La première plante à garder en tête est l’agripaume (Leonurus cardiaca). Je
vous en ai parlé en détail dans une vidéo. Mais là, je vais vous la présenter sous un angle un peu différent. D’abord sous son aspect froid et calmant. La froideur vient de son amertume. Et quand je parle de froid, je parle d’une température énergétique si vous voulez. Froid ici veut dire qui calme une hyperexcitation ou un excès de fonction, que l’on pourrait associer à un feu, une situation chaude dans des termes de médecine chinoise ou ayurvédique. Ici, le cœur a l’habitude de travailler fort et s’il n’a pas sa dose quotidienne d’exercice, il va y avoir un manque. Et le système nerveux, qui a l’habitude d'avoir sa dose d’endorphines, va aussi traverser une période d’hyperexcitabilité et de "chaleur". L’agripaume va calmer cet axe cœur-système nerveux le temps que le sevrage se fasse. Elle va calmer l’anxiété provoquée par la culpabilité de ne pas être sur les chemins en train de courir, sur un vélo d’entraînement ou à la piscine, ou autre. Je ne sais pas si vous connaissez cette plante, elle est vraiment magnifique au jardin, pas compliquée du tout côté entretien. Elle est vivace et elle vous accompagnera pendant de nombreuses années. Elle fait de magnifiques sommités fleuries qui deviennent vite très piquantes, donc la ramasse est délicate, il faut utiliser des gants lorsque la plante est en fleur. L’idéal est de ramasser les parties aériennes lorsque la plante commence juste à fleurir. On ramasse les feuilles et les fleurs, toute la partie aérienne et on composte les grosses tiges qui sont creuses et qui ne présentent pas un grand intérêt. Et franchement, si vous ramassez juste les feuilles au besoin, quel que soit le moment de l’année, c’est une plante qui vous rendra service. On peut prendre l’agripaume sous forme de tisane mais c’est franchement amer ! Donc soit on l’associe à d’autres plantes plus douces (matricaire, réglisse, etc), soit on la prend sous forme de teinture dans un peu d’eau, excellente forme aussi et largement plus facile à prendre. On place une trentaine de gouttes dans un peu d’eau froide, et on boit lorsqu’on sent les tensions qui montent. Et si une heure plus tard on a toujours les tensions ? On prend encore trente gouttes dans un peu d’eau. On peut faire jusqu’à 5 ou 6 prises si nécessaire, plus ou moins rapprochées en fonction de la tension qu’on ressent suite au ralentissement sportif. L'aubépine pour relâcher la tension L'aubépine a cette très grande affinité pour le cœur elle aussi, et elle va créer une légère hypotension. L’agripaume est légèrement hypotensive aussi, mais pas autant que l’aubépine. Et cette légère hypotension fait partie de l’effet relâchement que le sportif va apprécier en cette période un peu tendue. L’aubépine se trouve très facilement dans la nature. Je me souviens lorsque je suis arrivé à l’endroit où j’habite aujourd’hui, c’était à la fin décembre et il faisait assez froid cette année-là. La première des choses que j’ai faite, c’est faire un tour du terrain, et j’ai tout de suite repéré les buissons remplis d’épine, sans feuilles, mais qui avaient les petits fruits rouges très foncés, presque marron, toutes ratatinées. Et j’ai attendu avec impatience le printemps, un moment où l’aubépine est en fleur, un moment où vous allez partager un petit coin de nature avec des centaines d’abeilles et vous allez prélever quelques sommités fleuries par-ci par- là dans un nuage parfumé. C’est un vrai bonheur. Vous savez, quand on travaille dans le monde des plantes, c’est comme tout type de travail, il y a les moments fabuleux, il y a les moments pénible, il y a les tâches très ennuyeuses. Eh oui, nous aussi on doit faire notre comptabilité, remplir la paperasse, etc ! Mais il y a des moments assez magiques où tout est oublié. La cueillette de l’aubépine est définitivement un de ces moments pour moi. C’est une plante qui fonctionne très bien sous forme d’infusion des sommités fleuries. Mais elle est très bien aussi en teinture des sommités fleuries fraîches de préférence. Pour la teinture, on peut rajouter 15 gouttes avec les 30 gouttes d’agripaume et faire le même type de prise répétée si nécessaire. A la recherche de la folle avoine Pour la troisième plante, on va aller piocher dans nos plantes reminéralisantes. Car le sportif est très souvent déminéralisé, et ceci affecte grandement les nerfs. Le système nerveux a besoin de nombreux minéraux pour fonctionner, calcium et magnésium principalement. Et vu que le sportif va être un peu stressé pendant sa période de sevrage, il va falloir stabiliser le système nerveux avec de bons minéraux. En général je vous parle de l’ortie comme plante reminéralisante d’exception. Mais là, j’avais envie de changer un peu, et de vous parler de l’avoine. Celle qu’on va surtout utiliser, c’est la folle avoine (Avena fatua ou similaire), celle qui pousse dans les champs en friche, sur le bord des chemins, et à peu près partout sur notre territoire. Elle est très facile à reconnaître, mais il faudra probablement que quelqu’un vous la montre si vous ne l’avez jamais vue ou ramassée. Enfin, jamais vue… je pense que vous l’avez vue de nombreuses fois mais vous ne l’avez peut-être jamais regardée et identifiée ! L’avantage avec la folle avoine, c’est qu’on la trouve en général dans tous les pays, et en abondance, un peu comme l’ortie. Et c’est une source assez fabuleuse de calcium, magnésium et silice. La silice qui est très importante pour fabriquer de bons os, le cartilage, la peau et les tissus conjonctifs. Car la silice est nécessaire à la fabrication du collagène, cette brique de construction qui structure quasiment tous nos tissus. On va couper toute la partie aérienne au printemps – les feuilles, les tiges, les fruits. Dans un autre article, je vous parlerai probablement de la teinture des fruits à l’état laiteux, une préparation qu’il faut faire à un moment très précis de l’année. Mais là, on va faire beaucoup plus simple. On fait sécher toutes les parties aériennes à plat. Personnellement je les coupe en morceaux au sécateur juste après les avoir ramassées et je les fais sécher à plat déjà coupées. Ensuite, je les stocke dans des sacs en papiers kraft et je les garde dans un endroit bien sec. Fabuleuse plante minéralisante. Pour la préparation, on va faire une décoction en utilisant 30 g d’avoine pour 1 litre d’eau. J’ai bien dit décoction et pas infusion. Et j’ai bien dit tiges, feuilles et fruits et non pas le grain que vous mettez dans votre bol de céréales. Si l’avoine est coupée grossièrement, on va la couper plus finement, disons des morceaux de 2 ou 3 cm pour les feuilles et les tiges, histoire que ça rentre dans la casserole. On couvre, on laisse frémir 5 minutes à couvert, on arrête le feu, et on laisse reposer une bonne trentaine de minutes. Pour ces plantes très riches en minéraux, il est important de bien laisser infuser. Ensuite on filtre et on boit le litre pendant la journée, chaud ou froid, le goût est plutôt agréable, et si nécessaire on peut rajouter un peu de miel. Voilà, c’est une bonne boisson pour le sportif qui essaie de ralentir un peu. Où acheter de l'avoine ? (note : je ne touche aucune commission de ces fournisseurs) Le pavot de Californie pour calmer l'anxiété Cette dernière plante qui est un vrai plus lorsque le sportif qui essaie de se sevrer traverse une période de tension et d’anxiété car il est en manque. C’est le manque d’endorphines qui s’exprime, tout simplement. Et là, je me suis dit… les endorphines, ce sont des opioïdes… n’y aurait-il pas dans le monde végétal des plantes qui contiennent ce type d’alcaloïdes, qui calment l’activité du système nerveux central, et qui sont inoffensifs et sans accoutumance ? Eh bien si, nous en avons, il faut aller voir dans la famille des papavéracées, la famille qui contient le pavot somnifère que l’on utilise pour extraire l’opium. Alors rassurez-vous, on ne va pas utiliser le pavot somnifère, mais un cousin, le pavot de Californie (Eschscholtzia californica). C'est une plante magnifique au jardin, tellement facile à cultiver, très connue du jardinier car elle est plantée comme décorative aujourd’hui. Je me souviens quand j’étais gamin mon grand-père en avait partout dans son jardin, donc ça ne date pas d’hier. On prépare une teinture avec toutes les parties aériennes, teinture que l’on peut très facilement trouver dans le commerce aujourd’hui. Le pavot de Californie, qu’on appelle aussi escholtzia, contient de nombreux alcaloïdes qui sont calmants, anxiolytiques et fournissent un effet sédatif à partir d’une certaine dose. Si votre sportif favori a vraiment du mal à se sevrer et vous donne l’impression qu’il est en train de devenir une vraie cocotte-minute, pensez au pavot de Californie. Du coup on va rajouter la teinture de pavot de Californie avec nos autres teintures, on va utiliser une quinzaine de gouttes par prise, juste histoire d’avoir un petit effet calmant. Suggestion de mélange "addiction au sport" Donc je répète, nous avons le litre de décoction d’avoine à boire dans la journée. Ensuite, dans un verre avec un peu d’eau, je suggère : o 30 gouttes de teinture d’agripaume o 15 gouttes de teinture d’aubépine o Éventuellement 15 gouttes de teinture de pavot de Californie Et on va faire une prise lorsqu’on se sent tendu. On peut répéter la prise jusqu’à 5 ou 6 fois par jour si nécessaire. On peut faire une prise toutes les 30 minutes si le besoin se fait sentir. J’aurais pu vous proposer un mélange à infusion aussi. Par exemple pour un litre d’eau, 10 g d’avoine, 10 g d’aubépine, 5 g d’agripaume et 5 g de pavot. C’est tout à fait possible. Mais basé sur mon expérience, l’agripaume et l’escholtzia sont plus efficaces sous forme de teinture. Je vous rappelle que chacune de ces plantes a une liste de précautions qui vont avec, donc je vous encourage vivement à aller consulter mon site et vérifier pour chaque plante s’il y a des précautions particulières à prendre. Et je vous rappelle aussi que je ne suis pas médecin, ni pharmacien, donc ceci ne se substitue absolument pas à un avis médical. Est-ce que ce programme peut fonctionner pour un sevrage à d’autres substances ? Oui, il va clairement aider, mais il y a d’autres plantes possibles pour le sevrage à l’alcool par exemple, ou au tabac, et je vous en parlerai peut- être prochainement.