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Les risques

sanitaires pour
l’environnement

Le consommateur demande de plus fosse de récupération des eaux faci- Des chartes sanitaires établissent des
en plus d’assurance sur la qualité litent la décontamination des sols. règles minimales concernant des
sanitaire et alimentaire du produit • abords et voies d’accès : déga- aménagements spécifiques des bâti-
qui lui est fourni.Ceci ne va pas sans gés, d’entretien aisé, délimités en ments. Des démarches sont actuel-
une gestion rigoureuse de l’hygiène 1/2 périmètre « propre » réservés lement en cours pour étendre ces
aux différents stades de la filière et aux entrées et en 1/2 périmètre chartes sanitaires à l’ensemble des
donc au cours de la phase d’élevage. « souillé » réservé aux sorties. productions avicoles de chair. Elles
La protection sanitaire ne s’arrête • eaux : fosse de récupération des reposent pour partie sur des mesu-
plus au produit mais s’étend désor- eaux de nettoyage. Aire de lavage res de biosécurité dans l’espace vis-
mais à l’environnement. et désinfection du petit matériel à-vis des sources, réservoirs et vec-
Parmi les problèmes de pollutions et raccordée à la fosse et abri de stoc- teurs des agents pathogènes.
de nuisances, la dissémination d’a- kage de matériel décontaminé.
gents pathogènes à partir du site d’é- Possibilité de récupération des
levage, ou des effluents qui en sont eaux de pluies provenant des toits
2. Les risques liés aux
issus,peut s’accompagner de risques lesquelles sont contaminées par déjections
sanitaires.En effet,ces effluents peu- la poussière présente sur les toits,
vent contenir des germes pathogè- ainsi que les eaux usées en pro-
nes particulièrement résistants et venance du sas sanitaire. Plusieurs dangers peuvent provenir
dont les agents de transport (l’eau, • litière propre : site de stockage de l’épandage de déjections avicoles,
l’air, le sol) peuvent contribuer à la protégé de l’humidité,des rongeurs en particulier lorsqu’il s’agit de
dissémination des maladies, consti- et des oiseaux. fumiers épandus sur pâtures.En effet,
tuant ainsi une atteinte potentielle on peut craindre un impact de cer-
pour les autres élevages. • aliment : accès des camions aux taines bactéries,en particulier les sal-
silos, par l’extérieur du périmètre monelles,réputées contagieuses pour
d’élevage et sans stationnement l’homme et faisant l’objet de mesure
1. Les risques liés au devant les entrées des sas. d’abattage dans les filières de ponte
bâtiment • cadavres : enceintes réfrigérées à et de reproduction.Heureusement le
température négative et stockage stockage aboutit à une fermentation
temporaire pour l’équarisseur,dans qui donne lieu à une élévation de la
Le bâtiment lui-même peut être à un entrepôt bétonné, clos, éloigné température,garantissant ainsi la des-
l’origine de contaminations à partir de l’élevage. truction de bon nombre de bactéries
des restes de fumier et des plumes • fumiers, lisiers : emplacement (se reporter au chapitre traitant du
des lots précédents, mais de nom- du stockage permettant d’éviter compostage). C’est pourquoi, il est
breuses autres sources de contami- une contagion par voie aérienne préconisé d’épandre un fumier stocké
nation existent (matériels et véhi- ou par des écoulements sur les depuis un à deux mois. De même
cules notamment). C’est pourquoi, voies de circulation. pour les lisiers, l’idéal serait d’avoir
le bâtiment et ses abords doivent deux fosses de façon à ce que le
être aptes à être décontaminés,c’est- contenu de l’une soit épandu après
à-dire nettoyés et désinfectés : un stockage de quelques semaines
• bâtiments et équipements : sans nouvel apport.
concevoir des locaux et les équipe- Il existe un autre danger potentiel lié
ments des différents circuits acces- à la présence de Clostridium botu-
FDGDS

sibles au nettoyage et à la désinfec- linum, auquel sont sensibles les


tion et donc démontables en partie. Des abords dégagés, propres et volailles et les bovins.La présence de
• entrées et sorties des locaux : entretenus permettent de limiter les cadavres dans le fumier et le lisier de
surfaces bétonnées, avec éven- risques sanitaires pour l’environ- volailles semble être le facteur pre-
tuellement une pente vers une nement mier d’apport des agents du botu-

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lisme (bactéries, spores et toxines). souris, mulots) et des oiseaux (moi- 4. Les risques liés aux
Les cadavres en putréfaction sont le neaux, étourneaux) mais également
milieu privilégié de multiplication de des insectes (mouches moucherons,
insectes 1
la bactérie et de la toxinogénèse.Ces ténébrions) et acariens (poux rouge).
cadavres peuvent se retrouver à la Ces nuisibles sont indésirables à plus Le développement des élevages hors-
disposition de différents vecteurs, d’un titre.Outre les dégâts qu’ils peu- sol de volailles représente pour les
dont la faune prédatrice, lesquels vent provoquer au niveau de l’éle- arthropodes, et en particulier pour
achemineront les agents du botu- vage (détérioration du matériel, de les insectes, l’opportunité de colo-
lisme jusqu’aux bovins. l’isolation, des ouvrants, problèmes niser de nouveaux milieux.Ces envi-
La prévention du botulisme chez les techniques, sanitaires et écono- ronnements artificiels fournissent à
bovins en zone d’activité avicole com- miques,stress des animaux),ils sont certaines espèces de Diptères ou de
mence dans les élevages de volailles souvent porteurs de parasites ou de Coléoptères des conditions très favo-
par le retrait quotidien des cadavres germes comme les salmonelles ou rables à leur développement.
et leur élimination vers l’équarissage. virus pouvant contaminer le chep-
Mais elle doit comprendre aussi : le Chaque élevage se subdivise en dif-
tel. Non seulement ces intrus péna- férents compartiments (silo de stoc-
respect des mesures d’hygiène rela- lisent le résultat technico-écono-
tives aux effluents et aux déjections kage des aliments, unité d’élevage
mique du lot mais ils dégradent proprement dite, magasin...) qui
avicoles édictées par la réglementa- progressivement le site d’élevage et
tion sur la protection de l’environ- constituent des milieux caractérisés
son environnement immédiat. par des paramètres abiotiques (tem-
nement, le contrôle de la faune sau-
vage carnivore et de la divagation des L’hygiène générale des élevages pérature, hygrométrie, lumière, res-
chiens et des chats et enfin la vacci- (abords propres, entretien général source alimentaire...) et des para-
nation antibotulinique des bovins. et permanent,luttes préventives par mètres biotiques (compétition,
dératisation, désinsectisation) est la prédation, parasitisme...).
Pour être juste, bon nombre de ces première voie de la maîtrise de ces
démarches visant à réduire les risques Les fientes des volailles constituent
vecteurs de contamination. Outre pour beaucoup d’espèces d’arthro-
de contamination microbienne repo- ces principes généraux, ils ont tous
sent en réalité sur la nécessité d’une podes des substrats de développe-
des comportements particuliers et ment privilégiés. Il s’agit d’un maté-
meilleure sécurité des aliments vis à nécessitent des mesures adaptées.
vis du consommateur C’est bon éga- riel hétérogène dont les structures
lement pour l’environnement,dans la Les rongeurs sont vecteurs de bac- et les propriétés sont constamment
mesure où il est clairement établi que téries (salmonelles et pasteurelles) modifiées par les facteurs environ-
l’objectif est d’éviter la contamination et de virus. La dératisation est de nementaux. Les changements phy-
microbiologique et la pollution chi- rigueur en continu et pendant le vide sico-chimiques dans la composition
mique (nitrates,nitrites,désinfectants sanitaire. Les entreprises spécialisées des fientes résultent notamment de
…) de l’eau (ruisseaux, rivières, nap- appliquent des méthodes préventi- variations de la température (phé-
pes phréatiques) de l’air,de la voirie, ves efficaces qui complètent les pro- nomène de fermentation), de l’hy-
etc… Le respect de l’environnement tections et aménagements physiques grométrie (nature plus ou moins
ne pourra se faire qu’en fonction des des bâtiments. Des grillages sur les liquide des déjections), de l’accu-
aménagements (sols, aires de net- ouvrants,des murs lisses,l’obturation mulation de matières fécales et de
toyage, fosses de récupération des et si possible des sols bétonnés blo- paille ainsi que de la présence d’ar-
eaux de nettoyage bétonnées) et en quent ces rongeurs et notamment thropodes coprophages,prédateurs
fonction de la manière de travailler. pendant les périodes de migration ou parasites. L’ensemble forme un
au printemps et à l’automne. système écologique artificiel où le
réseau d’interactions est dense.
Les oiseaux sont également porteurs
3. Les risques liés aux de germes et pénètrent par le lan- Dans le cas des élevages de volailles
rongeurs et aux oiseaux terneau et autres ouvertures.L’atten- de chair, le développement des
tion devra être portée sur l’étanchéité insectes s’effectue généralement
des silos d’aliments,et la mise en place dans des fumiers (déjections sur
La maîtrise des vecteurs de conta- de cache-moineaux adaptés en sous- paille) relativement secs qui privi-
mination que sont les oiseaux et les toiture laissant un passage d’air suf- légient le développement des
rongeurs est un point essentiel de fisant pour ventiler l’isolant. Coléoptères Tenebrionidae et en par-
la maîtrise sanitaire. Elle permet, ticulier celui du petit ténébrion
entre autres, de se prémunir des Alphitobius diaperinus.
risques de contamination des trou- Dans les élevages de poules pon-
peaux en cours de bande et donc deuses,où les fientes sont plus humi-
de conserver un statut sain du début des, ce sont les Diptères Muscidae,
jusqu’à la fin de la production. et notamment la mouche domes-
Tout animal extérieur à l’élevage qui tique, Musca domestica,qui se déve-
FDGDS

s’introduit et parfois prolifère dans loppent prioritairement. Cette der-


l’élevage de façon indésirable est nière espèce peut toutefois être
considéré comme nuisible. Il s’agit Les rongeurs sont vecteurs de présente dans les élevages de volailles
principalement des rongeurs (rats, microorganismes pathogènes de chair (dindes, principalement).
1 Cette partie a été rédigée par :
Philippe VERNON UMR 6553 CNRS Université de Rennes 1 35380 PAIMPONT
Tél : 02 99 61 81 69 Fax : 02 99 61 81 87 E-mail : philippe.vernon@univ-rennes1.fr

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Les processus de colonisation des peuvent permettre de préserver la transférés dans un récipient étanche
élevages se font selon des modalités diversité spécifique du peuplement prévu à cet effet. Ce récipient se
différentes en fonction de la famille (compétiteurs, parasites et préda- trouve sur un emplacement bétonné,
d’insectes concernée. Les Tenebrio- teurs) tout en limitant l’apparition clos, à une distance respectable et
nidae se dispersent principalement de phénomènes de résistance. isolé du bâtiment d’élevage (limite
par le biais des transports d’aliments d’élevage), mais aussi éloigné des
pour animaux ainsi que par le vol, zones de circulation des personnes
en été. Les Muscidae, plus mobiles, 5. Le problème de l’en- et des véhicules.Son accès est réservé
se dispersent au stade adulte par le lèvement des cadavres à l’équarrisseur. Par ailleurs, l’entre-
vol,pour peu que les conditions cli- tien de ce type de matériel est néces-
matiques soient favorables (tempé- saire : un nettoyage et une désinfec-
rature supérieure à 10°C). Les tentations pour se débarrasser tion sont à envisager régulièrement
La présence de ces insectes peut entraî- des cadavres au moindre coût sont pour limiter la multiplication de ger-
nombreuses. Certaines pratiques mes et les risques de contamination
ner de notables conséquences sani-
sont déconseillées voire interdites, par l’équarrisseur, surtout l’été.
taires et économiques :germes patho-
gènes véhiculés par les larves et les ce qui n’empêche malheureusement
adultes, troubles liés au stress, dété- pas leur utilisation.
rioration de structures d’isolation... La nouvelle réglementation des
Le contrôle des populations d’insec- installations classées prévoit que les
tes est généralement réalisé au moyen animaux morts seront enlevés par
de molécules neurotoxiques agissant l’équarrisseur ou détruits selon les

Réussir Aviculture
sur la transmission de l’influx ner- modalités prévues par le code rural,
veux (adulticides).L’utilisation consi- qu’ils sont stockés en attente de leur
dérable de ces types de traitement enlèvement dans une enceinte à
est à l’origine de nombreuses résis- température négative. Les cadavres sont stockés dans des
tances aux insecticides organochlo- Pour l’enlèvement,les cadavres sont enceintes à température négative
rés, organophosphorés, carbamates
et pyréthrinoïdes. D’autres molécu-
les (IGR pour Insect Growth Regu-
lator) ont pour propriété principale
d’inhiber la synthèse de la chitine (la
“carapace”des insectes est en chitine)
et par là, d’empêcher la transforma-
tion des larves,ou nymphes,en adul-
tes,d’où l’appellation générale de lar-
vicides donnée à ces molécules.
Ces nouveaux types de traitement,
appliqués durant les périodes de
moindre abondance (hivernale et
printanière) et associés à des métho-
des préventives de gestion des éle-
vages (lavage régulier des locaux,
Réussir Aviculture
contrôle de l’hygrométrie des déjec-
tions,stockage adapté des fumiers),
doivent permettre le maintien des
populations nuisibles à un faible
niveau d’abondance. Ces techniques Le bac d’enlèvement des cadavres est installé sur une aire bétonnée

Des éleveurs et une équipe tous fiers de


leur métier pour apporter transparence et
sécurité alimentaire aux consommateurs
Parc économique de Rorthais
B.P. 18 79700 MAULEON
tél : 05 49 82 05 05 / fax : 05 49 82 05 11

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