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Romain Grau oscille entre consternation et fatalisme. « Un peu étonné, mais pas
complètement surpris », l’ancien prétendant macroniste à la mairie de Perpignan vient
d’apprendre qu’une de ses colistières voterait pour le candidat du Rassemblement
national (RN), Louis Aliot, au second tour des élections municipales, le 28 juin.
« Il y a un électorat pour qui les digues ont déjà sauté. Même dans le mien », constate
le député (LRM) des Pyrénées-Orientales, avant de décrire le « panorama
hallucinant » de Perpignan. Entre « la cristallisation du vote RN » et l’exemple voisin
de Béziers, qui « donne les coudées franches au RN pour ratisser à droite », Romain
Grau en vient même à craindre que le barrage républicain « ne suffise plus ».
Dans un message publié sur Facebook vendredi 29 mai, la numéro dix de sa propre liste,
Josianne Cabanas, résume ainsi sa nouvelle position : « Pour moi, c’est non au front
républicain. Oui à Louis Aliot. » Et la conseillère municipale venue de la majorité LR en
place dans la ville d’ajouter, après avoir remercié Romain Grau, que, « si certains ont
eu la tentation de Venise, [elle a] celle de Béziers ».
Jeudi 28 mai, Romain Grau avait annoncé qu’il se retirait de la course, « afin d’éviter
l’accession de M. Aliot et du populisme à la mairie ». Un choix guidé
par « l’arithmétique » et le risque de voir s’installer, pour la première fois, l’ex-FN à la
tête d’une municipalité de plus de 120 000 habitants.
Dangereuse quadrangulaire
Romain Grau, lui, s’était placé quatrième, avec 13,17 % des voix, non loin derrière les
14,51 % d’Agnès Langevine, la candidate Europe Ecologie-Les Verts. Cette dernière a
annoncé samedi 30 mai qu’elle se retirait elle aussi du second tour, et appelait « à
voter pour la liste qui reste opposée » au candidat RN.
« Dans une triangulaire, Louis Aliot partait très largement favori. Mais dans un duel
avec un maire sortant aussi affaibli, le pronostic est compliqué… », analyse l’historien
spécialiste de l’extrême droite et de la cartographie électorale perpignanaise Nicolas
Lebourg. D’autant que si une abstention massive est à craindre lors de ce second tour,
qui se tiendra dans une situation sanitaire exceptionnelle trois mois après le premier, et
à la veille des grandes vacances d’été, l’électorat RN a pour habitude de se surmobiliser,
lorsque l’extrême droite peut l’emporter.
« Une chose est sûre, conclut Nicolas Lebourg, l’électorat d’En marche est beaucoup
plus à droite ici qu’au niveau national. Alors, Aliot peut lui aussi y trouver une
réserve. »