1. Généralités................................................................................................. M 7 960 - 2
1.1 Importance du fer-blanc .............................................................................. — 2
1.2 Raisons des particularités du cycle de fabrication du fer-blanc .............. — 2
1.3 Normes et règles de l’art............................................................................. — 2
2. Particularités du cycle de fabrication du fer-blanc........................ — 2
2.1 Usine à brames ............................................................................................ — 2
2.2 Train à chaud................................................................................................ — 2
2.3 Train à froid .................................................................................................. — 3
2.3.1 Décapage............................................................................................. — 3
2.3.2 Laminage à froid................................................................................. — 3
2.3.3 Dégraissage avant recuit sur base .................................................... — 3
2.3.4 Recuit en continu ................................................................................ — 3
2.3.5 Écrouissage ......................................................................................... — 4
3. Étamage électrolytique .......................................................................... — 4
3.1 Généralités ................................................................................................... — 4
3.2 Enchaînement des opérations .................................................................... — 4
3.2.1 Section d’entrée.................................................................................. — 4
3.2.2 Dégraissage......................................................................................... — 5
3.2.3 Décapage............................................................................................. — 5
3.2.4 Étamage électrolytique ...................................................................... — 5
3.2.5 Refusion............................................................................................... — 6
3.2.6 Passivation .......................................................................................... — 6
3.2.7 Huilage................................................................................................. — 6
3.2.8 Section de sortie ................................................................................. — 6
3.2.9 Contrôle de qualité ............................................................................. — 6
4. Chromage électrolytique du fer noir.................................................. — 6
5. Perspectives techniques à court terme............................................. — 7
5.1 Continuité des procédés ............................................................................. — 7
5.2 Réduction des épaisseurs ........................................................................... — 7
5.3 Vernissage en bande ................................................................................... — 7
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 7 960
10 - 1990
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 960 − 1
ACIERS POUR EMBALLAGE _______________________________________________________________________________________________________________
1.1 Importance du fer-blanc Bien que le fer-blanc ait la réputation justifiée d’un produit sur
mesures, fabriqué suivant les besoins exprimés par le fabricant de
La vogue du fer-blanc ne se dément pas depuis plus de cinq cents boîtes, l’habitude s’est prise de se référer à des normes. Celles-ci
ans et tient à différentes propriétés de ce matériau complexe codifient l’usage tiré de nombreuses années d’expérience : toutefois
constitué d’une âme d’acier, le fer noir, recouverte d’étain. La elles laissent un vaste domaine aux transactions entre producteur
première a été son inaltérabilité, d’où il tire son qualificatif de blanc, et client, qui permettent au producteur d’appliquer son savoir-faire.
d’autant plus marquante aux siècles passés que l’on ne savait pas La sidérurgie française se reporte souvent aux normes américaines
autrement empêcher l’acier de rouiller, ce qui lui a donné sa dési- (ASTM) et européennes (EURONORM) citées dans la fiche
gnation de fer noir. La deuxième a été l’aptitude du fer-blanc à documentaire [Doc. M 7 960]. Sans entrer dans les détails, nous indi-
s’assembler à l’aide de soudures tendres ; l’opération est facile du querons qu’elles traitent de caractéristiques mécaniques et dimen-
fait du bas point de fusion de l’étain (232 oC). La dernière est sionnelles, d’aspect, de limites de composition de l’acier, de taux
l’absence de toxicité des ions de l’étain pour l’homme : elle a ouvert d’étain répartis symétriquement ou non sur les faces, de films de
au fer-blanc, déjà matériau d’emballage, l’immense champ de passivation, d’huilage, de méthodes d’essai et d’analyse...
l’emballage alimentaire après que les travaux de Nicolas Appert sous
le Premier Empire aient établi la possibilité de conserver les aliments
dans des conditions aseptiques après stérilisation. Dans cette appli-
cation, la majeure du fer-blanc actuel, on tire parti à la fois de la 2. Particularités du cycle
protection cathodique qu’assure l’étain à l’acier dans la boîte, ce qui
élimine pratiquement le risque de perforation, et du milieu réducteur de fabrication du fer-blanc
créé par les ions stanneux, favorable à la conservation des vitamines
et au maintien de certaines couleurs des aliments. Pour améliorer La fabrication du fer-blanc, par rapport à celle des tôles minces,
l’aspect intérieur des boîtes, réduire la diffusion des ions stanneux est décrite dans l’ordre des opérations sidérurgiques des usines
dans l’aliment et abaisser les taux d’étain (c’est-à-dire mettre des modernes actuelles, les seules en service en France (figure 1). Ces
épaisseurs plus faibles), donc rendre le fer-blanc plus avantageux usines ont abandonné la coulée en lingots pour adopter la coulée
techniquement et économiquement que par le passé, on développe en continu d’aciers calmés à l’aluminium, conduisant à des aciers
actuellement l’usage du fer-blanc verni. Le fer-blanc actuel est donc plus constants dans leurs propriétés, d’une meilleure propreté inclu-
fort différent de ses ancêtres des siècles passés : nature des couches sionnaire et d’un prix de revient inférieur.
définies et contrôlées, épaisseurs d’étain diminuées dans le rapport
de 100, film d’oxydes d’étain modifié par incorporation d’oxydes de
chrome trivalent avec ou sans addition de chrome métallique, etc.
Dans les domaines d’application où les aliments sont peu corro- 2.1 Usine à brames
sifs mais où l’on recherche une meilleure adhérence des revête-
ments organiques (vernis, couches, encres), on prend l’habitude de
substituer un fer noir chromé en bande au fer-blanc. Ce fer chromé Les deux précautions particulières à ce stade correspondent à :
[en anglais : Tin Free Steel (TFS ), ou Electrolytic Chromium Coated — la réalisation des analyses pour l’obtention des caractéristiques
Steel (ECCS )] ne s’emploie qu’à l’état verni, n’est pas assemblable mécaniques, pour satisfaire aux normes de limite de composition
par soudage aux soudures tendres ou par soudage électrique à chimique [Doc. M 7 960] ; c’est aussi un des moyens connus de lutte
grande vitesse. Dans l’emballage alimentaire, il sert à la fabrication contre la graphitisation superficielle du fer noir au cours du recuit
de fonds et de corps de boîtes en deux pièces. Au paragraphe 4, sur base (§ 2.3.3) ;
nous indiquerons comment on l’élabore. — l’élimination des inclusions non métalliques : le niveau moyen
de propreté inclusionnaire de la production d’une usine à brames
La production annuelle française de fer-blanc, de fer chromé et
dépend des qualités de son équipement et de son savoir-faire ; en
de fer noir a peu varié au cours de ces deux dernières années, aux
fonction des niveaux de ces deux qualités, le taux de réussite des
alentours du million de tonnes pour l’ensemble des produits : près
très grandes propretés inclusionnaires impliquera un tri plus ou
de la moitié est exportée, ce qui place la France au deuxième rang
moins poussé des brames (déroutement de ces brames à risques
des exportateurs mondiaux après le Japon.
que sont les brames de début et de fin de coulée et les brames de
changement de séquence, voire des brames voisines de celles qui
viennent d’être indiquées).
1.2 Raisons des particularités du cycle
de fabrication du fer-blanc
2.2 Train à chaud
De par son épaisseur, entre 0,14 et 0,49 mm d’après les normes En dehors des soins classiques apportés aux tôles minces pour
américaines et européennes, le fer-blanc pourrait être fabriqué l’obtention des caractéristiques mécaniques (respect des tempéra-
comme la tôle mince. Toutefois les nécessités d’étamer le fer noir, tures à l’entrée des finisseuses, de fin de laminage et de bobinage)
d’assurer au fer-blanc des qualités de résistance à la corrosion et et pour la propreté de surface (décalaminage, gestion des
de pouvoir le mettre en forme sont trois raisons qui conduisent à cylindres), il faut mentionner :
aménager le cycle de fabrication des tôles minces. La première — l’écueil des températures élevées de bobinage, souvent
tendra à ce que l’étamage se produise sur une surface d’acier aussi suspectées d’abaisser la tenue du fer-blanc à la corrosion ;
libre que possible d’oxydes, de carbures et de composés organiques. — la fixation de l’épaisseur de la tôle à chaud par le taux de
La deuxième, pour limiter le courant de pile entre l’étain et l’acier réduction imposé au laminoir à froid pour la production d’aciers à
au cours de la corrosion, réduit les quantités des éléments d’alliage cornes contrôlées ; cela constitue une exception à la règle usuelle
de l’acier. La troisième, destinée surtout aux modes de déformation de la répartition de la réduction d’épaisseur entre les deux trains ;
du fer-blanc par expansion, conduit à des mesures à l’aciérie pour en effet, le niveau des cornes dépend du taux de réduction à froid,
éviter la présence d’inclusions de taille critique (supérieure autour de 90 %, à côté de la composition de l’acier, du taux
à 0,05 mm par exemple) dans le fer-blanc destiné à ces applications. d’écrouissage, etc.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 7 960 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
______________________________________________________________________________________________________________ ACIERS POUR EMBALLAGE
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 960 − 3
ACIERS POUR EMBALLAGE _______________________________________________________________________________________________________________
On préfèrera donc le recuit sur base au recuit en continu quand Il existe deux types de bains acides industriels pour l’étamage
on désirera des fers-blancs ductiles et fortement emboutissables ; électrolytique des bandes de fer noir.
dans le cas contraire, on optera pour le recuit en continu. Quant à
la résistance à la corrosion du fer-blanc, elle semble meilleure après ■ Le premier, dit au sulfate stanneux, est le plus répandu à travers
recuit en continu qu’après recuit sur base. le monde : les cinq lignes électrolytiques françaises, appartenant
toutes à SOLLAC, utilisent ce procédé. En raison de son importance,
nous ne considérerons que lui aux paragraphes 3.2.3 et 3.2.4.
Propriété de la société américaine UNITED STATES STEEL CORPO-
2.3.5 Écrouissage RATION qui lui donne le nom de Ferrostan, il a une composition
voisine de :
Réalisé sur train tandem, son but initial était d’effacer le palier de
limite d’élasticité du fer-blanc pendant un certain temps après • Sn(II) ................................................................................... 30 g/L ;
fabrication. D’autres fonctions y ont été ajoutées : création du profil • acide libre (compté comme H2SO4) ............................... 20 g/L ;
de rugosité, obtention de la planéité (on pourra éventuellement la • agents d’addition .............................................................. 10 g/L.
parfaire au moyen d’une planeuse sous traction, installée sur ligne Les lignes industrielles étament à des densités de courant
d’étamage par exemple), élévation du niveau des caractéristiques comprises habituellement entre 10 et 35 A/dm2 et à des tempéra-
mécaniques. Cette dernière fonction distingue deux catégories de tures entre 35 et 50 oC. Le bain est filtré en continu pour éviter la
fer-blanc, celle de simple réduction et celle de double réduction : contamination de la bande par des boues provenant de la
— par simple réduction, on entend que le train d’écrouissage dégradation des agents d’addition et/ou de l’oxydation de l’étain
réalise un allongement de la bande, de l’ordre de 1 % ; il écrouit stanneux.
alors à sec ;
■ Le second, fluoborique, est capable d’une plus grande vitesse
— par double réduction, opération spécifique au circuit fer-blanc,
d’étamage que le bain précédent, due à une densité de courant
il faut comprendre un relaminage avec des taux de réduction allant
maximale pouvant atteindre 40 A/dm2. Une formule type de bain
de 20 à 30 % suivant la nature de l’acier et le niveau visé de
est la suivante :
caractéristiques mécaniques. Ce laminage impose l’usage d’une
solution aqueuse de corps gras assurant la lubrification et le • chlorure stanneux .......................................................... 75 g/L ;
refroidissement de la bande. Malgré les soins pris pour essorer la • fluorure de sodium ........................................................ 25 g/L ;
bande, elle reste chargée d’un film huileux, donc soumise aux • fluorure acide de potassium......................................... 50 g/L ;
mêmes sujétions qu’une bande brute de laminage à froid : nécessité • chlorure de sodium ....................................................... 45 g/L ;
d’un dégraissage efficace sur ligne d’étamage et délai réduit entre • agents d’addition ....................................................... 1 à 2 g/L ;
double réduction et étamage. • pH .......................................................................................... 2,7.
Ces dernières années, avec la généralisation des aciers de coulée L’inconvénient majeur de ce bain réside dans sa tendance à former
continue calmés à l’aluminium, donc peu vieillissants après un des boues, puisque la protection de Sn(II) contre l’oxydation y est
écrouissage de 1 %, il est apparu que leur limite d’élasticité était moins bien assurée que dans les bains au sulfate stanneux.
inférieure à celle des aciers vieillissants qu’ils devaient remplacer. Quel que soit le type de bain, les anodes utilisées sont en étain
Pour leur conférer les mêmes propriétés d’usage sans avoir recours à haute pureté (99,85 % au minimum) : elles se dissolvent au cours
à des nuances plus dures, on a développé des écrouissages de simple de l’électrolyse et rechargent le bain en ions Sn(II). Les rendements
réduction, mais à des taux intermédiaires entre 1 % et 20 à 30 %. anodique et cathodique avoisinent 95 à 100 %.
Ces taux, voisins de 8 %, sont obtenus avec une lubrification à l’eau
chargée d’un inhibiteur de rouille : d’où l’appellation d’écrouissage
humide donnée à l’opération.
3.2 Enchaînement des opérations
3. Étamage électrolytique Comme cela a été indiqué (§ 2.3.5), l’étamage du fer noir requiert
un degré de propreté de surface que ne possède pas la bande
écrouie, surtout si elle est de double réduction : l’étamage sera
3.1 Généralités précédé de nettoyages. Par ailleurs, l’étamage électrolytique
réalisant des dépôts mats, il faut les brillanter dans la majorité des
La bande, une fois préparée par dégraissage puis décapage, est cas avant de procéder aux opérations de passivation et d’huilage.
rendue cathodique dans une solution d’étain stanneux Sn(II). Les Toutes ces fonctions sont assurées par la ligne d’étamage qui les
bains à base d’étain stannique, Sn(IV), ont disparu parce que leur enchaîne en continu entre deux sections, à l’entrée et à la sortie,
surcoût de fonctionnement par rapport aux bains stanneux ne se qui évitent à la vitesse de la bande de descendre à une valeur trop
justifiait pas. La décharge des ions conduit à l’étain métallique Sn faible dans la section de dépôt électrolytique. La figure 2 donne une
suivant : idée de l’agencement d’une ligne d’étamage.
Sn(II) + 2e → Sn
Outre ces ions stanneux, le bain comporte un acide destiné à 3.2.1 Section d’entrée
abaisser le pH et à augmenter la conductivité électrique, et un agent
d’addition pour accroître sa souplesse de fonctionnement. Cette Elle comprend deux débobineuses, une soudeuse et une
notion, chère au praticien, recouvre en fait l’étendue de la surface ébarbeuse réalisant une bande sans fin (figure 2, repères A, B et C).
du diagramme température-densité de courant où les dépôts formés Cet ensemble est toujours complété par un dispositif accumulateur
sont couvrants : en dehors de cette surface, fonction croissante de alimentant l’aval pendant les transferts de bobine, les soudages et
l’agitation du bain au contact de la bande, les dépôts sont de les ébarbages. On tend maintenant à ajouter une planeuse sous
mauvaise qualité : incomplets ou brûlés. De par la nature de son traction pour parachever la planéité de la bande, amorcée au train
acide et de ses agents d’addition, le bain stabilise l’ion Sn(II) en écrouisseur, et une cisaille de rives qui met le fer noir à la largeur
l’empêchant de s’oxyder en Sn(IV) où il ne manquerait pas d’évoluer commandée pour le fer-blanc, élimine les défauts de rive et évite
rapidement, conduisant à des boues d’oxyde stannique plus ou l’usage d’une ligne de préparation que l’on plaçait entre écrouissage
moins hydraté et polymérisé. Les dépôts électrolytiques sont mats. et ligne d’étamage. La largeur maximale des bandes traitées est
Cette sujétion tient à la nécessité de disposer de revêtements peu généralement de 1 m ; les installations les plus récentes la portent
chargés en composés organiques pour être soudables sans à 1,2 m.
démouillage, c’est-à-dire sans augmentation de la porosité. Le
brillantage se fait par refusion de la couche d’étain (§ 3.2.5).
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 7 960 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
______________________________________________________________________________________________________________ ACIERS POUR EMBALLAGE
3.2.2 Dégraissage
Il a pour but d’éliminer les souillures grasses du fer noir simple-
ment écroui et le mélange d’huile de relaminage et de poussières
métalliques du fer noir doublement réduit. Cette opération (figure 2,
repère D) est réalisée dans des lessives alcalines achetées dans le
commerce, chaudes (90 à 95 oC), contenant des phosphates et des
agents organiques, mais d’où sont exclus les silicates car leurs rési-
dus laissées sur la bande gêneraient le dépôt d’étain. La bande est
toujours soumise à une électrolyse dans le bain de dégraissage sous
des densités de courant de l’ordre de 10 A/dm2, avec des polarités
anodique et/ou cathodique. On fait parfois précéder l’électrolyse d’un
trempé, ou l’on asperge la bande d’électrolyte en la brossant.
Les cuves sont en acier nu, de même que les contre-électrodes.
La bande est alimentée en courant par rouleaux conducteurs équipés
de collecteurs, où frottent des charbons, refroidis par une circulation
interne d’eau. On favorise le passage du courant en appliquant la
bande contre les rouleaux conducteurs par des rouleaux en
élastomère qui, en outre, assurent une fonction d’essorage, limitant
les entraînements du liquide d’un bac vers le suivant. On utilise le
plus souvent la technologie du bac vertical avec rouleau de renvoi
immergé dans le fond (figure 3). Cette technologie est bien décrite Figure 3 – Traitement électrolytique de bande : bac vertical équipé
dans The Technology of Tinplate [1] : on s’y référera pour plus de
détails avec d’autant plus de profit que les lignes d’étamage utilisant
l’oxydation superficielle de fer noir décapé amène à limiter au
le procédé Ferrostan sont en grande partie composées de bacs ver-
maximum la longueur de bande entre la sortie du décapage et
ticaux juxtaposés. Un système de pompes de circulation, de bacs
l’entrée du bain d’étamage en dépit du nécessaire rinçage
de réserve et d’échangeurs thermiques permet l’alimentation en les-
intermédiaire à l’eau. Le décapage et son rinçage se font le plus
sive chaude. Le dégraissage est suivi d’un rinçage à l’eau par asper-
souvent en bacs verticaux.
sion et immersion dans un ou plusieurs bacs verticaux.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 960 − 5
ACIERS POUR EMBALLAGE _______________________________________________________________________________________________________________
Le nombre de lits d’anodes est fixé par le taux d’étain spécifié à 3.2.6 Passivation
la commande pour chacune des deux faces, la densité de courant
et la vitesse de la bande (entre 200 et 700 m/min). Il arrive que certains On traite la surface du fer-blanc pour éviter son jaunissement (dû
lits ne soient pas alimentés en courant parce que le taux d’étain spé- à la croissance exagérée du film d’oxyde), prévenir sa coloration au
cifié et les conditions de marche de la ligne y obligent. Le lit d’anodes contact de produits sulfurants, faciliter la tenue des revêtements
a la largeur de la bande pour éviter les surépaisseurs d’étain en rive, organiques et augmenter sa résistance à la rouille. Cela se fait par
conséquence habituelle de la concentration des lignes de courant passage dans une solution aqueuse diluée de l’ion bichromate, que
en extrême rive. Pour échapper à l’opération longue et fastidieuse l’on se contente d’une immersion ou que l’on en complète l’effet
de la dépose ou de la pose d’anodes lors de changement de largeur par une légère passe cathodique. L’opération est terminée par un
de bande, on se contente de translater des anodes individuelles des rinçage à l’eau désionisée et par un séchage (figure 2, repères I et J).
extrémités du support d’anodes (figure 3, repère F) vers le lit et réci- Les eaux de rinçage peuvent être traitées comme les eaux de
proquement pour donner au lit la largeur convenable : les anodes rinçage après chromage (§ 4).
des extrémités du support, bien que polarisées, ne se dissolvent
guère en raison de la chute ohmique de tension qu’impose leur éloi-
gnement de la bande. On maintient constante la distance bande-lit
actif d’anodes malgré la dissolution progressive des anodes en trans-
3.2.7 Huilage
latant le lit sur le support, légèrement oblique par rapport au plan
On huile le fer-blanc pour prévenir les rayures et faciliter son
de la bande, en immergeant des barres d’étain neuves à une extré-
engagement dans les machines (figure 2, repère K). Les huiles mises
mité du support d’anodes et en extrayant les barres jugées usées
en œuvre sont des composés stables et compatibles avec
à l’autre extrémité du support.
l’alimentation humaine. On peut citer le sébaçate d’éthyl-2-hexyle
La description du lit d’anode qui vient d’être faite souffre de (DOS dioctyl sébacate) et l’acétylcitrate de tributyle (ATBC). On
deux exceptions : réalise l’application à des taux spécifiés au moyen d’un huileur
— la première est l’emploi d’anodes insolubles (en acier électrostatique dont il existe plusieurs modèles.
inoxydable ou en ferrosilicium dans le bain au sulfate stanneux) pour
consommer les ions Sn(II) produits par l’excès de rendement
anodique sur le rendement cathodique ; 3.2.8 Section de sortie
— la seconde consiste à ne pas disposer de lit en face des premiers
mètres de bande dans le bain pour permettre à la bande de prendre La bande de fer-blanc peut alors être cisaillée en feuilles. Toutefois,
la température du bain et éviter la création d’arcs électriques entre comme la cisaille limite la vitesse de la ligne à environ 240 m/min,
la bande et un rouleau conducteur. on préfère bobiner la bande au sortir de la ligne (figure 2, repère L).
L’installation de circulation de l’électrolyte comprend notamment Aussi rencontre-t-on, à la suite, un accumulateur de bande (de plus
des bacs de réserve, des pompes, des échangeurs de température, en plus) et un groupe de deux bobineuses travaillant en alternance.
des filtres et un évaporateur pour réduire le volume de l’électrolyte. La livraison en feuilles (coupe droite ou en quinconce) est faite après
La partie mécanique doit assurer la traction de la bande et éviter reprise des bobines sur des lignes de cisaillage appropriées.
les glissements des rouleaux sur la bande, générateurs de défauts
de surface. Elle dispose de blocs de traction en S judicieusement
placés en amont et en aval de la section d’étamage ; de plus, la 3.2.9 Contrôle de qualité
majorité, si ce n’est la totalité des rouleaux, qu’ils soient conducteurs,
immergés ou applicateurs, est dotée de régulations de vitesse de Comme sur tous les engins qui contribuent à la fabrication du fer
rotation fonctionnant pour toute vitesse de la ligne. noir, on procède à des contrôles sur la ligne d’étamage. Ceux-ci
La qualité du revêtement est grandement conditionnée par l’état portent sur :
de la ligne (alignement de la ligne, poli des rouleaux, intégrité des — l’aspect ;
polymères garnissant les rouleaux et les bacs). La fréquence des — les dimensions et quantité du fer-blanc produit ;
entretiens systématiques est donc élevée pour éviter les arrêts de — les caractéristiques du dépôt (épaisseur d’étain contrôlée sur
ligne, qui causent toujours des défauts et font perdre du métal. ligne par une jauge à rayonnement, vérifiée sur des prélèvements
où l’on dose aussi la quantité d’alliage FeSn2 ; paramètres des
La section « étamage » se termine par un rinçage (figure 2, films de passivation et d’huile) ;
repère G) un peu particulier puisqu’il n’est pas fait à l’eau mais à
— les caractéristiques mécaniques du fer-blanc et éventuelle-
une solution diluée de l’électrolyte. Le film laissé par l’essorage ment sa propreté inclusionnaire ;
constitue un flux pour l’opération suivante de refusion. — l’analyse de tous les bains.
3.2.5 Refusion
Elle brillante le fer-blanc mat et induit la formation des couches 4. Chromage électrolytique
d’alliage entre l’étain et l’acier. À cet effet, la bande est chauffée
au-dessus du point de fusion de l’étain. Le moyen le plus simple est
du fer noir
d’opérer par effet Joule entre deux rouleaux conducteurs (figure 2,
repère H). Un moyen plus élaboré fait appel à un mélange de Le fer chromé diffère du fer-blanc en ce que la couche d’étain est
conduction et d’induction haute fréquence. La mise en œuvre remplacée par une mince couche de chrome métallique (environ
d’induction permet de fixer la ligne de fusion de l’étain à une position 0,01 µm ou 70 mg de chrome sur une face de 1 m2) surmontée d’une
donnée de l’installation : on contrôle ainsi l’oxydation de l’étain couche d’oxyde de chrome (III) partiellement hydraté (environ 15 mg
liquide par l’air, on évite le démouillage de l’étain qui conférerait un de chrome sur une face de 1 m2), toutes deux formées par
aspect granuleux au fer-blanc refondu et agirait sur l’épaisseur de électrolyse.
la couche FeSn2 . Le dépôt se fait à partir d’un bain de chromage classique dilué
Quelques fractions de seconde après refusion, la bande est [50 à 200 g/L de trioxyde de chrome (anhydride chromique CrO3 )]
trempée dans un bac d’eau pour arrêter l’oxydation de l’étain fondu catalysé par de l’acide sulfurique (rapport massique
et assurer une taille convenable aux cristaux d’étain. L’eau du bac H2SO4 /CrO3 = 1/100) et /ou des fluorures complexes. Le rendement
de trempe, régulée en température, est de plus agitée pour homo- de courant, d’autant plus élevé que la densité est plus forte et que
généiser la taille du grain d’étain, gage de régularité d’aspect. la température du bain est plus basse, ne dépasse guère 30 % : à
titre d’exemple, on cite la valeur de 18 % pour 80 A/dm2 à 60 oC.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 7 960 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
______________________________________________________________________________________________________________ ACIERS POUR EMBALLAGE
On est donc amené à modifier la séquence des opérations de la de l’enfournement chaud des brames dans le four de réchauffage :
ligne d’étamage pour produire du fer chromé (on se limitera au la technique, maîtrisée par de nombreuses forges, présuppose un
procédé en un bain, fort répandu dans le monde et le seul utilisé excellent contrôle de la coulée continue pour éliminer les défauts
en France). de surface de la plupart des brames ;
— Section d’entrée : aucun changement (§ 3.2.1). — laminage à froid continu-continu (en anglais : fully
continuous ) ; le train tandem de laminage à froid est doté de sections
— Dégraissage : aucun changement (§ 3.2.2). d’entrée et de sortie, comme celles d’une ligne d’étamage : elles
— Décapage : pour éviter les risques de passivation, on supprime évitent l’enfilage de la bande à chaque bobine ; cette technique peut
l’action du courant, en en remplaçant l’effet par une augmentation incorporer le décapage, alors couplé avec le train tandem : assez
de la teneur en acide. courante dans les installations récentes de tôles minces, elle est
— Chromage : il remplace l’étamage. En fait, on précède encore rare dans le circuit fer-blanc ;
l’électrolyse par un trempage dans un bain de composition identique, — développement du recuit continu : cette technique associe
mais avec un circuit séparé de celui de l’électrolyte. Le contact de dégraissage et recuit ; mise au point initialement pour le fer-blanc,
l’électrolyte chromique oblige à l’emploi de matériaux particuliers elle profite actuellement de progrès faits pour la fabrication des tôles
pour les rouleaux souples, les bacs, les cuves, les tuyauteries, les minces ; des cycles de recuit permettent maintenant de produire des
échangeurs. Avec le catalyseur sulfurique, on préconise le chlorure nuances douces qui étaient jusqu’alors du domaine du recuit sur
de polyvinyle et le titane. La présence d’ions fluorure dans le cata- base ; toutefois, la réalisation des nuances les plus douces bute sur
lyseur complique la nature des revêtements. Les anodes sont en la difficulté d’élaborer économiquement les aciers convenables ; par
plomb à faible teneur en des métaux comme l’argent ou l’étain qui ailleurs, les installations récentes de recuit continu incorporent
empêchent le filmage de l’anode (dépôt résistant de chromate de parfois le train écrouisseur.
plomb qui obligerait à l’ensacher) et réoxydent en partie le
chrome (III) en chrome (IV). Les fortes teneurs en chrome (III) accrois-
sent le taux de chrome oxydé du revêtement et la résistance ohmique 5.2 Réduction des épaisseurs
de l’électrolyte, fait particulièrement gênant avec les bains les plus
dilués. Ces inconvénients ne sont surmontés que par une épuration Amorcée voici une cinquantaine d’années, elle se poursuit,
du bain sur résines échangeuses d’ions et par une augmentation de affectant le fer noir et l’étain.
la tension des redresseurs, déjà plus élevée que pour l’étamage. Il
va de soi que le chromage requiert un rinçage pour libérer la bande Les diminutions de résistance mécanique des emballages
des dernières traces de solution chromique, en raison de sa viscosité qu’entraîne la réduction de l’épaisseur d’acier sont compensées par
plus grande que celle de l’électrolyte d’étamage. De plus, la nature l’emploi de nuances plus raides du fait de leur analyse, de leur recuit,
toxique du chrome (IV) amène a prévoir des soins particuliers pour de leur relaminage, et par le développement d’emballages de formes
traiter les effluents gazeux et liquides : buées et eaux de rinçage. plus rigides.
Les buées chargées de vésicules d’anhydride chromique sont lavées La réduction des taux d’étain, permise d’abord par de meilleures
à l’eau. Ces eaux, jointes à celles du rinçage de la bande chromée conditions de fabrication du fer-blanc, se poursuit par la banalisation
sont traitées par chromatographie sur résines échangeuses d’ions du vernissage. Pour les couches d’étain très minces correspondant
pour être débarrassées de leur chrome que l’on récupère à la sortie. à des taux d’étain inférieurs à 1 g/m2 par face, la réduction dépend
— Séchage : il remplace la refusion. de la régularité de leur épaisseur, donc de celle de la distance
anode-bande : aussi voit-on se développer des procédés d’étamage
— Passivation : supprimée dans ce procédé en un bain. à anodes insolubles. Les limites actuelles à cette réduction tiennent
— Huilage : maintenu ; on trouve parfois avantage à remplacer au prix du vernis déposé, au maintient d’un peu d’étain métallique
le DOS par le stéarate de butyle (en anglais : butylstearate oil, BSO ) pour l’aspect et la soudabilité électrique. Toutefois, la conservation
qui, moins volatil, permet un meilleur glissement du fer chromé. des propriétés organoleptiques de certains aliments nécessite leur
— Section de sortie : aucun changement. contact direct avec l’étain, ce qui constitue un obstacle ponctuel à
la réduction des taux d’étain.
Le grand nombre d’opérations communes à l’étamage et au
chromage a incité de nombreux producteurs à s’équiper de lignes Des produits de substitution du fer-blanc, autres que le fer chromé,
mixtes pour fabriquer le fer-blanc et le fer chromé en alternance par consistent en un empilement complexe de couches de nickel et/ou
campagne. Le plus souvent, chaque dépôt se fait dans des instal- d’étain et/ou de chrome ; ils ne semblent pas intéresser encore les
lations (bacs de travail et de réserve, tuyaux, échangeurs, filtres) qui marchés européen et américain, probablement en raison des faibles
lui sont propres, ce qui réduit les manœuvres nécessitées par le tonnages produits au Japon.
passage d’une fabrication à l’autre. L’utilisation de fer noir non traité et verni se heurte à de grosses
difficultés pratiques, dont une piètre résistance à la corrosion. On
en saisit la cause dans l’aisance de la réaction, sous le vernis en
présence d’un peu d’eau diffusée, entre le fer métallique et le fer (III)
5. Perspectives techniques de l’oxyde superficiel pour donner du fer (II) soluble, ce qui
déchausse le vernis. Ce type de réaction disparaît après que le fer
à court terme noir ait été légèrement étamé ou chromé.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 7 960 − 7
P
O
U
Aciers pour emballage R
E
par Philippe AUBRUN N
Ingénieur de l’École Supérieure de Physique et Chimie de la Ville de Paris
Docteur ès Sciences Physiques
Ancien Directeur Technique au Centre de Recherches du Fer-Blanc
S
Bibliographie A
Références
[1] HOARE (W.E.), HEDGES (E.S.) et BARRY
(B.T.K.). – The Technology of Tinplate (La tech- [3]
Research Institute , 464 p. (1976), 527 p. (1980),
552 p. (1984), 523 p. (1988)
YONEZAKI (S.). – Non-Tin Coatings for Steel
Revues
France V
nique du fer-blanc). 420 p., Edward Arnold
(Publishers) Ltd., London (1965).
Sheet (Revêtements sans étain pour tôles
d’acier). Metal Finishing J., 16, p. 4-9, 11,
janv. 1970.
L’étain et ses usages.
Bulletin annuel du Centre de recherches du
fer-blanc.
O
[2] Tinplate Conferences (Congrès sur le
fer-blanc). Publié par International Tin Grande-Bretagne
Tin and its uses.
I
R
Normalisation
Association française de normalisation (AFNOR) 158-83 Fer-blanc double réduction en feuilles.
NF A 36-150 8-83
NF A 36-151 8-83
Fer-blanc et fer noir simple réduction en feuilles. Qualités,
dimensions et tolérances.
Fer-blanc et fer noir simple réduction en bobines destinées
10-202 Fer chromé électrolytique simple réduction ou double réduction
en feuilles ou en bobines. P
American Society for Testing and Materials (ASTM)
NF A 36-152 8-83
à être découpées en feuilles.
Fer-blanc double réduction : feuilles. Qualités, dimensions
A 623-87 a
A 624-86
Specification for general requirements for tin mill products.
Specification for tin mill products, electrolytic tin plate,
L
NF A 36-153 12-84
et tolérances.
Fer-blanc double réduction en bobines destinées à être
découpées en feuilles. Qualités, dimensions et tolérances.
A 625-85
single-reduced.
Specification for single-reduced black plate.
U
NF A 91-111 2-86 Revêtements métalliques (et autres revêtements non
organiques). Mesure de l’épaisseur par méthode magné-
A 626-86 Specification for tin mill products, electrolytic tin plate,
double-reduced. S
tique. Spécifications générales. A 630-87 Method for determination of tin coating weights for hot-dip and
electrolytic tin plate.
Commission des Communautés Européennes : EURONORM
145-78 Fer-blanc et fer noir en feuilles. A 657-87 Specification for tin mill products, black plates, electrolytic
chromium coated, single and double-reduced.
146-80 Fer-blanc et fer noir en bobines.
Clecim.
Dujardin, Montbard, Somenor (DMS)
Organismes
Doc. M 7 960
France
Chambre Syndicale des Producteurs de Fer-Blanc et de Fer Noir, Paris.
Belgique
Centre d’Information de l’Étain, Bruxelles.
Grande-Bretagne
International Tin Research Institute, Uxbridge.