Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
2017 20:53
URI : id.erudit.org/iderudit/000756ar
DOI : 10.7202/000756ar
Éditeur(s)
Découvrir la revue
Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services
Tous droits réservés © M/S : médecine sciences, 2003 d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous
pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-
dutilisation/]
Immunité
anti-tumorale et
thérapies cellulaires
> L’existence de lymphocytes T capables de recon-
du cancer
REVUES
Véronique Catros-Quemener,
naître des antigènes spécifiques des tumeurs est
Françoise Bouet, Noëlle Genetet
maintenant complètement admise. Ces cellules,
ainsi que les cellules natural killer (NK), infiltrent le
tissu tumoral et sont en mesure d’exercer une cyto-
toxicité à l’égard des cellules cancéreuses.
Cependant, au cours de l’histoire naturelle du
développement tumoral, la réponse immunitaire se
SYNTHÈSE
révèle inefficace. Ce constat est à l’origine de nom-
breux travaux de recherche dont l’objectif à terme
est de concevoir de nouvelles approches thérapeu-
tiques du cancer. L’immunothérapie a fait la preuve
de son efficacité sur des modèles expérimentaux de
tumeur chez l’animal. La thérapie cellulaire du
cancer par cellules immunocompétentes est
actuellement en évaluation clinique. Dans ces UPRESA Cnrs 6027,
stratégies thérapeutiques, deux approches sont en Faculté de Médecine et
évaluation: stimuler in vivo le développement CHU de Rennes,
d’une immunité protectrice, à l’aide de cellules 2, avenue du Pr Léon Bernard,
présentatrices d’antigènes, ou encore apporter au ment silencieuses, ou 35043 Rennes Cedex, France.
patient des cellules effectrices éduquées in vitro. < encore l’observation, veronique.quemener
confirmée par des don- @univ-rennes1.fr
nées anatomopatholo-
giques, de régressions spontanées de tumeurs. De plus, les
cancers sont plus fréquents pendant la période néonatale
La découverte de l’immunité antitumorale est une histoire ainsi que chez les sujets âgés, deux périodes de la vie au
pleine de rebondissements qui a pris ses racines au XIXe cours desquelles le système immunitaire serait moins effi-
siècle, lorsqu’un chirurgien du Memorial Hospital de New cace. Ces maladies sont également plus fréquentes chez les
York, William Coley, a constaté des régressions de tumeur sujets immunodéprimés: c’est le cas, en particulier, des
chez des malades qui développaient parallèlement un épi- tumeurs associées à des virus chez des patients traités par
sode infectieux. Un peu plus tard, d’autres équipes ont immunosuppresseurs. Un argument encore plus probant
confirmé que l’injection d’extraits de bactéries à des souris concerne l’infiltration de certaines tumeurs par des cel-
pouvait entraîner la nécrose hémorragique de leur tumeur: lules lymphoïdes (lymphocytes T et cellules natural killer,
ces substances stimulaient les défenses immunitaires de NK). Depuis longtemps, cette infiltration est considérée
l’organisme qui, à leur tour, limitaient la prolifération can- comme le signe d’un pronostic favorable.
céreuse.
La mise en évidence des antigènes tumoraux
Les cellules tumorales peuvent être reconnues La reconnaissance par le système immunitaire des
par le système immunitaire tumeurs humaines a été démontrée par le groupe de
T. Boon de l’Institut Ludwig à Bruxelles, en 1992. Les tra-
C’est dans ces conditions expérimentales que le TNF (tumor vaux expérimentaux à l’origine de cette découverte ont
necrosis factor) a été découvert. D’autres arguments sont consisté à cultiver des cellules issues d’une biopsie de
en faveur de cette immunosurveillance: par exemple, la tumeur primaire, en présence des lymphocytes périphé-
découverte, au cours d’autopsies, de tumeurs clinique- riques du même sujet (Figure 1) [1]. Au cours de cette cul-
REVUES
Barr, de l’hépatite B ou encore des papillomes jouent un rôle cino-embryonnaire (ACE) peuvent être classés dans cette
initiateur de la cancérogenèse. De la même manière, la catégorie. C’est le cas également des gènes RU2 et alt-M-
translocation (9;22) observée dans les leucémies myéloïdes CSF dans les cellules rénales, à ceci près que certains
chroniques qui aboutit à la fusion des gènes bcr/abl est res- transcrits de RU2 (RU2A) ne sont exprimés que dans les
ponsable d’une protéine chimérique. La portion de cette cellules tumorales où ils sont antigéniques [2].
protéine qui correspond à l’endroit de la fusion Bcr/Abl est Des CTL spécifiques de tous les antigènes de tumeur préalablement cités ont
antigénique. pu être clairement mis en évidence chez des patients cancéreux, et notam-
ment au sein des populations de lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL).
Les antigènes associés aux tumeurs
SYNTHÈSE
Ces antigènes peuvent être les produits de gènes de diffé- La réponse immunitaire antitumorale est souvent inefficace
renciation exprimés de façon limitée par les tissus sains,
Il est donc bien établi que
les cellules tumorales peu-
vent être reconnues spéci-
Protéine fiquement par des cellules
cytosolique Synthèse protéique
à dégrader (cytosol, REG) effectrices du système im-
Ubiquitine munitaire. Des TIL peuvent
être isolés et cultivés à par-
tir de fragments tumoraux
ub ub
ub ou de ganglions de drai-
Présentation nage. L’évaluation fonc-
Lysosome des peptides tionnelle de ces lympho-
(classe I)
cytes permet de confirmer
Protéasome leur aptitude à lyser les cel-
Molécules Exocytose
cytosoliques Flux vectoriel lules tumorales in vitro ou
élémentaires permanent encore à sécréter des cyto-
Peptides kines de type Th1 en
réponse à la présentation
HSP TAP des antigènes spécifiques.
REG Golgi
Pour que ces cellules effec-
trices soient efficaces dans
Molécules CMH-I
HSP leur fonction lytique, il faut
β2-m
que le contact établi entre
la cellule cible qui présente
l’antigène et la cellule
Complexe peptide CMH-I effectrice qui possède le
récepteur T spécifique de
Figure 2. Adressage des antigènes endogènes pour une présentation membranaire. Les peptides issus du protéa- cet antigène (TCR, T cell
some, ainsi que certains petits peptides cytosoliques d’origine lysosomiale, sont transportés dans la lumière du receptor) soit stabilisé par
réticulum endoplasmique granuleux (REG) par un complexe de transport TAP (transporter-associated with anti- des molécules d’adhérence
gen processing). Les molécules de classe I synthétisées dans le REG accueillent les peptides qui y sont transférés. complémentaires et expo-
Cette association est complétée par la fixation de la β2-microglobuline (β2-m, en jaune) et est chaperonnée par sées à la surface des deux
des protéines d’adressage (HSP). Les peptides associés aux molécules CMH-I sont ensuite véhiculés dans des types cellulaires (Figure 3).
vésicules recouvertes de coatomères (manteau impliqué dans la formation des vésicules adressées au réticulum Bien qu’ils soient présents,
andoplasmique) qui empruntent le flux vectoriel permanent. Ils se positionnent à la surface cellulaire par un ces effecteurs sont malgré
mécanisme d’exocytose constitutive. tout souvent inefficaces in
REVUES
tolérance (Figure 6). gènes) transitent (Figure 5). Dans le cas d’une tumeur, ces
antigènes proviennent de débris cellulaires, de lysats ou de
Comment les cellules effectrices corps apoptotiques des cellules tumorales. Les endosomes
peuvent-elles tuer les cellules tumorales? précoces fusionnent avec des vésicules golgiennes qui
La lyse spécifique de la cellule tumorale par des lympho- favorisent une acidification progressive à l’origine de la
cytes T cytotoxiques est la phase effectrice d’une réponse dégradation partielle des composés endocytés. Les endo-
immunitaire « idéale ». Lorsqu’elles sont activées, les somes tardifs contenant ces éléments dégradés peuvent,
cellules effectrices peuvent lyser les cellules tumorales dans les CPA professionnelles (comme les cellules dendri-
SYNTHÈSE
qui présentent l’antigène. In vivo, elles doivent pour cela tiques), fusionner avec des vésicules de rétention des
recirculer dans l’organisme jusqu’à leur cible. La lyse de la molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classe II (CMH-II).
cellule cible se réalise par un mécanisme de cytotoxicité Dans ces compartiments, les peptides endosomiques de bonne affinité se
dépendante de la perforine et des granzymes ou d’induc- positionnent dans le sillon des molécules de classe II. Les vésicules conte-
tion d’apoptose par la fixation de la lymphotoxine ou du nant les complexes peptides CMH-II sont alors adressées à la membrane
ligand de Fas des T CD8 sur le récepteur du TNF ou plasmique par un mécanisme d’exocytose, comme c’est le cas pour des
Apo1/Fas respectivement [8]. vésicules de recyclage (Figure 5). La phagocytose est un mécanisme dis-
tinct de l’endocytose par
lequel les cellules dendri-
Tissu tumoral
tiques peuvent internaliser
des fragments ou encore
Cytotoxicité Cellule NK
naturelle des corps apoptotiques de
Lyse spécifique cellules tumorales. Dans ce
CTL Cellule cas, et à la suite d’une
(T CD8) tumorale
Peptide reconnaissance d’éléments
CMH-I membranaires [9], la cel-
Macrophage lule phagocytaire encercle
C
les particules extracellu-
IgG IL-12
IgM laires. Les éléments inter-
Lymphocyte B
CD 40L nalisés peuvent être hydro-
lysés dans les lysosomes
Lymphocyte jusqu’au stade de molé-
T CD4 Peptide CPA cules élémentaires qui
IL-2 CMH-II Ganglion pourront rejoindre les pro-
téines cytosoliques sus-
Cytokines Lymphocyte ceptibles d’être secondai-
Peptide
T CD8 CMH-I rement adressées à la sur-
face cellulaire par la voie
C Complément Peptides TCR des protéines endogènes
(Figure 2). On comprend
Figure 4. Contrôle des cellules tumorales par le système immunitaire. Les cellules présentatrices d’antigène (CPA) ainsi que, selon leur mode
déclenchent la réponse immunitaire spécifique dans les aires T des ganglions lymphatiques. Les cellules tumorales d’adressage intracellu-
exposent des peptides associés à des molécules HLA de classe I à leur surface. La reconnaissance de ces antigènes laire, des peptides exo-
par des lymphocytes T CD8 spécifiques entraîne leur lyse. Les macrophages sont des cellules spécialisées dans la gènes internalisés par les
phagocytose, mais possèdent également, comme les cellules NK, une capacité cytotoxique naturelle. Dans un cellules dendritiques, peu-
contexte « cytokinique » favorable, des lymphocytes B peuvent sécréter des anticorps capables de reconnaître vent se retrouver non seu-
les cellules tumorales et les lyser en présence de complément (ou par des mécanismes d’ADCC, antibody-depen- lement complexés à des
dent cellular cytotoxicity). molécules de classe II,
REVUES
telle chez ces animaux qu’elle permet même la prise un premier temps rappeler la faible immunogénicité des
d’une greffe secondaire de cellules REG. À l’inverse, des cellules tumorales qui participe au défaut d’induction ou
rats immunisés avec des cellules REG peuvent rejeter une de maintien de la réponse immunitaire. Celle-ci est en par-
greffe de certains variants PRO [12]. L’utilisation de ce tie due à une densité de peptides à leur surface qui n’at-
genre de modèles, ainsi que des observations cliniques, teint pas le seuil suffisant pour une reconnaissance effi-
permettent d’arriver aujourd’hui au concept que l’état cace par le TCR. On sait en effet que l’expression des molé- (➜) m/s
de tolérance induit par les cellules tumorales pourrait cules du CMH peut être déficiente dans les cellules tumo- 2002, n° 11,
être relayé par une inaptitude des cellules présenta- rales. Cette déficience peut être corrigée par les IFN-α/β. p. 1066
SYNTHÈSE
trices d’antigènes dans leur fonction activatrice de cel- La faible immunogénicité des tumeurs peut également
lules effectrices. Des arguments sont en faveur d’un blo- provenir de l’absence de molécules de co-stimulation à leur surface. Les
cage de la différenciation des cellules dendritiques non tumeurs solides n’expriment pas ou expriment peu les molécules de la
seulement à proximité de la tumeur, mais également famille B7, et l’absence de second signal peut induire des phénomènes
dans le sang périphérique des malades [13]. Rappelons d’anergie des lymphocytes spécifiques qui ne répondent plus à l’antigène
ici encore que les cellules dendritiques immatures peu- [14]. Par ailleurs, contrairement aux agents infectieux, les cellules tumo-
vent être tolérogènes (Figure 6). rales n’induisent pas de réaction inflammatoire ni de signaux de
« danger », qui jouent un
rôle majeur dans l’activa-
Cellule tumorale Cellule du soi « modifié » immunogène
tion des cellules dendri-
tiques [4]. Dans ce cas, la
?? présentation des antigènes
tumoraux, assimilés à des
peptides du soi, est réali-
sée par des cellules présen-
tatrices inductrices de
Signal de danger
Cellule présentatrice tolérance. On observe alors
Lymphocyte T spécifique d’antigène activée une tolérance périphérique
d’antigène de tumeur
à l’encontre des cellules
Densité importante
de complexes néoplasiques qui ne sont pas
Cellule présentatrice peptide CMH-1 affectées par la présence de
d’antigène inductrice lymphocytes T devenus
de tolérance Signaux
de co-stimulation anergiques (Figure 6). Cette
Lymphocyte
T tolérance peut également
résulter de la présence des
lymphocytes T CD4 immu-
norégulateurs (CD4+ CD25+)
Lymphocyte T spécifique CTL Lymphocyte T spécifique
d’antigène activé qui ont été détectés parmi
tolérant l’antigène
les TIL de tumeurs hu-
Complexe peptide CMH-I Antigène maines et qui sont malheu-
reusement activés par les
Figure 6. Activation des lymphocytes T spécifiques ou tolérance de l’antigène. La faible immunogénicité des cel- cellules dendritiques [15]
lules tumorales peut provenir de leur faible densité membranaire en complexes peptide-CMH-I ainsi que de leur (➜).
incapacité à délivrer les signaux de co-stimulation. L’absence de second signal peut induire des phénomènes Un autre phénomène s’op-
d’anergie des lymphocytes T qui deviennent non répondeurs de l’antigène. À l’inverse, en présence de signaux de pose à ce que les lympho-
danger, les mêmes antigènes peuvent être adressés à des CPA activées qui les présentent efficacement. Dans ce cytes spécifiques puissent
cas, les lymphocytes T spécifiques se différencient en CTL. La connaissance de ces anomalies amène à se poser la mettre en place des méca-
question: comment rendre plus immunogène une cellule tumorale? nismes de défense contre
REVUES
études de faisabilité, il est apparu que des lymphocytes T vaccinations avec ou sans thérapie cellulaire
CD8 présentant toutes les caractéristiques fonctionnelles par cellules présentatrices?
attendues pour espérer une efficacité clinique pouvaient Pour produire in vivo chez les malades des cellules effec-
être amplifiés à partir de pièces opératoires. Beaucoup trices capables de lyser spécifiquement les cellules tumo-
d’efforts ont été focalisés sur les procédés techniques de rales, les antigènes tumoraux doivent être présentés de
leur amplification. Aucun de ces protocoles n’est pleine- nouveau à l’organisme dans des conditions favorables au
ment satisfaisant car la fréquence des lymphocytes T spé- déclenchement d’une réponse immunitaire. C’est ce qui a
cifiques des cellules tumorales demeure extrêmement été tenté expérimentalement dans les essais d’injection de
SYNTHÈSE
variable d’un patient à l’autre. Le travail de notre groupe a cellules tumorales modifiées, par exemple en les transfec-
pour objectif de sélectionner des lymphocytes en utilisant tant avec des ADNc codant pour des molécules de co-sti-
des cellules dendritiques chargées* avec les antigènes de mulation (B7) ou pour des cytokines (IL-2). L’augmenta-
la tumeur autologue [21]. tion de leur immunogénicité induit une protection anti-
Certaines équipes ont mené des essais cliniques avec des tumorale chez l’animal. C’est le même objectif qui est
TIL, malgré les imperfections des protocoles. Dans les can- poursuivi dans les essais d’immunisation avec de simples
cers du rein métastasés, ces essais ont donné des réponses peptides-antigènes de tumeur. Des essais cliniques menés
complètes dans plusieurs études et des réponses partielles en utilisant les peptides MAGE ont démontré des régres-
dans toutes les études. Par exemple, plusieurs réponses sions de métastases dans des mélanomes. Dans le cas des
complètes ont été rapportées dans les essais menés par antigènes de différenciation, l’apparition d’un vitiligo est
Belldegrun en 1993 puis en 1997. Dans un essai de phase II, souvent associée à une régression tumorale du mélanome.
la moitié des patients a reçu des suspensions cellulaires Actuellement, des essais sont menés avec des antigènes de
enrichies en T CD8 (plusieurs milliards de cellules), et c’est tumeur qui ont été fusionnés avec des ligands de la surface
dans ce groupe que le plus grand nombre de réponses a été des cellules dendritiques, comme des chimiokines ou des
observé [22]. Des essais cliniques de traitement des méla- fragments Fc d’immunoglobulines par exemple, pour
nomes par des lymphocytes activés ont également été adresser cet antigène à la cellule dendritique comme un
menés en France. Un essai vient de se terminer à Nantes missile vers sa cible [24]. De la même manière, des vec-
(Inserm U.463, Nantes, France) [23] qui montre une aug- teurs viraux ou de l’ADN nu porteurs du gène codant pour
mentation significative de la survie sans rechute des l’antigène de tumeur sont en évaluation et pourraient
patients traités par des lymphocytes activés, par rapport constituer de véritables vaccins contre certains types de
au groupe témoin. Une corrélation est observée entre l’ef- cancers [24].
ficacité clinique et le pourcentage de lymphocytes T spéci- Les essais d’injection de cellules présentatrices d’antigène
fiques des antigènes de tumeur. Ces résultats sont porteurs ont aussi pour objectif la stimulation des défenses anti-
d’espoir. tumorales. Ils sont en pleine évolution et, chaque année,
de nouvelles statégies, originales et ingénieuses, donnent
Immunothérapie active non spécifique des résultats expérimentaux qui suscitent beaucoup d’en-
À côté des méthodes d’immunothérapie adoptive, où les thousiasme. Les cellules dendritiques peuvent être char-
cellules immunocompétentes sont injectées « toutes gées avec des peptides tumoraux, des extraits de cellules
faites » au malade, se positionnent les méthodes d’immu- tumorales, des corps apoptotiques, des exosomes, ou
nothérapie active du cancer. Si l’intérêt des chercheurs se encore être fusionnées avec des cellules tumorales. Dans
focalise aujourd’hui surtout sur les méthodes d’immuno- toutes ces situations expérimentales, elles possèdent la
thérapie active spécifique, il faut cependant rappeler que capacité d’activer in vitro des lymphocytes qui acquièrent
l’immunothérapie active non spécifique, fondée sur le prin- des propriétés cytotoxiques. Des essais précliniques mon-
cipe d’une stimulation globale du système immunitaire trent que les cellules dendritiques présentent un pouvoir
curatif et préventif à l’égard de tumeurs greffées. Dans des
modèles murins de tumeur gliale [25], de mastocytome
* Des cellules dendritiques chargées sont des cellules qui ont été incubées avec un [26, 27] ou de mélanome [28]. l’injection sous-cutanée de
antigène (ou son précurseur) pendant une période suffisante pour devenir cellule
présentatrice de cet antigène. cellules dendritiques chargées en antigènes de tumeur
** Une lignée sécurisée est une lignée cellulaire sans potentiel infectieux. Son
* Voir la controverse récente publiée dans Science au sujet de cet essai (Science usage dans le cadre d’un essai thérapeutique doit être autorisé par l’AFSSAPS
2002 ; 298 : 1531). (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé).
REVUES
Probst-Kepper M, et al. A tumors. J Immunol 1998; Cytokine Netw 2000; 11: Krauss J, Chen W. Eliciting T
new antigen recognized by 161: 1433-8. 217-24. cell immunity against
cytolytic T lymphocytes on 13. Almand B, Clark JI, Nikitina 22. Figlin R, Pierce W, Kaboo R, poorly immunogenic tumors
a human kidney tumor E, et al. Increased et al. Treatment of by immunization with
results from reverse strand production of immature metastatic renal cell dendritic cell-tumor fusion
transcription. J Exp Med myeloid cells in cancer carcinoma with vaccines. J Immunol 1998;
1999; 190: 1793-800. patients: a mechanism of nephrectomy, interleukin-2 161: 5516-24.
3. Rodriguez A, Regnault A, immunosuppression in and cytokine-primed or 29. Murphy G, Tjoa B, Ragde H,
Kleijmeer M, Ricciardi- cancer. J Immunol 2001; CD8+ selected tumor et al. Phase I clinical trial:
Castagnoli P, Amigorena S. 166: 678-89. infiltrating lymphocytes T-cell therapy for prostate
SYNTHÈSE
Selective transport of 14. Pardoll DM. Cancer from primary tumor. J Urol cancer using autologous
internalized antigens to the vaccines. Nat Med 1998; 4 1997; 158: 740-5. dendritic cells pulsed with
cytosol for MHC class I (suppl): 525-31. 23. Dreno B, Nguyen JM, HLA-A0201-specific pep-
presentation in dendritic 15. Sakaguchi S. Regulatory T Khammari A, et al. tides from prostate-speci-
cells. Nat Cell Biol 1999; cells: key controllers of Randomized trial of adoptive fic membrane antigen.
1: 362-8. immunologic self-tolerance. transfer of melanoma Prostate 1996; 29: 371-80.
4. Matzinger P. The danger Cell 2000; 101: 455-8. tumor-infiltrating lympho- 30. Nestlé FO, Alijagic S, Gilliet
model: a renewed sense of 16. Chouaib S, Asselin-Paturel cytes as adjuvant therapy M, et al. 1998. Vaccination
self. Science 2002; 296: C, Mami-Chouaib F, for stage III melanoma. of melanoma patients with
301-5. Caignard A, Blay JY. The Cancer Immunol Immunother peptide or tumor lysate-
5. Imler J, Hoffman J. Toll host-tumor immune 2002; 51: 539-46. pulsed dendritic cells. Nat
receptors in innate immu- conflict: from 24. Biragyn A, Kwak LW. Med 1998; 4: 328-32.
nity. Trends Cell Biol 2001; immunosuppression to Designer cancer vaccines 31. Kugler A, Stuhler G, Walden
11: 304-11. resistance and destruction. are still in fashion. Nat Med P, et al. Regression of
6. Delneste Y, Magistrelli G, Immunol Today 1997; 2000; 6: 966-8. human metastatic renal
Gauchat J, et al. 18: 493-7. 25. Liau LM, Black KL, Prins RM, cell carcinoma after
Involvement of Lox-1 in 17. Bodey B, Bodey B Jr, Siegel et al. Treatment of vaccination with tumor
dendritic cell mediated SE, Kaiser HE. Failure of intracranial gliomas with cell-dendritic cell hybrids.
antigen cross-presenta- cancer vaccines: the bone marrow-derived Nat Med 2000; 6: 332-6.
tion. Immunity 2002; 17: significant limitations of dendritic cells pulsed with 32. Dudley ME, Wunderlich JR,
353-62. this approach to tumor antigens. Yang JC, et al. A phase I
7. Banchereau J, Schuler- immunotherapy. Anticancer J Neurosurg 1999; 90: study of non myeloablative
Thurner B, Palucka AK, Res 2000; 20: 2665-76. 1115-24. chemotherapy and
Schuler G. Dendritic cells 18. Negrier S, Escudier B, 26. Zitvogel L, Mayodormo J, adoptive transfer of
as vectors for therapy. Cell Lasset C, et al. Tjandrawan T, et al. autologous tumor-antigen
2001; 106: 271-4. Recombinant human inter- Therapy of murine tumors specific T lymphocytes in
8. Barry M, Bleackley RC. leukin-2, recombinant with tumor peptide-pulsed patients with metastatic
Cytotoxic lymphocytes: all human interferon alpha- dendritic celles: melanoma. J Immunother
roads lead to death. Nat 2a, or both in metastatic dependence on T cells, B7 2002; 25: 243-51.
Immunol 2002; 2: 401-9. renal-cell carcinoma. N costimulation, and T helper
9. Tjelle TE, Lovdal T, Berg T. Engl J Med 1998; 338: cell-1 associated
Phagosome dybnamics and 1272-8. cytokines. J Exp Med 1996;
function. Bioessays 2000; 19. Mulé JJ, Shu S, Schwarz SL, 183: 87-97.
22: 255-63. Rosenberg SA. Adoptive
10. Grommé M, Uytdehaag FG, immunotherapy of
Janssen H, et al. Recycling established pulmonary
MHC class I molecules and metastases with LAK cells
endosomal peptide and recombinant
loading. Proc Natl Acad Sci interleukin-2. Science
USA 1999; 96: 10326-31. 1984; 225: 1487-9.
11. Pittet MJ, Speiser DE, 20. Rosenberg S, Spiess P,
Valmori D, et al. Ex vivo Lafreniere R. A new
analysis of tumor antigen approach to the adoptive
specific CD8+ T cell immunotherapy of cancer
responses using with tumor-infiltrating
MHC/peptide tetramers in lymphocytes. Science 1986; TIRÉS À PART
cancer patients. Int 233: 1318-21.
V. Catros-Quemener