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Expression suprême du pouvoir réglementaire (I), les décrets délibérés en Conseil des ministres
font l’objet d’un périmètre flou (II).
Le conseil des ministres n’est pas assimilable à une assemblée délibérante compétente pour voter
des normes juridiques de portée générales.
En droit, les décisions prises en Conseil des ministres ne sont pas adoptées par le Conseil des
ministres mais par les autorités titulaires du pouvoir réglementaire (sous la forme des décrets
présidentiels ou des décrets du Premier ministre), soit du pouvoir législatif ( les projets de loi
adoptés en Conseil des ministres deviendront des lois à la fin de la procédure législative).
La Constitution de 1958 rend obligatoire la consultation du Conseil des ministres pour prendre un
certain nombre de décrets. Il est ainsi pour les décrets de nominations aux emplois civils et
militaires de l’État. Donc, sur le sur le fondement de l’art 13 alinéa 2, le président dispose d’un
très important pouvoir de nomination à des emplois civils et militaires (« Le Président de la
République nomme aux emplois civils et militaires de l’État) et pour les ordonnances l’article 38
de la Constitution dispose que « les ordonnances sont prises en Conseil des ministres après avis
du Conseil d’État »).
II. Le périmètre des décrets délibérés en Conseil des ministres : un partage flou entre le
Président et le Premier-ministre
De son coté, l’article 13 CF précise que le « Président de la République signe les ordonnances et
les décrets délibérés en Conseil des ministres ». L’article 13 est plus précis car il s’agit des «
ordonnances et les décrets délibérés en Conseil des Ministres. » Il est intéressant de noter que la
Constitution française prévoit les décrets qui ne sont pas contresignés, les confinant par là dans le
domaine de l’exceptionnel (l’art 19 CF selon lequel « Les actes du Président de la République
autres que ceux prévus aux articles 8 (1er alinéa), 11, 12, 16, 18, 54, 56 et 61 sont
contresignés »). De plus, l’article 9 ajoute que « le Président de la République préside les Conseil
des ministres ». Par conséquence, un outil essentiel dans l’arsenal juridique à la disposition du
président de la République est son pouvoir réglementaire. La Constitution envisage l’adoption de
décrets dans l’exercice des attributions présidentielles.
Le général de Gaulle et ses successeurs ont déduit de ces deux dispositions constitutionnelles que
tous les décrets pris en Conseil des ministres relevaient de la seule volonté du Président de la
République.
1/ les décrets délibérés en Conseil des ministres, assimilés à des décrets présidentiels
2/ les décrets non délibérés en Conseil des ministres, dont l’auteur est le Premier ministre
en vertu de l’article 21 de la Constitution.
Or, la Constitution n’indique pas le critère de distinction entre ces deux types de décrets.
Par conséquence dès lors qu’il a été signé par le président de la République, il ne peut plus
être modifié que par lui.
La pratique de la Vème République a accru le champ d’action présidentiel, en validant les décrets
réglementaires non délibérés en conseil des ministres.
En revanche, il arrive fréquemment que le Président de la République signe des décrets non
délibérés en Conseil des Ministres (les décrets simples), c’est-à-dire des décrets dont l’auteur est
en principe le Premier ministre. Dans ce cas, le juge administratif, depuis un arrêt SICARD du 27
avril 1962, considère que le Premier ministre reste l’auteur du décret, la signature du
président étant alors surabondante.
Donc le CE a admis que l’incompétence initiale du président était purgée dès lors que le
premier ministre, investi du pouvoir réglementaire par l’article 21 de la Constitution, y a
lui-même apposée sa signature.
DONC, le président sur le fondement de l’article 13 alinéa 1 dispose d’un très important
pouvoir réglementaire qui passe d’une part par sa compétence pour signer les décrets et les
ordonnances en conseil des ministres
et sur le fondement de l’art 13 alinéa 2, très important pouvoir de nomination à des emplois
civils et militaires.
C’est le cœur de la relation entre président et premier ministre, car ses actes doivent être
contresignés.
Le président est censé y souscrire.