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Psychologie française 59 (2014) 89–100

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Article original

Fonctions exécutives, vieillissement cognitif et variations


stratégiques
Executive functions, cognitive aging and strategic variations
L. Taconnat a,∗, P. Lemaire b
a
Département de psychologie, université de Tours, UMR-CNRS 7295 CeRCA, 3, rue des Tanneurs, 37000 Tours, France
b
CNRS, Aix-Marseille université, institut universitaire de France, 13000 Marseille, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Le vieillissement cognitif se caractérise par une diminution des


Reçu le 7 mai 2012 performances cognitives dans la plupart des domaines de la cog-
Accepté le 24 mars 2013 nition. La question se pose alors de savoir quels sont les grands
médiateurs de cette évolution. Des recherches récentes suggèrent
Mots clés : qu’outre la vitesse de traitement et la mémoire de travail, la dimi-
Stratégies
nution de l’efficacité des fonctions exécutives avec l’âge joue un
Vieillissement
rôle important dans le déclin cognitif associé au vieillissement.
Fonctions exécutives
Mémoire épisodique
Au-delà des performances, les recherches actuelles montrent que
Arithmétique l’évolution des fonctions exécutives médiatise la diminution des
Résolution de problème performances cognitive au cours du vieillissement par l’influence
que les performances exécutives ont sur les variations stratégiques
(i.e., répertoire, distribution, exécution et sélection des straté-
gies mises en œuvre pour accomplir une tâche cognitive). Dans
cette revue de question, nous illustrons cette influence dans deux
domaines cognitifs importants : la mémoire épisodique et la réso-
lution de problèmes.
© 2013 Société française de psychologie. Publié par Elsevier
Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Aging is characterized by a decrease of cognitive performance in


Strategies most of cognitive domains. One of the most fundamental issues
Aging is then to know what are the underlying mechanisms of these
Executives functions
age-related changes in human cognition. Recent research suggests
Episodic memory
Arithmetic
that in addition to speed of processing and working memory capa-
Problem solving cities, age-related impairment in executive functioning plays an
important role in the cognitive decline associated to aging. Above
∗ Auteur correspondant.
Adresse e-mail : laurence.taconnat@univ-tours.fr (L. Taconnat).

0033-2984/$ – see front matter © 2013 Société française de psychologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.psfr.2013.03.007
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and beyond performance, current research shows that the media-


ting role of executive function in age-related changes in cognitive
performance occurs via changes in strategies variations (i.e., reper-
toire, distribution, execution, and selection of the strategies used to
accomplish a cognitive task). In this article, we illustrate both stra-
tegic variations and underlying executive control mechanisms in
two important cognitive domains : episodic memory and problem
solving.
© 2013 Société française de psychologie. Published by Elsevier
Masson SAS. All rights reserved.

La recherche sur le vieillissement cognitif poursuit deux objectifs, au-delà d’une description précise
et détaillée de ce qui évolue ou reste stable avec l’âge dans la cognition humaine. Le premier objec-
tif est de déterminer dans quelle mesure les modifications comportementales liées à l’âge peuvent
être expliquées par l’atteinte d’un nombre restreint de processus fondamentaux. Le second est de
spécifier la nature de ces processus. Le vieillissement est le plus souvent associé à un déclin cogni-
tif (voir Lemaire & Bherer, 2005, pour une présentation détaillée en français). Cependant, toutes les
tâches cognitives ne sont pas atteintes de la même façon, certaines étant préservées et d’autres alté-
rées. Par ailleurs, il existe de nombreuses différences inter-individuelles. En effet, tandis que certains
adultes âgés présentent des déficits cognitifs importants, d’autres conservent des performances équi-
valentes à celles des plus jeunes (e.g. Shimamura, Berry, Mangels, & Rusting, 1995 ; Butler, McDaniel,
Dornburg, Price, & Roediger, 2004 ; Angel, Fay, Bouazzaoui, & Isingrini, 2010). Pour rendre compte de
cette diversité, les chercheurs ont récemment tenté de déterminer s’il existe des différences liées
à l’âge dans le type de mécanismes cognitifs (ou stratégies) mobilisés pour accomplir les tâches
cognitives. Ils ont en outre examiné la possibilité que seuls certains mécanismes cognitifs (e.g., le
contrôle exécutif) soient atteints au cours du vieillissement et que, de ce fait, seules les performances
aux tâches les impliquant s’en trouveraient altérées. Dans cet article, nous présentons les variations
stratégiques observées au cours du vieillissement et illustrons ces variations dans deux domaines
cognitifs importants : la mémoire épisodique et la résolution de problèmes et plus spécifiquement,
la résolution de problèmes arithmétiques. En effet, les résultats observés dans ces deux domaines se
généralisent à la plupart des autres domaines cognitifs, comme la mémoire de travail (e.g., Bailey,
Dunlosky, & Hertzog, 2009), la compréhension du langage (e.g., Brébion, 2003), la résolution de pro-
blème socio-émotionnelle (e.g., Blanchard-Fields, 2009) ou encore la prise de décision (e.g., Queen,
Hess, Ennis, Gilda, Dowd, & Keith Grühn, 2012 ; Mata, Schooler, & Rieskamp, 2011). Nous examinons
également dans quelle mesure le déficit de contrôle exécutif peut médiatiser, voire expliquer ces
variations stratégiques.

1. Vieillissement et variations stratégiques1

1.1. Les variations stratégiques dans la cognition humaine

Les stratégies cognitives peuvent être définies comme des « procédures ou ensemble de procé-
dures permettant aux individus d’atteindre leur but » (Lemaire & Reder, 1999, p. 365). Lemaire et
Siegler (1995) ont proposé de distinguer au moins quatre dimensions stratégiques pour comprendre
la cognition humaine. Ces dimensions concernent :

1
Les études présentées dans cet article sont pour leur majorité des études comparant des groupes d’adultes jeunes (20 à
40 ans) à des groupes d’adultes plus âgés (60 à 80 ans). Les adultes âgés sont sélectionnés sur la base de leur score (> 27) au
Mini Mental State Examination (MMSE) (Folstein, Folstein & McHugh, 1975), qui diminue le risque d’inclusion de personnes
susceptibles de présenter un début de démence. Les groupes d’âge sont également rendus comparables sur leur niveau culturel,
susceptible d’influencer le comportement stratégique des individus.
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Tableau 1
Exemples d’études sur les variations stratégiques liées à l’âge dans les domaines de la mémoire épisodique et de la résolution
de problèmes.
Examples of studies on age-related strategic variations in episodic memory and problem solving.

Dimensions stratégiques Mémoire épisodique Résolution de problèmes

Répertoire Bouazzaoui et al., 2010 ; Dunlosky & Lemaire & Arnaud, 2008 ; Duverne &
Hertzog, 1998, 2001 Lemaire, 2004 ; El Yagoubi et al., 2005 ;
Johnson, 1990

Distribution Bottiroli, Dunlosky, Guerini, Cavallini, Cohen & Faulkner, 1983 ; Geary,
& Hertzog, 2010 ; Dunlosky & Hertzog, Frensch, & Wiley, 1993 ; Hartley &
1998 ;Froger, Bouazzaoui, Isingrini, & Anderson, 1983 ; Gandini, Lemaire, &
Taconnat, 2012 ; Tournier & Postal, Dufau, 2008
2011
Sélection Froger et al., 2012 ; Tournier & Postal, Hodzik & Lemaire, 2011 ; Lemaire et al.,
2011 ; Wegesin, Jacobs, Zubin, Ventura, 2004 ; Onyper, Hoyer, & Cerella, 2008
& Stern, 2000
Exécution Bastin & Van der Linden, 2005 ; Ardiale & Lemaire, 2012 ; Geary & Lin,
Dunlosky & Hertzog, 2001 ; Hertzog, 1998 ; Lemaire & Lecacheur, 2001 ;
McGuire, Horhota, & Jopp, 2010 ; Siegler & Lemaire, 1997 ; Mata et al.,
Patterson & Hertzog, 2010 ; Taconnat 2007
et al., 2009, 2006 ; Yubero, Gil, Paul, &
Maestú, 2011

• le répertoire stratégique qui représente l’ensemble des stratégies disponibles pour accomplir une
tâche ;
• la distribution stratégique qui rend compte de la fréquence d’utilisation des stratégies ;
• la sélection stratégique, reflétant la capacité à utiliser et choisir une stratégie parmi plusieurs ;
• et l’exécution stratégique correspondant à l’implémentation de la stratégie, généralement évaluée
par la vitesse et/ou l’efficacité.

Les variations stratégiques sont influencées par les caractéristiques des stimuli (i.e., nature de
l’information à apprendre ou type de problèmes à résoudre), des situations (e.g., temps d’encodage
imposé versus libre, Froger, Bouazzaoui, Isingrini, & Taconnat, 2012), nécessité de résoudre un pro-
blème le plus rapidement possible versus sans (e.g., Lemaire, Arnaud, & Lecacheur, 2004) des stratégies
(e.g., stratégies d’apprentissage d’une liste de mots en fabriquant des images mentales versus des
phrases, Dunlosky & Hertzog, 2001), stratégie de comptage versus récupération en calcul (e.g., Lemaire
& Siegler, 1995) et des individus (i.e., âge, Lemaire & Calliès, 2009 ; Taconnat et al., 2006 ; expertise,
Shimamura et al., 1995).
D’importantes différences entre les adultes jeunes et âgés ont été observées au niveau de ces varia-
tions stratégiques dans les domaines cognitifs cités ci-dessus (et voir Lemaire, 2010a). Ces différences
ont été bien étudiées en mémoire et en résolution de problèmes (voir Tableau 1 pour des références sur
chaque dimension stratégique). Dans ces deux domaines, il a en effet été montré que les personnes
âgées n’utilisaient pas les mêmes stratégies que les jeunes ou pas le même nombre de stratégies,
ne choisissaient pas les stratégies disponibles dans les mêmes proportions, n’exécutaient pas et ne
sélectionnaient pas ces stratégies aussi efficacement.

1.2. Les variations stratégiques dans la mémoire épisodique et la résolution de problèmes

La mémoire épisodique, associée aux souvenirs intégrés à leur contexte spatio-temporel


d’acquisition, correspond au système mnésique le plus altéré au cours du vieillissement (e.g., Isingrini
& Taconnat 1997 ; Luo & Craik, 2008 ; McDaniel, Einstein, & Jacoby, 2008). De plus, au sein même de la
mémoire épisodique, les effets du vieillissement n’ont pas la même ampleur, certaines différences liées
à l’âge étant plus importantes dans certaines tâches (e.g., tâches de rappel libre) que dans d’autres (e.g.,
tâches de reconnaissance). La perspective stratégique est alors intéressante pour mieux comprendre
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l’impact différent de l’âge selon les tâches mnésiques utilisées (Craik & Bialystok, 2006, 2008 ; Shing,
Werkle-Bergner, Li, & Lindenberger, 2008).
Dans le domaine de la mémoire, deux grandes catégories de stratégies mnésiques ont été distin-
guées : les stratégies « externes » et les stratégies « internes » (Dixon & Hultsch, 1983). Les stratégies
externes correspondent aux aide-mémoire tels que l’utilisation d’agenda ou de listes, alors que les
stratégies internes font référence aux processus cognitifs initiés et mis en œuvre sans support externe
par les participants pour encoder l’information (e.g., faire des images mentales, organiser, répéter)
ou pour la récupérer (e.g., retrouver le contexte, faire la revue des événements d’une journée pour
retrouver une information particulière). Au cours du vieillissement, l’utilisation et l’exécution de ces
stratégies internes et externes évoluent. Ainsi, les données ont fait apparaître une augmentation avec
l’âge de l’utilisation des stratégies externes et une diminution des stratégies internes (Bouazzaoui
et al., 2010 ; Tournier & Postal, 2011 ; Dixon & Hultsch, 1983 ; Loewen, Shaw, & Craik 1990).
Plusieurs autres études ont permis d’observer que les adultes âgés exécutaient moins efficace-
ment les stratégies mnésiques que les jeunes (e.g., Dunlosky & Hertzog, 1998 ; Froger et al., 2012 ;
Taconnat et al., 2009). Par exemple, Froger et al. (2012) et Tournier et Postal (2011) ont montré
que les adultes âgés sélectionnaient spontanément moins souvent et moins efficacement la straté-
gie d’imagerie mentale que les plus jeunes, alors que cette stratégie est la plus efficace pour apprendre
des mots concrets.
Dans le domaine de la résolution de problèmes, les données montrent de manière similaire une
évolution avec l’âge des variations stratégiques. Au niveau du répertoire stratégique par exemple,
Lemaire et Arnaud (2008) ont demandé aux participants de résoudre 96 additions de deux nombres à
deux chiffres comme 47 + 54. Les auteurs ont analysé les stratégies utilisées par chaque participant sur
chacun des problèmes. Ils ont observé que les adultes jeunes comme les adultes âgés, utilisaient en
tout neuf stratégies, c’est-à-dire lorsque le groupe était considéré dans sa totalité. Ils ont observé en
revanche qu’au niveau individuel, les jeunes utilisaient plus de stratégies que les âgés. En moyenne, un
participant jeune utilisait cinq stratégies et un âgé trois. Dans une tâche où il est impossible d’observer
les stratégies utilisées à l’aide d’indicateurs comportementaux externes, Duverne et Lemaire (2004)
ont demandé à des adultes jeunes de vérifier des inégalités arithmétiques (e.g., dire si 6 + 3 < 11, ou
271 + 182 < 458, est vrai ou faux). Ils ont montré que les adultes jeunes utilisaient une stratégie de véri-
fication exhaustive (comprenant encodage des opérandes, récupération/calcul de la réponse exacte,
comparaison entre réponse proposée et réponse obtenue, décision et réponse) sur des problèmes
dont la réponse proposée était proche de la réponse exacte (e.g., 6 + 3 < 11). Ils utilisaient par ailleurs
une stratégie de vérification approximative (ne comprenant pas le processus de récupération complet
de la réponse exacte, mais évaluant la plausibilité de la réponse proposée) sur des problèmes dont
la réponse proposée était éloignée de la réponse exacte (e.g., 6 + 3 < 14). Les participants âgés utili-
saient la stratégie de vérification exhaustive sur tous les problèmes. Or, la stratégie de vérification
exhaustive étant plus longue à exécuter que la stratégie de vérification approximative, le temps de
vérification étaient nettement allongé chez les participants âgés par rapport aux jeunes d’utilisation
stratégique.
Dans une étude portant spécifiquement sur la capacité à sélectionner la meilleure stratégie, Lemaire
et al. (2004) ont demandé à des participants jeunes et âgés d’accomplir des tâches d’estimation calcu-
latoire. Les participants avaient des multiplications de deux nombres à deux chiffres comme 57 × 44 et
devaient choisir, parmi deux stratégies disponibles, la meilleure (i.e., permettant d’obtenir le produit
le plus proche du produit exact) sur chaque problème. Les participants âgés sélectionnaient moins fré-
quemment la meilleure stratégie sur chaque problème que les jeunes (65 % versus 55 %). Par ailleurs, ils
exécutaient moins efficacement (i.e., étaient plus lents et commettaient plus d’erreurs) les stratégies
que les jeunes (voir Hartley & Anderson 1986, en raisonnement ; Kail, Lemaire, & Lecacheur, 2012, en
langage ; Mata, Schooler, & Rieskamp, 2007, pour la prise de décision).
En résumé, dans le domaine de la mémoire comme dans celui de la résolution de problèmes (et
de nombreux autres domaines cognitifs), les jeunes et les âgés se différencient sur le type de straté-
gies qu’ils utilisent pour accomplir une tâche, ainsi que sur la fréquence avec laquelle ils utilisent les
stratégies disponibles, mais aussi sur leurs capacités à exécuter et sélectionner efficacement ces stra-
tégies. Dès lors, la question est de savoir ce qui entraîne ces effets du vieillissement dans les variations
stratégiques.
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20
A 18
18 Age
16 Age Fonctions Exécutives
14

12 11

10
8
8

4 3
2

0
Répertoire Stratégique Exécution Stratégique

40
B 34,5
35 32 Age

30
Fonctions exécutives
25
Age|Age fonctions exécutives

20 18

15

10
4,5
5
0,8 0
0
Stratégies internes Stratégies externes

Fig. 1. Résultats de régression hiérarchiques analysant les pourcentages de variance expliquée (R2 ) par l’âge sur le répertoire et
l’exécution stratégiques avant et après contrôle de la contribution des fonctions exécutives. A. Dans le domaine de la résolution
de problèmes arithmétiques (données d’après Hodzik & Lemaire, 2011). Les données montrent que la diminution de la taille
du répertoire stratégique et de la sélection de la meilleure stratégie est entièrement ou partiellement médiatisée par le déclin
des fonctions exécutives ; mémoire épisodique. B. Dans le domaine de la mémoire (données d’après Bouazzaoui et al., 2010).
Les données montrent que l’utilisation de stratégies internes est entièrement médiatisée par les fonctions exécutives, alors que
l’utilisation de stratégies externes n’est expliquée que par l’âge ; résolution de problèmes arithmétiques.

1.3. Variations stratégiques liées au vieillissement et fonctions exécutives

L’une des hypothèses actuelles (e.g., Braver & West, 2008 ; Salthouse, Atkinson, & Berish, 2003 ;
West, 1996) avance que la diminution de l’efficacité des fonctions exécutives au cours du vieillisse-
ment pourrait avoir un rôle important dans les différences stratégiques observées entre participants
jeunes et âgés (voir définitions dans les différents articles de ce numéro et en particulier, l’évolution
avec l’âge des fonctions exécutives dans l’article de Collette et al.). Les données récemment accumulées
nous amènent à prendre cette hypothèse au sérieux. Ces données sont de deux types : corrélation-
nelles et expérimentales. Les données corrélationnelles montrent que la corrélation entre variations
stratégiques et âge sont très faibles (voire non significatives) une fois statistiquement partialisé le rôle
des fonctions exécutives (e.g., Bouazzaoui et al., 2010 ; Hodzik & Lemaire, 2011). Les données expéri-
mentales montrent une modulation avec l’âge des effets expérimentaux supposés résulter de la mise
en œuvre des fonctions exécutives (e.g., Angel et al., 2010 ; Ardiale & Lemaire, 2012).
Dans le domaine de la mémoire, dans une étude portant sur des participants âgés de 20 à 80 ans,
Bouazzaoui et al. (2010) ont montré que la fréquence d’utilisation des stratégies internes diminue avec
l’âge et que cette diminution était majoritairement expliquée par le déclin des fonctions exécutives
(Fig. 1, Panel A). Par ailleurs, les auteurs ont observé un effet de l’âge indépendant des fonctions
exécutives sur l’augmentation de l’utilisation des stratégies externes au cours du vieillissement.
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Le rôle médiationnel des fonctions exécutives sur le vieillissement stratégique a été aussi obtenu
lorsque les études se sont focalisées sur différentes stratégies internes d’encodage (Bryan, Luszcz, &
Pointer, 1999 ; Souchay & Isingrini, 2004 ; Taconnat et al., 2006, 2009 ; Toczé, Bouazzaoui, & Taconnat,
2012) ou de récupération (e.g., Angel et al., 2010 ; Bugaiska et al., 2007 ; Taconnat, Clarys, Vanneste,
Bouazzaoui, & Isingrini, 2007). Par exemple, Taconnat et al. (2006) ont étudié les effets de l’âge et
des fonctions exécutives sur la mémoire avec un protocole de production de rimes. Les auteurs ont
demandé à des adultes jeunes et âgés de lire et de produire des rimes (i.e. barrière-rivière versus
étalon-panta) en vue de les mémoriser et de les rappeler. La proportion de mots lus et rappelés a
été comparée à celle de mots produits et rappelés. Parallèlement, les fonctions exécutives de chaque
participant ont été évaluées avec des épreuves appropriées (e.g., Stroop, Wisconsin Card Sorting Test,
Excluded Letter Fluency Test). Les résultats ont montré que les adultes jeunes bénéficiaient davantage
de la condition de production que les participants âgés, une fois le niveau de rappel des mots lus
statistiquement contrôlé. Ce résultat, qui peut paraître en contradiction avec d’autres études évaluant
l’effet production chez des adultes jeunes et âgés (e.g., Taconnat & Isingrini, 2004), est expliqué par le
fait qu’il s’agit ici d’une tâche de production de rimes. Les traitements impliqués par cette tâche sont de
nature phonologique, donc peu propices à une bonne mémorisation (Craik & Lockhart, 1972). Or, dans
le cas d’une tâche de production de rimes, il a été montré que les adultes jeunes mettaient en place de
façon auto-initié un traitement de nature sémantique contribuant à l’amélioration de l’encodage, et
donc du rappel, contrairement aux adultes plus âgés (Taconnat & Isingrini, 2004). Dès lors, les adultes
âgés bénéficient moins de l’effet de production de rimes que les adultes jeunes. Par ailleurs, dans l’étude
de Taconnat et al. (2006), la taille de l’effet production (i.e., rappel de mots produits supérieur au rappel
lecture) était corrélée avec un indice composite mesurant les fonctions exécutives. Finalement, une
analyse de régression hiérarchique a fait apparaître que ces fonctions expliquaient la totalité des effets
de l’âge sur l’effet production. Cette étude confirme donc l’implication des fonctions exécutives dans
la mise en œuvre de stratégies de mémoire auto-initiées.
D’autres études ont mis en évidence le rôle des fonctions exécutives dans l’adaptation des stratégies
au matériel et/ou à la tâche. Citons par exemple, le cas de l’organisation des informations dans le rappel
d’une liste catégorisable. Cette stratégie se situe parmi les plus efficaces pour rappeler une liste d’items
quand aucun indice n’est fourni (i.e. rappel libre). Les effets du vieillissement n’ont pas toujours été
retrouvés sur la capacité à organiser le matériel appris au moment du rappel (voir Taconnat et al.,
2009, pour une discussion de ce point). Une étude détaillée récemment menée (Taconnat et al., 2009)
peut aider à comprendre les contradictions observées dans la littérature. Dans cette recherche, des
adultes jeunes et âgés devaient étudier une liste de mots catégorisables. Ils étaient ensuite invités à
restituer cette liste de mots au cours de trois tâches de rappel libre consécutives. Le nombre de mots
rappelés et un indice d’organisation calculé (Adjusted Ratio Clustering [ARC] ; Roenker, Thomson, &
Brown, 1971) étaient pris en considération. Les fonctions exécutives étaient également évaluées chez
tous les participants. En dehors des effets de l’âge sur le rappel et sur le score à l’indice exécutif, trois
résultats principaux sont issus de cette étude :

• les adultes âgés organisaient moins bien les informations au rappel que les plus jeunes ;
• le score de rappel était corrélé positivement à l’indice d’organisation chez les adultes jeunes mais
pas chez les adultes âgés, indiquant que la stratégie d’organisation n’était pas efficace (i.e., ce n’est
pas parce qu’ils ont organisé les mots au moment du rappel qu’ils rappellent beaucoup de mots) ;
• l’indice d’organisation était fortement corrélé aux fonctions exécutives.

Dans la mesure où les fonctions exécutives se détériorent avec l’âge, il est vraisemblable que la
diminution avec l’âge de la capacité à utiliser la stratégie d’organisation de façon efficace par les âgés
était la conséquence d’un déclin exécutif.
Le même type de relations entre âge, fonctions exécutives et variations stratégiques a également été
rapporté en résolution de problèmes (Lemaire, 2010b). Ainsi, par exemple, Hodzik et Lemaire (2011)
(voir aussi Duverne & Lemaire, 2004) ont montré que 63 % de la variance liée à l’âge dans le nombre de
stratégies utilisées pour additionner deux nombres à deux chiffres s’expliquait par la diminution de
l’efficacité des fonctions exécutives au cours du vieillissement. Par ailleurs, la diminution de l’efficacité
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30
A Images mentales
25,07
25 Phrases

% d'erreurs
20

15 13,25
10,21
10 8,42

0
Jeunes Agés

1000
B Jeunes
900 849
Agés
Coûts de changement stratégique

800

700

600

500
405
400
300
300

200 166

100

0
Deux Stratégies Trois Stratégies

Fig. 2. A. Pourcentages d’erreurs de sélection stratégiques chez des participants jeunes et âgés (données d’après Toczé et al.,
2012). Les participants âgés avaient tendance à sélectionner la mauvaise stratégie plus fréquemment que les jeunes, surtout
quand la stratégie à sélectionner était la plus difficile à exécuter (i.e., image mentale) ; mémoire épisodique. B. Coûts de chan-
gements stratégiques (en ms) chez les jeunes et les âgés (données d’après Ardiale et al., 2012). Les coûts de changements
stratégiques (correspondant au temps de résolution sur un item cible après avoir changé de stratégie – après avoir répété la
même stratégie que sur l’item précédent) sont de même taille chez les jeunes et les âgés (et chez les jeunes en condition deux
et trois stratégies), mais plus grands en condition trois stratégies ; résolution de problèmes arithmétiques.

des fonctions exécutives avec l’âge expliquait dans cette étude 39 % de la diminution de la capacité à
sélectionner la meilleure stratégie sur chaque problème (Fig. 2, Panel B).
Les données expérimentales vont dans le même sens que ces données corrélationnelles. Elles font
apparaître une évolution avec l’âge d’effets expérimentaux connus pour résulter de la mise en œuvre
de mécanismes de contrôle exécutif. Ainsi, en mémoire comme en résolution de problèmes, les auteurs
ont observé une évolution des coûts de changement stratégique (i.e., changer de stratégie d’un item à
l’autre entraîne une dégradation des performances ; voir Lemaire & Lecacheur, 2010).
Par exemple, dans le domaine de la mémoire, Toczé et al. (2012) ont demandé à des adultes jeunes
et âgés d’apprendre des mots abstraits avec une stratégies de génération de phrases incluant le mot
à apprendre et des mots concrets avec une stratégie d’image mentale (se représenter mentalement
l’objet désigné par le mot) pour les rappeler ultérieurement. Des mots abstraits et concrets étaient
présentés, parfois de façon consécutive, parfois en alternance, et les adultes appuyaient sur un bouton
approprié pour indiquer quelle stratégie ils utilisaient pour apprendre chaque mot. Les résultats ont
montré que les adultes âgés faisaient plus d’erreurs de stratégies (Fig. 2, Panel A), particulièrement
en ce qui concerne la stratégie d’imagerie mentale, qui est une stratégie plus difficilement utilisée
par les adultes âgés (voir aussi Tournier & Postal, 2011) et que les mots étaient moins bien rappe-
lés lorsqu’ils avaient été appris après un changement de stratégie. Les erreurs de stratégie étaient
expliquées majoritairement par un déclin lié à l’âge de la flexibilité cognitive, une des trois fonctions
exécutives spécifiques identifiées par Miyake et al., 2000.
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Dans le domaine de la résolution de problèmes, plusieurs effets expérimentaux censés résulter de


la mise en œuvre des fonctions exécutives s’avèrent différer chez les jeunes et les âgés. Par exemple,
Ardiale, Hodzik et Lemaire (2012) ont comparé les coûts de changements stratégiques (i.e., changer de
stratégie d’un problème au suivant entraîne une augmentation du temps d’exécution, ce qui est appelé
un coût de changement stratégique) chez les participants jeunes et âgés. La Fig. 2 (Panel B) montre
que ces coûts sont plus élevés chez les âgés que chez les jeunes quand les participants ont à changer
entre quatre stratégies d’un essai à l’autre, mais pas quand ils ont à changer entre deux stratégies. De
la même manière, Lemaire et Leclère (soumis) ont observé que les participants âgés avaient tendance
à répéter la même stratégie d’un essai à l’autre plus fréquemment que les jeunes, même lorsqu’ils
auraient dû changer de stratégie pour améliorer leurs performances.

2. Perspectives

Les données discutées dans cet article montrent que l’évolution du répertoire, de la distribution,
de l’exécution et de la sélection stratégique au cours du vieillissement s’expliquent tout ou partie
par le déclin des fonctions exécutives. Ce déclin empêche les personnes âgées de gérer efficacement
leurs ressources pour maintenir actives toutes les stratégies qu’elles connaissent pour résoudre une
tâche cognitive, ce qui les conduit à en utiliser moins, pour exécuter aussi efficacement les straté-
gies qu’elles choisissent, pour sélectionner et exécuter les stratégies avec le même niveau d’efficacité
que les jeunes. Ces résultats ont ouvert la voie à de nombreuses perspectives de recherche sur le
vieillissement cognitif, à un niveau théorique, comme à un niveau empirique.
Au niveau théorique, deux approches du vieillissement cognitif apparaissaient jusqu’à récem-
ment relativement incompatibles (voir Craik & Salthouse, 2000). Selon une première perspective,
dite globale, le déclin cognitif lié au vieillissement résulterait d’une diminution des ressources de
traitement (vitesse de traitement, inhibition, mémoire de travail, fonctions exécutives, acuité sen-
sorielle). Cette diminution entraînerait un déficit de l’ensemble des processus s’appuyant sur ces
ressources. La seconde perspective propose que, au-delà d’un effet global des ressources de traitement,
le vieillissement cognitif touche de manière sélective certains processus. La perspective stratégique ici
présentée permet de réconcilier les deux points de vue. En effet, l’analyse des variations stratégiques
fait apparaître que certains processus peuvent subir les effets délétères de l’âge tandis que d’autres
sont épargnés. Une analyse détaillée des variations stratégiques permet de cartographier avec pré-
cision ces évolutions. Par ailleurs, l’évolution des variations stratégiques résulte en grande partie de
l’évolution des ressources de traitement, comme les fonctions exécutives ici analysées. L’une des impli-
cations de cette perspective intégrée est qu’il est très fructueux pour mieux comprendre l’évolution
des performances cognitives avec l’âge d’analyser comment précisément et exactement les adultes
jeunes et âgés accomplissent les tâches cognitives. Mieux comprendre l’évolution des variations stra-
tégiques permettra, dans tous les domaines de la cognition, de décrire plus précisément et exactement
le vieillissement cognitif, à savoir comment déclinent ou se maintiennent les performances cognitives
ainsi que les différences inter-individuelles au cours du vieillissement.
Sur le plan empirique, les recherches à venir permettront de réaliser deux grandes catégories
d’objectifs. Elles sont cruciales pour répondre à certaines questions relatives aux variations straté-
giques au cours du vieillissement dans le domaine de la mémoire ou de la résolution de problèmes,
mais aussi dans les autres domaines cognitifs comme le raisonnement, la prise de décision ou la
compréhension du langage. Elles sont importantes aussi pour mieux comprendre comment le déclin
des fonctions exécutives entraîne les variations stratégiques. Par exemple, elles permettront notam-
ment de déterminer si, comme cela a été récemment découvert chez les jeunes (e.g., Uittenhove &
Lemaire, 2012), la dynamique de la sélection et de l’exécution stratégique est influencée par des effets
séquentiels (i.e., le fait d’exécuter une stratégie difficile versus facile sur un item influence l’exécution
et la sélection stratégiques sur les items suivants). Par exemple encore, les recherches à venir déter-
mineront s’il existe, de manière générale et/ou de manière unique à certains domaines ou à certaines
tâches, des mécanismes spécifiques (e.g., l’inhibition, la mise à jour, la flexibilité) à la base de ces
variations stratégies liées à l’âge ou si plusieurs mécanismes agissent de concert.
Les recherches à venir permettront enfin de déterminer les bases cérébrales du rôle médiateur des
fonctions exécutives dans les variations stratégiques liées à l’âge. Selon Moscovitch et Winocur (1992,
L. Taconnat, P. Lemaire / Psychologie française 59 (2014) 89–100 97

2002), le système frontal « travaille avec la mémoire » en organisant et en contrôlant l’encodage et


la récupération des informations en mémoire épisodique par la sélection, l’initiation, l’élaboration et
l’exécution de stratégies adaptées à la nature de la tâche et aux compétences de l’apprenant. Des études
récentes menées avec la technique des potentiels évoqués ont montré que les adultes âgés de haut
niveau exécutif présentaient des performances en mémoire proches de celles de adultes plus jeunes,
associées à une augmentation de l’activité cérébrale pariétale (Angel et al., 2010, 2011). Il est vrai-
semblable que le système frontal est également fortement impliqué dans les variations stratégiques
en résolution de problèmes, comme le suggèrent certaines données (e.g., Gandini, Lemaire, & Dufau,
2008 ; El Yagoubi, Lemaire, & Besson, 2003, 2005 ; Ardiale et al., 2012). Tout comme dans le domaine
de la mémoire, le système frontal contribue à sélectionner, initier, élaborer et exécuter les stratégies
de résolution de problèmes en fonction du type de problème, de la situation et du but poursuivi.
D’autres ressources cognitives, dont le siège cérébral est également, au moins en partie, le cor-
tex préfrontal, subissent les effets du vieillissement et sont impliquées dans les tâches cognitives.
Par exemple, la mémoire de travail (Baddeley, 1986), ou capacité à maintenir et manipuler des
informations dans le but d’accomplir une tâche particulière, est à la fois impliquée dans les stra-
tégies de mémoire (Bender & Raz, 2012) et dans les stratégies arithmétiques (Duverne, Lemaire, &
Vandierendonck, 2008 ; Imbo, Duverne, & Lemaire, 2007). Il en est de même pour les ressources atten-
tionnelles, impliquées par exemple dans les stratégies d’organisation en mémoire (Toczé & Taconnat,
sous presse), et dans les stratégies de résolution de problèmes arithmétiques (Wiley & Jarosz, 2012).
Une perspective d’étude intéressante pourrait être d’évaluer la part contributive de chacune des res-
sources cognitives dans l’utilisation adaptée des stratégies cognitives. Cela peut se faire de plusieurs
manières, comme par exemple étudier les corrélations partielles entre différentes mesures de fonc-
tions exécutives et les pourcentages de sélection stratégique adaptées ou comme la mise en évidence
d’effets expérimentaux dont on sait qu’ils mettent en œuvre telle et/ou telle fonction(s) exécutive(s).
L’évolution avec l’âge des patterns de corrélations partielles ou de la taille des effets expérimentaux
étudiés permettrait de renseigner sur les changements au cours du vieillissement de l’importance
relative de chacune de ces ressources.
De manière générale, la compréhension des bases cérébrales impliquées dans les variations stra-
tégiques liées à l’âge permettra :

• de fournir une signification fonctionnelle à l’évolution des bases cérébrales concomitantes aux chan-
gements cognitifs observés au cours du vieillissement (en interprétant cette évolution dans une
perspective stratégique) ;
• et de mieux comprendre comment évoluent les aspects stratégiques des performances cognitives
au cours du vieillissement.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Remerciements

La rédaction de cet article et les résultats de recherche des auteurs qui y sont rapportés ont bénéficié
du soutien financier de l’ANR (ANR BLAN07 196867).

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