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PRINCIPES D’ECONOMIE
Dossier 5
Comportement du producteur
Références :
1
PLAN
1. LA DEMANDE
1.1. Définition
1.2. Formalisation de la fonction de demande et loi de la demande
1.3. Représentation graphique
1.4. Les facteurs qui influencent sur la quantité demandée
1.5. Déplacement de la courbe de demande
2. L’OFFRE
2.1. Définition
2.2. Formalisation de la fonction d’offre et loi de l’offre
2.3. Représentation graphique
2.4. Les déterminant de la quantité offerte
2.5. Déplacement de la fonction d’offre
COMPORTEMENT DU PRODUCTEUR
1. FONCTION DE PRODUCTION
1.1. Définition
1.2. Facteurs de production
1.3. Fonction de production simplifiée à un facteur
a. Productivité totale
b. Productivité moyenne et productivité marginale
c. Exemple et illustration de la loi des rendements décroissants/non proportionnels
1.4. Fonction de production à deux facteurs
a. Isoquantes
b. Taux marginal de substitution technique (TMST)
1.5. L’équilibre du producteur
a. Isocoût
b. Equilibre du producteur
c. Modification du niveau de production
2. FONCTION DE COUT
2.1. Définition
2.2. Analyse de la fonction de coûts à court terme
a. Coût total, coûts fixes et variables
b. Coût moyen et coût marginal
2.3. Exemple
2
SUPPORT DE COURS - INTRODUCTION
Demande
D1 D0 D2
Quantité Quantité
Quantité
Quantité
Fig 5 : Equilibre
QO
Sur-production
P*
Sous-production QD
0 Q* Q
3
Fig 6. Effets d’une modification de la demande Fig 7. Effets d’une modification de l’offre
QO
P QO
P Q O’
P**
P* P*
P**
Q D’
QD
QD
0 Q* Q** Q Q* Q**
0
QA K2
K1
Q2
L Q1
LA
0 L2 L1 L
4
Fig 2 : Productivité moyenne et productivité marginale
Q
Fonction de
production
QA
L
LA
PM
Pm
R / pK
K2
K1
Q2
Q1
L2 L1 R / pL L
0 L 0
5
Exemple et illustration de la loi des rendements décroissants/non proportionnels
50
40
30
Q
20
10
0
0' 1' 2' 3' 4' 5' 6' 7' 8'
14
12
10
8
6 Pm
4 PM
2
0
-2 0' 1' 2' 3' 4' 5' 6' 7' 8'
-4
6
Fig 5 : Equilibre du producteur Fig 6 : Sentier d’expansion
K
K
K0
Q2
Q1
L0
0 L 0
L
Fig 7 : Coûts fixe, variable et total Fig 8 : Coût moyen et coût marginal
Coût
Cm
Coût CT
CV
CM
CF
Q Q
0
CM
CVM
Q
Exemple et illustration des fonctions de coût
Production Coût Coût fixe Coût Coût fixe Coût Coût Coût
Q variable total total moyen variable total marginal
total moyen moyen
CFT CT CFM Cm
CVT CVM CTM
1 100 100 200 100 100 200
2 160 100 260 50 80 130 60
3 195 100 295 33 65 98 35
4 260 100 360 25 65 90 65
5 360 100 460 20 72 92 100
6 510 100 610 17 85 102 150
7 714 100 814 14 102 116 204
Cm = (CT1 – CT0) / (Q1 – Q0)
900
800
700
600
CVT
500
CFT
400
CT
300
200
100
0
1' 2' 3' 4' 5' 6' 7'
250
200
150 CVM
CTM
100 Cm
50
0
1' 2' 3' 4' 5' 6' 7'
8
Gilles Rotillon (1996) : Introduction à la microéconomie, La Découverte
1. La fonction de production
Un producteur est un agent économique dont l'activité consiste à combiner des biens et des services
de façon à produire un autre bien ou service.
Les premiers sont appelés inputs (ce qui entre dans le processus de production) et le second output
(ce qui en sort).
Les inputs désignent aussi bien les matières premières, existant à l'état brut dans la nature (les facteurs
primaires), les biens produits dans d'autres industries (les consommations intermédiaires ou capital
circulant), les machines ou les bâtiments (le capital fixe) que le travail.
Comme pour le consommateur, on considérera essentiellement des situations où le producteur a le
choix entre deux inputs, que nous nommerons, pour faire image, le « capital » K et le travail L. En
combinant ces inputs de la façon la plus efficace possible, il peut obtenir une certaine quantité
d'output Q. On décrit ainsi une fonction de production, c'est-à-dire une relation qui à chaque
combinaison d'inputs (K, L) donnée associe le maximum d'output qu'il est possible de produire.
On notera Q = F(K,L) cette fonction de production. L'utilisation de cette formalisation pour décrire le
comportement du producteur dans ses choix technologiques implique que celui-ci fait toujours le
meilleur choix possible, c'est-à-dire qu’il n’y a pas de gaspillage dans la production.
9
Considérons une fonction de production F (K, L) où l'input K est fixé et indivisible. La production
dépend donc uniquement de la quantité de travail L utilisée et on écrira, par simplification, Q = F(L).
On s'intéresse ici à la dépendance de la production vis-à-vis de ce seul input variable.
Considérons, par exemple le tableau I. Avec un seul ouvrier, la production mensuelle est de 2,
mais elle passe à 4,25 avec deux ouvriers et à 6,66 avec trois, grâce, par exemple, à une meilleure
spécialisation des tâches. Autrement dit, la productivité moyenne, c'est-à-dire la production par unité
de travail, Q/L, est respectivement de 2 ; 2,125 ; 2,22. Elle est donc croissante, ce qui s’explique par le
fait qu’un seul ouvrier pour utiliser au mieux l’input fixe indivisible, c’est très peu, et en tout cas moins
productif que deux, trois… On conçoit que cette amélioration de la productivité moyenne ait une
limité. Au-delà d’un certain nombre, l’organisation du travail sera plus difficile, engendrant des
pertes d'efficacité qui vont se traduire par une diminution de la productivité moyenne. Le tableau
ci-dessous traduit cette situation.
TABLEAU I
On constate sur le tableau I que la productivité moyenne commence par augmenter, passe par un
maximum (ici pour L = 4) puis diminue, ce qui traduit l'efficacité d'abord grandissante du
travail, puis diminuant à partir d'un certain niveau d'emploi. Ce constat peut être formalisé à
l'aide du concept de productivité marginale. Très semblable à celui d'utilité marginale, il désigne
l'accroissement de l'output qui résulte de l'emploi d'une unité supplémentaire d'input, les autres
inputs restant constants.
Le tableau précédent illustre l'hypothèse que le processus de production considéré est caractérisé
par une productivité marginale d'abord croissante, puis décroissante. En fait, on verra par la suite
que seule compte pour décrire le comportement du producteur la « zone » où la productivité
marginale est décroissante. On peut donner une représentation géométrique de ces concepts,
semblable dans son principe à ce que nous avons déjà vu pour le consommateur, et qui permet de
préciser leurs rapports.
Dans la figure 1, on a représenté une fonction de production ayant les caractéristiques
précédentes. En effet, pour un point M quelconque, sa projection sur l'axe des abscisses, OA, est
la quantité d'input utilisé, tandis que sa projection sur celui des ordonnées, OB, est la quantité
d'output obtenu. Par conséquent, OB/OA = AM/OA = tg est égal au produit moyen en M. Donc,
quand M décrit la courbe en partant de O, on voit que la pente de OM (= tg) augmente jusqu'à ce
que M atteigne le point S, puis diminue quand M se déplace au-delà de S, ce qui traduit bien le
fait que la productivité moyenne est d'abord croissante puis décroissante.
10
FIGURE 1
11
FIGURE 2
Des rendements d'échelle croissants sont justifiés par une meilleure organisation du travail permise
par l'accroissement de l’échelle de la production, l'indivisibilité des équipements, qui fait que la
production peut augmenter sans acheter de machines supplémentaires, mais en utilisant à pleine
capacité déjà en service, ou la croissance plus faible de certains services administratifs, en cas
d'accroissement de la production.
A l'opposé, des rendements décroissants peuvent naître de l’inefficacité liée au gigantisme de
certaines entreprises débouchant sur une bureaucratie paralysante. Nous verrons plus loin que les
rendements d'échelle décroissants ou, à la rigueur, constants sont des hypothèses nécessaires à
l'existence d'un équilibre général en concurrence parfaite, tandis que les rendements croissants sont
généralement de concurrence imparfaite.
12
Les isoquantes
Le concept d'isoquante est l'équivalent pour le producteur au concept de courbe d'indifférence pour le
consommateur. C’est donc l'ensemble des combinaisons d'inputs qui permet d'obtenir une même
quantité d'output. On suppose ici que les inputs sont substituables, en ce sens qu’on peut obtenir un
même niveau d'output avec différentes combinaisons d'inputs, et même qu'ils sont parfaitement
divisibles, c'est-à-dire quantifiables par n'importe quel nombre réel. (cf. encadré).
1. Elle est décroissante. — Cela tient à la nature de la fonction de production, qui correspond à
la production la plus efficace possible. En effet, si on produit Qo avec la combinaison (KO, LO), la
diminution de Ko ne permet pas d'atteindre le même niveau d'output (sinon la production n'aurait
pas été efficace). Pour produire Qo avec moins de capital, il faut donc nécessairement
augmenter l'autre input, que nous avons supposé substituable, ce qui implique la décroissance
d'une isoquante.
2. Deux isoquantes ne se coupent pas. — Si elles se cou-, cela signifierait que la même
combinaison d'inputs (celle du point d'intersection) permet la production de deux quantités
d'output, montrant que le processus productif conduisant à la plus petite quantité n'est pas
efficace, en contradiction avec la définition d'une fonction de production.
3. Une isoquante située au-dessus d'une autre correspond à une production plus élevée. — Là
encore on se trouve renvoyé à l'efficacité de la combinaison productive que suppose la fonction de
production. Une production identique, voire inférieure, impliquerait que l'isoquante la plus
élevée ne correspondrait pas à une production efficace.
4. Une isoquante est convexe. — On a vu qu'une isoquante était décroissante. Considérons
donc trois combinaisons d’inputs équivalentes, I = (Ko,Lo), I' = (Ko-a, Lo + b), I’’= (Ko-2a, Lo
+ b'). Le passage de I à I' voit baisser le stock de capital de a, de même que le passage de I'
à I". Dans les deux cas, il a donc fallu augmenter la quantité de travail respectivement de b et
de b'. Mais la réduction de a est moins coûteuse de I à I' que de I' à I" puisque le capital y est
moins rare; il faut donc compenser cette même réduction de capital par une augmentation
plus forte de l’autre input dans ce dernier cas, c'est-à-dire que b' est supérieur à b, ce que
traduit l'hypothèse de convexité.
Une fois de plus, cette notion est le pendant de celle de TMS introduite au chapitre I. Elle
mesure la quantité minimum d’un input qui compense la réduction d'une unité de l’autre in
put pour garder le même niveau d'output. Sur une isoquante, en un point, le taux marginal de
substitution technique (TMST) est mesuré par la valeur absolue de la pente de la tangente en ce
point si elle existe.
L'interprétation en est la même que pour le TMS du consommateur, et le TMST (L,K) représente
donc la quantité de l'input L gui compense la réduction marginale (c'est-à-dire tendant vers zéro) de
l'input K, à niveau d'output constant.
La convexité d'une isoquante se traduit alors par la décroissance du TMST (L,K) dans le sens des K
croissants. Enfin, il existe un lien entre TMST et productivités marginales de même nature que celui
établi entre TMS et utilités marginales.
Pour l'établir, considérons deux combinaisons d'inputs I équivalentes (K, L) et (K-∆K, L + ∆L).
Par définition, le TMST (L,K) est égal à ∆L/∆K.
Imaginons maintenant que l'on passe de la combinaison (K,L) à la combinaison (K - ∆K, L). Comme
la quantité de l’autre des inputs est restée la même, mais que l'autre a diminué, il en résulte une
baisse de la production ∆Q, égale à ∆K.PmK, où PmK désigne la productivité marginale du capittal. En
13
effet, PmK représente la variation de production quand le capital varie d'une unité, l'autre input
restant constant, ∆K.PmK est donc la variation de production pour une variation de capital égale à
AK.
Par un raisonnement identique, on déduit que le passa de (K-∆K, L) à (K-∆K, L + ∆L), où seul
l'input travail varie, entraîne un gain de production égal à ∆L.PmL, où PmL est la productivité
marginale du travail.
Comme, au total, on a atteint le même niveau de production, c'est que la perte a été exactement
compensée par le gain, c'est-à-dire que: ∆L.PmL = ∆K.PmK; ou encore ∆L/∆K = PmK/PmL
Le taux marginal de substitution technique du travail au capital est donc égal au quotient de la
productivité marginale du capital par la productivité marginale du travail.
Nous avons décrit, dans la section précédente, les contraintes techniques qui s'imposent au producteur.
Nous allons maintenant nous intéresser à l'aspect plus strictement économique de son activité.
On peut le décomposer en deux. D'une part, pour un niveau de production donné, il doit choisir la
combinaison d'inputs optimale, c'est-à-dire qui lui assure ce niveau au coût minimal, et, d'autre part,
il doit décider du niveau de production qui va maximiser son profit. Ce paragraphe est consacré au
premier problème.
Supposons donc que le producteur décide de produire une quantité d'output Qo. Pour ce faire, il doit
acheter des inputs K et L de prix respectifs r et w donnés, d'où une dépense D = rK+wL . Pour une
dépense D fixée, il existe une infinité de combinaisons (K,L) qui vérifient l'égalité précédente.
L’ensemble de ces combinaisons peut donc se représenter par une droite dans le plan (K,L), dite
d'isocoût, puisqu'elle représente l'ensemble des combinaisons d'inputs impliquant un même coût
de production. Là encore, un raisonnement géométrique va nous donner la meilleure solution.
Dire que la quantité à produire est égale à Qo, c'est se placer sur l'isoquante correspondante. Le
problème est alors de choisir sur cette isoquante, la combinaison d'inputs qui soit la moins onéreuse.
On cherche donc des quantités d'inputs K* et L*, telles que F(K*,L*) = Q0 et que rK* + wL* soit
minimal.
On peut remarquer la symétrie avec le problème du consommateur. Pour celui-ci, il s'agissait de
trouver les consommations x*, y* qui satisfassent sa contrainte de budget Px.x*+ Py.y* = R et telles
que l'utilité U(x*,y*) soit maximale. Dans ce cas, on avait vu que la solution s'obtenait en cherchant
la courbe d'indifférence la plus haute qui garde le contact avec la droite de budget qui, elle,
restait fixée.
Dans le cas du producteur, c'est l'isoquante qui reste fixée et c’est la droite d'isocoût qu'il s'agit de
déplacer pour trouver celle qui garde le contact avec l'isoquante tout en correspondant à une
dépense minimale.
Comme deux dépenses D et D', avec D<D', ont pour équation respectives rK + wL = D et rK' +
wL' = D', on voit que les droites d'isocoût sont toutes parallèles de pente -r/w et qu'une dépense plus
élevée correspond à une droite plus éloignée de l'origine.
Le producteur doit donc chercher la droite d'isocoût la plus basse qui garde le contact avec l'isoquante
de niveau Qo, c'est-à-dire celle qui sera tangente à cette isoquante.
On peut alors caractériser cette combinaison optimale d'inputs (K*, L*) à l'aide des concepts
présentés dans la section précédente.
On sait, en effet, que la valeur absolue de la pente d'une tangente à une isoquante mesure le taux
marginal de substitution technique en ce point.
Dans le cas présent, on a donc: TMST(L*,K*) = r/w
Et comme le taux marginal de substitution technique est I égal au rapport des productivités
14
marginales, on obtient l'égalité: PmK*/PmL* = r/w, qui peut se réécrire : PmK*/r =
PmL*/W.
Autrement dit, la combinaison optimale d'inputs, pour obtenir un niveau de production donné, est
celle pour laquelle les productivités marginales de chaque input pondérées par leur prix sont égales.
L'égalité du TMST et du rapport des prix des inputs s'explique de la même manière que
l'égalité du TMS et du rapport des prix des biens définissant l'équilibre du consommateur.
Supposons que le TMST (L, K) = 2 et que le rapport des prix des inputs r/w soit égal à 5. Si on
diminue la quantité de capital d'une unité, il faut donc deux unités de travail en plus pour garder le
même niveau de production. Dans ces conditions, la dépense D diminue de r et augmente de 2w Elle
est donc maintenant égale à D' = D-r + 2w. Mais le rapport des prix indique que r = 5w, d'où D' = D
- 3w< D. (M peut ainsi obtenir la même production à un moindre coud en remplaçant du capital par
du travail, preuve que la contl binaison initiale n'était pas optimale. Un raisonnement symétrique (que
nous conseillons vivement au lecteur de faire il montrerait que si le TMST était supérieur au rapport
des prix des inputs, il faudrait cette fois-ci substituer du capital au travail pour faire baisser le coût
de production. Dans les deux cas, il est donc possible de faire baisser le coût de production en
substituant un input à l'autre, et c'est seulement avec l’égalité entre TMST et rapport des prix des
inputs que la substitution est inutile. On sait maintenant déterminer la combinaison optimale
d’inputs, pour un niveau de production donné. Il nous reste à déterminer ce niveau dé production
lui-même, en fonction du but recherché d'un profit maximal. Pour cela, il nous faut luire un détour et
examiner de plus près les coûts engendrés par la production d'outputs.
Nous venons de voir quelle condition le producteur doit satisfaire quand il a décidé d'un certain
niveau de production. Mais au stade où nous en sommes, il n'a pas encore décidé de ce niveau lui-
même et, pour chaque niveau de production, on associe la combinaison d'inputs optimale par la
condition précédente, c'est-à-dire celle qui minimise le coût de production. On définit ainsi une
fonction de coût, qui est simplement la valeur minimale du panier d’inputs nécessaire à la production
d'une quantité donnée d’output.
Le coût de la production dépend donc de la quantité produite (et des prix des inputs, mais ceux-ci sont
connus et sont donc des paramètres et non des variables). Le reste de ce paragraphe est consacré à
l'étude de cette fonction de coût.
Une première distinction à faire entre les inputs tient dans la proportion, fixe ou variable, dans laquelle
ils sont combinés dans le processus productif. Certains inputs sont en effet relativement indépendants
du niveau de la production. C’est le cas, par exemple, des bâtiments ou des machines qu’il est de
toute façon nécessaire d’acheter sans que l'on soit certain de les utiliser à pleine capacité. D'autres, au
contraire, sont plus facilement modulables, comme les matières premières ou le travail. Les premiers
sont qualifiés d'inputs fixes et les seconds, d'inputs variables.
Toutefois, cette distinction n'est pas absolue. Une usine peut être agrandie, ou une machine
obsolète mise au rebut sans être remplacée. Mais ces adaptations demandent un certain temps, d'une
manière générale, plus long que celui nécessaire à l'embauche ou au licenciement d'un ouvrier.
En considérant une période de temps très longue, tous les ajustements sont envisageables et tous les
inputs sont alors variables. On parle de long terme pour désigner cette situation. Par opposition, le court
terme est caractérisé par la présence d'inputs des deux types.
Nous reviendrons plus loin sur cette dernière distinction mais pour l'instant, plaçons-nous à «court
terme». L'idée sous-jacente est qu'il faut distinguer deux types de coûts, ceux qui ne dépendent pas
15
du niveau de la production, les coûts fixes CF, et ceux qui en dépendent, les coûts variables CV(Q).
Ainsi, pour prendre un exemple agricole, l'achat d'une quantité de terre donnée est un coût fixe
puisque c'est seulement l'emploi plus ou moins important d'engrais et de salarriés qui va décider du
niveau de la récolte. Celui-ci peut être même être nul si la terre est laissée à l'abandon, du moins
sur une période de temps suffisamment longue.
La somme des coûts engendrés par la production est donc composée des deux types de coûts
précédents et s'appelle le coût total de production CT(Q) = CF + CV(Q).
Le coût variable est évidemment une fonction croissant de Q, puisqu'une production plus élevée
nécessite davantage d'inputs. Il est par ailleurs nul si l'entreprise ne produit pas, donc n'achète pas
d'inputs (variables).
Du fait de la liaison entre le niveau de production choisi et la combinaison optimale d'inputs, le coût
variable étroitement lié à la fonction de production. Supposons, par exemple, que la fonction de
production soit à rendements d'échelle croissants. La production d'une quantité Q nécessite une
quantité L d'input alors que pour produire 2Q il n'est besoin que de L'<2L. Ainsi, le coût variable
de production dans le premier cas est CV(Q) = wL, tandis qu'il est CV(2Q) = wL'<2wL = 2CV(Q)
dans le second. Par conséquent, quand la production double, les coûts variables correspondants
font moins que doubler. On vient de montrer que si la production se fait à rendements d’échelle
croissants, les coûts variables augmentent à un rythme décroissant. On montrerait de même
qu'une production à rendements d'échelle décroissants (respectivement constants) implique des
coûts variables augmentant à un rythme croissant (constant).
On donc déduire l'allure de la fonction de coût variable de celle de la fonction de production, la
fonction de coût total s'en déduisant à son tour par une simple translation égale aux coûts fixes,
comme dans la figure 3 ci-dessous.
16
OA : rendements d'échelle croissants
AB : rendements d'échelle constants
BC : rendements d'échelle décroissants
FIGURE 3
17
nous avons données pour justifier l'évolution de la productivité moyenne : meilleure
spécialisation des tâches dans un premier, puis pertes d'efficacité.
Instruit (on l'espère) par les chapitres précédents, le lecteur doit sans doute s'attendre à ce que l'on
définisse un concept de coût marginal et il ne sera pas déçu.
Le coût marginal Cm(Q) est l'accroissement de coût résultant de la production d'une unité
supplémentaire d'output. L’allure de la courbe de coût correspondante est, elle aussi, très liée à celle
de la fonction de production, donc à celle de la fonction de coût total. Par exemple, on
montrerait, comme ci-dessus, que coût marginal et productivité marginale évoluent en sens
inverse.
En nous plaçant dans l'exemple de référence où la fonction de coût total est représentée dans la figure
3, nous allons préciser les rapports entre ces différents types de coûts à l’aide d’une approche
géométrique, déjà utilisée dans les chapitres précédents et illustrée par la figure 4.
Pour un niveau de production quelconque OH = Q, le coût est défini par CM(Q) = CT(Q)/Q = AH/OH
= tg α. Ainsi le coût moyen en un point A de la courbe de coût total visualisé par la pente de la corde
OA menée de l'origine à ce point. Il suffit alors de faire varier ce point le long CT(Q) pour voir que
l'angle α diminue quand le niveau de production croît de O à QM pour augmenter ensuite, ce qui
donne bien une courbe de coût moyen en forme de U, passant par un minimum pour Q = QM.
Il est sans doute inutile de répéter le raisonnement déjà tenu dans les chapitres précédents pour que
le lecteur coût marginal en un point A de la courbe de coût total est donné par la tangente à la courbe
en ce point, soit tg α .
Là encore, la courbe de coût marginal se déduit de l'examen de l’évolution de la pente de cette
tangente quand le point A décrit la courbe de coût total. Cette pente diminue quand la production
croît de O à QM, pour augmenter ensuite, ce qui fait que la courbe de coût marginal a aussi la
forme d’un U.
De plus, pour Q compris entre O et QM, tg β<tg α, c’est dire que le coût marginal est inférieur au coût
moyen, que c'est l'inverse quand Q devient supérieur QM. Cela signifie que chaque nouvelle unité
18
produite coûte d'abord moins cher à produire que la moyenne des unités déjà produites (pour
Q < QM ) et fait donc baisser le coût moyen. C’est l'inverse quand Q>QM- Ainsi, quand le coût
marginal inférieur au coût moyen, ce dernier est décroissant, et inversement.
Une dernière conséquence importante de cette situation tient au fait que le coût marginal est égal au
coût moyen quand celui-ci est minimal.
Nous avons supposé dans ce qui précède qu'il existait des inputs, c'est-à-dire que l'entreprise était
contrainte par les quantités d'inputs fixes dont elle disposait. Ainsi, le parc des Centrales d'EDF permet
de produire une certaine quantité d'électricité maximale qui peut être excessive (insuffisante) dans
vingt ans et impose donc de diminuer (d’augmenter) le nombre de centrales utilisables. Comme
une centrale ne se construit pas rapidement, le nombre de centrales est un input fixe à court terme,
mais peut être modifié à long terme, au rythme des déclassements et des constructions.
Il est donc nécessaire d'examiner ce que deviennent les coûts quand il est possible de choisir de
façon optimale le niveau de tous les inputs, c'est-à-dire quand ils sont tous variables.
A long terme, le producteur peut donc choisir entre différents types d'équipements qui étaient fixes à
court terme. Par exemple, un industriel décidera d'agrandir son entreprise ou, au contraire, de la réduire,
selon les perspectives qu'il anticipe pour la vente de sa production.
Supposons qu'il ait le choix entre trois types d'équipement,K1 K2 K3, se différenciant seulement par
leur coût d'achat, autrement dit de coûts fixes CF1<CF2<CF3. Pour chacun équipements, on fait
l'hypothèse de rendements d’échelle d'abord croissants, puis décroissants, c'est-à-dire que les
courbes de coûts correspondantes ont l'allure de celles de la figure 4. Notre industriel doit alors décider,
en fonction de la production qu'il désire, de l'équipement qui lui assurera cette production au
meilleur coût.
La figure 5, sur laquelle nous avons représenté les courbes de coûts totaux correspondant à
chacun des équipements, nous permet de trouver la réponse.
19
Pour produire la quantité Q1, les coûts totaux les plus faibles seront obtenus avec l'équipement K1 (le
point H1 sur la figure est le plus bas) alors que ce serait l'équipement K2 qui serait le plus rentable pour
une production Q2. En généralisant, on peut dire que la meilleure solution est K1 pour une
production inférieure à QA, K3 pour une production supérieure à QB, et K2 pour une production
intermédiaire.
La courbe ainsi obtenue, en gras sur la figure 5, et courbe de coût total de long terme.
Bien sûr, notre exemple est très schématique. On peut penser que l'agriculteur a beaucoup plus
d'options que les trois indiquées. Mais le raisonnement reste le même, et la courbe de long terme
s'obtient en retenant les parties les plus basses des courbes de court terme liées à chaque option ; on
dit que la courbe de long terme est l’enveloppe des courbes de court terme. A la limite, si l'input fixe
est parfaitement divisible, il y a une infinité de courbes de court terme et la courbe de coût total
de long terme aura la même allure que dans la figure 4, à cette différence près qu'elle partira de
l’origine, puisque la meilleure option possible pour ne rien produire est encore de ne pas faire de
dépenses. On en déduirait alors les courbes de coût et marginal de long terme dans le paragraphe
précédent, ces courbes ayant donc aussi l’allure de celles de la figure 4.
Au-delà de la présentation un peu formelle qui vient d'être faite des coûts à long terme, plusieurs
remarques sont nécessaires pour en préciser la signification économique.
o il ne faut pas se méprendre sur le sens véritable du long terme. Ce n'est pas le délai
technique nécessaire à la modification des inputs fixes, c'est au contraire le délai
économique indispensable pour adapter au mieux les équipements fixes à la
production. Par exemple, ce qui conditionne la taille du parc de centrales productrices
d'électricité en France, c’est avant tout l'anticipation faite sur l'état de la demande d’ici
l'an 2000, c'est-à-dire sur l'électricité que l'on pense produire pour cette date, et ce au
moindre coût.
o Comme à court terme, un coût moyen décroissant (croisant) indique des
rendements d'échelle croissants (décroissants). Mais ici, les rendements d'échelle
concernent l’ensemble des inputs alors qu'ils ne concernaient que les inputs variables
à court terme.
Autrement dit, quelle que soit la production envisagée, le coût moyen de long terme est le plus bas
coût unitaire de production possible
On parle d'économies d'échelle quand ce coût unitaire diminue au fur et à mesure que la
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production augmente et déséconomies d'échelle dans le cas opposé.
La situation la plus efficace pour une firme est donc quand il n’y a plus d'économies d'échelle
possible, c'est-à-dire le coût moyen à long terme est minimal.
4. Le choix du producteur
Nous sommes maintenant en mesure de traiter du problème du choix par le producteur du niveau
de production qui va lui assurer un profit maximal. On pourra alors en déduire la fonction
d'offre d'output.
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En effet, une production nulle implique une perte égale aux coûts fixes, soit un profit -CF<0. En
revanche, une production Q>0 donnera un profit de pQ-CF-CV(Q). Cette solution sera
préférable si le profit qu'elle permet est supérieur à celui donné par une production nulle, soit
pQ-CF-CV(Q)> -CF ou encore pQ-CV(Q)>0 ce qui implique, comme Q est positif, que le prix
de vente p doit être supérieur au coût variable moyen CVM(Q) = CV(Q)/Q.
Dans ces conditions, la production permet de récupérer au moins une partie des coûts variables qui
sont justement engendrés par elle. Cependant on peut avoir p supérieur à CVM(Q), mais
inférieur à CM(Q), ce qui veut dire que la production se fait à perte, mais est toutefois moins
coûteuse qu’une production nulle. On conçoit que cette situation ne puisse être possible qu'à court
terme.
Bien sûr, quand le prix de vente est inférieur au minimum du coût variable moyen, aucune
production n’est possible, on est en dessous du seuil de fermeture.
La fonction d'offre
L'élasticité-prix de l'offre
L'élasticité-prix de l'offre mesure la variation en pourcentage de l'offre du bien pour une variation de
1 % de son prix. Autrement dit, c'est le quotient de la variation de l'offre de l'output par la
variation relative de son prix. Comme l’offre augmente avec le prix, l’élasticité prix de l’offre est
positive. Comme pour l’élasticité prix de la demande, elle mesure la sensibilité de l’offre à une
variation du prix. Cette sensibilité va d’une offre parfaitement élastique, auquel cas la courbe
d’offre est une droite horizontale, ce qui veut dire qu’au prix fixé l’offre peut être quelconque
(cas du marché des cigarettes en France), à une offre parfaitement inélastique, et alors la courbe
d’offre est une droite verticale, indiquant que la production sera la même quelque soit le prix (cas
de la production de voitures de luxe ou du foncier en zone urbaine, du moins à court terme).
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FIGURE
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Seuil de rentabilité et seuil de fermeture
Pour résumer :
Reste à minimiser les coûts de production. Pour cela on distingue coût total, coût moyen et coût
marginal.
L'analyse de la fonction de coût à long terme permet également de déterminer si l'entreprise est en
situation d'économie ou de déséconomie d'échelle.
7. L'élasticité de l'offre d'un bien A est égale au rapport entre la variation de la quantité d'un bien A
offert sur le marché et la variation du prix de A.
8. En situation de concurrence, le prix du marché est une donnée qui s'impose à l'entreprise,
l'entrepreneur ne pourra alors agir que sur le volume de la production.
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9. En situation de monopole, le prix est fixé par l'entreprise, mais encore faut-il qu'au prix fixé, il y ait
une demande.
La concurrence pure et parfaite tient une place centrale dans le raisonnement des économistes non
pour son caractère réaliste, mais comme point de référence pour toutes les autres situations possibles.
Rappelons que si toute l'économie était dans cette situation, les marchés seraient équilibrés (équilibre
général walrassien), et les consommateurs et producteurs tireraient le maximum de satisfaction
possible compte tenu de leurs dotations (optimum de Pareto). Toute entrave à la concurrence ne peut
que détériorer la situation du point de vue du bien-être de la société.
Un marché est qualifié de concurrence pure et parfaite lorsque cinq conditions sont satisfaites :
L'homogénéité : le bien échangé sur le marché considéré est parfaitement homogène. Seul son prix
intervient dans la décision d'achat par le consommateur, quelle que soit l'entreprise qui l'a fabriqué.
L'absence de barrière à l'entrée : le nombre de producteurs présents sur le marché n'est pas constant. À
tout moment, une nouvelle entreprise peut se créer et produire dans les mêmes conditions que ses
concurrents, ou se retirer. Ainsi, l'offre totale de biens peut varier,
La mobilité des facteurs : cette condition est dans le prolongement de la précédente. Les facteurs de
production sont parfaitement mobiles, que ce soit le travail (mobilité géographique et professionnelle)
ou le capital (redéploiement possible des capitaux d'un secteur de production à un autre).
L’information parfaite : producteurs et consommateurs ont une connaissance parfaite et sans coûts de
l'ensemble des transactions, des prix proposés, etc. L'échange ne peut avoir lieu que si l'offre est égale
à la demande pour le prix annoncé. Il ne peut y avoir ni rationnement du consommateur, ni invendus.
Le comportement du producteur
Sous ces conditions, le comportement de l'entrepreneur est réduit à un schéma très simple. Le prix du
marché qui résulte de la confrontation du total des offres et des demandes s'impose à la firme. Les
décisions individuelles du producteur (réduire le niveau de sa production et vendre plus cher, par
exemple) sont inefficaces pour changer le prix, car un autre prendra instantanément sa place. Son seul
problème est de trouver la quantité à produire qui maximise son profit, sachant qu'il est assuré de
toujours écouler sa production. Si le prix du marché est inférieur au minimum de son coût moyen, il ne
produit pas. S'il est supérieur, il produit les quantités telles que son coût marginal soit égal au prix,
selon le schéma vu plus haut.
À long terme, l'équilibre de la concurrence pure et parfaite aboutit à l'annulation des profits, définis
comme l'écart recettes-coûts (voir figure 5). En effet, si le prix est tel que le profit est positif, d'autres
firmes vont entrer sur le marché afin de capter cet avantage. Ce faisant, la courbe d'offre globale,
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somme de toutes les offres individuelles, se déplace vers la droite. Si la courbe de demande n'a pas
changé, le nouveau prix d'équilibre est inférieur, ce qui réduit les profits dans toutes les firmes. À long
terme, le prix d'équilibre sera égal au coût moyen, point en dessous duquel aucune firme ne produit, et
les profits sont nuls. Précisons ici qu'il s'agit des profits «purs», ou «surprofits», c'est-à-dire des
gains nets une fois tous les facteurs rétribués à leur productivité marginale, y compris le capital.
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