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Chapitre 19

Odeurs
Benoit Gingras, Christophe Guy, Thierry Pagé

La référence bibliographique de ce document se lit


comme suit:

Gingras B, Guy C, Page T (2003)


Odeurs.
In : Environnement et santé publique - Fondements et
pratiques, pp. 499-515.
Gérin M, Gosselin P, Cordier S, Viau C, Quénel P,
Dewailly É, rédacteurs.
Edisem / Tec & Doc, Acton Vale / Paris

Note : Ce manuel a été publié en 2003. Les connaissances


ont pu évoluer de façon importante depuis sa publication.
Chapitre 19
Odeurs
Benoit Gingras, Christophe Guy, Thierry Pagé

1. Introduction
2. Principales sources d'odeurs environnementales
3. Populations touchées
4. Caractéristiques de l'exposition aux odeurs
4.1 Perception des odeurs
4.2 Métrologie
4.3 Analyse de l'impact-odeur
5. Effets des odeurs environnementales sur la santé
5.1 Concepts de nuisance et de santé en matière d'odeurs
5.2 Physiopathologie des symptômes associés aux odeurs
5.3 Relation entre perception des odeurs et toxicité aiguë
5.4 Mécanismes des symptômes liés aux odeurs environnementales
5.5 Effets physiologiques liés aux odeurs
5.6 Effets psychologiques liés aux odeurs
6. Nuisance olfactive et réglementations
6.1 Principes à la base des réglementations
6.2 Quelques exemples de réglementation
7. Approches d'atténuation des odeurs
7.1 Approches de prévention
7.2 Approches de traitement
8. Conclusion
500 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

1. INTRODUCTION effets des odeurs environnementales sur la santé.


Après avoir abordé les notions de normes en
L'odorat joue un rôle important dans notre con- matière d'odeurs, nous verrons comment les
fort et notre bien-être. L'industrialisation et le odeurs, qui constituent un problème de santé
développement des services municipaux, com- environnementale, peuvent être atténuées.
binés au phénomène de l'étalement urbain et au
manque de planification de l'aménagement des Processus de l'olfaction
territoires, ont fait naître toutes sortes de situa- Les molécules odorantes entrent en contact avec
tions dans lesquelles des citoyens sont exposés à l'épithélium olfactif situé au sommet de la cavité
des odeurs incommodantes. Le phénomène de nasale et stimulent chimiquement les multiples
l'isolation étanche des bâtiments a aussi pour cellules réceptrices (figure 19.1). Les influx élec-
conséquence de concentrer des contaminants triques ainsi générés sont transmis par le nerf
odorants et irritants dans l'air intérieur des lieux olfactif ( 1 e r nerf crânien qui traverse le crâne par
d'habitation et de travail. la plaque cribriforme) au système olfactif central
Après avoir présenté sommairement le situé dans le système l i m b i q u e (Truex et
processus physiologique de l'olfaction, nous Carpenter, 1964). Une branche du 5 e nerf
déterminerons les principales sources d'odeurs crânien, le trijumeau, véhicule pour sa part la
environnementales et les populations exposées. sensation d'irritation de la muqueuse du nez, du
Nous aborderons les caractéristiques des odeurs, nasopharynx et de l'oropharynx, à la fois en ce
dont les notions de mesures, et décrirons les qui concerne la sensation du goût et de l'odorat.

Cortex frontal Tractus olfactif


latéral

Cerveau

Bulbe olfactif
Sinus Hypophyse
Lame criblée
de l'ethmoïde
Filet du nerf olfactif
Muqueuse olfactive

Sinus

Fosses nasales

Cornet moyen

Cornet intérieur
Source: Laboratoire de Neurosciences et
Cornet supérieur Systèmes Sensoriels

Figure 19.1 Schéma des voies olfactives


ODEURS 501

Le nerf trijumeau contribue aussi à évaluer la sent simultanément sur la muqueuse olfactive.
magnitude de l'odeur même pour les composés Les différents produits composant l'odeur ont
sans effet irritant (Cain, 1974a). plutôt tendance à se combiner de façon infra-
additive*, peu importe la nature des composés
impliqués ou leur degré de similitude (Berglund
2. PRINCIPALES SOURCES et coll., 1973). Cependant, l'effet irritant aurait
D'ODEURS ENVIRONNEMENTALES tendance à agir de façon additive, surtout
lorsque leur concentration est plus élevée
Une grande variété d'activités urbaines, indus-
(Cometteo-Muniz et coll., 1989).
trielles et agricoles sont source d'émissions
d'odeurs dans l'air et sont susceptibles d'attein- Le tableau 19.1 relève les sources d'odeurs
dre et d'affecter certaines personnes. Certains environnementales les plus fréquentes selon leur
milieux naturels dans lesquels on retrouve des origine.
activités biologiques de décomposition peuvent
aussi émettre des odeurs qui seront perçues dans 3. POPULATIONS TOUCHÉES
le voisinage. La qualité de l'air intérieur des édi- Les populations affectées par les odeurs sont
fices publics, en milieu de travail et en milieu habituellement celles qui habitent dans le voisi-
résidentiel, peut aussi être affectée par des émis- nage des sources émettrices et qui se voient
sions d'odeurs de nature variée. incommodées par ces odeurs non désirées. Nous
Une source d'odeur est généralement com- verrons plus loin que plusieurs facteurs inter-
posée de multiples produits odorants dont cer- viennent pour motiver une plainte éventuelle de
tains ont aussi un caractère irritant et q u i agis- la part des citoyens.

Tableau 19.1 Principales sources d'odeurs environnementales


Domaine Types d'activités Types de contaminants responsables des odeurs
Municipal • Épuration des eaux usées Composés soufrés (H2S, mercaptans, etc.),
composés azotés (NH3, amines, etc.),
autres (acides gras volatiles, aldéhydes, etc.)
• Enfouissement sanitaire Composés soufrés (disulfure de diméthyle, H2S, etc.)
Industriel • Pâtes et papiers Composés soufrés (H2S, SO2, disulfure de diméthyle,
(Procédé Kraft, procédé acide au sulfite) méthyle mercaptan), térébenthine
• Raffineries de pétrole SO2 et autres composés soufrés, composés organiques
volatils (COV) variés
• Fonderies Solvants organiques volatils divers (SOV)
• Industrie alimentaire: Variables
boulangerie, aliments frits, café,
distillerie, fumoir, équarrissage
• Traitement des surfaces métalliques Acide sulfurique, acide nitrique, etc.
• Ateliers de peinture Méthyl éthyl cétone, acétone, toluène, xylène
• Plastiques (moulage, fibres de verre, Styrène, SOV divers
extrusion)
• Stockage de déchets dangereux Variables
Agricole • Bâtiments d'élevage NH3, H2S et autres composés sulfurés, amines, acides gras
• Structures d'entreposage des volatils, indols, scatols, phénols, etc.
fumiers (et autres fertilisants
organiques)
• Épandage de fumier
• Épandage de pesticides Variables selon le produit utilisé, solvants divers
Air intérieur • Occupants Effluves biologiques
• Tabac ~ 5000 produits chimiques
• Matériaux Formaldéhyde et divers autres COV
• Ventilation Substances générant des odeurs

* Aussi nommé hypoadditive: lorsque le résultat d'une interaction produit un effet inférieur à la somme des substances
individuelles.
502 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

le temps, de l'intensité de l'odeur perçue,


en réponse à une exposition prolongée)
et un phénomène de sensibilisation
(Cain, 1980) (se présente comme l'ac-
centuation de la détection des odeurs
chez un i n d i v i d u exposé à répétition, par
exemple, à une odeur industrielle).

4. CARACTÉRISTIQUES DE
L'EXPOSITION AUX ODEURS
4.1 Perception des odeurs
Comme nous l'avons v u , la perception
des odeurs résulte du traitement par le
Figure 19.2 Distribution de la sensibilité olfactive dans la
population cerveau de s t i m u l i localisés sur la
muqueuse olfactive. Celle-ci peut être
Source: AIHA (1993) représentée par un grand nombre de
récepteurs individuels qui émettent cha-
Une odeur émise est perçue par les personnes cun un signal d'une intensité différente en fonc-
exposées selon des caractéristiques quantitatives tion du mélange de composés adsorbés. À partir
(intensité), qualitatives (reconnaissance de de cette i n f o r m a t i o n complexe, le cerveau
l'odeur) et son caractère hédoniste (apprécia- établit d'abord une image odeur, puis la com-
tion). Comme le montre la figure 19.2, dans pare au répertoire d'images odeurs déjà acquises.
une population générale, la plupart des com- Ces images odeurs sont associées au vécu de
posés odorants sont perçus selon une distribu- l'individu; l'appréciation de la qualité de l'odeur
t i o n log-normale, 96 % des gens étant consi- est alors suggestive, car elle fait intervenir l'ex-
dérés comme ayant une sensibilité normale, 2 % périence personnelle et les habitudes culturelles.
étant qualifiés d'hypersensibles et 2 % d'hy- S'il s'agit d'une nouvelle image odeur n o n
posensibles ou anosmiques (Amoore et Hautala, référencée, le cerveau l'associera à l'événement
1983). La pente de distribution varie d'un com- vécu lors de la perception.
posé à l'autre. Cependant, des individus peu- Les principales informations caractéristiques
vent être hypersensibles à une odeur et insensi- de l'odeur perçue sont
bles à une autre.
- la qualité de l'odeur: la reconnaissance de
Certains facteurs externes, comme l'exposi- l'odeur, et dans certains cas pour des i n d i -
tion professionnelle à des gaz, vapeurs ou par- vidus très entraînés, la reconnaissance des
ticules irritants, contribuent à altérer quantita- principaux composés ou des principales
tivement et qualitativement la perception des odeurs «primaires» q u i la constituent;
odeurs. Des facteurs personnels, de nature phy-
- l'appréciation de l'odeur ou son caractère
siologique, peuvent également influencer la sen-
hédonique: l ' i d e n t i f i c a t i o n du caractère
sibilité olfactive chez l'humain (Shusterman,
plaisant ou désagréable de l'odeur;
1992). Citons, par exemple, l'âge (perte
d'acuité), le sexe (les femmes sont plus sensibles - l'intensité de l'odeur, qui est fonction du
selon la plupart des études), le tabagisme (perte caractère spécifique des composés odorants
de sensibilité), certaines allergies et divers états perçus, de leur composition et de leurs inter-
de santé. En plus de ces caractéristiques actions mutuelles et avec la muqueuse olfac-
interindividuelles, il a été démontré qu'il peut y tive.
avoir une grande variabilité de l'acuité olfactive Notre sens de l'odorat est semblable à notre
chez une même personne, d'une journée à perception des corps chauds ou froids: l'inten-
l'autre, et même d'un essai à l'autre. Viennent sité de l'odeur perçue est très forte au début puis
également agir et influencer la sensibilité olfac- se produit une adaptation et une baisse progres-
tive des individus, un phénomène d'adaptation sive de la sensation ressentie. Pour chaque com-
(Cain, 1974b) (se manifeste par une baisse dans posé odorant, il existe un seuil en dessous
ODEURS 503

I = m (c-c o ) n Équation représentée graphiquement par

où: c: Concentration du composé odorant

cO: Seuil de perception olfactive du composé

m: Constante relative aux unités employées

Intensité
n: Exposant variant de 0.07 à 0,7

I: Intensité odeur

Concentration

Figure 19.3 Relation intensité/concentration de l'odeur

duquel le composé n'est pas détecté. Au-dessus dépendant de la méthode analytique utilisée,
du seuil, l'intensité perçue n'est pas proportion- proportionnelle à la dilution dans l'air pur con-
nelle à la concentration, car un effet de satura- trairement à l'intensité odeur. Elle rend compte
tion est observé: la loi de puissance de Stevens aussi des interactions possibles entre les divers
permet de décrire cette dépendance (figure composés d'un mélange odorant (effets additifs,
19.3). synergiques, antagonistes), ce que ne peuvent
A f i n d'éliminer la subjectivité associée avec pas faire les concentrations chimiques. Elle
l'estimation de l'intensité odeur et, surtout, n'est, par contre, pas reliée à l'intensité réelle de
pour s'affranchir de la saturation observée à la perception olfactive: on ne peut pas faire la
haute concentration, la notion de concentration différence entre 1000 et 10 000 u.o./m 3 !
odeur est maintenant privilégiée, car elle est La valeur du seuil de perception olfactive
objective et quantitative. Elle est basée sur le dépend du composé ou du mélange gazeux con-
seuil de perception olfactive d'un mélange sidéré ( A I H A , 1989). Il peut varier de 0,1 ppb
gazeux. Ce seuil est défini comme la concentra- (parties par milliard en volume) pour le mercap-
tion d'un mélange gazeux dans de l'air inodore tan allylique (odeur désagréable d'ail) ou le
à laquelle la moitié des membres d'un jury thiocrésol (odeur rance de mouffette) à quelques
perçoivent une odeur, l'autre moitié ne la perce- dizaines de ppm (parties par million en volume)
vant pas. La détermination du seuil suppose comme pour l'ammoniac (17 p p m ) . En règle
donc qu'un jury de plusieurs personnes doit générale, pour les composés purs, le seuil tend à
flairer diverses dilutions du même mélange être plus faible pour des composés de poids
gazeux; la concentration odeur est indépendante moléculaire élevé et dépend des fonctionnalités
de la qualité de l'odeur et de son caractère chimiques de la molécule considérée. Pour des
hédonique. Par définition, le seuil de perception mélanges, le seuil ne peut pas être obtenu à par-
olfactive correspond à une concentration odeur tir des seuils des composés purs: des effets de
de 1 u.o./m 3 (unité odeur par mètre cube). Le synergie ou d'antagonisme, d'addition ou de
nombre de dilutions nécessaires pour atteindre moyenne peuvent être observés.
le seuil de perception à partir du mélange de gaz
initial indique la concentration odeur. Ainsi, si
l'on doit diluer 5000 fois avec de l'air inodore 4.2 Métrologie
un échantillon de gaz prélevé à la cheminée
Dans le cas d'odeurs environnementales, en rai-
d'une usine afin d'obtenir un mélange gazeux
son de l'impossibilité de relier la concentration
correspondant au seuil de perception olfactive,
ou l'intensité d'odeur aux concentrations chi-
la concentration odeur de l'eftluent émis à la
miques, l'analyse chimique ne permet pas de
cheminée est de 5000 u.o./m 3 . La concentration
quantifier une nuisance olfactive. Néanmoins,
odeur est très utile en ingénierie, car elle com-
elle peut s'avérer très utile, en complément de
mande les mêmes avantages que la concentra-
l'analyse olfactométrique, pour déterminer les
tion chimique: quantifiable avec une précision
constituants responsables de la nuisance. Dans
504 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

certains domaines où il y a peu de variabilité analyse rapide et préliminaire de l'air ambiant,


dans les composants responsables de l'odeur, car ce type d'olfactomètre autorise une mesure
comme en contrôle-qualité, par exemple dans le sur le terrain. Par contre, elle ne permet pas de
domaine agroalimentaire, une corrélation statis- faire des mesures à la cheminée et elle souffre
tique entre l'intensité ou la concentration des inconvénients inhérents à l'utilisation de la
d'odeur et la concentration c h i m i q u e du notion d'intensité plutôt que de concentration.
mélange ou de certains de ses constituants peut De récents développements en olfactométrie
être établie et utilisée avec succès; une approche portent sur la mise au point de détecteurs
de réseaux neuronaux pour décrire cette corréla- d'odeurs complètement automatisés, appelés
tion peut s'avérer très performante ( H u d o n et nez électroniques (Kress-Rodgers, 1996; H u d o n
coll., 2000a). et coll., 2000b). Ils sont constitués d'une série
L'analyse olfactométrique en tant que telle de capteurs chimiques non spécifiques, couplés
repose sur la détermination de la concentration à un système automatisé de reconnaissance.
odeur par un jury de personnes. La détermina- Quelques unités sont disponibles commerciale-
tion de la concentration odeur par dilution ment, et leurs applications portent principale-
dynamique est la méthode recommandée ou ment sur la reconnaissance ou la discrimination
exigée par la plupart des réglementations d'odeurs, l'analyse de la composition de l'odeur
récentes en vigueur. C'est ainsi le cas du règle- et le contrôle-qualité.
ment 90 de la C o m m u n a u t é urbaine de
Montréal, du règlement québécois sur la qualité
4.3 Analyse de l'impact odeur
de l'atmosphère ( Q . 2 , r-20, 2001), des normes
américaines A S T M # E544-75 (1993) et # À l'instar des analyses d'impact environnemen-
E679-91, de la norme européenne C E N # tal ou des analyses de risques pour la santé du
T C 2 6 4 / W G 2 N 2 2 2 et de la norme australo- public associés à des activités industrielles,
néo-zélandaise EV/07/03 DR99306. La figure l'analyse de l'impact odeur associé à une source
19.4 présente un schéma de fonctionnement d'émission peut s'avérer extrêmement riche, en
typique d'un olfactomètre à dilution termes d'informations quantitatives qui rendent
dynamique. Un système de dilution automa- comptent de l'envergure d'une nuisance olfac-
tique informatisé distribue dans un cornet de tive et des objectifs d'atténuation ou de mitiga-
flairage diverses dilutions de l'échantillon tion à atteindre (Guy et Pagé, 2002). En effet, à
gazeux à analyser aux six membres du jury. partir de la caractérisation olfactométrique de la
L'analyse de leurs réponses (odeur perçue ou source (débit d'odeur, concentration odeur) et
non et si o u i , dans quel cornet) selon une des caractéristiques de dispersion atmo-
méthode statistique appropriée (probit, meilleur sphérique de l'odeur, il est possible d'estimer les
estimé), ainsi que la séquence optimale de concentrations dans l'air ambiant entourant la
présentation des dilutions, permet de détermi- source et de quantifier l'exposition du public
ner le seuil de perception olfactive du mélange aux odeurs. Les modèles de dispersion atmo-
gazeux analysé avec un intervalle de confiance, sphérique à utiliser doivent rendre compte des
une précision et une répétitivité indépendantes spécificités de notre odorat: réponse très rapide,
du jury. La concentration odeur de l'échantillon sensibilité aux variations et aux maxima. De ce
est alors obtenue par le nombre de dilutions fait, ils doivent pouvoir rendre compte plus
nécessaires pour atteindre le seuil de perception finement de la turbulence atmosphérique afin
olfactive. d'estimer les maxima de concentration plutôt
Une autre approche d'olfactométrie utilise la que les moyennes et de présenter les résultats
comparaison avec un composé de référence d'estimation sous une forme pratique pour juger
comme le n-butanol: l'analyste doit trouver la de la nuisance olfactive. Très peu de modèles
concentration de n-butanol dans l'air produite possèdent ces caractéristiques; les modèles clas-
par l'olfactomètre, qui donne la même impres- siques de dispersion de toxiques rendent
sion d'intensité que l'odeur de l'échantillon. Elle médiocrement compte de la dispersion des
permet de déterminer l'intensité odeur d'un odeurs (Pagé et Guy, 1997).
échantillon, exprimée en concentration équiva- Ainsi, l'estimation de l'exposition aux odeurs
lente en n-butanol. Elle se prête bien à une à l'aide de l'évaluation de la dispersion atmo-
ODEURS 505

Panelistes
et boîtiers de vote

• Unité de contrôle des détections


• Système de purge
Fût pressurisé
• Système d'autonettoyage
Système d'air comprimée

Filtre à air

Poste
de contrôle

Carte d'acquisition
et de contrôle

Figure 19.4 Olfactomètre à dilution dynamique

Source: Odotech inc. (1999)

sphérique permet de déterminer l'effort de de la population exposée, tant au plan physio-


réduction de l'émission nécessaire pour d i m i - logique que psychologique (Winneke et Kastka,
nuer la nuisance et d'évaluer l'impact de l'utili- 1977; Rotton,1983; Shusterman.1992).
sation de telle ou telle technologie d'atténuation
dont l'efficacité est connue. 5.1 Concepts de nuisance et de santé
en matière d'odeurs
5. EFFETS DES ODEURS
D'un point de vue juridique, la définition de
ENVIRONNEMENTALES nuisance varie considérablement d'un pays,
SUR LA SANTÉ d'une province et même d'une municipalité à
l'autre. Cependant, l'objectif commun à toutes
On a souvent tendance à aborder les notions de les mesures de contrôle vise à prévenir ou à
nuisance* et d'atteintes au confort sur le plan réduire l'atteinte à l'environnement par l'élé-
environnemental comme des inconvénients, ment nuisible qui dégrade la qualité de vie des
sinon négligeables, du moins mineurs et citoyens (Selmi et Manaster, 1989). Par ailleurs,
inhérents au développement économique local. le concept de santé a beaucoup évolué au cours
Dans certains cas, on estime que les plaintes des années. Définie d'abord comme une absence
associées à ces nuisances relèvent davantage du de maladie, la santé fut ensuite considérée
caprice que d'une atteinte à la santé. De même comme un état de bien-être physique, mental et
en est-il des questions relatives aux odeurs envi- social (Hogart, 1977). Maintenant, l'Organi-
ronnementales. Or, les odeurs provenant d'ac- sation Mondiale de la Santé ( O M S ) donne une
tivités municipales, industrielles ou agricoles définition plus précise encore de la santé. En
peuvent avoir un impact significatif sur la santé effet, selon l ' O M S , c'est la mesure dans laquelle

* Sentiment de déplaisir associé à un «agent» ou à une condition considérée comme affectant négative-
ment un individu ou un groupe (Lindvall et Radford. 1973).
506 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

un groupe ou un individu peut, d'une part, 5.3 Relation entre perception des
réaliser ses aspirations et satisfaire ses besoins et, odeurs et toxicité aiguë
d'autre part, évoluer avec le milieu ou s'adapter
à celui-ci (...). Ainsi donc, la promotion de la Malgré des variations interpersonnelles, il est
santé ne relève pas seulement du secteur de la possible d'établir, pour les diverses substances
santé; elle dépasse les modes de vie sains pour odorantes, une échelle psychophysique* qui
viser le bien-être ( O M S , 1986). Dans ce con- conserve sa validité d'un individu à l'autre, de
texte, l'approche des questions de nuisance et façon à pouvoir déterminer des niveaux d'expo-
d'atteinte au confort dans le domaine de la santé sition selon l'intensité de l'odeur (Cain et
environnementale ne peut être dissociée du con- Moskowitz, 1974). Par ailleurs, le ratio de la
cept de santé. concentration du produit à laquelle des effets
irritants ou toxiques sur l'humain peuvent se
produire (concentration maximale admissible
5.2 Physiopathologie des symptômes pour une durée de huit heures) sur son seuil
associés aux odeurs olfactif constitue le facteur de sécurité olfactive
(FSO) pour cette substance (Amoore et
On constate souvent que les effets apparents
Hautala, 1983). Lorsque le FSO d'un contami-
provoqués par les odeurs environnementales sur
nant est faible (<10), les symptômes liés aux
la santé de personnes habitant, par exemple, en
odeurs sont aussi les symptômes liés à la toxicité
bordure d'usines de traitement des eaux usées
intrinsèque du produit. Un produit odorant
ou d'enfouissement des déchets, de sites indus-
dont le FSO est modéré (10-25) peut aussi
triels ou de lieux d'activités agricoles ne répon-
causer une toxicité aiguë dans la population,
dent pas, de façon objective, à l'approche toxi-
mais seulement si sa concentration environ-
cologique classique. Un certain nombre
nementale dépasse largement son seuil olfactif.
d'études réalisées chez l'animal et chez l'humain
D'autres produits cependant peuvent provoquer
au cours des dernières années a permis de mieux
des symptômes aigus associés à leur simple
comprendre les mécanismes par lesquels les
odeur, même si les concentrations en cause ne
odeurs peuvent affecter la santé.
constituent pas une exposition toxique propre-
Une revue de la littérature réalisée par ment dite (Shusterman, 1992).
Shusterman (1992) indique que la plupart des
symptômes rapportés par les personnes exposées Par exemple, certains gaz comme le sulfure
à des sources d'odeurs environnementales sont d'hydrogène et divers mercaptans q u i , notam-
aigus dans leurs manifestations, limités dans le ment, sont des produits souvent impliqués en
temps et de nature subjective; ils sont donc dif- cas de plaintes de citoyens possèdent un seuil
ficiles à définir objectivement. Néanmoins, olfactif beaucoup plus bas que les niveaux
plusieurs études rapportées par cet auteur ten- reconnus comme pouvant entraîner des symp-
dent à démontrer une forte corrélation entre les tômes par les mécanismes toxicologiques ou irri-
symptômes rapportés par les personnes exposées tatifs classiques. Pourtant, ces gaz sont souvent
ou l'exposition aux odeurs environnementales associés à des manifestations symptomatiques
dans l'air intérieur des bâtiments ou provenant apparaissant à des niveaux qui dépassent de peu
d'équipements municipaux, d'activités agricoles leur seuil olfactif, donc à des concentrations
ou industrielles, même si les concentrations des considérées comme non toxiques (Flesh et Turk,
contaminants responsables de ces odeurs étaient 1975). À titre d'exemple, la figure 19.5
bien inférieures aux niveaux considérés toxi- représente la relation entre les concentrations
ques. Shusterman conclut que, en matière de dans l'air et la proportion de personnes affectées
problèmes de santé associés aux odeurs, les à diverses intensités pour le sulfure d'hydrogène.
mécanismes physiopathologiques ne s'ex-
pliquent pas par l'approche toxicologique clas-
5.4 Mécanismes des symptômes liés
sique, mais doivent être abordés comme des
effets non toxicologiques de ces contaminants aux odeurs environnementales
sur la santé. Les mécanismes pouvant expliquer les pro-
blèmes de santé dont se plaignent des citoyens

* La psychophysique est la science qui étudie les caractéristiques stimulus-réponse des stimuli sensoriels
ODEURS 507

exposés à un ou à plusieurs composés odorants, tableau 19.2 présente succinctement les p r i n c i -


à des concentrations de toute évidence sous- paux mécanismes rapportés dans la littérature
irritantes ou sous-toxiques, ne sont pas de scientifique sur le sujet.
nature toxicologique, mais sont plutôt des Les odeurs environnementales peuvent donc
mécanismes liés aux odeurs proprement dites. déclencher divers symptômes à des concentrations
Ces mécanismes sont de plusieurs natures. Le bien inférieures à celles pouvant causer des réac-
tions de type toxique en agissant par une variété
de mécanismes physiologiques. La complexité et
les nombreux éléments inconnus du phénomène
s'apparentent d'ailleurs à la problématique des
«sensibilités chimiques multiples» (Rosenstock et
Cullen, 1994; Kipen et coll., 1995).

5.5 Effets physiologiques


liés aux odeurs
Un grand nombre d'effets de nature physio-
logique sont associés à l'exposition aux odeurs.
Ces effets peuvent cependant être très variables
Figure 19.5 Relations entre la perception de l'odeur, d ' u n i n d i v i d u à l'autre et même varier dans le
la nuisance et les effets irritants pour le sulfure
temps chez un même i n d i v i d u ( D a l t o n et c o l l . ,
d'hydrogène (H2S)
1997a, b ) . Plusieurs recherches o n t démontré
Source: Shustermann (1992) que la réponse à un stimulus odorant est forte-

Tableau 19.2 Principaux mécanismes des symptômes liés aux odeurs environnementales

Aversion innée aux odeurs Les facteurs individuels influencent grandement les réactions aux odeurs perçues. Cependant,
plusieurs substances odorantes ne vont laisser certaines personnes indifférentes et provoquer
des réactions réflexes.

Exacerbation de conditions Les principales conditions médicales impliquées dans ce mécanisme sont l'asthme, la bronchite,
médicales préexistantes la grossesse, certains troubles psychosomatiques et certaines dysfonctions olfactives.

Intolérance acquise Ce type de réaction résulte le plus souvent d'une expérience antérieure d'exposition aiguë
aux odeurs symptomatique. Cette sensibilisation conditionnée à des substances odorantes est surtout
rapportée en milieu de travail. Elle pourrait aussi se manifester plus subtilement dans un contexte
d'odeurs environnementales, lorsque des gens sont exposés de façon fréquente à des odeurs
désagréables.

Somatisation due au Il s'agit ici d'un état de stress associé au sentiment d'altération de l'environnement par les
stress environnemental odeurs, auquel s'associent des sentiments de perte de jouissance des lieux et de perte de valeur
de la propriété.

Nature intermittente La réaction relève du sentiment d'absence de contrôle sur un stimulus transitoire récidivant et
du stimulus non désiré.

Réponse du système Plusieurs études ont mis en évidence des liens directs entre les centres olfactifs du cerveau et les
immunitaire aux odeurs tissus lymphoïdes. Par ce mécanisme, les odeurs agiraient sur le système immunitaire par un effet
déplaisantes d'immunosuppression (parfois d'immunostimulation). Il a aussi été démontré que l'altération de
l'humeur pouvait avoir une influence négative sur le système immunitaire.

Effet physique direct Les molécules de certaines substances odorantes tel l'ammoniac, le sulfure d'hydrogène sulfuré
et le chlore agissent directement sur la muqueuse nasale et respiratoire, puis acheminent les
influx nerveux via les nerfs crâniens trijumeau, glossopharingien et vague. En laboratoire, une
telle stimulation de la muqueuse nasale chez l'animal peut provoquer une augmentation de la
sécrétion d'adrénaline. Ce type d'effet chez l'humain serait-il à même de contribuer à faire
naître des sentiments d'anxiété et de colère?

Effet de type phéromonal Si le phénomène entre humains a été démontré, un tel effet en lien avec d'autres types d'odeurs
environnementales reste à démontrer.

(Doty, 1981; Silver, 1987; Shusterman, 1992; Manley, 1993; Laing et coll., 1994; Schiffman et coll., 1995; Bell et coll., 1996)
508 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

ment influencée par la complexité de l'environ- pulmonaire (Shusterman, 1992; Deloraine et


nement qui caractérise une exposition donnée à coll., 1995; T h u et coll., 1997; Baldwin et
un ou plusieurs produits, incluant le contexte Bell, 1998), nerveux (Cain et Cometto-Muniz,
social et les caractéristiques psychologiques de 1995; T h u et coll. 1997), digestif (Miner, 1980;
l ' i n d i v i d u ( D a l t o n , 1996; D a l t o n et coll., T h u et coll., 1997). Des modifications déce-
1997a, b). Les croyances ou les attentes en lables à l'électroencéphalographie (EEG) et au
matière de sécurité en liaison avec une odeur niveau du rythme cardiaque ont pu être objec-
peuvent influencer de façon importante sa per- tivées (Lorig et coll., 1991; Manley, 1993).
ception (Dalton et coll., 1997). Généralement, D'autres symptômes généraux tels que la
les études démontrent une corrélation positive fatigue, des céphalées, le manque d'appétit, ont
(modérée) entre la concentration des odeurs également été signalés (Miner, 1980; Cavalini,
émises par divers types d'usine et le degré de 1994; T h u et coll., 1997; Schiffman, 1998). Par
nuisance tel qu'exprimé par les personnes ailleurs, la plupart des enquêtes effectuées
exposées (Winneke et Katska, 1987; Cavalini, auprès des populations vivant dans le voisinage
1994; Verschut et coll., 1994). Cependant, on a de dépôts de déchets dangereux et q u i
démontré que le degré de nuisance ne prédit pas alléguaient être victimes de cancers, de troubles
nécessairement l'importance des symptômes. En de la reproduction ou de surmortalité n'ont pas
effet, diverses études réalisées par ces auteurs ont démontré que ces atteintes étaient plus
conclu que les concentrations d'odeurs n'étaient fréquentes que dans les populations n o n
pas corrélées à l'importance des symptômes ou exposées (Shusterman, 1992). Les odeurs
malaises ressentis par les citoyens exposés. De plaisantes et déplaisantes peuvent se manifester
nombreux facteurs personnels, dont le niveau de façon différente à l'EEG. On peut même
d'appréhension et l'âge (les plus jeunes manifes- noter des effets pour certains produits alors que
tant plus de symptômes) semblent en effet i n - leur niveau est en dessous de leur seuil olfactif
fluencer l'expression des problèmes de santé (Lorig et coll., 1991). Selon K i l b u m (1989), le
attribués aux odeurs. système nerveux de l'humain est la partie de
Les symptômes d'irritation des yeux et des l'organisme la plus sensible aux contaminants de
muqueuses des voies respiratoires supérieures l'environnement. Chez l'animal, des effets aigus
sont sans doute les plus fréquemment rapportés et chroniques ont été maintes fois démontrés sur
dans les problèmes liés à la qualité de l'air le comportement et l'activité électrique
intérieur et extérieur (Cain, 1987; Cain et cérébrale dus à l'exposition à de faibles concen-
Cometto-Muniz, 1995; Schiffman, 1998). Les trations de substances chimiques comme cer-
substances odorantes stimulent les muqueuses tains pesticides, l'acétone et divers agents phar-
qui transportent le message le long du nerf t r i - macologiques (Bell et coll., 1993; Bell, 1994).
jumeau principalement, de même que les nerfs Les odeurs peuvent aussi agir directement sur
vague et glossopharingien (Alarie, 1966). Ces le système immunitaire et entraîner un effet
malaises sont souvent rapportés dans les pro- d'immunosuppression (parfois d'immuno-
blèmes associés au «syndrome des édifices clos» stimulation) (Calabrese et coll., 1987). Par
et par les personnes souffrant de polysensibilité ailleurs, le système immunitaire pourrait être
aux agents chimiques (Kjaergaard et coll., 1992; perturbé par l'exposition aux odeurs par l'inter-
Koren et coll., 1992). Ces manifestations sont médiaire de l'état de stress, l'altération de
particulièrement influencées par les facteurs l'humeur ou les réactions dépressives qui pour-
cognitifs propres aux individus exposés (Dalton raient en résulter, ce qui pourrait prédisposer les
et coll., 1997b). personnes concernées à d'autres problèmes de
Dans plusieurs études, on a trouvé une cor- santé, par exemple l'incidence et la durée de
rélation significative entre les symptômes rap- maladies infectieuses, certains cancers ou des
portés et l'exposition aux odeurs environnemen- maladies auto-immunes (Stone et coll., 1987;
tales, même si les concentrations des O'Leary, 1990; Weisse, 1992; Lorig, 1992).
contaminants étaient bien inférieures aux Dans l'ensemble, les études portant sur les
niveaux considérés comme toxiques. Les symp- effets de nature physiologique en liaison avec les
tômes les plus rapportés relèvent de systèmes odeurs sont relativement peu nombreuses et
variés: cardio-vasculaire (Baldwin et Bell, 1998), présentent plusieurs difficultés méthodo-
ODEURS 509

logiques, principalement à cause du caractère dence, de façon objective, une quelconque cause
largement subjectif des symptômes rapportés et environnementale. Ce type d'effet est plus sus-
à leurs grandes variations d ' u n i n d i v i d u à ceptible de se produire dans des populations fer-
l'autre. De plus, la difficulté de mesurer les mées, en milieu de travail ou dans une école, par
niveaux environnementaux souvent fluctuants exemple, que dans une communauté.
des odeurs ne permet pas d'établir avec satisfac-
tion les corrélations avec les diverses manifesta- 6. NUISANCE OLFACTIVE
tions physiologiques.
ET RÉGLEMENTATIONS
5.6 Effets psychologiques Un certain nombre d'activités industrielles ou
commerciales sont responsables de nuisances
liés aux odeurs olfactives subies par les riverains. Ces nuisances
L'exposition à des odeurs environnementales sont de moins en moins acceptées par le public
désagréables, tant extérieures qu'intérieures, qui les considère comme les manifestations de
engendrées par divers types d'activités, peut problèmes plus graves de pollution ou d'impact
aussi avoir des effets variés de nature psy- sur la santé. Pour ces raisons, les pouvoirs
chologique sur les personnes exposées. Ces effets publics, surtout au niveau local ou régional, ont
se manifestent par des atteintes de l'humeur, de imposé des réglementations de plus en plus
l'anxiété, diverses réactions émotives, des t r o u - sévères qui obligent généralement les respon-
bles du sommeil, et l'altération de plusieurs sables des nuisances à gérer et diminuer leurs
types de performances intellectuelles dont les émissions d'odeurs.
capacités d'apprentissage (Winneke et Katska,
1977; Rotton, 1983; Camilleri et coll., 1986;
Ehrlichman et Bastone, 1992; Shusterman,
6.1 Principes à la base
1992; Laing et coll., 1994; Deloraine et coll., des réglementations
1995; Schiffman et coll., 1995). Le stress
La plupart des réglementations actuelles ou en
engendré par une exposition fréquente à des
préparation exigent que la concentration odeur
odeurs désagréables peut par la suite entraîner
à l'extérieur des limites de la propriété visée soit
d'autres types de problèmes de santé, par exem- 3
inférieure à 1 u.o./m . Comme nous l'avons dit
ple une augmentation de la tension artérielle,
précédemment, cela correspond à la situation où
une d i m i n u t i o n de la motilité gastrique ou une
la moitié de la population ne perçoit pas l'odeur
augmentation de la tension musculaire du cuir
et l'autre moitié la sent. Les méthodes d'analyse
chevelu chez des personnes souffrant de
olfactométrique actuelles ne permettent pas de
céphalées à type de tension (Boxer et coll.,
mesurer une concentration d'odeur inférieure à
1984; Selmi et Manaster, 1989; Rugh et coll.,
2 ou 3 u.o./m 3 . Il est donc impossible de mesu-
1990). Par déduction, on pourrait aussi relier
rer une concentration dans l'air ambiant à
l'exposition aux odeurs environnementales aux
moins que celle-ci ne soit très élevée. Pour cette
problèmes de santé généralement reconnus
raison, les réglementations exigent la mesure du
comme consécutifs à un état de stress chronique
débit odeur (en u.o./s) aux sources (par exem-
tels que la maladie coronarienne, l'ulcère pep-
ple, à la cheminée) et l'utilisation d'un modèle
tique et l'hypertension artérielle chronique
de dispersion atmosphérique pour estimer la
(Shusterman, 1992).
concentration odeur dans l'air ambiant autour
Notons enfin que des phénomènes psy- du site étudié. Le débit odeur est calculé sur la
chologiques de masse ont été décrits à la suite base de la mesure du débit volumique total et de
d'exposition à des odeurs environnementales la concentration odeur mesurée à l'aide d'un
inattendues ( C D C , 1983; Hall et Johnson, 1989; olfactomètre à dilution dynamique. L'approche
Jones et coll., 2000). Ce phénomène se manifeste d'étude d'impact odeur présentée dans un para-
par la propagation rapide dans une population, graphe précédent est particulièrement adaptée à
de symptômes subjectifs que l'on attribue à l'ex- la vérification de la conformité d'un site ou de
position à une substance toxique dans l'environ- l'estimation de critères de réduction nécessaires
nement, mais sans que l'on puisse mettre en évi- pour respecter les valeurs réglementaires.
510 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

6.2 Quelques exemples mettre en oeuvre. D'une part, en raison du


de réglementation manque d'expertise dans la communauté tech-
nique pour l'utilisation d'approches dont cer-
Parmi les réglementations qui exigent une valeur taines sont encore au stade de la recherche et du
maximale de 1 u.o./m 3, soulignons le règlement développement et, d'autre part, à cause de la dif-
90 de la Communauté urbaine de Montréal et ficulté de quantifier leurs impacts.
quelques règlements municipaux ou d'États aux L'implantation lente mais progressive des
Etats-Unis. Cette valeur limite, qui doit être normes ISO 14 000 et des systèmes de gestion
respectée en tout temps, pose des problèmes par- environnementale dans les prochaines années
ticuliers aux industries qui ne la dépassent que semble cependant garante de l'intérêt des
quelques fois dans l'année, à l'occasion de condi- approches de prévention.
tions météorologiques rares ou de situations de
fonctionnement irrégulières. Pour cette raison,
certains pays européens préfèrent réglementer le 7.2 Approches de traitement
nombre d'heures par an (pourcentage) durant
Deux types d'approche sont envisageables pour
lesquelles la valeur limite est dépassée
le traitement des émissions d'odeurs, toutes
(Allemagne) ou les valeurs limites qui peuvent
deux basées sur la collecte et le traitement des
être dépassées pendant un pourcentage fixé
effluents gazeux avant leur dispersion dans l'at-
d'heures dans l'année (percentiles) (Pays-Bas).
mosphère qui se fait généralement par une
Sous d'autres juridictions, seule l'existence de cheminée. Mentionnons que la cheminée est en
plaintes entraîne, après constatation officielle, elle-même un système d'abattement de l'impact
l'émission d'un avis d'infraction et l'exigence de olfactif puisque, lorsque bien conçue, elle dis-
diminuer la nuisance. Parfois, on demande de perse les émissions de telle sorte qu'elles ne
respecter une distance précise entre les sources retombent pas au sol et se diluent dans l'atmo-
et les habitations ou les voies publiques. Ceci se sphère. Les approches de traitement sont soit
rencontre par exemple dans le secteur agricole récupératrices soit destructrices. Elles sont
(porcheries).
détaillées dans un certain nombre de manuels de
référence dont celui de M a r t i n et Laffort (1991)
7. APPROCHES D'ATTÉNUATION et celui de Rafson (1998).
DES ODEURS Les approches récupératrices sont utilisées
lorsque les concentrations en produits odorants
Diverses approches de traitement des odeurs sont suffisamment élevées, de telle sorte qu'il y a
sont employées avec succès pour diminuer ou un intérêt à les récupérer, soit pour fins de recy-
éliminer les nuisances olfactives. On peut dis- clage, soit pour fins de commercialisation. C'est
tinguer les approches de prévention et les notamment le cas dans les industries q u i
approches des traitements avant ou à l'émission. utilisent des solvants ou d'autres produits
organiques. Les approches récupératrices uti-
7.1 Approches de prévention lisées sont listées ci-dessous.
• Le lavage ou l'absorption des odeurs dans une
Comme tout problème de pollution, il est
préférable de concevoir et d'opérer les procédés tour où s'écoule généralement un liquide (sou-
industriels de façon à ne pas émettre d'odeurs. vent de l'eau) à contre-courant du courant
Les approches récentes de prévention de la pol- gazeux à traiter, permettant ainsi un transfert
lution (P2) et d'analyse du cycle de vie ( A C V ) , des composés odorants vers la phase liquide.
que l'on retrouve notamment dans la série de • L'adsorption des odeurs sur une phase solide
normes ISO 14 000*, sont particulièrement (principalement du charbon actif) qui se sa-
adaptées pour diminuer la pollution et la n u i - ture progressivement par le courant gazeux à
sance olfactive à la source. Toutefois, ces traiter; ceci implique que la phase solide doit
approches sont encore relativement difficiles à être remplacée ou régénérée.

* Elles sont basées sur le choix des matières premières et des procédés qui est motivé par une concep-
tion et une opération qui intègre des critères environnementaux de diminution de la pollution ou de
développement durable.
ODEURS 511

• La séparation par membranes, constituées de plus chère en termes d'investissement, cette


matériaux généralement organiques, permet technique permet de diminuer grandement
la perméation sélective des composés que la quantité de combustible d'appoint, car
l'on désire retirer du courant gazeux. l'oxydation a lieu à des températures beau-
coup plus basses (quelques centaines de
• La condensation ou la cryocondensation per-
degrés au lieu de 1000 °C pour l'incinération
met la récupération sous forme liquide de
avec flamme). La combustion catalytique a
composés organiques odorants.
de plus l'avantage de limiter la production
Les unités de traitement sont généralement d'autres polluants atmosphériques comme les
installées à la sortie du procédé qui émet des oxydes d'azote q u i sont fréquemment
composés odorants ou avant la cheminée. Le observés dans les incinérateurs à flamme.
choix de l'une ou de l'autre dépend de nom-
• Le traitement biologique est très attrayant, car
breux facteurs dont le type et la concentration
il est moins coûteux et permet des perfor-
des composés odorants, le débit du courant à
mances intéressantes. Plusieurs principes
traiter, les pertes de charge admissibles, les coûts
sont utilisés, allant des biolaveurs aux biofil-
d'investissement et d'opération, ainsi que les
tres. Dans ce dernier cas, lors du passage d'un
coûts de vente ou d'évitement des composés
courant gazeux à travers un lit de biomasse,
récupérés.
les contaminants se dissolvent dans le film
Les techniques destructrices visent à éliminer liquide entourant les particules de la bio-
les composés odorants, généralement par oxyda- masse et les microorganismes présents les
tion. Certaines des techniques récupératrices dégradent, soit par respiration aérobie soit
présentées ci-dessus sont utilisées en amont pour produire d'autres microorganismes. Les
d'une technique destructrice afin de concentrer biofiltres sont généralement à base de tourbe
les composés à éliminer et d'augmenter l'effica- ou de compost, q u i f o u r n i t la matière
cité de l'opération. La destruction se fait princi- organique de support aux microorganismes
palement par oxydation thermique ou traite- et auquel on a rajouté des agents struc-
ment biologique. turants, des nutriments et, au besoin, des
• L'oxydation thermique dans un incinérateur microorganismes. Ces derniers, indigènes
permet de détruire les composés organiques dans le biofiltre ou ensemencés de sources
volatils responsables des odeurs par combus- externes, dégradent les composés organiques
tion et se fait souvent à l'aide d'un com- présents dans le courant gazeux qu'ils
métabolisent et minéralisent jusqu'aux pro-
bustible d'appoint, dans une chambre munie
duits d'oxydation finaux tels que le gaz car-
d'un brûleur. A f i n de minimiser la consom-
bonique. Le besoin de maintenir des niveaux
mation de combustible d'appoint, une
d'humidité, de pH et de nutriments adéquats
récupération de chaleur sur les fumées de
à la vie des microorganismes rend parfois
sortie de la chambre est régulièrement réa-
l'opération du biofiltre difficile. Les varia-
lisée: on parle alors d'incinérateurs récupéra-
tions fréquentes dans la charge à traiter, les
tifs ou régénératifs dans le cas de systèmes
délais d'acclimatation des microorganismes
plus performants utilisant des matériaux font que, pour certaines applications, la per-
d'emmagasinage et de transfert de chaleur formance moyenne ne sera pas suffisamment
entre les fumées de combustion et l'effluent à élevée pour satisfaire aux exigences de traite-
traiter. Soulignons que la torchère est un sys- ment désirées.
tème de combustion moins performant
qu'un incinérateur qu'il ne convient pas de Le traitement thermique ou biologique s'ap-
recommander pour des fonctionnements en plique avec quelques précautions pour les pro-
continu. duits soufrés (corrosion, empoisonnement des
• L'oxydation catalytique est basée sur une oxy- catalyseurs, changement de p H ) , mais est plus
dation, non pas dans une flamme comme difficile à mettre en œuvre pour les produits
pour l'oxydation thermique, mais à la surface halogénés. La présence de chlore peut ainsi con-
d'un catalyseur (dont la phase active est cons- duire à la formation de dioxines et de furannes
tituée de métaux nobles - platine ou palla- lors de l'incinération. Quelques réalisations
d i u m - ou d'oxydes métalliques). Bien que récentes en biofiltration des chlorobenzènes
512 ENVIRONNEMENT ET SANTÉ PUBLIQUE

apparaissent cependant très prometteuses 8. CONCLUSION


(Roberge et coll., 2001).
Finalement, des produits masquant ou neu- Les études humaines et animales suggèrent que
tralisant les odeurs sont souvent utilisés dans le les symptômes associés à l'exposition à des
cas de sites d'enfouissement, de boues d'usines odeurs environnementales sont le résultat d'in-
d'épuration des eaux, etc. Alors que les terrelations complexes entre des facteurs
masquants ne f o n t que cacher l'odeur en biologiques, psychologiques et sociaux.
rajoutant une autre odeur dont la combinaison Une plainte reliée aux odeurs environnemen-
montre des effets antagonistes, les neutralisants, tales est souvent difficile à interpréter, du fait
eux, sont sensés éliminer les odeurs par des réac- que la nature des problèmes rapportés est
tions chimiques ou biologiques. Les masquants surtout subjective. Même si l'approche toxi-
ne devraient pas être utilisés en traitement de cologique classique ne permet pas d'expliquer
routine d'émissions odorantes, mais seulement de façon objective les symptômes ressentis,
en cas d'urgence. Les performances des neutra- plusieurs mécanismes physiopathologiques per-
lisants sont très variables, car ils ne sont adaptés mettent cependant de mieux comprendre les
qu'à certains produits. Leur mode de fonction- manifestations qu'entraîne l'exposition à des
nement est très variable: ils détruisent par oxy- odeurs désagréables.
dation les molécules odorantes lorsqu'ils sont La plupart des réglementations de par le
répandus sous forme de brouillards sur la source monde exigent qu'une nuisance olfactive soit
émettrice; ils tuent la flore microbienne respon- éliminée. Si les meilleures approches sont des
sable de la biodégradation anaérobie mal- approches de prévention qui évitent la produc-
odorante ou ils remplacent la flore indigène par tion de composés odorants, dans bien des cas,
une flore différente qui réoriente les réactions de seul un traitement avant émission dans l'atmo-
décomposition vers des réactions moins odo- sphère sera envisagé pour des raisons de simpli-
rantes. Même si les neutralisants ne permettent cité. De nombreuses technologies commerciales
pas de régler un problème d'odeur, sauf dans des offrent des performances très intéressantes, mais
cas particuliers, ils peuvent faire partie de la souvent dans des domaines d'applications
panoplie d'approches qu'il est souvent néces- restreints. Ainsi, une approche sera préférée à
saire de combiner afin de régler de façon satis- une autre en fonction des caractéristiques de
faisante un problème d'odeurs. l'effluent (nature, composition, débit), des coûts
et des performances désirées. Bien que le traite-
ment biologique apparaisse le plus intéressant, il
est le moins utilisé comparativement aux tours
de lavage, aux filtres à charbon actif ou aux i n -
cinérateurs.
ODEURS 513

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