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C BARRY (2016-2017)
«des manières d'agir, de penser et de sentir, extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un
pouvoir de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui » (Règles de la méthode
sociologique).
Max Weber définit la sociologie comme une « science qui se propose de comprendre par
interprétation de l'activité sociale et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses
effets» (Economie et société t.1, p.28).
De façon générale, elle est la science des phénomènes sociaux, des mécanismes qui président
à leur déroulement ou encore des comportements des individus en tant qu’acteurs sociaux.
1.5 Objet d’étude :
la société est l’objet d’étude de la sociologie, son étude nous permet d’appréhender les
phénomènes qui se déroulent en son sein.
Elle est une collectivité organisée d’individus régie par des règles et des institutions propres,
structurée par des rapports sociaux donnés et fonctionnant comme une entité plus ou moins
distincte.
C’est aussi un ensemble d’individus entre lesquels il existe des rapports organisés et des
services réciproque.
En sociologie le mot société à une signification plus large, il renvoie à l’ensemble de lien et
d’interaction.
1.6 Quelque champs thématiques :
La sociologie rurale : derrière l’imagerie traditionnelle de l’agriculture et d’une société
agraire en voie de disparition, le sociologue Henry Mendras définit à présent un profil de
paysans devenus entrepreneurs, vivant entre une identité ancestrale et un modernisme marqué
par l’agro-industrie et les O.G.M. (Organisme Génétiquement Modifié).
La sociologie urbaine : la ville est une mosaïque d’aires économiques et culturelles
intimement imbriquées ; ses problèmes sont devenus autant, selon J. Remy, le gigantisme des
villes et les très fortes concentrations humaines que la pollution ou la fluidité des
déplacements dans les hyper-centres, etc.
La sociologie du travail : après les grèves et les mouvements ouvriers de 1968 étudiés par G.
Friedmann, les sociologues du travail s’intéressent depuis 1989 aux conséquences de
l’extension planétaire du capitalisme et des nouvelles technologies sur nos itinéraires
professionnels toujours plus fragilisés...
Sociologie de la famille : caractérisée par le rétrécissement de sa structure (dénatalité, famille
monoparentale, famille recomposée, etc.), la famille est aujourd’hui appréhendée par F. de
Singly comme une négociation, un « marchandage », une interaction constante dont la
finalité est le maintien d’une réciprocité de droits et de devoirs acceptables au sein des
couples hétéro et homosexuels.
En résumé, si ces différents sociologues cherchent une explicitation à des univers sociaux
restreints, d’autres ont comme projet l’élaboration d’un paradigme globalisant. Un paradigme
est un modèle interprétatif théorique et général applicable à toutes situations sociales.
4. Quelque concepts clés de la sociologie
Fait social : objets de la sociologie pour Durkheim, les faits sociaux sont définis comme « des
manières d'agir, de penser et de sentir, extérieures à l'individu, et qui sont douées d'un pouvoir
de coercition en vertu duquel ils s'imposent à lui ». Le fait social a trois principales
caractéristiques : il est collectif, extérieur à l’individu, et contraignant pour ce dernier.
Exemples : la famille nucléaire, le mariage, etc.
La solidarité mécanique : elle correspond à une société où les individus sont semblables en
cela qu’ils partagent tous, d’une même manière et suivant une même intensité, les éléments
constituant la conscience commune. Cette société ne connaît donc ni la spécialisation des
tâches, ni, par conséquent, celle des individus. La solidarité mécanique repose sur la
similitude des éléments constitutifs de la société.
La solidarité organique : elle repose sur la différenciation des tâches et des individus qui les
accomplissent; l’existence de sous-groupes spécialisés à l’intérieur du groupe social donne
libre champ à l’individuation, c’est-à-dire à l’existence de l’individu entendu comme source
autonome de pensée et d’action. En effet, la spécialisation impose aux individus de se
particulariser, ce qui veut dire qu’ils ne partagent plus tous, les mêmes croyances et que
celles-ci ne s’imposent plus à eux avec la même intensité.
La culture : ce terme de culture, employé en premier en anthropologie, définit l’ensemble des
croyances, coutumes, manières de penser et d’agir propres à une société humaine. En bref,
l’ensemble des activités humaines. Toute société humaine particulière possède une culture.
La socialisation : La socialisation est un apprentissage. C’est le processus par lequel les
individus intériorisent les normes et les valeurs de la société dans laquelle ils évoluent.
C’est un processus interactif dans lequel on distingue, généralement, deux phases importantes:
la socialisation primaire qui commence dès la naissance et se prolonge durant l’enfance, la
socialisation secondaire qui se déroule tout au long de la vie.
II SOCIOLOGIE RURALE
Le « rural », qualifie les hommes au service de la terre, conscients de leur communauté
d’intérêt et des comportements.
Elle est une spécialité de la sociologie qui étudie l’organisation et les processus sociaux
propres au monde rural par opposition aux populations urbaines.
La sociologie rurale a été instituée au début du XIX e siècle aux Etats -Unis et elle est apparue
en France après la seconde guerre mondiale.
Pour Henri Mendras, la sociologie rurale se définit donc par son champ d’étude, les
sociétés rurales, et exige le concours de toutes les sciences sociales pour aboutir à une
intégration des divers aspects de la vie rurale. Dans cette perspective, le sociologue rural
s’attribue une double tâche: d’une part, étudier lui-même les aspects de la société qui relèvent
de sa ou de ses spécialités; d’autre part, réinterpréter et intégrer de son point de vue les
matériaux que lui fournissent les chercheurs des autres disciplines.
2.1 Les caractéristiques sociologiques de la société rurale
L’existence même de la notion de « monde rural » n’est pas une constante dans l’espace et
dans le temps. Ainsi, si les termes latins urbs et rus reflètent le contraste établi entre la ville et
la campagne dans la Rome antique, n’avaient pas d’équivalent dans la Grèce et même dans
l’Occident médiéval.
En effet, pour Mendras, ce qui fait le paysan : c’est la communauté, l’appartenance à un
groupe.
La société rurale est organisée sur la base de petits groupes restreints relativement
autonomes. L'organisation sociale est dominée par la parenté (filiation, alliance, résidence,
héritage et succession, etc.). Ce sont les relations entre la parenté qui remplissent la vie
sociale de tous les jours à savoir :
- la filiation : elle peut être patrilinéaire, matrilinéaire, unilinéaire ou bilinéaire selon les
milieux et les ethnies ; par le type de filiation, l’individu dès sa naissance est rattaché à un ou
deux groupes de parents se réclamant chacun d’un ancêtre commun ;
comme nature objectivée, dont il faut préserver et conserver les ressources et cycles naturels
en soi et pour les générations futures.
En récapitulatif, on retient trois figures de la campagne :
- espace de production : celle des agriculteurs ;
- espace résidentiel et récréatif : celle des habitants et usagers ;
- espace naturel et patrimonial : celle de la société.
2.2 Dualité sociologie rurale / sociologie urbaine
La sociologie prend pour objet la division fondamentale de l’espace physique
«socialisé», entre espace rural et espace urbain.
Ces deux univers sont associés à d’autres caractéristiques sociales, comme l’intensité et la
nature des liens sociaux. Pour Émile Durkheim, la densité est un élément important du degré
d’intégration. Le monde rural serait plus communautaire et moins soumis à des
transformations que le monde urbain. Les classes populaires rurales se distinguent des classes
populaires urbaines par certains comportements culturels, politiques, etc.
2.3 Le paradigme de la rationalité ou les représentations des groupes sociaux dans le
monde agricole
La rationalité est un mode d’organisation de l’activité qui se base, non pas sur la
tradition ou sur des caprices personnels, mais sur la connaissance de type scientifique des
solutions appropriées à chaque problème. La rationalité est le trait caractéristique des sociétés
modernes.
L’application de la rationalité en agriculture nécessite de nouveaux objectifs.
L’objectif primordial est la production des denrées agricoles non seulement pour une famille
mais pour toute la population non agricole. La rationalité exige en outre un accroissement de
la productivité et en même temps une dimension des coûts de production. L’agriculture
moderne s’oriente vers la recherche de l’efficacité optimale (la meilleure) et une meilleure
utilisation des ressources, par exemple, par zonage des productions qui tiendrait compte des
caractéristiques du sol et du climat ainsi que de plusieurs autres facteurs (proximité des
marchés, etc.).
2.4 Le monde rural : terre, habitat, homme, mentalité
La boule bleue (planète terre) porte et nourrit tant bien que mal quelques (7) milliard
d’hommes dont au moins la grande majorité vit en milieu rural et de la terre qu’ils travaillent
avec des instruments ou outillages rudimentaires : houe, hache, faucille, bref un niveau de
technologie de forces productives faibles. La terre, principal moyen de production est
considérée avant tout comme sacrée ensuite comme nourricière, il s’en suit que son travail
(terre) est le premier chronologiquement le plus utile et le plus noble socialement, sacré au
plan religieux du moins tel est le point de vue du travailleur de la terre à travers le monde
entier. Le paysan dans tous les pays du monde se conçoit et se présente comme exerçant la
première occupation qui a rendu la société humaine possible.
L’habitat rural : c’est une forme de protection de l’homme et qui se rapporte au vêtement.
Il protège l’homme contre les intempéries et aussi contre ses ennemis (animaux, groupe
d’hommes hostiles). Plusieurs déterminants jouent dans la confection de l’habitat; les
nomades et semi-nomades bâtissent un habitat précaire (hutte, tente, etc.), les sédentaires sont
obligés de songer à un habitat durable (bois, terre, fer, etc.).
Les aspects dominants du paysage rural (la forêt, la savane, les déserts…) humanisent
lentement mais inexorablement : la campagne est déjà un paysage humanisé puisqu’elle sous-
entend son contraire auquel elle renvoie, à savoir la ville notablement urbanisée. Nous avons à
ce niveau, deux types d’hommes, deux cadres de vie, deux mentalités bref deux cultures et
même deux civilisations au sens anthropologique. La vie sociale ou communautaire est
caractérisée dans ses aspects par la simplicité par rapport à la vie urbaine qui est caractérisée
plutôt par la complexité de l’écheveau de ses activités économiques et ses relations sociales
aux mille et une facettes. Le face à face, le contact direct caractérisent les rapports sociaux du
monde rural. C’est pour cette raison que les sociologues et les anthropologues qualifient ces
rapports de primaire en les opposant de ceux du monde urbain qualifiés de secondaire et
tertiaire du fait de leur caractère impersonnel et aussi à cause de nombreux intermédiaires
dont justement l’écrit, rural versus urbain, c’est l’oralité versus l’écriture.
2.5 Classes et catégories en milieu rural
Toutes les sociétés sont traversées par des différences de conditions de vie de richesse,
de pouvoir ou de prestige entre individus et entre groupes sociaux. Quelle qu’en soit l’origine,
ces écarts constituent des inégalités plus ou moins vivement ressenties par celles et ceux qui
les vivent.
La notion de classe sociale est aussi importante qu’ambiguë. Elle renvoie au groupe
social de fait, non institutionnalisé, non structuré, inorganisé, uni par un mode, des valeurs et
un sentiment d’appartenance commune. L’évolution du terme, la multiplicité des qualificatifs
qui l’accompagnent et des critères qui le définissent sont intimement liés à l’histoire politique
et sociale. Le critère le plus simple est celui du niveau des revenus : les classes déshéritées ; la
hiérarchie. Elle correspond aussi à la description de groupes qui réunissent un grand nombre
d’individus ayant une certaine homogénéité dans leur condition de vie matérielles (condition
Institut Polytechnique Rural/de Formation et de Recherche Appliquée de Katibougou (IPR/IFRA)
2
Cours de sociologie rurale par Hamadou A.C BARRY (2016-2017)
de travail, de rémunération, d’habitat) et de façon plus ou moins marquée dans leur style de
vie, leurs goûts leurs opinions et leurs croyances. Les classes connaissent une unité de vue
plus ou moins forte, une reproduction intergénérationnelle plus ou moins marquée et sont plus
ou moins différenciées voire opposées entre elles.
Pour Mendras, les classes sont des groupes réels qui peuvent manifester leur unité.
Elles ont une existence de fait et pas de droit (à la différence des castes et ordres).
À cet égard, dans notre société, la question de structure sociale apparait comme un
terme commode pour éviter les conséquences du nominalisme individualiste réduisant la
réalité sociale à une poussière dispersée de relation sociale ou de communication. Pour
désigner le terme de structure sociale, Bocar N’Diaye indique un réseau de relation sociale
existante au Mali. Cela explique le concept de structure comme une réalité sociale concrète.
Ainsi, nous pouvons définir la structure sociale comme un lien stable d’éléments dans
un système social. Les éléments fondamentaux sont les communautés sociales (classes,
nations, groupes professionnels, etc.) dont chacun à son tour possède ses éléments et ses
relations internes.
La gestion foncière est en rapport avec le système d’organisation, la terre est le facteur
de production le plus précieux. Sa gestion est assurée par le chef de terre, ce dernier, en tant
que premier responsable est chargé du partage des terres entre les différents chefs de famille.
À ce titre, il joue le rôle d’intermédiaire entre les divinités locales et les usufruitiers. Les
règles traditionnelles de gestion des terres ne confèrent pas de droit de propriété mais
d’exploitation. Selon Bocar N’Diaye, le chef de village ne perçoit aucun droit régalien lors de
l’installation d’une nouvelle famille au sein de la communauté villageoise, mais toute
nouvelle installation est subordonnée à son autorisation préalable. Il en est de même en ce qui
concerne l’attribution des terres de cultures aux nouveaux venus. La vie associative est
caractérisée par une multitude de petits regroupements constitués sur la base des affinités
entre leurs membres.
2.7.2 L’Économie rurale :
On parle ainsi de pauvreté absolue, c’est-à-dire une situation dans laquelle les
ressources économiques d’un individu sont insuffisantes pour lui permettre de satisfaire ses
besoins essentiels (se nourrir, se vêtir, se loger). La pauvreté est donc une notion relative et
normative puisqu’elle dépend de la façon dont on définit les besoins essentiels. Dans la
mesure où il n’existe pas ici de critère absolu, les différentes options renvoient nécessairement
à des jugements de valeur comme c’est le cas pour l’élaboration du seuil de pauvreté.
du coton, qui constitue l’une des deux principales ressources d’exportation avec la production
aurifère.
En milieu rural, il n’y a pas de critères absolus pour définir la pauvreté, ces critères
varient selon les communautés et le milieu. Elle concerne le groupe (famille, village,
communauté…) et non une personne isolée. Cela s’explique par le système de vie, basé sur le
collectivisme. Mais on peut retenir les points suivants :
niveau de diplôme équivalent. Il est lié aux réseaux sociaux, eux-mêmes dépendants de
ressources familiales.
2.8.2.1.4 Capital symbolique
Le capital symbolique (d’un agent, d’une institution, d’un groupe) est la valeur sociale
de celui-ci telle qu’elle est perçue par d’autres. Le capital symbolique est donc relatif à celui
ou ceux qui perçoivent et à leurs critères d’évaluation. « Se faire un nom », « être connu » ou
« reconnu », « être une autorité dans son domaine » témoignent de l’existence et des diverses
formes du capital symbolique. Celui-ci renvoie donc à ce que l’on appelle usuellement la
notoriété et le prestige.
Parler de capital symbolique met en avant la diversité des formes de notoriété et de
prestige dans les sociétés différenciées et leur caractère relatif à celui qui perçoit une réalité.
La notoriété d’un mathématicien est avant tout « interne » au monde scientifique : elle
n’accède à un espace plus large qu’avec l’obtention de distinctions scientifiques plus
médiatisées comme la « médaille d’or du CNRS », la « médaille Fields », etc. La notoriété
médiatique est une forme du capital symbolique, socialement dominante dans le monde
contemporain, en particulier dans le champ politique. Le capital politique, dans une société où
la médiatisation des luttes politiques est importante, implique de plus en plus cette forme de
capital symbolique qui est liée au capital médiatique
2.8.3 La pauvreté selon Chambers
Tout d’abord, il doit être clair que lorsque Chambers parle des « pauvres », c’est bien
dans le sens habituel de « peuple ». Le « Pauvre » est pour lui une catégorie à géométrie
variable: il n’entend ni délimiter un seuil de pauvreté, ni proposer une véritable définition de
la pauvreté. Font partie selon lui des « pauvres des campagnes » Chambers se limite en effet
au monde rural aussi bien les femmes que les habitants des villages éloignés des routes, les
simples paysans que les personnes âgées... Les pauvres, ce sont donc, dans l’acception
particulièrement extensive et floue qui est la sienne, tous les exclus, les marginalisés, les
laissés-pour-compte du développement, autant dire la très grande majorité des populations
rurales. Chambers n’entend pas par « pauvres » un quelconque « quart monde » du « tiers
monde », ou une couche particulièrement défavorisée des campagnes du Sud. I1 appelle très
exactement « pauvres » ce que bien d’autres ont dénommé « peuple ». Les pauvres, ce sont
« ceux qui sont invisibles et inconnus » (Chambers, 1990 : 48), ceux qui « ne parlent pas »
(id. : 40), les « derniers de la file », les « oubliés » (ibid.). Ces caractérisations sont toutes
négatives, mais là est justement leur force, car leur constat est irrécusable. Elles situent les
pauvres (le peuple) comme ce qui s’oppose à la visibilité et à la notoriété propres au monde
des développeurs et au monde des chercheurs, au monde des décideurs et au monde des
professeurs. Comment nier que la culture cosmopolite urbaine privilégiée, qui est celle où
évoluent les développeurs, méconnaît et ignore la plus grande partie des populations rurales
du Tiers monde ? Ce sont ces dernières, victimes de cette méconnaissance et de cette
ignorance, qui constituent le monde des pauvres selon Chambers. Certes, celui-ci tente
quelque part de proposer une impossible définition de la pauvreté comme combinaison de
«cinq préjudices » (id. : 172), comme un « tissu dans lequel se combinent et s’enchevêtrent le
manque de capitaux, l’insuffisance des flux et des réserves de nourriture et de revenus, la
faiblesse physique et la maladie, l’isolement, la vulnérabilité face aux imprévus et le manque
d’influence » (id. : 46). On pourrait assez facilement montrer que ce fourre-tout n’a pas grand
sens et ne permet pas de fonder une catégorie de « pauvreté » ayant quelque pertinence. Mais
au fond peu importe, pas plus que la définition de « pauvres » par Chambers, aucune
définition de « peuple » n’a jamais été convaincante, et c’est pourtant un mot qui, en son
vague même, est irremplaçable, car il désigne une absence : les soutiers de l’histoire sont bel
et bien absents de la scène publique. Ils sont invisibles au regard des puissants, au regard des
pouvoirs (politiques, économiques, académiques). Le projet populiste, et c’est sa force, est de
les faire monter sur la scène, de les rendre visibles, incontournables, de manifester leur
existence et leur épaisseur là même où ils sont fantomatiques dans l’espace intellectuel
comme dans l’espace culturel, l’espace politique ou l’espace économique. En ce sens le projet
populiste est irrécusable.
2.9 Organisation juridico-sociale du mali
L’organisation juridico-sociale s’applique à la fois à des phénomènes structurels,
culturels et juridiques. C’est un arrangement d’ensemble de plusieurs éléments sociaux et
juridiques dans la mesure où cet arrangement constitue une unité identifiable possédant des
caractères propres. Elle désigne le fonctionnement des unités structurelles, leur genèse, les
lois et leur apparition.
2.9.1 Le Droit coutumier :
La coutume est une habitude, une règle de conduite suivie par une société ou un
groupe social et résultant d’un usage prolongé. La coutume constitue la manière majeure de
régler les relations sociales dans une société traditionnelle, mais elle est aussi présente dans la
société moderne.
Le droit coutumier est une règle de droit, établit par l’usage dont l’autorité est
reconnue à condition de ne pas aller à l’encontre d’une loi. C’est également une loi non écrite,
mais consacrée par l’usage, la tradition établit par la coutume.
Le Diagnostic participatif est une méthode qui sert à répondre, selon le point de vue
des membres d’une communauté, aux questions suivantes: quels sont les problèmes du village
? Quelles sont les causes ? Quelles sont les conséquences ? Quelles sont les solutions
envisageables ?
Le diagnostic appliqué au milieu rural est l’opération qui vise à analyser et juger des
modes d’utilisation de l’espace rural, à un moment et à une échelle donnés, en fonction
d’objectifs de connaissance et de valorisation de cet espace.
Le diagnostic ne peut constituer une fin en soi ; en effet, il doit s’intégrer dans une
perspective plus générale de cycle de projet de développement et constitue donc une étape
préalable à toute action de développement. Il doit conduire à proposer des axes de
développement et d’intervention c’est-à-dire à la formulation d’actions précises à
entreprendre et des modalités de leur mise en œuvre.
Ainsi, le diagnostic participatif permet d’obtenir par les villageois eux-mêmes un
ensemble d’informations. A cet effet, il est important de signaler que les villageois sont des
acteurs et initiateurs, et non des objets de recherche.
- mieux faire connaître le milieu à tous les acteurs par la collecte participative d’informations ;
- amener les populations à prendre conscience des atouts et des potentialités, dont elles
disposent et des contraintes à lever pour leur développement ;
- mobiliser tous les acteurs locaux en vue de leur participation aux actions de développement
durable.
Cette méthode d’enquête a vu le jour dans les années 70-80 sous le nom de Méthode
Accélérée de Recherche Participative ou Rapid Rural Appraisal (MARP). Son évaluation a
prouvé qu’elle implique les populations de façon instrumentale basée sur la collecte des
données. L’idée de la MARP, au-delà de l’implication des paysans veut de ceux-ci des
véritables experts. Ainsi, vers les années 90 la MARPP a vu le jour impliquant les paysans
aussi bien dans la collecte des données que dans la recherche de solutions.
Pour travailler avec les paysans, il faut partir de ce qu’ils savent, de ce qu’ils peuvent,
et de ce qu’ils veulent. La MARP, processus intensif, itératif, exploratif, innovatif qui
demande beaucoup de flexibilité et rapide d’apprentissage orientée vers la connaissance des
situations rurales, vise à priori l’intégration participative de toutes les forces exogènes et
endogènes intervenant dans un terroir en vue de son développement soutenu et durable.
Elle est généralement menée par une équipe pluridisciplinaire grâce à un "panier" d’outils.
Dans le but d'éviter la recherche sur la population, les praticiens des pays africains, asiatiques,
latino-américains et autres, ont apporté des innovations pour faire de la MARP, une recherche
avec la population. Alors, la MARP fait des populations, des acteurs de développement et non
des objets d’étude. C'est ainsi que la participation des populations n'est pas instrumentale mais
plutôt effective à toutes les étapes de recherche.
Elle est participative : les populations sont associées non seulement au processus de
collecte de l’information, mais également à l’analyse ; conduire une MARP c’est faire la
recherche avec les populations et non sur les populations.
La logique de la démarche suivie dans la conduite des projets se présente comme suit :
3.2.1 Diagnostic
• Assurer la participation active de tous en répartissant les populations en tant que groupes
« socio-professionnels » sur la base des âges, sexes, centre d'intérêt, métiers ou ethnies.
• Bien choisir le lieu, le jour, l'heure, la langue, la disposition (table, natte, divan…).
3.2.2 Priorités
• Définir les problèmes prioritaires demandant une solution immédiate pour chaque groupe.
3.2.3 Analyse
• Permettre aux populations de se rendre compte qu'un problème peut avoir plusieurs causes et
qu'ils sont souvent en mesure de le résoudre en attaquant ses causes.
• Élaborent un plan d'action détaillé précisant les responsabilités, les besoins en ressources
humaines et financières, le calendrier d'exécution et les indicateurs de suivi/élaboration.
Les stagiaires et populations examinent ensemble dans une dimension de savoir si les
organisations existantes peuvent assurer l'exécution et le suivi des actions ou si la création
d'une nouvelle structure est nécessaire.
Étant la première étape à réaliser dans tout travail de développement, le diagnostic vise
cinq objectifs principaux.
3.3.1 Connaissance
Mieux connaître le milieu de vie, ses richesses, potentialités, ressources, atouts, contraintes.
Identifier, pour chaque catégorie des populations (hommes, femmes, jeunes…), les principaux
problèmes qui entravent leur développement et les causes desdits problèmes.
Identifier les problèmes prioritaires et les atouts du village ainsi que les ressources
existants ou mobilisables et les potentialités apparentes ou latentes.
3.3.4 Analyse
Analyser les problèmes décelés en vue d'une meilleure compréhension de leurs causes
et de leurs effets (conséquences).
3.3.5 Définition
Définir les causes les plus pertinentes sur lesquelles on peut agir pour attaquer le
problème à la racine.
• Commencer par une réunion élargie des populations durant laquelle le stagiaire se présente
et explique le cheminement de l'exercice, sa durée et les résultats attendus.
• Respecter les traditions et coutumes et expliquer que le but de la réunion est de déceler les
problèmes (et besoins) du village.
• Souligner que les solutions aux problèmes et la satisfaction des besoins du territoire sont
l'affaire de tout le monde : services de l'État, communes, associations, chambres
professionnelles, syndicats, entreprises, institutions de formation, coopératives, mutuelles…
• Déterminer les critères de sélection des groupes par les populations afin d'avoir des
interlocuteurs ayant des intérêts communs, rencontrant des problèmes identiques et
s'exprimant pleinement (cas de femmes, jeunes…).
• Veiller à ce que chaque membre d'une catégorie puisse avoir droit à la parole et à
l'expression libre, dans sa langue, sans être interrompu, abstraction faite de son statut social
(lettré/analphabète, fonctionnaire/salarié, civil/militaire, riche/pauvre…).
• Dessiner la carte du village, puis restituer les résultats de travail de chaque groupe en
réunion plénière. La mise en commun des éléments des différentes cartes permet d'obtenir la
carte du village (outil n°1 et 2).
• Mettre l’accent sur les préoccupations des diverses catégories et groupes socio-
professionnels et sur leurs perceptions de problèmes et des atouts du village. L’outil le mieux
indiqué est l'interview semi-structurée (outil n°3).
• Faire le transect en groupe, de préférence mixte plutôt que socioprofessionnel. Cela permet
des échanges et la compréhension des différents points de vue. Le stagiaire accompagnateur
du groupe questionne les membres du groupe à l'aide d'un guide d'entretien (outil n°4).
• Recourir à d'autres outils : profil historique (outil n°5), calendrier saisonnier et journalier
(outil n°6 et 7) et diagramme de Venn (outil n°8) pour mieux repérer les problèmes et les
atouts du village.
• Élaborer et compléter la liste des problèmes (avec quelques habitants repérés par le
stagiaire) sur la base des données fournies au cours des différentes discussions.
3.4.5 Restitution
• Organiser une réunion plénière (regroupant les différentes catégories de la population) pour
restituer les résultats du diagnostic.
N.B. : Tous les problèmes identifiés comme prioritaires par divers groupes doivent figurer sur
la liste retenue.
3.4.6 Analyse
• Analyser les problèmes prioritaires (une demi-journée) dans une plénière lors de la
restitution, l'animateur rappelle les étapes antérieures, explique les objectifs de cette nouvelle
étape et présente la liste des problèmes prioritaires à analyser en groupes mixtes.
3.4.7 Synthèse
• Présentation (par chaque groupe) des résultats de ses travaux : les arbres à problèmes et les
causes sur lesquelles on peut et on veut agir.
• Outil 4 : Transect
Le stagiaire doit sélectionner les outils à utiliser pour assurer le bon déroulement du
diagnostic en fonction du temps, des résultats recherchés et des populations concernées.
• Elle permet de structurer la connaissance que les habitants ont de leur territoire. Elle donne
une idée de la perception que la population a de son environnement et de ses
ressources.
• Les séances de dessin schématisant les frontières du village visualisé, permettent de choisir
le transect et organiser la réflexion et la discussion ultérieures lors de l'identification des
problèmes, des contraintes et des potentialités locales et afin de repérer la localisation des
différentes actions à mener.
• Pour découvrir ou comprendre une situation, l'interview semi-structurée (ISS) est indiquée.
• ISS se situe entre les causeries débats ordinaires et enquêtes classiques réalisées à l'aide
d'une fiche d'enquête et permet de mieux connaître et comprendre les activités des différents
groupes de population, l'utilisation des ressources, l'organisation des populations ainsi que les
activités des organismes intervenants dans la zone (associations, coopératives, mutuelle,
fondations…).
• Plutôt de se servir des questions préétablies, on utilise un guide qui répertorie les lignes
essentielles autour desquelles portera l'entretien. C'est un aide-mémoire succinct pour
l'enquêteur.
• Conduire une ISS est un art et un métier en même en temps. « L'expérience est le meilleur
métier ».
Démarrage
• Faire les salutations d'usage et créer une ambiance agréable, détendue, en commençant par
une conversation informelle.
• Faire la connaissance des membres du groupe : si le nombre n'est pas élevé, chacun est
invité à se présenter (nom, fonction...).
• Commencer par des questions simples et neutres afin de mettre les participants à l'aise ; par
la suite, des sujets plus complexes peuvent être abordés.
- Explorer les différentes opinions exprimées dans le groupe et les points spécifiques
qui méritent d'être approfondis. Il faut être particulièrement attentif aux réponses qui sont
fournies et qui servent de point de départ à d'autres questions.
- Terminer, avec l'aide du groupe, chaque sujet par une synthèse afin de vérifier sa
compréhension ("Si j'ai bien compris,.......... ?", "En résumé, on peut donc dire que…...").
Utiliser des phrases de transition pour introduire les nouveaux sujets.
Fin de l'interview
• Annoncer que l'interview est terminée et dire que l'on est très satisfait de la discussion ;
• Demander si les interlocuteurs ont des questions à poser ou s'ils veulent ajouter
quelque chose ;
Après les interviews avec les différents groupes, le stagiaire examine les résultats obtenus,
tire les conclusions et formule les points à retenir pour les travaux suivants.
Points d'attention
Il est bon d'utiliser avec les populations un langage simple. Il faut s'assurer que la
terminologie (technique) est traduite ou expliquée de façon compréhensible.
• C'est la prospection physique d'un territoire, en suivant un parcours bien déterminé pour
découvrir la diversité du milieu et mieux comprendre les problèmes, leurs causes et leurs
effets. La visite qui doit couvrir l'ensemble du village est effectuée avec un groupe de la
population afin de constater de visu ce qui est noté sur les cartes, relever les différences qui
apparaissent et discuter des problèmes et potentialités du village que la visite permet de mettre
à jour.
• Présenter et discuter chaque diagramme avec les habitants en plénière. Par ces
« promenades », les populations apprécient et découvrent de nouveaux aspects de leur terroir
ou activités, potentialités et sites de leur village. Le stagiaire apprend à mieux connaître son
milieu de travail.
Le calendrier d'activités permet de tracer la carte de rotation d'un groupe de population sur un
ensemble de métiers et d'activités.
Remplir un calendrier à l'aide d'un guide d'entretien permet d'obtenir beaucoup d'informations
sur les activités et la répartition du travail sur l'année. Le calendrier ne se limite pas
nécessairement à un type d’activités. On peut aussi l'utiliser pour des programmes de santé et
d'hygiène, de travaux forestiers, de pâturage et d'adduction d'eau potable.
Si le calendrier est réalisé par groupes socioprofessionnels, il fournit des données importantes
sur la répartition des travaux entre les hommes et les femmes.
Cet outil est souvent utilisé dans l'analyse du genre ou dans des études sur la charge
de travail. L'emploi du temps peut être présenté sous forme de tableau ou de graphique.
Organisation Non
Gouvernementale
Administration
Services
Techniques
CV ASACO
G.F
Conseillers
Coopérative
AV
Encadrement Service
C'est pourquoi il est important de se mettre d'accord avec la population sur le nombre
maximal de problèmes à retenir. Plus il y a de groupes socioprofessionnels, plus restreint doit
être le nombre de problèmes que chaque groupe doit retenir. Étant donné qu'il est difficile
d'attaquer tous les problèmes à la fois, il faut commencer par les ''priorités des priorités'', il
s’agit de ceux:
Ce choix n'exclut cependant pas le traitement des autres problèmes considérés prioritaires par
les populations.
Le cadre d'analyse de Harvard repose sur un ensemble d'outils qui renseignent sur les
conditions des femmes et des hommes. Ils permettent aussi d'identifier les effets
dissemblables que peuvent avoir sur eux les politiques et les programmes de développement,
en raison même de leur situation particulière. En se fondant sur ces informations, on peut
améliorer les politiques et les programmes et garantir ainsi la satisfaction des besoins propres
à chacun des deux sexes. De ce fait, les écarts entre les hommes et les femmes peuvent être
réduits, permettant ainsi d'atteindre l'objectif d'un accès équitable aux ressources et à leur
contrôle.
Il permet d'illustrer la complexité des problèmes et de les analyser. L'image de l'arbre est
utilisée pour identifier les causes et les effets. Les racines (causes) nourrissent le tronc
(problème principal) qui porte ou produit les branches et les fruits (effets ou conséquences).
Pour résoudre un problème, il faut donc ''couper les racines'', c'est-à-dire supprimer les causes.
Le schéma d'un arbre simple.
À partir des causes principales, on peut identifier des causes sous-jacentes (les ''racines''). En
procédant de la même manière pour les effets, on obtient un étage des effets secondaires (les
''branches'' de l'arbre).
Il y a plusieurs façons d'analyser un même ''problème''. Chaque ''cause'' identifiée peut
représenter un nouveau ''problème'' en soi.
L'élaboration de l'arbre est le résultat des opinions et du consensus des populations. Elle
dépend de la capacité d'analyse des participants et de l'expérience du modérateur de la séance
à manipuler l'outil.
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