Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
https://www.lanouvellerepublique.fr/france-monde/l-humilite-n-est-pas-la-modestie l'original
Menu
Nos partenaires et nous utilisons des données non sensibles comme des cookies ou
des identifiants électroniques pour afficher des publicités personnalisées, mesurer le
nombre de visiteurs ou encore adapter notre contenu.
Cliquez sur le bouton pour donner votre consentement à ces opérations et profiter
d'une expérience personnalisée. Vous pouvez modifier vos préférences à tout moment
en revenant sur ce site.
En savoir plus ok
Rechercher Search
JE M'ABONNE
FRANCE MONDE
Minorer ses qualités ou avouer avec franchise son ignorance sont propres à la modestie
comme à l’humilité. Pourtant, il existe une différence de taille entre les deux.
Bien malin celui qui pourrait faire la différence entre humilité réelle et modestie de circonstance. Le mot
humilité serait un dérivé du latin humus, « le sol, la terre » ; et modestie viendrait du latin modestia, «
modération » dans le sens d'une conduite, d'un comportement mesuré, réservé. La terre pour l'humilité,
le terreau sur lequel pousse la personnalité, son essence, son intériorité. La conduite, le comportement
pour la modestie. L'apparence, au sens jungien du terme, le masque social, la persona.
Pour le psychiatre et philosophe anglais Neel Burton (1), les cartes sont forcément brouillées car les
apparences sont trompeuses. « La modestie joue souvent à l'humilité, mais, au contraire de l'humilité, elle
est extérieure et en surface, plutôt qu'intérieure et profonde. Au mieux, elle est de l'ordre des bonnes
manières. Ce qui fait d'ailleurs qu'une personne intérieurement humble peut parfois paraître arrogante
dans sa façon de s'exprimer. »La modestie implique souvent, selon lui, « un art de la superficialité, peut-
être même parfois de l'hypocrisie ou de l'inauthenticité ».
(1) Auteur de l'article « Should we be humble ? », psychologytoday.com. (2) « Character Strengths and
Virtues » (Oxford University Press).
coin philo
> Le philosophe André Comte-Sponville, dans son « Petit Traité des grandes vertus » (Points), définit
l'humilité comme « une vertu lucide, toujours insatisfaite d'elle-même, mais qui le serait plus encore de
ne pas l'être, qui relève de l'amour de la vérité et qui s'y soumet. Être humble, c'est aimer la vérité plus
que soi ». Mesurant ce que l'on sait mais surtout ce que l'on ignore, rassuré quant à sa valeur
personnelle, chacun peut alors circuler au milieu des autres sans crainte, sans soumission et conscient
de ce qu'ils peuvent lui apporter. Comme critiques, soutien et connaissance.
en savoir plus
> « Très souvent, dans le champ professionnel, la fausse modestie remplace la vraie humilité,constate le
psychiatre et coach Éric Albert (*). Les Anglo-Saxons, champions du genre, ont largement diffusé ce
comportement profil bas. Or, il ne s'agit fréquemment que d'une convention sociale. » Cette convention
dispose du terreau favorable, celui de notre culture judéo-chrétienne. Car être modeste, être humble,
c'est d'abord s'incliner devant Dieu. Ceux qui n'y consentent pas sont nommés dans la Bible les «
nuques raides ». Ils pèchent par orgueil, le premier des sept péchés capitaux. N'oublions pas que Jésus
se présente d'abord comme « doux et humble de cœur ». Mais en religion comme dans l'entreprise, on
peut affecter l'humilité et garder invisible son orgueil. Comment faire la différence entre ces deux
notions ?
(*) Fondateur de l'Institut français d'action sur le stress et auteur du « Management en questions »
(Eyrolles).
RÉDACTION