Les méthodes numériques s’intéressent à la recherche de valeurs de la fonction en des endroits particuliers.
Autrement dit, on ne cherche pas l’écriture d’une fonction qui vérifie l’équation, mais par quelles valeurs passe
la fonction en des abscisses particulières (c’est la méthode des différences finies), ou bien on recherche sur des
éléments du domaine étudié l’écriture d’une fonction simple qui approxime au mieux la solution recherchée
(c’est la méthode des éléments finis).
Une fois ce travail fait, on a donc une « image graphique » de la solution.
1. Principe de la méthode
Ce principe se décline en plusieurs étapes.
La méthode des différences finies recherche une solution aux nœuds du maillage.
b) On discrétise également l’EDP, c’est-à-dire qu’on va écrire en chaque nœud une approximation algébrique
de l’équation d’origine.
c) On écrit autant d’équations algébriques qu’il y a de nœuds où on cherche une solution, ce qui conduit à
écrire un système d’équations
d) on résout ce système d’équations
(équation de Laplace)
Les conditions limites sont de type Dirichlet, telles que décrites sur le
schéma ci-contre, g1 et g2 étant 2 constantes quelconques.
1
a) Discrétisation du domaine d’étude
Le domaine d’étude comprend le domaine interne, noté Ω, et la frontière, notée Γ.
On va créer un maillage relativement lâche (afin de limiter ensuite les
écritures ; mais l’extension à plus de nœuds ne pose aucun problème)
et régulier.
Ce maillage introduit en tout 25 nœuds, dont 9 nœuds internes et 16
nœuds frontières. Cependant, les nœuds frontières ne constituent pas
des valeurs à rechercher, puisque la valeur de la fonction y est connue
(conditions de Dirichlet).
Seuls les nœuds ici numérotés de 1 à 9 constituent donc les inconnues
de notre problème, sachant que bien sûr, les conditions limites doivent
intervenir dans la solution.
Le maillage étant régulier, on pose Δx = Δy = h
Rappelons que la méthode des différences finies permet de trouver une valeur approchée de la solution aux 9
nœuds, solution qui vérifie l’équation :
b) Discrétisation de l’équation
Cette étape consiste à remplacer l’EDP par une équation algébrique approchée. Plusieurs approches sont
possibles.
Approche graphique
On a déjà vu qu’on pouvait remplacer une dérivée par une équation.
Considérons la courbe ci-dessous et sa dérivée 𝜕𝜕𝜕𝜕⁄𝜕𝜕𝜕𝜕 au point
d'abscisse x. Cette dérivée correspond à la tangente à la courbe au
point d'abscisse x.
On note
On peut approximer cette tangente par la pente de la corde entre les points (xi ,ui) et (xi+1 ,ui+1).
Cette pente est égale à plus Δx est petit, et plus l'approximation est valide. Autrement dit, le terme
Cette discrétisation de la dérivée première est dite avant, ou à droite, ou progressive, ou aval,
car elle fait intervenir ui+1 à l’abscisse xi+1.
De la même façon, on peut approximer la dérivée première à l'abscisse xi par la pente de la corde entre les
points (xi ,ui) et (xi-1 ,ui-1) : quand Δx→ 0.
2
Cette discrétisation de la dérivée première est dite centrée
On peut maintenant avoir une approximation de la dérivée seconde en xi, en dérivant 2 fois par rapport à x, et
en appliquant une fois une discrétisation avant, puis une discrétisation arrière :
Approche analytique
On peut arriver au même résultat en utilisant le développement de Taylor d’une fonction au voisinage d’un
point.
3
Par ailleurs, nous rappelons que le maillage est régulier : Δx = Δy = h
Cette expression constitue donc une approximation de l’EDP écrite au nœud Ui,j . C’est une relation entre 5
nœuds qui approxime l’EDP écrite au nœud Ui,j. Calquée sur le maillage, on l’écrit sous forme graphique comme
ci-dessous où on représente les coefficients de chacun des nœuds :
On représente généralement ce système d’équations sous forme matricielle, ce qui permet de bien choisir
ensuite la méthode de résolution qui sera adoptée. Ici, la première ligne sert à bien repérer les colonnes,
sachant que l’absence d’une valeur dans la matrice carrée correspond à zéro.
4
d) Résolution du système d’équations
De la résolution du système pour un carré de 1 mètre de coté (donc h=0.25m) et avec g1 = 1 , g2 = 2, on obtient
l’image suivante de la solution :
5
b) Discrétisation de l’équation
On a exactement la même équation que précédemment ; elle peut être approximée par l’expression écrite au
nœud inconnu Ui,j
Ceci introduit une difficulté aux nœuds frontières puisque cette discrétisation de l’équation introduit à chaque
fois un nœud en dehors du domaine d’étude, qu’on appelle « nœud fictif ».
Pour éliminer les nœuds fictifs de la discrétisation, il suffit de prendre en compte la condition de flux sur la
frontière en question.
Prenons l'exemple du nœud n°1 et nommons le nœud fictif 3'.
• La discrétisation de l'équation au nœud 1 donne :
6
La mise sous forme matricielle donne :
La solution dans cet exemple est un plan entre les valeurs 1 et 2 selon Ox. Ce qui vérifie parfaitement l'équation
à résoudre (toutes les dérivées secondes sont nulles, donc leur somme est nulle) et les dérivées premières en y
sont nulles.
Il n'y a pas de difficulté particulière, il suffit de suivre la méthode en intégrant la condition de flux non homogène
au niveau de la discrétisation.
Prenons comme exemple des conditions de flux égales à f1 à la frontière supérieure et f2 à la frontière
inférieure.
b) Discrétisation de l’équation
On a exactement la même équation que précédemment ; elle peut
être approximée par l’expression
écrite au nœud inconnu ui,j
Comme auparavant, des nœuds fictifs apparaissent ; on discrétise
donc la condition de flux.
Prenons l'exemple du nœud n°1 et nommons le nœud fictif 3'.
• La discrétisation de l'équation au nœud 1 donne :
7
• La discrétisation centrée de la condition de flux au nœud 1 s'écrit :
ce qui implique que
On peut alors formaliser l’équation discrétisée sous la forme L∆(u) = g où ∆ est symboliquement le pas de
discrétisation et L∆ un opérateur algébrique.
La solution obtenue par la méthode des différences finies peut alors se noter u∆ , c’est-à-dire l’approximation
de u avec le pas de discrétisation ∆.
8
On peut étudier les erreurs au niveau des différentes étapes de ce schéma.
b) La résolution des équations obtenues est liée à la notion de stabilité de la solution. Une solution u∆ stable doit
vérifier le problème L∆(u) = g
c) La représentativité de u∆ est liée à la notion de convergence. u∆ doit être une approximation convenable de
u.
d)
3-2 La consistance
On appelle « erreur de troncature » la quantité
C’est-à-dire concrètement la différence entre le schéma discrétisé et l’équation d’origine.
L∆(u) est dit consistant si RΔ→0 quand ∆→0
L’opérateur différentiel "dérivée seconde par rapport à une variable z" peut se symboliser par
et l’équation peut alors se représenter par :
On en déduit :
9
On aboutit à :
Cette quantité tend vers 0 quand Δx et Δy tendent vers 0. Le schéma de discrétisation est donc consistant.
3-3 La stabilité
Cette notion concerne les résolutions des systèmes d’équations pour lesquels on est souvent amené à mettre
en œuvre des algorithmes itératifs. La stabilité peut se résumer à dire qu’une erreur d’arrondi (ou une
perturbation numérique) ne doit pas s’amplifier au cours des calculs. On peut imager cette notion de stabilité
avec une bille et un bol.
On retourne le bol et on pose la bille en équilibre. La moindre perturbation de la bille va entraîner
sa chute. C’est un système instable (la perturbation s’amplifie)
A contrario, on met le bol à l’endroit et la bille au fond. Une perturbation de la bille va entraîner
une oscillation de celle-ci au fond du bol, mais elle va revenir à un état d’équilibre. C’est un système
stable.
L’étude mathématique de la stabilité est assez complexe.
3-4 La convergence
Le théorème de Lax dit que s'il y a consistance et stabilité, alors il y a convergence. Autrement dit, un schéma
de discrétisation consistant et une méthode de résolution stable conduisent à une solution qui est une bonne
image de la solution recherchée.
Dans la méthode des différences finies, les discrétisations vues jusqu'à maintenant (les plus classiques) sont
consistantes. Aussi, on s'attachera à préciser uniquement les conditions de stabilité pour vérifier la
convergence.
10