Service d’urologie
L’hématurie
Dr Amra
Dr Maiz
1- DEFINITION
1 L’hématurie est la présence de globules rouges dans les urines émises au moment de la miction. Elle constitue un
signe d'alarme majeur, imposant une enquête clinique, biologique, et radiologique, à la recherche de son étiologie
dominée par les tumeurs rénales ou de la voie excrétrice,les lithiases et les néphropathies.
2 Le saignement peut être visible à l’oeil nu et définit l’hématurie macroscopique ou n’être accessible que par
l’examen de laboratoire. Il s’agit alors une hématurie microscopique.
Le seuil de normalité est défini par la présence de 10 GR/Ch microscopique ou de 10 000 GR/ml.
Le compte des globules rouges par millilitre et par minute permet d’affiner l’information en cas de doute. Le compte
d’Addis est anormal au delà de 5000 GR/ml/mn.
2-PHYSIOPATHOLOGIE
Les hématuries micro- et macroscopiques peuvent intervenir dans deux cadres nosologiques :
● soit il s’agit d’un cadre urologique. La présence des hématies dans les urines est liée à une lésion du
parenchyme ou de l’arbre urinaire. Celle-ci conduit à l’effraction (micro- ou macroscopique) de vaisseaux
sanguins, dont le contenu va se retrouver en contact avec la lumière de la voie excrétrice urinaire
● soit il s’agit d’un cadre néphrologique. L’hématurie est liée au passage des hématies à travers une
membrane basale glomérulaire altérée. Cette physiopathologie explique l’absence de caillots lors
d’une hématurie macroscopique d’origine néphrologique, en raison de l’action fibrinolytique de
l’urokinase tubulaire ; la présence de cylindres hématiques ou d’hématies déformées sur l’analyse du
culot urinaire .
L’association fréquente à une protéinurie (≥ 0,3 g/24 h), voire à un syndrome néphrotique ou
néphritique.
3-DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
De même, chez la femme, les contaminations par les pertes génitales sont des causes d’erreur.
Donc L’examen des urines doit être renouvelé à distance des périodes de règles.
2/ En cas d’hématurie microscopique le laboratoire affirme la présence de globules rouges et écarte de ce
fait les colorations anormales alimentaires ou iatrogènes (betteraves, rifampicine, métronidazole, laxatifs
à base de phénolphtaléïne…), ainsi que les colorations brunes des urines du fait de pigments en particulier
biliaires (cholestases) et en cas de mélanurie .
3/ Le test à la bandelette colorimétrique (labstix) doit toujours être confronté aux résultats de l’examen de
laboratoire.
Le test colorimétrique détecte en effet le pigment (l’hème) grâce aux propriétés peroxydasiques de
l’hémoglobine. La sensibilité de cet examen est de 90 %, .Il sera donc positif en cas de myoglobinurie.
Quelques rares autres fausses positivités sont liées à la réaction peroxydasique utilisée : contamination du
récipient par des agents oxydants , peroxydases microbiennes au cours d'infections urinaires .
DONC
Diagnostics différentiels de l’hématurie
→ Hémorragie de voisinage
• Uretrorragie (persistance d’un saignement en dehors des mictions).
• Genitale (menstruations, metrorragies), hemospermie.
Coloration d’origine alimentaire
• Betteraves, mures, myrtilles, rhubarbe, choux rouge, colorant alimentaire : rhodamine B.
→ Origine métabolique
• Hemoglobinurie par hemolyse.
• Myoglobinurie par rhabdomyolyse.
• Urobilinurie, porphyrie.
• Intoxication : plomb, mercure.
Diagnostic rapide de
l’hematurie par les BU
4-ENQUETE ETIOLOGIQUE
Certaines hématuries s’installent dans un contexte clinique qui permet de les rattacher à une cause évidente :
• Les traumatismes de l’appareil urinaire : traumatismes externes ou iatrogènes.
• Affection hémorragique : l’hématurie étant ici l’expression urinaire d’une diathèse hémorragique ; les
hématomes sous-cutanés, les hémorragies gingivales, les hémorragies digestives… accompagnent alors
l’hématurie.
• Certaines affections médicales comme l’endocardite d’Osler où l’hématurie fait partie du tableau clinique.
• Les maladies urologiques connues : l’infection urinaire, les tumeurs de vessie, les tumeurs malignes de
prostate. L’hématurie traduit soit la récidive, soit l’évolution de la maladie.
Cas particulier des traitements anti-coagulants : ils ne sont en règle que des révélateurs d’une maladie de l’appareil
urinaire. Seuls les surdosages en anticoagulants, responsables d’hémorragies diffuses y compris en dehors de la sphère
urinaire, peuvent être tenus pour responsables isolément de l’hématurie. La règle d’explorer en cas d’hématurie sous
anti-coagulants reste le plus souvent vraie.
5-FORMES CLINIQUES
A. Hématurie associée hormis un contexte clinique évident le saignement dans les urines peut être
accompagné de signes cliniques ou de signes de laboratoire qui orientent vers une maladie d’un
segment de l’appareil urinaire.
Parmi les signes d’accompagnement, on retient :
B. Hématurie isolée lorsque le contexte clinique et l’absence de signes associés ne permettent pas
l’orientation étiologique, la démarche diagnostique vise dans un premier lieu à préciser le niveau
du saignement sur l’arbre urinaire.
6-LA CONDUITE A TENIR
Ø des antécédents familiaux, il faut rechercher une polykystose hépatorénale ou des cancers (rénaux,
prostatiques ou urothéliaux). Sur le plan néphrologique une insuffisance rénale ou une surdité
héréditaire (syndrome d’Alport).
Ø des antécédents personnels, il faut rechercher un terrain à risque particulier comme le diabète ou la
drépanocytose ; des troubles de la coagulation (épistaxis, hémorragie digestive, hématomes sous
cutanés ), des infections urinaires, des lithiases urinaires/coliques néphrétiques, des tumeurs
urologiques et éventuellement une infection ORL récente (glomérulonéphrites post-
streptococciques).
Il faut s’enquérir des traitements que prend le patient et notamment : des anticoagulants ou des
antiagrégants plaquettaires, des AINS (responsables de néphropathie).
examen clinique
Il faut rechercher un contact lombaire à la palpation évoquant une tumeur ou une polykystose.
La percussion des fosses lombaires peut mettre en évidence une douleur de colique néphrétique (par
lithiase ou caillotage de la voie excrétrice).
La recherche d’une varicocèle (signe de compression de la veine spermatique gauche ou de la veine cave)
est parfois évocatrice d’une tumeur rénale gauche.
Les touchers pelviens sont requis à la recherche d’une hypertrophie ou d’un cancer prostatique, ou d’une
masse pelvienne. L’inspection et la palpation des membres inférieurs doivent rechercher des oedèmes.
EXAMEN COMPLEMENTAIRE
Faire une numération formule sanguine et un bilan d’hémostase (TP/TCA) permet d’évaluer
l’importance du saignement (déglobulisation massive) en phase aiguë, de connaître le retentissement
en cas de chronicité (anémie inflammatoire, syndrome paranéoplasique avec anémie ou polyglobulie).
Ce dosage permet de détecter des facteurs favorisant le saignement, d’autant plus qu’il y a une notion
de traitement anticoagulant ou de prise d’antiagrégant plaquettaire.
L’évaluation de la fonction rénale par l’urée plasmatique, la créatininémie et le calcul de la clairance par
la formule de Cockcroft. Il peut en effet exister une insuffisance rénale sur une cause néphrologique ou
une cause urologique obstructive (tumeur, lithiase ou caillotage des voies excrétrices urinaires
supérieures ou rétention aiguë d’urine sur caillotage urétro-vésical).
2) Morphologiques
3) Endoscopiques
• L’urétrocystoscopie Elle devient indispensable chez le patient de plus de 50 ans et/ou
presentant des facteurs de risque de tumeurs urotheliales (tabac, exposition
professionnelle)
• L’urétéroscopie est realisee sous anesthesie au bloc operatoire et permet l’exploration du
haut appareil urinaire. Cet examen n’est realise que sur orientation specifique des
examens precedents (suspicion de tumeur ureterale) et peut s’associer a la realisation
d’une cytologie ou de biopsies.
4) Anatomopathologiques
• La cytologie urinaire est realisee sur les urines du matin, 3 jours de suite, ou lors d’un examen
endoscopique. Elle peut contribuer au diagnostic initial de tumeurs urotheliales, mais sa sensibilite est
faible, notamment pour les lesions de bas grade.
• La ponction biopsie rénale a sa place dans le bilan d’une hematurie microscopique associee a une
proteinurie glomerulaire et/ou une hypertension arterielle. Elle permet d’obtenir la confirmation
diagnostique et la caracterisation histologique de la nephropathie. Dans un contexte d’hematurie
macroscopique, elle est le plus souvent realisee a la recherche d’une maladie de Berger, apres avoir
elimine les causes urologiques.
Elle sera guidee par l’echographie apres verification du bilan d’hemostase et anesthesie locale.
L’arbre
décisionnel
merci