Le comportement irrespectueux des touristes touche aujourd'hui le monde entier. Selon l'experte
Freya Higgins-Desbiolles (Université d'Australie-Méridionale), l'industrie du tourisme est en grande
partie responsable.
Le tourisme est devenu l'illusion du plaisir débridé. Le temple de Nanzo-in au Japon est célèbre
pour sa gigantesque statue d'un bouddha couché. Les gardiens des lieux ont de plus en plus de mal à
éviter que des hordes de touristes ne débarquent pour l'admirer. Ils ont d'ailleurs investi dans des
panneaux traduits en douze langues qui rappellent que les grands groupes ne sont pas admis sur le
site.
Les visiteurs venus de l'étranger et leurs mauvaises manières ne sont plus vraiment les bienvenus,
on parle même d'un sentiment "anti-touristes". Et ce malaise ne touche pas uniquement le Japon, de
nombreux pays regardent maintenant les touristes d'un mauvais oeil.
À Amsterdam, par exemple, la municipalité a décidé d'interdire les locations d'appartements (type
Airbnb) de plus de 30 jours, et de limiter le nombre de magasins de souvenirs.
Des nombreuses régions du monde ont beaucoup à gagner grâce au tourisme. Mais il leur faut aussi
faire face à la pression engendrée par l'augmentation massive des visiteurs. La population locale ne
se sent plus chez elle parmi les restaurants bondés et les parcs surpeuplés, les prix augmentent, et,
pire que tout, le respect manque souvent à l'appel.
Les visiteurs mal élevés se font remarquer, que ce soit par leur comportement inapproprié ou leur
ignorance des différences culturelles. Cette tendance néfaste est le nouveau défi de l'industrie
touristique. Dans les haut-lieux du tourisme, comme Venise par exemple, les locaux en ont marre, et
le font entendre. À Barcelone, les activistes nationalistes de gauche ont pris les choses en main :
leurs graffitis décorent maintenant la ville de "Migrants bienvenus, touristes rentrez chez vous". A
Barcelone, l'afflux massif de touristes conduit à des manifestations de plus en plus fréquentes de
"tourismophobie",
Si rien n'est fait dans les mois et années à venir pour calmer ce ras-le-bol, celui-ci risque de se
généraliser, avec pour conséquence dramatique que le tourisme ne sera plus un pont entre les
cultures, créateur de belles amitiés, mais plutôt un mur de stéréotypes, nourrit par la haine de l'autre.