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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

INTRODUCTION

Introduction générale

Qu’est ce que le droit constitutionnel ?


C’est une matière récente (premier cour : 1834 à la faculté de droit de Paris, premier
professeur était un italien M. Rossi), mais qui a été secondaire. Toujours considérée comme
une matière noble. C’est une matière qui a fortement évoluée et qui est devenue à la mode.

Caractère essentiel du droit constitutionnel : c’est le droit du droit.


Les normes constitutionnelles sont une catégorie de normes particulières, elles permettent
de faire d’autres règles de droit, c’est la matrice de l’ensemble des règles de droit.
C’est le droit qui permet de produire les autres droits : droit civil, droit pénal… Il est avant
tout un droit politique. La production du droit, l’activité de créer les règles de droits sont
l’exercice du pouvoir politique, en vue de la régulation sociale.
 Il est l’étude dans lesquels s’exercent les conditions du pouvoir politique.
=> Pendant longtemps il s’est limité à un aspect : étude des institutions politiques (organes
de l’État).

L’étude du droit constitutionnel, c’est l’étude de ces normes juridiques particulières dont
l’objet est de permettre la production des règles de droit.
A chaque organe, il y a une catégorie de normes, et quels sont leur hiérarchie.
A coté du droit institutionnel formel, il y a le droit constitutionnel matériel :
C’est l’ensemble des droits et libertés considérés fondamentaux pour l’individu.
Fin XVIIIème siècle émerge un nouveau paradigme, d’un modèle nouveau, nouvelle
conception de l’organisation du pouvoir politique, et qui va se traduire par le
constitutionnalisme, est dont le droit constitutionnel est l’étude.
Droit constitutionnel matériel  correspond à une sorte de singularité de la culture
occidentale, choix de valeur existentielle  : individualisme. Le droit constitutionnel moderne
(au XVIème siècle) correspond à une conception philosophique de l’être humain qui est
caractérisé par l’individualisme de l’être humain.
Cette philosophie politique (reconnaissance des libertés individuelles) donne naissance au
libéralisme (philosophie). On ne peut pas comprendre le constitutionnalisme, sans
comprendre que le droit constitutionnel est la traduction de l’aspiration d’un changement
de modèle politique, qui combine la démocratie, mais dans une démocratie où on respecte
les libertés individuelles.
 Les institutions ne sont que la traduction de cette aspiration à une forme de
gouvernement, appelée démo-libérale : individu doué de liberté individuelle et qui
postule l’égalité pour tous.
Holiste : être humain n’existe pas quand il ne fait pas partie d’un tout.

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A partir du XVIème siècle  évolution du système juridico-politique : place de l’individu au
centre de la vie sociale. L’être humain a des droits et des libertés individuelles qui lui sont
attachés. L’essor de cette philosophie : évolution de cette conception et qui va aboutir à un
modèle de démocratie constitutionnelle : forme de gouvernement tout à fait particulière :
les individus sont les destinataires de la loi, mais chacun a des droits et libertés auxquels on
ne peut pas porter atteinte. Le pouvoir politique s’exerce dans une démocratie, mais la loi ne
peut être attentatoire aux droits.
Cette étude des libertés et des droits est une partie intégrante du droit constitutionnel. La
constitution organise précisément dans un État, les différents pouvoirs et fixe les limites à
l’exercice de ce pouvoir normatif par la prise en compte de ces droits individuels.

Le droit constitutionnel apparait donc comme l’ensemble des normes qui règlementent le
pouvoir politique : toutes les règles d’organisation de l’État et les règles relatives aux
droits fondamentaux.

Il existe un modèle de base. Tous les régimes politiques s’inspirent tous d’un même modèle :
constitutionnalisme (démo-libéral). Toute société a eu « du politique ». Le politique se
structure autour d’une relation gouvernant-gouverné.
2 questions fondamentales :
 Pourquoi y a-t-il des gouvernants-gouvernés ?
 Pourquoi est-ce lui le chef ?
On est tous égaux, et donc tous potentiellement gouvernant ou gouverné. La démocratie fait
qu’on est tous gouvernant et gouverné.
Est-ce que, dès lors que je suis dans une démocratie (censé être l’auteur des lois qui
s’appliquent à soi), si je pense qu’une loi ne respecte pas mes libertés individuelles.
La démocratie s’inscrit dans une perspective libérale. Lorsqu’est étudié le pouvoir des
constitutions politiques d’établir les règles, en même temps il existe des limitations, à cette
capacité à établir les règles. La limite infranchissable ce sont les droits et libertés
individuelles.

Le droit constitutionnel, c’est l’étude de la façon dont le pouvoir politique est légitime et
dont il établi les règles de droit. Les institutions politiques se fondent sur des règles
d’organisation du système politique, qui sont dans la constitution. Sous la forme de D et L
individuels qui viennent limiter le pouvoir politique dans l’établissement des règles (droit
constitutionnel matériel).

Indications bibliographiques :
Michel Troper
Vlad Constentinesco, PUF, avec Pierré Cap
Le Pactet
Le Chantebout : manuel de droit constitutionnel
Le précis Dalloz : ouvrage collectif sous la direction de Louis Favoreux

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

PREMIÈRE PARTIE : NOTION ÉLÉMENTAIRE DE DROIT CONSTITUTIONNEL : LE


CONSTITUTIONNALISME

TITRE 1 : L’ÉTAT CONSTITUTIONNEL, LE VECTEUR DE LA DÉMOCRATIE


CONSTITUTIONNELLE

CHAPITRE 1 : L’ÉTAT

Elle débute de façon assez classique : la notion de l’État. Notion récente.


C’est un sujet d’étude infini : sociologues, philosophes, économistes… Notion d’état en tant
qu’un des éléments essentiel du droit constitutionnel. Le droit constitutionnel est le droit de
l’organisation de l’état, de l’exercice du pouvoir politique. Dans 99% du monde, le pouvoir
est étatique.
La SDN est structurée autour de l’État. La construction de l’UE pèse sur les États.
L’État reste l’institution par excellence où s’exerce le pouvoir politique.
Le constitutionnalisme s’est épanoui avec l’État comme vecteur.
Il existe d’autres institutions qui produisent du droit : au nombre de trois : organisations
internationales, choses plus originales : L’UE, et les États entre eux.

L’État est une donnée historique : XVIème siècle  début de l’époque moderne.
De tout temps, il a existé des gouvernements (ensemble des moyens d’exercer le pouvoir
politique), plus ou moins sophistiqués (Romains). D’une part l’exercice du pouvoir du
politique (qui existe depuis qu’il y a exercice d’un pouvoir), d’un autre des cadres dans
lesquels le pouvoir politique peut s’exercer.
Nombreuses explications : chaque discipline scientifique explique l’apparition de l’État
(autant d’explications que de systèmes), pour nous conception juridique.
 Peut-on juridiquement définir l’état ?
Il y a une relation quasi exclusive entre le droit et l’état.
Pourquoi le constitutionnalisme s’est développé en même temps que l’État, et pourquoi est-
il incontestablement l’institution principale de l’exercice du pouvoir politique.
L’exercice du pouvoir, existence d’un pouvoir politique est un phénomène social distinct de
l’État. L’exercice du pouvoir politique a connu des phases nombreuses et sophistiquées.

Thèses contractualistes : trilogie Hobbs (GB XVI), Locke, Rousseau  le passage à l’État, ou à
l’organisation politique serait le fait d’un contrat passé entre les individus.
Quand Hobbs parle de l’État de nature, qui est un État chaotique ou chaque individu est
gouverné par ses pulsions  pose un modèle philosophique. Il ne parle pas des hommes
préhistoriques. Il imagine ce que serait la société sans règles, sans organisation. Dans ce
système, « le plus costaud trouve toujours un plus costaud que lui ».
Les individus ont de mauvais instincts. Rousseau regrette l’État de nature, tout en disant qu’il
est nécessaire d’avoir des règles.

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L’idée est que les individus doués de raison passeraient un contrat en vue d’abandonner
leur propre volonté de gouverner et de la confier à une entité, qui elle gouvernera.
Hobbs est présenté comme le précurseur du totalitarisme, et à l’inverse Locke est le père du
libéralisme.

SECTION 1 : L’ÉTAT COMME PERSONNE MORALE DE DROIT PUBLIC

La philosophie politique s’est beaucoup intéressée à l’État : nécessité de l’État.


Il y a des théories assez intéressantes : modèles abstraits, souvent basé sur le modèle du
contrat fictif, qui constituerait une entité, qui dominera pour tout le monde.
L’État c’est le fruit d’un processus d’évolution.

Paragraphe 1 : L’état comme pouvoir politique institutionnalisé

Maurice Hauriou est le père du droit constitutionnel (Toulouse).


Burdot est un prof de science politique  « l’État, c’est le pouvoir politique
institutionnalisé. »
Institutionnalisation : Phénomène de mise à distance. C’est un phénomène social fondé sur
l’idée du consentement. Idée de pérennisation.
Toutes les formes de pouvoir politique sont fondées sur une même structure : le gouvernant
et le gouverné. L’acceptation des gouvernés à une forme de domination.
Pourquoi j’admets cette domination : Question de la légitimité du pouvoir.

Légitimité démocratique  on s’impose à soi même des règles pour la paix sociale.
Tendance du pouvoir politique : recherche de la stabilité, de la pérennisation du cadre.
Celui qui, à un moment donné détient un pouvoir politique veut créer la façon de
transmettre son pouvoir (idée de stabilité).
L’État moderne n’est plus un État monarchique. Lorsque le lien dynastique n’existe plus, le
pouvoir peut aussi venir d’un leader charismatique. Lorsqu’une dynastie s’éteint : comment
le pérenniser.
Institutionnalité : mise en place progressive d’un statut du pouvoir politique dans un cadre
donné.
Mise à distance des personnes physiques et des institutions sociales. Création d’un être fictif
qui va exercer pour le compte de tous, le pouvoir politique : objectivisation du pouvoir
politique.
Cette structuration des règles du pouvoir politique se fait en même temps à une autre
forme, du corps social lui-même  communauté. L’État ne peut fonctionner que si en même
temps se crée une communauté  corps social conscient de partager des intérêts communs.
Cette prise de conscience  idée de peuple, nation.

Pouvoir politique rationnalisé : personnes physiques ont une rationalisation propre, chose la
mieux partagée, mais aussi la plus complexe, et structurée : mettre en place des institutions
qui vont agir pour cette personne fictive.

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L’État est aussi un phénomène de rationalisation : générale, la raison d’État (nait du temps
de Richelieu), affaires d’état, par rapport à l’état et non à la religion.
Cette structuration du politique n’a pas pu se faire simultanément avec une structuration du
corps social.

État de nation : il n’a pas suffit qu’il y ait une rationalité de l’État, des organes, il a fallu
d’avoir une conscience collective, qui deviendra progressivement la nation.
L’institutionnalisation va aboutir à une autorité publique. Cette mise à distance aboutit à
une autorité qui se veut supérieure à toute autre autorité.
L’autorité publique, c’est cette personne fictive qui exerce ce pouvoir politique, à l’égard de
tous  personnes physiques ou autres institutions sociales.
Institutionnalisation suppose l’instauration d’une autorité publique. Autour de l’État se
construit une sphère publique  intérêt général.
Édit de Moulin  création d’un domaine public. Le pouvoir de l’État, lois votées par l’État
s’appliquent sur tout le territoire de l’État.
L’État est le résultat de cette double affirmation : affirmation d’existence (parfois par la
violence) et affirmation de son autorité à l’égard de ses institutions (heurs entre État et
religion : il prétend à la rationalité globale et que dans le corps social, il y ait des parts de
rationalité, mais on ne prétend pas régir une société).

La seule qui se pose en concurrence à l’État est la religion  prétend pouvoir exercer le
pouvoir social (XVIème siècle : guerre de religion).
=> Nécessité de créer une institution qui soit areligieuse.
L’État doit avoir une position d’intérêt général.

A. L’état comme personne fictive  personna ficta

La construction de l’État comme personne morale, c’est la mise à distance du pouvoir


politique avec la personne physique  dépersonnalisation du pouvoir politique.
Il ne sera plus envisagé dans une perceptive patrimoniale.
La notion de personnalité morale a été conçue pour donner une existence et une capacité
juridique à des groupements d’individus poursuivant un intérêt légitime.

 La personnalité de l’État ne se confond pas avec la personne de ses dirigeants,


 les dirigeants ne sont pas propriétaires de leurs fonctions,
 les décisions ne sont pas prises personnellement par une personne représentant le
pouvoir, mais par l’État lui-même,
 le patrimoine des gouvernants est distinct du patrimoine de l’État .

Au moyen Age, le Roi régnait sur des terres qui lui appartenait, mais là où il y avait de grands
vassaux, ça ne lui appartenait pas : patrimonialisation du royaume.
Magistrature : la personne qui exerce le pouvoir politique ne l’exerce pas en son nom
propre, elle détient une compétence, selon certaines règles qui lui ont étés fixées
(démocraties, monarchies, loi salique). Au moyen-âge, il y avait une confusion entre
patrimoine privé et public. => Dé-patrimonialisation du pouvoir public

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Sous l’ancien régime, le Roi est l’État : la fonction royale était détachée du corps physique du
droit (les deux corps du Roi, Kantorowicz  étudié les origines intellectuelles au Moyen-âge
et le processus de dissociation entre les 2 corps du Roi : physique et politique)...
Chacun des organes de l’État va détenir des compétences. Chaque organe connait des
compétences. L’Exercice du pouvoir est réparti dans ces organes où chacun a un pouvoir
défini et délimité. Progressivement l’État est caractérisé par ce processus de rationalisation
de l’exercice du pouvoir politique  on gouverne pour le bien commun.
Pour gouverner en vu de réaliser le bien commun, il faut un appareil rationnel.
L’État n’agit qu’en personne fictive en vue de l’intérêt général.

B. L’auto-affirmation de son autorité par l’État

 processus qui a aboutit à ce que progressivement l’autorité de l’État s’impose à toute


personne physique, mais aussi toutes les autres personnes morales.

Le Roi de France au début du Moyen-âge était Roi sur son domaine, mais ça n’empêchait pas
à un de ses vassaux d’essayer de lui prendre du territoire : pas d’autorité du Roi. L’État
n’existe réellement à partir du XVIème siècle : il devient nécessaire qu’il s’affirme.
Il a une conception de souveraineté de l’État. Elle a été inventée par Jean Bodin au XVIème
siècle.
L’autorité de l’État : sur son territoire, il impose le droit à tous. Pas d’idée encore de droit
uniforme (dépendait de son état, selon les régions), fictivement c’est quand même l’État qui
décide du droit, cette affirmation de son autorité s’est faite à l’égard de toutes les
institutions sociales et de chacun.  Exclusivité de création du droit.
« L’État c’est le monopole de la contrainte physique » (Max Webber). L’État a le monopole
de la création des normes juridiques.
Capacité à affirmer son autorité  marque essentielle de l’étaticité. Capacité de s’imposer à
toutes les institutions sociales et aux individus : naissance de ce concept, pas d’État sans
souveraineté (caractéristique essentielle de l’état sans lequel il n’existerait pas, à pouvoir
imposer à tous l’exercice du pouvoir politique).
Cette supériorité est née de ce conflit et qui va s’exaspérer au XVIème siècle avec les guerres
de religion (querelle sur celui qui doit décider des affaires temporelles).
Infinité de rationalité : fait qu’une personne soit capable d’être consciente d’elle-même, se
fixer des objectifs et tout faire pour les mettre en place.
Rationalités sociales, physiques... une entreprise sa rationalité est de faire des profits 
faire travailler les gens 20h par jour sans les payer, pas possible car règles de droit.

L’État s’est heurté aux religions  la religion c’est la seule rationalité à prétention
universelle. Les religions proposent un mode de vie complet (rites). Il y a des règles
religieuses qui ont la prétention d’être totale. Les religions sont prescriptibles, comme l’État.
L’État c’est défait de l’emprise d’u religieux, et s’en est séparé. Le conflit a toujours été
permanent.
La sécularisation c’est le moment essentiel de l’affirmation de l’État au sein des institutions
humaines  affirmation du temporel, c’est à l’État et non au religieux de primer. L’État a
été le moyen de détacher les affaires de communauté humaine à la sphère du religieux, en
rejetant le religieux de la sphère privé de chacun. Le domaine public est laïc.

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=> Processus de sécularisation : détacher la gestion des affaires de la
communauté humaine, à la sphère du religieux et le replacer dans le politique.
Historiquement, à la fin du Moyen-âge, les monarchies tentent d’affirmer leur indépendance
et cette volonté est relayée dans la pensée politique de l’époque.
Pourquoi au XVIème siècle le processus de détachement devient nécessaire ?
Chacun y trouvait son compte. Au sein même de la religion chrétienne : schisme. Les Rois
avaient une certaine stabilité au sein d’un pays.
Au XVIème siècle, la religion devient un élément de conflit : guerre civile au nom de la
religion. L’intérêt de l’État est de se détacher de la religion : Édit de Nantes (Henri IV, même
si Louis XIV l’a révoqué).
Raison d’État qui se détache du religieux : ce processus va aboutir à quelque chose de
fondamental : la monopolisation par l’État des règles de droits. Dégager la raison d’État par
rapport à la raison religieuse. Mise en place de l’idée que l’État est suffisamment puissant,
souverain et peut décider de ce que doit être la loi (ex : divorce).
Les prescriptions religieuses sont tolérées au même niveau qu’une association, dans la
mesure où elles ne contreviennent pas aux prescriptions de l’État.
Certains philosophes ont montré la nécessité de séparer la conduite des affaires publiques
du religieux.
Ce qui a été favorable a l’État :
- Ce qui a été fatal à l’Église  Réforme. Plus prétendre à l’universalité  2 vérités.
- Guerres de religions
- Émergence de la raison comme mode de réflexion personnalisé  Richelieu a pensé
qu’il ne fallait plus rattacher l’Église à l’État
Progressivement l’État parvient à imposer sa volonté, fondé sur l’intérêt général.

Cette affirmation de l’autorité par l’État s’affirme par la monopolisation de la création des


règles de droits. Ces normes deviennent impératives et supérieures à toutes les autres.
Revers : ce monopole s’exerce à l’égard d’autres entités étatiques. Ce genre d’affirmation
aboutit à la constitution d’une notion de souveraineté (l’État est en mesure de déterminer
les règles qui doivent être appliquées sur son territoire). Personne morale qui a le monopole
de la création de lois.
L’État affirme son exclusivité à produire des normes à l’intérieur du territoire à l’égard des
personnes qui vivent sur son territoire, mais aussi à l’égard de l’extérieur. Les autres États
n’ont pas à s’immiscer.

L’État est une institution, caractérisée par l’existence d’organes, qui exercent le pouvoir
politique et détiennent des compétences déterminées et délimitées. Cette personne morale
institutionnalisée a une rationalité propre et à vocation universelle (s’occuper de tout
problème susceptible d’entrer dans la sphère de l’intérêt général)  production exclusive de
normes de droits qui s’imposent à tous.

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Paragraphe 2 : Les éléments constitutifs de l’État

2 catégories : éléments physiques (matérialise les conditions d’un État) et éléments


immatériels : la souveraineté, et puissance de l’État.

A. Les conditions matérielles de l’État

3 conditions  territoire, population et une autorité publique. Ce sont les 3 critères utilisés
par l’ONU pour caractériser un État.

1. Le territoire

Le territoire est le support physique de la puissance d’un État : pas seulement la terre, le
sol, mais aussi l’espace maritime et aérien.
Les guerres avaient toujours un enjeu territorial  marque de la puissance d’un État. En
1940, les deux États les plus puissants au monde sont la France et la GB.
Assise physique : grand intérêt, espace à l’intérieur duquel un État peut appliquer le droit
qu’il produit.
=> La possession d’un territoire par un État ne signifie pas qu’il en est propriétaire.
Imperium  pouvoir de commandement, non lié à la possession physique.

2. La population

=> C’est un phénomène de masse.


La démocratie constitutionnelle est fondée sur la reconnaissance de l’individu : cette
communauté existe. Problème entre individu et communauté.
A un État correspondait une nation, un peuple : forme d’homogénéisation de la
communauté, suppose une conscience collective fondée sur des valeurs communes.
C’est un élément de l’acceptation de la loi : lorsque que l’on est face à une communauté
homogène il est plus facile d’établir une règle de droit qui va être acceptée par tous  :
forme idéalisé de la communauté humaine dans un État.
Esmein Adémar avait dans un de ses ouvrages : « L’État était la personnification juridique de
la nation » (jusqu'à la deuxième guerre, idée était d’actualité). Chez les philosophes il y a
idée qu’il y a coïncidence entre nation et État.

Aujourd’hui cette coïncidence est de plus en plus difficile, la société moderne est plus
complexe qu’au début du XIXème siècle.
Cette hétérogénéisation a une importance  surévaluation de l’individu. Les personnes ont
plus tendance à ne pas se situer spontanément en tant que membre d’une nation, mais
d’une institution. Il est difficile d’adopter une loi acceptable à tous.
L’État a toujours été la force qui concentre.
La politique a été de rechercher le bien commun, et aujourd’hui plutôt ce qui ne nous divise
pas  voter des lois afin que ça ne puisse heurter personne.
L’idée de communauté humaine  distinction entre nationaux et non nationaux. Nationaux
 soumis au règles et bénéficiait du droit, alors que les ressortissants étaient justes soumis
au droit.

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3. L’autorité publique

Ce dernier critère renvoie à l’idée que c’est un appareil institutionnel  pas d’État s’il n’y a
pas d’organes institutionnels.
L’idée de gouvernement renvoie à une action unificatrice  soumettre une communauté à
de mêmes règles.

B. La souveraineté de l’état

Elle a toujours été considérée comme le critère essentiel de l’État : pas d’État sans
souveraineté. (Triple conjoncture du XVI siècle). Nécessité d’une autorité forte. Le Roi est
appelé souverain, mais en réalité c’est l’État qui est souverain. Monarchie a trouvé son
intérêt dans une autorité forte : notion de souveraineté. Notion qui fait débat aujourd’hui :
remis en cause en tant que critère même de l’État. Cette idée de souveraineté renvoie à une
forme de puissance
Jean Bodin (1530-1596) : « le souverain est celui qui peut librement seul donner et casser la
loi ».
Éléments pour caractériser la souveraineté : la monopolisation de pouvoir produire du droit
et surtout à le produire seul.
L’État est le seul à pouvoir fixer des règles qui s’appliquent à tous, sans avoir besoin d’en
respecter d’autres. Le souverain est le seul qui peut fixer les règles, y comprit les siennes : il
peut casser les lois, il peut la donner la loi, la modifier et l’abroger.
Affirmer le caractère absolu de son autorité : souveraineté serait une sorte de pouvoir sans
limite de fixer les règles de droits.

Dans le langage courant, il y a amalgame entre souveraineté de l’État et celui du monarque :


confusion entre roi et souverain : réalité historique. La mise en place de l’État en tant que
cadre privilégié : renforcement de la monarchie. Quand l’État était le cadre exclusif du
droit, l’État et le monarque étaient la même chose : processus d’absolutisation de la
monarchie. (L’état c’est moi).
La souveraineté n’est employée que pour le bien commun.
La notion de souveraineté renvoie à l’idée d’un pouvoir absolu et infini. Refus de toute
ingérence dans l’exercice du pouvoir politique.
La souveraineté est la capacité de l’État à produire exclusivement le droit applicable à sa
communauté humaine.
Maitrise de l’ordre juridique, or, ce qui parait simple, en réalité, l’évolution même du rôle de
l’État, ce concept de souveraineté est en réalité fragile.
Dès la révolution française, l’affirmation de droits et de libertés individuelles : ambigüité, la
révolution française, affrontera les réactionnaires et libéraux. La terreur a été l’une des pires
tyrannies qu’a connue la France. Au nom de l’intérêt général, raison d’état (salut publics) :
une des plus grandes opérations de police
La révolution : mauvais fonctionnement de la justice et pression fiscale. Refonder le
fonctionnement de la justice et de rendre l’impôt un peu plus légal.
A la révolution, on met en place l’idée que les individus ont des droits opposables à l’État,
mais les destinataires de ce droit ont des droits qui sont inhérent à la personne humaine  :
qui constitue une limite du pouvoir de l’état.

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Comment peut on affirmer que l’état est souverain, pouvoir absolu et illimité, alors qu’on
reconnait dans une conception libérale que les individus ont des droits opposables à l’État.
 Aujourd’hui le droit international est une source de droit de plus en plus importante  le
droit international, pendant des années, cela a été du droit interétatique (partie du droit qui
réglait les relations entre les États) car les ressortissants n’étaient atteints pas
individuellement. Aujourd’hui, il touche de plus en plus les individus directement  CESDD.
Elle crée des droits subjectifs au profit des individus. Tant que le droit international était
seulement interétatique, il était totalement maitrisé par les États.
 Rencontre entre les droits individuels et la sphère publique.
Dans un système fondé sur la démocratie, il impossible de soutenir que la souveraineté est
un pouvoir absolu de l’état.

L’ordre normatif applicable dans un État est aujourd’hui très largement exogène : les lois qui
s’appliquent dans un État sont issus de normes internationales, soit sont des normes qui
sont influencées et limitées par le droit international.
Droit élaboré en dehors des institutions de l’État, où les états signent des traités par lesquels
ils acceptent de limiter leurs compétences normatives : ils limitent leur souveraineté.
Depuis la 2ème moitié du XXème siècle : application de règles d’état qui n’ont pas été crées
par lui seul.
Le droit international constitue une limitation à la souveraineté de l’État, néanmoins la
soumission au droit international réponse dans la pratique une soumission volontaire : un
État n’est jamais obligé de ratifier un traité.
L’expression de la plus achevée de la souveraineté, c’est d’accepter de la limiter : il peut
très bien dénoncer, de ne pas les ratifier ou renoncer à les appliquer.

 Constitutionnalisme : conjugue démocratie et garantie des D et L individuelles. Cette


conception ne peut pas s’accommoder d’une sorte de pouvoir illimité de l’État. Dès lors,
qu’on pose les D et L comme une priorité, et que ces droits sont opposables à l’État, il est
impossible de parler de pouvoir illimité de l’État.
Pas de constitutionalisme avec pouvoir illimité. L’idée de limitation de pouvoir de l’État va à
l’encontre du pouvoir de souveraineté.
Pour les droits de l’homme, la problématique est la même, un état pourrait très bien tenir
compte des droits et libertés individuels de l’être humain.
Une compétence c’est un pouvoir limité. Aucun organe dans un État constitutionnel ne
bénéficie d’une compétence illimitée.
Analyser la notion de souveraineté, non pas en terme de pouvoir illimité de possibilité,
mais en terme de compétence.
Cette notion a été, dans la doctrine a subit 3 traitements :
 Souveraineté reste la caractéristique de l’État, y compris constitutionnel  système
de poids et contrepoids. L’État peut toujours imposer quelque chose.
 L’État moderne est incompatible avec la notion de souveraineté. On remplace la
souveraineté par le concept de puissance étatique. L’État a cette puissance qui lui est
propre. L’État fédéral montre que la souveraineté n’existe pas  pas de possibilité
de double souveraineté.
 Redéfinir la souveraineté, en tenant cpte du fait dans un État constitutionnel, elle ne
peut être ni absolue, ni illimité  souveraineté comme compétence des

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compétences. Forme d’omni compétence : l’État ne doit pas s’occuper de tout. L’État
est libre, donc a la compétence de déterminer, ce pourquoi il est compétent.
Lorsqu’on dit que l’État est souverain  l’État n’est ni l’un, ni l’autre, mais en
fonction des nécessité de l’intérêt général, il sera porté à règlementer.

Quel est le rôle de l’État : à quoi il sert ?


 Pour le marxisme : l’État doit tout faire, jusqu’au jour ou il dépérira (Marx). Il prend
en charge toutes les problématiques sociales.
 Pour les anarchistes l’État ne devrait pas exister.
 les ultras libéraux : La société peut s’auto-organiser.

Nécessité de définir le rôle de l’État.


Cette conception de l’État est intéressante car évolutive, elle débouche sur une question :
Pour quoi est compétant l’État ? : Compétence minimale (moins interventionniste possible :
conception libérale), compétence régalienne : on peut identifier un noyau dur de
compétences de l’État dont il ne peut pas se départir : tout ce qui relève de la guerre, de la
paix pied plutôt viril : maintien de l’ordre).
Aujourd’hui on va penser à l’éducation (devenu préoccupation de l’état à la fin du XIX), voire
système de protection sociale. L’État est à géométrie variable : pourquoi l’état s’est il occupé
de tout, parce qu’il fallait tout reconstruire, aujourd’hui l’état se replie dans ses
compétences régaliennes.
Si on dit, vision marxiste, l’État doit être compétant pour tout : absolutisme. La notion de
souveraineté comporte aussi un risque d’absolutisme : la souveraineté n’est pas le fait que
l’État soit compétent pour tout : il a la possibilité de décider ce pour quoi il est compétent et
pas compétent.
Omni compétence : l’État peut être compétent pour quelque chose et règlementé tel ou tel
domaine (intérêt général).
Pouvoir d’évocation : le Roi ne s’intéresse qu’aux pouvoirs les plus importants.
La souveraineté serait la compétence des compétences : décider ce pourquoi je suis
compétant. Une fois que l’état estime qu’il est compétant dans un domaine : il a le droit de
produire du droit dans ce domaine mais doit respecter les libertés et droits individuels.
Marquer ce saut qualitatif : dans l’État contemporain, la notion de souveraineté n’a plus de
sens : consubstantiel à la démocratie libérale
L’État constitutionnel ne peut pas correspondre la notion de souveraineté : concept de
puissance étatique.
Il disposerait d’une puissance particulière qui consisterait dans l’exercice du pouvoir
politique, mais loin d’être absolue, mais serait encadrée juridiquement par l’institution
d’organes, de compétences limitées et par un encadrement normatif fort qui serait fourni
par la constitution (encadré juridiquement le pouvoir politique).
La Souveraineté c’est un pouvoir absolu et limité dans l’exercice du pouvoir absolu qui se
caractérise par le fait que l’état n’est pas soumis à ses propres règles : il peut donner la loi
et la casser.
La puissance étatique : puissance exercé dans un cadre juridique : respecter des règles.
L’état est alors soumis au droit : état constitutionnel.
On retombe en permanence sur la relation entre l’état et le droit.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Paragraphe 3 : L’État comme phénomène juridique

Relation de l’État avec le droit : l’État, c’est un mode d’exercice du pouvoir politique et ce
qui le caractérise, c’est la production de normes de droit.
Il y a de nombreux producteurs de normes :
 Petits producteurs : individus (en créant un club).
 Autres producteurs : autres États qui ont une compétence pour produire du droit.
L’État devient l’instrument par lequel le droit exerce ses compétences.
L’État ne produit pas seul du droit, mais a le monopole soit de la validation juridique, soit
de la production.
Il y a coïncidence parfaite entre l’État et le système normatif.
L’État est un produit juridique lui-même : tous les éléments de l’État peuvent être décrits
juridiquement (territoire, est quelque chose de matériel, mais connait une définition
juridique).
Il n’agit qu’au moyen du droit : processus normatif (production des règles de droits). Hans
Kelsen estimait qu’il y avait une coïncidence entre l’état et le droit.
L’exercice du pouvoir politique précède le droit (Romain, Ancien régime), mais c’était un
droit coutumier, il était même personnalisé.
Aujourd’hui, il y a l’idée que l’État est soumis au droit  État de droit.
L’idée d’État de droit  Droit est le mode exclusif de l’État et est à mettre en relation avec le
fait que l’État est doté d’organes, avec des compétences délimitées.
On peut considérer que l’État moderne du XVIème siècle monopolise les moyens de
production du droit, est en même temps un facteur de rationalisation.
 Le droit fonctionne selon un principe de hiérarchisation.

« Nul n’est censé ignorer la loi »  il doit y avoir une connaissabilité de la loi. Une personne
normalement constituée doit comprendre la loi. L’État a participé à ce mouvement de
rationalisation.
Surproduction normative aujourd’hui  problème de la sophistication permanente de l’État
qui en arrive à devenir hypertrophié dans sa production.
Aujourd’hui, c’est l’inverse, la sophistication du droit empêche de tout connaitre. Personne
ne peut connaitre tout le droit. L’inflation législative signifie qu’il y a trop de normes (lois...)
 résultat de sophistication du droit.
Pour le CE  cette inflation normative met en péril la sécurité juridique.
 Mouvement de rationalisation de droit qui passe par l’écrit, est qui le vecteur de
cette monopolisation, recense le droit (Code Civil  premier grand code, en 1804).
Cette saisie par l’État caractérise un code particulier de production du droit : rupture avec la
coutume (plus au moins obscur), dont la connaissance est relative (on peut même les
inventer).La rédaction des coutumes les a fait cesser d’être des coutumes.
Juridicisation de ces moyens.
Le droit devient un mode de production rationnel : il doit fonder sa compétence sur une
règle de droit, pour aboutir à la réalisation d’une norme. Tend à éliminer l’arbitraire (sans
être lié juridiquement).
Progressivement par la saisie des moyens de production par l’État : recul de l’arbitraire.
C’est qui va aboutir à l’État de droit, qui tend à faire coïncider l’État et le droit.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
L’État de droit va se charger d’une connotation libérale : protège les individus par le droit.
Cette relation d’explicité, ce monopole a abouti à ce modèle : l’État de droit.
Cette relation entre l’État et le droit -> idée que l’on peut expliquer l’État d’un point de vue
strictement normatif.
Kelsen  « État de droit c’est une tautologie ». Tout système étatique qui produit du droit
est un État de droit  Nazisme, URSS...

On peut pour résumer que l’État est une personne morale de droit public : être juridique,
de droit et qui a cette particularité de n’utiliser comme moyen que le droit.
Cet être a pour finalité la production des normes, qui vont s’appliquer au corps social. Le
pouvoir politique devient donc lui-même un pouvoir de droit basé sur les compétences
limitées et juridiquement définies. -> les gouvernants sont autorisés à exercer le pouvoir
politique, mais dans la limite des compétences qui leur ont étés conférées.

 L’une des problématiques essentielle de l’État est celle de son organisation politique,
c'est-à-dire, celle de la forme de gouvernement de l’état.
Si l’État est le cadre de l’organisation politique  différentes façon de l’organiser, de
l’exercer : forme de gouvernement (utilisation, organisation de la puissance de l’état).

Son organisation dépend directement de son organisation territoriale et de la forme


matérielle de son gouvernement

SECTION 2 : LA MORPHOLOGIE DE L’ÉTAT : L’ORGANISATION TERRITORIALE

C’est la question du mode de gouvernement.


Question simple à énoncer  pour chaque État, ils auraient un choix entre l’État unitaire
(France), et l’État composé : État fédéral.
En réalité, ce choix revêt une multitude de variantes, la France est un État unitaire,
l’Espagne et l’Italie le sont aussi  réalité contrastée : État régional.
Pour le fédéralisme, différentes façons de concevoir  États-Unis, Allemagne.

Paragraphe 1 : L’État unitaire

 État unitaire : personnalité morale unique, dans lequel il existe un centre unique de
décisions politiques, de création de la loi.

 Principe d’indivisibilité : indivisibilité du peuple, et donc à un peuple correspond un


territoire, et les deux sont liés.
Un seul centre législatif  une seule législation.
Il peut sembler être la forme première de l’État, qui correspond le mieux à ces notions
essentielles de l’État : un territoire, une population, autorité publique, et une
souveraineté.
 Il y a un aspect unificateur  véritable principe d’indivisibilité territoriale. La forme
unitaire de l’État correspond à un processus d’unification.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le caractère unitaire de l’État signifie qu’il n’existe qu’un seul niveau d’exercice du pouvoir.
 Le droit produit est applicable à tous de la même façon.
L’État unitaire suppose une organisation territoriale uniforme, qui au départ est centralisée
et passe par des phases de déconcentration et de décentralisation.
Mais malgré ça, l’idée demeure que dans un État unitaire l’ensemble de l’État est soumis à
une loi unique et que l’on territorialise une partie de l’action publique, mais sous l’autorité
de l’état : état décentralisé (France aujourd’hui).

Mais il existe des États unitaires sont allés au delà de cette décentralisation : Italie, Espagne.
Ils pratiquent une décentralisation maximale dont la principale caractéristique remet en
cause le caractère uniforme de l’organisation administrative : État régionalisé. Cette
régionalisation est telle qu’en Italie, on n’est pas passé en état fédéral : forme d’état
quasiment fédéral.

A. La forme classique de l’État unitaire : État décentralisé ou déconcentré

Il suppose que tous les individus sont soumis aux mêmes lois : un seul législateur.
Ces lois sont exécutées par une administration : administrations de l’État.
La centralisation nécessite pour des raisons pratiques une délocalisation. Cela conduit l’État
et son administration à se délocaliser en créant des antennes locales : générale (préfecture)
et spécialisée (rectorat).
Ce phénomène de délocalisation de l’État s’appelle la déconcentration.
A ne pas confondre avec la délocalisation.
 La décentralisation repose sur des collectivités territoriales qui exercent des
compétences propres, mais attribuées par le législateur.
Pouvoir de subordination : préfets et recteurs exécutent les ordres du gouvernement.
A coté, il y a une administration territoriale, (1982) qui ne sont plus soumises à la tutelle de
l’État : ont des compétences propres, mais sont sous la surveillance de l’État.
Les collectivités ont une organisation et ont des compétences qui sont uniformisées sur le
territoire et c’est le législateur qui peut décider d’attribuer plus de compétences ou les
retirer.
Les collectivités ne maitrisent pas leu compétences, mais tous les actes des collectivités
étaient contrôlés par le préfet, avant 1982.
Après 1982, une collectivité ne maitrise toujours pas ses compétences, mais les différentes
lois ont permis d’augmenter leurs compétences.
Dans le cadre de la décentralisation, certaines autorités en principe élues, peuvent adopter
des actes administratifs, de manières autonomes, par rapport aux organes centraux de
l’État. Elles ne sont pas subordonnées au pouvoir central, elles ont leur propre légitimité.

Dans le cadre de la déconcentration, certains administrateurs bénéficient d’une autonomie


en matière de décision, mais sont sous le contrôle étroit du pouvoir central. En quelque
sorte, ces administrateurs sont un prolongement du pouvoir central, localement
essentiellement dans les départements. L’autorité sera nommée par le pouvoir central :
principal le préfet.

Contrôle d’opportunité : 

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Contrôle de la légalité : vérifier que la décision du CM est légale par rapports à ses
compétences.
Le préfet ne peut pas annuler lui-même un acte, il est obligé de saisir le juge (depuis 1982).

Principe de libre administration : peuvent dans leur domaine de compétence prendre des
mesures de niveau règlementaire. Ce principe doit être relativisé en tant qu’échelon
administratif, les collectivités décentralisées. Ce qui caractérise la décentralisation : les
collectivités correspondent à un niveau de décentralisation, c’est l’État qui décide des
compétences qui leurs sont attribuées, décident de leurs statuts.

Au sein du modèle de l’État unitaire, la doctrine a mis en place une sorte de modèle
intermédiaire : modèle régional où cette décentralisation est poussée à son maximum.
 Intermédiaire entre l’organisation décentralisé et l’État fédéral.

B. Le modèle de l’État régional

 L’État régional est une sorte de moyen de préserver le caractère unitaire de l’État
tout en l’adaptant à de forts particularismes.

L’unité juridique du peuple est aujourd’hui effective, mais il est de plus en plus nécessaire de
prendre en compte les particularismes, communautarismes : linguistiques, culturels,
religieux.
Il y a des États qui préfèrent reconnaitre sous forme d’une régionalisation très forte pour
préserver l’unité de l’État : Italie et Espagne (État le plus régionalisé d’Europe). C’est un
modèle complexe.
Ex : Ex-Yougoslavie, pas bien fini.
Les statuts des régions de l’Espagne est très intéressant, mais il reste un irrédentisme,
communautarisme très fort, qui va jusqu’au terrorisme.
Création d’entités régionales, qui ont un degré d’autonomie maximal.
Il passe par 2 moyens :
 auto-organisation : une région de définir son statut, voire même, l’étendue d’une
partie de ses compétences).
 forme d’autonomie financière (fiscale).
On donne la capacité aux régions de s’organiser, mais c’est toujours le pouvoir central qui
vote une loi et qui contrôle, vérifie les statuts choisis par les régions.

Ce qui le caractérise en tant qu’État unitaire, c’est qu’il n’y a qu’un seul centre législatif.
Il continue d’exister un pouvoir législatif de droit commun, on reconnait toujours à l’échelon
central une compétence générale.
On peut faire observer à ce stade une grande différence avec la décentralisation classique :
les compétences des différentes entités régionales peuvent varier (régions avec autorités
maximales, et d’autres auront une autorité moindre).
Les compétences des régions ne dépendent pas seulement du législateur mais sont
garanties constitutionnellement  renforcent leurs statuts.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
L’évolution de ces compétences se fait à l’initiative de ces régions. Ce ne sont pas seulement
des compétences d’exécution des lois centrales, mais possède aussi un pouvoir législatif
propre : rapprochement de l’état fédéral.

Pour l’organisation de ces régions, elles ont un pouvoir d’auto-organisation : il prévu dans la
constitution, qu’elles peuvent se doter de leur propres statuts.
Très souvent il n’y a pas d’uniformisation des statuts. Certaines régions sont plus
centralisées que d’autres (Espagne : catalane et pays basque). Les régions ont un pouvoir de
proposition. Il faut un accord du législateur national. Saut qualitatif par rapport à l’État
centralisé, mais on n’est pas encore dans le fédéralisme.

Paragraphe 2 : L’État fédéral

 État fédéral : Structure complexe, qui suppose la superposition d’un ensemble


d’entités étatiques et d’un État fédéral, qui a une portée qui couvre l’ensemble du
territoire de l’État.
Au moment de la révolution  débat sur la forme de l’État : fédération ? En France, on a
l’impression que ça ne pouvait pas être autrement. Alors qu’il y a eu un débat très important
sur la forme de l’État.
C’est une des formes d’organisation territoriale, des États dits composés. On distingue deux
types d’états composés : État fédéral et confédération.
La confédération s’analyse moins dans une logique interétatique, qu’étatique.

Raisons d’ordre historique : préexistait des entités, et la création d’un État n’a pu se faire
qu’en gardant ses entités.
Le fédéralisme est une forme étatique qui peut avoir de multiples explications :
 résultat d’un processus d’agrégation, plusieurs entités qui décident de leur destin
jusqu’a former un seul mais qui va préserver une structure territoriale unique.
 Fédéralisme de désagrégation : pour se préserver va accepter que différents qui le
composent, existent en tant qu’État fédéré. Exemple : la Belgique.
Si l’on prend l’exemple des USA, ce fédéralisme a une origine historique (13 premiers états
était les 13 colonies britanniques).

La confédération est souvent le stade préliminaire, elle a cette particularité d’être une
association d’état, et vont confier à leur association des compétences extrêmement
limitées : ordre militaire et relation extérieure, et zone de libre échange économique.
A la base, idée d’association d’États souverains, indépendants : création d’une structure
horizontale qui se superpose à eux, à laquelle ils vont confier des compétences délimitées 
traité international, dans la confédération on reste dans une zone interétatique. Chaque
État reste indépendant.

L’État fédéral repose sur un acte fondateur : constitution. Or, il ne peut y avoir de
constitution que s’il y a conscience d’un seul État et d’un seul peuple. Aux États-Unis :
constitution commence « Nous Peuple des États-Unis... »  conscience d’un seul peuple.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Chaque entité fédérée a sa constitution. Aux USA, la constitution fédérale n’a pas été une
négociation entre les différents États, mais c’est chaque État qui a envoyé des délégués afin
de rédiger une constitution.
L’État fédéral renvoie à la notion d’État avec un cadre unique d’exercice du pouvoir
politique, simplement ce cadre va se diviser en deux niveaux.
 L’État fédéral peut être décrit comme un système où deux niveaux de
gouvernement opèrent à l’intérieur des mêmes frontières et aucun des deux n’a le
pouvoir de détruire l’autre.
La fédération comprend donc deux catégories d’entités : l’État fédéral et entités fédérées
qui selon les pays prennent le nom « état », mais aussi, en Allemagne des Länder et en Suisse
des Cantons.
Le fédéralisme obéit à certains principes  principes communs qui se traduisent dans un
pacte fédératique à valeur constitutionnelle.

A. Les principes de base du fédéralisme

On en retiendra deux principes essentiels :


 Principe d’autonomie des entités
 Principe de participation

1. Le principe d’autonomie

Il se subdivise en deux sous principes :


- droit à l’existence,
Il signifie que les 2 niveaux qui structurent le niveau fédéral ont un droit qui est
constitutionnellement garanti d’exister. Impossible de créer un État unitaire par l’entité
fédérale et inversement.
Cette reconnaissance constitue aussi une limite, en ce qui va concerner les entités fédérées,
elles ne peuvent pas faire sécession. La reconnaissance mutuelle et nécessité de coexister
est un premier aspect essentiel de ce principe.
Ni l’entité fédérale, ni l’État fédéral n’est en mesure de disposer de l’autre.
Capacité auto-organisationnelle, institutionnelle est la capacité juridiquement reconnue
pour notamment chaque entité fédérée ait le pouvoir de se doter de ses propres
institutions.

- capacité auto-organisationnelle.
Ce principe d’autonomie est garantie par le droit de s’auto organiser institutionnellement.
Ce droit est concrétisé dans les États fédéraux par la possibilité qu’ont les entités fédérées
de se doter de leur propre constitution.
Il faut qu’il y ait une constitution qui est compétente, et qui existe pour les 2 niveaux.
Chaque entité fédérée à sa constitution et est libre de se doter de ses propres institutions  :
sorte de diversité institutionnelle. Régime politique propre à chaque entité fédérée.
C’est ce qui différencie l’État fédéral de l’État régional.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette capacité organisationnelle connait 2 limites : ce ne sont pas des limites juridiques,
sociologiques, ou politiques, mais des limites réelles : nécessité de l’homogénéité
constitutionnelle et du principe de loyauté fédéral .
Toutes les entités d’un État fédéral se ressemblent beaucoup.
Aux États-Unis  sorte de mimétisme par rapport au système fédéral : régime présidentiel,
mais à la place du président un gouverneur.
Par exemple, un Länd allemand pourrait décider à son niveau d’adopter le régime de la Vème
république, ou un régime d’un État américain, mais c’est impossible, car le gouvernement du
Länd est responsable devant le gouvernement allemand.
Normalement, chaque État a son propre organisation institutionnelle, mais ils reproduisent
le même schéma institutionnel entre eux ainsi qu’au niveau fédéral.

■ Principe l’homogénéité constitutionnelle : fait que les entités fédérées, lorsqu’elles se


dotent de leur propre constitution, ne peuvent mettre en place un système institutionnel
incompatible avec la structure fédérale sur le plan des principes essentiels qui structure
cette État fédéral.
Tant au niveau fédéral et déféré, les principes de base de la démocratie sont respectés, ce
qui restreint la marge de manœuvre de s’auto-organiser institutionnellement.
On aurait du mal à imaginer une entité fédérale qui est une république, et une entité fédérée
qui adopte un régime monarchique. (Ex, Loi fondamentale en Allemagne).
Dans un État fédéral, on est présence d’un peuple, mais à la base la constitution fédérale est
le produit de la volonté d’un seul peuple. La constitution n’est pas seulement un mode
d’emploi vu sous son angle institutionnel, elle est aussi la charte des droits et libertés
fondamentaux.
Liberté et droits individuels : constitutions fédérales comportent des déclarations de droits
et de libertés, et au niveau fédéral assure un niveau de protection.
Au niveau de chaque entité fédéré, que ce niveau de garantie soit moins bien protégé, ils
constituent une limitation au pouvoir constituant.
Les amendements sont la structure de base de la constitution américaine  applicable sur
tout le tout le territoire. Ils existent, ont valeur constitutionnelle sur tout le territoire et sont
interprétés de la même manière sur tout le territoire.
Dans la mesure où des D et L sont valables sur tout le territoire  impact, influence sur le
mode exercice du pouvoir politique.
En Allemagne, les Länder peuvent octroyer des droits supplémentaires, mais il y a un socle
commun de droits.

■ Principe de loyauté fédérale : aussi appelé principe de bon comportement fédératif, qui
est un principe de réciprocité (entité fédéral et État fédéral). Il trouve une traduction dans le
principe de solidarité fédéral. Ils ont des intérêts communs.
Cet ensemble doit avoir un comportement dans l’exercice de leur compétences respectives,
qui ne cherche ni à nuire aux échelons auquel ils n’appartiennent pas.
Il ne doit pas adopter des lois qui mettraient en difficulté les entités fédérés. A l’inverse, les
entités fédérales ne doivent pas nuire à l’état fédéral et aux autres états fédérés.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
2. Le principe de participation

Pas sans rapport avec le précédent et peut être considéré comme la garantie du principe
d’autonomie.
Ce principe signifie que les entités fédérées ont le droit de participer à l’élaboration du
droit fédéral. A l’inverse, ce n’est pas vrai  l’État fédéral ne participe à l’élaboration des
normes au niveau des entités fédérées.
 Quelles sont les modalités de participation ?
Il doit y avoir des règles qui définissent strictement les compétences.
Un État fédéral repose sur 2 niveaux de production de normes : normes produites par les
organes et normes règlementaires  forme un ensemble, et les normes qui règlementent la
façon dont les organes produisent du droit (constitution).
Le principe de participation qui est le droit reconnu aux entités fédérées de participer à
l’élaboration des normes convient pour les 2 types de normes.
La particularité du droit fédéral (échelon fédéral), c’est qu’il est produit en collaboration
avec les entités fédérées.
Différentes façons : le plus souvent, c’est une participation à la production des lois
fédérales et notamment à la révision des règles constitutionnelles fédérales.
Dans certains États fédéraux, s’ajoute une participation à la fonction exécutive, ainsi, en
Allemagne, les Länd participent à la production des lois fédérales, mais sont aussi des
autorités d’exécution de droit commun.

Dans la constitution fédérale, on va trouver des dispositions qui organisent pour chaque
niveau de norme (constitutionnel ou infra-constitutionnel) les conditions de participation du
droit fédéral  parlement qui est bicaméral.
Dans les parlements, il y a une chambre qui représente le peuple dans son entier.
Aux États-Unis, il a le congrès composé d’une chambre des représentants qui représente le
peuple, et le sénat qui représente les États américains (au sénat 100 sénateurs, 2 par État).
En Allemagne  2 chambres, le Bundestag : assemblée nationale et le Bundesrat, Diète
fédérale, qui représente les Land.
L’Article 83 de la Loi Fondamentale pose en principe que l’exécution des lois fédérales relève
normalement de la compétence des Länder.
La participation se fait alors à trois niveaux : au niveau des normes constitutionnelles, au
niveau législatif (lois fédérales, votées par les 2 chambres), et une fois la loi votée, c’est
l’administration des Lander qui est en charge de l’exécution de la loi.

Aux États-Unis, la participation des États se fait de façon moindre, mais plus forte. Les États
américains participent à l’élaboration des révisions constitutionnelles (pas souvent). Ils y
participent de 2 façons  amendement doit être voté pat le congrès, et il faut qu’un certain
nombre d’États la ratifie.
Aux États-Unis, où il y a un fédéralisme fort, on ne peut pas voter une loi, sans l’accord du
sénat, donc les entités fédérées peuvent bloquer une loi.
Pour voter les lois fédérales, il faut la participation de la chambre qui représente les entités
fédérales.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ces règles juridiques se trouvent dans une constitution, qui comporte l’ensemble des
règles que l’on ne trouve pas dans un état unitaire  règles propres à l’organisation
fédérale, « règle du jeu ».

B. Le pacte fédératif  Constitution

Donner un contenu concret aux différentes relations juridiques entre les 2 niveaux de
gouvernement.  Notion théorique.
Ce pacte contient nécessairement 3 types de normes : dispositions relatives à la répartition
des compétences, relative à structure relationnelle, et relative à la modification du pacte lui-
même.

1. La répartition des compétences

Dès qu’il y a 2 niveaux de normes : répartition des compétences est essentielles.


Qui est compétent ? Plusieurs hypothèses, 2 approches :

 Compétences de droit commun et d’attribution  :


On part du principe qu’il existe une sorte de compétence générale attribuée à un niveau,
et l’autre niveau à une compétence résiduelle, dans la mesure où la constitution lui a
attribué.
 considérer qu’un niveau est compétent pour tout (compétence de droit commun), sauf
pour ce qui aura été expressément attribué à l’autre niveau (compétence d’attribution).
Celle qui la compétence de droit commun  position de force.
En réalité, les compétences attribuées sont les plus importantes, significatives. La
compétence de droit commun n’est souvent que résiduelle et est le plus souvent reconnue
aux entités fédérées.
Dans les constitutions fédérales, systématiquement la compétence de droit commun
appartient à l’entité fédérée. Il suffit de lire une ou 2 constitutions fédérales  : plus
importantes attribuées à l’échelon fédéral.

 Compétences exclusives et concurrentes :


Dans la constitution, les compétences exclusives  le niveau à qui est attribué la
compétence et le seul compétent dans ce domaine. Aucun échelon ne peut s’immiscer dans
la compétence de l’autre  sorte de partage des compétences, frontières.
Ce partage de compétences a un avantage : clarté, chacun dans son domaine est compétent,
il n’y a pas de risque d’interférence d’un niveau dans la sphère de compétences de l’autre :
celle utilisée aux EU.

En réalité, ce principe qui parait simple est souvent temporisé, limité par l’admission de
compétences implicites (plus souvent à l’échelon fédéral), il est plus difficile à priori de fixer
une répartition qui soit intangible, (possibilité de faire évoluer cette constitution).
 Le problème n’est pas de savoir qui est compétent pour quoi, mais qu’est ce que l’on
met dans une compétence. Aux États-Unis  clause de commerce.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Compétences implicites : certaines compétences ne sont pas attribuées à l’échelon
fédéral, mais sont implicites  reconnaissance des ces compétences à permis
d’étendre le champ des compétences attribuées.

Pour l’Allemagne, on admet le domaine de compétences concurrentes : on va reconnaitre


que les 2 niveaux sont compétents pour les mêmes matières.
 La difficulté va être de résoudre le risque de conflit entre législation fédérale et
fédérée.
Il est donc nécessaire que la constitution prévoit des règles de régulation de la production
des normes. Cela implique l’existence des règles pour coordonner l’existence de ces
compétences en commun.

Dans la Loi Fondamentale Allemande, il y a des compétences attribuées exclusivement à


l’échelon fédéral. Et il y a aussi des compétences concurrentes.
L’article 72 de la Loi Fondamentale Allemande prévoit que dans le domaine de la compétence
législative concurrente, les länder ont le pouvoir de légiférer aussi longtemps que la
fédération n’a pas fait usage de sa compétence législative. Il est précisé que l’échelon fédéral
n’a pas de priorité à légiférer. L’État se voit reconnaitre un droit de légiférer en cas de besoin,
dès lors qu’il y a un risque sur l’unité juridique et économique de l’État. La législation des
Länder peut subsister si elle n’est pas en contradiction avec la légalisation fédérale.
 Le droit fédéral prime sur le droit fédéré.
Très souvent, le système postule que l’intervention de la loi fédérale prime sur la loi fédérée,
mais l’exercice des compétences concurrentes est rendue plus complexe par un système de
la loi cadre (correspond au directive communautaire), qui propose une législation à minima,
mais qui vaut dans tout l’état et les états fédérés interviennent avec leurs propres législation
en l’adaptant.
Loi cadre : loi qui va fixer des principes qui vont s’appliquer dans tout l’État, et dans les
entités fédérées elles vont devoir s’en inspirer.
Ce sont un des moyens de coordonner cette intervention de 2 niveaux dans un même
domaine. Dans la pratique, il y a hiérarchisation nécessaire dans l’exercice des compétences
concurrentes.

2. La structure institutionnelle de l’État fédéral

Les possibilités de variante sont restreintes  la structure institutionnelle doit refléter ces
principes de bases qui sont autonomie et participation. Organe qui sera amené à trancher les
litiges entre les niveaux de règlements.
Notion de compétence des compétences : les EU depuis la phase Reagan  laissez faire,
laissez aller, aucune règlementation. Aujourd’hui, le premier à réagir c’est l’État fédéral.
L’État maitrise l’étendue de ses compétences : il est le seul juge. S’il a envie de réguler, il le
fera.

21
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
a. Le bicaméralisme

 C’est le fait qu’il y ait 2 chambres dans le parlement.


Dans le système institutionnel, c’est l’organe qui vote les lois. Le bicaméralisme peut avoir
plusieurs explications, il est né en GB, lors du processus d’évolution institutionnel, dès la
mise en place du régime parlementaire.
Mais le bicaméralisme au GB est d’ordre social : noble et bourgeois.
Il y dans les états fédéraux un bicaméralisme différent : niveau fédéral et niveau fédéré.
C’est la traduction du principe de participation. Il y a une chambre qui représente le
peuple, et l’autre qui représente les États.
Il y 2 types de bicaméralisme, 2 modèles, selon le rôle de la chambre des états :

 modèle sénatorial, ou modèle américain :


Il peut paraître plus pur, et qui a influencé de nombreux États  Autriche, Suisse, États
d’Amérique du Sud.
Il postule une stricte égalité des États qui composent la fédération.
Le modèle américain est le plus fédéraliste, ils ont un droit de participation égal à tous les
autres, quelque soit leur taille, démographie, importance économique.
Le sénat comprend 100 sénateurs => 2 par états.
Dans la chambre des représentants, le nombre de représentant est proportionnel à la taille
de l’état (ils peuvent aller de 1 à 48 députés).
Il y a des évolutions  auparavant, les sénateurs n’étaient pas élus par le peuple, mais par
les représentants de chaque état (les états ont leur propre parlement, c’était les parlements
qui désignaient les 2 sénateurs)  XIIème amendement, proposé le 13 mai 1912, ratifié le 8
avril 1913.
Les sénateurs peuvent être de sensibilités différentes. Ils sont élus pour 6 ans.
Le caractère fédéral et le principe de participation est renforcée par le principe d’égalité
absolue, les deux chambres sont à égalité. Aucune loi fédérale ne peut être votée sans que
le sénat, ou la chambre des représentants n’ait pas donné son accord.

 modèle allemand, dit du Bundesrat


Le Bundesrat a le même rôle que le sénat américain. Il comprend 69 membres, mais
chaque Länd n’a pas le même nombre de représentant  au moins 3 par états, mais selon
sa taille démographique, il en a plus ou moins.
Ce n’est plus une logique égalitaire comme le sénat américain. Il y des Länder qui pèsent
plus au niveau fédéral.
Les membres du Bundesrat ne sont pas élus par la population de chaque Länd, mais c’est le
gouvernement qui désigne ses représentants  ils sont le prolongement du gouvernement,
sentiment selon lequel, les représentants représentent bien le gouvernement de ce Länd.
Les voix être doivent toujours être exprimées globalement, ce qui est plutôt favorable à une
forte représentation d’un Land sur la législation fédérale.
Aujourd’hui le vote d’un Land est d’abord dicté par des considérations politiques. L’une
des différences, c’est que sauf lorsque la constitution l’a prévu expressément, le Bundesrat
ne peut pas s’opposer à la législation.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le Bundestag peut adopter une loi sans l’accord du Bundesrat. Mais la constitution
allemande prévoit que certaines lois (lois fédératives), le Bundesrat ne peut pas se voir
contourner.
Il y a un type de loi qui ne peut jamais être votée, sans l’accord des états fédérés, c’est la
loi qui modifie la constitution.

b. L’organe de régulation des conflits entre échelon fédéral et fédéré

Il surgit régulièrement des conflits sur l’interprétation des compétences. Ils sont même plus
importants lorsqu’ils y des compétences concurrentes.
 Le plus souvent sur la répartition des compétences, mais des plus importants conflits
sont sur les compétences institutionnelles.
La constitution américaine est un compromis entre les pro-fédéralistes et les confédérés. La
guerre de sécession est née d’un problème constitutionnel. La sécession, c’est qu’une partie
de la fédération veut la quitter, car plus d’accord avec les lois fédérales.

Pour prévenir ce genre de conflit, il est nécessaire qu’il puisse saisir un organe qui soit une
sorte de régulateur du fédéralisme, et qui va trancher le conflit : organe juridictionnel
constitutionnel.
Aux États-Unis, c’est la cour suprême, et en Allemagne, la cour constitutionnelle fédérale.
Ce sont les cours constitutionnelles, par leurs décisions qui régulent le système
institutionnelles. Il y a des cycles, où la cour sera plus pro fédérale, au détriment des
compétences des entités fédérées. Ce qui fait que la constitution américaine n’a quasiment
jamais été modifiée (20 amendements, et les 10 premiers ont été votés en une seule fois).
=> Cet organe est en général prévu par la constitution.

3. La modification du pacte fédératif

La constitution d’un État fédéral va fixer un partage de compétences.


Il peut arriver que surgissent des difficultés d’application des normes, qui sont
normalement résolus par l’organe régulateur.
Mais, il peut arriver que le conflit soit suffisamment grave pour nécessiter une remise en
cause de l’équilibre sur lequel repose le fédéralisme.
Les États fédéraux fonctionnent souvent par cycle : soit comme aux EU ces cycles sont gérés
en autorégulation par la jurisprudence de la Cour suprême.
Il est donc nécessaire de procéder à la modification de ce pacte : règle du jeu.
Dans la mesure, où le pacte fédératif régit les 2 niveaux, quand on va vouloir y toucher, il
sera nécessaire de mettre en place des procédures qui font participer les 2 niveaux à la
modification du pacte fédératif

L’État fédéral vient relativiser la notion de souveraineté. Compétence des compétences, les
deux niveaux sont souverains : souverainetés duale.
Le partage de la compétence nécessite que les deux niveaux se mettent d’accord. La
constitution ne peut être modifiée sans l’accord des deux chambres.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
En Allemagne, la Loi fondamentale prévoit, à l’article 79, qu’on ne peut modifier une loi
fédérale qu’avec une approbation des 3/5 du Bundesrat et Bundesrat.
Au États-Unis, l’Article 5 prévoit une procédure où l’initiative de la révision peut venir soit des
organes fédéraux, congrès, soit des 2/3 des états américains.
Ils peuvent prendre l’initiative de modifier la constitution, lorsque 2/3 auront adopté un
amendement.
Si l’initiative de la révision vient du congrès, il faut que l’amendement soit adopté par une
majorité des 2/3 dans les 2 chambres. Il faut ensuite que chaque congrès de chaque État
américain ratifie le texte  les 2/3 devant au moins l’adopter.

Si ce sont les États qui décident de modifier la constitution, il faudra convoquer une
assemblée spéciale : convention et dès que l’amendement est voté, il devra être ratifié par
les ¾ des entités fédérés. Afin d’éviter qu’un des échelons décide de supprimer l’autre.
Un niveau ne peut disposer de l’autre.

La constitution c’est elle qui détermine la compétence, modifier la constitution, c’est détenir
la compétence.
La souveraineté c’est la compétence des compétences. La difficulté de l’État fédéral, est qu’il
n’’y a pas de souveraineté, parce que personne n’a de pouvoir absolu sur les compétences.
Dans la théorie constitutionnelle américaine : double souveraineté. La procédure de révision
révèle cette double souveraineté. La compétence des compétences est détenue par les deux
échelons.

 On ne peut pas modifier la constitution sans l’accord des 2 échelons.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

CHAPITRE 2 : LA CONSTITUTION

On a vu que l’État est un cadre institutionnalisé du pouvoir politique.


L’exercice du pouvoir a pris des formes différentes.
A partir du XVIème siècle, l’État est devenu le cadre privilégié du pouvoir politique : se
traduit par la production de normes.

Déterminer les règles qui s’appliquent à la production de norme. Les normes


constitutionnelles sont documentées dans la « constitution ».
On peut partir sur le fait que la constitution c’est l’ensemble des règles qui donnent son
statut du pouvoir politique, fixe les règles qui fixe la dévolution du pouvoir et l’exercice du
pouvoir.

La constitution offre une double approche :


 Politiquement,
La constitution doit être abordée comme une décision dont l’objet est la forme du
gouvernement.
C’est une décision globale du souverain sur ce que doit être l’ordre politique, et en quelque
sorte qu’une entité, appelée le souverain a conscience de ce que doit être la forme du
gouvernement, et que cette entité souveraine est à un moment capable politiquement
d’imposer ce que doit être sa forme de gouvernement (modalité d’exercice du pouvoir
politique). Réunis dans toute une série de règle.
Par exemple, la révolution de 1789, on a une entité qui n’est pas le souverain, mais une
entité politique qu’elle est devenue le souverain, parce qu’elle a la capacité d’imposer son
idée (le peuple).
Un acteur politique qui prend conscience d’être le souverain : se rassemble en assemblée
constituante. Il va figer les règles dans une constitution.
Cela signifie que la constitution est une décision qui est prise par un acteur politique qu’on
dit souverain.
La constitution n’est pas une abstraction, mais renvoie à un ordre de valeur concret et
renvoie à une inspiration politique. En ce sens, la constitution est donc la représentation
concrète d’un ordre social désiré. La forme du gouvernement telle qu’elle va se traduire, va
correspondre aux aspirations de l’acteur politique dominant, parce qu’il espère que le
gouvernement qu’il a défini produira du droit à la vision de l’ordre social qu’il se fait.

 Juridiquement,
La constitution est la norme des normes, loi suprême, Loi fondamentale, qui renvoie à la
même idée : suprématie, antériorité de la constitution.
C’est la norme dans laquelle se trouve la norme qui permet d’en créer d’autres.
L’importance de la constitution devient évidente. Habilitation générale donnée aux organes
de l’état, de produire des règles de droits.
Le caractère suprême de la constitution, renvoie au fait que c’est elle qui va déterminer la
production des normes qui lui sont inférieures. Les autres normes sont valides dans l’ordre

25
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
juridique, conformes dans la constitution, soit parce qu’elles sont conformes à la
constitution, soit parce qu’elles existent dans l’ordre juridique.
Le droit international peut être valide, dès lors que la constitution prévoit quand il le
devient : loi de ratification.

Dans l’État moderne, la constitution joue un rôle essentiel, car elle est la garantie de l’état
de droit, parce qu’elle instaure une hiérarchie en ce plaçant au plus au niveau.
L’État libéral, basé sur les lois et libertés individuelles, est un État qui est finalisé par cette
garantie : il n’existe que dans la mesure où il garantie les doits et libertés individuelles.

Or, la constitution, dans le droit public moderne est le moyen concret de réaliser cette
garantie, parce que la constitution confère au pouvoir politique son statut, en l’organisant
institutionnellement sur la base d’un principe de séparation des pouvoirs, dont le but est
la modération de l’exercice du pouvoir politique (phénomène de concentration des
pouvoirs) et sur la base de droits et libertés auxquelles elle confère positivement dans le
système normatif une valeur supérieur.
C’est la raison, sur ce qui a le mieux synthétiser ce qu’est une constitution : article 16 de la
constitution de 1789 : « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée,
ni la séparation des pouvoirs déterminé, n’a point de constitution ».
C’est un document qui garantie les droits aux individus et est fondé sur un système
institutionnel et mettant en œuvre la séparation des pouvoirs.
L’organisation institutionnelle de l’Etat doit être pensée en fonction du but que garantie des
droits et des libertés. La constitution c’est cette norme de droit, qui va figer cette
organisation politico organisationnelle en vue de garantie des droits et libertés.

SECTION 1 : DÉFINITION DES NORMES CONSTITUTIONNELLES

Pourquoi un article qui dispose que le gouvernement est responsable devant le parlement
est une norme constitutionnelle ? Et pourquoi une norme sur le divorce ne l’est pas ?
Comment déterminer qu’une norme est constitutionnelle ou non ?
Si on veut la déterminer : il faut mettre en évidence les caractéristiques de ces normes. On
peut distinguer 2 types de constitutions : écrites et coutumières. Approche formelle et
matérielle.

Paragraphe 1 : Constitutions écrites et coutumières

Problème plus anecdotique, mais intéressant. En général, ce qui est considéré comme
relevant de la constitution est ce qui est écrit dans un texte : la constitution.
L’abolition de la peine de la peine de mort, est une loi de 1981, inscrite dans la constitution
en 2007. Ca n’a rien changé, mais pourquoi l’avoir inscrite (est-ce un acte politique ?).
La GB, une des plus grandes démocraties au monde, n’a pas de constitution écrite.

Les constitutions coutumières, sont non écrites ou partiellement écrites (GB). Dans la
monarchie française, il existait ce qu’on appelait des lois fondamentales du royaume : loi
salique (inventée de toute pièce).

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La constitution coutumière pose un défi, car il est plus difficile de relever ce qui est
constitutionnel ou pas. L’écrit étant assimilé à la clarté, la renaissance.
Dès lors qu’on lie l’idée de constitution à celle de liberté, l’écriture revêt une pédagogie
certaine : les citoyens doivent connaitre leurs droits et libertés.

=> Il ne faut pas confondre l’idée de constitution coutumière avec les coutumes
constitutionnelles qui sont des pratiques liées à une constitution écrite. Une constitution
coutumière signifie qu’il n’y pas un texte qui rassemble toutes les normes
constitutionnelles. Il peut y avoir des textes que la tradition, les usages va accorder une
valeur constitutionnelle.
Le constitutionnalisme peut être défini comme une pensée constitutionnelle et, né avec
l’écrit. A partir du XVIIIème siècle, la règle écrite est privilégiée sur la coutume, notamment
les premières constitutions dans les treize colonies anglaises aux « Etats unis », ensuite en
France.
L’écrit permet de traduire cet aspect de la constitution, qui fait de la constitution un acte
de volonté du peuple. Les règles constitution sont dans le corps du peuple, dans la tradition,
dans usages, et vont évoluer en même tps que le peuple. Une constitution écrite suppose
que le peuple fasse un effort de réflexion sur la façon dont il veut être gouverné. La
constitution devient un acte de volonté.

Paragraphe 2 : Distinction au sens formel et au sens matériel

A. Constitution au sens formel : DOCUMENT

On a s’intéresser a l’aspect procédural de la forme, et non pas à son contenu.


Sera considéré comme une norme constitutionnelle, toute norme qui aura été produite par
l’organe qui est habilité à produire des normes qui ont rang constitutionnel. Il existe deux
types d’organes :
 organe constituant originaire : le peuple, et une norme constitutionnelle qui a été
produite par le peuple agissant entant que pouvoir constituant.
 Pouvoir constituant dérivé.

Il y a 2 types de pouvoir constituant :


=> Celui qui va produire la constitution, le pouvoir constituant originaire : pouvoir de
décider quel sera la forme du gouvernement, c'est-à-dire, c’est le pouvoir d’établir
comment s’exercera le pouvoir politique.
=> Il arrive dans l’histoire d’un peuple qu’on veuille conserver la constitution, mais qu’il faille
la mettre à jour, il y a certaine aspiration du souverain qui n’y figure pas. Il ne s’agit de
remettre en cause le cadre, la forme du gouvernement. On procède alors à une révision de la
constitution. Dans de cas, est à l’œuvre un pouvoir constituant appelé dérivé, voire institué.

=> Ce sont ces 2 niveaux qui produisent les normes constitutionnelles, qui les identifient.

Peine de mort : 1981, abolie dans le code pénal, mais c’était une loi ordinaire : le parlement
pouvait voter qui rétablit la peine de mort. Depuis janvier 2007, l’interdiction de la peine de
mort figure dans la constitution, désormais cette interdiction a un rang constitutionnel.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Sur un plan de l’effectivité de l’interdiction, rien ne va changer, simplement une norme qui
n’était pas matériellement constitutionnelle, est devenu formellement constitutionnelle.

Formellement tout peut devenir constitutionnel, il peut exister des normes


constitutionnelles qui ne paraissent pas matériellement constitutionnelle, mais
formellement.
Dans la constitution de la 3 ème République, a été crée une caisse autonome des
investissements qui servait à stabiliser tous les mécanismes de prêt : elle a eu un statut
constitutionnel. Elle n’a rien à voir avec une norme de l’état.

B. La constitution au sens matériel

Approche du contenu : on ne s’intéresse pas à l’organe, mais au contenu.


Lorsque l’on parle de constitution au sens matériel : existerait un objet à priori. Certaines
règles sont constitutionnelles : mais alors qu’elles sont elles ?
Sont matérielles les règles relatives à l’exercice du pouvoir.
Dans le constitutionnalisme, l’exercice du pouvoir est limité par la garantie des droits et des
libertés individuelles : donc aussi matériellement des règles constitutionnelles. Il peut
arriver que certaines situations qui relèvent du droit constitutionnel n’ont pas été prévu , ou
que certains organes vont prendre des décisions dans le cadre de leur pouvoir, qui auront
une influence sur les normes constitutionnelles.
On arrive à identifier 3 catégories de normes qui relèveraient du caractère constitutionnel.

1. Les règes relatives à l’exercice du pouvoir politique

Règles par nature constitutionnelles, puisque la constitution est définie comme l’ensemble
des règles dans lequel s’exerce le pouvoir politique : séparation des pouvoirs, description
des différents organes, de leurs compétences, les procédures qui permettent à ces organes
de produire des normes, règles de dévolution et puis les règles relatives aux relations et
règlement des conflits entre ces organes.
Conception institutionnelle, qui parait évidente mais qui comporte ces propres incertitudes,
par ex : si l’on prend les députés, il y a dans la constitution des règles relatives à l’élection
des députés : durée du mandat, mais ne figure pas les modes de scrutins (mais dans une loi
ordinaire). Les modes de scrutin jouent un rôle essentiel dans l’élection des députés :
l’assemblée peut varier en fonction du mode de scrutin. On ne considère pas que
matériellement que ça fasse partie de la constitution. Il n’y a de catalogue exhaustif.

2. Les droits et libertés individuelles.

Cette question a été tranchée par l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme et du
citoyen. Cette déclaration a été adoptée avant la constitution, et dans les autres
constitutions adoptées après 1791, elle n’y figure pas. Ce n’est qu’en 1946, a figuré dans la
constitution une liste de droits et de libertés. Dans le contexte de la pensée constitutionnelle
que cette garantie doit figurer dans la constitution, faisant partie de la constitution.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Les amendements sont les révisions de la constitution : concerne les libertés et droits
fondamentales des EU. Il n’y avait de règles de renvoyant aux droits et libertés : constitution
fédérale. Dès la première année ont été adoptés ces amendements. Dans une conception
matérielle de la constitution, les droits et libertés individuels font partie des normes
constitutionnelles.

3. Les coutumes et conventions constitutionnelles

Il ne faut pas confondre les coutumes constitutionnelles, avec les constitutions


coutumières.
Une constitution coutumière n’est faite que de coutume, d’usage de convention.
La coutume constitutionnelle est une règle, une norme, dont on admet l’existence, la
valeur constitutionnelle dans un ordre constitutionnel existant et fondé sur une
constitution écrite.
Cela pose la question de savoir, quel statut faut-il réserver à une coutume, une règle qui
n’est pas documentée dans la constitution alors que l’on a une constitution écrite. Peut il y
avoir des règles constitutionnelles non écrites : Pourquoi ne sont elle pas écrites ?

Problèmes :
En premier lieu, l’identification des coutumes : on a vite fait d’appeler coutume, ce qui n’est
en réalité qu’une interprétation : notion de convention.
Il faut distinguer la coutume, et les conventions de la constitution qui est une interprétation
sur laquelle tout le monde s’accordent, mais qui est fondée sur la constitution.
Par exemple, Lorsque de Gaulle a envisagé un référendum pour faire élire le président au
suffrage universel, en 1962 : il n’a pas utilisé la procédure du référendum : art 11 de la
constitution, qui n’est pas un art de révision.
Certains constitutionnalistes de l’époque se sont trouvés devant une violation de la
constitution, ils ont élaborés une justification : thèse d’une coutume, en utilisant cette
procédure, il avait crée une coutume. Ce n’était pas une coutume, mais une interprétation
de l’article 11.
En 1985, a eu lieu un évènement du point de vue constitutionnel : la cohabitation. Le
premier ministre décide d’utiliser les ordonnances : possibilité pour le gouvernement de
légiférer (prendre des textes à la place du parlement : prévu par la constitution). La
constitution prévoit que les ordonnances soient signées par le président (art 8 de la
constitution). Le président de la république de l’époque refuse de signer les ordonnances
présentées par le premier ministre, selon l’article 8. Est ce que c’était une coutume
constitutionnelle. C’est une interprétation qu’a fait le président.

La place de la coutume est inexistante. Au final c’est la Cour constitutionnelle. Il y a peu de


coutumes : règles constitutionnelles qui affectent directement le fonctionnement des
pouvoirs publics, mais qui n’est pas inscrite formellement dans la constitution :
 sous la 3ème république : constitution Grévy, du nom du président de l’époque.
Après une grave crise institutionnelle, qui a aboutit à la démission de Mac Mahon. Le
président Mac Mahon avait le plus strict respect de la constitution de l’époque
dissout la chambre des députés : provoqués une crise de plusieurs années. Le
nouveau président a fait connaitre au parlement sa position : je prends l’engagement

29
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
de ne jamais dissoudre les chambres. Cette position du président à modifier
complètement l’équilibre institutionnel. Tous les présidents successifs ont repris à
leur compte cette position. Grévy avait institué une coutume, par une renonciation
de ces pouvoirs.
 Le mécanisme de la double investiture sous la 4ème république : était prévu que le
président désigne le président du conseil (premier ministre), ce président du conseil
devait se présenter devant la chambre des députés et obtenir un vote d’investiture.
Une fois que le président du conseil était investi, il devait alors former son
gouvernement. Le premier président du conseil, désigné par le président, est allé
chercher l’investiture devant la chambre des députés, et a formé son
gouvernement et est retourné avec son gouvernement devant la chambre :
seconde investiture, nullement prévue par la constitution : contribuer à affecter
l’équilibre, soumission devant la chambre. Tous les successeurs ont tous pratiqués
la double investiture.

La coutume constitutionnelle est une création normative qui vient suppléer ou ajouter le
texte et qui a une signification politique. Cela suppose une approche formelle et matérielle :
il est nécessaire qu’elles se complètent.

SECTION 2 : LES FONCTIONS DE LA CONSTITUTION

Sa fonction principale est de conférer un statut au pouvoir politique et de définir l’exercice


du pouvoir.
La constitution est le fondement de tout l’ordre juridique : elle est le point d’imputation
ultime de toutes les normes, et qui lui confère son unité, sa validité à l’ensemble de l’ordre
juridique dans le cadre de l’ordre constitutionnel.
Chaque norme produite dans le cadre de l’Etat doit être valide : elle s’intègre dans l’ordre
juridique sans le déranger, elle ne doit pas être illégale.
 La plus petite norme doit respecter la norme supérieure, jusqu'à la norme ultime :
la constitution.

Chaque norme, a quel niveau que se soit, respecte la norme supérieure : unité de l’ordre
juridique. La constitution joue le rôle initial, de matrice, de norme des normes.
Une loi qui ne respecte pas la constitution sera censurée par le conseil constitutionnel.

La constitution c’est l’ensemble des normes qui met en place les conditions d’existence des
normes juridiques : comment les règles qui lui sont inférieures vont être produites. Aspect
normatif, voire mécanique.
Il ne faut pas oublier que la constitution correspond à une aspiration politique. Il importe
donc que le droit qui est produit dans l’ordre juridique corresponde à ces aspirations. Et elles
peuvent évoluer au fil du temps. C’est la raison pour laquelle on va réviser la constitution.

En 2004, dans la constitution française figure une charte de l’environnement : traduit les
aspirations de la société.
Les constituants l’ont inscrit dans la constitution. La constitution a non seulement une
fonction normative, mais aussi sociale extrêmement forte. Chaque constitution est le reflet

30
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
de la façon dont un peuple se voit : image politique qu’elle renvoie. En termes de
stabilisation de la société : elle revoie son aspiration fondamentale de la façon dont elle
veut être gouvernée.

SECTION 3 : LE RÉGIME JURIDIQUE DE LA CONSTITUTION

Paragraphe 1 : l’établissement des constitutions

L’acte constituant par lequel une constitution va être produite et donc par lequel va être
établi l’ordre constitutionnel : Acte du pouvoir constituant originaire.
La question de l’établissement de la constitution renvoie à la notion ce qui a de plus
essentiel de la constitution : aspect politique.
Il y a dans la constitution une part essentielle de décisionisme existentiel d’un peuple sur son
devenir politique : ce n’est pas un acte anodin. C’est un moment existentiel pour une
communauté que ce que va être son devenir politique.
L’établissement des constitutions est souvent le produit d’un évènement historique
important : soit à une rupture révolutionnaire, puisque la révolution signifie la volonté de
rompre avec une conception d’une organisation politique et d’en construire une autre.
L’acte révolutionnaire par excellence est quand cette assemblée les états généraux :
« assemblée constituante » cette représentation de l’ancien régime se donnent pour but
d’établir un nouveau cadre constitutionnel.
Les EU étaient à la base treize colonies anglaises qui se sont rebellés avec le soutient de la
France (monarchie).
Le plus souvent la constitution est établie en rupture avec le cadre conceptuel du pouvoir
précédent.
Les modifications de la constitution viennent après de graves bouleversements.
 Le principe de la base des constitutions est le principe de légitimité démocratique :
reconnait la souveraineté du peuple.

L’acte constituant est un acte révolutionnaire : affranchissement de toutes normes pré


établies. Dès lors qu’il n’existe plus aucunes procédures, que le pouvoir constituant n’est
plus lié pas une autre norme, l’établissement de la constitution va emprunter des voix
purement factuelles.
On peut procéder à certaines classifications : le plus souvent l’établissement de la
constitution résulte d’un acte révolutionnaire.
On peut distinguer trois techniques d’établissement des constitutions qui sont plus ou moins
démocratiques. La constitution peut être établie soit par plébiscite constituant, soit pas une
assemblée constituante, soit par référendum constituant.

Le plébiscite constituant est l’idée qu’un groupe révolutionnaire ou un groupe constituant va


établir une constitution. Un groupe de personne va revendiquer le pouvoir constituant et
va établir de la constitution puis la faire ratifier par le peuple.
Constitution démocratique : adoptée par le peuple, mais participation minimaliste.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
L’assemblée constituante en 1789 est le premier exemple d’assemblée nationale
constituante : mais n’a pas été élue par le peuple, ce n’est que la transformation des états
généraux et qui s’est autoproclamée pouvoir constituant.
Le débat qui va entourer ces élections va tourner uniquement autour de la future
constitution et le peuple va trancher en élisant des représentants qui vont délibérer et
adopter la constitution : constitution de 1791.
C’est le cas de l’assemblée 1848, constitution de la 2ème république. On est dans un processus
constituant purement représentatif, c’est la même chose pour la constitution de la 3 ème
république.

Ce qui vient compléter cette typologie, c’est le référendum constituant doit être distingué
du plébiscite : il vient compléter la phase de délibération de l’assemblée constituante. Il
s’inscrit dans le cadre d’un processus démocratique : il va élire des représentants qui vont
élaborer une constitution, et qui va être soumise au référendum : le peuple va ré intervenir
dans le débat : ce processus démocratique c’est déroulé à deux reprises en France :
constitution de 1793 (qui est la première constitution démocratique française, mais jamais
mise en place) et adoption de la 4 ème république (1946). Le peuple a d’abord élu une
assemblée le 9 avril 46 qui a rédigé un projet soumis au référendum, qui a été rejeté, et
élection d’une seconde assemblée et d’un nouveau projet resoumis au peuple, qui cette fois
a été adoptée. Une problématique complexe apparue au XXème siècle est celle de la
transition constitutionnelle : forme de non rupture : établit un nouvel ordre, mais sans
rupture brutale, processus progressif : transition espagnole.

Paragraphe 2 : la révision de la constitution

Lors de l’établissement de la constitution est à l’œuvre ce que l’on a appelé le pouvoir


constitution originaire.
S’agissant de la révision de la constitution : pouvoir constituant dérivé ou institué.
La différence fondamentale entre l’établissement de la constitution et la révision :
l’établissement : on le fait sans référence à aucun cadre pré établit (œuvre absolue), la
révision, c’est l’utilisation d’une pouvoir constituant, mais dans un cadre préétablit.

C’est donc cette constitution qui crée et indique les modalités selon lesquelles on peut ou ne
peut pas modifier la constitution. Le plus souvent la révision de la constitution est une
opération complexe : les constituants sont conscients de la nécessité de faire évoluer l’ordre
constitutionnel.
Néanmoins, le particularisme de normes constitutionnelles faites qu’on ne peut pas les
modifier comme les lois ordinaires.
(En 1992, a propos de la ratification du traité de Maastricht, problématique s’est compliqué :
date charnière dans le droit constitutionnel français, logique d’intégration (opposition à la
logique de coopération).)
Qu’est ce qu’on peut réviser dans une constitution ?
Lorsque le pouvoir constituant édicte la constitution, il doit être conscient de faire œuvre
durable, ce n’est pas une simple loi ordinaire : c’est une décision existentielle d’un peuple
sur la façon dont il souhaite être gouverné.

32
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La France, plus instable, ont au moins une quinzaine de constitutions, à l’inverse des USA,
qui ont la même de puis de 18ème siècle.
Les constituants doivent être conscients que leur œuvre au fur et à mesure du temps aura
besoin d’être retouchée, modifiée remaniée. Le constituant doit en même temps inscrire
cette constitution dans le marbre, mais pouvoir qu’il faudra adapter l’ordre constitutionnel
au progrès inéluctable.
Les USA au 18ème siècle, 13 colonies d’agriculteurs, et c’est ce peuple qui s’est donné une
constitution. Mais c’est la 1ère puissance, avec le même texte.
Mais il y a eu nécessité d’adapter de ce texte. C’est une considération de bon sens, le texte
peut révéler des incohérences, des insuffisantes ou que le pouvoir constituant s’est trompé.

Afin d’éviter des graves conflits, qui n’arrivent pas toujours à des extrémités comme la
guerre de sécession, la 4 ème république est morte de son incapacité à se reformer, un
élément de souplesse.
L’article 1er du titre 7 de la constitution de 1792 : « l’assemblée nationale constituante
déclare que la nation a le droit imprescriptible de changer sa constitution, et néanmoins
considérant qu’il est plus conforme à l’intérêt national, d’user seulement par les moyens pris
dans la constitution du droit d’en réformer les articles dont l’expérience aurait fait sentir les
inconvénient, décrété qu’il sera procédé par une assemblée de révision » : tout en
reconnaissant un droit imprescriptible de changer de constitution, le pouvoir constituant
entend opérer un contrôle sur ce changement : d’une façon formelle, en prévoyant une
procédure de révision , mais aussi de plus en plus d’une façon matérielle en prévoyant que
certains aspects de l’ordre constitutionnel seront soustraits à la possibilité de réviser : fait
que le pouvoir constituant ne pourra pas tout modifier.

A. Les aspects formels de la révision : Qui et Comment ?

1. Les organes de révision constitutionnelle

D’un point de vue théorique, il y a le pouvoir constituant originaire, qui se manifeste au


moment de la création des constitutions et un pouvoir constituant dérivé (ou institué).
Il y autant de réponses que de constitutions : elle peut être mis en place par la combinaison
de 3 organes :
 soit par le peuple directement,
 soit se sont des organes dédiés : pour compétence exclusive la révision de la
constitution, c’est l’idée que la constitution prévoit que si l’on veut réviser, il va falloir
faire appel à un organe, qui dans la vie constitutionnelle n’existe pas ou n’a pas
d’autre activité.
L’avantage d’un organe dédié : il est nécessairement investi d’une plénitude
certaine de pouvoir en vue de la révision qui n’a eu pour autre débat la future
révision constitutionnelle : légitimité à réviser qui est très forte.
 soit ce sont des organes constitués qui existent déjà dans les institutions, crées par la
constitution et qui se voient confier une compétence complémentaire qui est celle de
réviser la constitution. Dans la plupart des constitutions démocratiques : un
parlement et un gouvernement. Le plus souvent, l’exercice de la révision

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
constitutionnelle est aménagé de façon différente de l’exercice de ces compétences
ordinaires.

Lorsque la constitution prévoit pour que la révision, ce n’est pas un organe dédié qui a la
compétence de réviser la constitution, elle peut prévoir la convocation d’une assemblée
spéciale, dont le seul but sera de réviser la constitution (assemblée de révision).

Dans la constitution des Etats-Unis : il y a plusieurs possibilités, dont l’une est la convocation
d’une nouvelle convention (assemblée constituante). C’est le congrès ainsi que les
différentes législatures des 50 états.
La Belgique, dans sa constitution, prévoit que la révision doit être le fait d’un organe
spécifique, élu pour cette révision.
Une assemblée ne peut pas s’autoconvoquer.
En Allemagne, se sont les 2 chambres du parlement fédéral qui votent les révisions
constitutionnelles.
En France, la révision appartient en réalité à trois organes mais qui n’en font que deux  : le
président et les 2 assemblées.
Le plus souvent, la révision est votée par un organe original : le congrès, organe dédié, parce
qu’il n’a qu’une seule compétence qui est la révision de la constitution, mais en même
temps c’est la réunion des deux assemblées dans un même hémicycle. Ce sont des organes
constitués : on prend dans ceux que la constitution a crée qui exercent des compétences
ordinaires, mais qui vont dans certaines circonstance et dans le respect d’une procédure
spécifique vont pouvoir bénéficier d’une procédure révisionnelle.
Le peuple : la manifestation du peuple lors d’une révision peut prendre deux formes :
votation en vue d’élire des représentants : hypothèse d’un organe dédié, et le référendum.
En France, la constitution de la 5ème république prévoit aussi 2 procédures, l’une qui ne fait
pas appel au peuple (congrès) et l’autre fait appel au peuple (adopter la révision par le
peuple). Cette possibilité n’a été utilisée qu’une seule fois.

=> La légitimité est toujours très forte : soit d’une assemblée, soit du peuple, soit d’un
organe constituant.

2. Les aspects procéduraux

On peut retenir au minimum 3 phases dans la procédure de révision, chacune ayant une
importance particulière :
 phase relative à la décision et l’initiative de la révision,
 phase relative à l’élaboration de la révision,
 phase d’adoption définitive.

Les équilibres qui existent sont révélateurs de l’équilibre institutionnel. La spécificité de la


constitution implique qu’une grande attention soit portée aux aspects de la révision : c’est
la règle du jeu.
Lorsqu’on étudie les aspects procéduraux : indicateur précieux. Plus il y d’organes, plus la
procédure est compliquée, mais plus elle garantie un plus grand accord sur la révision. Le

34
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
plus souvent l’élément décisif est le parlement, mais très souvent on fait intervenir, le
gouvernement le peuple, les organes dédiés.
S’agissant de l’initiative de mettre en œuvre la révision : c’est une compétence importante. Il
ne faut pas négliger les aspects procéduraux.
La constitution de l’an 10 ou de 1852 : c’est le sénat qui avait le monopole de la révision,
mais il était composé de militaires, clergé, et des membres nommés par Napoléon :
totalement sous ses ordres.
A l’inverse, l’initiative ne peut appartenir qu’au législatif : constitution de 1791 et celle de
1793 (extrêmement favorable au régime du législateur), pour la IIème République et la
constitution de 1946.
L’équilibre se trouve lorsque l’initiative appartient au législatif (chambres) et l’exécutif
(président).
Dans certains Etats : Suisse, Italie, le peuple peut faire une pétition et prendre l’initiative
d’une révision constitutionnelle. Très souvent ce sont les assemblées qui vont mettre au
point le texte de la révision.
L’adoption définitive, il y a deux scénarios : soit c’est l’organe délibérant qui adopte la
constitution, soit elle peut être adoptée par référendum.

B. Les limitations matérielles au pouvoir de révision

La constitution est une décision politique, sur comment celui que a pris cette décision veut
être gouverné.
Ce pouvoir constituant prévoit des possibilités de révision. Usant de ce pouvoir de révision,
les organes peuvent aller jusqu'à changer l’économie globale sur laquelle repose la
constitution : chaque constitution repose sur une espèce de code ADN.
Très théorique, mais elle extrêmement pratique : il existe au moins deux exemple où il ya eu
un détournement de la procédure, pour changer la constitution (loi du 10 juillet 1940 : Etat
français), tout en utilisant les voix légales.
Le problème est revenu avec une actualité brulante en 1992, avec le traité de Maastricht :
est ce que la souveraineté doit demeurer le principe fondateur de l’organe constitutionnel.
Cette question se pose sous plusieurs angles : qu’est qu’une limitation au pouvoir de révision
et quelle est leur nature, et efficacité : que ce passe t’il si le pouvoir de révision passe outre
une limitation matérielle au pouvoir de révision.

1. La nature des limitations

2 catégories :
- D’ordre temporelles, plus très fréquentes : certaines constitutions interdisaient la
révision pendant une certaine période. Venant d’adopter une constitution, il y avait
peut être lieu de ne pas la réviser immédiatement : idée de lui laisser faire ses
preuves.
Le fait que la révision devait se réaliser sur une longue période : elle repose sur l’idée
que la révision se fasse sur un accord conjoncturel et se fasse sur la durée
(constitution de 1791, qui prévoyait ces limites).

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
- Il peut aussi être prévu que la procédure ne pas être engagée dans certaines
circonstances. La IVème et Vème république prévoient : quand il porté atteinte à
l’intégrité du territoire, ou lors de l’intérim présidentiel sous la V ème République.

2. Les limitations structurelles

Plus seulement limité temporellement, mais aussi matériellement, dans son objet :
certaines dispositions de la constitution seraient soustraites à la possibilité de révision.
Lorsque le pouvoir constituant adopte la constitution, il prévoit des limitations d’ordre
matérielles (le pouvoir constituant forme des principes essentiels, structurants). Il va
préciser qu’il ne peut pas être touché à ces principes, qui ne peuvent faire l’objet de
révision constitutionnelle.
=> On ne serait alors plus dans une révision, mais une modification de la constitution.

L’article 79 alinéa de la Loi fondamentale en Allemagne qui dispose que : « un projet de
révision qui porterait atteinte aux droits fondamentaux contenus à l’art 1 er et qui portaient
atteinte à l’art 20 serait inadmissible ».
On ne peut pas modifier l’article 1 er : relatif à la dignité de la personne et l’article 20 : qui
dispose de la forme démocratique, sociale et fédérale de l’Etat allemand.
Depuis la loi du 24 février 1884, il existe dans les trois constitutions françaises, une limitation
matérielle : impossible de modifier la forme républicaine du gouvernement.
Qu’est ce que la forme Républicaine du gouvernement : conception minimaliste et une
conception maximaliste.
La minimaliste : c’est l’origine même de l’interdiction de porter atteinte de la forme
républicaine, en 1884 elle avait une explication historique : rétablissement de la monarchie.
La seule limite au seul pouvoir de révision est de ne pas voter une loi qui restaurait la
monarchie.
L’idée de forme républicaine renvoie à quelque chose de plus complexe, aujourd’hui. L’idée
de principe république englobe la souveraineté nationale, principe d’indivisibilité, de
laïcité.
On ne pas réviser de tels principes et ils s’imposent au pouvoir constituant.
Leur portée : en admettant qu’on arrive à les identifier, dans quelles mesures ces limitations
s’imposent : si à l’occasion d’une révision constitutionnelle, le pouvoir de révision touche à
un de ces principes, qu’elle est l’efficacité de cette limitation.
La constitution américaine ne comporte aucune limitation matérielle.
Il y a des réponses différentes selon les Etats : posé la première fois en France en 1992 : pour
pouvoir ratifier ce traité, la France a du procéder à une révision de sa constitution,
incompatibilité entre le traité et la constitution : révision adoptée en juin 1989.
Ceux qui étaient contre le traité ont saisi le conseil constitutionnel : le traité de Maastricht
portait atteinte à la souveraineté nationale, et étant l’un des principes fondamentaux de la
Vème république il n’était pas possible de réviser. Le conseil a validé la révision. Il n’y a pas en
réalité un organe qui puisse s’opposer à une telle décision.
Ces limitations n’ont pas lieu d’être : George Bedel.
Le plus souvent la révision va mettre à l’œuvre soit le peuple directement ou indirectement  :
quel organe peut raisonnablement dire : cette révision n’est pas conforme à la constitution,
à l’expression directe, souveraine du peuple.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

SECTION 4 : LA JUSTICE CONSTITUTIONNELLE

La constitution étant une norme juridique, il existe une forme particulière de juridiction
qui est chargée du contentieux constitutionnel.
Fait partie des normes constitutionnelles : les droits et libertés individuelles : le juge est très
souvent le juge suprême en matière de libertés individuelles.
La France n’a pas de véritablement de justice constitutionnelle, mais un conseil
constitutionnel. Les institutions françaises ont une originalité : place du président et conseil
constitutionnel.

L’importance de l’étude de la justice constitutionnelle :


A chaque niveau de norme, peut exister un niveau de contrôle. Ce stade ultime du contrôle  :
le contrôle de la constitutionnalité, vérification que les normes inférieures sont bien
conformes à la constitution.

Il existe trois types de contrôles  :


- contrôle sur tous les actes règlementaires (du gouvernement et à l’administration) qui
doivent être conforme à la loi : contrôle de la légalité,
- le législateur même s’il incarne la volonté du peuple, il doit respecter la constitution  : le
contrôle de constitutionnalité,
- les normes juridiques doivent être conformes aux conventions internationales : le contrôle
de conventionalité.

Traditionnellement, on peut distinguer 2 modèles de la justice constitutionnelle : ces deux


modèles ont tendance à se rapprocher au faites des techniques de contrôle, la différence
n’est pas toujours très tranchée.

Paragraphe 1 : les modèles de la justice traditionnelle

 Modèle américain : modèle de la cour suprême


 Modèle européen : modèle Autrichien, Wellesien, des cours constitutionnelles

Ces deux modèles sont liés à la nature de l’organe qui est en charge de la justice
constitutionnelle et aussi aux modalités d’accès à ce juge.
Le modèle américain est celui d’un contrôle de constitutionnalité dit diffus qui est pratiqué
par le juge judicaire ordinaire alors que le modèle européen est caractérisé par un contrôle
dit concentré et pratiqué par une juridiction spécialisée.

A. le modèle américain de la cour suprême

La cour suprême a été définit par un juriste français (Roland Drago) : une cour suprême est
une juridiction supérieure unique, impliquant l’existence d’un seul ordre juridique et
juridictionnel.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est une juridiction supérieure pouvant statuer même sur des questions constitutionnelles.
C’est une cour unique, tout le contentieux à vocation à être tranché pareil.
Et comme elle est unique : elle règle les divorces, peine de mort, répartition des
compétences entre états fédérés et fédéral. C’est en sorte « une super cour de cassation »,
plus le conseil constitutionnel.

Les constituants américains n’ont pas prévus pas dans la constitution de contrôle de
constitutionnalité et donc un organe particulier qui serait chargé des questions de justice
constitutionnelle : d’une part en matière de droit et libertés, cet aspect était la compétence
des états fédérés, par contre la question et la difficulté est apparu : fonctionnement du
fédéralisme. La cour suprême s’est auto attribué le contentieux constitutionnel : arrêt de
Marbury contre Madison (1804).
La cour suprême a développé un raisonnement qui consiste à dire, la constitution est la loi
suprême dans l’état et il est donc nécessaire de sanctionner les atteintes qui pourrait
porter à la constitution, mais la constitution étant une norme, il appartient naturellement
au juge de régler les conflits qui pourraient apparaître.
Le juge joue un rôle dans la manifestation des situations juridiques (Common Law). Il n’y a
pas aux USA de cour constitutionnelle, c’est un organe juridictionnel qui n’est pas spécialisé.
=> Tous les juges sont potentiellement des juges constitutionnels : Exception
d’inconstitutionnalité.
Le juge va devoir se poser la question, est ce qu’une loi est conforme à la constitution.
Le système est dit diffus, parce que tous les juges sont susceptibles de donner leur
interprétation sur la constitutionnalité de telle ou telle norme. Le contrôle ne peut être
qu’à l’occasion d’une instance.
Ce système crée une incertitude sur la constitutionnalité des lois. La cour suprême n’a pas le
pouvoir d’annuler la loi, qui n’est pas conforme à la constitution, le seul qui pourrait le faire
c’est le congrès américain.

B. le modèle européen, dit des cours constitutionnelles

Il a été théorisé par Hans Kelsen, et il a en été l’inspirateur pour la constitution autrichienne
de 1929. C’est un rationaliste, pour lui le système américain est insupportable, parce qu’il
postulait qu’une norme inconstitutionnelle pouvait continuer à exister.
Toute norme à une place dans la pyramide, si elle conforme à celle qui lui est supérieure.
Dans l’ordre juridique, il ne peut y avoir de norme invalide.

Le modèle européen est caractérisé par la concentration du contrôle : organe dédié.


De plus, l’effet qui s’attache à ces décisions, est un effet plus radical que dans le modèle
américain. Le juge ne peut pas annuler une loi, seul le législateur peut le faire. C’est la
séparation des pouvoirs qui veut ça.
La conception européenne est différente : il est plus difficile de considérer que les cours
constitutionnelles seraient des juridictions comme les autres. Elle peut écarter une loi, mais
pas l’annuler.
Les cours constitutionnelles ne font pas partie de l’ordre judiciaire. Elles ne sont pas des
« supers cours de Cassation ». Elles sont spécialisées dans un type de contentieux.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Spécificité de la cour constitutionnelle, c’est qu’elle n’appartient à aucun des trois
pouvoirs, ce qui lui permet d’annuler une loi contraire à la constitution.

Ces cours constitutionnelles ont pour fonction de garantir et d’assurer la primauté du droit
constitutionnel. Si on considère qu’elle est supérieure à toutes les normes, la cour
constitutionnelle peut éradiquer toute norme non valide, qui ne respecte pas la constitution,
y compris la loi.

C’est un organe spécifique qui concentre le contentieux constitutionnel, aucun autre organe
ne peut se l’attribuer, pas même le judiciaire.
Il y a deux grands types de contrôle :
 contrôle préventif
 contrôle par voie d’exception d’inconstitutionnalité : à l’occasion d’une instance, une
partie la soulève.
Le juge fait un renvoi préjudiciel pour lui poser la question. C’est en fonction de la réponse
du conseil constitutionnel que le juge prend sa décision.

Différence avec le modèle américain  :


Ce ne sont pas les juges, eux mêmes, qui font un renvoi préjudiciel, ils l’envoient à un juge
capable.
Inconvénient : long. Le juge ne peut pas juger.
Avantage : il n’y a qu’une seule interprétation, alors qu’aux USA, il peut y avoir plusieurs
interprétations avec que la Cour suprême dise quelque chose.

Si ces deux modèles paraissent différents, l’opposition s’est atténuée par les méthodes
qu’utilise le juge constitutionnel en règle générale. On peut catégoriser le recours, mettre en
évidence le contrôle. Il existe des similitudes dans le contrôle.

Paragraphe 2 : les différents types de contrôles exercés

Problématique : qu’est que le contrôle de constitutionnalité ?


C’est de s’assurer que la norme est valide dans l’ordre juridique, c'est-à-dire, qu’elle est
valide de façon ultime à la constitution. Le champ des normes est infini.

Il existe 4 grandes catégories de normes :


 normes constitutionnelles : caractérisées par leur objet et par leur auteur : le pouvoir
constituant
 normes internationales
 normes législatives : ont comme caractéristiques, idées par le représentant du
peuple (parlement)
 normes règlementaires : ensemble des normes qui exécutent les lois. Cela comprend
les règlements pris par une autorité constitutive de l’Etat, par toutes les
administrations (centralisée, décentralisée) qui produisent des normes
règlementaires.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Validité de ces normes : Elles doivent être conformes à la constitution. Pour cela, il y a
différents types de contrôles.

2 grandes techniques :
 technique globale : le juge constitutionnel peut être saisi de toute question de
constitutionnalité
 technique du « saucissonnage » : considère que l’ordre juridique est un système à
étage. C’est une logique keynésienne : la norme est valide, si elle est valide à celle
supérieure. On remonte ainsi jusqu'à la constitution, dans ce cas, il n’y a pas besoin
de contrôler toutes les normes. A ce moment, le contrôle constitutionnel vérifie la
norme qui lui est inférieure => loi.
In fine valide.

A. le contrôle à priori et à postériori

Il y a 2 façon de contrôler : avant ou après l’entrée en vigueur de la norme : soit préventif,


soit curatif.

1. le contrôle à priori

C’est un contrôle préventif, exercé avant l’entrée en vigueur de la norme qui pouvait être
contestée. Le contrôle radical peut parfois paraitre le plus efficace.
En réalité, cet objectif rapporté à ce qu’est l’ordre juridique, est irréalisable. Par contre, il
peut subsister qu’il est possible de s’assurer que certaines normes biens particulières
peuvent avoir un contrôle à priori.

Dans le système américain, la méthode est impraticable :


 en raison de la séparation des pouvoirs : juge judiciaire ne peut s’immiscer dans la
fonction législative.
 Il n’y a pas de saisie d’un juge de la cour suprême, alors qu’aux USA, tout repose sur
l’exception d’inconstitutionnalité,

À cause de la judiciarisation du conseil constitutionnel. Quand cela concerne un organe


spécifique, cette possibilité est ouverte.
En France, il existe que le contrôle à priori. Seules les lois peuvent faire ce contrôle.
Il ne faut pas que la saisine du juge constitutionnel, à priori, soit une saisine suspensive. Elle
est toujours enfermée dans un délai très court : 1 moins pour la France, 25 jours pour le
Portugal.

Avantages : le conseil vérifie avant que la loi entre vigueur, qu’elle est conforme. Le conseil
constitutionnel qui pratique ce type de contrôle peut annuler des dispositions litigieuses, ou
les censurer.
=> Il va même à l’encontre du législateur, quand bien même il est représentant du peuple.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Inconvénients : doit se prononcer rapidement. Une décision du conseil est relativement
brève, puisque quand il a un mois et que la question est complexe, comme la loi sur la
bioéthique, loi sur l’environnement, nécessite une réflexion.
Une loi peut être conforme à la constitution, mais son interprétation peut ne pas l’être. Le
risque est que l’inconstitutionnalité se reporte sur une mesure d’application et d’exécution
des lois.
Le contrôle à priori peut paraitre insuffisant, d’où les mesures pour la compléter.

2. le contrôle à postériori

C’est la possibilité de contrôler la conformité à la constitution de normes déjà entrée en


vigueur.
Aucun Etat n’applique le contrôle automatique de la loi.
En France, il y a une catégorie de loi qui y est soumis : les lois organiques. Pour les autres
lois, il faut que 60 députés ou 60 sénateurs saisissent le conseil constitutionnel.
En général, le contrôle à postériori ne concerne que les actes administratifs et non les lois.

2 modalités : il va être diffus ou il nécessite un renvoi préjudiciel. Il renvoie la question


relative à la constitutionnalité.
Le contrôle est permanent. Une norme peut être à tout moment examinée, ce qui garantie
une certaine sécurité.
Mais cela crée une forme d’insécurité juridique. Certaines normes en vigueur depuis
longtemps peuvent s’avérer inconstitutionnelle.

B. Le contrôle abstrait et le contrôle concret

1. le contrôle abstrait

Le contrôle abstrait revient à l’idée que le contrôle de constitutionnalité n’est pas


uniquement un contrôle de validité des normes, mais aussi un contrôle de fonctionnement
de la constitution.
Le juge constitutionnel a souvent plusieurs missions. Elles relèvent de la sphère
constitutionnelle. Parfois, ces missions peuvent s’apparenter entre elles.
Le juge constitutionnel s’assure aussi que les institutions respectent la constitution. Il
intervient également dans les conflits de compétences entre les organes ou il y a des
problèmes d’interprétation.

En Allemagne, la procédure qui permet aux Länder de contester une loi devant la cour
constitutionnelle, car elle porte atteinte au fédéralisme. Elle vérifie que le législateur fédéral
n’a pas empiété sur la compétence des länder.

En France le conseil constitutionnel est le juge des élections : présidentielles, parlementaires.

Le contrôle de constitutionnalité et le fonctionnement des institutions relève du contrôle qui


peut être abstrait.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
2. le contrôle concret

On regarde l’application de la loi. Une loi peut être constitutionnelle, mais son application
ne peut pas l’être.
Le contrôle concret ne peut venir que dans les exceptions d’inconstitutionnalité.
Le contrôle de constitutionnalité ne se renferme pas un contrôle de validité des normes.
En Allemagne, la cour constitutionnelle a 19 chefs de compétences d’autres ne sont
compétentes que pour contrôler la validité des normes.
La mission du juge constitutionnel aujourd’hui, c’est le plus souvent celui du gardien des
libertés et droits individuels.
Dès lors que les normes constitutionnelles ont pour objet le fonctionnement des institutions
mais aussi les droits et les libertés individuels. Quand on contrôle la validité des normes, on
les contrôle d’un point de vue formel et matériel.
C’est un contrôle substantiel. Il respecte les droits et libertés fondamentales.
Le fonctionnement des cours constitutionnelles est aujourd’hui principalement celle des
gardiens des libertés.
Un Etat constitutionnel est un Etat qui inscrit la garantie des droits et libertés
La garantie des droits surplombe les normes juridiques. D’où cette importance capitale.
Aujourd’hui les aspects formels ne sont presque pas nombreux : partie infime.
La justice constitutionnelle joue un rôle essentiel.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

TITRE 2 : L’ÉTAT CONSTITUTIONNEL

CHAPITRE 1 : L’ÉTAT DE DROIT DÉMOCRATIQUE ET LIBERAL

Comprendre en renvoyant à l’éducation de pensée depuis le XVIème siècle.


Conception de l’homme dont on a pu croire qu’elle était universelle, c’est finalement une
conception occidentale.

La démocratie est une forme de gouvernement qui apparait la plus adaptée au subjectivisme
moderne (la conception individualiste qui domine la pensée, de ce que doit être la place de
l’homme dans le monde et dans la forme de gouvernement).
Aujourd’hui on a une conception de l’homme fondée sur l’idée de libertés individuelles et
d’égalité des droits. Chaque individu est libre et tous sont égaux.

Théoriquement chaque individu a pour maitre soi même => anticipation avec le gouvernant.
La démocratie est la forme de gouvernement la plus sophistiquée et la plus complexe :
chaque individu est son propre maitre.
Si on part du principe d’une relativité absolue, il y a autant de point de vue que de
personnes.
Nos idées se valent toutes, alors comment peut-on prendre en compte une décision
politique ?
Comment aboutir à une coopération sociale ?
Avant, il y avait une religion (au Moyen Age), une idéologie.
Tout a déraillé au XVIème siècle, quand la religion à déraillé : apparition des protestants,
guerres de religion. On est arrivé à l’atomisation du corps social.

43
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Démocratie difficile car, dans nos sociétés, il y a une grande hétérogénéité.


La démocratie est une forme de gouvernement, elle postule qu’il y a les gouvernants qui
imposent aux gouvernés des actes politiques.
La démocratie part de la pluralité pour aller vers l’unité. Elle veut arriver à une décision
politique et prétend que tout le monde y consentira. La démocratie n’est pas un idéal,
c’est une forme pratique de gouvernement. Elle ne repose que sur un mécanisme
technique. Mais assez sophistiqué pour que les individus ne soit pas frustrés.

La démocratie est le pouvoir du peuple par le peuple  : Cela ne veut pas dire grand-chose.
C’est une forme de gouvernement dans laquelle l’exercice du pouvoir a pour origine la
légitimité le peuple et pour destinataire le peuple.
Idée : l’auteur des décisions quand on est le destinataire.
Je suis mon propre maitre. Ce schéma est transféré dans la vie sociale.
« La liberté c’est quand on doit à la loi ».

La démocratie implique que les individus exercent une influence concrète sur les décisions
politique et donc sur les lois.
Cela implique qu’il y ait une reconnaissance des individus.
Nation : individu dans la sphère publique.

L’exercice du pouvoir politique doit être le produit de la confiance de cette entité. Le


processus magique est l’élection.
Le droit de suffrage, doit se former en un corps électoral.
L’opération électorale elle-même est complexe. L’objectif est que les individus libres,
chacun avec leur conception, peuvent personnellement imposer une conception à l’autre.
Ils acceptent la politique avec deux principes importants :
 ils participent à l’élaboration des lois,
 les décisions ne portent pas atteinte à leurs libertés fondamentales.

Je participe à l’élaboration des lois, aspects démocratique au sens formel, mais les décisions
politiques ne doivent pas porter atteinte à mes libertés individuelles (aspect matériel de la
démocratie).
L’Etat est démocratique et libéral, car même le peuple, en acteur politique, ne peut pas
porter atteinte à mes libertés individuelles. C’est l’idée que la démocratie doit prendre la
forme qui est celle de l’Etat de Droit.

La démocratie est la forme de gouvernement qui postule la souveraineté au peuple.


=> Le peuple doit être en mesure d’influencer l’exercice du pouvoir politique : c’est le
principe de légitimité démocratique, mais ça n’est pas simplement la substitution d’un
principe de légitimité à un autre.

La démocratie n’est pas un despotisme par le peuple. Mais un gouvernement fondé sur un
principe de liberté. Ce n’est pas pour un despotisme électif que nous nous sommes battus
mais pour un gouvernement fondé sur des principes de liberté et où diverses branches au

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
pouvoir sont réparties entre différents organes de manières a ce qu’aucune peut dépasser
ses limites légales sans être arrêté et réfréné par les autres.

On a la :
 souveraineté du peuple
 mécanisme de séparation des pouvoirs
 libertés individuelles

SECTION 1 : L’ÉLÉMENT FORMEL ET PRIMAIRE DE LA DEMOCRATIE  : LA SOUVERAINETE DU


PEUPLE

La démocratie indique que le peuple influence concrètement l’exercice du pouvoir


politique : plus ou moins directement.
La démocratie nécessite des mécanismes concrets qui doivent permettre au peuple
d’articuler une volonté.
Pourquoi ça ne doit pas rester qu’un simple slogan (Chine,...) il faut qu’elle articule sa propre
volonté.
Pour que cette influence soit concrète, cela suppose que toute une série de conditions
soient réunies, puis ensuite il faut que cela permette la participation active du peuple.

Paragraphe 1 : Condition procédurales de formation démocratique de volonté politique

Comment arriver à obtenir une volonté authentique du peuple ?


Il y a au minimum 3 conditions :
 représentation
 pluralisme
 principe de décision majoritaire

A. Principe de représentation

C’est le premier principe de la démocratie. La théorie de représentation est substantielle,


mais dès le début elle a été critiquée.
La représentation apparait comme un canal où passe l’influence du peuple.
La représentation est le fait que le peuple choisisse certaines personnes pour les
représenter.
C’est une opération qui suppose une sorte d’identité gouvernant/gouverné. C’est le
premier maillon de la chaîne démocratique.
Dans un système institutionnel, il faut que tous voient leur action légitimée par le peuple.
Dans la démocratie, il y a certains organes qui ont une légitimation immédiate :
- parlement : assemblée nationale
- président de la république

Pourquoi le gouvernement en bénéficie aussi ?

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Car le premier ministre est nommé par le président et l’assemblée nationale peut faire
démissionner le gouvernement.
C’est pour ça que l’élection est importante dans la vie démocratique.
Il y a aussi le fait que le peuple peut parfois intervenir directement. Il existe des techniques
de démocratie directe ou semi directes. La représentation demeure une la condition
première de a démocratie.

=> Souvent la représentation, dès Rousseau a été considérée comme quelque chose où on
ne peut pas faire autrement. C’est une solution de secours, où le peuple ne peut pas
décider lui-même => c’est une idée fausse et dangereuse.
Elle fragilise la démocratie, car quand on soutient que les représentants veulent trahir le
peuple, on jette le voile du soupçon.

Idéal de démocratie : athénienne => assemblée de citoyen prenaient des décisions : faux car
elle élisait aussi des représentants.
La démocratie athénienne n’a de démocratique que le concept. Les hommes libres
s’assemblaient. Cela ne peut être transposé dans les démocraties modernes.

Cela ne correspond pas à la démocratie moderne fondée sur l’individu.


Benjamin Constant avait fait une analyse sur la liberté : il a connu la république, c’est un
libéral. Il a subit le traumatisme intellectuel. Il adhérait à la république, mais constate que
jamais les libertés ont été autant violées. En plus il se jette dans les bras de Napoléon.
 on a les anciens => liberté c’est obéir à la loi. Si je suis citoyen je suis libre car je
participe à la formation de la loi.

Socrate : il ne peut pas s’évader, puisqu’il viole la Loi à laquelle il participer à l’élaboration.
La liberté moderne : les libertés individuelles deviennent la priorité.
Les représentants de la démocratie athénienne n’a plus aucune validité, car il est moins
important dans la démocratie contemporaine de participer au pouvoir politique que d’être
sur que la liberté sera respectée.

Dans la démocratie moderne, ce qui compte ce n’est pas de participer. Alors la


représentation devient un mécanisme essentiel de la démocratie.

Le citoyen athénien ne faisait rien de ses journées. A partir du moment où un individu doit
travailler, pour gagner sa vie, il n’a plus le temps de discuter de la politique. Un individu peut
avoir envie d’être représentant. Si le représentant ne nous plait pas, on peut le changer.
Il faut que le représentant soit en mesure d’articuler la volonté qui soit authentique.

B. Principe du pluralisme et de la concurrence

Condition essentielle au système de démocratie.


Nécessité permanente de débat. Les gouvernants peuvent changer.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Dans les monarchies : on ne se préoccupe jamais de qui est le gouvernant. La démocratie
suppose la compétition du pouvoir, la mise en concurrence. Elle doit être loyale et équitable.
Le pluralisme et la transparence sont essentiels dans cette configuration.
Le pluralisme c’est la possibilité d’un choix : ceux qui vont choisir les gouvernants doivent
le faire dans des conditions de clartés et de certitudes. Le pluralisme suppose qu’il n’y ait
pas un discours politique dominant. La démocratie c’est l’ennemi du monopole, quelque soit
sa forme.
La démocratie nait du pluralisme, d’un discours de coopération sociale. Cela suppose le
multipartisme : démocratie est impossible dans les états qui pratiquent la revendication du
parti unique : qui va revendiquer le monopole de la vérité : tombe dans des dérives
totalitaires.
L’Etat démocratique est un Etat de partis : au moins deux partis.
Aux Etats-Unis : 2 partis, mais ce n’est pas un peuple politisé.
Il faut que les partis soient porteurs de projets différents : un projet différent mais qui
reste dans le cadre constitutionnel.
Est-ce qu’un parti qui revendique la destruction de l’ordre constitutionnel doit être autorisé.

Il faut que ces partis soient porteurs d’idéologie, mais qui soient en concurrence.
Ce pluralisme ne doit pas être seulement politique, de surface. Il est important qu’il existe
dans la société : tout l’ensemble de droits et de liberté : liberté de penser, liberté
d’expression. Dans les grandes démocraties du monde, la liberté d’expression est
considérée comme la première des libertés.
On a une nécessité qui est d’être représenté : de pouvoir articuler une volonté, elle ne peut
pas le faire par elle-même. Cette volonté doit être authentique. Il faut qu’il y ait eu ce débat
qui va amener un « camp », une partie de cette entité collective qui va faite triompher ses
idées.
Dès que les personnes ne s’intéressent plus à la politique : le débat peut être détourné,
voir s’effacer.
Un parti politique est un relai, qui trouve une place au sein de l’opinion politique, et qui
élaborent des programmes : donner une cohérence à des idées qui se trouvent dans le
peuple. Ensuite l’Etat organise la compétition entre eux.

C. le principe majoritaire ou de décision majoritaire

Il est largement admis : signifie que la volonté générale n’a pas besoin de l’unanimité, il
suffit qu’une majorité se soit exprimée pour que la décision puisse être considérée comme
l’expression de la volonté générale.
=> La majorité est habilitée à décider au nom de tous.

Ce principe est consubstantiel à la démocratie : pas un principe négatif.


C’est un principe qui est extrêmement ancien. Dans le projet de constitution européenne, il
y avait une phrase de Thucydide (Grèce) : « il est de l’essence même des démocraties, car en
dehors de la majorité dans les démocraties, il n’y a rien qui résiste ».

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Dans la démocratie contemporaine : reconnaissance du principe majoritaire. Pourquoi ceux
qui ont la majorité décident : il vaut mieux que ceux soient eux, plutôt que ceux qui ont la
majorité.
Ce qui légitime en premier lieu est tout ce qui se passe en amont : la concurrence, le
pluralisme. Il faut que la majorité ait été le produit d’une concurrence équitable.

Cette concurrence est permanente : le jeu démocratique doit toujours être ouvert. Toujours
la possibilité que la minorité devienne la majorité. La majorité doit décider pour tous.
L’empire de la majorité n’est pas absolu : le droit constitutionnel, la démocratie n’est pas
seulement formelle, mais aussi matérielle.
Elle adoptera des lois au nom de tous, mais il y a une limite : droits et libertés individuels.
La majorité n’a jamais un pouvoir absolu : elle ne peut pas remettre en cause les règles qui
l’on amené au pouvoir (règles de la concurrence) : constitution.
Limite juridique : adopter toutes les lois qui correspondent à la volonté générale, il existe
pour chaque individu, une manière de s’opposer en revendiquent des droits et libertés.

Le principe nous rappelle que la démocratie n’est pas un gouvernement idéal : forme
pratique du pouvoir politique, du gouvernement.
Il participe à ce moyen : créer de la décision. Il y a une grande crise : quand une démocratie
n’est plus en crise : régime totalitaire.
La démocratie est perpétuellement en crise : il n’est jamais déterminé, à la recherche d’un
équilibre démocratique.

Si un principe qui semble très peu affecté par cette remise en cause : principe de la
décision majoritaire. Tout groupe qui veut conquérir le pouvoir sait qu’il a besoin de e
principe (même les régimes totalitaires).
La majorité est relative dans le temps (peut changer) et dans ses décisions (limité par les
droits et libertés des individus).

Comment peut-on arriver une décision politique, une expression de la volonté générale.

Paragraphe 2 : la participation active des décisions des démocraties  : l’expression par le
peuple

Le peuple participe à la décision : base de tout système démocratique. Il faut voir quels sont
les moyens techniques qui vont permettre à chaque individu de s’exprimer et donc d’avoir
une influence concrète sur la décision politique.
On considère qu’une pétition, une grève, une manifestation participent de l’expression de
sa volonté par le peuple.
Le moyen de prédilection reste néanmoins le suffrage : droit de participer à des votations,
soit en élisant des représentants, soit en participant (référendum).

A. le droit de suffrage

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Participation mécanique qui permet de créer de la décision politique à partir d’un corps
social atomisé.
Le droit de suffrage est individuel : pas collectif, puisque la démocratie est fondée sur cette
conception individualisme, égalitaire et libéral.
Le droit de suffrage prend place dans la théorie de la démocratie pour faire en sorte que la
souveraineté du peuple ne reste pas simplement idéologique.
Qu’entend-on par droit de suffrage : conception différentes selon les qualités requises. C’est
une formulation ambigu, ce n’est pas un droit, mais une fonction, qui permet d’exprimer une
volonté du peuple.

1. distinction entre souveraineté populaire et souveraineté nationale

L’exercice du droit de suffrage est un droit inhérent à chaque individu, ou que l’on
considère que l’exercice du droit de suffrage est une fonction et donc comme toute
fonction, on peut en règlementer l’accès et exercice.
=> Le droit de suffrage devient un droit, au sens d’une fonction règlementée.

La notion de souveraineté populaire, c’est celle de Rousseau et est basé sur le postulat
selon lequel il appartient au peuple.
Chaque individu détient alors une parcelle de souveraineté et a un véritable droit de
participer aux votations.
Démocratie comme une espèce de pouvoir au peuple, non médiatisé. La volonté populaire
ne se délègue pas, impossibilité d’avoir des représentants. 
Les représentants n’ont pas de volonté propre, ils expriment une volonté qui préexiste : le
représentant est un porte-parole. La volonté générale n’est pas articulée pas les
représentants, mais qu’elle préexiste dans les représentants : ils ont un mandat impératif,
lié au peuple : « Ils sont les commis du peuple ».
Elle a beaucoup influencé la pratique du droit de suffrage : élargissement permanent,
universalisation du droit de suffrage.
Au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire : de plus en plus de personnes ont eu accès à
ce droit. Dans les démocraties contemporaines, le droit de suffrage reste attaché à la
notion de souveraineté populaire ; on considère que le peuple réel, la somme des
individus, n’a pas de volonté propre, mais que le peuple se donne des représentants.

Dans la souveraineté nationale, ce sont les représentants qui prennent les décisions.
Le peuple réel est incapable de déterminer une volonté politique : il faut une entité
politique prédéfinie : le corps électoral.
On instrumentalise le droit de suffrage qui est exercé par certaines personnes : on peut donc
fixer les conditions d’accès à cette fonction. On oppose une entité collective, considérée
comme nécessaire au fonctionnement de la démocratie. Le droit de suffrage est construit
juridiquement : médiatisation entre le peuple réel et ceux qui ont être habilité à exprimer la
volonté générale.

2. les conditions du droit de suffrage

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Même si l’on est conscient que le peuple réel n’est pas dans le fonctionnement de la
démocratie : le droit de suffrage ne doit pas être instrumentalisé au profit de certaines
personnes, et il ne faut que les restrictions qui peuvent être apportée au droit de suffrage ne
remettre en cause l’authenticité de la volonté exprimée. Limité au strict nécessaire.
Ils ne doivent pas aboutir à un accaparement du pouvoir politique.
Le droit de suffrage doit au minimum est égal, universel et secret.
 La condition d’égalité est une condition simple : 1 voix, 1 vote.
Ce principe n’a pas toujours été respecté dans l’histoire : mécanismes qui ont
existés : certaines catégories sociologiques aient deux voix (raisons fiscales, soit père
de famille disposait du droit de suffrage de sa femme,...).

 Le principe d’universalité : le plus de personnes possibles doivent bénéficier du droit


de vote, on ne doit pas réserver le droit de vote à certaines catégories de
personnes.
L’histoire de la démocratie est le suffrage universel. Le suffrage peut être restreint :
suffrage censitaire, le législateur va fixer un cens, plus ou moins élevé pour accéder
au droit de vote.
Le suffrage capacitaire repose sur les connaissances intellectuelles des citoyens (ex,
aux USA). En 1946, en France, les femmes ont eu le droit de vote. Exclusion de
certaines catégories de personnes : militaire et gens de l’Eglise.
Il existe encore des restrictions au droit de suffrage, mais sont considérées comme
raisonnables : déchus de ses droits politiques, âge (à peu près partout à 18 ans) et
celle de la nationalité (reste une affaire de nation, il y a 2 percés : les ressortissants
de l’UE ont le droit de voter aux élections locales dans tous les pays de l’UE, et dans
certains pays les non ressortissants puissent un jour participer aux élections locales.

 Le droit de vote est secret : isoloir, à l’abri de pression. Le droit de vote démocratique
est secret car il permet de libérer l’individu du contrôle social.

Pour que le droit de suffrage aboutisse à un vote authentique : le plus d’individus doivent
avoir le droit de vote, les modalités doivent permettre cette authenticité.

B. Modalité du droit de suffrage

Question fondamentale en démocratie. Ce n’est pas en France une question


constitutionnel : elle ne figure pas formellement dans la constitution, mais qui en relève
matériellement, car il joue un rôle capital dans l’image politique que revoie le peuple réel.
Les modes de scrutin, c’est l’ensemble des règles qui permettent de calculer comment les
suffrages favorables aux candidats déterminent ceux qui seront élus.

En partant des mêmes personnes, avec les mêmes candidats et avec des règles de calcul
différent, il n’y aura pas les mêmes résultats.
C’est quelque chose de théoriquement fragile, les représentants ont besoin d’une légitimité
très forte, donné par le vote.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Pour traduire mathématiquement, les résultats du vote, il existe plusieurs règles de calculs.
Ils deviennent un enjeu politique très fort. Chaque pays a le sien.

Il y en a 2 principaux :
- Un qui est simple, et qui ne connait pas beaucoup de variante : majoritaire
- proportionnel, qui connait de nombreuses variantes, parce que le proportionnel se
veut comme reflétant de façon plus sincère la représentation des partis : mais
comment les traduire le choix d’un mode de scrutin s’effectue en fonction des
priorités qu’il faut hiérarchiser, et qui sont contradictoires.

On a le choix entraine majoritaire, qui est stable, mais qui ne représente pas l’authenticité
du vote, et un autre mode qui représente l’authenticité, mais la majorité est moins nette.
Faut-il alors privilégier la stabilité ou l’authenticité ?

 Le scrutin majoritaire : celui qui a le plus de voix est élu.


Il y a deux types de scrutin :
- Le scrutin majoritaire à un tour est utilisé aux élections des députés en GB : découpe
le pays en circonscription, et des candidats se présentent : celui qui a le plus de voix
est élu. Il peut arriver qu’un parti va n’arriver partout que 2 ème n’aura pas de
représentants. Effet déformant, le parti majoritaire aura toujours une majorité.
- Le scrutin majoritaire à 2 tours : effets moins pervers, et est considéré comme le
mode de scrutin idéal en France pour les législatives, mais aussi pour les
présidentielles. Il existe pour toutes les élections. Il y a une confrontation entre tous
les candidats, au premier tour et sélectionne les « champions » du second tour : juste
les deux premiers. (Présidentielle 12,5%)
L’avantage du scrutin majoritaire a deux tours, permet à des formations moins
importantes d’exister politiquement.

 Le scrutin proportionnel : c’est toujours un scrutin de liste, on défini une


circonscription, qui est la base électorale.

Exemple : il faut élire 500 députés, il faut donc découper le pays en 500 circonscriptions.
Le plus souvent les circonscriptions sont plus vastes, on va élire plusieurs députés par
circonscription, par ex, les départements, et on va décider le nombre de députés à élire.
Si on est dans un département où il y a 20 sièges à pourvoir : au moins 20 personnes par
liste. Le scrutin est toujours à un tour. Chaque liste a obtenu un nombre de voie. Il faut que
la répartition des sièges reflète le pourcentage de voix qu’il a eu. Il faut trouver un mode
mathématique.
Cette opération nécessite 3 phases :
- calculer le quotient électoral,
- et à partir du quotient, on va faire une distribution de siège
- et enfin, il faut distribuer les sièges restants (toute une série de possibilités de
calcul).

Exemple : une circonscription où il y a 6 sièges à répartir et dans il a eu 4 listes présentées.


Les différentes listes ont obtenu : A 85.000 ; B 50.000 ; C 48.000 et D 42.000

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Calculer quotient électoral : 225.000/6 = 37.500.
 Attribution des sièges : autant de sièges que le quotient électoral. La liste A a 2
sièges, la liste B, C, D ont un siège.
On a distribué 5 sièges, il en reste 1.
 Pour répartir le siège restant, il y a 2 techniques : soit on fait une attribution au plus
fort reste, soit une attribution à la plus forte moyenne.

Si on fait la méthode des plus fort reste :


A : 85.000 – 75.000 = 10.000
B : 50.000 – 37.500 = 12.500
C : 48.000 – 37.500 = 10.500
D : 42.000 – 37.500 = 4.500
Résultats : A et B ont 2 sièges et C et D en ont chacun 1.

Si on fait la Méthode de la plus forte moyenne :


A 85.000 voix et 2 sièges : 85.000 / 3 = 28.833
B 50.000 voix et 1 siège : 50.000 / 2 = 25.000
C 48.000 voix et 1 siège : 48.000 / 2 = 24.000
D 42.000 voix et 1 siège : 42.000 / 2 = 21.000
Résultats : C’est A qui aura le dernier siège : la liste A a trois sièges et les autres 1
chacun.

Si on fait la proportionnelle, et on veut rester stable, il faut choisir la méthode de la plus


forte moyenne.

En Allemagne, il y a un mélange majoritaire et proportionnel.


Ce mode est considéré comme plus démocratique et est le plus représenté en Europe.
Exception : France et GB.
Ce scrutin favorise les partis moyens : le bipartisme a peu de chance de s’installer.

Le risque du scrutin proportionnel c’est l’existence d’une balkanisation des partis et d’une
tractation perpétuelle pour le pouvoir : risque d’instabilité ministérielle

C. La place des techniques de démocratie directes et semi directes

Technique idéale de la démocratie. Ces techniques sont relativement peu utilisées : effet de
loupe, sur une de ces techniques : le référendum.
Ce n’est qu’une des techniques, ce n’est pas une technique de démocratique : mais plutôt
semi-directe.
Il existe une technique directe : référendum d’initiative populaire, sous forme de pétition
(suisse).
Il existe une troisième technique, très rare : la révocation, mais a connu au moins une
occurrente spectaculaire (Schwarzenegger en Californie).

1. le droit d’initiative populaire

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Il fait du citoyen un véritable législateur. L’idée est qu’un certain nombre de citoyens,
établissent une pétition officielle et si le nombre est atteint, ce qui va provoquer une
réaction des pouvoirs publics. Le gouvernement est obligé soit d’inscrire la question à l’ordre
du jour ou d’organiser un référendum.
Le peuple peut demander un référendum pour qu’une loi soit abrogée : veto populaire.

2. la révocation

Ne s’apparente pas à une fonction législative : technique de contrôle des citoyens sur les
élus.
C’est l’idée que par une pétition, le peuple va exiger une consultation, en vue de renvoyer
les élus actuels.
Ce droit existait dans la 2ème république allemande : république de Weimar.

3. le référendum

Complexe : fait que le peuple va à une occasion donnée, se présenter sans représentant,
plutôt de consulter le parlement, on va demander au peuple.
=> Référendum constituant : constitution prévoit que la révision doit ou peut faire l’objet
d’un référendum.
En Allemagne, le référendum n’existe pas. Et dans certains pays c’est une possibilité
(France).
=> Référendum législatif : adopter une loi ordinaire.
Une loi parait relativement importante ou susceptible de susciter un vrai débat. On va alors
demander au peuple de trancher directement.

Difficultés multiples  :
La petite dissolution : De gaulle.
On va mettre entre parenthèse le parlement, procédure de défiance du gouvernement. Il
fragilise le parlement, parce qu’on a l’impression qu’il existe une défiance permanente.
Le référendum est un outil dans les mains de l’exécutif.
Art 11 de la Constitution française : les parlementaires peuvent demander un référendum.
En réalité, c’est toujours l’exécutif qui le met en place.
Le référendum lui-même, c’est oui ou non, alors que devant le parlement on peut amender
un texte : on peut trouver des points d’ententes. Il n’y a pas cette faculté : le choix est
toujours reste tranchée.
L’utilisation qui peut en être faire : le référendum, part de là le texte, est un grand
référendum sur la popularité du gouvernement : moyen de vérifier celui qui propose le
référendum.

Très marginal dans les démocraties libérales. Ce sont des techniques d’appoint très peu
utilisées.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
SECTION 2 : L’ELEMENT SUBSTANTIEL DE LA DÉMOCRATIE  : PRISE EN COMPTE DES DROITS
ET LIBERTÉS INDIVIDUELS

Comment en réalité, dans le système de la démocratie libérale est prévu toute une série de
limitations du pouvoir politique.
Le peuple c’est avant tout une histoire de légitimation. Le pouvoir politique est légitimé :
Dans une monarchie, c’est la dynastie. Dans une démocratie : sa légitimité c’est le peuple.
Le problème de la légitimité du pouvoir : il peut en user voire même en abuser.

Paradoxe de la démocratie : principe de légitimité est le plus approprié, à la conception de


l’homme. Il ne peut y avoir un pouvoir plus légitime que la démocratie, la loi qui s’impose à
tous, en est l’auteur. Transfert de la sphère privée dans la sphère publique.
La démocratie est fondée sur un principe de légitimité extrêmement puissant.
Lorsque la loi est lestée d’une telle légitimé, le risque est que la loi puisse être mauvaise ou
violer les droits fondamentales.
Il faut nécessairement trouver des moyens pour que la loi ne devienne pas un instrument de
domination.
La forme démocratique du gouvernement suppose une organisation institutionnelle
spécifique qui va être caractérisée par une fragmentation de l’exercice de la puissance
étatique entre différents pouvoirs, au sein de l’Etat, et la capacité de ces pouvoirs à se
contrebalancer dans un jeu d’équilibre dont le but est d’atteindre une modération du
pouvoir politique.
A coté de cet aspect institutionnel, de l’arrangement des pouvoirs, il y a la dimension des
droits et libertés individuelles.

Paragraphe 1 : la séparation des pouvoirs

A. le principe de la séparation des pouvoirs

Ce principe est très connu, souvent présenté comme le principe fondateur de la


démocratie. En réalité, il convient d’en préciser le contenu théorique et la portée politique,
tant en réalité l’acception courante, est en inadéquation complète par le but poursuivi par
les Etats démocratique.
Si l’on s’en tient à l’énoncé classique : dans un Etat, l’ensemble du pouvoir politique est
confié à différents pouvoirs, qui sont exercés par des organes distincts, et que chacun d’eux
exercerait ses fonctions sans aucun autre puisse s’immiscer dans cet exercice.
Trois pouvoirs, confiés à trois types d’organes.
Le principe de séparation des pouvoirs, à l’origine, il y a un simple constat : dans l’exercice
de la puissance étatique on peut faire apparaitre 3 types de pouvoirs.
Il y a un pouvoir délibératif (assemblée). La loi est impersonnelle est générale. La loi
s’applique à tous le monde. Il est important de faire ensuite qu’elle s’applique
matériellement, par le pouvoir exécutif : il applique, exécute la loi. Et un troisième pouvoir
tranche les litiges qui peuvent apparaitre.
Ce schéma est considéré comme assez généralisable.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette volonté de conférer une signification politique à l’existence de 3 types de pouvoirs :
radicaliser l’état des choses, et aller à l’inverse du but poursuivi par l’identification du
pouvoir.
En réalité, on a 3 fonctions qui sont inséparables.

Pourquoi ce mythe a eu une telle puissance ?


On attribue ce principe à Montesquieu.
On a voulu attribuer une signification politique à cette tripartie. Dans l’ouvrage De l’esprit
des Lois, il y a trois livres. La thèse centrale de son œuvre : nécessité que le pouvoir
politique s’exerce de façon modérée : « La modération du régime existe lorsque on n’abuse
pas du pouvoir, et c’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté
à en abuser, il va jusqu'à qu’on trouve des limites. ...il faut par la disposition des choses le
pouvoir arrête le pouvoir »
On ne trouve jamais l’expression la séparation des pouvoirs. C’est une extrapolation de sa
théorie. Montesquieu n’était pas un démocrate. C’était un homme, comme beaucoup de
français au 18ème siècle un anglomane et un magistrat. Ces trois caractéristiques sont les clés
pour comprendre ce qu’il a voulu dire.
Toutes les Lumières sont pétries de ce modèle anglais : modèle du régime parlementaire. Il
se présente comme équilibré, dans laquelle la prérogative royale est diminuée, au profit
d’un parlement et les juges jouent un rôle très important dans la protection des libertés.
C’est un magistrat : Depuis Louis XIV, il y a eu des luttes contre le juge (Parlement). La
magistrature était hostile à cela : rôle d’équilibre à jouer.

Les institutions doivent être disposées, agencé de telle façon, qu’aucun n’est de
suprématie ou de supériorité sur les autres : système d’équilibre, où chaque pouvoir est en
mesure de freiner l’autre.
La thèse de Montesquieu a finalement été modifiée : les constituants ont pris la forme de
séparation des pouvoirs. (Art 16 de la DDHC).
Elle a servi de base au régime américain : fondé sur l’idée d’une séparation stricte (régime
présidentiel américain).
La séparation des pouvoirs n’est pas un but en soi, en fait cette séparation est purement
fonctionnelle : correspond à une séparation organique.
Le gouvernement participe à la fonction législative.
Il a trois types de pouvoirs, trois organes, et d’un point de vue fonctionnelle, il faut répartir
l’exercice de chaque pouvoir et entre les différents organes.
Le pouvoir législatif correspond à la fonction de faire la loi : mais la voter, ce n’est pas la loi.

B. la mise en balance concrète des pouvoirs

Cela signifie une organisation institutionnelle, dans laquelle chaque pouvoir a des moyens
d’influence sur l’autre : soit positif (arrêter, contraindre un autre organe à faire quelque
chose) et négatif (empêcher).
Cette mise en balance est axée sur la relation exécutif/législatif.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le pouvoir judicaire n’intervient pas au niveau politique. Depuis une vingtaine d’années, il y
a une juridictionnalisation de l’espace politique : influence des cours constitutionnelles. Elles
rendent des décisions qui influent de façon décisive sur le fonctionnement institutionnel.

1. relation Pouvoir exécutif/législatif

D’une façon générale, ils sont dans un jeu de tension, et très souvent, c’est la relation entre
les deux qui donnent sa nature au régime, qui va permettre de caractériser le régime
(parlementaire, présidentiel).

Cette relation est marquée par la responsabilité de l’exécutif devant le pouvoir législatif.
C’est la marque du régime parlementaire, alors que dans le régime présidentiel, il n’y a pas
de responsabilité politique face au législatif.
Dans le régime parlementaire, c’est le parlement qui est l’organe prééminent. C’est le seul
organe qui a été élu : principe de légitimité démocratique.
Le berceau du régime parlementaire est la monarchie. La structure institutionnelle jouit de
cette légitimité démocratique. Le gouvernement n’en bénéficie que par ricochet. Ce
gouvernement est sous le contrôle du parlement.
Dans un régime présidentiel, (de type américain), la légitimité passe par 2 canaux :
parlement (USA : le congrès) et par le président.

Dans un régime démocratique, équilibre institutionnel entre les 3 pouvoirs, et en fonction de


cet équilibre, la forme de gouvernement démocratique prendra la forme d’un régime
parlementaire ou présidentiel. C’est la nature de l’équilibre.
L’exécutif n’est pas désarmé (système des armes réciproques), il peut dissoudre l’assemblée.

2. la juridictionnalisation du pouvoir politique

Par le rôle le plus en plus important des cours constitutionnelles (« le politique est de plus
en plus saisi par le droit » : Louis Favoreux).
Dans l’Etat constitutionnel, qui est l’Etat dans lequel on reconnait la suprématie de la
Constitution, il y une juridisation de l’espace politique.
Dans la démocratie libérale, il y a la garantie des droits et libertés. L’intervention du juge
n’est pas bon signe.

Paragraphe 2 : L’Etat de droit, l’état de la garantie des droits et libertés individuelles

Il s’oppose avant tout à l’Etat arbitraire ou Etat de police. C’est un Etat dans lequel la
puissance publique ne peut intervenir que sur le fondement d’une règle de droit.
La puissance politique ne peut intervenir. Le périmètre de la puissance publique est délimité.
« Nul n’est censé ignorer la loi », le droit est le marqueur politique, de ce qui est possible de
faire et ne pas faire.
L’Etat ne peut se fonder que dans la mesure où il peut soutenir une loi politique.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il y a aussi la dimension libertés individuelles : cela signifie, que l’individu peut s’opposer,
dans une certaine mesure, à la puissance publique, alors même qu’elle se fonde sur des
dispositions légales : ses droits et libertés individuels.
Un organe vérifie que l’atteinte qui sera le résultat de l’intervention de la puissance
publique ne soit pas excessive. On ne pas pleinement jouir de nos droits et libertés
individuelles : frustrant.
On ne peut pas faire n’importe quoi. Il faut un régulateur impartial  : l’Etat.
La difficulté vient de l’intervention de l’Etat : les lois sont nécessairement là pour limiter
l’effet des libertés individuelles, elles constituent une forme de limitation.
Mais elles ne doivent jamais priver complètement une liberté : elle doit le faire seulement
de façon proportionnée au but poursuivi. La loi ne doit pas être excessive.
L’Etat voit sa puissance limité par le droit : c’est même la finalité même de l’Etat, dans un
Etat de Droit.
Comment concrétiser cela, comment parvenir à cette situation où la puissance étatique se
trouve limitée par le droit.
Pyramide hiérarchisée où chaque norme est valide, parce qu’elle est conforme et
compatible par rapport à celle qui lui est supérieure.

L’Etat de droit, c’est donc que l’Etat est soumis au droit, ce qui est paradoxal, c’est lui qui
les produit et il y est soumis. C’est un Etat autolimité.

Les règles changent, et chaque fois que l’administration va prendre telle ou telle règle, il faut
s’assurer que les nouvelles normes sont valables au respect des lois.
Le législateur lui aussi va modifier des lois, il doit respect à la Constitution et aux droits et
libertés individuels : contrôle de constitutionnalité.
Il n’est pas soumis aux lois, mais doit respecter les droits et libertés individuelles.
Tous les organes de l’Etat sont soumis à un contrôle.
Le système de l’Etat de droit est que la puissance publique doit toujours se fonder et
respecter les libertés individuelles.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

CHAPITRE 2 : LES DIFFERENTS TYPES DE REGIME DEMOCRATIQUE

Les régimes démocratiques sont fondés sur la « séparation des pouvoirs ». La relation entre
l’exécutif et législatif va caractériser la nature du régime.
On peut identifier 2 régimes de modèles :
 régime présidentiel (USA)
 régime parlementaire : modèle dominant dans le monde.

SECTION 1 : LE REGIME PRESIDENTIEL : LES ETATS-UNIS D’AMERIQUE

Paragraphe 1 : les données constitutionnelles fondamentales

C’est la première démocratie au monde, au sens moderne du terme : au niveau historique


et de par sa taille.
C’est aussi la première constitution écrite et toujours en vigueur. C’est par conséquent, la
première mise en œuvre de la séparation des pouvoirs, dire stricte, aboutissant à un régime
présidentiel.
Sur le plan institutionnel, c’est le fédéralisme qui caractérise le régime américain.
La Constitution date du 17 septembre 1787, adoptée par une convention (sorte assemblée
constituante), qui s’était réunie en mai 1787, à Philadelphie, sous la présidence de George
Washington.
Le but était de réviser une constitution confédérale, il existait depuis l’indépendance, une
confédération des anciennes colonies GB. Cette révision a porté sur l’équilibre fédéral. C’est
une indépendance totale : choisissent la démocratie.
Question posée : Quel type de fédéralisme instaurer : très lâche (confédération), ou logique
fédérale.

Ce débat sur le fédéralisme est un sujet toujours récurant.


C’est ce débat qui a été structurant entre fédéralistes et anti-fédéralistes lors de
l’élaboration de la constitution aux Etats-Unis.
Les fédéralistes ont gagnés, et cette victoire va se concrétiser que dans la constitution, il n’y
a pas de. Les anti-fédéralistes le voulaient.
L’idée de la déclaration des droits est une idée selon laquelle il faut contenir le rôle de l’Etat.
Ils ne voulaient pas d’un Etat fédéral fort, et il fallait lui mettre des limites, pour opposer
les droits et libertés individuelles à l’Etat.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Idée que l’Etat est une menace, il est nécessaire que les citoyens fassent faire valoir leurs
droits. => Élément d’affaiblissement de l’Etat.

Il n’y en pas eu en 1787, mais chaque Etat avait sa propre déclaration de droit. Mais les
premières élections au congrès ont paradoxalement envoyé une majorité d’anti-fédéralistes.
La première législature a adopté les 10 premiers amendements à la Constitution : 10
grands droits des citoyens américains.
Cette Constitution adoptée en 1787, n’a jamais été changée, et n’a été modifiée que 27
fois en 200 ans : stabilité institutionnelle exceptionnelle. Mais cela est lieu à l’élaboration de
texte : personne n’était d’accord. Plasticité qui lui vaut sa longévité.
Dans le texte de la constitution
 la présence des 10 premiers amendements. La puissance étatique trouve une limite
dans les droits et libertés individuelles.
 Mise en place d’un système institutionnel fondé sur la séparation stricte des
pouvoirs : mise en place d’un régime présidentiel, fondé sur un congrès et
gouvernement qui partagent la légitimité démocratique. On fait une séparation
stricte pour obliger à collaborer.
 Le fédéralisme : le modèle américain est souvent présenté comme le modèle par
excellence du fédéralisme, parce qu’il est fondé sur le principe des compétences
exclusives, et par l’idée d’une part que la compétence de droit commun appartient
aux entités fédérés, et l’Etat fédéral n’a qu’une compétence résiduelle. Alexis de
Tocqueville, il est d’abord membre d’un état et ensuite américain). On a fédéralisme
très fort et très structurant
 On peut évaluer un ordre constitutionnel, le définir en rechercher la nature, en
s’intéressant à la procédure de la révision constitutionnelle : révélateur de la nature
du régime. c’est la garantie du régime constitutionnel.
Cette procédure met en avant le fédéralisme : procédure de révision typique des
Etats fédéraux, en prévoyant une procédure avec 2 types d’initiatives : fédérale, qui
vient du congrès (amendements, qui devrait être approuvée par une majorité des 2/3
de chaque chambre, et il faut encore qu’il soit ratifié, par ¾ des Etats pour entrer en
vigueur), et des Etats : si les 2/3 des Etats américain demandent par un vote de leur
propre législature une convocation d’une convention au niveau fédéral ( pour
l’instant pas mis en œuvre).

.....................................................................................................................................................

Les partis politiques américains : l’origine est fondée sur la sensibilité au fédéralisme des uns
et des autres. Ce ne sont pas des partis idéologiques, comme les européens, qui sont
structurés au marxisme et libéralisme (origine des partis).
La vie politique est structurée autour de deux partis : machines électorales qui les
structurent. Libéralisme conservateur contre libéralisme « soft » (très peu d’Etat
providence).
Ce qui les différencie ce sont les valeurs traditionnelles contre les valeurs plus libérales.
Consensus très fort d’idéalisme.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Une des caractéristiques aussi des partis : pas de leader permanent. La compétition pour la
présidence va se jouer en différentes personnalités (Hilary Clinton n’est pas pour autant
leader du parti démocrate).
Chaque élection présidentielle fait désigner un leader. Soit celui qui se présente est le vice
président (Al Gore était le vice président de Clinton). Une fois qu’un leader a perdu, il
s’efface pour laisser la place à d’autre.
C’est cette phase de détermination de leader qui va entrer en phase active avec les
primaires.
Le leader des républicains est G bush, pas remis en question : propre successeur.

Il repose traditionnellement sur un exécutif incarné par le président. Il n’y a pas de


gouvernement au sens organique du terme. Le président est une administration et un
pouvoir législatif qui appartient au congrès (bicaméral). Les relations entre président et le
congrès sont emprunt de la séparation des pouvoirs.
A. le président des EU

1. le statut du président

Le système repose sur un processus assez simple qui est une phase de sélection des
candidats : les primaires et une phase d’élection du président.

Original par rapport au système classique (suffrage universel) : le choix des candidats pour
l’élection n’appartient pas uniquement aux appareils des partis, mais est déjà une phase
publique. Les électeurs sont appelés à participer à la désignation des candidats.

 Cette phase des primaires se déroule au niveau des partis, mais qui connait une
publicité. L’objet des primaires, ce n’est pas un premier tour, c’est la désignation dans
chaque parti de celui qui participera à l’élection.
Ces primaires ont pour but d’élire des délégués. Ce sont des délégués qui vont participer à
une convention des partis, composée de tous les délégués, va officiellement désigner le
candidat.
Chaque Etat va procéder à l’élection de ces délégués. Les citoyens américains vont être
appelés aux urnes pour désigner des délégués des partis.
Il y a trois types de primaires : ouvertes, fermées, caucus (où les citoyens ne participent
pas).
Dans les grands Etats on organise des primaires : tous les citoyens sont invités à participer à
la sélection (primaires ouvertes) ils vont voter pour des délégués (selon le nombre
d’habitants, proportionnellement).
Il va avoir des délégués soutenir Clinton, ou Baracoba. On sait qui à chaque primaire qui
engendre les voix.
Lorsque le vote est fermé : ne vont participer aux élections que les électeurs qui ont déclaré
qu’ils vont participer aux primaires.
Les primaires ont y dépense beaucoup d’argent, il faut paraitre le meilleur pour battre
l’adversaire, mais sans les diviser.
Le président est toujours élu avec un vice président : le candidat désigné prenne comme vice
président son adversaire malheureux.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

 Deuxième phase : élection du président lui-même.


Le président n’est pas élu au suffrage universel direct, mais les élections vont désigner des
grands électeurs, qui vont se réunir pour élire le président des Etats-Unis.
Le système d’élection a un coté folklorique. Quand ces mécanismes se sont mis en place :
moyens de communications plus lents. Une fois les grands électeurs désignés : on sait qui
sera élu président.
Tous les citoyens inscrits sur les listes peuvent participer à l’élection des grands électeurs.
Le premier mardi, après le premier lundi de novembre : chaque Etats élit ses grands
électeurs en fonction du nombre de représentants qu’il a au congrès. Le plus petit n’a qu’un
représentant (ex, district Columbia), alors que la Californie : va élire 2 (sénat) + 48
représentants.
Chaque Etat envoie un nombre de grands électeurs. Ils sont élus à un scrutin de liste à un
tour.
La Constitution prévoit que les grands électeurs se réunissent le mardi après le premier lundi
de décembre, dans chaque E pour voter.
Le 6 janvier, c’est le congrès qui décompte les voix.

La proclamation des résultats est le 20 janvier.


Cela se passe au congrès car si aucun des deux n’obtient la majorité, il reviendra à la
chambre des représentants d’élire le président, parmi ceux qui ont eu le plus de voix. Il y
538 grands électeurs aux Etats-Unis: majorité absolue 270 voix.

Ce système qui est complexe, donne lieu à des critiques très importantes, du fait de
l’élection de Bush contre Gore : pantalonnade dans l’Etat de Floride : recompte des voix.
Cela a fini devant le Cour suprême. Certains pensent que Bush n’aurait pas du gagner.

Ce système électoral crée des distorsions importantes : les 8 grands Etats détiennent 255
voix : presque la majorité. Les autres Etats pèsent à peine plus de la moitié.
Un président peut être élu avec moins de voix que son adversaire.

Le président ainsi élu l’est pour 4 ans, pour un mandat renouvelable une fois.
Cette limitation date d’après la seconde guerre mondiale, il est élu avec un vice président.
Ce vice président ne joue pas un rôle de second plan : il est associé à la présidence. Il est
appelé à remplacer le président des Etats-Unis en cas de vacance du pouvoir : soit par
démission, soit par décès.
Le président des Etats-Unis ne constitue pas vraiment au sens où on l’entend un
gouvernement, il constitue une administration composée de secrétaires d’Etats qui sont
des chefs d’administration.
La structure est complexe : l’administration sous les ordres du président, et il y a l’équipe
présidentielle : conseiller (véritable lieu de décision).

L’image du président telle qu’elle est renvoyée à l’extérieur est un peu faussée. S’il peut
apparaitre comme l’homme le plus puissant du monde, sur le plan interne ça n’est pas le
cas :

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 la première, c’est le fédéralisme : possibilité d’un président d’intervenir dans la vie
courante des américains est faible (régie soit au niveau de l’Etat fédéré soit au
niveau local),
 la configuration institutionnelle : le président d’un point de vue institutionnel n’a de
compétence que d’exécuter les lois du congrès : c’est le chef de l’exécutif. Il là pour
mettre en application les lois votées par le congrès.

2. les compétences du président

Il a principalement deux rôles : chef de l’administration fédérale, et de la diplomatie


américaine : chargé des relations extérieures des EU.

Théoriquement le président ne joue aucun rôle législatif, à l’exception d’une seule : le droit
de veto.
Le président des Etats-Unis est chargé (art 2) de l’exécution fidèle des lois. Le fédéralisme
fait que de nombreuses compétences s’exercent au niveau fédéré.
Le niveau fédéral étant en adéquation avec les compétences fédérales. Une gde partie de
l’administration fédérale : armée, pentagone.
Au niveau fédéral même, la structure de l’administration repose sur 2 grands ensembles qui
font que la prise de pouvoir du président est relativisée. Il est le chef de l’administration
fédérale et de surcroit, il se trouve que l’organisation fait qu’une grande partie de
certaines compétences lui échappent.
Dans l’administration fédérale, on a une administration classique, avec à sa tête un
secrétaire d’Etat, nommé par le président, et toute une administration qui dépend des
agences et qui sont dans une semi autonomie à l’égard du président.
Autorité indépendante : agences fédérales. Dès que l’on s’intéresse à un secteur nouveau :
on crée une haute autorité ou autorité de régulation. Le modèle lointain, ce sont les
agences américaines. On va confier un pan de l’activité administrative et l’application de la
règlementation dans le domaine de l’activité à une autorité de régulation indépendante (pas
un ministre).
C’est un peu l’adaptation en France de l’administration intermédiaire : quitte la
règlementation traditionnelle, mais on ne libéralise pas complètement. On ne les faits pas
entrer dans l’autonomie complète.
Aux Etats-Unis dans l’administration fédérale, il y a des pans entiers qui ne sont pas confiés
à des ministres, mais à des agences : ce n’est pas le président qui décide de les créer, c’est
le congrès qui les finance.
Le président n’est pas toujours écarté, il va souvent nommer les responsable de ces
agences : NASA, CIA, banque fédérale des Etats-Unis, agence des communications ou
environnement.

Autre facteur de limitation de l’emprise du président : il ne peut nommer ses responsables,


tout comme de hauts fonctionnaires, qu’avec l’accord du sénat. C’est un point capital.
Il n’a pas un pouvoir de nomination, entièrement libre et limité.
Il nomme les juges suprêmes, ambassadeurs, les plus hauts gradés dans l’armée : toutes
ces nominations doivent être sanctionnées par le Sénat.

62
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le plus souvent, le sénat a une majorité du président. Mais lorsque c’est l’inverse : on
retrouve cette pratique de la négociation et tractation.

Quand on dit qu’il est le chef de l’administration : administration d’une part relativement
légère (F°), ensuite une emprise de l’influence du président du fait des agences et le pouvoir
de nomination du président est équilibré par la nécessité d’obtenir l’accord du sénat.

Une des nominations les plus importantes : juge de la cour Suprême. Les juges de la Cour
suprême sont nommés à vie (mais se retirent au bout d’un moment).
Il est arrivé que le Sénat refuse des nominations : sous Reagan, un jeune juge a été refusé
(pouvait faire basculer la jurisprudence sur l’avortement).
L’un des éléments qui plaide sur un grand pouvoir : spoil system. Aux Etats-Unis, à la
différence des traditions européennes : lorsque le politique change, l’administration aussi
(au niveau élevé).
Il y a flux permanent entre le secteur privé et public. Il gri au président d’avoir dans
l’administration des fidèles : cadres dévoués.
La structure administration américaine est figée : il ne peut pas créer de nouvelles
administrations : cela revient au congrès.
Il est arrivé que le congrès mécontent de la politique du président bloque les crédits.

En matière de relation étrangère : ce rôle est le plus spectaculaire, et le plus perçu (intérieur
comme extérieur). C’est d’abord un chef de l’armée, et défenseur des intérêts américains
dans le monde.
Ce n’est pas une permanence : doctrine Monroe (isolationnisme américain, rompu avec
Pearl Arbor), même après la première guerre mondiale, cela pas signifié la fin de
l’isolationnisme, car le sénat ayant refusé de ratifier le traité de Versailles.
Le pouvoir du président est surtout militaire, mais masqué dans les résolutions de l’ONU.
Pouvoir du président c’est développé lors de la guerre au Vietnam (chose du président, sa
guerre). C’est à ce moment là que dans les années 70, le congrès qui s’inquiétait des
dérapages du Vietnam, a commencé à envisager de voter des lois pour limiter les pouvoirs
militaires du président.
Le 7 novembre 1973 : Loi power Act. Le président Nixon avait mis son veto et que le congrès
a surmonté : il faut un vote à la majorité des 1/5.

Il na pas d’initiative législative : ce n’est qu’un exécutant.

B. Le congrès

Le congrès est dévolu du pouvoir législatif fédéral : il est composé de deux chambres : le
sénat que représentent les Etats, et la chambre des représentants qui représente la nation
américaine. Aucune des deux chambres ne peut imposer une loi.
Le bicaméralisme est égalitaire.
Mais néanmoins, la particularité est que la chambre qui jouie de plus de compétences que
l’autre est le sénat (compétences propres, qui s’ajoute aux compétences communes
partagée avec la chambre des représentants).

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

1. la composition des congrès

 La chambre des représentants est composée depuis 1939 de 435 députés (peu, en
France 536).
Leur mandat est de deux ans, très bref. Impression d’élection permanente, mais aussi le
fait de devoir rendre compte en permanence aux électeurs de leurs actions.
La réélection des députés est relativement facile : ils ont une longévité parlementaire (très
nombreux mandats successif). Cela est lié à l’encadrement partisan. Ils sont élus au scrutin
uninominal à un tour. Les pressions diverses sont plus efficaces étant donné que les
élections sont très rapprochées.
Selon les Etats, il y a entre 1 et 48 députés.
C’est la chambre elle-même qui est le juge des élections. En cas de contestation, (plutôt
rare), ce n’est pas le juge, mais la chambre elle même, sans possibilité de saisir la cour
suprême.

Elle a fonctionnement régie sur un règlement intérieur : elle élie tous les 2 ans un président :
le speaker : il est en général désigné par le parti majoritaire.
Il peut être le véritable chef de l’opposition (en cas d’opposition). Elle maitrise son
organisation interne et ses méthodes de travail.
Il n’est pas question que le gouvernement intervienne dans le fonctionnement de la
chambre des représentants : il existe au sein de la chambre, une commission des
règlements : tous le processus législatif s’élabore, par la maitrise de l’ordre du jour.

=> Dans le processus législatif, l’égalité de la chambre des représentants avec le sénat. Le
président ne peut pas intervenir dans le domaine de la chambre des représentants. Pareil
pour les chambres : il faut que les deux chambres la vote.
La chambre des représentants ne peut intervenir dans le sénat. Cela signifie que s’il y une
majorité démocrate dans une et dans l’autre une majorité républicaine : il faudra négocier.
Prendre le risque du blocage et le surmonter : plus démocratique que de permettre une
chambre d’imposer son point de vue sur l’autre.

=> C’est à elle que revient l’élection du président au cas où il n’y a pas de majorité absolue.

=> C’est la chambre des représentants qui à l’initiative des ressources, mais le sénat peut
accepter ou refuser.

=> La chambre des représentants participe à la mise en œuvre de la responsabilité pénale du


président : l’impeachment : procédure de mise en cause pénale du président des EU qui
peut aboutir à la mise à pied du président.

 Le sénat
Depuis 1913, ils sont élus au suffrage universel : légitimité démocratique et lorsque c’était le
congrès d’un Etat qui désignait les 2 sénateurs : même bord politique. Désormais, il est
possible d’avoir un sénateur de chaque parti.

64
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il a le même pouvoir législatif, le même pouvoir d’auto organisation. Pour le président du
sénat : il n’est pas élu, c’est le vice président des Etats-Unis.

Le sénat devait être une sorte de conseiller du président (dans une conception originaire du
sénat). Le sénat va élire un vice président du sénat. Le sénat se dote d’un vice président, qui
est son véritable président. Il est entièrement libre.
Il a des prérogatives propres, supplémentaires et qui sont toutes en lien direct avec les
compétences présidentielles.
Le président des EU doit obtenir l’aval du sénat quant à la nomination de certains hauts
fonctionnaires.

Paragraphe 3 : Le fonctionnement du système politique américain

Modèle du système présidentiel caractérisé par le fait que le président n’est pas
responsable devant le pouvoir législatif.
C’est un système de séparation stricte des pouvoirs. Mais en réalité, on parle de poids et
contrepoids : système où les pouvoirs sont des contres pouvoirs les uns envers les autres.
Chaque pouvoir a les moyens d’empêcher l’autre d’abuser de son pouvoir. Il y a des
relations, interactions entre les pouvoirs.

Théoriquement, le président des EU et son administration n’ont aucun rôle actif dans le
pouvoir législatif.
Cela se traduit par le fait, qu’il n’a pas l’initiative des lois. Il existe des projets de lois, mais
ne sont jamais d’origine gouvernementale : soit un sénateur soit un député.

Le président n’intervient jamais dans le débat parlementaire : Il ne peut déposer


d’amendements.
A l’égard de la loi, le président des EU a comme compétence l’exécution des lois : la mettre
en application.

Dans le texte constitutionnel, on trouve 3 possibilités pour le président d’intervenir dans le


processus législatif, qui ont un impact sur le processus législatif :
 possibilité de convoquer le congrès, en cas de situation exceptionnelle (soit
légiférer sur ce que veut le président, ou refuser),

 le droit de message du président : discours de l’Etat de l’union, que prononce


chaque année le président : c’est un véritable programme législatif
Le président qui n’a aucun moyen de déposer un projet de loi, mais ce discours prend
pourtant cette forme. Le président qui n’a pas de pourvoir législatif, mais dans ce
discours il apparait comme le chef du législatif.
Si le président a une majorité au congrès, il est assuré de voir traduit en projet de lois
par les parlementaires qui sont issus de sa majorité. Le régime américain est un
parlementarisme de couloir : il n’est pas officiellement un régime parlementaire. Ce
régime favorise la négociation permanente.
 Moyen moins positif et moins actif : droit de veto.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
L’article 1 section 7 prévoit que quand une loi est votée dans les mêmes termes dans
les 2 chambres, il est transmis au président pour approbation sous 10 jours, mais
celui peut opposer un veto au texte.
C’est le droit de refuser d’approuver la loi qui vient d’être adoptée. Sans cette
approbation, la loi ne peut pas entrer en vigueur : pouvoir extrêmement important.
Le congrès détient en outre la possibilité de surmonter le veto : si le président
oppose son veto, le congrès peut par une vote à la majorité des 2/3 peut revoter le
texte : le président ne peut plus s’opposer au vote de la loi : système de poids et
contre poids : recherche par la négociation d’un point d’équilibre.

Aux EU, il existe aussi des cohabitations : aujourd’hui le congrès est à majorité démocrate, et
le président est républicain.
Le congrès veuille adopter des lois que le président refuse. Il n’a pas la possibilité d’amender
le texte, mais dans le jeu politique, lors de l’élaboration de la loi, le président peut faire
savoir.
Soit la loi peut être passée en force, soit peut être négociée.
Aujourd’hui le veto est utilisé de manière fréquente lorsque le gouvernement n’a pas de
majorité au congrès, ou lors de situations difficiles (crises, guerres).
Cette procédure est efficace, car lorsqu’un président n’a pas la majorité au congrès : il est
quand même relativement rare que l’opposition est une majorité des 2/3.
Mais il peut être surmonté lorsqu’il existe une vraie détermination : à la fin de la guerre du
Vietnam : le congrès voulait contrôler les pouvoirs du président : War Power Act.
En 1994, on avait en pratique on avait annoncé 2600 vetos et seulement 4% avaient été
surmontés.
On a un président qui n’a pas le pouvoir d’intervenir dans le processus législatif, mais a des
possibilités d’intervenir, notamment par le discours de l’Etat de l’union, ou le droit veto.

En face le congrès n’est pas totalement démuni : le congrès a des moyens d’actions :
 Le contrôle du sénat sur les nominations des hauts fonctionnaires, et sur les traités
internationaux : il existe de plus en plus d’accords qui n’ont pas la qualification de
traités internationaux, qui ne sont pas ratifiés par tel sénat.
Cette technique a donné lieu à une réaction du congrès en 1972 avec l’adoption
d’une loi qui tendait à contraindre le président...
La loi de 1972 Case Act avait pour objet de mieux contrôler ces accords, en
permettant au congrès de s’y opposer (mais portée limitée).
 Les commissions parlementaires (plus efficace).
Le congrès américain a une pratique de la commission parlementaire extrêmement
développée. Le congrès est entièrement libre de créer des commissions
parlementaires sur tous les sujets, qui disposent de pouvoirs d’investigations
extrêmement développé. Elles constituent une forme de substitut. Elles peuvent
provoquer la chute d’un conseiller d’Etat (depuis la commission Mac Artie).
 La procédure d’impeachment : procédure importée du parlementarisme
britannique.
Le président n’est pas responsable politiquement. Le congrès ne peut voter une
motion qui provoquerait la chute du président. Il s’agit s’une procédure pénale : T
spécial pour juger le président.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
L’idée est un peu toujours la même. Il bénéficie d’un privilège de juridiction, il ne
peut être jugé par les juridictions ordinaires.
Si le président se rend coupable d’un crime ou d’un délit : un procureur va
transmettre l’affaire à la chambre des représentants : c’est de l’ordre judiciaire,
mais qui est éminemment politique.
Le président fait l’objet d’une mise en cause par un procureur. La procédure n’est pas
réservée exclusivement au président : contre le vice président, mais aussi cintre des
hauts fonctionnaires fédéraux, dont des juges.
Elle peut être utilisée en cas de haute-trahison, de corruption, de crimes et délits
majeurs.
Elle se déroule en 2 phases : instruction menée par le procureur qui va porter la mise
en accusation devant le congrès. C’est la chambre des représentants qui va se
prononcer sur la mise en accusation.
Elle va voter la mise en accusation : charges et renvoi. C’est à ce stade, que le
président Nixon (Watergate) : commission du règlement avait mis à l’ordre du jour la
mise en accusation : provoqué la démission de Nixon.
Elle peut rejeter la mise en accusation.
Si elle vote le renvoi, c’est le sénat, qui a terme d’une procédure, va déterminer
d’une culpabilité à la majorité simple du président. Ils votent une première fois sur la
culpabilité.
Si le sénat valide cette mise en accusation, l’instruction reprend, et le sénat siège
comme une cour de justice. Elle est présidée par le président de la cour suprême. Le
sénat se prononce à un 2 ème vote à la majorité des 2/3 sur la peine qui va être
infligée.
Bill Clinton avait été reconnu coupable mais a échappé à la destitution. Il y a une
vingtaine de procédure et seulement 2 mises en accusation : Andrew Johnson et Bill
Clinton.

On a système politique qui repose sur le fait que le congrès vote la loi et que le président
le contrôle.

Paragraphe 4 : La cour suprême

Etrange d’évoquer un organe qui est au sommet de l’organisation judiciaire américaine.


Le rôle politique de la cour suprême est avéré.
Elle joue un rôle déterminant dans le contrôle de constitutionnalité, elle intervient
directement dans l’équilibre des pouvoirs institutionnels.
Elle opère les réglages du fédéralisme américain, et c’est elle qui donne un contenu, fixe
les limites des droits et libertés individuelles.
Ces D et L par leurs étendus sont autant de limitations au pouvoir politique. Il est évident
que l’organe qui a cette compétente joue un rôle politique. La cour suprême détient ces
deux leviers : réglage du fonctionnement du fédéralisme, et de gardien des libertés.
Le bilan de la cour doit s’apprécier depuis 200 ans (depuis 1803).
La cour suprême déploie cette activité avec dans les deux cas des phases d’activismes
(moment ou la CS va jouer un rôle influents sur l’évolution du système institutionnel).

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Sur le plan institutionnel : composée de 9 juges qui sont nommés à vie. Ils sont à l’abri de
toutes pressions car ils sont inamovibles.
Ils ont la possibilité de se retirer à 70 ans. Ils sont nommés par le président des EU : c’est un
choix capital. Ce sont des magistrats qui ne sont pas des inconnus : positions politiques
connus.
Ce sont de très grands juristes. Ils jugent à la majorité, mais les juges qui ont votés contre
peuvent le faire savoir : opinion dissidente, annexée au jugement. Décision transparente :
démocratie.

90% de son travail est d’être une « cour de cassation ».


Mais aussi compétence politique : auto attribuée le contrôle de constitutionnalité. Elle est le
gardien de la constitution.
Le rôle en matière constitutionnelle dépend de la façon dont les institutions exercent leurs
propres compétences. Si le système fonctionne normalement : politique de self restreint.
Elle a accompagné le développement des compétences fédérales.
Elle a des phases plus ou moins actives : années 70 : droits civiques (avortement, véritable
égalité entre blancs et noirs dans les Etats du Sud. Discrimination positive : favoriser les
minorités).

SECTION 2 : LES REGIMES PARLEMENTAIRES

Il correspond à une forme de gouvernement démocratique qui est fondé sur la


responsabilité du législatif à l’égard de l’exécutif.
Il ne résulte pas de l’application d’un schéma institutionnel théorique : c’est l’expérience
historique (GB) qui a progressivement permit de dégager un système qui à la base n’était
pas démocratique, un régime parlementaire.

Le parlementarisme c’est installé en France sous la monarchie. Modèle démocratique est un


type de régime qui fondamentalement et structurellement marqué par la monarchie.
Ce schéma institutionnel a du mal à décrire la réalité institutionnelle. C’est la transposition
d’une structure institutionnelle monarchique.
Il y a la révolution française : affirmation de la souveraineté du peuple. Ce n’est pas une
période de parlementarisme (reviendra avec la monarchie).
L’étude du régime parlementaire passe par l’étude du régime GB.

Paragraphe 1 : la naissance du parlementarisme  : instauration et évolution du régime de la


GB

La GB est la matrice du régime parlementaire. Il va se dérouler un processus qui va se


prononcer par l’abaissement du pouvoir du Roi, au profit d’un organe typiquement
monarchique : le parlement.
Au XVIIIème : phase de démocratisation, glisser vers un principe de légitimité.

A. L’instauration du système institutionnel du régime parlementaire

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

L’abaissement de la prérogative et la récupération de la substance de pouvoir est


progressivement récupéré au Roi par le parlement.
Au XIIIème siècle : la magna carta : la grande charte qui date de 1215, autant historiquement
que dans l’imaginaire est considéré comme la première concession du Roi, a des forces qui
de ce fait obtiennent tout une série de privilèges qui son toute une série de limitation à la
prérogative royale.
Elle est soutirée par les Barons anglais : Prince Jean, frère de Richard Cœur de Lion, qui sera
fait prisonnier, au moment des croisades. Il a fait des concessions pour asseoir son pouvoir.
C’est en direction de certaines catégories de personnes : il accorde des franchises et des
privilèges.
Il constitue une concession par le Roi, parce qu’en accordant de telles franchises, il limite
son pouvoir absolu. On a un processus plus institutionnalisé.
Le Roi était entouré de 2 conseils : grand conseil et un conseil ordinaire.
C’est ce conseil qui va prendre au XIV ème siècle le nom de parlement : nobles, clergé, et de
bourgeois.
Le Roi d’Angleterre prenait l’habitude de demander conseil au parlement, qui siégeait d’un
coté les bourgeois l’autre les noble : prémisse du bicaméralisme.
Au XVIIème siècle : siècle des révolutions anglaises : 2 principales.
C’est un conflit entre les Rois (Jacques 1er et Charles 1er) et le parlement.

Charles Ier a été contraint à convoquer le parlement et le conflit a été si violent, qu’il a mis en
accusation du Roi (Impeachment), au final un jugement et une exécution.
A ce moment, la fonction royale a été suspendue. Cromwell devient le chef de l’Etat, il
gouverne avec le parlement.
A la mort de Cromwell, le général Monk rappelle sur le trône l’héritier Charles II.
Rétablissement de la monarchie, qui entre en conflit avec le parlement qui avait pris des
libertés.
La restauration de la prérogative royale provoque un nouveau conflit : fin XVIIIème siècle :
glorieuse révolution.
Le Roi échappera à la mise à mort, et le parlement va opérer un changement dynastique  :
la famille des Hanovre qui monte sur le trône : Guillaume d’Orange.
Le parlement va lui proposer de monter sur le trône, à la condition qu’il reconnaisse les
droits du parlement : il se choisi un roi, qui une fois sur le trône ne remette pas en cause le
pouvoir du parlement.
=> Augmentation du pouvoir du parlement au détriment de la prérogative royale.

On arrive au début XVIIIème siècle à un modèle de monarchie parlementaire, où le Roi ne


jouit pas d’un pouvoir absolu mais gouverne avec l’assentiment, l’accord le soutien du
parlement. On a un modèle, une structure institutionnelle pas démocratique. Mécanique de
limitation du pouvoir, du parlement par le Roi et du Roi par le parlement.

L’évolution de ce modèle va être concomitante avec la phase de démocratisation du régime :


du XVIIème au XVIIIème siècle : mise en place du système institutionnel
A partir du XIXème siècle : le système se démocratique

69
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Différentes réformes qui vont avoir pour objet d’étendre le droit de suffrage. Dans la
chambre des communes dont l’assisse électorale sera élargie : véritables députés
représentent le peuple GB.
Les 2 chambres étaient à égalité. La chambre des lords avait un pouvoir out aussi important
que la chambre des communes.
Schéma de régime parlementaire, mais qui s’inscrivait dans un modèle monarchique très
prenant.
A partir de la 2ème GM, c’est le phénomène de l’abaissement du rôle de la chambre des lords.
Ce qui a participé à l’abaissement complet, c’est la diminution progressive des prérogatives
de la chambre des lords.
Le statut des compétences sous Tony Blair : contribuer à faire disparaitre tout rôle politique
à la chambre des lords.
C’est mis en place ce modèle particulier du parlementarisme : retrouve dans tous les
régimes parlementaires.

Paragraphe 2 : La structure institutionnelle du parlementarisme

Elle repose sur 3 organes :


 un parlement qui incarne le pouvoir législatif
 un chef d’Etat et un cabinet (gouvernement) incarnent l’exécutif.

A. Le parlement

C’est l’élément indispensable du parlementarisme : élément démocratique.


Dans un régime parlementaire véritable, seul en effet, le parlement est élu au SU (hors
France). Le chef de l’Etat n’est pas élu au SU : conséquence directe de l’origine monarchique
du parlementarisme.
Le chef de l’Etat est soit un Roi, soit un président de la république : c’est une sorte de
transposition de la figure monarchique du Roi dans un régime républicain.
Le président n’est rien d’autre qu’un monarque républicain. Le parlement est donc l’organe
principal du régime parlementaire : légitimé par le SU : organe principal.
Il est très souvent bicaméral. Ce bicaméralisme est lié au fait que le parlementarisme soit né
dans les monarchies.
Dans les Etats qui ont abandonnés le modèle parlementaire : bicaméralisme peut évoquer
d’autres justifications : organisation territoriale, bicaméralisme traduit la structure.
Dans une moindre mesure, c’est le même schéma largement atténué qu’on retrouve avec le
bicaméralisme français. Le sénat ne représente pas les régions : mais représentent les
collectivités territoriales.
En Irlande, la 2nd chambre est composée des forces socio économique.

Très souvent le mode d’élection de la 2nd chambre n’est pas le SU : mécanismes qui sont le
plus souvent indirects : extrêmement différents selon les pays.
Il est souvent inégalitaire (GB, 2ème chambre à presque disparu). Il est inégalitaire, parce que
dans le parlement bicaméral, seule la chambre qui représente le peuple élu au SU peut
mettre en œuvre la responsabilité du gouvernement.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le parlement peut voter une motion de défiance à l’égard du gouvernement, et
éventuellement pouvoir faire renvoyer le gouvernement. Ce pouvoir qui est considéré
comme l’indice du régime parlementaire est réservé à la chambre élue au SU, sauf dans un
pays en Europe : l’Italie (Sénat peut aussi voter la défiance).

Le rôle du parlement dans un régime parlementaire est double : voter la loi, mais à la
différence du régime présidentiel, la compétence de faire loi est souvent partagée avec
l’exécutif (dans la plupart des régimes parlementaire, le chef de l’Etat a un pouvoir
d’initiative législatif et peut faire des propositions d’amendements, et compétence de
contrôle qui peut aller jusqu’au renvoi du gouvernement.

B. l’exécutif

La particularité de l’exécutif parlementaire : bicéphale.


Dans le régime présidentiel, on ne peut pas parler du président et de son gouvernement. Il
ne forme pas un gouvernement au sens collégial. C’est le président aux EU qui assure la
fonction de l’exécutif, il n’y a pas de premier ministre.

Dans le contexte monarchique de l’évolution constitutionnel GB, il y a l’instauration d’un


pouvoir du parlement au détriment de ceux du Roi, sauf en période de révolution
(exceptionnelle), la personne du roi et le principe de la monarchie veut que cette personnes
du rois soit inviolable : il n’est pas possible de renvoyer le Roi : pas de responsabilité
politique du Roi.
C’est le principe fondamental de l’irresponsabilité politique du chef de l’Etat. La
contrepartie est que le Roi ne peut plus l’exercer réellement. C’est la raison pour laquelle,
d’une part le chef de l’Etat et d’autre part le parlement, va émerger un nouvel organe : le
cabinet ministériel, à sa tête un chef du gouvernement, qui va endosser la responsabilité
politique des ministres.

On a un chef de l’Etat dénué de toutes compétences exécutives : « notaire de la


république ». On a un gouvernement et un chef du gouvernement qui va assumer dans le
cadre de la relation de la responsabilité la politique gouvernementale.
=> Chef de l’état sans véritable pouvoir et intouchable et un gouvernement qui assume la
responsabilité politique.

Paragraphe 3 : Le fonctionnement du régime parlementaire

Il est caractérisé par la collaboration du pouvoir exécutif et législatif dans l’exercice du


pouvoir de l’Etat : véritable rôle du gouvernement, c’est lui qui prend l’initiative politique,
mais sous le contrôle du parlement.
Dans un régime parlementaire, il est nécessaire que le gouvernement bénéficie d’une
indépendance.
Elle s’est progressivement traduite par un déséquilibre du pouvoir au profit de l’exécutif et
au détriment.
C’est un système de séparation des pouvoirs souple.

71
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette collaboration se manifeste par le fait que le gouvernement conduit la politique de la
nation sous le contrôle du parlement.

Dans les régimes parlementaires contemporains, l’exécutif bénéfice d’une indépendance


dans la politique de la nation.
Il est évident aujourd’hui que la relation entre l’exécutif et législatif n’est plus de même
nature que dans le régime traditionnel. Ce qui a caractérisé cette relation, c’est une sorte de
méfiance entre les deux pouvoirs, à l’origine.
Ces deux pouvoirs incarnaient deux types de pouvoirs différents : tensions entre les 2.
C’est ce qui va expliquer l’apparition de mécanismes considérés comme les caractéristiques
mêmes du régime : motion de censure et possibilité de dissoudre une chambre du
parlement : on parle d’armes réciproques : tant le parlement, que le pouvoir exécutif
dispose d’un moyen de pression sur l’autre organe.
Tous les mécanismes qui ont étés remis en causes, comme statut d’inviolabilité des
parlementaires, trouvent leur origine dans ce régime parlementaire historique. Le statut très
protecteur des parlementaires afin de les protéger des poursuites diligentées par les
procureurs. Le gouvernement pouvait actionner les procureurs.
Ces pratiques sont anti démocratiques.
Ce mécanisme d’influence est présenté comme la marque du régime parlementaire.
Cela est directement lié au fait que désormais, dans la plupart des régimes parlementaires
un seul principe de légitimité : principe démocratique.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’oppositions entre les deux principes de légitimité. On est dans un
système où en réalité le gouvernement émane de la majorité parlementaire : le
gouvernement est soutenu par la majorité. Le sort des deux est lié.
La réussite du gouvernement sera celle de la majorité parlementaire (et vice et versa).

Dans les démocraties parlementaires contemporaines, cela a conduit à un glissement


progressif des pouvoir au profit de l’exécutif.
Le parlement n’est plus le lieu du débat politique : le gouvernement a pris l’ascendant sur le
parlement.

A. La prépondérance de l’exécutif

Dans l’histoire institutionnelle française, le parlement était très puissant, ce qui entrainait
une instabilité gouvernementale. Très souvent le parlement renvoyait le gouvernement.
Pendant, la première guerre mondiale, il a été nécessaire de confier au gouvernement des
pouvoirs plus importants : conférer une certaine stabilité. Des habitudes ont ainsi étés prises
après la première guerre mondiale.

Après la deuxième guerre mondiale, un mouvement se généralise dans la plupart des


régimes parlementaires (GB, Espagne, France).
La seule exception est la république Italienne, car la volonté de rupture avec le régime
autoritaire de Mussolini avait conduit les constituants à adopter une constitution qui
consacre le principe de la suprématie du parlement.

72
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La crise actuelle en Italie est intéressante : Prodi avait la majorité à l’AN, et a subi un vote de
défiance au sénat. C’est incongru, car cela signifie que les deux chambres peuvent mettre
en cause la responsabilité ministérielle du Gouvernement, alors que dans tous les autres
régimes, une seule peut adopter une motion de censure.
Lorsque les deux peuvent le faire : multiplié par 2 le risque d’instabilité ministérielle.
La prépondérance de l’exécutif est aujourd’hui réelle.

Raisons du renforcement des pouvoirs de l’exécutif :


 distinguer la GB et les autres pays européens : pays continentaux, le renforcement
est lié à la préoccupation d’éviter l’instabilité ministérielle, qui a été considérée à
raison, comme l’une des causes principales à la montée des régimes totalitaires en
Europe.
L’instabilité ministérielle extrême a provoqué un rejet dans le peuple et dans
l’opinion publique, du régime parlementaire : difficultés économiques et sociales très
fortes. Les peuples européens ont eu l’impression que les parlementaires étaient
incapables ou ne s’occupaient pas de leurs problèmes.

Après la deuxième guerre mondiale, les constitutions des pays européens ont prévus
toute une série de mécanismes de rationalisation du pouvoir. Il s’agissait, tout en
préservant le parlementarisme, qu’il ne dérive, dégénère, afin d’éviter les situations
d’instabilité ministérielles permanentes.
 Après la deuxième guerre mondiale, dans la plupart des pays européens, il fallait
mettre en place une politique de la reconstruction, qui nécessitait une mobilisation
des moyens de l’Etat. (étatisation de l’économie).
Système technocratique : problèmes économiques, sociaux internationaux sont
devenus plus complexes à gérer. Le parlementaire ne devrait pas être une profession
du gouvernement.
C’est le gouvernement qui dispose en la personne de l’administration, qui détient la
technocratie, et des moyens d’agir. La société est devenue plus complexe et pour
pouvoir légiférer il faut disposer de moyens humains techniques et permanent : rôle
du gouvernement. Le rôle du parlement va se modifier : c’est ce qui conduit dans
tous les pays, en réalité tous les projets de lois sont rédigés par le gouvernement.
 Construction de l’UE, à partir des années 50, le grand mouvement de construction
de l’Europe a favorisé l’exécutif. Il y a double mouvement. Ce sont les
gouvernements qui ont construit l’Europe et qui produisent la législation
européenne.

Le chef de l’Etat est plutôt relégué à un rôle totalement effacé, ce sont les chefs de
gouvernement qui sont les organes principaux.
Ce sont les chefs de gouvernement qui exercent un ascendant sur le gouvernement : dans
tous ces pays, le chef du gouvernement est le chef de la majorité parlementaire : en
Allemagne, en GB, en Espagne, le chef de l’Etat va choisir le chef du gouvernement, mais
après les élections législatives (pas de choix en réalité) : celui du parti qui a remporté les
élections.

73
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est lui qui bénéficie de la légitimité démocratique, en tant qu’il est le chef de la majorité
parlementaire.

Comment imaginer que ce schéma décrit comme un schéma d’équilibre de la terreur :


faussé par le fait que le chef du gouvernement est en réalité le chef de la majorité
parlementaire.
Il faut relier ça à une autre évolution, plus politique dans les systèmes parlementaires :
tendance très forte au bipartisme, dans la plupart des régimes parlementaires. Il y a deux
grands partis qui dominent la vie politique.
Ce système parlementaire ne va pas fonctionner, et le risque de motion de censure va être
éradiqué dès lors qu’on est plus devant une majorité composite, de coalition.
Dans la plupart des pays européens, un parti a la majorité. Il gouverne seul.

Modification en profondeur de la relation parlement gouvernement, dans les régimes


parlementaires contemporains : relation de collaboration caractérisée par la
prépondérance de l’exécutif, qui trouve une traduction institutionnelle forte : chef du
gouvernement est en même temps le chef de la majorité parlementaire.

B. la place du parlement

Le régime parlementaire repose sur le principe de confiance entre le parlement et le


gouvernement.
Cette relation peut débuter, dans certains pays, par une procédure d’investiture du
gouvernement, ou de l’exécutif. Une fois les élections législatives passées, le chef de l’Etat
choisira un chef de gouvernement, qui se présentera devant le parlement : le plus souvent
devant sa propre majorité, et va demander un vote de confiance.
Il va faire un discours et sollicitera le parlement à un vote ce confiance, un vote
d’investiture. Ce vote peut être personnel : le chef du gouvernement allemand se présente
seul. D’autres Etats européens prévoient une investiture collégiale.

Dans de nombreux pays, cette investiture n’est pas nécessaire : pays nordiques, GB, France.
Théoriquement, une fois le vote effectué, la confiance est présumée. Le parlement est
principalement dans une activité de contrôle. Il peut passer par les voix traditionnelles :
motion de censure, mais aussi par le refus d’un vote d’une loi (si le parlement ne vote pas
une, peut être interprété comme une défiance du parlement).

Elle peut s’effectuer de 2 façons :


 à l’initiative du parlement : lorsqu’une partie des députés n’a plus confiance : vote
d’une motion de censure.
 Mais il est aussi prévu, qui permet au gouvernement de tester sa confiance, en
posant une question de confiance.

74
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ce n’est plus le parlement qui votera une motion, c’est le gouvernement qui va la
susciter.

La motion de censure est présentée comme le mécanisme par excellence du régime


parlementaire : remise en cause du gouvernement.
La motion de censure vise en réalité la politique gouvernementale. Lorsqu’elle est adoptée,
la signification est l’obligation juridique pour le gouvernement de se démettre. Ce qui
implique, qu’il est nécessaire de reformer un gouvernement.
C’est ici, que dans l’entre deux guerres, de nombreux régimes parlementaires, étaient en
permanence dans un système d’instabilité ministérielle : abus de l’utilisation de la motion de
censure. Les gouvernements se succédaient à un rythme élevé : moyenne de vie d’un
gouvernement de quelques semaines.

2 effets négatifs à l’instabilité ministérielle


 effet historique : montée des régimes autoritaires
 inefficacité gouvernementale.

D’où la nécessité de mettre au point des mécanismes de rationalisation des motions de


censures : vise à éviter que les gouvernements ne soient trop souvent contraints à la
démission. Cette procédure est rendue plus au moins compliquée.
Cette responsabilité ne peut être mise en œuvre que devant la chambre des députés :
chambre élue a SU.
Le plus souvent il existe des mécanismes, conditions procédurales pour éviter qu’elle ne soit
trop aisément utilisée : prise par un minimum de députés (1/10 en France).
Il est aussi prévu un délai entre le dépôt et le vote (sous la IIIème république, un débat
parlementaire dérape et souvent un député propose la motion). Ce délai a pour objectif de
permettre au gouvernement de compter ses forces : conserver une majorité, de permettre
au gouvernement de se défendre.
La motion de censure exige une majorité qualifiée, voire absolue des membres (si 500
députés majorité absolue 250 plus 1, même s’il n’est présent que 400 députés).
Certains Etats (Allemagne, Espagne, Norvège) ont introduit un mécanisme plus raffiné : le
mécanisme de motion de censure constructive.
C’est de faire en sorte que non seulement se trouve une majorité en faveur de la démission,
mais qu’existe déjà une majorité prête à gouverner.
Constat simple : facile de trouver une majorité qui est contre le gouvernement, mais cette
majorité n’en serait pas elle-même capable de gouverner ensemble.
C’est contraindre ceux qui veulent de provoquer la chute du gouvernement, de constituer
une majorité de soutien à un nouveau gouvernement. Cette motion de censure est un acte
à double portée.
Si elle adoptée, aboutit la chute du gouvernement, mais dans la motion de censure, est
investit le nouveau chef du gouvernement.
=> Mécanisme extrêmement protecteur du gouvernement en place.

A la fois, ces mécanismes de rationalisation, mais aussi cette donnée politique essentielle
(bipolarisation). La motion de censure considérée comme le critère de moins en moins mis
en œuvre, mène de moins en moins à la démission du gouvernement.

75
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

On ne peut relever que 3 véritables motions de censures : une en GB : Thatcher, une autre
en Allemagne : Kohl, et en France en 1962 (Guerre d’Algérie). Hormis ces exceptions, aucune
motion de censure n’a abouti en Europe.

En France, ce qui manifeste cette nouvelle dimension de la relation est de pouvoir poser une
question de confiance : possibilité pour le gouvernement lui-même de tester sa majorité,
apparait comme un véritable moyen de pression du gouvernement, que comme un moyen
de contrôle.
C’est la possibilité au gouvernement de mettre sa majorité au pied du mur. Les députés ont
peu d’alternatives : le chef du gouvernement  va demander par avance leur accord, dans un
discours. Ils ne pourront plus faire de reproches s’ils acceptent la question.
En France le gouvernement bénéficie d’un moyen de pression énorme : art 42-3 de la
constitution.
Cette tendance s’accentue encore avec la dissolution : si la motion de censure comme mode
de contrôle tente un peu à disparaître du jeu institutionnel, la dissolution, qui est la
possibilité de renvoyer la chambre élue au SU et de provoquer des élections anticipées.
Elle est utilisée plus fréquemment que la motion de censure. (Mac Mahon en 1872)
Elle a toujours été mal perçue : le chef de l’Etat renvoie la république du peuple. Elle est
utilisée aujourd’hui régulièrement dans les régimes parlementaires : chargée de signification
dans une nouvelle considération du régime parlementaire.
Ce n’est pas le chef du gouvernement qui dissous, c’est le chef de l’Etat.
Pourquoi : Relation issue de la structure triangulaire du parlementarisme : chef du
gouvernement, parlement et chef de l’Etat (plutôt un rôle arbitral).
Le chef de l’Etat a un rôle d’arbitre : s’il constate un disfonctionnement entre le
gouvernement et parlement, si confiance qui doit normalement empreindre ces relations est
rompue, et qu’il n’existe pas de moyens pour la restaurer (pas de solution durable). Il va
donc dissoudre l’AN, pour faire trancher le peuple, et va nommer un nouveau chef de
gouvernement.
La dissolution est originairement, un mécanisme de régulation qui permet d’éviter els
disfonctionnement.
En réalité, dès lors que la configuration c’est modifiée : chef du gouvernement est le chef de
la majorité parlementaire : moyen de management de sa majorité : ex GB et dissolution
ratée de Chirac.
Le chef du gouvernement maitrise le temps politique. Les gouvernements passent par des
phases positives (confiance) et phases de dépression (moins populaire).

Ce temps politique et le temps institutionnel n’est pas toujours en phase : moyen de le


mettre en phase. Le chef du gouvernement va dissoudre de façon purement stratégique afin
de bénéficier d’une nouvelle majorité si possible favorable et renforcée.
Par contre, quand le gouvernement sens qu’il n’est pas populaire, il vaut mieux l’éviter :
Chirac. La dissolution devient un moyen supplémentaire dans la panoplie du chef du
gouvernement.
Au final, le régime parlementaire : mode de fonctionnement contemporain a beaucoup
évolué. Le point de tension qui existe dans le système démocratique est moins dans la

76
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
relation du pouvoir du gouvernement que dans la Relation entre la majorité et l’opposition,
voire entre l’opposition.

PARTIE 2 : HISTOIRE CONSTITUTIONNELLE : LE MODÈLE RÉPUBLICAIN

CHAPITRE 1 : LES IIIème ET IVème RÉPUBLIQUES

77
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

SECTION 1 : IIIème REPUBLIQUE

=> Apogée du parlementarisme, où le parlement était l’organe le plus important. Cette


espèce d’hégémonie s’était le fait qu’il a renvoyé un maximum de gouvernements.
En fait, cette instabilité n’était pas en réalité le comble de l’impuissance à trouver des
majorités parlementaires.
La particularité de la naissance de la IIIème république : période de 5 années : situation
inédite.
=> En réalité, en 1870, les constituants n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur cette
forme de gouvernement.

Contexte historique : après Sedan, fin du second empire, chute de Napoléon III. Dans un
contexte d’occupation de la France par les Prussiens. Fin 1870, des députés républicains,
avaient quittés paris et formé un gouvernement de défense nationale (Arago, Jules Ferry,
Gambetta...).
Après la capitulation de Paris, au mois de janvier 1871 a été prévu un armistice, ayant pour
principal but d’organiser des élections, de convoquer une assemblée, qui avait normalement
pour objet de se prononcer sur la poursuite de la guerre.
A priori, il n’était pas question de faire de cette assemblée une ANC : question principale :
poursuite de la guerre. Guerriers : républicains, pacifistes : monarchiques.
Les élections ont été gagnées par les monarchistes (pour la paix).
Dans cette assemblée, on ne trouve 225 nobles (près de la moitié).
C’est une assemblée conservatrice et monarchiste, et dont il parait certain qu’elle aura à
cœur de rétablir la monarchie en France.

Cette assemblée progressivement va adopter les lois constitutionnelles de 1875 : lois qui
établissement une république.
Première question : légitimité pour rétablir un nouveau régime politique en France. Résolue
par l’assemblée elle même : elle s’est autoproclamée.
Elle prend en charge le gouvernement de la France, mais aussi statue sur les futurs
institutions de la France : période est ambigüe.
Paradoxe : assemblée va désigner un chef du pouvoir exécutif et va le nommer chef de
l’exécutif de la République française : Adolphe Thiers, qui est sous l’autorité de l’assemblée.
Il est le mandataire : relation de subordination de l’exécutif à l’assemblée.
Thiers est une personne brillante et qui a une intelligence politique forte : il va être celui qui
va s’imposer aussi comme l’homme providentiel. La France est toujours occupée par les
prussiens. L’assemblée n’a pas précisé ses pouvoirs. Même s’il est révocable il finit par avoir
un pouvoir autoritaire. Il a un ascendant, une véritable envergure politique : ce qui va faire
de lui un véritable interlocuteur privilégié avec Bismarck.
L’assemblée est subjuguée par lui et obligée de lui suivre, sans possibilité d’imposer ses
décisions.
Il n’est pas président, chef du gouvernement, mais le schéma institutionnel est classique :
chef de l’exécutif qui dirige sous le contrôle de l’AN.

78
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il assoie son autorité au moment du soulèvement de la commune en 1871, il va chargera de
la répression contre les insurgés.
Thiers est républicain, va donner une image de la république : image d’ordre.
L’image de la république n’est pas des plus glorieuses, il ne va donner une image d’une
forme de gouvernements qui peut se montrer impitoyable avec des insurrections : gagne sur
les deux fronts.
Cette période abouti à une personnalisation assez forte du pouvoir autour de Thiers :
république par sa famille politique, mais extrêmement conservateur.

Pendant cette période, l’idée républicaine va s’acclimater à la fois plus par dépit à l’AN, et
dans le pays : on a un pays qui a voté très largement monarchistes, mais prendre conscience
que le calme peut régner par la républicaine.
Le non rétablissement de la monarchie est lié à l’attitude de leur leader.
Elle est liée à une « querelle de drapeau » : l’héritier du trône, le comte de Chambord
refusait de revenir sur le trône avec le drapeau tricolore.
Le parti monarchique n’en faisait pas une question de principe. Il était impossible de rétablir
la monarchie.
S’ouvre une période transitoire et provisoire. L’AN va éprouver les besoins des pouvoirs des
Thiers, et va vouloir officialiser une forme de responsabilité de Thiers à son égard, en
instaurant une responsabilité ministérielle : loi du 31 aout 1891, loi Rivet.
=> Cette loi ancre un point important du futur régime : le parlementarisme.

L’AN comprend qu’elle ne peur pas grand chose contre Thiers, mais qui comprend qu’il
utilise le pouvoir à son détriment, va le nommer président de la république.
En nommant Thiers président, l’AN entrait dans un schéma de régime parlementaire :
moyen d’abaisser les pouvoirs de Thiers.
L’idée de l’AN est de créer une responsabilité gouvernementale et le nommer président et
ainsi le courcircuiter.
Elle est appuyée par les républicains et par les monarchistes => préfiguration du futur
régime : remplacer par la suite le président par un Roi.

On prévoit donc cette nouvelle fonction avec cette différence notable que le président est
lui-même placé sous la responsabilité de l’AN, avec les fonctions traditionnelles d’une chef
de l’Etat. Il nomme et révoque les ministres, même si ceux-ci sont responsables devant l’AN.

Ce plan institutionnel existe, mais dans les faits Thiers dominera toujours l’AN.
L’objectif de l’AN est d’affaiblir Thiers, jusqu'à même le renvoyer. Ce qui faisait que Thiers
tenait était la situation politique ; il était l’homme providentiel.
Mais en 1893, la situation en France s’est améliorée : l’AN n’aura plus de scrupules à
l’éliminer politiquement.
Le 13 mars 1873, loi de Broglie, qui vise à limiter les prérogatives du président de la
République, en prévoyant l’interdiction au président d’intervenir à l’AN.
Cette loi prévoit qu’il ne pourra plus s’adresser que par message à l’assemblée, qui ne
donnera pas lieu à débat, et une fois lue, la séance sera levée.
La loi prévoit une véritable responsabilité des ministres, directement devant l’AN, qui pourra
voter une motion de censure contre le gouvernement.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le territoire est français est vidé, le 15 mars 1873.
Plus sûre d’elle, le 24 mai 1873, à la suite à une interpellation qui donne lieu à un vote de
l’AN, Adolphe Thiers est évincé. L’AN élit alors un nouveau président de la république, qui
est un monarchiste convaincu, le général Mac Mahon.

Le 28 novembre 1873 est adopté une loi importante et paradoxale, qui pérennise la
fonction de président : septennat et suppression de la responsabilité du président : durée à
la fonction présidentielle : logique où un président va être élu.

De plus, est crée une commission qui aura pour objet de réfléchir aux nouvelles institutions
de la France.
Elle mettra 2 ans à établir des lois constitutionnelles de 1875.
=> compromis constitutionnel : majorité de cette chambre est monarchique et va adopter
une constitution, avec des lois constitutionnelles républicaines : instauration d’une
république.
Adoption de lois préparatoires, amendements :
 le 28 janvier 1875 : Laboulaye: embryon de la future constitution gouvernement de
la république se compose de 2 chambres et un président, repoussé par les
monarchistes (trop pro république),
 le 30 janvier 1875 : Wallon : on ne fait pas référence à la république mais au
président élu à la majorité des suffrages par les députés en AN.
On adopte le principe du bicaméralisme.
Cet amendement, une fois adopté, le principe républicain est admis, les monarchistes
vont accepter les lois constitutionnelles, parce que dans leur conscience, ils pensent
toujours que le moment venu, il sera facile se subvertir ce régime république, en un
régime monarchiste : loi sur l’organisation des pouvoirs public (425 : 184) et 16 juillet
1876 : rapport entre les pouvoirs publics.
Ce qui est important, c’est cet aspect de compromis : lois organiques (une décrit les
organes de la république, et la 2ème les rapports).
- Le 7 juillet 1875 : loi qui établie les relations entre les organes du pouvoir. On décrit
leurs institutions et leur organisation.

Dans la constitution de la IIIème République, il n’y a pas de déclaration de droits.


C’est une constitution à minima, elle le fruit d’un compromis entre monarchistes et
républicains, qui sentent leurs forces, s’imposent sur la scène politique.
Les monarchistes espèrent toujours rétablir la monarchie.
Il s’installe dans le provisoire, mais qui va durer jusqu'à la deuxième guerre mondiale. C’est
le régime le plus long, en France.

Le compromis constitutionnel abouti a un texte de monarchie parlementaire, où à la place


du Roi, on trouve un président de la République.
C’est la réaffirmation, dans la constitution, du parlementarisme (authentification).

Cette incertitude du régime politique : une constitution c’est une décision qui est prise par
un peuple sur la forme de gouvernement.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette constitution a toujours eu beaucoup d’intérêt pour les constitutionnalistes : c’est une
non décision.
Elle laisse la question la plus fondamentale, celle de la nature du régime, ouverte (au bout
de 5 ans). Monarchie parlementaire habillée en république.

L’article 8 de la constitution du 25/02/1875, relatif à la révision constitutionnelle : il ne


donne pas de signification particulière.
Il est le lieu où l’on va concentrer les principes structurants.
Dans la constitution française de 1958, on trouve cette limite dans la forme du
gouvernement.
Normalement, le pouvoir de révision ne peut pas changer la forme du gouvernement.
Cette décision existentielle étant réservée au pouvoir constituant originaire.
Dans la IIIème république, il n’y a pas de décision sur la forme de gouvernement, et la
procédure de révision va permettre de la modifier. L’exercice du pouvoir constituant n’a
pas décidé de ce que devait la forme du gouvernement.
La procédure de révision de l’article 8 est une procédure des plus simples à utiliser.
En 1875, l’article 8 prévoyait simplement que les dispositions portant révision des lois
constitutionnelles en tout ou partie devaient être prises à la majorité absolue des membres
composant l’AN. L’AN c’est la réunion de la chambre des députés et le sénat sous la IIIème
République. Une fois la constitution entre en vigueur on rétablit le bicaméralisme.
L’article 8 prévoit la possibilité de tout réviser : aucunes limites au pouvoir de révision.
C’est l’hypothèse de la révision totale.
Par le jeu de la révision qui peut être adoptée à une simple majorité absolue, sans qu’il ne
soit nécessaire de rassembler une ANC. Il suffira que ce réunisse l’AN, qui à la majorité
absolue, pour modifier la nature. Ce sont les monarchistes qui ont insisté sur l’idée qu’il
fallait laisser une porte ouverte sur la monarchie.
Cette période d’installation, on va avoir une seconde période : cette fameuse décision sur la
nature du régime va se cristalliser, et qui va se traduire par la victoire des républicains.

Paragraphe 2 : l’affirmation de la république

Va se dérouler le jeu politique traditionnel.


 Période de 9 ans où le paysage politique va radicalement se modifier, et va permettre
l’affirmation par les républicains de la forme définitive du gouvernement.
Cette affirmation va se faire dans un contexte de crise : d’un coté attentes fortes des
monarchistes, qui ont un homme dans la place (Mac Mahon) et des républicains, qui vont
aller de victoire électorales en victoires. Le peuple qui avait été très largement monarchistes,
vont devenir de plus en plus républicains.
La républicanisation du régime en deux temps :
 crise du 16 mai 1877
 victoire totale des républicains, révision constitutionnelle 14 aout 188

A. la crise du 16 mai 1877

Le sénat dispose d’une majorité monarchiste, et la chambre des députés est tout juste
majoritairement monarchiste.

81
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Mac Mahon doit composer avec cette chambre de plus en plus républicaine, et déjà très
versatile, avec un chef du gouvernement, un président du conseil : Jules Simon qui est
républicain.
Cette crise a été symboliquement appréhendée par les républicains, comme le moment de
la victoire de la république sur la monarchie.
On a un schéma orléaniste, dérivé de la monarchie parlementaire.
Le président du conseil est responsable de sa politique devant les chambres, mais aussi
devant le chef de l’Etat. C’est la conception dualiste.

Mac Mahon va adresser une lettre au président du conseil, où il va se démarquer de sa


politique. Jules Simon va démissionner, il considéra qu’il est aussi responsable devant le
président.
Mac Mahon désigne un nouveau président du conseil : Albert de Broglie de Breuil, qui lui
est plus favorable.
Mais la chambre des députés considérera que la démission de Jules Simon est un coup de
force du président. Seule la chambre peut démettre un président du conseil.
Le 21 juin 1876 : la chambre des députés refusera de voter la confiance au ministère de
Broglie de Breuil.
La crise va se nouer, puisque Mac Mahon va de façon tout à fait constitutionnelle (art 5)
dissoudre la chambre des députés.
Le sénat soutiendra Mac Mahon dans sa démarche, qui n’est pas celle d’un coup de force.
On voit une montée du paroxysme.
Cette dissolution se retourne contre lui : les républicains obtiennent une large victoire, et la
chambre des députés devient républicaine.
Ces élections amènent Gambetta le 15 aout 1877 : « Mac Mahon devra maintenant se
soumettre ou se démettre ». Les républicains lui mettent la pression.
Même s’il peut tenir.
Au mois de novembre 1877, le gouvernement de Breuil démissionne et Mac Mahon
désigne une nouveau président du Conseil : Rochebouet, et la chambre refuse l’investiture.
Mac Mahon se résous à demander à un troisième député : Dufore, de constituer le
gouvernement.
Premier acte de soumission, mais Mac Mahon ne se démet pas, il va laisser le jeu du
parlementarisme se dérouler.

En 1879, deuxième coup pour les monarchistes : le sénat devient républicain, suite aux
élections.
 Cette fois ci Mac Mahon démission le 30 janvier 1879.

Les deux chambres se réunissent pour élire un nouveau président : Jules Grévy.
Cette élection termine la crise du 16 mai et est essentielle par le discours de Grévy.
Cette élection qui ne va pas se traduire sur une modification constitutionnelle : influence
notoire.

Jules Grévy affirme : « Soumis, avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je
n'entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par les organes
constitutionnelle. »

82
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Cette déclaration a eu un retentissement considérable : sur la IIIème et IVème république.


Elle va fixer une pratique : constitution Grévy, modifier l’économie même du texte
constitutionnel.
Renonciation d’un des pouvoirs qui est dans la constitution, à l’article 5, le pouvoir de
dissolution. Il prive le président de république du peu d’autorité qu’il avait et de ce qui
pouvait refréner le parlement, qui est la dissolution.
Le président a un rôle purement symbolique, poste purement honorifique.
Le vrai résultat de la crise, c’est la renonciation au pouvoir de dissolution (2 ans plus tard).

B. la révision constitutionnelle du 14 aout 1895

Les élections renforcent les positions des républicains. L’élection de Grévy en est la preuve.
Les républicains dominent les 2 chambres.
Le 14 aout 1895, la constitution est révisée : portée symbolique forte.
L’article 8, portant sur la révision constitutionnelle, est lui-même révisé : « il est impossible
que la forme républicaine du gouvernement ne fasse l’objet d’une révision et les membres
des familles qui ont régnés sur la France sont inéligibles ».
On verrouille la république. C’est un premier verrou.

On met un second verrou qui est la présidence : on se méfie du jugement politique françaiss.
Le retour à la monarchie est impossible : on évite que certains se réapproprie la république
et éventuellement rebasculer dans la monarchie.

Paragraphe 3 : le système politique de la IIIème république

A. les organes institutionnels

1. l’exécutif

La IIIème république établit une dualité : chef d’Etat et cabinet ministériel. C’est le président
de la République qui nomme les ministres, et les révoquent.

Il est élu pour 7 ans par l’AN. Il est immédiatement et indéfiniment rééligible. Il peut tout le
temps être réélu. Il convoque un mois avant la fin de son mandat l’AN pour des élections.

Il est irresponsable politiquement. La responsabilité aboutirait à lui transférer la politique de


la nation.
Les conséquences de l’irresponsabilité : il ne peut pas accomplir d’actes dans l’exercice de
ses fonctions, tous ses actes doivent être contresignés.

Cette irresponsabilité a pu être mis en cause dans la pratique : président peu actif, mais pour
le peu qu’ils aient tenté de prendre.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ils ont immédiatement subit l’assaut du gouvernement, et ont étaient contraint à
démissionner : Millerand, qui était un président à forte personnalité et qui s’était
demander si on pouvait réviser la procédure de dissolution (notamment pour l’avis du
sénat).
Cela laissait à penser qu’il l’utiliserait un jour. La position de Grévy n’a jamais été inscrite
dans la constitution. Ce sont les présidents successifs qui s’y sont soumis.
En 1924, après la victoire du cartel des gauches, la chambre a entamé un bras de fer avec le
président Millerand (comme Mac Mahon). Millerand avait proposé au leader Edouard
Hauriou, qui avait refusé. Il du en choisir un autre : Marsal. La chambre a refusé de l’investir.
Et Millerand a finalement démissionné.
Ce jeu de pression indirect que peut exercer la chambre sur le cabinet peut aboutir à la
démission du gouvernement.

Lorsqu’on regarde le texte de 1875, les pouvoirs du président sont très étendus. On avait
doté le président de pouvoirs, en espérant qu’un Roi prendrait sa place.
Louis Blanc : « nous avons un Roi sans hérédité ».
L’article 3 de la constitution prévoit que le président détient le pouvoir règlementaire, qui en
fait le chef de l’exécutif :
 Il dispose de la force armée, et nomme a tous les emplois civils et militaires.
 Il signe les traités et déclare la guerre.
 Il a le pouvoir d’initiative législative.
 Il peut proposer des projets de lois et promulgue la loi.
 Il dispose du droit de dissolution sur avis conforme du sénat.
Il a des pouvoirs très étendus, mais sont en réalités inexistants : tous ses actes doivent être
contresignés.
Mais tout ceci a disparu avec la constitution Grévy.

Le rôle du chef du gouvernement n’est pas prévu par le gouvernement, c’est une loi de
1976 qui prévoit les pouvoirs du président du conseil. Le choix n’est pas totalement libre, le
président ne peut qu’entériner par son choix, les choix de la majorité à l’assemblée.
C’est un grand consultant. Il est responsable pénalement.
En réalité, c’est le président du conseil et conseil des ministres qui détiennent la substance
du pouvoir.
Il détermine la politique gouvernementale. Il est le chef du gouvernement, même si en
réalité cet ascendant n’était pas prévu constitutionnellement. La situation politique fait que
ce ne sont de fragiles produits de coalition.

Le cabinet est un organe collégial et solidaire. Il assume la politique conduite devant le


parlement.
Le président du conseil est désigné par le président de la république, mais les ministres
sont choisis par le président du conseil et nommés par le président.

Les lois constitutionnelles de 1875, ne prévoit de mécanismes d’investiture, mais la règle


est de poser une question de confiance, qui leur permet de gouverner un temps.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Chaque gouvernement peut être conduit à la démission, il n’y a pas de responsabilité
individuelle. Les ministres ont une responsabilité pénale, mais qui est individuelle et
particulière.
C’est la première que dans un texte constitutionnel est prévu cette responsabilité (art 6),
et première fois que le caractère parlementaire du régime est inscrit dans la constitution.
Ce principe de solidarité ministérielle suppose une grande homogénéité. Ce sera un point
faible de la IIIème république.
La constitution prévoit une responsabilité devant les 2 chambres. Aussi bien, l’assemblée
que le sénat a la possibilité de voter la défiance contre le gouvernement, ce qui multiplie par
2 les chutes des cabinets.
On a la une des caractéristiques du régime de la IIIème : un gouvernement placé sous le
double feu du parlement (bicaméral), et un exécutif qui ne bénéfice pas de la protection
du président sous la forme de la dissolution.
Dans la mesure où le texte constitutionnel ne prévoyait pas les moyens de mise en cause de
cette responsabilité.
L’article 6 pose le principe, mais nulle part il n’était prévu les modalités de mise en cause. Ce
sont les chambres qui ont mis en place les moyens, et ont repris les pratiques des chambres
sous la monarchie parlementaire : motion de censure (mais très peu utilisée), interpellation,
ordre du jour.
Face à cet exécutif qui n’est pas désarmé, il a les pouvoirs classiques d’un exécutif. C’est le
fonctionnement qui a conduit au déséquilibre.

B. le parlement

C’est un bicaméralisme égalitaire, même si le sénat jouit de prérogatives propres (avis pour
la dissolution). Ce rôle du sénat étant aussi une concession au monarchisme. La chambre
haute (pairs), le sénat doit avoir un ascendant sur la chambre élue au SU (Chambre des
députés).

1. la chambre des députés

Elle est élue au SU et les députés sont élus pour 4 ans, intégralement renouvelée.
La chambre exerce le pouvoir législatif classique : droit d’initiative, droit d’amendement.
Elle pouvait contrôler l’action politique du gouvernement. Elle participait à l’AN (réunion des
2 chambres) pour l’élection du président, et pour la révision constitutionnelle.

2. le sénat

Organe plus complexe. Sa situation était règlementée par une loi du 24 février 1875.
Elle avait été clairement conçue pour contrebalancer la chambre des députés élue au SU,
avec un mode d’élection et nomination qui devait permettre de garantir une stabilité et
conservatisme.
A l’origine, ils étaient 300, et 75 d’entres eux étaient inamovibles et désignés par cooptation.
Les autres étant élus pour 9 ans renouvelables par tiers tous les 3 ans.
Il fallait être un homme et avoir au moins 40 ans.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ils ne sont pas élus au SU. Ils sont élus par un collège électorale : composée des députés
des départements, conseillers régionaux, délégués sénatoriaux (conseil municipal). Sur
représentation de la ruralité : conservateur.

En 1884, eu lieu la seule véritable révision de la constitution : certaines dispositions de la


constitution relative au sénat ont été modifiées.
L’idée au départ était que les républicains considérant le sénat comme trop conservateur,
le supprimer.
Or, c’était une Idée trop difficile à réaliser.
Il a simplement été modifié :
 suppression des sénateurs inamovibles,
 modification des modalités d’élections des délégués sénatoriaux : diminuer
l’influence des petites communes, pour favoriser sur les moyennes communes.

Le sénat a des pouvoirs identiques à ceux de la chambre des députés : vote la loi, initiative
législative et mettre en cause la responsabilité du gouvernement. Il participe à l’élection du
président de la république.
Il a une compétence supplémentaire : le sénat donnait son avis sur la dissolution de la
chambre des députés.

Paragraphe 4 : Le fonctionnement du système politique

Il faut nécessairement évoquer cette suprématie parlementaire, mais en même temps il faut
analyser cette suprématie de façon plus fine, pour y voir une impuissance du parlement dont
finalement par delà des turbulences du parlement, l’exécutif a pu aussi profiter.

Il faut mettre en parallèle cette extrême instabilité, mais un exercice du pouvoir politique,
qui déjà fait entrevoir la capacité de l’exécutif à s’imposer comme l’organe du futur.
Cette suprématie est condamnable, car elle vient d’une liberté délibérée du
parlementarisme. Ce déséquilibre est le fruit de la pratique, et notamment du point de vue
des parlements d’une volonté délibérée de ne pas rechercher l’équilibre nécessaire au bon
fonctionnement du parlementarisme.

Ce refus du parlement se traduit par sa vigilance, en ce qui concerne la dissolution, après la


crise du 16 mai 1877, et la constitution Grévy, rien n’empêchait de la dédaigner.
Quand Millerand a voulu redresser la tête non pas rabaisser le parlement, mais pour revenir
à une logique d’équilibre, il a été contraint à la démission. Le parlement n’était pas près
d’accepter l’équilibre.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Elle débute par une pratique qui s’est développée : investiture par les 2 chambres. Dès que
le président du conseil et que le gouvernement ont été nommés, on va solliciter
l’investiture des 2 chambres.
Cette pratique est interdite sous la IVème, mais quand même pratiquée : montre la volonté
de soumission du gouvernement.
Les membres du gouvernement sont en même temps députés ou sénateurs. Dans de
nombreux pays européens, les ministres sont en même temps parlementaires. La Vème
République va interdire ce cumul. Les parlementaires votent les lois, s’ils font tomber le
gouvernement, ils retrouvent leurs bancs de parlementaire.
Ils ne sont pas soutenu de simples majorités, mais des coalitions partisanes et lorsqu’une
partie décide que le gouvernement ne lui convient plus : le fera tomber.

La responsabilité peut être engagée devant les 2 chambres. Si le gouvernement résiste


devant une chambre, rien n’empêche la deuxième de provoquer la démission.
Les cabinets ont une durée de vie très restreinte : entre le 31 janvier 1879 et 16 juin 1940 :
95 gouvernements se sont succédés, et sur les 20 dernières années : 20 gouvernements.

Cette instabilité trouvant son origine dans la multiplicité des partis, qui empêche le
gouvernement de trouver des majorités simples : majorités négatives.

Il y a eu de très grandes coalitions, notamment au moment de la première guerre mondiale  :


union sacrée, sous la présidence de Clémenceau, l’unité nationale, le cartel des gauches,
l’union des parties à droite, et le front populaire.
Ces alliances se trouvent mis à mal par la réalité de l’exercice du pouvoir politique, tout
particulièrement entre les 2 guerres : tension entre une gauche radicale (maintenue par le
front populaire) et l’extrême droite (6 février 1934, tentative de coup d’Etat).
On a le parlement qui est à la fois très fort, par sa capacité à renvoyer les gouvernements, et
d’autre part un organe faible qui est l’exécutif.
Il n’exerce plus un contrôle normal sur le gouvernement, la mise en cause
gouvernementale, n’est pas un mode de contrôle politique, mais utilisée à des fins
purement politicienne.
Elles sont faciles d’utilisation : interpellation (exiger du gouvernement une application sur
un point particulier de sa politique, chambre fixe une date pour l’interpellation et le
gouvernement donne une explication, puis vote).
Il ne suffit plus de mettre en cause le gouvernement sur sa politique en général, mais sur un
point particulier, et si la chambre se prononce sur un vote de défiance  : le gouvernement
doit démissionner (devant les 2 chambres).
Cela devient purement tactique pour les partis politiques, on perd le sens normal de ce
que doit être le contrôle du parlement.

Le contrôle de constitutionnalité des lois n’était pas prévu par aucun Etat en Europe.
La loi républicaine a une certaine importance pour le futur, pour une conception de la loi.
C’est qu’elle se trouve nécessairement au sommet de la hiérarchie normative. On est dans
un système à constitution faible, du au fait qu’il n’y a pas de DDHC.
On est dans l’apogée du légicentrisme : tout le système politique s’articule autour de la
place de la loi. Il n’est pas envisageable que la loi puisse être remise en cause par un juge,

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
même constitutionnel. Il y a une sorte de coïncidence parfaite entre les représentants et
volonté du peuple et la loi.

Si la loi est considérée comme parfaite, quelle est alors la place de la constitution.
Il est évident que la constitution ne saurait constituer une limitation, entrave à leurs
capacités à légiférer. On a une conception d’un parlement qui et souverain. Le parlement
peut légiférer sur tout et comme il l’entend.
Les lois constitutionnelles sont plus conçues comme un guide, tant dans la pratique
institutionnelle que dans le contenu des lois, on ne sait pas poser la question de savoir si la
constitution le permettait : constitution Grévy.
La IIIème république est l’apogée du légicentrisme : suprématie de la loi.
Le parlement est dans une position de souveraineté : rien ne peut s’opposer à sa volonté.

 Suprématie de la loi se présente sous 2 angles  :


Lorsqu’on fait un bilan de la IIIème république, c’est le législateur de la IIIème qui a adopté
les lois républicaines, qui pendant un siècle va être le socle de toutes les républiques
(partie du patrimoine constitutionnel français).
Le bloc de constitutionnalité défini comme l’ensemble des normes constitutionnelles : il y a
une catégorie de normes qui est identifié comme étant les principes fondamentaux de la
République.
« C’est la Vème république qui paie sa dette à la IIIème » : principes que va découvrir le
conseil constitutionnel dans les lois adoptés par le législateur sous la IIIème république.
Sous la IIIème république, il n’y avait cette stratification aussi fortement dessinée : lois
constitutionnelles, ordinaires. En réalité la norme constitutionnelle n’avait pas cette valeur, il
n’y avait pas de droits et libertés individuels.

Les lois ferry, liberté de la presse, liberté de réunion, les lois sur l’extradition : toutes une
série de lois ont étés adoptées sont relatives à des libertés considérées comme
fondamentales. C’était des lois ordinaires.
 Ces lois étaient formellement ordinaires, mais matériellement constitutionnelles.
Loi de 1901 sur les associations : Le principe de la liberté d’association c’est le droit de
constituer une association sans demander la permission.
En 1971, une loi avait tenté de remettre en cause ce principe. Ces lois sont déférées au
conseil constitutionnel qui estimera que la loi de 1901 n’est pas comme les autres, mais fait
partie du patrimoine des lois de la IIIème qui ont permis de mettre en évidence des
principes reconnus comme ayant une valeur constitutionnelle.

De très nombreuses lois, qui n’était pas matériellement constitutionnelles, ont étés
considérés comme fondamentales pour les droits et libertés.
Cette suprématie de la loi a aussi eu son avantage : permis au législateur d’imposer de
grandes lois.

 Limitations à la suprématie de la loi :


Aujourd’hui est couramment utilisé, et considéré comme une atteinte au parlement : la
délégation législative : c’est fait que le législateur déléguera au gouvernement son pouvoir,

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
sa compétence à légiférer (limité dans le temps et pour un objet bien précis). C’est le
principe du décret loi, interdit sous la IVème mais qui existe sous la Vème : les ordonnances.
C’est le début d’une pratique qui a traversé les 3 républiques.
C’est la manifestation que le pouvoir exécutif n’était pas totalement démuni devant le
parlement. C’est une technique qui est apparu à la fin de la 1ère GM.
À partir de 1918, cette technique va se développer, et va marquer une sorte de renouveau
de l’exécutif.
Cette pratique a pour but de faciliter la prise de décision, sans risquer un enlisement des
débats parlementaires.
C’est aussi un moyen de faire prendre des mesures impopulaires sans en porter la
responsabilité.
Ces autorisations seront de plus en plus larges, conférant au gouvernement, un véritable
périmètre de compétences propres, pour lesquels il n’a plus à se soumettre au
gouvernement : il devient la source de la réglementation.

L’exécutif n’est plus perçu comme un simple agent d’exécution, mais progressivement
comme le lieu où va se décider la politique.
Ils participent malgré un contexte qui caractérise la faiblesse de l’exécutif, mais se pose
certains ferments de cette revanche de l’exécutif.
Les constituants de la IVème république étaient conscient de ce danger que représentait des
décrets lois, l’avaient interdit, mais ils vont renaitre dans la pratique. Il y a des forces dans les
techniques d’exercice du pouvoir et qui interagissent entre elles.

Le système politique de la IIIème république : tenu à une approche institutionnelle. Cela n’a
de sens que dans l’histoire de la IIIème république.
Elle va se terminer plutôt mal, puisqu’en réalité la période entre deux guerres : période qui
tant sur la situation de la politique intérieure et extérieur est néfaste, l’empire colonial est à
son apogée, mais aussi véritable impuissance politique qui prépare son effondrement.
Durant cette période, trois grandes coalitions vont se succéder :
- Bloc national (union sacrée), avec une chambre bleu horizon, plutôt conservatrice,
avec d’anciens militaires, et dominée par Poincaré,
- Une coalition de gauche  (mai 1924 à juillet 1926): 8 gouvernements : Herriot, et
Briand
- Union nationale : en 1936 le front populaire, jusqu’en 1938, puis Daladier, et en
1940 Paul Renaud, président du conseil et le 16 juin 1940 est nommé président du
conseil, le Maréchal Pétain.
Il est appelé par le président de la république, pour diriger le gouvernement de la
France et se sont les députés, sauf 80 (partis en Algérie) se sont réunit à Vichy et ont
adoptés la loi du 10 juillet 1940 : « acte de décès de la IIIème république » : révision
constitutionnelle qui aboutit à attribuer le pouvoir constituant au Maréchal Pétain.
Actes constitutionnels qui vont conférer l’ensemble des pouvoirs, la confusion des
pouvoirs : les chambres sont ajournées et ne seront plus jamais réunies. Le président
de la république (Lebrun) est mis en congé, et le Maréchal Pétain se voit attribuer les
pleins pouvoirs et choisit un chef de gouvernement : Pierre Laval.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
SECTION 2 : LA IVème REPUBLIQUE

Paragraphe 1 : transition constitutionnelle : de Vichy à la IVème république

A la libération, c’est un gouvernement provisoire de la République française, qui dirige la


France, jusqu’au 2 novembre 1945.
Le gouvernement provisoire se déroule en 2 temps : provisoire de fait et du provisoire
institutionnalisé.
Pendant la guerre, il existait un gouvernement français, en dehors de la métropole : à
Londres et dans les colonies (Algérie). S’installe à Alger un gouvernement, par voie
d’ordonnance, le 21 avril 1943 : une fois libéré, le peuple français décidera souverainement
du régime français et convoquera une ANC.
Pour certain, c’est là le véritable acte de décès de la IIIème république.

Le 9 aout 1944 : seconde ordonnance, émanant du GPRF, rétablit la légalité républicaine.


Importance considérable : en réalité, la légalité républicaine n’avait jamais cessé, mais en
quelque sorte usurpée en métropole par un régime illégitime : le régime de Vichy.
La république n’était pas responsable des actes commis sous Vichy.
Cette ordonnance reposait le principe de la IIIème République, en réaffirmant que la
légalité républicaine n’avait pas disparu, le régime de la IIIème n’a pas disparu. La IIIème
république existe toujours.
L’une des questions essentielles lors du référendum de 1946, posée au français : veulent ils
maintenir la IIIème, ou une nouvelle constitution.
Les forces politiques sont partagées. Les radicaux rêvent d’un retour à la IIIème (y sont à
l’aise), et les 2 grandes forces politiques : communistes, veulent un nouveau régime
(consécration des pouvoirs de l’assemblées) et les gaullistes, pour un régime où l’exécutif
sera renforcé.
Le SFIO est pour un renforcement des pouvoirs de la chambre et favorables au
monocaméralisme (comme les communistes).
Ce gouvernement repose que sur la seule personnalité du Général de Gaulle.

Il y a une confusion entre le rôle du chef du gouvernement et de l’Etat : il assure tous les
prérogatives des 2 chefs. Cette situation trouvant son origine dans le fait qu’il n’y a pas
d’assemblée élue.
 C’est le gouvernement qui est à la fois l’exécutif et le législatif.

Il y a une assemblée purement consultative : issue du CNR, qui ne se réunit tous les 3 mois :
donne des avis sur les ordonnances, avis consultatif.

Le gouvernement provisoire cesse le 2 novembre 1945 : élection d’une AN, et l’approbation


par référendum, d’une ordonnance qui deviendra la loi du 2 novembre 1945.

Ces élections se tiennent le 21 octobre 1945, qui ont pour but d’élire une AN et en même
temps, les électeurs doivent répondre par référendum à une double question :
- voulez vous que l’AN que vous élisez soit une ANC,

90
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
- et si oui approuvez-vous l’organisation provisoire qui permettra de gouverner la
France jusqu'à l’adoption de la nouvelle constitution.

 Les français ont élus une AN et ont répondu OUI aux 2 questions.

On trouve à la fois des institutions provisoires, mais aussi le cadre dans lequel doit être
élaboré la future constitution.

Une assemblée de 588 députés, qui a pour mission d’élaborer la nouvelle constitution et
qui en même temps jouit du pouvoir législatif ordinaire.
Cette assemblée est la première élection où les femmes et les militaires participaient.
C’est cette assemblée qui désigne le chef du gouvernement provisoire. Elle réélira le Général
de Gaulle, qui démissionnera le 23 janvier 1946, du fait de son opposition manifeste la
tournure que prend la nouvelle constitution et est relativement isolée, et est très largement
dominée par les communistes et socialistes. C’est la période où il se retirer de la politique et
rédiger ses mémoires.
Suite à sa démission, c’est l’AN qui va réélire un chef de gouvernement : Félix Gouin, et
Georges Bideau.
L’assemblée n’a pas l’initiative en matière budgétaire, et est affirmé dans le texte, le rejet
par l’assemblée d’un texte demandé par le gouvernement, ne doit pas entrainer la chute
du gouvernement.

Cela donne une impression que l’on chercher à mettre en place des mécanismes
institutionnels, éprouvés par la période de transition.
L’ordonnance de 1945 posait des conditions à une ANC qui est censée être souveraine :
- d’ordre temporel, article 6, histoire d’éviter les dérives de 1870 : les pouvoirs de l’AN
cessent après 7 mois depuis la première réunion, faute de quoi on procéderait à de
nouvelles élections.
- L’AN n’a pas le pouvoir d’adopter la constitution , elle sera soumise à un référendum
qui permettra d’adopter définitivement la constitution. Si le peuple français rejette le
projet de constitution, il sera abandonné, il sera procédé l’élection d’une nouvelle
ANC, qui aura les mêmes conditions que la première.

Cette ANC élaborera un projet, en avril 1946, et sera rejeté par référendum, le 5 mai 1946.
Ce qui obligera réélire une nouvelle ANC et à rédiger un nouveau projet et soumis au
référendum le 13 octobre 1946, qui sera adopté et promulgué le 27 octobre 1946.

Projet refusé : 2 grandes particularités => 2 grandes innovations :


- Le choix du monocaméralisme, une seule assemblée exerçait la souveraineté
nationale (conception influencée par les communistes et socialistes : le peuple ne
s’exprime que par une seule assemblée, rien au dessus de la volonté générale). Il est
inimaginable qu’une seconde assemblée non élue au SU puisse limiter la volonté du
peuple. L’AN ne doit pas connaitre de limites à son pouvoir, mais de deuxième
chambre, mais pas non plus de contrôle de constitutionnalité. Cette souveraineté se
traduisait par l’emprise sur l’exécutif : le président était élu par le parlement,

91
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
fonction purement symbolique et le président du conseil était sous le contrôle du
parlement.
- Rédaction d’une nouvelle DD : volonté de tenir compte de l’évolution sociale depuis
1789, et d’adapter les droits et libertés au monde contemporain. Principes idéalistes
de 1789 et en même des droits sociaux tenant compte de l’évolution du monde
(industrialisation, interventionnisme). Liberté d’opinion, d’intimité, au travail,
combinés avec des droits dits sociaux : économiques, juste salaire, repos, mais aussi
collectifs (prévoir à titre de droit la nationalisation).

Paragraphe 2 : les fondements du régime de la IVème république

La IVème république se veut un régime démocratique. Les valeurs essentielles sont décrites
aux 3 premiers articles de la constitution : la France est une république indivisible laïque et
sociale.
Le principe est le gouvernement du peuple par le peuple et la souveraineté nationale
appartient au peuple.
Les seconds constituants ne rédigent plus une nouvelle DD, et trouvent un soutien de
compromis en faisant référence à la DDHC de 1789, qui entre dans la constitution et
complètent avec une série de droits économiques, et sociaux (même que ceux qui figuraient
dans la précédent).
On s’inscrit dans une tradition, et tenant compte des évolutions sociales.
Dans le préambule de 1946 il y a les mêmes préoccupations sociales que dans le projet
d’avril 1946. On trouve les mêmes droits : l’être humain, par delà la DDHC, n’existe pas
(hommes et femmes).
Les D et L ne sont pas seulement abstraits, mais concrets, différents selon la position de
l’individu dans la société, pouvant évoluer dans le temps : droits en tant qu’enfant,
travailleur, retraité. Aussi droit en même temps : citoyen et salarié.
Dans une démocrate sociale, les D et L correspondent à la situation concrète de chaque être
humain.
Il ouvre une conception dynamique qui correspond à une nouvelle conception de l’Etat,
apogée après la 2GM : Etat providence, les citoyens ont des droits qui sont des droits
créances. Les D et L se caractérisent par le fait qu’on les revendique face à l’Etat. L’Etat n’a
pas le droit d’empiéter sur ces droits.
Droit créance : L’Etat devient le débiteur des droits.
Les droits et libertés n’ont pas été découverts dans une sorte de révélation, mais en réalité,
les droits évoluent en fonction de la place de l’homme dans l’histoire. Il faut réactualiser
ces droits. Il y a un débat profond : au niveau des bios technologies. On est dans une
conception qui n’est pas figée.

Quelles institutions pour avoir cet équilibre entre la nécessité de l’autorité publique et la
place de l’individu ?
Cette réflexion, dans une philosophie libérale, n’est pas figée. Les D et L sont au cœur de ce
débat.
Cette conception d’Etat providence s’installe avec des coïncidences. Il va y avoir nécessité de
créer ces richesses, dans le fait que l’Etat doit reconstruire. L’Etat va connaitre une
expansion consentie.

92
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Une fois que la prospérité est revenue, les incursions de l’Etat sont ressenties plus pénibles
par les individus.
On est dans ce schéma que la représentation porte la voix du peuple, mais pas où on
aurait les individus et l’Etat.
Cela se traduit par le fait qu’il n’y a pas de véritable contrôle de constitutionalité. D’un côté  :
la démocratie sociale, et de l’autre de la démocratie.
A. L’organisation des pouvoirs politiques

Le deuxième projet de la IVème République se présente comme un régime plus classique.


On « rétablit » le bicaméralisme, qui est inégalitaire.
La seconde chambre n’est pas appelée sénat (renvoie à cette institution monarchique). On a
un conseil de la république.
On a un exécutif bicéphale : président et président du conseil.

1. Le parlement

 2 chambres : Assemblée Nationale : c’est là que se trouve le pouvoir fort, et en face


le conseil de la République : coté restrictif (conseil à coté)

 Assemblée nationale
Il y a une suprématie absolue de l’AN, très marquée dans la constitution originelle de 1946,
un peu moins la réforme constitutionnelle de 54 (réformette), qui est venue accroitre le rôle
du conseil de la république.
Elle est le lieu de pouvoir. Les députés sont élus pour 5 ans => 627 députés.
Ils sont élus selon un système mixte : proportionnel et majoritaire : scrutin de liste
départemental, qui va continuer à favoriser la multiplicité des parties, qui va peser lourd sur
le fonctionnement du système.
Malgré les lois électorales, les résultats aboutiront à un émiettement des forces politiques :
coalition pour former des majorités => facteurs d’instabilité ministérielle.
L’AN a la plénitude du pouvoir législatif : vote seule la loi, initiative des lois partagées avec
l’exécutif, et l’article 13 de la constitution de 1946 prenant acte de la pratique des décrets
loi : forme de dérive, interdit pour l’AN de déléguer son droit de voter la loi.
Malgré cette interdiction constitutionnelle, l’exécutif l’a contournée.
Elle examine et vote le budget et contrôle de façon exclusive l’activité gouvernementale.
Cela se traduit par le fait que d’une part, la constitution prévoit l’investiture du président du
conseil et réserve à l’AN tous les moyens de contrôles et la possibilité de mettre en cause le
gouvernement.

 Le conseil de la république,
Il succède au sénat, mais ne peut plus mettre en cause la responsabilité du gouvernement.
Face à cette hégémonique, la place du conseil de la République est réduite.
Il faut distinguer la période initiale (début de la IVème) et l’après réforme du 7 décembre
1954.
Il était composé de 315 membres, et les membres étaient élus selon un mode d’élection :
suffrage indirect, par un collège de notable. Il était prévu par la constitution, que le conseil
de la République soit le représentant des collectivités territoriales => Volonté que le conseil

93
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
ne puisse affirmer qu’il incarne la nation, il est une assemblée qui représente les territoires,
collectivités de la République.
Il est pratiquement identique au sénat sous la IIIème République : même résultat électoral :
surreprésentation des petites villes et villes moyennes.
Il est intégré au parlement : pouvoirs limités. Il ne vote pas des lois, il émet des avis sur les
propositions/projet de loi. Et lui a été retiré la possibilité de mettre en cause la
responsabilité du gouvernement.
Après 1954, il va récupérer une partie de son pouvoir législatif, et à nouveau avoir
l’initiative législative, elle n’aura plus le monopole des dépôts de loi.
Le conseil de la République va récupérer le droit de voter les textes. Il n’émet plus des avis, il
peut amender les textes.
Sur la symbolique, la différence existe, mais sur le fond : l’AN conserve très largement sa
suprématie, maitrise de la législation. Elle continue de voter les textes.
La seule compétence partagée entre les 2 assemblées  : élection du président de la
république. Ces deux chambres ont la compétence d’élire le président, et procède à
l’élection du président.

2. l’exécutif

Il est bicéphale : un président et cabinet ministériel, sous l’autorité d’un président du


conseil.

a. le président de la république

Il est élu par le parlement, réuni en congrès à Versailles, pour 7 ans et est rééligible 2 fois.
Premier président : Vincent Auriol, et René Coty (ne finira pas son mandat). Il est élu au SU
sans limitation de scrutin.
La charge s’est trouvée dévalorisé par rapport à la IIIème République.
Sous la IIIème République, le rôle du président est devenu insignifiant par la pratique. Mais
ses pouvoirs étaient importants.
La IVème République a pris acte de ce rôle peu actif, et cela s’est traduit dans le texte
constitutionnel.

Le président est pratiquement sans aucunes compétences. Il est irresponsable


politiquement.
Il ne possède peu de pouvoirs, et le peu d’actes dont il dispose doivent être contresignés par
le président du conseil.

Il n’a plus le pouvoir de dissolution et il ne nomme pas le président du conseil, puisqu’en


réalité, il le désigne, mais c’est l’AN qui l’investit, donc le nomme.

Il préside le conseil des ministres. La réalité du pouvoir s’exerce dans les cabinets. Il nomme
à certains emplois de fonctionnaires, et militaires. Il est le chef des armées, mais ne
dispose pas de la force armée.

94
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il ne possède plus le pouvoir règlementaire, ni l’initiative des lois. Il a été transféré
constitutionnellement au président du conseil et ministres.
Président qui n’a plus aucunes compétences réelles, simulées. Le président ne joue qu’un
seul véritable rôle politique : choisir les présidents du conseil.

Les présidents de la IIIème étaient respectés.

b. le président du conseil et les ministres

Il est choisi par le président de la République, mais c’est l’AN qui l’investit.
La constitution prévoyait qu’une fois le président du conseil investit, il forme son
gouvernement, et le président nomme les ministres proposés par le président du conseil. Il
n’était pas prévu une seconde investiture.

Dès le premier gouvernement formé par Ramadier Paul, l’ayant fait contre l’avis du
président de la République Auriol, est allé chercher cette double investiture : créant une
coutume, tous les gouvernements successifs ont pratiqués cette double investiture.
Elle est catastrophique par rapport à l’objectif du texte : si l’investiture parait légitime, la
double investiture apparait comme un acte de soumission du gouvernement. En réalité, on
se replace dans la continuité de la IIIème => suprématie de l’assemblée.

Les constituants de 1946 ont voulus jouer la primauté de la démocratie, tout en n’osant pas
aller jusqu’au bout de leur idée, en atténuant le rôle du sénat, qui dans l’imaginaire politique
est plutôt une chambre de l’ordre de la monarchie, et qui est considérée comme un frein à la
démocratie.
Régime parlementaire, mais qui survalorise l’élément démocratique : le parlement. Le
gouvernement est responsable devant la chambre des députés.
On maintien un cadre classique, mais le système repose sur une relation entre l’AN et le
gouvernement.

Le gouvernement est complètement dépendant de l’AN, et est dépendant dans son unité
politique et fonctionnelle.
L’un des mécanismes de rationalisation du parlementarisme, qui avait mis en place par les
constituants : investiture du président du conseil, mais la constitution prévoyait que le chef
du gouvernement formait librement son gouvernement.
Mais cela a été éliminé par la double investiture. La réaffirmation de l’emprise du
gouvernement sur l’assemblée nationale : qu’il n’y ait pas d’égalité entre le gouvernement et
l’AN.

Unité fonctionnelle, qui trouve sa fonction dans la solidarité ministérielle, notamment par la
mise en cause du gouvernement.

95
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette différence devrait se retrouver sur une convergence politique. Les ministres
constituent une unité politique. Sous la IVème République, il y a une traduction particulière,
puisque les ministres continuaient d’avoir le droit de vote, par conséquent les ministres
devaient voter les projets de lois du gouvernement.
Cause de la perte : même si les institutions avaient tentés de rationaliser les modes de
fonctionnement du parlementarisme, et les possibilités de l’assemblée nationale de
remettre en cause le gouvernement, ce qui la caractérisée, c’est une instabilité ministérielle
encore pire que sous la IIIème.
Et aussi, au fait que la France a une tradition multipartiste.
Le plus grand parti de France de l’époque est le parti communiste, qui s’est retiré dès 1948
du jeu politique. Il a refusé d’entrer dans tous les gouvernements.
Conséquences importantes : le plus grand parti indique qu’il ne participe pas : les majorités
seront toujours les majorités qui ne comprendront pas la force principales : 2 conséquences
- Tout gouvernement a nécessairement contre lui le plus grand parti.
- Toute majorité est forcément de coalition : agrégation de partis les plus importants.
elle est à la merci du revirement d’un parti d’appoint.
La réforme des apparentements a tenté de limiter les modes de scrutin.
La IVème république a été plombée par le fait que le parti communiste est inerte.
La cohérence, l’unité juridique et fonctionnelle du gouvernement cédait devant le jeu
purement politique des partis et députés, et des alliances.

Paragraphe 3 : Le fonctionnement des pouvoirs publics

Il est comme dans tous régime parlementaire, trouble dans l’exercice de la fonction
normative.
D’un point de vue littéral, on reproduit ce schéma qui caractérise le régime français : le
légicentrisme.
La représentation est le véhicule exclusif du peuple. Cette représentation trouvant son
aboutissement dans l’assemblée nationale. On est dans un système à constitutionalisme
faible.
C’est l’autre grand défaut de la IVème République : le système constitutionnel, qui n’est pas
imparfait n’avait pas de moyens propres de se défendre. Il n’y a pas de mécanisme de
contrôle de constitutionnalité. Conception légicentriste : la loi est parfaite.
Le rôle de l’exécutif c’est d’exécuter la loi.
Le centre de gravité s’articule autour de la fonction législative. Cette conception donne sa
véritable forme au régime.
Les mécanismes de responsabilités fonctionnelles n’ont pas pu empêcher l’instabilité
ministérielle.
Ceci manifeste l’impuissance du parlement. C’est le fait que la constitution n’a pas touché
son but à stabiliser les institutions de la France.

A. La fonction législative

Le constituant de 1946 a tenté de mettre au point un système à peu près équilibré. Tout en
affirmant la suprématie de l’assemblée nationale : article 13 de la constitution.

96
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est l’assemblée nationale qui vote seule la loi. On reste dans le cadre parlementaire
classique : le gouvernement est une force de proposition. L’initiative législative incombe très
largement au gouvernement (tradition).
Le gouvernement et les parlementaires ont l’initiative parlementaire, mais il appartient
seul à l’assemblée nationale de voter la loi.
Une fois la loi votée, le gouvernement doit l’exécuter.
L’article 13 de la constitution prévoyait que voter la loi ne pouvait être déléguée : éviter la
pratique des décrets lois, sous la IIIème République.
Les constituants de 1946 ont considéré que cette fonction était l’une des causes de l’échec
de la IIIème.
 Très rapidement, cette interdiction va être contournée.
Ce contournement de l’article 13 de la constitution était « nécessaire », et emblématique de
la faiblesse de la constitution.
Par un artifice, le législateur a contourné la constitution.
Le législateur se trouve coincé par le texte constitutionnel, et il y porte atteinte pour se
dépouiller d’une partie de ses compétences : il va rétablir la délégation législative, dans une
loi du 17 aout 1948.
Double aveu de l’impuissance parlementaire,
 sur le fond : cette loi est un aveu d’impuissance à légiférer,
 sur la forme : le législateur porte atteinte à une disposition constitutionnelle qui
constate sa puissance.
Cette loi ne délègue pas le pouvoir de légiférer, mais instaure le principe de loi cadre. Elle
porte un nom impropre. Le mécanisme de la loi cadre est utilisé couramment par l’UE
(décrets). Et on laisse le pouvoir exécutif placer les mesures concrètes de l’exécutif.

Dans une loi, le législateur va fixer les principes, et en déterminer le contenu. La partie
règlementaire est donnée au gouvernement : appliquer la loi.
Une loi cadre c’est une loi qui vient fixer les règlements fondamentaux du régime.
L’exécutif n’est pas seulement de mettre en œuvre le texte, mais de lui donner un contenu.
En réalité, sous la IVème République : mécanisme de délégalisation.
La constitution interdit au législateur de déléguer au gouvernement certaines matières, il
va alors délégaliser : considérer que certaines matières ne relèvent pas de la nature
législative, mais sont règlementaires.

Le gouvernement se trouve investi d’une compétence règlementaire et d’une durée


illimitée. Ce qui permettait aussi au gouvernement, par l’exercice de son pouvoir
règlementaire modifier une loi.

Cette pratique aurait pu être contestée. Mais avait fait l’objet d’un avis du Conseil d’Etat du
6 février 1953 qui a estimé que c’était conforme à la constitution.
D’autres lois ont été adoptées ensuite : délégaliser plus de matières. Et qui ont aboutis à
confier au gouvernement un domaine de compétentes propres au gouvernement.
C’est une forme d’aveu d’impuissance  : le parlement contourne la constitution pour
diminuer ses propres compétences.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Règlement des assemblée nationale et conseil de la République qui fixent la procédure
législative : chaque assemblée maitrise la procédure législative.

B. les mécanismes de responsabilité

Rationaliser les mécanismes afin d’éviter les dérives de la IIIème république. Le rôle d’une
assemblée est de voter les lois et de contrôler le gouvernement.
La constitution prévoit de façon classique : la motion de censure et la question de confiance.

Question de confiance : article 49 de la constitution


Elle est posée par le gouvernement, par le président du conseil, après délibération du
cabinet.
Cela matérialise la solidarité : le président du conseil met en jeu son gouvernement. Le vote
ne peut selon la constitution qu’un jour franc après le dépôt de la mention.
Une fois la question posée, les débats sont suspendus : procédure formaliste.
Les analystes de l’époque : tout était fait pour le gouvernement évite de poser la question
de confiance. C’est moins un mécanisme de contrôle, qu’une sorte d’arme, pour faire
pression sur sa majorité.
Elle marque bien une conception inverse du système parlementaire.
L’article 49 prévoit que la confiance ne peut être refusée qu’à la majorité des députés, ce qui
montre bien la volonté de rationaliser le parlementarisme : majorité difficile à atteindre. Elle
n’a pratiquement jamais été utilisée sous la IVème République.

Motion de censure : article 50 de la constitution


Mode privilégié à la disposition de l’assemblée nationale pour exercer son contrôle sur le
gouvernement.
Elle est réservée à l’assemblée nationale. Elle soit être déposée puis les débats sont
suspendus et le vote ne peut intervenir qu’un jour franc après le dépôt de la mention.
La majorité doit être absolue : parait la manifestation d’une volonté d’éviter que
l’assemblée nationale ne puisse provoquer la chute des gouvernements.

Cet article crée une obligation juridique constitutionnelle de démissionner lorsque la


motion de censure à été adoptée.
Mais laisse une question en suspend : que ce passe t’il si elle est adoptée à une majorité
simple.
Instauration d’une majorité qualifiée, pour éviter que les gouvernements soient mis en
minorité trop rapidement.
Ces mécanismes de responsabilité qui paraissent empreint d’une volonté de rationalisation
avaient manifesté une bonne volonté du constituant.

Il y a eu recherche sur le plan institutionnel : une forme d’équilibre, qui s’est manifesté par
la restauration du droit de dissolution.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ce droit était très encadré. Dans l’intention du constituant : instaurer un mécanisme de
dissolution. Or, la dissolution depuis la crise du 16 mai 1877, était marquée. C’était la
constitution Grévy qui semblait devoir constituer la norme.

Il a pu apparaitre audacieux  par les constituants de 1946 ont estimé nécessaire de rétablir
de droit. Il est conçu dans un équilibre des pouvoirs qui le différencie de celui de la IIIème et
est soumis à de telles conditions qu’il était pratiquement inutilisable.

Ce n’est plus le président de la République qui peut dissoudre l’assemblée nationale mais le
président du conseil.
Edgar Fore qui pratiquera la seule dissolution : le 2 décembre 1955. Ce n’est qu’une
manifestation de la diminution des pouvoir du président, et il n’est plus conçu comme un
moyen d’arbitrage entre le gouvernement et l’AN. En outre, trois conditions contraignantes
devaient être respectées :
- Pendant les 18 premiers mois d’une législature,
- Utilisé où deux crises ministérielles s’étaient succédé dans une période de 18 mois.
- Ces crises résultent soit d’un vote de défiance, soit d’une motion de censure. Les
majorités permettant la mise en cause de la responsabilité du gouvernement était
celle de majorité absolue : il suffisait que les gouvernements soient poussés à la
démission au terme de vote de défiance, adopté à la majorité simple, pour que cette
condition ne soit par remplie.

Dans cette fonction de contrôle qu’exerce l’assemblée nationale, on avait un système


relativement équilibré fondé des mises en cause de la responsabilité rationalisé, et une
volonté d’équilibre, avec une arme réciproque.
Le défaut de loyauté de l’assemblée nationale qui renversait les gouvernements à la
majorité simple neutralise tout risque à son encontre.

D’un point de vue politique, la IVème République va très vite ressembler à la IIIème. On peut
relever 3 périodes dans le fonctionnement t de ce système :
- Fin 1946 à mai 1947: gouvernement de Ramadier. Les communistes participent au
gouvernement avec la SFIO. Ramadier est contrait de se séparer des communistes :
début de la guerre froide et il y a le début du conflit de la guerre d’Indochine.
- De 1947 à 1951 : période de la 3ème force : communistes s’étant écartés du jeu :
gaullistes, socialistes et radicaux font des coalitions : en 51 mois 53 gouvernements.
- A partir de 1951 : retour à l’instabilité ministérielle.

A peine l’Indochine réglée en 1954, commencera le conflit algérien, qui portera le coupe de
grâce à la IVème République.

C. le constitutionnalisme faible

99
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La IVème République va être la dernière constitution française où était reconnue la
suprématie de la loi dans le système normatif.
Il y a un trait commun dans toutes ces constitutions : manque de contrôle de
constitutionnalité sous la IIIème République et existence d’un contrôle très faible sous la
IVème république.
L’article 93 avait mis en place un organe : le comité constitutionnel qui était chargé de
former de contrôle de constitutionnalité de la loi.
En réalité, c’était l’idée de la suprématie de la loi qui était ancré dans les constituants de
1946 qui n’était pas près à admettre la suprématie de la constitution, ont fait que cette
amorce de contrôle de constitutionnalité a été un échec.

Plutôt qu’un contrôle de constitutionnalité : prévaloir sur toutes les autres normes, les
normes constitutionnelles, la procédure mise en place était une procédure de conciliation
des lois contraires à la constitution avec la constitution.

La procédure prévoyait que le président de la République, avec le président du conseil de la


République lorsqu’il estimait qu’il existait un doute sur la conformité d’une loi devait saisir ce
comité. Ce n’était pas une juridiction. Il devait vérifier la constitutionnalité d’une loi, et
trouver un accord afin de modifier une partie de la loi.
En cas d’échec, il ne s’agit non pas de constater l’inconstitutionnalité de la loi, mais
modifier la constitution à la loi.
 Ce conseil n’avait pour but d’affirmer la suprématie de la constitution.

Le texte de la constitution prévoyait que ce contrôle ne devait pas porter sur le préambule et
les nouveaux droits affirmés dans le préambule.
Le comité constitutionnel n’aurait pu s’instituer gardien des libertés fondamentales.

On n’a pas encore une règlementation constitutionnelle suffisamment forte le cas échéant
pour endiguer le parlement.
La IVème République va disparaitre au printemps 1958 (mai), à cause de la situation sur le
plan interne (Algérie). Le conflit prend une tournure grave.
Un coup d’Etat est organisé à Alger : le général Massu. A ce moment là, René Coty, qui avait
désigné comme président du conseil, Pierre Pflimlin, décide de faire appel au Général de
Gaulle.
Nouvelle étape : débouche sur la Vème république.

100
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

LA Vème REPUBLIQUE

CHAPITRE 1 : LA FORME REPUBLICAINE DU GOUVERNEMENT

101
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Article 89 Procédure qui dispose, que la forme républicaine du gouvernement ne peut faire
l’objet d’une révision => Elément substantiel.
Nécessaire de commencer par une réflexion sur la nature du régime.
Hyper présidentiel : George Bebel dans les années 90.

Régime politique qui a connu les plus grands bouleversements : mise en place de contrôle
de constitutionnalité, construction de l’Europe.
Dans cette constitution, le principe de souveraineté nationale qui a pris le plus d’importance,
et qui intègre une construction de l’UE.

L’idée est de comprendre en quoi l’ordre constitutionnel a déjà subit plusieurs véritables
mutations, depuis 1958, tout en préservant le cadre général des institutions.
On ne peut définir le cadre constitutionnel, sans évoquer la volonté des constituants, mais
sans ressusciter l’état actuel du système politique.

SECTION 1 : L’INSTALLATION DE LA Vème REPUBLIQUE

Paragraphe 1 : la transition constitutionnelle vers la Vème République

Le 13 mai 1958, alors que Pierre Pflimlin est nommé président du conseil, se déroule à Alger
un soulèvement. Est mis en place un comité de salut public sous l’autorité des militaires, qui
commandaient l’armée en Algérie.
La situation est tellement tendue qu’on évoque même l’hypothèse d’un coup d’état
militaire, organisé par les militaires en Algérie, qui prévoyaient un parachutage de militaire
sur Paris. L’opération aurait été baptisée « résurrection ».

Il y a une convergence d’intérêts, entre les activistes pro Algérie française qui veulent que
l’Algérie reste française et les gaullistes qui ont une conception différente des instituions et
qui souhaitent que le régime de la IVème république disparaisse.
De Gaulle a fait savoir qu’il était prêt à assurer les pouvoirs de la république et consultera
des hommes politiques de tous bords. Il y a une ambigüité dans son comportement.

Le 29 mai, Pflimlin démissionne et René Coty prévient l’assemblée nationale qu’il a


l’intention d’appeler De Gaulle : « le premier homme de France ».
Le 1er juin, il se présente devant l’assemblée nationale, pour faire une déclaration et être
investi. L’assemblée nationale accordera sa confiance à De Gaulle.
Il forme un gouvernement, en choisissant comme garde des sceaux : Michel Debré, et le 3
juin 1958, il fait adopter 2 lois par le parlement : l’une qui lui confère les « pleins
pouvoirs » pendant 6 mois (adopter des décrets) et l’autre qui est une loi
constitutionnelle, qui sera l’instrument de la transition constitutionnelle.

Cette loi est de nature particulière, puisqu’elle instaurera au profit du gouvernement du


général De Gaulle, désigné dans la loi, une dérogation à la procédure de révision de l’article
90 de la constitution de 1946, pour permettre au gouvernement du général De Gaulle, de
modifier la constitution de la IVème, afin de la rendre plus efficace.

102
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Tant sur les difficultés intérieures, et externes (décolonisation) : ces questions ne trouvaient
pas de réponses efficaces, du fait de l’impuissance liée au mauvais fonctionnement politique.
La constitution n’était pas adaptée.
La procédure prévue par l’article 90 était très compliquée : collaboration des partis
impossibles.
A part la révision de 54, il avait été impossible de réviser la constitution.
On ne révise pas la constitution, on adopte une loi qui autorise le gouvernement à utiliser le
pouvoir de révision.
 Adoptée avec les mêmes majorités des lois constitutionnelles.
Elle sera à l’origine d’une nouvelle constitution.

Spécificité : alternative à la procédure de révision. Loi devant permettre de modifier la


constitution, mais par une procédure qui va mettre à l’écart le parlement, ou du moins lui
faire jouer un rôle subsidiaire.
Dans la mesure, où le parlement va autoriser la modification de la constitution, il fixera des
limites, des conditions au pouvoir qui est confié au général de Gaulle.
Certains ont dit qu’elle était comme la loi du 10 juin 1940.
Mais, l’assemblée nationale avait prévu 5 principes, que le gouvernement ne pouvait pas
remettre en cause, à l’occasion de la révision de la IVème. Ils sont une sorte d’embryon à la
future constitution.
- Le SU devait être la source du pouvoir dont découle le pouvoir exécutif et législatif :
rappel du principe démocratique fondamental.
- Réaffirmation du principe de séparation des pouvoirs : signifie qu’en tout état de
cause, il n’aurait pas été possible de prévoir de confusion des pouvoirs. Il y avait une
crainte chez certains, qu’il abuse un peu du pouvoir.
- Il réaffirme la responsabilité du gouvernement devant le parlement : pas question
d’instaurer un régime présidentiel
- Existence d’une autorité judicaire indépendante qui assurerait les libertés
fondamentales : préambule de 1946 et la DDHC de 1789 : rester la charte des droits
et libertés des citoyens français.
- Nécessité de réorganiser les rapports de la république avec les peuples qui lui sont
associés : moyens efficaces de réorganisation des relations entre la métropole et les
peuples associés.

Ils étaient complétés par le fait que le projet révisé devait être soumis à référendum. La
procédure d’élaboration s’est déroulée en trois phases rapides :
- Dès le mois de juin : avant-projet, élaboré par un comité interministériel, sous la
direction de Michel Debré, qui a travaillé avec un comité d’expert. Il sera adopté par
le parlement, sous la présidence du Général De Gaulle.
Il sera transmis à comité consultatif de 39 membres, dont 26 parlementaires, et 13
membres désignés par le gouvernement : sous la présidence de Paul Renaud. Il a
rendu son avis le 26 juillet 1958.
- Le projet a été transmis au CE : Présentation de la nouvelle constitution.
- Référendum du 28 septembre 1958 : par 17 668 790 de Oui contre seulement 624
511 non, et aboutit à la nouvelle constitution, le 4 octobre 1958.

103
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Les 22 et 23 novembre 1958 : élections des premiers parlementaires. Et en décembre 1958,
le Général de Gaulle est élu président de la République, et choisi Michel Debré comme
premier ministre.

1ère grande innovation : révision constitutionnelle, qui devient une nouvelle constitution.
2ème grande innovation : manifestée progressivement : le contrôle de constitutionnalité, qui
apparait sans doute comme la principale innovation de la Vème. Il est lui-même atypique. Il
est inclassable : pas à l’américaine, pas à l’européenne.
Il est inachevé => but des constituants n’étaient pas ce but classique de défense des D et L.

Paragraphe 2 : la nature du régime de la Vème République

Question intéressante : elle s’est posée d’emblée. Le régime est inclassable, même si Michel
Debré, dans son discours d’introduction, a parlé de véritable régime parlementaire. Il se
rattache à la famille des démocraties, et régime parlementaire.
Mais ce régime a suscité et suscite encore la controverse, due à la place du président la
république, dans un régime parlementaire.
Le déroulement de l’histoire politique de la Vème a toujours été riche en rebondissements :
dégager des grands traits du régime.
On peut être étonné des réactions des journalistes vis-à-vis de l’hyper présidentialisme de la
Vème (plus visible, mais du temps du Général de Gaulle, il décidait de tout). Ce n’est pas une
innovation.
Cette recherche de la nature des régimes politiques doit se faire à la volonté des
constituants. Le régime de la Vème, en 1958 correspond à une volonté guidée par un souci
d’efficacité, et la restauration de l’autorité de l’Etat (selon De Gaulle).
Ils ont estimé qu’ils permettraient d’atteindre ce but, tout en tenant compte des
considérations.

Cette nature de régime a subit des évolutions, parce qu’on s’est rendu compte que la
constitution s’est montrée extrêmement souple au point de tolérer la cohabitation.
On peut dégager deux grands axes qui permettent de caractériser le régime :
Volonté de restaurer l’exécutif et de lui donner un plein et entier espace dans le système
institutionnel.
Ce qui va se faire forcément, soit au détriment, soit au prix d’une recomposition des
pouvoirs du parlement. Cette restauration de l’autorité de l’Etat passe chez De Gaulle par
un nouveau rôle du président de la république.
 Ce rôle est conçu originellement comme un rôle d’arbitrage.

De Gaulle : « les pouvoirs publics doivent être séparés et équilibrés et au dessus des
contingences de la vie politique soit établit un arbitrage qui fasse valoir la continuité au
milieu des combinaisons »   idée d’équilibre des pouvoirs, qui ne saurait ce signifier
hégémonie du parlement.

104
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
On va le trouver en donnant au président un vrai pouvoir d’arbitrage en contrebalançant le
pouvoir du parlement, et avec un dispositif dans la constitution ayant pour objet une
rationalisation de la République.
On va introduire dans le système constitutionnel français une constitutionnalité forte, qui
contraigne le gouvernement et le parlement au respect de la constitution.
 La constitution s’impose à tous les organes y compris le parlement.

En fonction de cet objectif que se dessine la constitution de base, que repose sur un
président acteur du système politique, mais qui dans le texte est un arbitre.
De l’autre coté, une rationalisation du parlementarisme efficace.

On a une Vème République qui nait en 1958 avec des principes particuliers, mais ce régime
a évolué, et même muté.

On est passé d’un président inexistant, à un président qui devient l’acteur principal du
gouvernement.

Il n’est pas prévu qu’il s’investisse dans la politique quotidienne : elle n’était en aucun cas
que le président gouverne.
Au départ De Gaulle a une conception du rôle du président : retrait du président dans les
affaires quotidiennes, (relations extérieures : grandes affaires).
Mais, dès les années 60, et du fait de l’enlisement et de l’impossibilité de sortir de la crise
algérienne, De Gaulle va être obligé de s’investir.
A partir de là il est obligé de tout faire. C’est ce qui marquera la fonction. Il prend les choses
en main, mais pas uniquement pour la crise en Algérie.

Le tournant présidentialisme date de cette époque et qui sera renforcée par une révision
de la constitution, en 1962 : élire le président de la république au SU.

La réforme de 1962 va rendre définitive l’orientation présidentialiste. Il est devenu


impossible d’en faire un homme politique de 2ème zone.
On va osciller entre un présidentialisation du régime classique (Pompidou) et une ultra-
présidentialisation avec des présidents beaucoup plus investis comme Giscard, Mitterrand,
et Sarkozy.
Ce qui va affecter la présidentialisation : c’est la période de cohabitation.
Pendant ces périodes, le rôle du président est amoindri, et, le premier ministre et le
gouvernement retrouvent le rôle qui leur sont donnés par la constitution.

On peut considérer qu’on est dans un régime parlementaire fortement rationalisé, le


parlement se trouve soumis à des contraintes constitutionnelles fortes qui ont but de
maintenir un équilibre avec l’exécutif qui sont efficaces du fait de l’instauration de
mécanismes de contrôle de constitutionnalité. La présidentialisation du régime est à
géométrie variable.

105
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

SECTION 2 : LA REPUBLIQUE DANS L’UNION EUROPEENNE

L’impact du droit produit par l’UE, qui n’est pas un Etat (système de production de norme,
tendance à la surproduction).
Comment s’articulent ces deux systèmes institutionnels. Quelle est la place de la République
dans l’UE. Le principe structurant de l’ordre constitutionnel français est le principe de la
souveraineté nationale, qui se traduit par la maitrise de son ordre juridique.
Cette question a connu des réponses variées selon les époques.
Dans les années 50 jusqu’aux années 80 la France participe à la CEE : logique de
coopération qui ne remettait pas en cause la souveraineté, mais à partir de 1992 :
changement de perceptive non plus de coopération mais d’intégration dans l’UE.

Avant 1992, la coopération était fondée sur des traités et d’une part il s’agissait d’une
logique de mise en commun de compétences ciblées et de l’ouverture d’un grand marché
commun, mais à partir de 1992, saut qualitatif : plus seulement la coexistence de 2 ordres
juridiques, mais la pression du droit communautaire se fait plus forte : véritable volonté
d’instaurer un système politique : logique qui est balisée depuis 1992.

Paragraphe 1 : le cadre constitutionnel de la république

A partir de 1992, il y a un changement fondamental : prise en compte dans la constitution


du processus d’intégration communautaire.
La gestion, avant 1992, se faisait dans le cadre traditionnel prévu par la constitution, de
gestion des relations internationales.
La construction de l’Europe, dès 1957 a impliqué des transferts de compétences. Mais ils
étaient gérables dans le cadre traditionnel de gestion des relations internationales de la
république.

A partir de 1992, la question de la ratification de Maastricht, il a fallu prendre en compte


constitutionnellement dans les instituions de l’union, les futures relations entre l’UE et la
république.
En 1992, pour la première fois, à l’occasion du contrôle de constutionnalité opéré sur le
traité de Maastricht, il est apparu que ce traité n’était pas conforme à la constitution. Il
comportait des stipulations qui faisaient que la France ne pouvait pas le ratifier en l’état.

106
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Procédé à l’article 54 : soumettre au CC, un traité, de sorte qu’il vérifie avant que le
parlement ne le ratifie, qu’il est conforme à la constitution.

Si un traité n’est pas conforme à la constitution, il ne peut être ratifié que si la constitution
a été préalablement modifiée.
Si une norme internationale n’est pas compatible avec la constitution, il y a deux solutions  :
soit on le ratifie pas, et il ne produit pas d’effet dans l’ordre juridique interne, ou soit on
modifie la constitution.

Ce qui se passe en 1992, pour la première fois, dans une décision du CC : Maastricht 1, le
CC estime que certaines des dispositions du traité portent atteintes aux conditions
d’exercice de la souveraineté nationale.
Si la France veut poursuivre le processus d’intégration européenne : il faudra modifier la
constitution (juin 1992).
Les constituants qui modifieront la constitution, vont créer dans la constitution un espace
dédié à l’UE : Titre XV : des communautés européennes et de l’union européenne, dédiées
aux modalités selon laquelle la République participe à l’UE.
A chaque nouveau traité, est saisi le CC, qui regarde si le traité est compatible, sinon, on
modifie la constitution : en 1999, traité, d’Amsterdam, traité de Nice, traité de Lisbonne.

On considère que l’ordre juridique international ne relève pas de l’ordre juridique


classique. L’une des questions essentielles : qui détient la primauté.
Est-ce qu’on doit se placer du fait de la reconnaissance de la spécificité de l’ordre juridique
communautaire. Suprématie du droit communautaire, ou malgré l’existence d’une
spécificité du droit communautaire, sur le principe de la souveraineté, c’est le droit interne
qui prime.

A. la question de la primauté

Elle résulte de 2 choses : conflits entre des normes de droit interne et droit communautaire.
Il se produit fréquemment qu’une norme privée ne soit pas compatible  Laquelle faire
primer.

D’une façon générale, le droit constitutionnel français prévoit à l’article 55 que l’autorité des
conventions internationales est supérieure à celle des lois. Le droit international et le droit
communautaire sont supérieurs aux lois.
Tous les actes règlementaires, et actes nationaux qui ont étés adoptés antérieurement à un
acte communautaire, et qui entrent en conflit : c’est la norme communautaire qui
s’applique.

Doit-on admettre une sorte de principe à portée gale de la primauté du droit


communautaire sur le droit interne.
Cette question, c’est toujours posée. La jurisprudence des cours de justice européennes, a
toujours affirmé le principe d’une primauté du droit communautaire sur le droit interne : 15
juillet 1964  Costa vs Enel.

107
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La cour avait affirmé la primauté du droit communautaire sur les états membres, y compris
constitutionnel.
Cette position fit difficulté par rapport à l’article 55, qui se contente d’indiquer que les
conventions internationales sont supérieures à la loi, et non la constitution.
Mais, jusqu’au traité portant constitution de l’union, le conflit entre D communautaire et
constitutionnel n’a jamais eu lieu.
Le conseil constitutionnel, ni la CC, ni le CE n’ont été amenés à devoir trancher un conflit
qui opposerait une norme communautaire à une norme constitutionnelle : seulement
entre la loi et le droit communautaire.

Ces conflits réglés par la jurisprudence :


 arrêt du 24 mai 1975 : jacques Vabres :
Il est indiqué d’emblé, en faisant référence à l’article 55, qu’un acte règlementaire, même
pris en fondement d’une loi qui n’était pas conforme au droit communautaire ne pouvait pas
être appliqué.

Le CE s’est rangé à cette position plus tardivement : 21 octobre 1988 : Arrêt Nicolo.

Dans le traité portant projet de constitution européenne : il était inscrit à l’article premier
paragraphe 6, « que la constitution (de l’UE) et le droit adopté par les institutions dans
l’exercice des compétences qui sont attribuées à celles-ci prime le droit des Etats membres. »
C’était dans l’ancien projet de constitution : l’institution d’une primauté du droit
communautaire, qui pour n’être à portée générale, n’en était pas moins absolu.
Pas à portée générale : constitution circonscrivait cette primauté au droit.
Il ressort de la lecture de cette article : primauté absolue, en ce quelle n’exclut pas le droit
constitutionnel.
Le CC lorsqu’il a été saisi, pour vérifier la conformité à la constitution, le 19 novembre
2004 qui a précédé le référendum.
En effet, le CC a estimé que d’une façon générale, le projet de constitution n’était pas
incompatible avec la constitution française. Cet article ne conférait pas au principe de
primauté une portée autre que celle qui était antérieurement la même.
Il n’a pas de portée générale. Il va estimer que le projet de constitution de l’UE était une
sorte de codification du droit de l’union et qu’il n’y avait pas nécessité de réviser la
constitution.
Elle est étrange : tous les traités depuis Maastricht ont nécessité une révision. Mais le projet
de constitution pour le CC, il n’y avait pas besoin de modifier la constitution.

Le traité de Lisbonne est la constitution en petit format. On a révisé la constitution pour


adopter le traité de Lisbonne. Il y avait un projet et ensuite on a un traité de Lisbonne.

Le conseil constitutionnel a essayé de sauver la constitution. Elle ne change rien.


Important de voir quelle position le CC adopte sur la question de la primauté, et le CC dans la
décision du 19 novembre 2004, relative à la constitution européenne, explique que l’article
premier ne change rien et affirme que le projet de constitution : dénomination du traité

108
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
(constitution) est sans incidence de la constitution française et sa place au sommet de
l’ordre juridique interne.

C’est exactement la même décision que celle 29 juillet 2006, relative à la loi sur le droit
d’auteur.
Dans cette décision qui contrôlait la conformité de la loi, la constitution, il a affirmé que la
primauté du droit communautaire ne trouvait à s’affirmer que dans la mesure où le droit
communautaire n’est pas contraire à un principe inhérent à l’identité constitutionnelle.
Le CC considérera que le principe de primauté communautaire, que dans le domaine de
compétence où le droit s’exerce, s’arrête dès lors que serait mis en péril l’un des principes
essentiels de l’identité structurelle.

Position respectée par les juges ordinaires : le principe de primauté, trouvait sa limite dans
les normes constitutionnelles 3 arrêts du CE 
 6 juillet 1996 : Koné, décision d’extradition, le CE avait implicitement fait prévaloir
une norme constitutionnelle sur un traité international. 
Le ministre de l’intérieur avait pris un avis d’extradition. Il existait une convention
d’extradition entre le Mali et la France.
Mais, il existe aussi en France une loi, qui date de 1929, sur l’extradition.
L’arrêt d’extradition est contesté devant le T administratif : cette extradition déguise
une demande plus politique de la part du gouvernement malien.
Le CE a 3 normes à sa disposition, arrêté administratif, convention internationale, et
puis une loi qui dit que les extraditions ne peuvent pas avoir d’objet politique.
La loi est inférieure à la convention internationale. Le CE se trouvait dans
l’impossibilité de faire primer la loi. Sauf si la loi avait un contenu constitutionnel, qui
constituait un principe fondamental, et avait une valeur constitutionnelle.
Le CE a annulé l’arrêté sur ce fondement. Cela aboutissait à considérer que la loi est
supérieur à la convention.
 Explicite dans l’arrêt d’assemblée du 30 octobre 1998 : Arrêt Sarran le CE qui a
expressément estimé que la suprématie engagée a traités internationaux, par l’article
55 ne s’applique dans l’ordre interne aux dispositions de l’ordre constitutionnel.
 Position identique : par la Cour de Cassation : arrêt d’Assemblée Plénière, du 2 juin
2000, Fraisse.

Ce qui avait été mis en échec : norme institutionnelle, et non communautaire.


Les partisans d’une primauté absolue pouvaient estimer du fait de la spécificité du droit
communautaire, que ces jurisprudences n’étaient pas pertinentes.

Le CE a fait application du même raisonnement : arrêt du 8 février 2007 : société Arcelor.


Conflit entre le droit constitutionnel français : principe d’égalité, et le droit
communautaire sous la forme d’une directive.
Le juge administratif considéra que la suprématie de l’article 55, aux engagements
internationaux, ne sauraient s’imposer aux dispositions à valeurs constitutionnelles, et à
l’égard de l’article 88 paragraphe 1, dont découle une disposition constitutionnelle. Le
contrôle doit s’exercer de façon particulière.

109
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le raisonnement est en 2 temps : suprématie de la constitution, et constate qu’il y a des
dispositions constitutionnelles spécifiques concernant le droit communautaire et il s’agit de
procéder à un contrôle de constitutionnalité particulier.
Ce contrôle s’opère en 2 temps : s’assurer si le principe est à valeur constitutionnel qui est
invoqué à l’encontre du droit communautaire, n’existe pas aussi dans le droit
communautaire.
Le droit communautaire est fondé sur l’idée d’une communauté de droit : existerait un
patrimoine de droit, commun aux pays européens. Et il y aurait peu de différence entre les
principes à valeur constitutionnelle.
Principe de l’égalité : le juge constatera qu’il fait partie des principes fondamentaux
communautaires.
Mais, il poursuit en estimant, que si un principe à valeur constitutionnelle, en droit interne
ne figure pas dans les règles communautaires.
Il appartient au juge administratif d’examiner la constitutionnalité des dispositions
communautaires contestées : le droit constitutionnel prime sur le droit communautaire :
position de principe très fort.
Le risque de confrontation entre les deux est relativement rare.

Paragraphe 2 : la méthode retenue pour cette participation

Fixée lors de la révision constitutionnelle de juin 1992, qui a institué, dans la constitution,
un espace spécifique concernant dans la construction de l’union : titre XV : article 88.
Cet article 88 signifie clairement qu’il y a une spécificité de l’ordre juridique communautaire,
par rapport à l’ordre juridique international : réglé par l’article 55.
Avec la ratification du traité de Maastricht, a été rendu nécessaire une révision de la
constitution, intervenue le 25 juin 1992, pour permettre la ratification d’un traité,
permettant l’évolution de la construction de l’union.
En 1992 : fondamental, la constitution a connu une mutation.
D’une part c’était la première fois qu’on modifiait l’ordre constitutionnel, en reconnaissant
que certains aspects de la construction de l’union portaient atteinte à la souveraineté
nationale.

3 points :
 création de la BCE, prévision du passage à l’euro : perte cde ce qui est caractérisé de
« battre monnaie ».
 création d’une citoyenneté européenne , qui se manifestait par la possibilité pour les
ressortissants de l’UE de voter aux élections locales, dans un autre Etat que celui
dont ils appartiennent, et d’être élu aux élections. Le CC avait estimé que cette
possibilité portait atteinte à la souveraineté : les membres du conseil municipal
désignent les délégués qui vont élire les sénateurs.
 Certaines politiques européennes allaient désormais d’un système de décision à la
majorité qualifiée, et non à l’unanimité : un Etat pouvait alors bloquer une décision,
et ne pouvait pas se voir imposer une décision qu’il ne souhaitait pas.
C’est instaurer une méthode qui a consisté à considérer que la République participe à a
construction de la construction européenne, dans les limites de ce qui est prévu par la
constitution.

110
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
A chaque fois, qu’un nouveau traité est signé, avant sa ratification, le CC va identifier les
stipulations du traité qui sont contraires à la constitution. La ratification sera rendue possible
qu’après révision de la constitution.

Au final, on peut indiquer que la France participe à la construction de l’UE, mais strictement
dans le cadre des traités qui organisent cette participation.
Par contre, elle ne reconnait une primauté de l’UE sur son propre ordre juridique.

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SECTION 3 : LES PRINCIPES DE BASES DE L’ODRE CONSTITUIONNEL ISSU DE LA Vème
REPUBLIQUE

Quels sont les principes qui confèrent son identité, et à cet égard on peut mentionner 3
principes : souveraineté nationale et principe démocratie, indivisibilité de la république, et
suprématie de la constitution.

Paragraphe 1 : la souveraineté nationale et le principe démocratique

La souveraineté constitue le principe structurant de la République.


Le titre I de constitution s’intitule « De la souveraineté ».

La conception française découle de l’article 3 de la DDHC, qui dispose que le principe de


toute souveraineté réside essentiellement dans la nation et de l’article 3 de la constitution,
qui précise que la souveraineté appartient au peuple et qu’elle est exercée par ses
représentants (démocratie représentative) et par référendum.

Lorsque l’on aborde la notion de souveraineté  2 problématiques :


- Conditions d’exercice de la souveraineté sur le plan interne.
- Aspect externe de la souveraineté , comme la capacité de l’Etat à déterminer le droit,
va se poser la question de savoir comment le peuple influence la production de
norme, et de l’impact du droit international : problème d’articulation entre l’ordre
juridique interne et l’ordre juridique international.
A. les conditions d’exercice de la souveraineté

Cette souveraineté du peuple correspond principalement d’une part à un droit d’auto-


détermination constitutionnelle (reconnaissance pour le peuple qu’il est le titulaire de la
norme et donc de la norme des normes : modifier les conditions dans lequel il souhaite être
gouverné), et à l’exercice du pouvoir législatif : traduit par une maitrise de l’ordre juridique.
Le 3ème niveau : règlementaire : niveau où il n’y a pas d’exercice direct de la souveraineté du
peuple.
Le pouvoir règlementaire peut être défini comme le niveau d’exécution de la loi.

Depuis 1992 : plus de modifications en France que les Etats-Unis en ont connus depuis la
création de la constitution.

111
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Dans les 2 cas, la souveraineté peut s’exercer par des représentants (parlementaires), et se
sont eux qui sont responsable de la révision constitutionnelle.
Le peuple peut aussi intervenir directement.
L’article 89 : possibilité d’un référendum constituant (en 1962 : réviser la constitution pour
permettre l’élection du président au SU, et pour la révision de la durée du mandat du
président).

S’agissant de la fonction législative, la constitution prévoit une procédure spécifique à


l’article 11, qui permet de faire adopter à l’initiative du président, du gouvernement, ou
des parlementaires, de soumettre directement un projet de loi, uniquement dans certaines
matières, au référendum : loi de ratification des traités.
Pour le traité de Lisbonne : plusieurs opérations se sont déroulées pour permettre la
ratification du traité.
Lorsqu’un traité est signé par le président, il n’entre pas en vigueur. Cette ratification atteste
de la souveraineté de l’Etat : approbation du peuple pour faire entrer ce traité dans l’ordre
juridique interne.
Si le président la signé, et des parlementaires considèrent en premier lieu qu’il n’est pas
conforme à la constitution, le soumettront au CC.
 Le traité doit obtenir un « brevet de constitutionnalité ».

Si le traité est conforme à la constitution, la ratification est possible. C’est le parlement qui
votera une loi de ratification, et le traité sera considéré comme ratifié. Et selon l’article 55 : il
a une autorité supérieure à la loi.
L’article 11 permet aussi de demander au peuple qu’il approuve directement la ratification :
par une loi référendaire.
Plusieurs combinaisons possibles.
Exemple : traité sur la constitution de l’union : loi de ratification. Le président de la
République, devant un tel traité, qui portait constitution de l’union, demander l’avis au
peuple.

Si le traité n’est pas conforme, il va falloir passer par plusieurs phases : modification de la
constitution pour la ratification : soit en utilisant uniquement la procédure représentative
(congrès à Versailles), soit soumettre la loi de révision constitutionnelle au référendum.
Si la loi de révision n’a pas été approuvée : pas de deuxième phase.
Si la loi de révision est approuvée : phase de ratification.
Pour ratifier le traité, on peut soit organiser un référendum, par l’article 11, soit une
ratification par les deux assemblées.
Cela est lié, parce que la souveraineté s’exerce indirectement par le peuple, soit par ses
représentants.

Deux catégories de représentants :


 Le président de la république : élu par les représentants du peuple.
 Sénateurs, mais pas élu au SUD.

B. la place de la république dans l’ordre juridique international

112
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Question à part entière et distincte. L’ordre juridique communautaire est distinct de l’ordre
international, et dispose de sa propre spécificité.
La question est tranchée par la constitution : il revient à la constitution de déterminer quel
est le statut de l’ordre juridique international.
En dehors du droit communautaire, le droit international est de plus en plus dense. Les
conventions internationales sont de plus en plus nombreuses, tant qualitatives, que
quantitatives.

Les deux champs du droit international, pendant longtemps : guerre et paix. Aujourd’hui, il
n’est pas un domaine, où le droit international n’impose pas des normes.
Le droit international concerne directement les individus, passé à travers le filtre des Etats :
droit de la personne humaine.

Pour résumer l’attitude à priori qu’à un Etat, on distingue 2 catégories :


- Ceux qui conçoivent l’ordre juridique comme étant unique. Il y a des ordres
juridiques, et un ordre juridique international qui surplombe. On par le de
conception moniste. On considère que le droit international est supérieur au droit
interne.
- Conception dualiste : ordre juridique international, et celui des Etats. Il faut prévoir
les conditions dans lequel ce droit international s’articule, et peut pénétrer dans
l’ordre juridique interne. La constitution va assigner au droit international sa place
dans l’ordre juridique interne. La constitution constitue la norme suprême.

Pour la Vème République, on peut considérer que le droit international trouve une place
bienveillante : 3 dispositions dans la constitution qui permettent de connaitre la position de
l’ordre constitutionnel à l’égard du droit international.
Dans le préambule de 1946, la constitution rappelle que la République française se
conforme aux normes internationales : posture favorable au droit international.

Le dispositif constitutionnel repose sur 2 articles :


 article 54 qui prévoit la possibilité d’une saisine du conseil constitutionnel, pour
vérifier la conformité du traité à la constitution, et qui prévoit la nécessité d’une
ratification
 article 55 : traité régulièrement ratifiés ont une autorité supérieures à la loi, sous
réserve que pour chaque traité, les autres parties, l’appliquent eux mêmes : clause de
réciprocité. Mais pour le droit communautaire, cette clause n’existe pas.
L’article 55 a pour résultats, que lorsque les traités sont ratifiés, se trouvent au dessus des
lois : autorité supra législatif.

2 questions se posent :
 autorité supérieure à la loi : toutes les lois adoptées antérieurement, cède devant
l’autorité du traité. La ratification joue comme une sorte d’abrogation.

113
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Les lois postérieures au traité votent après la ratification d’un traité, une loi contraire au
traité.
L’article 55 ne règle pas la question de l’infériorité ou supériorité du droit international à la
constitution.
Décision du 15 janvier 1975 : IVG. Suite à l’adoption de la loi sur l’IVG. Les requérants : loi
contraire à l’article 1er de la CEDH sur le droit à la vie. Le CC n’a pas répondu à la question sur
le fond, mais pour cela il a invoqué un argument relatif à son champ de compétence.
L’article 61 de la constitution prévoit que les lois peuvent être déférées au CC avant leur
promulgation, qui se prononce dans un délai d’un moins sur la conformité à la constitution.
Le CC va déduire que sa compétence est limitée à l’appréciation de la conformité des lois, à
la seule constitution, et considère qu’il ne lui appartient pas en fonction de l’article 61,
d’examiner une loi aux stipulations d’un traité ou accord international.
Selon lui, le contrôle d respect énoncé à l’article 55 ne saurait s’exercer à l’article 61, en
raison de la différence de nature entre ces deux contrôles. Le cc estime qu’il y a d’une part
un contrôle de constitutionnalité, qui relève de sa compétence, et un contrôle de
conventionalité, qui est le contrôle de la conformité des lois aux conventions internationales,
qui ne relèvent pas de sa compétence. Par conséquent, aboutit à la situation, que si le
législateur adopte une loi postérieurement à la ratification d’un traité, et qui s’avérait
contraire au traité, cette loi ne serait pas censurée par le CC.
Selon le CC ? Le problème n’est pas de savoir s une loi est conforme à la question, mais
comment cette loi sera exécutée. D’une façon générale : question renvoyant le contrôle de
la conformité des lois postérieure de la ratification d’un traité, aux juridictions ordinaires : au
juge administratif ou judiciaires, à l’occasion des litiges où ils seront saisis, de s’assurer le cas
échéant qu’une loi postérieure n’est pas en contradiction avec in traité antérieurement
ratifié.
Plutôt que de se livrer à un contrôle abstrait, il convient de s’assurer que la loi n’est pas
contraire aux engagements internationaux.

La Cour de Cassation : arrêt du 24 mai 1975, jacques Vabres : mis à profit cette habilitation à
vérifier que la loi postérieure ne remet pas en cause des engagements internationaux ratifiés
par la France. Il s’agissait d’une taxe instituée par le législateur : taxe intérieure sur la
consommation, dans le code des douanes, qui frappait le café. Ratifié après le traité de
Rome : libre circulation des mds. Cette loi créait une taxe bien que postérieure au traité de
Rome, était non conforme au traité.

Le CE : plus de temps : arrêt du 21 octobre 1988 : arrêt Nicolo. Le juge administratif a lui
même adopté ce raisonnement de la CC, qui consiste à vérifier que les actes règlementaires,
alors même qu’ils mettraient en application une loi, qui serait non conforme à un traité, un
acte règlementaire devrait être écarté.
Il opère un contrôle de la légalité : par rapport à la loi. Etant compétent pour contrôler la
légalité, il n’est pas compétent pour vérifier que la loi est conforme à la constitution. Il
prévalait une théorie de la loi écran : la convention internationale, loi qui lui est postérieure
et un acte règlementaire. L’acte règlementaire applique la loi et est régulier quant à sa
légalité. La loi n’est pas conforme au traité international. Mais jusqu'à cette décision, le CE
disait que sa compétence n’était pas de vérifier la conformité de loi à la convention, mais de
l’acte règlementaire à la loi.

114
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
En 1988 : change d’avis, le juge que la non-conformité d’un acte règlementaire doit être
conforme à la convention internationale. Le CE fait primer le droit international sur les actes
règlementaires, depuis cet arrêt.

L’effet utile que l’article 55 produit quand même, alors que le CC continue de ne pas
censurer les lois postérieures. Accepter d’intégrer dans son contrôle de conformité, le
contrôle de conventionalité.
Si le CC admettait de contrôle les lois, il continuerait à faire ce que lui donne l’article 55
comme compétence.

 Autorité des actes internationaux sur la constitution.


La constitution demeure la norme suprême : réponse identique du droit international. En
réalité, les solutions évoquées au niveau du droit communautaire : décision intervenue dans
le champ du droit international et non communautaire.
C’est dans l’arrêt d’assemblée du 3 janvier 1996, sur la convention d’extradition, que le juge
administratif a fait connaitre sa position : il a créé un principe fondamentale reconnu par les
lois de la république : norme à valeur constitutionnelle, afin de pouvoir contrer l’effet d’une
extradition, qui est une convention internationale : prévaloir une loi constitutionnelle, sur
une convention internationale. Il indiquait clairement la primauté d’une loi constitutionnelle,
sur une convention internationale : réaffirmé dans l’arrêt Saran.

Ce principe trouve une expression dans le principe démocratique : le principe de


souveraineté garantie le caractère démocratique du régime, par les différents modes
d’exercice, que le peuple en tant que titulaire, a de son pouvoir : référendum ou
représentants.
Principe qui permet de délimiter l’influence à la fois, du droit de l’UE, mais aussi du droit
international : sert de limite d’horizon à l’influence du droit international, sur le droit
interne. La question de la souveraineté nationale : maitrise de l’ordre juridique par son
peuple : directe, ou indirecte.

Paragraphe 2 : indivisibilité de la République

La pression du droit international ou communautaire est forte.


Le principe de l’indivisibilité, qui est affirmé dans le préambule de 1946 est en voix
d’atténuation. Cette idée renvoi à deux aspects : indivisibilité territoriale, et indivisibilité du
peuple.

A. l’indivisibilité territoriale

Elle s’exprime principalement par le choix de l’Etat unitaire. La Vème République s’inscrit
dans la continuité permanente depuis de 1791, où le jacobinisme a triomphé.
L’option de l’Etat unitaire ne va pas sans une certaine souplesse : il est 2 dynamiques
incontestables qui si ne remettent pas en cause le principe d’indivisibilité, mais pas le
reconnaitre comme strict et absolu : décentralisation, qui connait des phases, qui
s’approfondie de plus en plus, et extrême disparité qui existe concernant certains
territoires.

115
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Dégradé de situation où certains territoires, qui sont en voie de quitter la république
française : se prépare leur indépendance, comme la Nouvelle Calédonie.
L’indivisibilité du territoire ne va pas à l’encontre de la recherche d’une certaine autonomie,
même si le principe reste de la libre administration : elles détiennent une forme
d’autonomie au niveau du pouvoir règlementaire. L’indivisibilité se traduit par l’unité
administrative. La constitution et la loi s’applique de la même façon, l’autonomie vient de
l’administration : latitude dans l’application des lois.
L’indivisibilité ne signifie une obligation d’unitarisme au sens où toutes les collectivités se
trouveraient sur un même statut, et un rapport de hiérarchisation de l’Etat.
La décentralisation de 1982, d’une part a tendance a de plus en plus confier de
compétences aux collectivités territoriales, tout en maintenant le principe selon laquelle la
loi est la même sur l’ensemble du territoire : principe de libre administration, et non une
législation propre, sauf dans deux collectivités : Nouvelle Calédonie et Polynésie : possibilité
d’adopter des lois.
Cela s’explique par le statut de ces collectivités : elles sont en transites : en vocation à quitter
la République.
En métropole, c’est un modèle simple. Chaque collectivité doit avoir le même statut, même
si depuis 2003 les régions peuvent demander des expérimentations : compétences
confiées à elles pour une raison déterminée, et si l’expérimentation s’avère positive :
étendue à toutes les régions.

B. l’indivisibilité du peuple

Ce concept signifie d’une part l’unicité du peuple français : aucune différenciation d’ordre
politique n’est autorisée au sein du peuple français. Mais cette indivisibilité se traduit par un
principe fort : principe d’égalité devant la loi.

L’unicité du peuple est garantie par la souveraineté du peuple. Les exigences d’unité du
corps électoral sont liées à l’indivisibilité nationale.
Cette question fait débat, si c’est un principe du droit public dans la sphère étatique, la
démocratie encourage à la divisibilité, émiettement jusqu’au repli individualiste : jusqu’au
communautarisme, identitarisme : plutôt que de se reconnaitre dans la nation : se donner
des identités. Il peut revêtir des formes diverses : religieux, ethnique, couleur, sexuel... Toute
une série de revendications complexes dont on n’a le droit de se demander s’il existe au
contraire une chance pour la démocratie.
Elle suppose le pluralisme. Elle suppose que la société est évidemment diverse.

Décision du Conseil Constitutionnel du 9 mai 1991 : statut de la Corse, puisqu’en 1991 avait
été adopté le premier statut d’autonomie de la Corse, et l’article premier de cette loi
reconnaissait l’existence d’un peuple corse, composante du peuple français : censuré au
motif que la constitution ne connait que le peuple français composé de tous les citoyens
français sans distinction d’origine de race ou de religion.

116
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est ce qui a conduit le Conseil Constitutionnel, dans une décision du 15 juin 1999, a propos
de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires : le CC avait été saisi pour
vérifier la compatibilité de cette charte à la constitution.
Le CC a estimé que la France ne pouvait pas en l’Etat ratifier cette charte, donc reconnaitre
l’existence de langues minoritaires, au nom du principe d’unicité au nom du peuple français.
C’est le seul traité signé par la France, qui n’a pas été ratifié.
Cette affirmation conduit à refuser de reconnaitre les minorités de tous ordres, et avait
amené à considérer que le corps électoral ne peut pas être scindé en minorité.

Pour les femmes : pour adopter les lois, qui s’appliquent au conseil municipal, il doit y avoir
avec autant de femmes que d’hommes : révision de la constitution, puisque la loi qui avait
adopté ce principe des listes comportant autant d’hommes que de femmes avait été censuré
par le CC. Modifié aussi le texte : pour éviter la censure du CC, la loi impose l’alternance
hommes-femmes (tous les scrutins de listes).

SECTION 3 : LA SUPREMATIE DE LA CONSTITUTION

Ce n’est pas un principe affirmé dans la constitution : pas une volonté délibérée des
constituants. Mais elle est indéniable de la conception qu’ont eue les constituants du
système politique.

Paradoxe : ce principe n’est pas affirmé en tant que tel, mais est l’un des apports les plus
remarquables de la Vème. C’est la première fois qu’une constitution va revêtir le statut de
norme suprême  du au contrôle de constitutionnalité.

Moyen de rationalisation du parlementarisme  le contrôle de constitutionnalité est cet


outil, pour que les lois respectent la constitution, dans le but de contenir le parlement.
Cet objectif a été débordé, sous l’effet de la jurisprudence du CC, qui dans une décision du
16 juillet 1971 c’est auto institué le défenseur des D et L individuelles.
Et surtout grâce à une révision constitutionnelle de 1974, qui a ouvert le contrôle de
constitutionnalité à l’opposition.
Elaboration d’une jurisprudence constitutionnelle, qui enrichi le bloc de constitutionnalité.
On a véritablement aujourd’hui une affirmation de la soumission de la loi à la constitution.
Tant le CC, le CE et la CC ont affirmé que la constitution était la norme suprême dans l’ordre
juridique interne, même à l’égard du droit international, et dans une certaine mesure au
droit communautaire.

SECTION 4 : LES MUTATIONS DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL

Il s’agit d’évoquer comment la constitution de 1958 a évolué jusqu'à nos jours. Si on parle
de mutation, c’est que cette évolution c’est faite par des révisions formelles de la
constitution.

117
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Elle est néanmoins traduite par des transformations en profondeur, même parfois par des
principes qui la structure. Certaines révisions, notamment celle de 1992 ne sont pas de
simples adaptations, mais ont profondément modifié l’ordre constitutionnel.

L’économie générale du texte, de la constitution a été profondément modifiée, et que la


constitution de 1958 n’a plus rien à voir avec la Vème d’aujourd’hui.

Paragraphe 1 : la révision de la constitution

L’article 89 prévoit 2 procédures de révisions, mais la constitution, la première révision n’a


pas été une révision au sens 89, mais au sens de l’article 11.
Il y une procédure de révision dans la constitution, mais il a une autre procédure qui est
l’article 11.

1. la procédure de l’article 89

Procédure officielle  celle toujours utilisée, sauf 2 fois, par le général de Gaulle.

L’article 89 prévoit 2 procédures, en fonction de qui prend l’initiative de réviser : au


président de la République et au premier ministre (sur sa proposition), et au parlement (sur
proposition des parlementaires).
Quelque soit l’organe qui est à l’origine, il est une première phase de la procédure qui est
commune : le projet de révision ou la proposition (parlementaire) sont d’abord voté par
chacune des 2 assemblées en terme identiques, mais séparément (un peu comme une loi
ordinaire)  majorité simple.

 Une fois le projet approuvé par les 2 assemblées, il doit être soumis au référendum pour
approbation. La procédure normale apparait comme le référendum  le seul cas révision 2
octobre 2000 (réduction du mandat du président).

 L’article 89 prévoit aussi que si l’initiative a été prise par le président.


Le président peut décider de soumettre, un fois le vote intervenu, le projet adopté par les 2
assemblées, au congrès.
Dans ce cas, il n’y aura pas de référendum, mais les 2 assemblées vont se réunir pour n’en
faire qu’une  majorité des 3/5 exprimés la révision.

 Initiative parlementaire : peuple par référendum qui approuvera.*


 Initiative du président : il a le choix, soit par le peuple, soit au congrès.

Il n’y a eu aucune révision qui n’a pas abouti, dès que le vote des 2 assemblées avait déjà
réalisé. Il n’y a eu que des projets.

2. l’utilisation de l’Article 11 pour réviser la constitution

118
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

Il concerne le référendum législatif.

L’article 11 offre au président la possibilité au président de la république à de soumettre


directement des projets de lois au peuple.
Mais il n’est pas applicable à toutes les lois : pas les lois pénales, fiscales, la ratification des
traités internationaux, mais aussi les lois sur l’organisation des pouvoirs publics.
L’article 11 a un champ d’application délimité : s’agissant des lois ordinaires.

Il y a les lois portant sur l’organisation des pouvoirs publics : c’est en utilisant cette
ambigüité, que de Gaulle décidera de procéder à une révision constitutionnelle : première
révision, mutation du régime : révision sur l’élection du président de la République au 62.

Pourquoi a-t-il éprouvé la nécessité de soumettre la révision au référendum : pourquoi a-t-il


utilisé l’article 11, et non le 89 ?
C’est du au contexte politique de l’époque. En réalité, il y avait une hostilité des
parlementaires de l’élection du président au SU.
Dans le cadre de la procédure de révision, il y avait une phase nécessaire, qui est
l’approbation par les 2 chambres du projet de révision. Et le Général De Gaulle savait qui ne
l’obtiendrait pas.
Pour mettre en œuvre l’article 11, il fallait une proposition du gouvernement, par le Premier
ministre, George Pompidou.

En signe de protestation, l’assemblée nationale a voté une motion de censure contre le


gouvernement Pompidou, qui est la seule de la Vème République. Le gouvernement a
même été renversé par cette motion. De Gaule va dissoudre l’assemblée nationale.
Le Général de Gaulle maintiendra le gouvernement pour expédier les affaires courantes : il a
répliqué à cette motion par une dissolution.

De Gaulle fera coup double  le référendum du 28 octobre 1962  aboutit à un oui massif
et les élections législatives lui donnèrent une très large majorité à l’assemblée nationale.
Cette première révision a été appliquée avec une procédure qui n’est pas la procédure
normale : détournement de la constitution.
La question avait fait débat, sur le plan juridique : s’il était possible de recourir à l’article 11
pour réviser la constitution. Il s’est trouvé des partisans.
René Capitan, qui à justifié l’utilisation de l’article 11  coutume constitutionnelle qui avait
reçu l’approbation du peuple : adopté le fond et la forme.

Le général avait mis son destin personnel et politique en jeu. Il avait exprimé la position
selon laquelle, si le référendum était négatif, il démissionnera.
Triple effet : sur le fond, sur la forme, et en même effet de type plébiscitaire.

Dans un contexte où la constitution se veut la norme suprême et où le respect de la


constitution apparait comme un élément essentiel du nouveau régime : cette utilisation de
l’article a des fins qui ne sont pas celles pou lesquelles il a été instauré, pose problème,

119
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
d’autant qu’il établit très clair que l’article 89 fait partie du titre XVI : de la révision. Ce qui
signifie pour les constituants de 58, il n’y avait qu’une seule voie.

Le président du sénat, Alain Poher avait saisi le conseil constitutionnel, à l’encontre de la


loi référendaire.
Le CC, qui n’a que 4 ans d’existence, dans sa décision de novembre 62  les lois
référendaires ne pouvait faire l’objet d’un contrôle de constitutionalité, en estimant
qu’elles étaient le moyen par lequel le peuple s’exprime souverainement.
 Le contrôle s’arrête là où commence la souveraineté constituante du peuple.

Le général De Gaulle a voulu tenter de nouveau le coup en 1969, en utilisant la même


procédure, mais il y a eu le triple effet inverse. Le Général de Gaulle avait mis son destin
personnel dans la balance. Le non des français était un non dirigé contre la personne, et
moins contre le projet.
Il faut donner au non de 1969, le même effet que le oui de 1962.

Au delà de ce raisonnement, il semble que l’article 11 ne puisse pas servir de procédure de


révision.
Ils appartiennent à ce temps gaullien : pratique déformée, dite du principat.
Il n’y a plus eu de révision constitutionnelle, qui ne soit pas formé sur l’article 11.
2 révisions constitutionnelles depuis la création de la constitution : utilisé l’article 89.

Paragraphe 2 : le bilan des révisions constitutionnelles

On comptabilise aujourd’hui 23 révisions constitutionnelles. Sur ces 23 révisions, plus de 18


ont été adoptées à partir de 1992. En moyenne depuis 92, plus d’une fois par an.
Ces révisions sont toutes importantes, mais on peut considérer qu’il y a 3 qui sont
déterminantes. Elles affectent l’identité même de l’ordre constitutionnel. Des révisions qui
ont constitués de véritable mutation.
Ces trois révisions :

 Loi constitutionnelle du 6 novembre 1962, relative à l’élection du président au SU.

 Loi constitutionnelle du 29 octobre 1974 qui ouvre la saisine du conseil constitutionnel,


en prévoyant qu’il peut aussi être saisi, par 60 députés ou 60 sénateurs. C’est ouvrir la
saisine à l’opposition : véritable configuration démocratique, où le jeu de tension se fait
entre la majorité et l’opposition.
En permettant cette ouverture, c’est en même temps accroitre l’importance du conseil
constitutionnel dans le système politique en général. Permettre de développer une
jurisprudence constitutionnelle.
En juillet 1971, où le CC avait contrôlé la conformité d’une loi à la constitution, à sa
conformité matérielle : au regard d’une liberté fondamentale : liberté d’association. Ces

120
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
deux évènements sont indissociables. Le CC ne devient pas le simple gardien de l’exécutif,
mais aussi des libertés publiques, en n’hésitant pas à censurer une loi.
La décision de 1974 vient ouvrir les portes du CC à l’opposition.
C’est la confirmation de la suprématie de la constitution, mais pas simplement formelle,
mais aussi matérielle, et c’est la fin de la tradition du légicentrisme. La loi doit tenir compte
de la constitution.

 La loi constitutionnelle du 25 juin 1992  : cette révision constitutionnelle cristallise la


méthodologie de l’appartenance, de l’évolution de la république à l’UE.
C’est toujours la même méthode, celle fixée dans le titre XV de la constitution  une
appartenance à l’union, la spécificité du droit communautaire, mais par petits pas : on ne
reconnait pas une suprématie (seulement dans les domaines concédés).
En 1992, on a admit que la construction de l’UE pouvait avoir des effets sur la
souveraineté.

A partir de là, il y aura de très nombreuses révisions constitutionnelles, mais certaines sont
plus des ajustements de la modernisation de l’ordre constitutionnel : par exemple,
- la révision du statut pénal des membres du gouvernement (1993)
- celle du chef de l’Etat du 23 février 2007. Le statut du président évolue
progressivement.
Le 8 juillet 1991 : qui reconnait que le président pourrait être poursuivi devant la CPI.
Il y la réduction de la durée du mandat  2 octobre 2000. Effets paradoxaux, tout le
monde s’accorde à penser qu’en réduisant la durée du mandat, on a augmenté le
pouvoir du président. Le lien entre le président est renforcé avec la majorité
parlementaire (motivé pour éviter les cohabitations).
- Il y a eu des révisions qui touchent directement le parlement : 4 aout 1995  session
parlementaire unique, les lois de financement de la SS  22 février 1993.
- Révisions pour tenir compte de l’évolution de l’UE : Amsterdam  25 janvier 1999,
la loi constitutionnelle du 1er mars 2005 : traité établissement une constitution
européenne, sur la décentralisation : nouvelle Calédonie, Polynésie (indépendance).
- Révisions de modernisation de la démocratie  : droit d’asile  2 novembre 1993,
parité H-F  8 juillet 99, le mandat d’arrêt européen  le 1er mars 2005, ajout au
bloc de constitutionnalité, l’ajout de la charte de l’environnement.
- Constitutionnalité, à l’article 667 paragraphe 1er : interdiction de la peine de mort.

Le bilan est important : qualitativement, et quantitativement.

121
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

122
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

CHAPITRE 2 : L’EXECUTIF SOUS LA Vème REPUBLIQUE

Il repose sur un exercice dual  pas un système bicéphale traditionnel. Il ne s’inscrit pas
dans le régime traditionnel des régimes parlementaires, où le chef de l’Etat joue un rôle
effacé.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le président joue un rôle déterminant. En réalité cette ligne de partage des pouvoirs du
président et les conditions d’exercice du chef du gouvernement évoluent.
Elle Evolue selon la configuration politique : fonctionnement classique de la Vème : lorsqu’il
y a permanence du fait majoritaire, ou lorsqu’on est en période de cohabitation.
En période de cohabitation, il y a une rupture, le président de la République est en décalage
avec la majorité parlementaire, et donc avec le gouvernement.
En réalité, cette ligne de partage peut également fluctuer en période de fait majoritaire.

SECTION 1 : LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

C’est une innovation, la conception du rôle du président est novatrice. Il est appelé à jouer
un rôle déterminant, d’autant plus qu’il est élu au SU.
Il faut faire la part des choses, entre ce qu’il peut faire, et ce qu’il a la faculté de faire
(apprécier jusqu’où il peut aller).
C’est lui qui peut décider de ce jusqu’où il peut aller. Il détient des pouvoirs exceptionnels.
En réalité, même si d’un point de vue symbolique : recours que dans des circonstances
exceptionnelles.

Paragraphe 1 : le statut du président

I. le mandat et l’élection

Il est élu au SU depuis 1962, avant il était élu par un collège électoral de plus de 80.000
électeurs.
La première élection au SU a eu lieu en 1965  scrutin majoritaire à deux tours.
Ces observations ont étés transcrites dans les modifications constitutionnelles et lois
organiques qui fixent les conditions.

Pour pouvoir être élu, il faut avoir 23 ans révolus, satisfait à ces obligations militaires, il faut
que la candidature soit proposée par un certain nombre d’élus  parrainage de 500 élus
qui cautionnent la candidature.
Ce sont tous les élus locaux, députés, sénateurs... qui peuvent parrainer les candidats. Ils ne
peuvent en parrainer qu’un seul.
Il faut que ces 500 élus viennent au moins de 30 départements, et que dans un département
il ne peut y avoir que 10% des signataires.
Soumises aux règles de transparences et limitations électorales : obligation de tenir un
compte de campagne.
Et les candidats qui ont obtenus 5% des voix peuvent obtenir un remboursement d’un quart
de la campagne.
L’élection a lieu, depuis la loi constitutionnelle de 2000, tous les 5 ans, sauf en cas
d’interruption du mandat anticipé :
 démission  De Gaulle en 1969,
 décès  Pompidou en 2 avril 1974,
 ou en cas d’empêchement définitif du mandat (ex : président tombe dans le coma).

124
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La loi organique de 1976 a prévu les hypothèses où un candidat se retirai ou décéderai
pendant la campagne électorale :
 dans la date limite des 7 jours avant le dépôt de candidature, le CC peut décider de
repousser les élections.
 Si un candidat décède après le dépôt des candidatures : repousser les élections.

Au second tour, ce sont les 2 candidats qui ont le plus de voix. Si l’un des deux en tête se
retire, c’est le troisième qui prend le relai.
Si l’un des deux décède, l’élection est annulée et il faut recommencer.

En cas de vacance : c’est lorsque le président est hospitalisé, le premier ministre prend le
relai.
L’intérim, c’est lorsque le président ne puisse assurer ses fonctions, le président du sénat
prend le relai, et s’il décède aussi, c’est le gouvernement collégialement qui s’y attèle.
Le président par intérim (Poher l’a été deux fois) assure toutes les fonctions du président,
mais certains pouvoirs ne peuvent être utilisés : dissolution, article 11, et ne peut pas faire
de révisions constitutionnelles.

Depuis 1958 : 6 présidents de la Républiques :


 2 mandats pour de Gaulle, de 1958 à 1969.
 Le 15 juin 69 : Pompidou, jusqu’en 1974,
 le 29 mai 1974, Giscard, jusqu’en 1981,
 le 10 mai 1981, François Mitterrand, et réélu le 8 mai 1988,
 en 1995 : Jacques Chirac  2 mandats,
 et depuis mai 2007 : Sarkozy

II. la problématique de responsabilité du président de la République

Désormais, la responsabilité du président prend deux aspects  politique et pénale.


La question de la responsabilité pénale du président était abstraite. Dans l’affaire de la
mairie de paris, s’est posée cette question.
Littéralement ce n’est pas posé dans la constitution  c’est posé dans la pratique, plusieurs
fois : démission de Gaulle, cohabitation.

A. la responsabilité pénale du chef de la République

Elle était traditionnellement confinée à la haute trahison. Si le président était convaincu de


haute trahison, il été jugé devant la Haute Cour. La Haute cour était alors composée de
parlementaires.
Cette procédure n’a jamais été mise en œuvre.

Un président de la République en exercice, peut il faire l’objet de poursuites, de


condamnations, ou simplement être entendu comme témoin, dans le cadre d’une
instruction le concernant ?

125
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est le CC qui a répondu à cette question  dans la décision concernant la création de la
CPI, à la constitution. Il en a profité de rappeler qu’elles étaient les irresponsabilités
pénales du président.
Il y a 2 séries d’actes : ceux qui relèvent de l’exercice de sa fonction, et il y a tous les autres.
Le CC a rappelé que l’immunité ne concernait que les actes commis dans l’exercice de sa
fonction, et qu’elle était totale et absolue, même après son mandat, sauf pour haute
trahison.

La question se posait plus pour l’immunité concernant des faits, qu’il n’aurait pas commis
pendant son mandat. Il y a en réalité plusieurs cas de figures.
Il faut distinguer 4 choses :
 pendant son mandat  immunité absolue,
 pendant son mandat, mais qui ne concerne pas la haute trahison  immunité,
 durant l’exercice de ses fonctions mais sans rapport avec la haute trahison  jugé
par les T de droit commun,
 avant le mandat  droit commun.

Mais le CC avait précisé que pendant la durée de ses fonctions, la responsabilité ne peut
être mise en cause que devant la Haute Cour de justice.
Il considérait que pendant la durée de son mandat, le président bénéficié d’un privilège de
juridiction, qui interdit tout acte de poursuite : mis en examen, et même son audition.

La CC, dans un arrêt Breisacher du 10 octobre 2001, a précisé sur un point important, ce
que le CC avait dis.
Elle n’a pas remis en cause le principe du privilège de juridiction. Par contre, elle a indiqué
clairement que pendant cette période, la prescription de l’action publique est suspendue,
afin d’éviter qu’un président se fasse réélire pour s’assurer que la prescription soit atteinte.

Jacques Chirac a décidé d’inscrire le nouveau statut du président dans la constitution :


Pierre Avril, qui a aboutit sur une révision constitutionnelle du 7 février 2007, qui a modifié
le titre 9.
Il ne remet pas en cause les solutions acquises avec les décisions du CC.
L’article 67 prévoit que le président n’est pas responsable de ses actes en cette qualité 
maintien du principe de responsabilité pénale, mais disparait la référence à la haute
trahison.
Désormais, il est prévu une procédure de destitution (impeachment à la française) en cas de
manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat.
Dans ce cas, le président encoure une destitution par le parlement constituée en Haute cour.
Chaque assemblée doit séparément voter le principe de la réunion de la Haute cour, à la
majorité qualifiée des 2/3, sans possibilité de délégation de vote, et en recensant que les
votes favorables.
 Reste la définition des manquements, mais l’interprétation est plutôt souple.

126
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

B. la problématique de la responsabilité politique

Si on s’en tient à la responsabilité républicaine, il est politiquement irresponsable. La


constitution ne la prévoit pas.
Le président dispose de compétences propres et joue un rôle déterminant dans le
fonctionnement du système politique  Cette irresponsabilité parait peu compatible avec
le statut du chef de l’Etat.
Il est vrai qu’il n’existe aucune procédure de destitution du président pour des motifs
uniquement politiques.
On peut osciller entre une conception minimaliste  la responsabilité n’est engagée qu’en
fin de mandat : il se représente au suffrage des électeurs, qui ont l’occasion de le
sanctionner ou conception maximaliste  qui voudraient voir dans tous les tests
électoraux une mise en cause de l’approbation du président.
En réalité, en dehors du premier président de la République, tous les autres présidents ont
optés pour la ligne minimaliste.
D’un point de vue institutionnel, la légitimité est acquise pour la durée du mandat.

En 1962 et 1969, en mettant en jeu son mandat lors des référendums : sorte de
responsabilité du président  responsabilité gaullienne.
On demandait au peuple de se prononcer sur une question institutionnelle, et le président
pris l’initiative de donner au peuple le pouvoir de le contraindre à la démission.

La question de la responsabilité s’est posée ensuite différemment et indirectement.


Principalement, en ce qui concerne les élections législatives et puis dans les discours, que les
élections locales pourraient être le lieu de sanction.
A la fois, les élections législatives et locales seraient considérées comme des tests
d’approbation ou de désapprobation à l’égard de la politique : dès lors qu’on est dans un
régime présidentiel, celle du président.
Pour les élections législatives, la situation est différente  première fois en 1985, mais déjà
posé en 1979, lors du mandat de Giscard.
Des élections législatives devaient avoir lieu et s’annonçaient mal pour la majorité au
pouvoir. Giscard avait été interrogé sur cette question et avait tenu un discours, en cas
d’échec aux élections législatives, il ne démissionnerait pas. Sa propre légitimité ne serait pas
affectée.

Elle s’est posée en pratique 1985, lorsqu’aux élections législatives est arrivée une majorité
de droite, alors que le président était de gauche. Mitterrand a aussi considéré qu’il n’avait
pas à démissionner  pas à remettre en cause sa propre légitimité.
Cette hypothèse c’est produite à trois reprises. Mitterrand a subit une 2 ème cohabitation et
Chirac en 1997.
Il n’y a aucun moyen constitutionnel pour engager la responsabilité politique du président
de la république : elle ne joue qu’au moment de l’élection, s’il se représente.

127
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
En écourtant le mandat du président, on n’a pas affaibli le président, on la renforcé 
connecté la majorité législative, avec celle du président, on a fait du président le véritable
chef de la majorité.

Paragraphe 2 : les attributions du président de le République

La constitution mentionne différentes compétences qui sont attribuées au président de la


République, mais ces compétences doivent s’analyser d’un part, à une conception globale
de la fonction telle notamment quelle découle de l’article 5 de la constitution, qui sans
attribuer de compétences au président, permet de définir la fonction présidentielle.
2 sous hypothèses : relations entre le président et son premier ministre. Il n’y a jamais eu de
situations pareilles. Il y a toujours de méfiance entre eux.
Les relations seront différentes selon que l’in est en période de faits majoritaire, mais qui
peuvent fluctuer, et en période de cohabitation.

Lorsque l’on envisage l’analyse des attributions, on ne peut pas se contenter d’énumérer
sèchement le texte de la constitution, il faut se replacer dans ce contexte complexe de
conception générale de la fonction et de conditions générales dans lequel s’exerce la
fonction.
La conception générale de la fonction figure à l’article 5 de la constitution  indique que le
président de la république veille au respect de la constitution, assure par son arbitrage le
fonctionnement des pouvoir publics, garant de l’indépendance nationale, intégrité d
territoire et du respect des traités.

Le rôle du président apparait clair et limité : d’une part c’est un rôle principalement
d’arbitrage, et surtout le président exerce normalement des compétences par rapport à des
situations d’exceptionnelles  champ de compétences limitées aux affaires étrangères.
Il ne doit intervenir directement dans la vie politique que lorsque celle-ci ne fonctionnerait
plus normalement.

L’article 19 de la constitution qui clôt la partie consacrée au président de la république,


précise que « les actes du président autres que ceux prévus aux articles 8 alinéas 1 er, 11,12,
16, 18, 54, 56 et 61 sont contresignées par le premier ministre et le cas échéant par les
ministres responsables. »
Il y a une innovation spectaculaire, qui est que le président puisse prendre certains actes
sans contreseing ministériel : possède des compétences propres.
Le premier ministre ne va pas endosser la responsabilité politique. Le président à des
attributions propres, et le premier ministre n’assume pas la responsabilité politique, et le
président ne peut pas être responsable politiquement.
Ce ne sont que des pouvoirs exceptionnels, c'est-à-dire, des pouvoirs qui ne sont utilisés
qu’à de rares occasions : où il s’agit de permettre le bon fonctionnement ou la garantie du

128
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
bon fonctionnement des institutions. Ils se rattachent à la philosophie de la conception de
la fonction présidentielle énoncée à l’article 5. Elle détaille les pouvoir dont dispose le
président pour assurer les missions essentielles confiées à l’article 5.
On a le domaine du président, et article 20 qui confie au gouvernement la détermination de
la politique de la nation.
 En premier lieu, l’article 8 alinéa 1 qui confie le choix et la nomination du premier
ministre.
Il y a des élections législatives  formation d’un nouveau gouvernement, il n’y a pas
d’investiture. Il va le nommer au vue de la majorité parlementaire : son pouvoir de décision
sera moins important en période de cohabitation.
Lorsqu’en revanche, la majorité parlementaire lui est acquise, il choisira une personnalité
avec laquelle il confiera la politique de la nation, et surtout avec lequel il s’entendait le
mieux.

 Article 11 : faculté de soumettre au référendum un projet de loi : ordinaire, ou traité.


Il décidera qu’un projet de loi ne doit pas être voté par les parlementaires, mais par le
peuple lui-même (article 3).

 Article 12 : dissolution de l’assemblée nationale.


Il appartient au président de considérer si la situation institutionnelle : risque de défiance de
la majorité à l’égard du gouvernement nécessite une dissolution  demande au peuple de
trancher. Il est clair que ce mécanisme a été dévoyé, celle de Chirac ne rentre pas dans le
cadre.

 Article 16 : unique dans une constitution démocratique, puisque cet article permet au
président de la République en période de crise grave de prendre des mesures en vue de
rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics.
Cet article est une véritable curiosité notamment pour les observateurs étrangers, qui
s’étonnent toujours de trouver dans une constitution démocratique, une disposition
constitutionnelle qui autorise la confusion des pouvoirs, l’anti démocratie au profit du
président.
Certains estiment que la France a une chance, d’autres s’épouvantent devant cette
disposition. Elle n’est compréhensible que dans le contexte de 1958. Il est l’enfant de 1958,
de la guerre d’Algérie. La France était dans une situation trouble : coup d’état d’Alger, que le
président s’est vu confier la possibilité de recourir « la dictature républicaine ».
Ce n’est pas qu’une disposition théorique, elle a été utilisée par De Gaulle, en liaison avec
la guerre d’Algérie et quand des réformes de fond de la constitution ont été engagées.
Parmi les propositions envisagées : jamais l’idée de la modification ou aménagement de
l’article 16. S’il n’est pas contesté le fait que le président puisse utiliser l’article 16, mais
qu’il décide seul de cesser l’article 16  en 1961, le péril a été jugulé en quelques jours,
mais le président l’a utilisé plusieurs mois.

Difficultés :
 d’une part, mise en œuvre de l’article, bien que le président soit obligé de faire
consultation au 1er ministre, aux chefs d’assemblées, et au président de la CC, il n’est
pas tenu par leurs avis. Il incombe a président seul de mettre en œuvre les pouvoirs.

129
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008

 Etendue : dictés que par la nécessité.


Par ailleurs, l’article 16 autorise le président à prendre des mesures, ce qui ne
renvoie à aucune des catégories de normes de la constitution : pas des lois, actes
règlementaires, il s’agit d’actes qui relèvent de sa compétence propre, ou de la
possibilité de prendre des actes qui relèveraient des domaines de la loi : véritable
confusion des pouvoirs.
Ex : parmi les mesures prises par De Gaulle, se trouvaient la création de T
exceptionnel afin de juger les putschistes. La création d’un T est une compétence qui
relève du législateur.

 Le président est le seul à pouvoir apprécier s’il faut mettre en œuvre l’article 16 il est
aussi le seul à apprécier la cessation de cet article.
Période d’avril à septembre 1961 : De Gaulle avait estimé qu’il n’était plus nécessaire
de recourir à cet article en septembre 1961. Les autorités qu’il avait consultées,
avaient un rendu un avis défavorable : situation pas suffisamment grave. Le putsch a
été jugulé en quelques jours  problème du contrôle sur l’exercice de ces pouvoirs.

En ce qui concerne les mesures prises par le président, la question est délicate. Elles sont
prises par le président, ce sont donc des actes règlementaires, qui relèvent de la
compétence du juge administratif.
Mais lorsqu’il va perdre des mesures à valeur législative, le CC refuse de les vérifier, il estime
qu’elles ont valeur législative.
Une grande partie de ses mesures ne sont pas contrôlées  elles peuvent réduire les droits
et liberté individuelles.
Dans le rapport du comité Vedel : la décision de faire cesser le recours à l’article 16 ne serait
plus pas le président lui même, mais par le CC. Cette solution n’a pas été retenue.

 Possibilité de saisir le CC : soit pour soumettre au CC dans le cas de l’article 61, une loi
ordinaire, soit dans le cas de l’article 54, pour lui demander un traité qu’il envisage de
ratifier est conforme à la constitution.

Il caractérise bien la constitution de le doter de moyens de pouvoir le cas échant intervenir


afin de permettre un fonctionnement correct des institutions politique : soit menacé de
l’extérieur, ou intérieur.
Au coté de ses compétences, en tant que l’un des piliers de l’exécutif, il a aussi des
attributions soumises au contreseing.

B. actes soumis au contreseing ministériel

Compétences traditionnelles d’un chef de l’Etat qu’il partage avec le gouvernement, mais
qui porte la responsabilité.
Et le fait que le président sur le fondement de l’article 13 dispose d’un très important
pouvoir réglementaire qui passe d’une part par sa compétence pour signer les décrets et les
ordonnances en conseil des ministres, et sur le fondement de l’art 13 alinéa 2, très
important pouvoir de nomination à des emplois civils et militaires.

130
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Cœur de la relation entre président et premier ministre, car ses actes doivent être
contresignés.
Le président est censé y souscrire.

Le chef du gouvernement et les ministres détiennent eux même un pouvoir règlementaire,


qu’ils utilisent dans le cadre de leurs compétences. Le président ne signe pas tous les
décrets du premier ministre.
En réalité, c’est une compétence exceptionnelle, et espace de la pratique présidentialiste.
Le président signe les décrets en conseil des ministres : tous les décrets seront signés par le
président et premier ministre. La difficulté vient du fait qu’il n’y a aucun texte qui dit quels
sont les décrets qui doivent être signés en conseil des ministres.

En réalité, les décrets signés sont tous ceux sur lequel le président a voulu garder un œil.
C’est devenu un moyen de contrôle, en faisant entrer sa signature dans un décret.
 CC : si un décret signé en conseil des ministres, ne peut pas être défait pas un décret
simple, mais par un décret en conseil des ministres.
En période de non cohabitation, l’ascendant sur le premier ministre était naturel. Le
président demandait qu’un nombre important de décrets soient signés en conseil des
ministres.
En période de cohabitation, le premier ministre aura besoin de l’accord du président.

A coté de ce pouvoir règlementaire très important  très longtemps la compétence des


compétences, il dispose d’autres pouvoirs, en matière parlementaire (session
extraordinaire), seconde lecture des lois (exceptionnelle), proposer un projet de révision.

SECTION 2 : LE GOUVERNEMENT

Paragraphe 1 : composition et statut

A. nomination du premier ministre et désignation des membres du gouvernement

C’est un pouvoir propre du président. Il est théoriquement entièrement libre de son choix.
Cette liberté c’est manifesté  personnalité dont il se sent proche. Il n’y a pas cette
obligation que l’in trouve dans les autres démocraties parlementaires, où on choisi le chef de
la majorité.

Pendant les périodes de cohabitation, il faut choisir quelqu’un de l’opposition, mais il ne


s’agit pas toujours du chef de l’opposition. Mitterrand a choisi Chirac, et la deuxième fois il a
cédé la place à Balladur.
La marge de manœuvre se restreint. Chirac avait choisi Jospin.
Si le chef de l’Etat nomme seul le premier ministre, et si aucune investiture n’est prévue, les
ministres sont nommés par décret présidentiel, mais sur proposition du premier ministre :
choix concerté en président et premier ministre.
Sauf en période de cohabitation : le président a la main mise sur le domaine de la défense et
des relations internationales.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Article 8 alinéa 1er et article ... alinéa 2.

Selon la lettre de la constitution, le premier ministre ne peut pas être révoqué par le
président, alors que les ministres le sont, individuellement par le chef de l’Etat.
En réalité, il existe une pratique de la démission, non volontaire : le président lorsqu’il fait
sentir à un premier ministre de faire envoyer sa lettre de démission.
Il y a aussi une relation de confiance, tout aussi importante que celle qui existe entre le
parlement et le gouvernement.
Il ne peut le contraindre à la démission le premier ministre  problème de la cohabitation,
tout ce jeu de la pratique de la Vème qui veut qu’un 1 er ministre démissionne s’il pressent
qu’un président le souhaite, mais impossible en période de cohabitation.
Chaque président « use » de plusieurs premiers ministres. Le premier ministre est le fusible
du président : répercuté sur sa personnes les éventuelles critiques de la politique : le
président de la république ne s’expose pas trop.
Il peut être amené à changer de premier ministre : donner un nouveau cap à la politique.
Exemple le plus caractéristique : changement de premier ministre en 1984, après avoir
nommé Pierre Mauroy, en le remplaçant par Laurent Fabius.

La réduction du mandat a aussi une influence sur ce rite : ces changements seront moins
fréquents, du fait du lien renforcé entre le président et la majorité parlementaire.
Sarkozy est le véritable premier président du quinquennat : le président apparait comme le
véritable chef de la majorité parlementaire.

L’article 23 la constitution prévoit des incompatibilités : fonctions représentatives,


notamment le fait d’être ministre interdit d’être membre du parlement, ou incompatibilités
professionnelles.
B. la responsabilité du gouvernement

A la différence du chef de l’Etat, le gouvernement est responsable  politique collective et


solidaire devant le parlement : voter des motions de censures.
Mais, il existe des responsabilités individuelles, pas devant le parlement, mais elle existe
envers le chef de l’Etat et le premier ministre. Certains auteurs pensent qu’ils devraient y
avoir une motion individuelle.

Les membres du gouvernement, comme le président, sont aussi pénalement responsables,


ils sont pénalement responsables des actes commis en dehors de leurs fonctions de
ministres : pas de privilège de juridiction comme le président.
Pendant l’exercice de ses fonctions, un membre du gouvernement est susceptible d’être
jugé par des T ordinaires.
Ils sont aussi responsables des actes délictueux, dans le cadre de l’exercice de leurs
compétences.
Contrôle du parlement ordinaire, et extraordinaire (motion de censure) : la confiance du
gouvernement se présume. Le gouvernement n’a pas besoin de rechercher par l’investiture
« l’onction parlementaire. »

Affaire du sang contaminé :

132
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Les ministres se sont vu reconnaitre la possibilité d’être mis en cause pénalement durant
l’exercice de leurs fonctions, selon que leurs actes seraient des crimes ou délits.
Les députés ont adoptés une loi constitutionnelle du 27 juillet 1993, qui a institué une
responsabilité pénale des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions :
comment un acte peut il être qualifié de délit ou crime, il encoure des poursuites.
Mais comme il s’agit d’actes commis pendant l’exercice de ses fonctions : Cour de Justice de
la République (article 68 de la constitution).

Paragraphe 2 : les attributions du gouvernement

Organe collégial: conseil du ministre.


Or, il est présidé par le président de la république. Il est clair qu’il y a cette volonté de faire
apparaitre un véritable pôle de politique.
Il peut se réunir en dehors de la présidence : conseil de cabinet. Mais, ils n’ont aucun
pouvoir de décision : le gouvernement peut en prendre soit en conseil des ministres, soit
lorsque les ministres font leur travail traditionnel : arrêté, lorsqu’ils sont sous le pouvoir de
l’assemblée. Les ministres sont chargés de l’exécution des lois. En réalité, le gouvernement
n’a jamais de pouvoir qui lui sont propres.

Sous la Vème république, l’article 20 dispose que « c’est le gouvernement qui détermine et
conduit la politique de la nation. »
Article 21 : « le premier ministre assure... »
C’est au gouvernement, sous l’autorité du premier ministre, de définir et sous la
responsabilité du parlement ce que doivent être les grandes aspirations de la nation. Ce la se
traduit par la responsabilité politique collégiale.
En vertu de l’article 21, il dispose de moyens importants : administration et armée.
Il précise que c’est le premier ministre qui dirige l’action du gouvernement, ce qui signifie
qu’il a une tâche d’instruction : tranchera entre différentes options ou priorités.

Il assure l’exécution des lois, et pouvoir règlementaire, sous réserve de la compétence du


président en la matière et qui est fondée sur l’article 13 de la constitution.
Il apparait nettement que c’est au premier ministre et au gouvernement de définir la
politique de la nation. Le président se trouve cantonné à ce rôle d’arbitre et de surveillance
du bon fonctionnement des pouvoirs publics.

En réalité, cette configuration se trouve mouvante, pas de stabilité, de champs de


compétences étanche entre le premier ministre er le président.
En réalité, c’est crée progressivement une forme de subordination : traduite de façon
bénigne par le fait que le président puisse fixer de grandes orientations. Le président ne s’y
contente pas, il interviendra directement dans un dossier, ou détaillera ce que le
gouvernement aimerait qu’il fasse.
Cette configuration peut être remise en cause.

Dans un gouvernement, il est de tradition d’avoir un premier ministre, des ministres d’Etat :
purement honorifique, pas une hiérarchie particulière entre les ministres et ministres

133
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
d’Etat. Elle relève de la symbolique politique : distinguer une personnalité ou distinguer un
ministère important.
Ensuite, il y aune hiérarchie entre les secrétaires d’Etat, et ministres délégués.
Les délégués rattachés le plus souvent à un ministre, ou un grand ministère, où ils sont en
charge d’un département ministériel, ou sous ministère.
Les secrétaires d’Etat remplissent les mêmes fonctions : ils ont une fonction fonctionnelle.
On identique à l’intérieur d’un ministère : il relève du ministre en charge du ministre.
La distinction n’est pas que protocolaire : les secrétaires d’Etat ne participent au conseil des
ministres, sauf si on a besoin d’eux.

Paragraphe 3 : la responsabilité des ministres

Il y a comme le pour le chef de l’Etat, deux types de responsabilités :


 politique  double, à l’égard du chef de l’Etat et du premier ministre.
Durant la première guerre du golfe, le ministre de la défense, Chevènement avait dit
clairement : « un ministre ça ferme sa gueule ou ça s’en va ».
Général « jarousevski » : Fabius avait dit être troublé par cette visite. « Lui s’est lui et moi
c’est moi »

 Responsabilité pénale : les ministres encourent une véritable responsabilité pénale, en


raison de leurs actes : devant la Cour de justice de la République, dans l’exercice de leurs
fonctions.
La cour est composé de parlementaires et de magistrats.

Paragraphe 5 : les relations entre le gouvernement et le président de la république

Distinguer deux situations : configuration normale, celle qui résulte du fait majoritaire
(alignement parfait de la majorité : assemblées, président, et le gouvernement sont issus
de la même majorité), et la configuration apparut en 1986 : la cohabitation (disjonction
entre la majorité du président et de la majorité parlementaire).

La cohabitation est un évènement singulier dans le fonctionnement de la Vème remet en


cause que le gouvernement procède du président de la république. Ce gouvernement n’a
pas plus l’obligation qu’un gouvernement en situation ordinaire de rechercher l’investiture
du parlement : gouvernement existe juridiquement.
Pendant cette période, le gouvernement ne s’appuiera pas sur le président 
confrontation. Le gouvernement va s’appuyer sur le parlement : assemblée nationale.
Le président se trouve plutôt hors jeu  exercer que ces compétences propres, qui ne sont
utilisables que dans ces situations exceptionnelles.
Le système politique fonctionne alors, comme dans un système parlementaire classique,
même si les décisions continuent d’être prises en conseil des ministres.

Les relations dépendent essentiellement de cette configuration.


Dans une période de fait majoritaire  le fait que le premier ministre dirige la politique de la
nation, cela ne peut se faire qu’avec l’assentiment du président, ou bien en réalité sous le
pouvoir d’instruction du président.

134
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Raffarin : « je ne fais que mettre en œuvre la politique définie par le président de la
République ».
Tout va dépendre de la configuration politique, du tempérament du président.
Récemment : affaire du discours à Londres sur l’envoi de militaire français : Sarkozy n’a fait
que se conformer à une tradition française.
Le général de Gaulle : défense nucléaire : jamais débattu devant le parlement.
L’armée, les affaires étrangères sont des domaines réservés du président.

CHAPITRE 3 : LE PARLEMENT

SECTION 1 : COMPOSITITON ET ORGANISATION DU PARLEMENT

Paragraphe 1 : l’assemblée nationale

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Elle est composée de 577 députés, élus tous les 5 ans, sauf en cas de dissolution, au SU, et
renouvelé intégralement.
En cas de dissolution, et réélection, c’est une nouvelle législature qui s’ouvre (durée du
mandat d’une assemblée). Elles sont divisées en sessions : annuelles.
Avant 1995, il y avait deux sessions : automne (vote du budget), et printemps (examiner les
projets et propositions de lois). Le parlement n’était réuni que 170 jours par an : imiter
pendant lequel le parlement pouvait voter une motion de censure. En septembre à
décembre : débat budgétaire qui domine ;

La loi du 4 aout 1995 : session unique, qui débute le 1er jour ouvrable d’octobre, et se
termine le dernier jour ouvrable de juin.
Elle est censée permettre un meilleur contrôle de l’activité du gouvernement.
C’est une loi qui déjà avait pour but de rénover le parlement.
Mais, il existe la possibilité de réunir une session extraordinaire, qui a pour but d’épuiser
l’ordre du jour legislatif. Ces sessions sont décidées par le président de la république, par
décret d’ouverture et de fermeture des sessions.

L’assemblée nationale vote les lois, qu’elle partage avec le sénat. Mais pour certaines
catégories de lois, il y une primauté de l’assemblée nationale.
Elle ratifie les traités internationaux, autorise la déclaration de guerre, participe à la Haute
Cour de justice, et à la cour de justice de la République, et participe au contrôle de l’activité
du gouvernement : questions, enquêtes parlementaires, activités des commissions ou
motion de censures.

Paragraphe 2 : le sénat

C’est le 2nde chambre du parlement. Il y a 322 sénateurs, qui sont désormais élus pour 6 ans,
renouvelable par tiers.
Ils sont toujours élus, selon un système électoral qui trouve son origine sous la IIIème
République, au suffrage universel indirect,  par un collège électoral, composé de députés,
de conseillers généraux, régionaux du département, délégués municipaux du département
(représente plus de 90% du collège).
C’est la raison pour laquelle malgré des correctifs légers, il y a cette forme de
surreprésentation des communes rurales.
Les sénateurs sont éligibles à partir de l’âge de 35 ans. La volonté des constituants était de
faire une chambre de contrepoids à l’assemblée nationale.
Le sénat joue un rôle qui à l’air de plus en plus actif, qui n’hésite pas à prendre des
positions : mettre en œuvre des mécaniques qui permettre d’harmoniser les décisions.
Les sénateurs votent des lois et également ont l’initiative législative : mais lois ordinaires, ou
organiques.
Après deux lectures du texte par chacune d'entre elles, le Premier ministre peut demander
aux présidents des assemblées la réunion d’une commission mixte paritaire.
Celle-ci, composée de sept députés et sept sénateurs, est chargée d’élaborer un texte de
compromis.
La loi est définitivement adoptée si les deux assemblées adoptent ce texte  procédure de
conciliation.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il ne peut pas mettre en cause la responsabilité du gouvernement.
Aucune loi de révision de la constitution ne peut être adoptée sans l’accord du sénat.
 Lois organiques : expliciter certaines dispositions constitutionnelles. Pour qu’il y ait
une loi organique, il faut que la constitution le prévoie. Ce ne sont pas des lois
constitutionnelles, mais qui ont contenu quasi constitutionnel, et c’est pour cela qui
sont soumis au conseil constitutionnel.
Pour les lois organiques, il y a une procédure et une majorité particulière 
obligation de l’accord du sénat, idem pour les lois de révision.
 Lois ordinaires : lois adoptées quotidiennement par les assemblées.
Et parmi ces lois :
 Loi de finance, qui obéit à une loi organique (LOFL)  respecté la LOFL et la constitution.
 Loi de financement de la SS.

Le sénat a le même pouvoir que l’assemblée nationale en ce qui concerne la responsabilité


des ministres et président (pénale).

Paragraphe 3 : le statut des parlementaires

Concerne les députés et sénateurs. Ils doivent exercer leurs mandats en toute liberté et à
l’abri de toute pression.
C’est la raison pour laquelle les parlementaires sont dotés d’un statut qui doit les protéger
de toute atteinte, mais aussi de toute tentation.
Les parlementaires disposent d’un régime d’indemnité, avantages en natures, retraites,
censé les détourner de toute corruption.

A. Incompatibilité

Afin de préserver l’intégrité des parlementaires, il est prévu que la fonction de


parlementaire soit incompatible avec certaines fonctions ou occupations, afin de ne pas
mélanger leurs intérêts en tant que personnes privées et parlementaires.
 Garantie que le parlementaire va se consacrer à sa fonction en toute indépendance.
Elles ne font pas obstacles à son élection, mais il doit choisir s’il est élu.

Loi organique LO 137 et suivant du Code électoral :


« Le cumul des mandats de député et de sénateur est interdit.
Tout député élu sénateur ou tout sénateur élu député cesse, de ce fait même, d'appartenir à
la première assemblée dont il était membre. Toutefois, en cas de contestation, la vacance du
siège n'est proclamée qu'après décision du Conseil constitutionnel confirmant l'élection.
Il ne peut en aucun cas participer aux travaux de deux assemblées. »
 La fonction de parlementaire est incompatible avec des mandats électoraux : pas
être député et sénateur, conseiller général, régional, de Paris, maire d’une commune
de plus de 20 000 milles, ou adjoint au maire de plus de 100 000 habitants, ne pas
cumuler plus de deux mandats, pas être parlementaire et membre du Conseil
économique et social, et parlementaire et membre du CC.
 Toute fonction publique non élective est incompatible avec un statut de
parlementaire.

137
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il y a deux exceptions :
 fait d’être ministre du culte en alsace-Moselle,
 professeurs de l’enseignement supérieur.
 Pour les incompatibilités avec les activités privées, le système de l’indisponibilité
n’existe pas, sauf pour certaines activités, afin d’éviter toute collusion entre le
monde de la finance et des affaires et le monde parlementaire.
 Pour les parlementaires avocats, ils ne peuvent exercer leurs professions devant les T
répressifs.
 Il est interdit d’être membre d’un Conseil d’administration ou d’un conseil de
surveillance.

Le parlementaire a 8 jours pour se décider après son élection. Au cas où il ne le ferait pas, le
bureau de l’assemblée ou ministre de la justice va saisir le CC qui se prononcera sur
l’incompatibilité. Les électeurs ne peuvent pas le saisir.

B. les immunités

Elles tentent à protéger les parlementaires du pouvoir judiciaire : éviter que les
parlementaires puissent être poursuivis par des T pour des motifs exécutifs. Les parquets
sont soumis au garde des sceaux.
Cela peut paraitre excessif aujourd’hui, mais cela est né au moment de la naissance du
régime parlementaire.
Ces immunités existent toujours, même si elles ont étés revues. La tendance est plutôt à
faire en sorte ne bénéficient pas de privilèges de juridictions ou d’immunités, mais d’être
traités le plus possible comme des citoyens ordinaires.
 Abaissement clair des barrières immunitaires : irresponsabilités, et inviolabilité.

1. irresponsabilité

Article 26 alinéa 1 de la constitution : « Aucun membre du Parlement ne peut être poursuivi,


recherché, arrêté, détenu ou jugé à l'occasion des opinions ou votes émis par lui dans
l'exercice de ses fonctions. »
Les parlementaires doivent pouvoir voter des lois, qui les protégerait de poursuites au motif
que telle ou telle loi votée serait préjudiciable.
Ils sont mis à l’abri de poursuites pénales et civiles qui résulteraient de leurs actes liés à leur
fonction parlementaire.
Le parlementaire bénéficie de cette immunité, même après la fin de son mandat, cela
couvre tous les actes qu’il peut être amené à faire en qualité de parlementaire.
Exemple : lorsqu’un parlementaire rédige un rapport parlementaire sur les sectes, sur la
dangerosité des sectes, et qu’il qualifie tel ou tel organisme de secte, et qu’il met un
organisme dans une secte dangereuse. Si l’organisme porte plainte, au prétexte que cela
porte atteinte à leur image, le parlementaire ne peut pas être poursuivi  il a procédé à ce
classement dans le cadre de son activité parlementaire.
Mais, s’il est invité sur un plateau de TV et lâche le fait que tel organisme soit une secte, ce
n’est plus dans le cadre de sa fonction.
Sa fonction est appréciée par le juge et est limité.

138
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
2. inviolabilité

Protection contre des poursuites judicaires, pour des crimes et délits commis en dehors de
sa fonction  trouve sa place dans l’histoire.
Il ne s’agit pas de protéger un parlementaire : raison pour laquelle c’est une immunité
relative, elle peut être levée.

Depuis la loi de 1995, le principe est que les parlementaires peuvent éventuellement faire
l’objet de poursuite  pas de restriction à ce que les juges mettent en examen des
parlementaires, mais cette inviolabilité ne doit pas jouer pour les mesures privatives de
libertés.
Principe : ils peuvent être poursuivis, avec cette réserve que l’article 26 alinéa 2 de la
constitution prévoit qu’aucun membre du palmèrent en matière criminelle faire l’objet
d’une privation des libertés : contrôle judiciaire, assignation à résidence.
« Aucun membre du Parlement ne peut faire l'objet, en matière criminelle ou correctionnelle,
d'une arrestation ou de toute autre mesure privative ou restrictive de liberté qu'avec
l'autorisation du Bureau de l'assemblée dont il fait partie. Cette autorisation n'est pas requise
en cas de crime ou délit flagrant ou de condamnation définitive. »
Ces mesures ne peuvent être prises qu’avec l’autorisation du bureau de l’assemblée
(président, et vices présidents).

Jusqu’en 1995, pour autoriser des mesures restrictives de libertés, il fallait une autorisation
de l’assemblée  exemples, vote de la levée de l’immunité parlementaire : Le Pen, Tapie...
En revanche, il est toujours prévu que si un député est arrêté, l’assemblée peut par un vote
suspendre la détention afin de lui permettre de siéger.

Plus la fonction est importante, plus l’immunité est importante : président, même les
modifications de son statuts, ministres ont une protection moins importante, qui voient leur
responsabilité mise en cause dans l’ex de leurs fonctions.

Paragraphe 4 : l’organisation du parlement français

En réalité, la constitution comporte peu de renseignements sur l’organisation matérielle


de chaque assemblée : théoriquement chaque assemblée est censée maitriser sa propre
organisation  principe de l’auto-organisation.
Cette organisation se trouve en fait dans les règlements des assemblées : chaque assemblée
adopte un règlement.
 Rappel au règlement : procédure interne qui organise la façon dont les députés
travaillent.
Il y a des États, où il existe une véritable liberté pour les assemblées de s’auto-organiser
(USA, GB). On n’imagine pas que les représentants du peuple seraient soumis à des règles
pour les modes de fonctionnement.

En France, cette situation est plus complexe. La Vème république a été motivée par la
volonté d’un renforcement de l’exécutif, et par un abaissement du rôle du parlement.

139
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Cette volonté de rationaliser le parlementarisme  le contraindre par des règles
constitutionnelles, afin qu’il ne s’affranchisse de toutes règles qui puisse remettre en cause
l’équilibre institutionnel.
Dans la constitution, on trouve certaines règles qui influent directement sur le travail
parlementaire, sur le travail du parlement.
Les constituants ont bien compris que s’ils voulaient que cette rationalisation fonctionne, il
fallait éviter que par l’organisation même de leur travail, les parlementaires puissent
trouver des marges de manœuvre, restaurer des pratiques que la constitution a voulu
éradiquer.
 C’est la raison pour laquelle les sessions sont prévues par la constitution.

La constitution prévoit que le règlement des assemblées est un des actes qui est
automatiquement soumis au contrôle du Conseil Constitutionnel.
Dans les règlements des assemblées, on a la description des organes internes et les
modalités de dévolution qui sont a peu près identiques, et les méthodes de travail (vote de
la loi, commission parlementaires, permanentes). La constitution prévoit qu’il y a un nombre
de commissions permanentes définies  6 commissions (les parlementaires ne pourraient
pas en créer une de plus).
Les assemblées ne peuvent pas modifier le règlement en créant une commission : il faudrait
modifier la constitution.
Dans les régimes démocratiques, il y a entre 10 et 20 commissions permanentes, en fonction
du nombre de grands ministères.
En restreignant le nombre de commission : aspect de la rationalisation du
parlementarisme.
3 grandes structures :
 structures autour de la présidence : président et vices président
 Commission permanentes
 Groupes parlementaires

A. la présidence

Chaque assemblée élit un président, pour la durée de la législature, pour l’assemblée


nationale, et pour 3 ans pour le sénat.
Le président des assemblées joue un rôle important.
 Le président du sénat est le 2ème personnage de l’État.

Le président fixe l’ordre des interventions, il a un pouvoir de police interne : faire que les
débats se passent bien. Il a un rôle d’organisation, dans le travail parlementaire.
Il participe à la conférence des présidents : fixer l’ordre du jour des séances des assemblées,
avec le président et président du sénat. Il peut saisir le CC.

Ils ne participent au vote. Ils ne peuvent être membres de commissions. Ils doivent être
consultés avant toute dissolution, et pour la mise en place de l’article 16.

Il est élu par l’assemblée nationale à la majorité simple, il doit être impartial.

140
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Il est assisté d’un bureau composé de vice-présidents, de questeurs (députés ou sénateurs
élus à ce poste : question financière), et de secrétaires (parlementaires), qui sont chargés du
contrôle des PV des séances. Les vices présidents peuvent suppléer.
Le bureau a des pouvoirs propres  transmet au CC les requêtes en cas d’incompatibilité.
Il autorise la levée de l’immunité parlementaire.
Il décide de la recevabilité des propositions de mise en accusation devant la haute cour.

B. les commissions

2 catégories :
 permanentes, au nombre de 6,
 commissions législatives spéciales (ou ad Hoc), constitués pour l’examen d’un projet
de loi particulier.
Ces commissions ont des domaines très vastes, les principales sont la défense, les affaires
étrangères, les lois...

Ce n’est pas forcement un atout  idée c’était d’éviter que le parlement ne constituent des
commissions qui viendraient doubler le ministère.
Quand il y a des grandes commissions, (60 à 120 députés), idée que peu de spécialisation,
moins de contrôle, de professionnalisme, technicité.
Les membres des commissions sont élus par les députés pour participer à ces commissions,
et reflètent la proportion majorité-opposition.
 Commission des finances : présidé par un député de l’opposition (Sarkozy veut,
Sarkozy obtient)
C’est en commission que ce fait le vrai travail parlementaire. Ces commissions élisent un
président, un vice président. Les commissions siègent même en dehors des sessions.
Les ministres peuvent y assister, par contre la commission ne peut les convoquer.

Il n’existe pas de commissions des affaires européennes, mais des délégations créées en
1979, mais ont vu leur rôle renforcé dès 1992.
Elles font le lien entre le parlement et l’Europe. La construction de l’UE s’est faire sans les
peuples et sans les représentants du peuple  par le gouvernement.
Les parlements se sont sentis écartés de la construction européenne.
Aujourd’hui les lois votées sont de plus en plus des lois de transcription des directives : 60%,
et 70%. Le législateur français « se transforme en parlementaire de l’AR ».
Le gouvernement informe les délégations des textes communautaires qui sont discutées.
Les parlementaires peuvent faire adopter des résolutions qui permettent aux parlementaires
d’émettre des avis.

C. les groupes parlementaires

141
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Ce sont des structures, qui ne sont pas de véritables structures de travail  ne participent
pas à l’élaboration de la loi.
Les groupes parlementaires sont les représentations des groupes politiques : chaque parti
ou alliance de parti peut former un groupe, ce qui permet de revendiquer toute une série
de moyens, et est rassemblée sous la présidence d’un président de groupe. C’est un lieu où
des parlementaires d’un groupe politique vont débattre d’un projet en discussion : ligne de
conduite.
Les groupes parlementaires ne peuvent proposer d’amendements. L’idée est de mettre au
point la stratégie de chaque parti.
 Le président d’un groupe est le porte-parole de l’opposition.

SECTION 2 : LA FONCTION LÉGISLATIVE

L’étude de la fonction législative peut être une chose simple  adopter des lois.
On ne peut pas faire l’économie d’une réflexion sur ce qu’est la loi et le parlement sous la
Vème. Le vote de la loi est une fonction éminente, dans la mesure où la loi est une norme
éminente.
Comprendre ce qu’est la loi aujourd’hui, et qu’elle est la place du parlement : à placer dans
le contexte de la rationalisation du parlementarisme.
Mais la loi a perdu son statut de norme suprême, au profit de la constitution.

Paragraphe 1 : la notion de loi sous la Vème république

La loi a perdu son statut de norme suprême, et le parlement a en quelque sorte suivi le
destin de la norme : il est convenu, de parler du déclin du rôle du parlement.
 Ce déclin est lié au contexte contemporain de la démocratie.
Les besoins de la vie publique : nécessaire réactivité de la vie contemporaine est en première
ligne l’exécutif et administration. La loi continue de jouer un rôle essentiel : loi est
l’expression de la volonté générale.
Elle ne peut être une norme secondaire, parce que c’est la loi qui fait le lien avec la
démocratie, dans un système démocratique, la dévalorisation de la loi ne peut être que
relative.
Double dévalorisation :
 C’est la constitution qui est devenu la norme suprême dans un contexte
démocratique tout à fait acceptable, achèvement de l’État de droit. Cette soumission
de la loi à la constitution n’a pas été recherchée à l’origine avec ce but d’achèvement
de l’État de droit, mais comme moyen de rationalisation du parlementarisme.
 Il y a aussi une dévalorisation par le bas : modification effet de la chaine normative
(enchainement dans la hiérarchie des normes). La loi s’est la norme qui a vocation à
s’appliquer à tous, mais intervient le gouvernement, qui va prendre des mesures
d’exécution des lois.

142
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
C’est cet enchainement normatif traditionnel qui a été remis en cause par la Vème
république : le partage des compétences entre production des normes et pouvoir
règlementaire se fait autrement que par cette logique d’exécution.
La loi est un peu comprimée, prise en tenaille, entre une constitution forte, qui
s’est dotée des moyens de se faire respecter, et un pouvoir règlementaire qui s’est
renforcé.
Il y a un troisième facteur de redéfinition de la loi : le rôle actif du gouvernement
dans la confection de la loi  au niveau de l’initiative parlementaire.

La loi conserve son statut de norme produite par le parlement : article 34 de la constitution
débute par « le parlement vote la loi ».
 Loi comme norme exprimant la volonté générale du peuple par la volonté de ses
représentants.
Cette loi est désormais contrainte par la constitution : dans cet article 34, il y a des
dispositions qui semblent encadrer la production de la norme législative. C’est le fait que le
législateur est contraint par la constitution  soumis à un contrôle de constitutionnalité .
La constitution prévoit les moyens de s’assurer que le législateur à respecter la constitution,
de censurer la loi.
L’article 34 est à lire en parallèle avec la définition du domaine règlementaire de l’article 37,
et avec l’article 38, relatif aux ordonnances.
L’article 34 se présente sous la forme de deux listes de matières :
 domaine de compétence, dans lequel le législateur va avoir pour mission de définir
les règles applicables dans différents domaines
 2nde où il est prévu que le législateur est compétent pour fixer les principes
fondamentaux.
L’existence même de ces listes a pu laisser penser qu’il y avait sous la Vème, une véritable
définition matérielle de la loi  Idée que la compétence du législateur enfermée dans
l’article 34.
« Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi ont un caractère
réglementaire. »
Renforcée par la lecture de l’article 37 où est énuméré ce qui ne relève pas du domaine de la
loi  laisse entendre que la compétence de droit commun appartiendrait au pouvoir
règlementaire et le législateur aurait une compétence d’attribution (ceux expressément
dans l’article 34).

Cela a donné naissance à une notion originale qui est celle du règlement autonome  qui
s’oppose à la notion de règlement d’exécution. La conception traditionnelle : peut y avoir
d’exercice règlementaire que dans la mesure où il est lié à l’exécution d’une loi.
Si le législateur ne peut intervenir que dans certains domaines : domaine règlementaire
continue à être un pouvoir règlementaire d’exécution. A coté il existerait un pouvoir
règlementaire de l’exécutif qui n’aurait pas à se fonder sur les lois => idée qu’il existe un
espace normatif règlementaire autonome.

Cette conception est d’autant plus renforcée par l’article 37 alinéa 2 de la constitution.
« Les textes de forme législative intervenus en ces matières peuvent être modifiés par
décrets pris après avis du Conseil d'État. Ceux de ces textes qui interviendraient après

143
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
l'entrée en vigueur de la présente Constitution ne pourront être modifiés par décret que si le
Conseil Constitutionnel a déclaré qu'ils ont un caractère réglementaire en vertu de l'alinéa
précédent. »
Il crée un dispositif qui permet au pouvoir règlementaire de la constitution de la Vème
république de modifier des dispositions législatives, dans la mesures où les matières ne
relèvent plus de l’article 34. Cet article permet au gouvernement de délégaliser les
dispositions législatives antérieures à 58, sans besoin de passer par une nouvelle loi.
 Système extrêmement contraignant pour la loi.

Fait que non seulement le champ des compétences semble restreint, mais en plus que
l’exercice de cette compétence est en quelque sorte plus ou moins intense, selon que l’on
dans les champs des compétences où le législateur fixe les règles, ou détermine les
principes fondamentaux.
Il faut en déduire que lorsque la constitution prévoit que le législateur fixe les règles 
compétences pleine.
L’idée que la première liste de compétence : compétence où le parlement exerce sa pleine
compétence, rôle normal.
Ensuite, la constitution dit le législateur doit décider des principes fondamentaux dans ces
matières, il ne peut pas exercer sa pleine compétence, juste fixer des principes
fondamentaux : impression d’être dans le domaine de la loi cadre.
Enfin, où le législateur n’intervient même plus.
 Sorte de conception originaire de la loi, qui a évolué, au fil des années.

En premier lieu  article 34 : législateur est pratiquement compétent dans tous les
domaines  liste complète et vague.
Il ne faut pas négliger une donnée à la fois constitutionnelle et pratique qui est que le
législateur adopte plus de 95% des lois sur des projets de lois.

C’est une décision de 1982 du CC  remodelé la loi sous la Vème. Pour schématiser, le
gouvernement saisit le CC, afin de lui demander qu’il censure un amendement du projet du
gouvernement, au motif que cet amendement ne relève pas de la compétence du
législateur. Le CC refuse de censurer en mettant en avant 2 choses :
 le gouvernement avait le moyen d’empêcher le vote de cet amendement (art 41). Si
le gouvernement ne veut pas que le législateur adopte un amendement, il a le moyen
de l’empêcher durant la procédure. Si le gouvernement ne le fait pas, c’est qu’il
accepte.
 Le CC s’appuie aussi sur l’article 37 alinéa 2 de la constitution : ce n’est pas grave que
le législateur ait adopté un amendement qui relève du pouvoir exécutif : il suffira au
gouvernement de le délégaliser.

Le législateur est compétent pour voter la loi, sans vraiment de limites en terme de
compétence, voire même alors que dans certains domaines de compétences, il pourrait fixer
les règles, dans ceux où il ne peut fixer que les principes fondamentaux : sous la réserve que
l’exécutif l’accepte => sorte d’acception tacite.
Cette conception de la loi est aussi tout à fait conforme d’une façon plus générale, à la
conception des rapports entre l’exécutif et le parlement.

144
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Système de marchandages entre le gouvernement qui veut certaines choses : pose plus la
question de savoir à qui relève la compétence, mais si gouvernement et parlement sont
d’accord  OGM.
Finalement le législateur est compétent pour tout dans la mesure où le gouvernement
l’accepte  pilotage de la procédure, ce qui prendra la forme de la loi n’est pas un problème
de compétence, mais un problème d’acceptation de tel ou tel amendement.

Paragraphe 2 : la procédure législative

En quoi cette procédure législative est pilotée par le gouvernement.


La loi a toujours été la norme produite par le parlement..
Dès lors qu’il voudrait modifier ou expliciter disposition constitutionnel  CC veille.

Le processus législatif se caractérise par plusieurs étapes :


 Initiative
 Préparation du texte
 Discussion
 Différentes modalités d’adoption du texte

I. initiative des lois

Elle appartient au premier ministre et aux membres du parlement. C’est la raison pour
laquelle on distingue projet de loi et proposition de loi.
La plupart des lois votées au parlement sont à l’initiative gouvernementale :
 En raison le plus souvent que la technicité, et la complexité des situations nécessite
des textes qui soient préparés par les services techniques des ministères.
 Raison constitutionnelle : créé au profit des projets de lois une priorité sur les
propositions de lois.
Actuellement, il n’y a qu’une séance par mois pour les propositions de loi. La majeure partie
de son exercice de son pouvoir législatif consiste dans le droit d’amendement.

 Les projets de lois sont déposés par le premier ministre, transmis au CE pour avis  travail
technique sur le texte : telle disposition ne serait pas conforme, mais aussi un travail
d’opportunité : ce texte n’est pas opportun, en dehors des considérations techniques et
juridiques.
 Cet avis est obligatoire, mais n’est pas impératif.

145
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Il faut aussi que le projet ait était délibéré en conseil des ministres : transcrit bien la
solidarité et la collégialité.

 Ensuite il est présenté devant les assemblées  projet déposé indifféremment en


premier, soit à l’assemblée nationale, soit au sénat.
Mais pour la LDF et L de SS  en premier à l’assemblée nationale, organisation des
collectivités territoriale et le sénat  devant le sénat en premier.
 Article 39 de la Constitution : « [...] Les projets de loi de finances et de loi de
financement de la sécurité sociale sont soumis en premier lieu à l'Assemblée
nationale. Sans préjudice du premier alinéa de l'article 44, les projets de loi ayant
pour principal objet l'organisation des collectivités territoriales et les projets de loi
relatifs aux instances représentatives des Français établis hors de France sont soumis
en premier lieu au Sénat. »

Les parlementaires peuvent prendre l’initiative mais, les propositions sont peu nombreuses :
discutée qu’une fois que l’ordre du jour est épuisé.
Une fois par mois  vendredi, réservé aux propositions de lois.
Ce sont les amendements qui permettent aux parlementaires de s’exprimer.

II. la préparation du texte

C’est le travail qui est fait par la commission vers laquelle le texte a été dirigé  rôle
essentiel, puisqu’il y a un rapporteur, qui va en quelque sorte fait le plus gros du travail. Il
sera chargé de la gestion, de l’adoption de la progression du texte.
C’est là que tous les membres vont étudier le texte  déposer des amendements.
La commission auditionne les ministres, qui viennent en début d’examen, et ont l’accès libre,
ou peuvent être convoqués, mais ne sont pas obligé de répondre.
Pour les amendements, il est possible d’en déposer aussi en cours de discussion, mais le
gouvernement dispose de refuser ceux non déposés en commission.
Une fois le texte mis en l’état  version du gouvernement, et amendements, le rapporteur
fait un rapport de présentation du texte et des amendements.
 Le texte est alors mis à l’ordre du jour.
III. discussion devant l’assemblée, et différentes modalités d’adoption du texte

À l’égard du texte, il y a un déroulement idéal, mais aussi des possibilités de poser des
amendements  processus, mais ne pas voir comme un déroulement chronologique.

 Présentation générale du texte, par le ministre  texte discuté et le texte sans les
amendements.

 Une fois présenté, c’est le rapporteur qui vient présenter le même texte, mais vu des
parlementaires.
Théoriquement, le débat commence par le rapport du rapporteur, mais l’article 31 prévoit
que les membres du gouvernement sont entendus quand ils le demandent  pilotage du
gouvernement commence dès le début. Le président de l’assemblée est obligé de leur
donner la parole.

146
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Article 31 de la constitution : « les membres du Gouvernement ont accès aux deux
assemblées. Ils sont entendus quand ils le demandent. »

 Une fois la présentation du texte, il sera discuté de façon générale, où chaque


parlementaire pourra prendre la parole, et c’est à ce moment là que vont être déposées
des motions de procédure : motions soumises au vote de chaque assemblée, et ont un
objet dilatoire.
Pour ceux qui les déposent  éviter la discussion (stratégie d’opposition).
Les parlementaires peuvent voter une question préalable : motion qui a pour objet de
reconnaitre qu’il n’y a pas lieu de délibérer sur un texte  moyen pour le parlement de
refuser de discuter le texte.
 Si la question préalable est adoptée, le texte est rejeté, il ne sera pas discuté.
Un second type de motion : motion de renvoi en commission. Les parlementaires estiment
qu’au vu du rapport, la préparation du texte, ou certains amendements auraient pu être
déposé  renvoi en commission.
Peut être soulevé des exceptions d’irrecevabilité, principalement en début de discussion 
fait que le texte comporterait des dispositions contraires à la constitution  demander aux
parlementaires de rejeter le texte, soit de les expurger de ces dispositions.

 Une fois cette discussion générale achevé, le texte est discuté, examiné article par article :
se pencher sur le texte, ligne après ligne. Examiner signifie que chaque parlementaire prend
la parole et propose éventuellement des amendements.
Il y a deux types d’amendements : ceux déposés en commissions, ceux que les
parlementaires n’ont pas pu se faire entendre, ou le souhaitent en déposer en cours de
discussion, et le gouvernement peut aussi en déposer.
Chaque amendement fait l’objet d’une discussion, et d’un vote :
 Aspect positif, contribution des parlementaires à l’amélioration du texte,
 Mais aspect négatif, l’utiliser soit pour faire adopter des dispositions que le
gouvernement ne veut pas, soit à des fins dilatoires : utilisé parfois à des fins d’obstructions
parlementaire (amendements sur un article, premier en général).
Le gouvernement peut déjà faire un tri  possibilité de soulever des irrecevabilités, qui vont
conduire à ne pas discuter des amendements.
Il y a 3 motifs pour que le gouvernement s’oppose à un amendement :
 amendement créerait une aggravation des charges publiques (augmenterait un
déficit). C’est laissé à l’appréciation du gouvernement, il ne pourra pas se prévaloir
de cette disposition devant le CC.
 Il peut s’opposer à tous les amendements non soumis à la commission. Si les
parlementaires sont libres de déposer des amendements pendant la discussion
générale, le gouvernement peut décider qu’on ne les discutera pas.
 Enfin, rejet des amendements sans lien avec le texte  cavaliers, pratique
parlementaire qui consiste à insérer dans des textes de lois, pour des raisons
ponctuelles, des dispositions qui n’ont aucun rapport avec le texte.
Ex : arrêt des travaux du tram  jugement du T. Au parlement, était votée au moment
même une loi sur le transport.

147
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
La ville de Strasbourg avait demandé à un député alsacien de déposer un amendement à
cette loi, qui a été adopté, mais annulé par le CC, au motif que cet amendement n’avait pas
de place dans cette loi.
Dans ce cas, ils sont susceptibles d’être annulé dans le cadre d’un recours devant le CC.

Pas de lien avec le texte signifie que le contenu doit se rapporter au texte, mais aussi,
l’amendement c’est une modification du texte, il ne doit pas bouleverser l’économie du
texte.
« Un amendement ne devait pas dépasser par son objet et portée les limites inhérentes à
l’exercice du droit d’amendement »  position du CC contestable, les parlementaires
devraient être seuls juges de ce qu’il y a dans la loi, tant que la Constitution est respectée.
23 janvier 1987  amendement Seguin, qui faisait suite au refus de Mitterrand de signer les
ordonnances, portant réforme du temps du travail. Chirac avait fait adopter par ordonnance
ces dispositions, que Mitterrand avait refusé de signer. Le gouvernement avait déposé un
amendement à une loi en discussion, qui n’était ni plus ni moins la transcription de
l’ordonnance. Le CC a estimé qu’on avait dépassé les limites inhérentes du droit
d’amendement.

Dans cette régulation, on peut constater une inégalité entre le parlement et le


gouvernement.
Si le gouvernement peut opposer des irrecevabilités, les parlementaires ne peuvent s’en
prévaloir  logique : un parlementaire ne peut contester un amendement d’un autre
parlementaire.
Les amendements peuvent être déposés librement, ils n’ont pas à faire l’objet d’un avis du
CE, et du CM avant d’être déposés, comme les projets de lois. Il est possible que le projet
initial soit différent du texte adopté  avis du CE et CM déformé.
Il y a aussi cette régulation par rapport à l’objet de l’amendement.
 Il doit présenter un lien réel avec le texte en discussion.
 Et il ne doit pas constituer un nouveau texte.

Tous ces mécanismes concernant l’ex du droit amendement poursuivent 2 objectifs :


 Objectif originaire : éviter que le parlement n’empiète sur l’exercice du pouvoir
parlementaire, moyen de rationalisation
 Du fait de la pratique : éviter que le droit ne serve qu’à des fins dilatoires 
« guérilla parlementaire ». Le gouvernement peut user de tout ce que la constitution
met à sa disposition pour faire cesser ce harcèlement  vote bloqué, faire adopter
des parties de texte (n’évite pas la discussion), ou laisser faire. Les 2 techniques les
plus fréquemment utilisée : vote bloqué.
Le travail en commission est un travail préparatoire, il est possible qu’un amendement soit
utile.
Chaque amendement donne lieu à un vote (sauf vote bloqué), puis chaque article fait l’objet
d’un vote, et une fois le texte adopté, la loi donne lieu à un vote général.
Une fois voté, le texte est transmis à l’autre chambre, et le sénat va examiner le texte en
première lecture, avec exactement les mêmes droits que l’assemblée nationale  le sénat
va refaire un nouveau texte.

148
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le gouvernement devant le sénat a les mêmes pouvoirs en termes d’irrecevabilité et de
gestion des amendements.

A l’issu de la première lecture :


 Soit le texte a été adopté en termes identiques par les 2 chambres, et on considère
que la loi est votée.
 Soit le texte voté par la 2nd chambre n’est pas identique, il revient en seconde
lecture devant la première chambre.
A ce moment là, la procédure recommence, et possibilité de reprendre une partie
des amendements de la 2 nd chambre. A l’issu de la 2 nd lecture, le texte est retransmis
à la seconde chambre.
Soit le texte est voté en termes identique : texte est voté
Soit, il n’y a toujours pas d’accord.
L’article 45 donne la possibilité au gouvernement en cas de désaccord entre les 2
chambres, de réunir une commission mixte paritaire : formée d’un nombre égal de députés
et sénateurs, qui vont être chargés ensemble de proposer un texte  essayer de trouver un
accord que les parties du texte qui n’ont pas fait l’objet d’un accord.
La commission élabore un projet :
 soit elle parvient à trouver un accord, dans ce cas le texte est soumis à
l’approbation des 2 assemblées, qui le votent sans qu’aucun amendement ne soit
possible, sauf accord express du gouvernement.
 Si la commission ne parvient pas à trouver un accord, ou éventuellement si la
commission trouve un accord et que les assemblées refusent de voter.
Dans ce cas, le gouvernement a la possibilité après une nouvelle lecture par les 2
chambres de confier à l’assemblée nationale le soin de voter seule et
définitivement le texte  soit le texte élaborée elle-même, soit le texte de la
commission mixte paritaire, soit le texte avec les amendements du sénat.

Il peut exister une 3ème hypothèse pour l’adoption des lois : l’adoption devant l’assemblée
nationale sans vote  article 49 alinéa 3 de la constitution.
Il représente dans le cadre de la procédure législative comme l’instrument le plus brutal de
la rationalisation du parlementarisme, puisque c’est la possibilité par le gouvernement de
contraindre sa propre majorité à accepter l’adoption d’une loi sans la voter.
L’article 49 de la constitution responsabilité du gouvernement devant le parlement.
L’article 49 alinéa 3 est une combinaison entre le mécanisme de la motion de censure et la
procédure législative. Théoriquement, les 2 fonctions sont biens distinctes.
Il est utilisé par les gouvernements qui sont peu sûr de leur propre majorité  moyen de
pression du gouvernement sur sa majorité.
Il offre au premier ministre de décider en CM, qui authentifie la décision du gouvernement,
de mettre en jeu son existence sur un texte précis.
 Il y a une espèce de renversement des pratiques de la IIIème et IVème République :
lorsqu’un gouvernement n’obtenait pas la majorité, il démissionnait.
Ici, c’est l’inverse, c’est le gouvernement qui craignant que sa majorité ne le suive pas
sur un texte, et donc évalue un risque que le texte ne soit pas adopté : situation
critique.

149
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le mécanisme consiste en une déclaration que fait le premier ministre : il vient au nom du
gouvernement expliquer que le texte est important, et qu’il engage la responsabilité du
gouvernement sur le texte, s’ouvre un délai de 48h, dans lequel ceux qui sont opposés
doivent déposer une motion de censure.
S’en suis un débat sur la motion de censure, et un vote.
 Si la motion est adoptée, les conséquences juridiques sont claires : démission du
gouvernement, et abandon du texte.
 En revanche, s’il n’y a pas eu de motion de censure, ou si motion rejetée, non
seulement le gouvernement n’est pas contrait à la démission, mais le texte est
considéré comme adopté.
Il est adopté sans avoir été voté. Le vote du 49 alinéa 3 ne porte pas sur le texte, mais sur la
motion de censure.

Une fois que le texte est voté, par les 2 chambres ou l’assemblée nationale. La loi ne sera
véritablement une loi, qu’une fois promulguée : décret présidentiel, dans un délai de 10
jours après l’adoption de la loi.
Mais, jusqu’à la promulgation : 2 évènements importants, qui peuvent contribuer à être
mise en cause :
 Le président de la république demande une seconde lecture : sorte de veto
suspensif,
 Saisine du CC, par les autorités qui sont habilités, au fin de faire vérifier la conformité
de la loi à la constitution.

Le rôle du CC sous la Vème est important : perceptive particulière : Comment le CC sous la


Vème participe à la fonction législative ?
Sorte de 3ème chambre (Troper). Le CC a été créé en 1958 avec cette volonté d’en faire
l’instrument privilégié de la rationalisation du parlementarisme. C’est avant tout de
s’assurer que cette nouvelle réorganisation de la fonction législative sera effective, et qu’en
aucun as, le parlement ne s’écartera du texte constitutionnelle et retrouvera ses anciens
démons : hyper parlementarisme.
L’un des moyens  fait que la constitution soit devenue véritablement la norme suprême,
parce qu’il existe un organe qui est chargé de faire respecter la constitution.
Il faut comprendre que le CC,  si aujourd’hui on considère que la vocation principale c’est
d’être le gardien de la constitution et des droits et libertés individuels, à l’origine la
première vocation c’est d’être le gardien de la constitution en ce qu’elle permet de garder
les prérogatives de l’exécutif contre les attaques du législatif : s’assurer que les
parlementaires n’ait pas adopté dans amendement qui empièterait sur l’exécutif.

Au départ, elle rend peu de décision. Le gouvernement a déjà les moyens au cours de la
discussion d’éviter ces empiètements.
En réalité, le rôle du CC s’est affirmé dans les années 70 :
 En 1971  nouvelles perceptives du CC,
 Révision constitutionnelle de 1974

150
DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
Le 16 juillet 1971, le CC rend une décision capitale, sur la liberté d’association 
essentielle, elle va ouvrir des perceptives au contrôle de constitutionnalité en France, et du
contrôle même de la constitutionalité.
On va passer à un contrôle instrument rationalisation du parlementarisme, à un contrôle
matériel dont l’objet est de s’assurer de la préservation des droits et libertés individuelles
par le législateur.

D’une part, c’est elle qui invente le contrôle de constitutionnalité, et parce qu’aujourd’hui, la
place du contrôle fait qu’il participe complètement de la fonction législative.
Pourquoi peut-on dire que le contrôle participe de la fonction législative ? 
Le contrôle est uniquement à priori. Il ne peut pas y avoir de promulgation si un contrôle est
exercé. Et qu’une fois la loi promulguée, sous réserve de modification, il n’y a plus de
contrôle possible sur cette loi.
Le CC peut décider de censurer la loi, ou plusieurs dispositions de la loi, et si la loi perd son
intérêt sans ces articles, elle ne sera jamais promulguée.
Elle peut également faire des interprétations pour ce qu’elle soit promulgable.

La saisine du CC, dans le cadre de la fonction législative est une fonction facultative. Le CC
n’est pas nécessairement saisi, il faut que les organes qui peuvent le saisir : président de la
république, premier ministre, président de l’assemblée nationale, du sénat, ou 60 députés
ou sénateurs le saisissent. Pour les lois organiques, les règlements des assemblées, la saisine
est obligatoire.
Si le CC est saisi, les saisissants doivent avoir dans leurs mémoires de saisines les griefs à la
loi. Le CC a 30 jours pour se prononcer.
Il peut aussi émettre des réserves d’interprétation, qui consiste à ne pas censurer telle ou
telle disposition de la loi, mais de l’éclairer d’un commentaire en vue de son application. Le
juge considèrera que telle disposition n’est pas contraire à la constitution, mais pourrait
être appliquée d’une façon contraire à la constitution :
 Ne pas annuler une décision législative
 Lier l’application de la loi en question, pas le pouvoir règlementaire, à la réserve
d’interprétation.

Que se passe-t-il si le gouvernement ne tient pas compte de la réserve ?


Les actes règlementaires ne sont pas soumis au contrôle du CC.
Le CC a déjà eu l’occasion de censurer des mesures règlementaires, au motif qu’ils n’étaient
pas conforme aux réserves.

En 1971, il s’agissait d’une loi modifiant une loi de 1901, sur la liberté d’association.
En matière de liberté publique, le régime général est régime répressif  le plus libéral, et
s’oppose au régime préventif  autoritaire.
Le régime répressif pose en principe la liberté, sauf si action répréhensible. Le régime
préventif, que ce qu’autorisé à faire.
Après 1968, la loi avait été modifiée, pour le faire passer sous un régime préventif, et le
président du sénat avait saisi le CC estimant que cette modification de la loi de 1901 portait
atteinte à la liberté d’association.

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
 Le problème soulevé n’était pas un problème de répartition des compétences . Le
législateur l’avait fait en respectant ses compétences au sens de l’article 34. Est-ce
que le CC est compétent pour censurer une loi au motif qu’elle porterait atteinte aux
libertés ?
En France, à cette époque  question importante. Si le contrôle de
constitutionnalité, aux USA, en Allemagne intègre naturellement la garantie des lois
et liberté, ce n’était pas sa vocation  question de principe, contrôle matériel de la
loi.
Il s’agit de voir si la loi est conforme à la constitution, et aux droits et libertés du
préambule.
Le CC a répondu positivement. Il faut ensuite qu’il puisse trouver un point d’appui à
ce contrôle. Ce n’est pas seulement un contrôle formel, mais aussi formel.
 Quelles vont être les normes de référence de ce contrôle  ce sont les normes qui
dans un contrôle de conformité des normes, sont celle auxquelles on va ramener la
norme qui est inférieure.
La norme inférieure est conforme à la constitution  terme vague, qui peut
recouvrir un périmètre soit restrictif, soit tendu de normes de référence.
En 1958, de nombreux auteurs pensent que le préambule n’a aucun contenu
juridique, et n’a pas vocation à servir de normes de référence à la constitutionalité
des lois.
On considère aujourd’hui, que les normes internationales ne font pas partie de la
constitution.

En 1971, l’apport fondamental de cette décision  l’ensemble des droits et libertés,


notamment celle du préambule se sont trouvés promus au rang de norme de référence de
contrôle de constitutionalité.
Favoreu appellera ça le « le bloc de constitutionalité »  ensemble des normes de référence
du contrôle de constitutionalité.

Le bloc de la Vème est un peu comme une poupée russe. Il se trouve dans le préambule de
Vème, mais il revoie à 2 textes :
 DDHC
 et le préambule de la constitution de 1946. Le bloc de constitutionalité comporte un
texte révolutionnaire, et sa mise à jour en 1946, auquel il faut rajouter la charte de
l’environnement (teste récent).

Le préambule de 1946  dispositions, droits sociaux qui font partie des droits créances, qui
complètent les droits libéraux classiques, et une catégorie de principes : principes
fondamentaux reconnus par la république.
Le préambule de 1946 ne contient pas les PFRLR. Le premier d’entre eux est la liberté
d’association le CC lorsqu’il a voulu censurer cette loi au motif qu’elle était contraire à la
constitution, il a fallut qu’il trouve un principe qui garantisse la constitution. Les PFRLR ne
visent pas, mais il revient au CC d’inventer ces principes. Il s’agit de les découvrir, dans le
texte lui-même.
Les droits et libertés qui forment le socle de l’ordre constitutionnel de la Vème se trouvent
dans l’héritage révolutionnaire, et cet apport a été complété en 1946, et le constituant de

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DROIT CONSTITUTIONNEL 2008
58 n’y ont pas touchés, et actualisé le bloc avec la charte de l’environnement.  Les droits
ne sont pas figés, mais évoluent.

Sous la IIIème république, il n’y avait pas de DDHC. Néanmoins, la IIIème avait consacré de
grandes libertés : presse, loi de 1901.
 Finalement, la contribution de la IIIème au patrimoine des droits et libertés ne se
trouvent pas dans la constitution de la IIIème, mais dans certaines lois votées par
les parlementaires.
Lorsque les parlementaires avaient quelque chose à dire  pas dans la constitution, mais
dans la loi qui était la norme sacrée.
Les PFRLR sont les principes reconnus dans les grandes lois votées sous la IIIème se voient
conférer un statut de norme de référence constitutionnel.

Arrêt Koné : principe constitutionnel dans une loi de 1920 sur l’extradition.

Les PFRLR offrent l’opportunité au CC de consacrer la valeur constitutionnelle des lois de la


IIIème  en 1971  tel qui figuraient dans la loi de 1901, n’était pas une simple loi, mais
consacrait un PFRLR.
Dès lors que la loi de 1901 se trouve constitutionalisée, la loi votée en 71 n’est pas
conforme et peut être censurée.
 Résultat  révélation de ce qu’est le bloc de constitutionnalité.
L’œuvre créatrice des PFRLR se trouve dans le préambule. L’espace dans lesquelles ont peut
trouver des PFRLR sont la IIème et IIIème.
Le CC a trouvé également des PFRLR qui ne reposent sur aucun texte écrit
 contrôle matériel de la loi. Il faut remettre en perceptive ce potentiel de contrôle avec la
révision constitutionnelle de 1974.
Jusqu’en 74, le contrôle reste dépendant des organes qui en prennent l’initiative : premier
ministre président, présidents d’assemblées.
En 1974, on l’ouvre à 60 députés ou sénateurs  : ère de la démocratie, ouverture à
l’opposition de la saisine.
Le fait de lui donner la possibilité fait que le contrôle matériel est quasiment devenu
automatique. Il n’est que très peu de lois qui ne fassent pas l’objet d’un contrôle. Ce qui
garantie aux citoyens, que pratiquement toutes les lois feront l’objet d’un contrôle, et au
regard des atteintes des D et L garanties par la constitution.
Cela renforce aussi ce sentiment que la loi est définitivement une norme intermédiaire.
Cette soumission formelle n’était pas ce qu’il y avait de plus gênant, mais par contre, il est
clair que ce contrôle matériel fait que la liberté de légiférer trouve une limite essentielle
dans les D et L fondamentaux  État de droit.

SECTION 3 : LA FONCTION DE CONTRÔLE

Dès lors qu’on se rend compte que le mode d’action privilégie du parlement n’est plus la
loi, ou plutôt que la confection de la loi n’est plus le moyen privilégié par lequel le
parlement s’impose comme organe principal essentiel du système institutionnel,

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l’organisation ne repose pas sur une opposition exécutive, mais sur la majorité et
l’opposition.
La loi est un produit normatif qui résulte de la collaboration de l’exécutif et parlement. On
est plus dans une optique de collaboration, mais sous pilotage du gouvernement.
La fonction de contrôle devrait retrouver un rôle important : tout aussi essentiel que faire la
loi, par rapport au système démocratique. C’est elle qui assure le fameux chainage
démocratique qui commence avec l’élection, jusqu’à l’exécution des lois.
La démocratie ne s’arrêté pas au parlement, représentants du peuple, ils sont aussi un rôle
de surveillance de la façon dont on applique la loi.
Le contrôle du parlement revêt différents formes, il a ce qui relève du contrôle permanent
et du contrôle extraordinaire.

Il n’est pas utile de renverser un gouvernement, au motif que l’on ne serait pas d’accord sur
un aspect de sa politique. Désormais, la fonction de contrôle est une fonction qui consiste
pour le parlement de s’informer de la façon dont le gouvernement met en œuvre sa
politique, et lorsqu’il estime qu’elle n’est pas conforme aux aspirations du peuple de
déclencher une motion de censure.

Il ya 3 formes de contrôle du contrôle de l’activité du gouvernement (et administration) par


le parlement
 Questions : en général sur des questions d’actualité. Cela relève plus du show
politique que du contrôle. On sait la question du député et la réponse du ministre.
Il existe une partie des questions écrites, dans le JO partie questions.
Les députés et sénateurs posent de nombreuses questions, au gouvernement et à
l’administration, qui répondent de façon écrite.
 Contrôle politique, par la mise en cause de la responsabilité du gouvernement  : sur
ce point on retrouve les préoccupations des constituants de la Vème d’éviter
l’instabilité ministérielle, et de donner trop de possibilités aux parlementaires pour
renverser le gouvernement.
La possibilité est limitée à une seule, quand c’est l’assemblée nationale qui prend
l’initiative. Il n’y a pas d’autres possibilités constitutionnelles de mettre en cause la
responsabilité.
Le contrôle sur le règlement des assemblées tend à s’assurer que les assemblées ne
créeraient pas des contournements de la constitution.
Article 49 alinéa 3 : ce n’est pas l’assemblée nationale qui en prend l’initiative : soit
j’en dépose pour faire obstacle au texte, soit non.
L’initiative n’est pas maitrisée par les députés.
 Le gouvernement peut poser la question de confiance. Le premier ministre va fait
une discours sur sa politique générale, et il y aura un vote.
L’article 49 alinéa 1 prévoit les modalités de la responsabilité du gouvernement
devant l’assemblée nationale.
Sous la Vème, rein n’oblige pas à une investiture, et la déclaration de politique
générale, c’est plutôt un moyen de faire pression sur sa majorité.
L’article en fixe les modalités.

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Le sénat n’a pas le pouvoir de provoquer la démission du gouvernement, il ne peut agir que
par le biais des questions, ou les commissions d’enquêtes parlementaires.
Possibilité de créer des commissions d’enquêtes, mais ce n’est pas qu’un moyen de
contrôle : elle vise aussi des dysfonctionnements des administrations  Outreau.

Considération générale de l’affaiblissement de ce contrôle, on constate un affaiblissement


de la constion de contrôle.
Principalement, la rationalisation du parlementarisme vise à priver le parlement de
mettre en œuvre ces moyens, mais aussi par le fait qu’en réalité, il n’y a plus de conflits. Le
conflit n’est pas structurant dans le système institutionnel, le contrôle reste d’actualité, mais
perd une partie de sa notoriété.
Mais aussi, cet affaiblissement du rôle du parlement vient du fait que de très nombreuses
fonctions du parlement se sont réparties sur d’autres organes.
En réalité, il est clair plus jamais le parlement ne retrouvera ce pouvoir détenu sous la
IVème, qui correspondait à un temps donné dans la démocratie.
Aujourd’hui, le parlement introduit la concurrence d’autres organes  institutions
européennes. Plus de 50% de l’initiative ne vient pas de lui, mais sont des transpositions de
la règlementation européenne.
Dans les systèmes contemporains, à soustraire certains champs de compétences au
parlement. On voit fleurir des AAI : économies, informatiques et libertés, ce qui affaiblit
d’autant un organe à vocation généraliste qui est le parlement, même si ces organes
naissent de la loi.

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