à rhôpital ses dernières années et mourut célèbre et miséreux
en 1896. « Chétif trouvère de Paris », insociable et doux,
incorrigible et bon, il désarme la critique, malgré ses égarements, à cause de ses souffrances et de son ingénuité. Il a donné Poèmes Saturniens (1866) où Ton trouve déjà des accents de mélancolie triste. Fêtes Galantes (1869) où revit un xviii® siècle à la Watteau, Romances sans paroles (1874), Sagesse (1880), son principal recueil. Sa poésie, tour à tour ou « parallèlement » immorale et édifiante, reflète l'opposition qu'il y eut entre sa conduite et son idéal. Sensuel et mystique, Verlaine, en cela héritier de Baudelaire, a chanté les formes basses et charnelles du plaisir ; mais il a ressenti ou deviné les joies très pures du foyer domestique, les charmes de « la vie humble aux travaux ennuyeux et faciles », l'attrait d'un « amour câlin et réchauffant ». Idéaliste auquel répugnent « l'ironie et les lèvres pincées », parfaitement sincère, il a magnifié l'amour et chanté sa foi rehgieuse retrouvée en strophes d'une humilité poignante et attendrie : Soyez béni, Seigneur, qui m'avez fait chrétien Dans ces temps de féroce ignorance et de haine... Mais plus essentiellement qu'un voluptueux ou un chrétien repentant, Verlaine est un poète, c'est-à-dire un interprète exquis des choses gracieuses et indéfinissables, du rêve, de la musique : « de la musique encore et toujours ! ». Des images inachevées, des sensations éphémères, des sonorités douces et languissantes (« les sanglots longs des violons »), thème prédestiné pour les harmonies d'un Debussy ou d'un Reynaldo Hahn, suffisent à constituer le charme immortel des petits chefs-d'œuvre des Poèmes Saturniens, de la Bonne Chanson, des Romances sans Paroles : Il pleiire dans mon cœur Conmie il pleut sur la ville. Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur? O bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits... La forme chez Verlaine est très inégale, incompréhensible parfois : mais, sous sa négligence apparente, avec sa syntaxe tout à fait arbitraire, avec ses rejets ou surjets