agents pathogènes pour les êtres humains. La plupart de ces salmonelles ne
provoquent pas de maladies importantes chez les volailles. L’industrie avicole allègue que ces

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questions de sécurité relèvent du traitement et de la cuisson des aliments et que les secteurs et
personnes concernées devraient donc assumer la responsabilité de ces maladies. Une nouvelle
intervention du gouvernement au niveau des fermes impose à l’industrie avicole de participer
à un programme global de réduction des salmonelles.

Dans la majeure partie de l’Europe et des Etats-Unis, la SE est devenue la salmonelle associée
aux maladies transmises par les aliments la plus répandue. En conséquence, on a observé un
accroissement du nombre de programmes de régularisation visant à lutter contre, à réduire ou
à éradiquer la salmonelle chez les volailles. Dans certains pays, la S. typhimurium est
également incluse. Dans quelques autres pays, comme la Suède, la viande de volaille ne peut
contenir aucune salmonelle.

En partant du fait que les Paratyphoid Salmonellae infectent presque tous les animaux à sang
chaud ou froid, les sources de contamination des volailles sont multiples, à la différence de la
S. pullorum qui touche uniquement les volailles. Les exigences en matière de biosécurité sont
donc bien plus élevées. A la ferme, l’apparition de la maladie peut être provoquées par les
personnes, les animaux domestiques, les serpents, d’autres animaux de la ferme, les rongeurs
et les oiseaux sauvages. Tandis que les ingrédients des aliments ne sont presque jamais
contaminés par la S. pullorum, ils contiennent régulièrement les agents pathogènes d’autres
salmonelles. L’industrie des volailles faisant partie du secteur économique de l’alimentation
humaine, elle est aussi intégrée dans le secteur de la santé humaine.

Les gouvernements ont répondu de diverses manières aux problèmes des salmonelles. Aux
Etats-Unis et en Europe occidentale, un contrôle de l’apparition de salmonelles est exigé pour
les reproducteurs de poussins de type volailles de chair et volailles pondeuses. Le
gouvernement intervient au niveau des élevages dont la contamination est mis en évidence.
Aux Etats-Unis, les élevages de multiplication et les élevages supérieurs dans la hiérarchie
infectés par les salmonelles sont exterminés par les entreprises sans indemnisation des
autorités. Je sais d’expérience que des entreprises ayant acheté des poussins de plusieurs jours
destinés à la production d’œufs et dont la contamination a été mise en évidence par nos
laboratoires, n’ont pas accepté de payer les poussins et ont exigé une indemnisation de la part
du fournisseur pour le nettoyage et la désinfection qui devaient être entreprises avant
d’accueillir l’élevage suivant de poussins.

L’infection causée par le bactériophage SE de type 4 chez les poussins et les êtres humains est
plus sérieuse. Au départ, ce type de bactériophage particulier semblait être bien plus
pathogène. Le gouvernement du Royaume-Uni a exigé l’application de tests et l’abattage des
élevages dont la contamination était prouvée. Dans ce cas, ils ont également indemnisé les
propriétaires des volailles. Après une dizaine d’années, le problème de la SE au Royaume-Uni
s’est fortement amélioré. Actuellement, le gouvernement autorise le traitement des élevages
comme alternative à l’abattage, ce qui lui permet de ne pas devoir payer d’indemnisation.

La Suède a adopté l’approche la plus radicale pour résoudre le problème de santé dû à la


présence de salmonelles chez les êtres humains. Ce pays a exigé que les effectifs de
reproduction soient élevés en quarantaine et que soit apportée la preuve qu’ils se sont
contaminés par aucun type de salmonelle. Des échantillons sont prélevés sur tous les élevages
de volailles de chair avant leur abattage. La mise en évidence d’un seul cas de salmonelle
dans un élevage requiert l’extermination de l’élevage entier. Des vérifications
supplémentaires à l’abattage qui révèlent un type quelconque de salmonelle condamne le lot
entier de volailles. L’industrie avicole suédoise n’est pas très importante, les coûts de

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production sont élevés mais les marchés sont protégés des importations par l’exigence de
produits exempts de toute salmonelle. Le versement d’indemnités est prévu par un programme
d’assurance qui est financièrement viable car il peut récupérer ces coûts grâce à l’existence
d’un marché contrôlé.

L’AVENIR DES PROGRAMMES DE BIOSECURITE ET DE SURVEILLANCE

A l’avenir, je pense que le programme NPIP aux Etats-Unis, et des programmes similaires
dans d’autres pays, seront chargés de deux missions. Les nouvelles maladies émergentes qui
se transmettent par des élevages de reproduction infectés seront ajoutées au programme.
L’identification récente d’un virus de leucose aviaire « J » est une bonne illustration de cette
évolution. Il s’agit d’une maladie grave qui se prêterait bien à être intégrée au programme.
Tout d’abord, un simple test qui pourra être effectué dans des laboratoires publics sera exigé.

Deuxièmement, l’importance sans cesse croissante accordée à la sécurité alimentaire requerra


des efforts supplémentaires pour réduire la fréquence, chez les volailles, des agents
pathogènes pour les êtres humains. Les infections humaines causées par un campylobacter
sont reconnues depuis un certain temps comme étant la cause principale de maladies gastro-
intestinales. Les volailles sont la source la plus répandue de contamination de ce virus à
l’homme. Un nouveau programme sera certainement mis sur pied pour assurer la lutte contre
le campylobacter.

Le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs consiste à impliquer des représentants de


l’industrie avicole, des professeurs d’universités et des fonctionnaires du gouvernement dans
l’élaboration de ces nouveaux programmes. Les réglementations gouvernementales imposées
sans l’implication de l’industrie avicole peuvent mener à l’échec.

Un programme facultatif d’assurance qualité des œufs de Pennsylvanie (Pennsylvania Egg


Quality Assurance Program ou PEQAP) mis au point par des industriels du secteur des œufs,
des professeurs d’universités, des représentants du gouvernement fédéral et de l’Etat de
Pennsylvanie a donné jour à un nouveau programme réalisable et financièrement viable. En
1988, l’industrie des œufs de Pennsylvanie s’était brusquement vue impliquée dans
l’apparition de maladies transmises par les aliments. Des analyses avaient permis de remonter
jusqu’aux œufs produits en Pennsylvanie et de les désigner comme responsables de la
propagation de cette maladie. Nous avons aussi mis au point de nouveaux programmes de
biosécurité et de surveillance pour l’industrie des œufs. Le programme de Pennsylvanie a
permis de réduire de 48 à 7% les élevages infectés et ce pourcentage continue à diminuer. Ce
programme ne fonctionne que grâce à l’implication de l’industrie dans l’élaboration d’une
solution. J’espère que la méthode qui a servi à la mise au point du PEQAP constituera un
modèle pour l’élaboration des futurs programmes par le gouvernement et l’industrie.

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