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Université Chouaib Doukkali El Jadida

Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales


Département : Sciences Économiques et Gestion

Licence en Sciences de l’éducation «Enseignement Secondaire»


«Sciences Economiques et de Gestion»
Semestre 4

Module : Politiques économiques

Chapitre 3 : La politique budgétaire

Plan
1- Le budget de l’État
2- Qu’est ce qu’une politique budgétaire ?
3- Principes de la politique budgétaire
4- Instruments de la politique budgétaire
5- Objectifs de la politique budgétaire
6- Fondements théoriques de la politique budgétaire
7- Le multiplicateur keynésien
8- La politique de relance budgétaire
9- Efficacité de la politique budgétaire
10- Conditions de réussite de la politique budgétaire
11- Les limites de la politique budgétaire

Année Universitaire : 2019- 2020

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Chapitre 3 : La politique budgétaire

La politique budgétaire consiste à utiliser certains instruments budgétaires


(dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer sur
la conjoncture économique.

1- Le budget de l’État
1.1- Définition du budget de l’État
L’action de l'État peut se mesurer par l'importance de son budget. Celui-ci
comprend d'une part, l'ensemble des recettes que l'État obtient par prélèvement
sur les différents agents économiques sous formes d’impôts directs ou indirects
(impôt sur les revenus, impôt sur les bénéfices, TVA, redevances...) et d'autre
part, décrit l'ensemble des dépenses engagées par l'État que ce soit pour son
fonctionnement quotidien (paiement des fonctionnaires...) ou pour ses dépenses
d'équipement (investissement de l’État).
Par le biais de ses prélèvements, l'État opère une ponction sur les revenus
des agents économique ce qui restreint leur consommation. Par contre, par le
biais de ses dépenses, il finance l'activité économique et contribue donc à la
croissance. La différence entre recettes et dépenses de l’État détermine le solde
budgétaire. On distingue trois cas :
Si Recettes > Dépenses : Solde budgétaire excédentaire (politique restrictive de
l'État),
Si Recettes < Dépenses : Solde budgétaire déficitaire (politique expansive de
l'État),
Si Recettes = Dépenses : Solde budgétaire à l'équilibre (politique neutre de
l'État).
Le budget fait l'objet d'un suivi permanent pour s'assurer qu'il est respecté
et pour mener des actions correctives si son exécution s'écarte de ce qui était
prévu. Il peut faire l'objet de révisions (semestrielles ou trimestrielles) si les

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hypothèses de départ ont changé ou si le réalisé n'est pas conforme à la prévision
initiale.

1.2- Le déficit public


Le déficit public désigne le solde négatif (Dépenses > Recettes) du budget
de l'État, des collectivités locales et de la Sécurité Sociale. Il peut être obtenu de
deux façons :
- Un accroissement des dépenses à recettes fiscales inchangées ;
- Une diminution des impôts à dépenses publiques inchangées.
Il s'avère que le Maroc a eu historiquement, une préférence marquée pour
la première formule avec comme conséquence, un accroissement tendanciel du
poids des dépenses publiques dans le PIB. Le financement du déficit public peut
se faire par la création monétaire (risque d'inflation) ou le recours à l'emprunt
dans le pays ou à l'étranger (ce qui aggrave la dette publique).
Un déficit budgétaire n'est pas un signe de mauvaise gestion. Il peut être
dû à une action volontariste de l'État, afin de soutenir et relancer l'activité
économique par la hausse des dépenses ou la diminution des impôts.
Le déficit public 1 se mesure par le solde du budget de l'État, ainsi que, le
solde des budgets des autres administrations telles que, les collectivités locales
et les organismes de sécurité sociale.

1.3- Autres types de budgets

Le budget des entreprises : les entreprises, les institutions sont conduites elles
aussi à établir des budgets dans le cadre de leur planification. Pour une
entreprise, le budget est un outil de gestion prévisionnelle, d'aide au pilotage, de
coordination, de délégation et de communication.

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Ne pas confondre déficit public et déficit budgétaire. Ce dernier, n'est qu'une partie du déficit public (il faut
ajouter le solde des budgets de la Sécurité Sociale et des collectivités locales).

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Le budget des grands projets : les grands projets font appel à de nombreux
intervenants pour leur exécution, cela exigent bien entendu la mise en place des
budgets très détaillés pour le suivi et la réalisation avec efficacité de ces projets.

Le budget des ménages (particulier ou une famille) obéit aux mêmes principes :
c'est une description des recettes et des dépenses. On utilise parfois l'expression
de manière restrictive pour parler de la structure des dépenses de consommation
des ménages.

2- Qu’est ce qu’une politique budgétaire ?


La politique budgétaire est l’ensemble des mesures prises par l’État dans
le cadre de son budget afin de relancer ou freiner l’activité économique. A court
terme, l’État peut agir sur l’activité économique en augmentant ou en diminuant
les dépenses publiques, il peut également agir sur la fiscalité. A long terme, la
politique budgétaire peut être utilisée pour atteindre des objectifs plus
structurels, en privilégiant certaines dépenses publiques, notamment les
dépenses d’investissement en infrastructures et d’éducation, et en orientant la
fiscalité pour stimuler les activités utiles de la société (production,
investissement, recherche, etc).

3- Principes de la politique budgétaire


Le principe de base de la politique budgétaire est de stimuler l'activité
économique dans un pays. Dans les périodes de creux économique, la politique
budgétaire peux recourir à une baisse des impôts ou une augmentation de
certaines dépenses, ce qui conduit à une dégradation du solde public. À l'inverse,
dans les périodes de croissance économique élevée, la discipline budgétaire doit
permettre de réduire le déficit public, voire de constituer des excédents, qui
seront mobilisables ultérieurement.
La politique budgétaire consiste donc à agir sur le niveau de la demande
globale afin d’influencer celui de l’offre globale et sur l’emploi global. Ainsi,
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toute variation des dépenses de l’État doit se répercuter sur la production
intérieure, sur l’emploi et sur le bien être de la société. Dès lors, pour accroître
les créations d’emplois, il suffit de stimuler la production intérieure, en
augmentant les dépenses de l’État. En pratique, cela revient à accepter de la part
de l’État un déficit budgétaire. Celui-ci sera temporaire, car la création de
richesses supplémentaires permettra de le résorber rapidement par des recettes
fiscales accrues.

4- Instruments de la politique budgétaire


La politique budgétaire agit à travers deux principaux instruments, à
savoir :

Les dépenses publiques : Ces dernières comprennent, les dépenses sociales, les
dépenses d’investissements en infrastructures publiques, les aides aux
entreprises, aides à la recherche, la hausse des salaires des fonctionnaires, la
hausse de l'emploi public, etc. Ainsi en période de relance budgétaire, il s’agit
d’augmenter les dépenses de l’État, alors qu’en période de rigueur, il s’agit de
baisser les dépenses de l’État.

Les recettes publiques : ces dernières comprennent les recettes fiscales


constituées par les impôts indirects (TVA...) et les impôts directs (impôt sur le
revenu des personnes physiques, impôt sur les profits des sociétés) ; les recettes
non fiscales (revenus du patrimoine de l’État, revenus des activités industrielles
et commerciales de l’État, des rémunérations pour services rendus, ressources
diverses comme les dons et legs, etc), les emprunts, etc. Ainsi, en période de
relance budgétaire, il s’agit de baisser les impôts, alors qu’en période de rigueur,
il s’agit d’augmenter les impôts.

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5- Objectifs de la politique budgétaire
La politique budgétaire vise à :
- Réguler la conjoncture économique et rechercher les grands équilibres
macroéconomiques ;
- Relancer l'activité économique par la demande et l'investissement ;
- Freiner l'activité économique pour lutter contre les déficits et l'inflation ;
- Assurer une justice et une égalité dans la distribution des revenus entre les
classes sociales.

6- Fondements théoriques de la politique budgétaire


On distingue deux courants de pensée :

L’approche keynésienne : Dans sa théorie, Keynes a pu montrer surtout avec la


crise des années 1930, l’impact de la politique budgétaire sur le niveau de
l’activité économique d’un pays. Selon lui, l’État doit intervenir parce qu’il a
une action sur la demande globale a travers le solde de son budget. De ce faite,
la politique budgétaire a un rôle de régulation économique :
- L’État doit augmenter ses dépenses lors des périodes de ralentissement
économique, ce qui augmente le déficit budgétaire,
- En revanche, il doit diminuer ses dépenses lors des périodes de trop forte
activité.
Pour les économistes keynésiens, le déficit budgétaire peut résulter d'une
volonté des pouvoirs publics de relancer la croissance. De plus, pour ces
économistes, l'État doit jouer un rôle dans la redistribution des richesses entre
les agents économiques vu que la répartition primaire des revenus étant
inégalitaire.
Ces nouvelles fonctions de l'État se sont traduites par l'apparition du
concept "État-providence". Selon Keynes, l’action de l’État a des effets
beaucoup plus importants dans le temps par l’intermédiaire du multiplicateur
keynésien (un surplus de dépenses se traduit par un surplus de revenus ce qui se
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traduit par de nouvelles dépenses…). Selon cet auteur, l’État doit financer ses
propres besoins, c’est à dire qu’un déficit budgétaire, en relançant la croissance
va générer des recettes supplémentaires qui vont rétablir le solde budgétaire. De
ce fait, l'approche keynésienne consiste à utiliser l'État pour contrebalancer les
défaillances du marché.

L’approche Néoclassique : Les économistes néoclassiques privilégient une


intervention faible de l'État, car toute intervention de sa part dans la sphère
économique est inefficace voire préjudiciable. La régulation de l'activité doit
être laissée au marché qui a de lui-même la capacité de se réguler (la main
invisible). L’action de l'État doit se limiter à garantir le bon fonctionnement du
marché a travers la tenue de ses fonctions régaliennes (police, justice, armée) :
on parle alors d’État gendarme.
L'État doit avoir une incidence nulle sur l'activité économique, il en
résulte que son budget doit être équilibré (les dépenses doivent être égales aux
recettes). Pour eux, les déficits relèvent d'une mauvaise gestion, pire encore si ce
déficit sera financé par les moyens suivants :
- Une création monétaire qui peut créer des situations d'inflation,
- Recours à l'emprunt ce qui entraine une hausse des taux d'intérêt qui peut
déprimer l'investissement et la consommation,
- Une augmentation des impôts, qui peut freiner aussi l’investissement et la
consommation.

7- Le multiplicateur keynésien
Lorsque l’État injecte des fonds supplémentaires dans l’économie, des
répercussions en cascade se produisent, appelées effets multiplicateurs. On
appelle "multiplicateur keynésien", le mécanisme macroéconomique mis en
évidence par Keynes qui permet de compenser la faiblesse des dépenses privées
par un accroissement des dépenses publiques. En effet, une augmentation des
dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui sont pour partie
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consommés, pour partie épargnés et pour partie récupérés par les administrations
publiques sous la forme d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de ces
revenus supplémentaires qui est consommée vient nourrir la demande intérieure
adressée aux entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter leurs
investissements, leurs emplois et distribuer des revenus supplémentaires.
Le surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet
multiplicateur qui stimule l’activité économique. Les gouvernements peuvent
également soutenir l’activité en réduisant les charges fiscales et donc en
augmentant le revenu des personnes privées. Cette politique stimule l’activité
économique, mais dans une moindre proportion que la dépense publique, car
une partie de ce revenu supplémentaire est immédiatement épargnée par les
ménages et les entreprises.

8- La politique de relance budgétaire


8.1. Définition
Une politique de relance est un ensemble de mesures de politique
économique, qui s'effectue par des dépenses publiques supplémentaires et/ou de
réduction de certains impôts et donc dégradant le solde public. Une politique de
relance est décidée par le gouvernement d'un pays dans le but de provoquer une
« relance économique », c’est-à-dire une augmentation de l'activité économique
et une réduction du chômage lors des périodes de faible croissance ou de
récession.
Les politiques de relance sont l'application de la théorie keynésienne selon
laquelle le gouvernement pourrait efficacement relancer l'économie par des
dépenses publiques supplémentaires, elle permettraient de passer d'un équilibre
sous-optimal (faible demande, faible offre, chômage, sous-utilisation du capital)
à un équilibre plus satisfaisant (plein emploi, demande et offre plus forte,
croissance régulière).

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8.2. Principes d’une politique de relance budgétaire
Les partisans des politiques de relance s'appuient sur le concept de
multiplicateur keynésien de court terme. Selon cette théorie, si la demande
globale augmente dans une économie, les entreprises devront augmenter leur
production pour faire face à ce surplus de demande, cette augmentation de
production donnera lieu à une demande de travail de la part des entreprises, donc
à des embauches qui créeront à nouveau de la demande, enclenchant ainsi un
cercle vertueux. L'augmentation de l'activité augmentera également des recettes
fiscales et baissera les dépenses sociales, permettant de compenser partiellement
la hausse des dépenses de l'État.

9- Efficacité de la politique budgétaire

Du coté de la demande : Si l'État verse davantage d'argent aux ménages ou leur


en prélève moins (baisse des impôts), les ménages vont augmenter leur
consommation et la demande adressée aux entreprises sera importante ce qui va
stimuler la production et l’emploi. A travers le multiplicateur keynésien cela
stimule la croissance économique dans le pays.
Empiriquement, une hausse de revenus a d'autant d'effets positifs quand
les ménages la consacrent à la consommation plutôt qu’a l’épargne. Dans ce cas,
l’augmentation du pouvoir d'achat accélère la croissance économique. De même,
l’augmentation des dépenses d’investissement (construction d’une autoroute par
exemple) a pour effet de stimuler la croissance économique.

Du coté de l’offre : Si l'État diminue ses prélèvements sur les entreprises, leurs
octroi des aides et des subventions, la compétitivité de ces entreprises
s’améliorera et elles pourront produire à moindre coûts et donc, avec des prix
plus bas. Ce qui augmente indirectement le pouvoir d'achat des ménages et par
la suite les quantités vendus. Cela aura pour conséquences un accroissement des

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capacités de production et d’investissements ainsi que, les offres d'emplois
susceptible de réduire le chômage.

10- Conditions de réussite de la politique budgétaire


La politique budgétaire est une politique conjoncturelle visant à stimuler
la croissance économique et l’emploi dans un pays, toutefois son efficacité
dépend de plusieurs conditions :

Des capacités de production inutilisées : Face à une faiblesse ponctuelle de la


croissance, la politique budgétaire suppose la présence de capacités de
production inutilisées. Il s’agit d'une situation ou un grand nombre d'entreprises
tournaient en sous-régime. Ces entreprises peuvent très rapidement augmenter
leur production pour faire face à un surplus de demande. Si ce n'est pas le cas,
l'équilibrage du marché transite par une hausse des prix (inflation).

Confiance des entreprises et des ménages : L'augmentation des revenus ou de


l'offre de monnaie ne peut se traduire en surplus de demande que si les agents
économiques font confiance dans l'avenir. Sans cela, le surplus de revenu est
épargné par les ménages (pour faire face à une future hausse des impôts) et les
décisions d'investissement des entreprises sont retardées.

Structure de la demande : La politique budgétaire est efficace s'il y a une forte


propension à consommer et une faible propension à importer. Une augmentation
de la demande n'augmente l'activité domestique que si le surplus de demande se
porte sur des produits domestiques. Dans une économie ouverte, l'effet du
multiplicateur sera donc d'autant plus faible que le taux d'ouverture de
l'économie est grand. Dans un tel cas, la relance keynésienne par la demande
perd de son efficacité, la hausse de la demande stimulera davantage la hausse
des importations que la hausse de la production intérieure.

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La hausse des importations réduit l'efficacité des politiques de relance
nationales surtout lorsque celles-ci visent à augmenter la consommation. La
production nationale augmente alors peu.

11- Les limites de la politique budgétaire


Plusieurs effets négatifs peuvent contrecarrer, voire inverser la politique
budgétaire, à savoir :
 Un comportement partiellement ou totalement ricardien des ménages : au lieu
de consommer, les ménages épargnent ;
 Si les entreprises n'investissent pas leurs éventuels bénéfices supplémentaires
et se contentent de les distribuer à leurs propriétaires ;
 Les besoins de financement liés à l’accroissement des dépenses publiques
provoquent généralement une hausse des emprunts de l’État et celle des taux
d’intérêt. Or, cette hausse des taux décourage une partie des achats des
consommateurs financés par l’emprunt, et réduit les investissements des
entreprises.
 L’accumulation des déficits budgétaires gonfle l’encours à la dette publique et
par la même, augmente les charges futures de l’État. Or, plus un État est
endetté, plus la charge de cette dette est élevée, ce qui pèse lourdement sur le
budget de l’État.
 Dans le contexte d'une économie ouverte, si l’augmentation des dépenses
publiques stimule les achats à l’étranger parce que les capacités de production
internes ne correspondent pas à la nouvelle demande, alors la relance est
exportée : elle produit ses effets à l'étranger et non dans le pays. De plus,
lorsque les importations connaissent une croissance plus rapide que la
production nationale, l’économie subit un déséquilibre de la balance
commerciale. Il en découle une sortie de devises plus importante que les
entrées.

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