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26- COMPARTIMENTS HYDRIQUES DE L’ORGANISME ET

LEUR REGULATION

I- INTRODUCTION

I.1- Définition:
 L’eau est un élément fondamental de l’organisme, représente en moyenne 70% du poids
du corps
 Elle se présente sous deux formes:
 l’eau libre ou circulante
 et l’eau liée, d’imbibition des colloïdes

I.2- Intérêt
 Sa répartition obéit à des mécanismes physiologiques précis
 La connaissance de la régulation de la répartition de l’eau est capitale, met en jeu
plusieurs facteurs
 Pathologies: déshydratation extracellulaire, intracellulaire, globale

II- REPARTITION DE L’EAU

II.1- Eau totale


II.1.1- Méthodes de mesure

 Par détermination de l’espace de diffusion d’un indicateur qu’on injecte (eau marquée,
urée) en injection unique ou par perfusion: volume de dilution = quotient de la quantité
injectée par la concentration
 Les résultats concernent l’eau libre: 65% du poids du corps (96% de l’eau totale)

II.1.2- Variations physiologiques: en fonction de

 L’âge: nourrisson plus hydraté et mouvements hydriques plus importants


 Le sexe: femme moins hydratée: 45 à 65 %
 L’adiposité: les sujets maigres plus hydratés

II.1.3- Appréciation clinique:

 par la courbe de poids

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II.2- Eau extracellulaire: 20 % du poids du corps (30 % de l’eau totale)
II.2.1- Méthode de mesure

 Etude de l’espace de diffusion d’un indicateur qui ne pénètre pas dans la cellule: inuline,
mannitol, thiosulfate de sodium

II.2.2- Composition

II.2.2.1- Secteur plasmatique: 7 % de l’eau totale (5 % du poids), 93% du plasma

 Mesure
 Substances qui ne traversent pas la membrane capillaire et la paroi du GR: bleu
Evans, albumine marquée, macromolécule
 ou indirectement par les hématies marquées au chrome, au moyen de l’hématocrite
 Composition
 Les électrolytes: répartis en anions et cations à la concentration de 155 mEq / L
chacun
o Parmi les cations:
 Na+ est l’électrolyte principal: 143 mEq / L
 Autres: K+ 4 mEq/L, Ca++ 5 mEq/L et Mg++ 2 mEq/L
o Parmi les anions:
 Cl- est le plus important: 103 mEq/L
 Autres: HCO3- 27 mEq/L, Protéines 16 mEq/L, acides organiques
6mEq/L, les sulfates 1 mEq/L, les phosphates 2 mEq/L
 Les protéines (75 g/l)*, les substances dissoutes (urée, glucose…)

II.2.2.2- Secteur interstitiel: 23 % de l’eau totale, 15 % du poids

 Comprend: l’eau intercellulaire, la lymphe, humeur aqueuse, LCR


 Mesure: différence entre volume extra cellulaire et volume plasmatique
 Composition: voisine de celle d’un ultrafiltrat plasmatique
 pratiquement dépourvu de protéines
 plus riche en Cl- et HCO3-, moins en Na+

II.2.2.3- Secteur transcellulaire

 Représenté par l’eau des sécrétions digestives, l’ultrafiltrat glomérulaire


 Importance des échanges (réabsorption quasi-totale)

II.2.3- Appréciation clinique: chiffre de PA, hématocrite, protidémie

II.3- Eau intracellulaire: 40 % du poids corporel


 Mesure: eau totale – eau extra cellulaire = 70 % de l’eau totale
 Composition: difficile à déterminer, on admet
 Parmi les cations

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o K+ est le plus abondant 115 - 140 mEq / l
o Autres: Na+ bas 20 mEq/l, Mg++ 35 mEq/l, Ca++ 5 mEq / l
 Les anions: Phosphates 80 mEq/l, Protéines 40 mEq/l, acides organiques, sulfates
 Appréciation clinique: indirectement reflétée par la natrémie

III- ECHANGE D’EAU ENTRE LES DIFFERENTS SECTEURS

III.1- Echanges entre les secteurs intra et extra-cellulaire


 Obéissent aux lois de l’osmose: c’est à dire qu’il y a une pression osmotique qui fait
passer l’eau de la solution la moins concentrée vers la solution la plus concentrée
 L’osmolarité dépend de l’électrolytémie [(Na+ + K+) x 2 = 310 meq], en particulier le
Na+ principal cation extracellulaire qui régit les mouvements de l’eau entre les 2 secteurs
 Les échanges se font à travers la membrane cellulaire
 Cette membrane est perméable à l’eau et aux électrolytes mais elle est
fonctionnellement imperméable au sodium
 La membrane étant perméable à l’urée et au glucose, ces substances
n’interviennent pas dans le gradient osmotique sauf en pathologie (coma
hyperosmolaire)
 Effets de l’hyper et de l’hypo-osmolarité
 Une hyperosmolarité extracellulaire entraine une fuite d’eau de la cellule avec
déshydratation intracellulaire
 Une hypo-osmolarité extracellulaire s’accompagne de l’effet inverse

III.2- Echanges entre les secteurs plasmatique et interstitiel


 Ils se font à travers la membrane capillaire, perméable à l’eau et aux électrolytes,
imperméable aux protéines
 La pression osmotique n’intervient pas
 Les mouvements de l’eau obéissent à la loi de Starling: k (Pc – Pi) – (πc – πi) et sont
fonction de:
 La pression hydrostatique
o Elle varie selon le degré d’ouverture du sphincter pré-capillaire
o Elle est élevée dans le segment artériel, supérieure à la pression oncotique
entrainant un passage d’eau dans le milieu interstitiel
 La pression oncotique des protéines (albumine +++)
o Elle s’oppose à la pression hydrostatique et sa valeur augment le long du
capillaire en raison de la fuite hydrique
o Dans le segment veineux du capillaire elle devient supérieure à la pression
hydrostatique avec un passage d’eau dans le capillaire = réabsorption
 La pression interstitielle: mal connue
 Les œdèmes sont dus soit à:
 Diminution de la PO efficace: peut être due à une fuite de protéines

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 Augmentation de la PH efficace

III.3- Circulation interne


 Dans le tube digestif: les sécrétions digestives représentent environ 12 litres d’eau qui
sont réabsorbés
 Dans le rein: la filtration glomérulaire porte sur 190 L dont 99 % sont réabsorbés dans le
tubule

III.4- Echanges entre le plasma et le LCR


 Du fait de la barrière hémo-méningée, la diffusion du sodium est retardée
 La perfusion de sérum salé hypertonique crée une hyperosmolarité plasmatique avec
passage d’eau du L.C.R vers le plasma

IV- BILAN DE L’EAU


 Equilibré par adaptation des entrées et des sorties: masse hydrique constante

IV.1- Les apports: 2 à 2,5 L en moyenne


 Exogènes: eau des boissons (~ 1,5 L /24h), eau des aliments (~ 500 ml)
 Endogènes: eau formée au cours des métabolismes (~ 350 ml/j)

IV.2- Les pertes


 Urinaires: 1 à 1,5 l / 24h, minimum d’excrétion est de 500 ml / 24h
 Digestives: normalement faibles, deviennent importantes si diarrhée
 Pulmonaires: 400 ml, due à la saturation de l’air expiré en vapeur d’eau
 Cutanées:
 Perspiration: obligatoire, permanente
 Transpiration: intermittente et importante si atmosphère chaude et humide

V- REGULATION DES MOUVEMENTS DE L’EAU

V.1- La régulation des apports en eau par la soif


 Permet d’adapter l’apport liquidien aux pertes en eau
 Le centre de la soif est hypothalamique, constitué de dipso-récepteurs sensibles à
l’osmolarité, déclenche la sensation de soif en cas de déshydratation cellulaire

V.2- La régulation des pertes en eau par le rein


 En cas de déshydratation, le volume urinaire est faible avec émission d’urines
concentrées

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 En cas d’hyperhydratation le rein élimine un volume important d’urines diluées

V.2.1- Rôle du tubule et de l’aldostérone

 Tube contourné proximal


 Réabsorption obligatoire d’eau qui suit le sodium
 La réabsorption proximale porte sur 80% du filtrat glomérulaire
 L’anse de Henlé
 Branche grêle descendante: perméable à l’eau et Na+, sa pression osmotique est en
équilibre avec celle de l’interstitium par sortie d’eau
 Branche large ascendante: imperméable à l’eau, elle est le siège d’une réabsorption
active de NaCl → dilution de l’urine
 Le tube distal
 Dans le segment de dilution: l’urine devient plus hypotonique par réabsorption
sodée (inhibée par le Furosémide = Lasilix®)
 Dans le reste du tubule, réabsorption active facultative* de Na+ et d’eau sous la
dépendance de l’Aldostérone avec échange entre le Na+ et le K+ ou le H+
 Ainsi: grâce à l’anse de Henlé qui fonctionne comme un mécanisme de multiplication de
concentration à contre-courant et d’échange à contre-courant s’établit : le gradient
osmotique cortico-papillaire (GOCP)
 L’aldostérone: dont la mise en jeu dépend du SRAA, joue un rôle majeur dans le
maintien de la volémie, car il permet la réabsorption du Na+
 La répartition du flux sanguin entre les néphrons juxta-corticaux et juxta-médullaires:
adapte les pertes en eau et en Na+)

V.2.2- Rôle de l’ADH

 Origine: sécrété par le noyau hypothalamique et stocké au niveau de la post-hypophyse


en attendant sa libération par un stimulus adéquat
 Mode d’action:
 Elle perméabilise le tube collecteur à l’eau
 L’eau est réabsorbée passivement uniquement selon les lois de l’osmose, vers
l’interstitium, en raison de l’hypertonie de la médullaire rénale → utilité de GOCP
 L’ADH permet ainsi la réabsorption d’eau pure avec chute du volume urinaire et
concentration des urines
 Synergie de l’action de l’ADH avec l’aldostérone qui est indispensable
 Libération de l’arginine vasopressine ou ADH: liée à
 L’augmentation de l’osmolarité plasmatique:
o Varie en fonction de la concentration de Na+
o Au-dessus d’un seuil de 280 mosm/kg d’eau, toute augmentation
d’osmolarité entraîne une augmentation proportionnelle d’ADH plasmatique
par stimulation d’osmorécepteurs hypothalamiques
 Une baisse de la volémie et/ou de la PAS:
o Entraîne une augmentation de la libération d’ADH

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o Ces variations de la volémie et de la PAS sont détectées par des
volorécepteurs des oreillettes et les barorécepteurs du sinus carotidien et de
la crosse de l’aorte
o Ces derniers ont des voies afférentes qui empruntent le IX et le X pour
stimuler la libération de l’ADH par la posthypophyse
 L’hypo-osmolarité, l’hypervolémie et l’hyperpression artérielle ont des effets
inverses

V.3- Synergie et intervention des mécanismes régulateurs


 En cas de restriction hydrique: il existe une déshydratation et hyperosmolarité extra
cellulaire
 Ce qui entraîne une déshydratation intra cellulaire → soif
 L’hyperosmolarité → sécrétion d’ADH → réabsorption d’eau pure par les
collecteurs rénaux
 L’hypovolémie → sécrétion d’Aldostérone → réabsorption d’eau et Na+ par le
tube distal
 En cas de surcharge hydrique: les phénomènes sont inverses

VI- CONCLUSION
 La régulation des mvts de l’eau et du bilan hydrique est donc sous la dépendance de
nombreux facteurs agissant en interrelation
 Sa connaissance est capitale:
 elle permet de comprendre et de reconnaître les troubles de la répartition hydrique
 elle a de nombreuses implications thérapeutiques
 Importance des compartiments hydriques chez l’homme notamment dans les populations
pédiatriques: nouveau-nés et nourrissons (70 – 80 % du poids corporel)

Bibliographie

 Cours biologie chufes: Régulation des compartiments hydriques


http://www.chufes.ma/amirf/Cours/biologie/31.pdf
 Editions «Heures de France» : B. AVOUAC

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