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ÉCOLE NATIONALE VETERINAIRE D’ALFORT

Année 2007

NOTE D’ETAT CORPOREL

ET

REPRODUCTION CHEZ LA VACHE LAITIERE

THESE

Pour le

DOCTORAT VETERINAIRE

Présentée et soutenue publiquement devant

LA FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL


le……………
par

Pierre FROMENT
Né le 3 Mars 1982 à Reims (Marne)

JURY

Président : M.
Professeur à la Faculté de Médecine de CRETEIL

Membres
Directeur : Dr Sylvie CHASTANT-MAILLARD
Maître de conférences à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
Assesseur : Pr Bénédicte GRIMARD
Professeur à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort
LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Directeur : M. le Professeur COTARD Jean-Pierre
Directeurs honoraires : MM. les Professeurs MORAILLON Robert, PARODI André-Laurent, PILET Charles, TOMA Bernard
Professeurs honoraires: MM. BUSSIERAS Jean, CERF Olivier, LE BARS Henri, MILHAUD Guy, ROZIER Jacques

DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PHARMACEUTIQUES (DSBP)


Chef du département : M. BOULOUIS Henri-Jean, Professeur - Adjoint : M. DEGUEURCE Christophe, Professeur
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Mlle ROBERT Céline, Maître de conférences Mme BERNEX Florence, Maître de conférences
M. CHATEAU Henri, Maître de conférences Mme CORDONNIER-LEFORT Nathalie, Maître de conférences

-UNITE DE PATHOLOGIE GENERALE , MICROBIOLOGIE, - UNITE DE VIROLOGIE


IMMUNOLOGIE M. ELOIT Marc, Professeur *
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-DISCIPLINE : PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET
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Chef du département : M. FAYOLLE Pascal, Professeur - Adjoint : M. POUCHELON Jean-Louis , Professeur
- UNITE DE MEDECINE - UNITE DE PATHOLOGIE CHIRURGICALE
M. POUCHELON Jean-Louis, Professeur* M. FAYOLLE Pascal, Professeur *
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(rattachée au DPASP) - UNITE DE PARASITOLOGIE ET MALADIES PARASITAIRES
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DPASP)
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DPASP) M. PARAGON Bernard, Professeur *
M. GRANDJEAN Dominique, Professeur
DEPARTEMENT DES PRODUCTIONS ANIMALES ET DE LA SANTE PUBLIQUE (DPASP)
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- DISCIPLINE : BIOSTATISTIQUES M. MAILLARD Renaud, Maître de conférences
M. SANAA Moez, Maître de conférences M. ADJOU Karim, Maître de conférences

Mme CALAGUE, Professeur d’Education Physique * Responsable de l’Unité AERC : Assistant d’Enseignement et de Recherche Contractuel
REMERCIEMENTS

Je commencerai avant tout par une pensée à Bénédicte Grimard, initiatrice de cet
ouvrage à qui nous souhaitons beaucoup de courage pour affronter les nouvelles
difficultés du quotidien qu’a imposées cet accident. Que sa volonté et son
dynamisme légendaires restent toujours à son service. Nous souhaitons tous la
revoir parmi nous si disponible pour les élèves et pour la science.

A Monsieur le Professeur
De la Faculté de Médecine de Créteil,
Pour avoir accepté la présidence du Jury,
Hommage respectueux.

A Madame le Docteur Sylvie Chastant-Maillard,


Directrice de ma thèse,
Pour sa disponibilité, sa bonne humeur, son optimisme, sa proximité envers les élèves,
Merci pour la motivation qu’elle nous transmet.

A Madame le Professeur Bénédicte Grimard,


Assesseur de ma thèse,
Pour m’avoir fait démarrer cet ouvrage et avoir compris mes idées,
Je regretterai longtemps que vous n’en ayiez vu l’aboutissement.
A mes Parents,
Ma Mère, tout d’abord pour sa rigueur scientifique et son dévouement à la médecine,
Mon Père, qui m’a fait prendre goût à la nature et à l’agriculture.
Pour ne décevoir ni l’un ni l’autre, j’ai mélangé l’ensemble, il en ressort un vétérinaire
rural.
Merci à eux de travailler si dur pour que leurs trois enfants puissent en faire autant.

A mes deux Grands-Pères défunts,


Leur accompagnement tout au long de leur vie, trop courte, m’a baigné dans un bain
rural, au contact de la nature et de ses secrets, au contact des animaux et surtout dans
ma campagne qui m’est si chère.

A mes deux Grands-Mères,


Pour avoir toujours suivi attentivement les périples de la vie étudiante de leurs petits-
enfants,
Pour leur gentillesse et leur amour.

A mes deux sœurs,


Que nous puissions toujours nous retrouver à HERPY…

A ma famille,
Si soudée (autour des Ardennes et de la chasse !!!),
Que les retrouvailles soient toujours aussi agréables.

A Aurélie,
Qui garde toujours le sourire, la bonne humeur, la positivité,
Continuons ainsi, il y a tant de choses à faire.
Tout mon amour.

A Aymeric,
Mon "colloc" depuis bientôt 15 ans…
Il n’existe pas de plus belle histoire d’amitié,
Pourvu que ça dure !!!
A mes amis Ardennais,
Fiers de l’être et de vouloir le rester…
Shopi mon plus vieil ami, toujours dans les bons coups.
Que notre campagne continue de nous offrir tant d’occasions de nous y retrouver, de
partager nos passions et de passer de si bons moments.

A mes amis vétérinaires,


Sans qui la vie étudiante n’aurait pas été si mémorable et rendue agréable
Pourvu que la vie active le soit autant.

A Emmanuel, dit ko,


La motivation réciproque nous a conforté dans notre orientation,
Tenons bon et servons la campagne.

A mes amis de lycée,


Il n’a pas été évident de garder le contact,
Continuons ainsi, il ne reste que les meilleurs.

A mes maîtres de stage, de Saint Désiré, de Brunehamel, de la scp des Forges et surtout
à Marc Ennuyer pour la motivation et les nouvelles perspectives de travail qu’il m’a
apporté à chaque passage à Mailly-maillet en plus de toutes ses connaissances.

A Mme Elisabeth Grison, Virgine Willaime, Marie-Christine Romary


Bibliothécaires passionnées,
Dévouées pour que leurs petits étudiants parviennent à leur fins.
NOTE D’ETAT CORPOREL ET REPRODUCTION
CHEZ LA VACHE LAITIERE

NOM et Prénom : FROMENT Pierre

Résumé :
La notation de l’état corporel s’est développée ces trente dernières années. Elle s’est avérée
un outil fiable et simple d’utilisation pour évaluer les réserves énergétiques et adipeuses
d’un animal. Son utilisation s’est surtout développée en élevage laitier. En effet, compte
tenu de la dégradation des performances de reproduction, l’approche collective des facteurs
d’élevage est rendue nécessaire. L’étude des variations de la note d’état corporel s’avère un
excellent estimateur de la conduite nutritionnelle du troupeau et, bien plus encore, la perte
d’état corporel en post-partum est le reflet du déficit énergétique inhérent à tout début de
lactation. Des objectifs ont été fixés quant aux variations normales de la note d’état
corporel et quant à la note d’état corporel à certains moments clés du cycle de production.
Le respect de ces objectifs limite les effets d’une mobilisation trop importante des réserves
corporelles au cours du post-partum ou ceux d’un état d’engraissement extrême sur la
reprise de cyclicité, les paramètres de fertilité et de fécondité ainsi que sur les évènements
post-partum conditionnant la réussite de la mise à la reproduction suivante : mise bas,
délivrance ou métrites.

Mots clés :
- note d’état corporel - performance de reproduction - rétention placentaire
- déficit énergétique - cyclicité - métrite
- fertilité/fécondité - mise bas - vache laitière

Jury :
Président : Pr
Directeur : Dr Sylvie CHASTANT-MAILLARD
Assesseur : Pr Bénédicte GRIMARD

Adresse de l’auteur : M. FROMENT Pierre


4 rue du mont
08360 Herpy l’arlésienne
BODY CONDITION SCORE AND REPRODUCTION IN
DAIRY COWS

SURNAME : FROMENT
Given name : Pierre

Summary :
Body condition scoring has been developped during the last thirty years. It proved to be a
reliable and easy-to-use tool to estimate energetic and adipose reserve in an animal,
especially in dairy cattle. Actually, given the degradation of the reproductive performance,
collective approach of breeding parameters became necessary. Studing the variation of body
condition score is an excellent assesment tool for nutritionnal management and, more over,
body condition score change after calving is reflecting negative energy balance that
caracterise every beginning of lactation. Objectives have been fixed both for normal variation
of body condition score during early lactation and for body condition score at key moments
of production cycle. Respecting these goals limits the effect of a too important adipose
reserves mobilisation after calving or the effects of an extreme body condition score on
cyclicity, fertility parameters and on the events after calving conditionning next reproduction
success : calving, retained placenta and metritis.

Keywords :
- body condition score - reproduction performance - retention of foetal membranes
- negative energy balance -cyclicity - metritis
- fertility - calving - dairy cow

Jury :
President : Pr
Director : Dr Sylvie CHASTANT-MAILLARD
Assessor : Pr Bénédicte GRIMARD

Author’s address : Mr FROMENT Pierre


4 rue du mont
08360 Herpy l’arlésienne
TABLE DES MATIERES

LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................................... 5


LISTE DES FIGURES............................................................................................................... 7
INTRODUCTION...................................................................................................................... 9

PREMIERE PARTIE : METHODE DE NOTATION DE L’ETAT CORPOREL......... 11


I. CRITERES DE NOTATION DE L’ETAT CORPOREL .................................... 13
A. TABLES DE REFERENCE.................................................................................. 13
1) Historique ............................................................................................................. 13
2) Multiplicité des références ................................................................................... 15
a) Echelles de notation ......................................................................................... 15
b) Graduation des échelles.................................................................................... 19
c) Relation entre les différentes échelles .............................................................. 19
3) Correspondance avec la race ................................................................................ 19
4) Repères anatomiques............................................................................................ 22
a) Uniformité des repères ..................................................................................... 22
b) Variabilité des méthodes ................................................................................. 22
c) La méthode française ....................................................................................... 22
i) Les maniements, base de la notation............................................................ 22
ii) La note arrière .............................................................................................. 23
iii) La note de flanc ........................................................................................ 23
iv) La note globale ......................................................................................... 24
B. QUALITE DE LA NOTATION............................................................................ 24
1) Reproductibilité et répétabilité ............................................................................. 24
2) Commodité ........................................................................................................... 24
3) Rapidité ................................................................................................................ 25
4) Coût ...................................................................................................................... 25
C. EXECUTION DE LA NOTATION...................................................................... 25
1) Moments............................................................................................................... 25
2) Suivi ..................................................................................................................... 25
3) Points forts/points faibles ..................................................................................... 26

1
II. CORRELATION ENTRE NOTE D’ETAT ET D’AUTRES
PARAMETRES DE LA VACHE .................................................................................... 27
A. LE POIDS VIF ....................................................................................................... 27
1) Estimation du poids d’une vache ......................................................................... 27
2) Relation avec la note d’état .................................................................................. 27
B. RESERVES ENERGETIQUES............................................................................ 29
C. BILAN ENERGETIQUE ...................................................................................... 30
1) Evolution du bilan énergétique ............................................................................ 30
2) Appréciation par l’évolution de la note d’état corporel ....................................... 32
a) D’un point de vue individuel............................................................................ 32
b) La note d’état reflète aussi le statut nutritionnel du troupeau .......................... 32
III. VARIATIONS NORMALES DE LA NOTE D’ETAT CORPOREL .................. 33
A. FACTEURS DE VARIATION LIE A L’ANIMAL ............................................ 33
1) Race...................................................................................................................... 33
2) Numéro de lactation ............................................................................................. 33
3) Génétique ............................................................................................................. 34
4) Saison de vêlage ................................................................................................... 35
5) Cas particulier de la génisse ................................................................................. 36
a) Jusqu’à la puberté............................................................................................. 36
b) Après la puberté ............................................................................................... 36
c) Conséquences sur la note d’état corporel......................................................... 37
d) Pendant la première année................................................................................ 37
e) Jusqu’au vêlage ................................................................................................ 37
B. VARIATIONS EN FONCTION DU STADE PHYSIOLOGIQUE................... 38
1) Note d’état corporel au tarissement...................................................................... 38
2) Note d’état au vêlage............................................................................................ 39
a) Recommandations usuelles .............................................................................. 39
b) Application à différents systèmes d’élevage.................................................... 39
3) Perte d’état au cours du post-partum.................................................................... 40
a) Appétit des vaches............................................................................................ 40
b) Evolution de la proportion de vaches grasses/vaches maigres......................... 42
c) Objectifs d’évolution de l’état corporel au cours du post-partum.................... 43

2
C. PRODUCTION LAITIERE .................................................................................. 45
1) Niveau de production ........................................................................................... 45
2) Note d’état et taux et matières utiles du lait ......................................................... 46
3) Gestion de la production laitière .......................................................................... 46

DEUXIEME PARTIE : RELATION ENTRE NOTE D’ETAT ET REPRODUCTION49


I. INFLUENCE DE LA NOTE D’ETAT SUR LA REPRISE DE
CYCLICITE EN POST-PARTUM ................................................................................. 51
A. REPRISE D’ACTIVITE SEXUELLE EN POST-PARTUM ............................ 51
1) Rétablissement de l’activité hormonale ............................................................... 51
2) Rétablissement de l’activité ovarienne : notions de vagues folliculaires............. 52
3) La lutéolyse .......................................................................................................... 54
4) Profils de progestérone......................................................................................... 56
B. LES ANOMALIES DE REPRISE DE CYCLICITE.......................................... 57
1) Reprise d’activité différée .................................................................................... 58
2) Cessation d’activité après une première ovulation............................................... 59
3) Phase lutéale prolongée........................................................................................ 59
4) Phase lutéale courte.............................................................................................. 60
5) Profils irréguliers.................................................................................................. 60
6) Kystes ................................................................................................................... 60
a) Définition ......................................................................................................... 60
b) Effet de l’alimentation...................................................................................... 61
c) Physiopathogénie ............................................................................................. 61
C. NOTE D’ETAT CORPOREL ET PROFILS DE CYCLICITE........................ 62
1) Chez les génisses.................................................................................................. 62
2) Chez les multipares .............................................................................................. 62
3) Aspect physiopathologique .................................................................................. 65
D. NOTE D’ETAT CORPOREL ET ŒSTRUS....................................................... 68
1) L’expression des chaleurs .................................................................................... 68
a) Détecter : une étape cruciale pour l’éleveur.................................................... 68
b) Exprimer : collaboration de la vache ?............................................................. 69
c) Recommandations pour l’éleveur..................................................................... 70
2) Influence de la cyclicité........................................................................................ 71
3) Relation note d’état/détection/expression des chaleurs ? ..................................... 73

3
4) Aspect physiopathologique .................................................................................. 75
II. NOTE D’ETAT CORPOREL ET FERTILITE/FECONDITE............................ 77
A. MESURE DES PARAMETRES DE FERTILITE/FECONDITE..................... 77
1) Définitions............................................................................................................ 77
2) Paramètres de fertilité/fécondité........................................................................... 78
3) Objectifs de reproduction ..................................................................................... 80
4) Modulation des objectifs en fonction de la conduite d’élevage choisie............... 81
B. IMPACT DE LA NOTE D’ETAT CORPOREL SUR CES VARIABLES ...... 82
1) Relation entre la note d’état à un instant précis et fertilité/fécondité................... 82
a) Note d’état corporel au vêlage ......................................................................... 82
b) Note d’état corporel à la première IA............................................................... 83
2) Relation entre la perte d’état en post-partum et fertilité/fécondité....................... 85
3) Relation entre note d’état corporel et mortalité embryonnaire............................. 88
a) Définition ......................................................................................................... 88
b) Variation du taux de gestation et de mortalité embryonnaire .......................... 90
i) Non-fécondation, mortalité embryonnaire précoce...................................... 90
ii) Mortalité embryonnaire tardive.................................................................... 90
C. PHYSIOPATHOLOGIE ....................................................................................... 91
1) Importance du déficit énergétique........................................................................ 91
2) Conséquences des anomalies de cyclicité ........................................................... 92
D. NOTE D’ETAT CORPOREL ET AVORTEMENT .......................................... 93
III. NOTE D’ETAT CORPOREL, VELAGE ET POST-PARTUM ......................... 95
A. MISE BAS............................................................................................................... 95
1) Déterminisme de la mise bas................................................................................ 95
2) Mise bas dystocique ............................................................................................. 98
3) Relation note d’état corporel et dystocie.............................................................. 99
B. RETENTION PLACENTAIRE............................................................................ 99
C. METRITES........................................................................................................... 101
1) Métrite puerpérale aiguë..................................................................................... 101
2) Métrite chronique ............................................................................................... 102
CONCLUSION ...................................................................................................................... 105
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 107

4
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Points forts/points faibles de la notation de l’état corporel.................................. 26


Tableau 2 : Corrélation génotypique et phénotypique de la perte d’état corporel au
cours des dix premières semaines de lactation avec la note d’état au vêlage
et la note d’état en post-partum [19]. .............................................................................. 35
Tableau 3 : Objectifs de notes d’état corporel au cours de la croissance de la
génisse laitière [12]. ........................................................................................................ 37
Tableau 4 : Recommandations pour la note d’état au tarissement.......................................... 38
Tableau 5 : Recommandations pour la note d’état corporel au vêlage ................................... 39
Tableau 6 : Objectifs d’état corporel au vêlage en fonction des systèmes d’élevage
[21]. ................................................................................................................................. 40
Tableau 7 : Recommandations pour les pertes d’état corporel en postpartum........................ 44
Tableau 8 : Recommandations sur le niveau azoté en fonction des objectifs
d’élevage [21].................................................................................................................. 47
Tableau 9 : Bilan de la reprise d’activité sexuelle en post-partum (pp). D’après
[35]. ................................................................................................................................. 54
Tableau 10 : Fréquence des anomalies de reprise d’activité sexuelle après vêlage
chez la vache laitière. ...................................................................................................... 57
Tableau 11 : Comparaison des caractéristiques zootechniques et métaboliques de
vaches laitières selon leur profil de cyclicité post-partum [22]. ..................................... 64
Tableau 12 : Intervalle vêlage-première chaleur. D’après [41]. ............................................. 68
Tableau 13 : Grille de pointage pour la détection visuelle des chaleurs [88]. ........................ 70
Tableau 14 : Pourcentage de chaleurs détectées selon le profil de cyclicité.......................... 72
Tableau 15 : Note d’état corporel et reprise d’activité sexuelle d’après [76]. ........................ 74
Tableau 16 : Définition des variables intéressant la fertilité et la fécondité chez la
vache laitière. .................................................................................................................. 79
Tableau 17 : Objectifs standards pour la reproduction des vaches laitières d’après
[98]. ................................................................................................................................. 80
Tableau 18 : Objectif pour la reproduction des vaches laitières d’après le kit
fécondité de la SNGTV [35]. .......................................................................................... 81
Tableau 19 : Objectifs de reproduction adaptés aux trois principaux systèmes
d’élevage [21].................................................................................................................. 82

5
Tableau 20 : Bilan de la relation note d’état corporel/paramètres de reproduction ................ 84
Tableau 21 : Significativité de la relation perte de note d’état corporel/paramètres
de reproduction selon les études...................................................................................... 86
Tableau 22 : Protocole de suivi de gestation à partir des résultats de dosages
hormonaux et de diagnostics de gestation [77]. .............................................................. 89
Tableau 23 : Cyclicité anormale au cours du premier cycle et cycles suivants [91]............... 93

6
LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Grille de notation de l’état corporel selon Edmonson et al. [27] ........................... 14
Figure 2 : Grille de notation de l’état corporel selon l’ITEB [6]. ........................................... 16
Figure 3 : Grilles d’évaluation simplifiées de l’état corporel [30, 44, 67]. ............................. 18
Figure 4 : Grille de notation de l’état d’engraissement des vaches Montbéliardes
d’après [7]. ...................................................................................................................... 20
Figure 5 : Localisation des maniements selon Cesbron, cité par Bazin [6]. ........................... 23
Figure 6 : Correspondance poids vif/périmètre thoracique d’après [62] ................................ 28
Figure 7 : Évolution comparée de l'appétit et des besoins autour du vêlage [28]. .................. 30
Figure 8 : Modalités et contrôle hormonal de la mobilisation des réserves
énergétiques en début de lactation [34]........................................................................... 31
Figure 9 : Evolution de la note d’état corporel en fonction du numéro de lactation
[100]. ............................................................................................................................... 34
Figure 10 : Estimation de l’héritabilité de l’état corporel en fonction du stade de
lactation [81]. .................................................................................................................. 34
Figure 11 : Relation entre état corporel au vêlage et perte d’état en début de
lactation. D’après [67]..................................................................................................... 42
Figure 12 : Fréquence des vaches maigres/vaches grasses au cours du post-partum
[25]. ................................................................................................................................. 43
Figure 13 : Evolution de l’état corporel à l’échelle individuelle ou de troupeau et
objectifs [28]. .................................................................................................................. 44
Figure 14 : Evolution de la note d’état corporel en fonction du niveau de
production [78]................................................................................................................ 46
Figure 15 : Reprise du développement folliculaire chez la vache laitière en post-
partum [35]...................................................................................................................... 53
Figure 16 : Les vagues folliculaires chez la vache [16] .......................................................... 53
Figure 17 : Déterminisme de la lutéolyse chez les ruminants. D’après [39] .......................... 56
Figure 18 : Profil de progestérone normal, avec chaleurs régulières [91]. ............................. 56
Figure 19 : Profil de progestérone lors d’absence d’activité ovarienne entre 30 et
50 jours [91]. ................................................................................................................... 58

7
Figure 20 : Profils de progestérone correspondant à une interruption de cyclicité
[41]. ................................................................................................................................. 59
Figure 21 : Profils de progestérone correspondant à une phase lutéale prolongée
[91]. ................................................................................................................................. 59
Figure 22 : Profil de progestérone correspondant à une phase lutéale courte [91]. ................ 60
Figure 23 : Influence de l’état corporel au vêlage sur la leptinémie des vaches
avant et après vêlage [36]................................................................................................ 66
Figure 24 : Efficacité de la détection des chaleurs entre 50 et 90 jours post-partum
en fonction des profils d’activité cyclique [21]............................................................... 72
Figure 25 : Notions de fertilité et de fécondité en élevage bovin laitier [89]. ........................ 78
Figure 26 : Relation entre note d’état corporel au vêlage et principaux paramètres
de reproduction [29]. ....................................................................................................... 83
Figure 27 : Relation entre la perte d’état corporel 2 mois après vêlage et les
performances de reproduction [28]. ................................................................................ 87
Figure 28 : Relation entre la perte d’état corporel 2 mois après vêlage et les
performances de reproduction [32]. ................................................................................ 88
Figure 29 : Déterminisme de la mise-bas chez les ruminants [4]. .......................................... 97
Figure 30 : Démarche diagnostique lors de non-délivrances et/ou métrites en
élevage [3]. .................................................................................................................... 100

8
INTRODUCTION

La sélection génétique des trois dernières dizaines d’années a considérablement augmenté le


potentiel de production des animaux, transformant les vaches laitières en de formidables
machine à produire. Mais comme toute machine, elles demandent de l’entretien. Le moteur de la
production laitière est assurément l’alimentation, la composition du lait et la quantité produite
étant étroitement liées à ce qui est offert à la machine à transformer. De nombreux éléments
viennent ensuite prendre part à cet édifice : le patrimoine génétique, la conduite d’élevage, le
logement, la maîtrise sanitaire, sont autant de facteurs apportant leur contribution à une
production optimale. Néanmoins, tous ces éléments sont articulés par la reproduction. C’est
l’évènement majeur, le démarreur de la machine, sans lequel la vache ne peut donner naissance à
son veau et par là même ne peut initier sa lactation.

Mais ce fonctionnement est fragile. Il existe des corrélations négatives entre production et
reproduction et on assiste depuis quelques temps à une chute des paramètres de fertilité et de
fécondité [58], et ce malgré l’amélioration des connaissances concernant le déroulement du
cycle œstral, des moyens de maîtrise thérapeutique (protocoles de synchronisation des chaleurs
par exemple) et des progrès zootechniques nombreux (maîtrise de la nutrition/alimentation). Ce
constat est une donnée rencontrée dans de nombreuses études, en particulier en race
Prim’Holstein, que les auteurs soient anglais [80], irlandais [85], américains [63], français ou
belges [72].

La réussite de la reproduction est une suite d’évènements emboîtés. La vache doit être cyclée,
exprimer des chaleurs, être détectée, inséminée au bon moment, produire un ovocyte fécondable,
l’utérus doit pouvoir accueillir l’embryon, lui permettre de s’implanter et de survivre durant
toute la gestation [21].

Les origines probables d’échec sont régulièrement expliquées par la difficulté de maîtrise du
post-partum. Cette période est à risque pour la vache qui voit sa production laitière croître
chaque jour et de la même façon ses besoins énergétiques alors que d’une part l’alimentation,
aussi bien gérée soit-elle, ne peut subvenir à ces besoins et que d’autre part, cette période
correspond à celle de la mise à la reproduction.

9
De nombreuses études traitent alors du déficit énergétique, de son impact sur la reproduction et
des mécanismes reliant les deux. Il est alors apparut utile d’appréhender le déficit de façon
concrète. La note d’état corporel s’avère un outil utile fiable et offert à tous pour juger du statut
nutritionnel d’un animal. Nous étudierons donc dans une première partie la technique de notation
de l’état corporel, les relations qui existent avec les paramètres de l’animal et les variations
normales au cours du cycle reproductif. Dans une seconde partie, nous étudierons les relations
existant ou non entre cette note et les paramètres de reproduction.

10
PREMIERE PARTIE : METHODE DE NOTATION DE
L’ETAT CORPOREL

La notation de l’état corporel s’est développée au cours des trente dernières années pour fournir
aux éleveurs et aux partenaires de l’élevage un outil pratique d’usage et fiable, permettant
d’estimer les réserves énergétiques. Cet indicateur du bilan énergétique est utilisé non seulement
pour le suivi d’élevage et l’évaluation de la conduite nutritionnelle du troupeau mais aussi dans
de nombreuses enquêtes pour évaluer ses relations aussi bien avec les paramètres de production
qu’avec les paramètres de reproduction. Mais l’attribution d’une telle note nécessitait de mettre
en place des critères les plus objectifs possibles. Plusieurs grilles se sont développées selon les
pays ou selon les races. La correspondance entre chacune d’elles est assez facile puisque les
repères anatomiques étudiés pour l’attribution de la note sont assez uniformes. Il est donc
intéressant de présenter dans un premier temps les repères étudiés pour l’attribution de la note
afin, dans un second temps, de mettre en évidence les relations existantes entre cette note et les
réserves énergétiques de l’animal puis, enfin, d’étudier les variations qui accompagnent l’état
d’engraissement au cours du cycle de production.

11
12
I. CRITERES DE NOTATION DE L’ETAT CORPOREL

A. TABLES DE REFERENCE

1) Historique
Jusque dans les années 1970, aucun moyen simple d’évaluation des réserves énergétiques n’était
disponible [84]. Un premier système de notation de l’état corporel a initialement été développé
par Jefferis en 1961, pour les brebis [53]. Il s’agissait d’évaluer l’état d’engraissement de celles-
ci par palpation des épines dorsales, des processus transverses des vertèbres lombaires. La
notation s’effectuait sur une échelle de 0 à 5 , 0 étant la limite viable et 5 étant attribué à un
animal très gras [27].

Ce système a été adapté pour la notation des vaches à viande par Lowman et al. en 1976, cité par
Edmonson [27]. Ceux-ci ont ajouté à la première échelle un système à demi point étalant la
notation sur 11 points mais aussi la palpation de l’attache de queue [27, 86].

Dans le même temps, Mulvany, cité par Edmonson [27], a de nouveau modifié cette échelle pour
l’adapter aux vaches laitières. Il a introduit la notion de note globale, résultante de la note de
l’attache de queue et de la note « lombaire » [27].

La pratique de notation de l’état corporel se répand à travers le monde : une échelle à 8 points se
développe en Australie [26] ; puis une échelle à 10 points en Nouvelle-Zélande et aussi une
échelle à 5 points en Irlande [84].

Aux Etats-Unis, différentes études [27, 101] ont été proposées pour valider des systèmes de
notation de l’état d’engraissement des bovins. L’échelle utilisée, proposée par Edmonson et al.,
s’étale de la note 1 à 5. Elle est présentée par la figure 1.

13
Figure 1 : Grille de notation de l’état corporel selon Edmonson et al. [27] .

14
En France, c’est l’Institut Technique de l’Elevage Bovin (ITEB) qui publie en 1984 une
brochure rédigée par S. Bazin visant à homogénéiser et rendre comparables les notes
d’engraissement en France. Des « notes de gras » étaient alors attribuées depuis longtemps en
France tant sur les carcasses que sur les animaux vivants et servaient de référence, en même
temps que des notes de conformation, aux acteurs de l’amélioration génétique, des contrôles de
performance, et de qualité des carcasses [6]. L’idée d’une notation d’état
d’engraissement comme critère zootechnique global est ensuite venue respectivement à un
groupe d’E.D.E. (Etablissements Départementaux de l’Elevage) de Bretagne et Pays de Loire et
de l’I.N.R.A. (Institut National de la Recherche Agronomique) de Theix (inspiré également
d’une pratique de notation d’état d’engraissement comme approche globale de l’équilibre
nutritionnel déjà largement utilisée par les chercheurs outre-manche). La confrontation des
résultats de ces deux structures a donné lieu à la grille publiée par l’ITEB présentée en figure 2.

2) Multiplicité des références


La notation de l’état corporel des bovins laitiers est devenu un outil stratégique, pour la conduite
d’élevage comme pour la recherche [84]. Une variété d’échelles et de critères de notation sont
proposés selon les pays ou selon les auteurs, rendant difficiles le partage des données, les
comparaisons de valeurs ou de résultats [27, 84].

a) Echelles de notation
En France, les vaches laitières sont notées majoritairement selon une grille allant de 0 (très
maigre) à 5 (très grasse) [30]. C’est l’échelle à six points, proposée par l’ITEB (figure 2) [6].
D’autres échelles sont également utilisées en France, notamment l’échelle publiée par Edmonson
et al. en 1989 et utilisée aux Etats-Unis, qui s’étale de la note 1 à 5 [27] (figure 1).

De nombreux auteurs [30, 44, 67] ont ensuite repris ces échelles pour les proposer plus
simplifiées, sous forme de petits tableaux présentés en figure 3. Ils sont certainement plus
pratiques mais nécessitent de connaître déjà les bases des grilles de référence (figure 3).

15
Figure 2 : Grille de notation de l’état corporel selon l’ITEB [6].

16
Figure 2 (suite)

17
Figure 3 : Grilles d’évaluation simplifiées de l’état corporel [30, 44, 67].

A. Grille simplifiée selon Meissonier [67].

B. Grille simplifiée selon Enjalbert [30].

18
Enfin, rappelons qu’à travers le monde, il existe d’autres échelles : une échelle à huit points, à
dix points et à cinq points pour les Australiens, les Néo-Zélandais et les Irlandais respectivement
[84].

b) Graduation des échelles


Nous nous restreindrons ici aux deux échelles utilisées en France.

La sous-division des échelles n’est également pas standardisée. L’échelle ITEB se compose
d’une note arrière et d’une note de flanc attribuées en point entier mais dont la note finale est la
moyenne des deux et peut donc s’attribuer en demi point [6] (figure 2). Onze valeurs sont donc
attribuables. Mais, en pratique, les notes arrière et flanc sont bien souvent attribuées elles-mêmes
en demi point donnant à la note finale une valeur en quart de point.

L’échelle proposée par Edmonson et al. [27] (figure1) se divise, quant à elle, en quart de point,
étalant la notation sur 17 valeurs.

c) Relation entre les différentes échelles


Face au manque d’homogénéité des outils de notation à l’échelle mondiale, des études ont été
menées pour établir des liens entre les différents outils de notation proposés [84].
Malheureusement, il n’existe pas d’études comparant la grille ITEB avec les autres. Malgré cela,
l’utilité de tels outils est incontestable. Pour contrer leur subjectivité, il faudra donc toujours
avoir en tête laquelle des échelles proposées a été utilisée dans une étude, avant d’en interpréter
le résultat ou de retenir un objectif de note d’état corporel [86].

3) Correspondance avec la race


Si le système de notation diffère d’un pays à l’autre, il en va de même selon les races de vaches
prises en compte. Le principe de la notation reste le même mais l’appréciation des repères est un
peu différente. La grille d’état corporel existante pour la race montbéliarde est présentée en
figure 4

19
Figure 4 : Grille de notation de l’état d’engraissement des vaches Montbéliardes d’après [7].

20
Figure 4 (suite)

21
4) Repères anatomiques

a) Uniformité des repères


Il existe des consensus sur les régions les plus révélatrices de l’état d’engraissement. Dans la
plupart des études, se retrouve l’importance de l’approche par l’arrière et par le côté [6, 7, 27,
44, 86]. On retrouve d’ailleurs dans ces mêmes études les mêmes repères anatomiques :
processus épineux des vertèbres thoraciques et lombaires, processus transverses des lombaires,
attache de queue, contour des côtes, principalement.

b) Variabilité des méthodes


Certains auteurs considèrent que les Néo-Zélandais et les Irlandais privilégient une méthode par
palpation alors que les Australiens et les Américains optent pour une méthode visuelle [84].
Cependant, Edmonson et al. [27], qui étaient des auteurs américains, ont mené leur évaluation
par palpation.

Fergusson et al., en 2006, ont comparé la notation en direct avec une méthode de notation
utilisant des photographies. Ils n’ont pas constaté de différence entre les moyennes des notes
attribuées selon les deux méthodes ; ils concluent donc que l’utilisation d’échantillons
photographiques de troupeau (ils préconisent 30% des animaux) est une méthode fiable pour
évaluer l’état des animaux [37].

Les pensées sont donc variables selon les études, il apparaît en réalité indispensable de
compléter une première approche visuelle par la palpation de régions importantes pour avoir une
idée de la quantité de gras réelle [38, 44].

c) La méthode française
Nous nous attarderons sur la grille de notation de l’ITEB qui fait référence en France (figure 2).

i) Les maniements, base de la notation

Les maniements sont des amas graisseux superficiels qu’il est intéressant de palper pour juger de
l’état d’engraissement de l’animal, leur localisation anatomique est présentée en figure 5.

22
Figure 5 : Localisation des maniements selon Cesbron, cité par Bazin [6].

ii) La note arrière


L’attribution de la note arrière est décrite dans la brochure de l’ITEB [6] (figure 2).
Les repères à prendre en compte sont :
- la base de la queue et la pointe des fesses,
- le ligament sacro-tubéral et le détroit caudal,
- la ligne du dos.
C’est en fonction de la proéminence de ces repères et de l’aspect saillant des os sous-jacents que
l’on attribue une note s’étalant de 0 à 5.

iii) La note de flanc


Le principe est le même.
Les repères à prendre en compte sont :
- la pointe de la hanche,
- les apophyses transverses et épineuses.

23
Il conviendra de compléter ces repères par l’observation des maniements du travers : ceux des
côtes, du grasset et du coude.

iv) La note globale


La note de synthèse est un compromis entre les notes arrière et flanc, tout comme ces notes sont
des compromis entre les repères présentés. Les notes arrière et flanc peuvent être très différentes.
Si les notes arrière et flanc sont attribuées en demi point et que la note finale se trouve présentée
en quart de point, cela représente une précision illusoire, il convient donc de la réajuster. Il
semble judicieux d’ajuster plus en concordance avec la note de flanc, celle-ci donnant une
meilleure information sur les masses graisseuses internes [6].

B. QUALITE DE LA NOTATION

1) Reproductibilité et répétabilité
La méthode de notation est subjective [43, 100], mais reste une référence dans la mesure où elle
est fiable [86], non invasive [100], et très précise [44]. Elle est indépendante de l’ossature de
l’animal, et en relation avec le poids et les réserves totales de l’animal.

Les études de reproductibilité et répétabilité, basées sur une méthode de notation de l’état
corporel visuelle et tactile sur une échelle allant de 1 à 5 montrent que la concordance des
mesures varient de 94% pour la reproductibilité et de 97% pour la répétabilité [43].

Dans ce même type d’étude, il est apparu que si les notes que les expérimentateurs attribuent à
une région spécifique peuvent varier, il n’apparaît pas de différence significative sur la note
finale, [86]. Il apparaît convenable d’évaluer sept repères anatomiques pour obtenir une
précision de 0,25 point sur la note finale [38].
Finalement, sur 100 expérimentateurs, 58 à 67 d’entre eux attribuent une note similaire et 21 à
34 ont un léger désaccord de 0,25 point [38].

2) Commodité
La commodité de la notation de l’état corporel s’explique d’une part par sa facilité de réalisation
[25] et d’autre part parce qu’elle est une méthode pragmatique [86]. En effet, elle peut être
réalisée, avec précision, par n’importe quel technicien d’élevage [27] et a l’avantage de ne pas
nécessiter d’équipements ou d’installations particulières [44].
24
3) Rapidité
La notation de l’état corporel est annoncée comme ne nécessitant que 10 à 15 secondes par
vache, y compris par une méthode à la fois visuelle et palpatoire [25, 100].

4) Coût
C’est une méthode qui présente également l’avantage d’être bon marché. En effet, elle ne
nécessite pas d’investissement particulier, seul le temps passé peut conduire à un coût [25, 100].

C. EXECUTION DE LA NOTATION

1) Moments
Dans l’objectif de standardiser les recommandations et les objectifs de note d’état, il est
important d’effectuer ce travail à des moments-clé du cycle de la vache : tarissement, vêlage,
mise à la reproduction. Cela permet également de suivre l’évolution des réserves et donc la
conduite d’élevage et de rationnement pendant des périodes stratégiques : période sèche, début
de lactation, [6], voire mi-lactation [44].

2) Suivi
Hady et al. [48] ont montré qu’une évaluation de l’état corporel se faisant tous les trente jours
garantit des informations intéressantes. Ils mettent ainsi en valeur les avantages et les intérêts
d’un tel outil dans le cadre d’un suivi d’élevage, en rappelant que c’est quasiment la fréquence à
laquelle le vétérinaire ou un autre technicien passerait dans l’élevage pour un suivi de fécondité
par exemple.

D’après leur méthode, il est nécessaire de noter par lots selon le stade de lactation : un lot tous
les 30 jours pour les vaches en production et deux lots de vaches taries, en début et en fin de
tarissement.

D’autres auteurs soutiennent aussi la notation mensuelle mais la préfèrent évaluée toujours par la
même personne [25, 72]. Cette fréquence n’est cependant pas toujours réalisable, il est alors
recommandé que les vaches puissent être notées quatre à six fois au cours de chaque lactation
[86].

25
3) Points forts/points faibles
La notation de l’état corporel devient un outil indispensable dans le suivi des élevages bovins.
Les intérêts et les limites d’utilisation sont synthétisés dans le tableau 1.

Tableau 1 : Points forts/points faibles de la notation de l’état corporel.

Points forts Points faibles

1) Méthode rapide, facile, non onéreuse, répétable [25], non


invasive, ne nécessitant pas d’équipement spécifique [44], 1) Plusieurs échelles : connaissance de l’échelle utilisée !![86]
note indépendante du poids et de la taille de l’animal [100]

2) Connaissance des réserves énergétiques de l’animal/du


2) Evaluation subjective [25]
troupeau [25, 38]

3) Evaluation du statut nutritionnel de


3) Nécessité d’un suivi et d’une périodicité de la notation pour
obtenir des résultats intéressants [86].
l’animal/du troupeau [25, 38]

4) Evaluation de la conduite génétique et nutritionnelle du


troupeau. [100]

26
II. CORRELATION ENTRE NOTE D’ETAT ET D’AUTRES
PARAMETRES DE LA VACHE

A. LE POIDS VIF

1) Estimation du poids d’une vache


La pesée est la méthode la plus fiable mais elle est coûteuse et lourde de manipulation. Elle n’est
d’ailleurs pas si fiable car le poids varie en fonction du contenu digestif, ou reste stable alors que
la vache perd des réserves : par exemple chez une vache gestante, les pertes sont masquées par la
croissance du veau [6, 86] pendant la gestation ou par l’augmentation des contenus digestifs et
mammaires pendant la première semaine de lactation.

La méthode la plus couramment utilisée et simple d’utilisation est celle du périmètre thoracique.
Il existe des grilles établissant le poids correspondant au périmètre mesuré (figure 6). Il existe
également des rubans bovimétriques. Ils sont conçus en tissu de fibre de verre très résistant à la
traction. Pour évaluer le poids de l’animal sur pied, il suffit de mesurer son tour de poitrine en
arrière de l’épaule. Après avoir déterminé le tour en centimètres, on trouve la valeur du poids en
kg correspondant à la mesure indiquée à l’envers du mètre.

2) Relation avec la note d’état


Il ne peut exister de relation directe entre la note d’état et le poids de l’animal. La note évalue un
état d’engraissement : deux animaux de poids très différents peuvent avoir la même note.

Seule la valeur de poids correspondant à une perte d’état de un point est régulièrement évoquée,
et ce pour une vache de 600 kg [6].

Otto et al. en 1991 [73] annoncent 56 kg de poids vif pour un point de note d’état corporel. Ce
chiffre correspond à une variation d’un point, mais aucunement à l’estimation du poids.

Chilliard et al. en 1987 annoncent entre 35 et 48 kg et précisent que le gain d’un point d’état
s’accompagne d’une augmentation de la proportion de lipides corporels de 3,9% à 4,4% [18].

En pratique, la morphologie des vaches ayant fortement évolué ces deux dernières décennies, la
valeur retenue pour un point d’état corporel actuellement, est de 40 kg [29].

27
Figure 6 : Correspondance poids vif/périmètre thoracique d’après [62]

28
B. RESERVES ENERGETIQUES
Tous les auteurs s’accordent à dire que l’estimation des réserves énergétiques est le principal
objectif de la notation. La mesure de la note d’état corporel est une méthode subjective pour
évaluer la quantité d’énergie stockée dans les muscles et dans les tissus adipeux [27].

Selon Bazin [6], un point sur la note d’état corporel correspond à 20 à 25 kg de lipides pour un
animal de 600 kg.

L’étude de Chilliard et al. [18] date de 1987 mais reste très intéressante quant à l’évaluation des
variations des réserves corporelles de la vache au cours du cycle gestation-lactation. Dans les
conditions de l’époque, une vache produisant 30 kg de lait mobilisait entre 15 et 60 kg de
lipides, ce qui peut mener à plus de 2 kg par jour tant qu’elle subissait un bilan énergétique
négatif. Une vache grasse pourrait, dans les conditions extrêmes, mobiliser jusqu’à 100 kg de
lipides (elle en possède alors 140 kg). En ce qui concerne la mobilisation protéique, une vache
sous-alimentée en lactation mobiliserait jusqu’à 15 kg de protéines corporelles et ces protéines
sont à 56% d’origine musculaire le reste provenant des viscères et organes (notamment
l’involution utérine). La mobilisation protéique est plus faible chez les vaches alimentées à
volonté et chez les primipares pour lesquelles les réserves sont plus faibles. L’estimation de ces
variations n’a pu être mise en évidence que par des techniques invasives nécessitant bien souvent
l’abattage des animaux : mesure de diffusion de l’eau lourde, mesure de la taille des adipocytes
ou des fibres musculaires, non utilisables sur le terrain. C’est malgré tout en étudiant la relation
entre la note d’état et la taille des adipocytes du tissu adipeux sous-cutané qu’ont été estimées les
valeurs d’un point d’état corporel (28 à 33 kg de lipides, 35 à 48 kg de poids vif). L’équivalence
énergétique est estimée à 4 à 6 Unité Fourragère Lait (UFL) par kg de poids vif soit 150 à 200
UFL par point de note d’état corporel.

29
C. BILAN ENERGETIQUE

1) Evolution du bilan énergétique


La sélection génétique, orientée vers l’augmentation de la production laitière, a rendu inévitable
et systématique le déficit énergétique [33]. Cette même sélection a pourtant aussi augmenté
l’appétit des vaches.

Le déficit énergétique est dû à une prise alimentaire qui augmente moins rapidement que les
besoins énergétiques [8, 83]. En effet, la divergence d’évolution commence durant les derniers
jours de lactation, où l’appétit diminue avant d’augmenter de nouveau après le vêlage. Des
études récentes montrent une diminution de la consommation de 5 kg de matières sèches par jour
dans la dernière semaine de gestation [10]. Mais les apports recommandés (métabolisme de base,
production laitière, et croissance pour les primipares) sont multipliés par trois à quatre dès la
deuxième semaine de lactation alors que l’appétit de l’animal met deux à quatre mois avant
d’atteindre son maximum [34]. La figure 7 illustre l’évolution des besoins alimentaires (UFL,
Protéines Digestibles dans l’Intestin (PDI) et calcium) multipliés par trois, alors que la quantité
de matière sèche ingérée (MSI) augmente plus tardivement.

Figure 7 : Évolution comparée de l'appétit et des besoins autour du vêlage [28].

/ besoin 1 mois avant vêlage


400%

PDI
300%
UFL
Ca
MSI
200%

100%

0%
-6 -4 -2 0 2 4 6
Semaine / vêlage

30
La situation de déficit dure en moyenne jusqu’à six à douze semaines post-partum, voire quinze,
semaines avec un nadir de la courbe de déficit énergétique situé entre une et deux semaines post-
partum [82]. Cette situation induit une mobilisation des réserves contenues dans le tissu adipeux
et des protéines d’origine osseuse et musculaire [5]. Notons que la couverture des besoins
énergétiques par l’alimentation n’est pas possible, elle nécessiterait des apports trop massifs et
brutaux d’autant que les vaches laitières supportent relativement bien ce déficit. Il est cependant
important de limiter cet amaigrissement à six à huit semaines de lactation [34].

De plus, ce déficit est d’autant plus important que la vache est une haute productrice : chez la
vache laitière, la priorité est donnée à la production laitière par rapport aux réserves corporelles.
C’est le contrôle homéorhétique du partage des nutriments [34, 93]. Le déterminisme est
hormonal, par l’insuline d’une part et l’hormone de croissance (GH) d’autre part. La première
s’oppose à la mobilisation des réserves alors que la GH est l’hormone de l’homéorhèse : elle
donne la priorité à certains tissus, ici la mamelle pour l’obtention des nutriments (figure 8) [29,
34].

Figure 8 : Modalités et contrôle hormonal de la mobilisation des réserves énergétiques en début


de lactation [34].

AGNE : Acides Gras Non Estérifiés,

ATP : Adénosine Tri Phosphate

AGNE
Triglycérides - Insuline
du ATP
tissu adipeux Triglycérides
AGNE foie
+ GH

Triglycérides

Mamelle

31
2) Appréciation par l’évolution de la note d’état corporel

a) D’un point de vue individuel


L’appréciation du bilan énergétique est impossible individuellement en temps réel en élevage.
La note d’état corporel le permet indirectement [13]. Une vache qui maigrit beaucoup a subi un
important pic de déficit énergétique [32, 33].

La note d’état permet de juger de son alimentation a posteriori. La quantité de graisse que
l’animal possède résulte de ce que l’animal a digéré et utilisé [6].

La perte d’état observée pendant cette période est le signe d’une mobilisation intense, parfois
très rapide, des réserves corporelles. Elle se traduit histologiquement par une diminution de
l’épaisseur de la graisse sous-cutanée et du diamètre des adipocytes liées à la lyse des
triglycérides [18].

b) La note d’état reflète aussi le statut nutritionnel du


troupeau
D’une manière générale, l’état corporel des animaux est un des indicateurs (avec les
performance de production, les résultats de reproduction et la composition du lait) de l’efficacité
et de la sécurité d’une ration. Les recommandations dans ce domaine préconisent moins de 10%
des vaches ayant un état supérieur à 4 ou inférieur à 2,5. Il faudra cependant tenir compte du
stade physiologique des animaux, cette norme doit être ajustée lorsque beaucoup d’animaux sont
en début de lactation [30].

Au cours de la seconde partie de lactation, le retour à un bilan énergétique positif


s’accompagnera d’une reprise d’état, traduisant la reconstitution des réserves corporelles [25].

32
III. VARIATIONS NORMALES DE LA NOTE D’ETAT
CORPOREL

A. FACTEURS DE VARIATION LIE A L’ANIMAL

1) Race
Les variations de perte d’état corporel sont peu influencées par la race. Une étude compare la
perte d’état de vache Frisonnes et Ayrshire [50]. Dans cette étude, après vêlage, les Frisonnes
étaient plus lourdes que les Ayrshire. En effet, 6 jours après vêlage, les différences de poids
étaient de 22,7 ; 38,6 et 43,1 kg en faveur des Frisonnes après le premier, deuxième et troisième
vêlage respectivement. Cependant, la perte d’état corporel post-partum ne semble pas influencée
par la race puisque le pourcentage de perte d’état entre 30 et 60 jours post-partum est similaire
entre les Frisonnes et les Ayrshire.

2) Numéro de lactation
Certains auteurs n’ont pas relevé d’effet significatif du numéro de lactation sur l’évolution de
l’état corporel au cours du post-partum [25].

Néanmoins, certaines observations relatent une diminution du nadir de la courbe de note d’état
corporel en fonction de la production laitière mais aussi une augmentation de la durée avant
d’atteindre ce minimum [100] (figure 9). La perte d’état augmentent d’ailleurs de 0,3 point en
première lactation à 0,9 point pour les vaches en 4ième lactation et plus.

33
Figure 9 : Evolution de la note d’état corporel en fonction du numéro de lactation [100].

3) Génétique
L’influence des facteurs génétiques sur la note d’état corporel est modérée. Deux auteurs se sont
intéressés à la quantifier. L’étude de Pryce et al. [81] quantifie l’héritabilité de la note d’état
corporel : elle varie de 0,32 en début de lactation jusqu’à 0,23 au 200ième jour de lactation, avec
une moyenne de 0,26 (figure 10).

Figure 10 : Estimation de l’héritabilité de l’état corporel en fonction du stade de lactation [81].

34
Dans l’étude de Dechow et al. [19] sont présentées les valeurs des corrélations phénotypique et
génotypique de la note d’état à des moments clés du cycle de production : vêlage et post-
partum avec la perte d’état corporel en post-partum (tableau 2). Le post-partum correspondant
à la période entre le vêlage et la première insémination. Il est intéressant de constater que, d’un
côté, la corrélation phénotypique entre la note d’état au vêlage et la perte d’état en post-partum
est positive, ce qui signifie bien que plus une vache est grasse au vêlage, plus elle est
susceptible de maigrir après. Mais d’un autre côté la corrélation génotypique (calculée d’après
les pédigrés des vaches suivies) est négative. Génétiquement, une note d’état corporel élevée
au vêlage n’est pas associée à une perte élevée en post-partum. Ceci met en évidence
l’influence des facteurs non génétiques (gestion alimentaire, environnement ou pathologie) sur
l’évolution de l’état corporel après le vêlage. De la même façon, les corrélations génotypique
et phénotypique entre la perte d’état en post-partum et la note en post-partum sont négatives
(tableau 2). En effet, une vache sélectionnée génétiquement pour avoir une note d’état élevée
en post-partum tend à perdre moins ; tout comme une vache dont la perte en post-partum a été
limitée grâce à une gestion adéquate des facteurs non génétiques aura une note d’état correcte
en post-partum.

Tableau 2 : Corrélation génotypique et phénotypique de la perte d’état corporel au cours des dix
premières semaines de lactation avec la note d’état au vêlage et la note d’état en post-partum
[19].

Corrélation perte NEC au vêlage NEC post-partum


de NEC 1ère lactation 2ième lactation 1ère lactation 2ième lactation
Génotypique - 0,15 à – 0,26 -0,11 à -0,48 -0,70 à -0,99 -0,56 à -0,91
Phénotypique 0,54 -0,65

4) Saison de vêlage
Dans l’étude de Drame et al. [25] la saison de vêlage s’est révélée être un important facteur de
variation de l’état corporel. Les vaches vêlant en période de stabulation ont gardé un état
corporel significativement inférieur à celles vêlant en pâture.

35
5) Cas particulier de la génisse
Si les critères de notation et les objectifs sont globalement les mêmes, il convient d’ajouter une
nuance dans la conduite alimentaire des génisses de renouvellement car les besoins ne sont pas
les mêmes que ceux des vaches adultes du fait de la croissance. Dans les premiers mois de vie, la
croissance peut être très importante. Néanmoins, celle-ci doit être contrôlée par la suite, afin de
ne pas trop engraisser la mamelle et de ne pas porter préjudice au potentiel de production
laitière.

a) Jusqu’à la puberté
La puberté des génisses survient à un niveau de poids vif constant pour une race donnée. Ainsi,
la puberté des races Holstein et Normande a lieu à 40% du poids vif adulte soit environ 9 à 12
mois alors que celle de la race Montbéliarde ou encore Tarine survient à 50% de ce poids ce qui
en fait des races plus tardives : 13 à 16 mois [12].

Une croissance prépubère trop élevée engendre au niveau de la mamelle, le développement d’un
tissu adipeux au détriment du tissu parenchymateux. Des génisses à haut potentiel ayant eu une
croissance excessive (Gain moyen Quotidien, GMQ ≥ 950 g/j) auront une production amoindrie
de 5% par rapport à des homologues ayant eu une croissance raisonnable de 750 g/j [12].

De six à douze mois, il est raisonnable de conseiller une croissance de 700 à 750 g/j [2, 12].

b) Après la puberté
La conduite dépendra du schéma d’élevage (vêlage à deux ou trois ans) et de la qualité des
pâturages.

- Pour des génisses vêlant à deux ans et qui vont bénéficier d’un pâturage de bonne
qualité permettant un GMQ de 1000 à 1100 g/j, une croissance hivernale de 600 g/j est
suffisante,

- Si elles bénéficient d’un pâturage de moins bonne qualité, on poussera le GMQ à 750
g/j,

- Dans le cas d’un vêlage à trois ans, le bon compromis économique est celui d’un GMQ
de 400 à 500 g/j en bénéficiant d’une bonne croissance compensatrice au pâturage [12].

36
c) Conséquences sur la note d’état corporel
Les génisses laitières doivent rester « crues » ; c’est-à-dire avoir des reliefs osseux visibles et
légèrement recouverts de gras autour de la puberté pour ne pas risquer l’engraissement
préjudiciable vu précédemment. La note d’état doit être de trois autour de la puberté (tableau 3).

Tableau 3 : Objectifs de notes d’état corporel au cours de la croissance de la génisse laitière [12].

Objectif vêlage Etat d’engraissement Etat d’engraissement génisses Normandes


génisses Prim
Age Holstein
24-27 mois 24-30 mois 33 mois
6 mois 2,8 2,8 2,7
12 mois 3,0 3,0 2,9
15 mois 3,1 3,1 3,0
18 mois 3,3 3,2 3,1

d) Pendant la première année


Il convient donc de maintenir la note d’état autour de 3 de la puberté jusqu’à la mise à la
reproduction.

Les études conduites dans les élevages français pendant l’hiver ont montré que pour maintenir
une note d’état corporel constante chez des animaux de plus d’un an le GMQ doit être de 570 g/j
en race Prim Holstein, et de 650 g/j en race Normande [12].

e) Jusqu’au vêlage
Après la puberté, une vitesse de croissance élevée n’a plus de répercussion négative sur le
développement du tissu mammaire. L’objectif de croissance est alors de 850 à 900 g/j. Une
vitesse de croissance trop élevée peut conduire à un état d’engraissement excessif au vêlage,
l’optimum de situant vers 3 à 3,5 et les conséquences des excès étant identiques à celles que l’on
observe chez les adultes : moindre appétit post-partum entraînant un risque accru de cétose et
syndrome de la vache grasse. Une vitesse de croissance trop lente peut limiter le développement

corporel de la génisse sans affecter celui du veau. Il en résulte alors un risque élevé de vêlage
difficile, mais aussi une moindre production laitière par défaut de réserves énergétiques [2].

37
B. VARIATIONS EN FONCTION DU STADE
PHYSIOLOGIQUE
L’état corporel varie significativement en fonction du moment dans le cycle de production [25].

1) Note d’état corporel au tarissement


Il est intéressant de commencer par le tarissement dans la mesure où la note d’état corporel
devrait rester stable pendant cette période. Le tarissement est une période stratégique et
déterminante quant à l’avenir nutritionnel de l’animal et du troupeau.

La note d’état corporel au tarissement est donc celle attendue au vêlage [43]. L’objectif retenu de
note d’état au tarissement est situé entre 3 et 3,5 sur une échelle de 0 à 5 (tableau 4). Les
variations d’état corporel au tarissement, que ce soit amaigrissement ou reprise d’état,
supérieures à un point sont sources de problèmes [14]. Il est d’ailleurs intéressant, lors d’une
visite d’élevage, d’analyser deux lots, celui des vaches taries récemment et celui des vaches en
fin de tarissement, prêtes à vêler, pour évaluer l’efficacité de la gestion alimentaire au
tarissement [48].

Tableau 4 : Recommandations pour la note d’état au tarissement.


Référence Recommandation Echelle utilisée Remarque

[44] Entre 3,0 et 3,5 Notes entre 0 et 5

[3] Entre 3,0 et 3,5 Notes entre 0 et 5

[67] Entre 3,0 et 3,5 Notes entre 0 et 5 >3,5=tarissement retardé à 5 semaines


antepartum

38
2) Note d’état au vêlage

a) Recommandations usuelles
Les recommandations quant à la note d’état au vêlage sont généralement comprises entre 3 et 4
sur une échelle de allant de 0 à 5 [31, 34, 44, 67, 86], l’idéal étant une note de 3,5 [67] (tableau
5). Pourtant les observations de terrain, en race Prim Holstein, ne confirment pas ces
recommandations. Quarante pour cent des bovins seraient en dessous de la note 3 au vêlage et 33
% au dessus de 3,5 ; il ne resterait alors que 27 % des animaux entre 3 et 3,5 [41].

Tableau 5 : Recommandations pour la note d’état corporel au vêlage

Référence Recommandations Echelle utilisée Remarques


[34] 3,3 à 4 Note de 0 à 5 Jamais > 4
[31] 3,5 à 4 Note de 0 à 5
[44, 86] 3 à 3,5 Note de 0 à 5
[67] 3,5 Note de 0 à 5
[69] 5 Note de 1 à 9

b) Application à différents systèmes d’élevage


L’objectif de note d’état corporel au vêlage est variable en fonction du type de système de
production. De nombreux éléments sont à concilier : une pleine expression du potentiel laitier,
des conditions de vêlage faciles, des résultats de reproduction corrects (un retour de cyclicité
normal, fertilité, fécondité), éviter des maladies métaboliques…mais il est difficile de trouver le
juste équilibre ; équilibre qui n’est d’ailleurs pas le même d’un élevage à l’autre.

Trois types de système peuvent être décrits : le premier favorise la productivité laitière. Les
élevages où elle dépasse les 8000 kg/vache laitière/an peuvent choisir d’augmenter l’intervalle
vêlage/vêlage (IVV) à 14 mois dans le but d’exprimer pleinement le potentiel laitier. La conduite
de reproduction n’est alors plus la même, on accepte une fertilité moindre et la stratégie de
réforme devient moins stricte.

39
Dans le second système, l’objectif est de réduire les coûts de production, notamment
alimentaires. Un IVV élevé n’est alors pas souhaitable et peut être raisonnablement contraignant
et rentable autour de 13 mois. La conduite de reproduction est basée sur une mise à la
reproduction précoce, dès 50 jours, avec une surveillance attentive des différents évènements
(détection des chaleurs, interventions sur des vaches non détectées).

Dans le dernier type d’élevage, l’objectif est le regroupement des vêlages. La difficulté est, dans
ce système, de garder un IVV de 12 mois avec un taux de réforme faible. La maîtrise de la
reproduction devient ici prioritaire, les vaches doivent être cyclées rapidement, et fécondées dans
un court intervalle, celles qui ne répondent pas aux contraintes étant alors réformées.

Les objectifs de note d’état en fonction du système de production désiré sont présentés dans le
tableau 6.

Tableau 6 : Objectifs d’état corporel au vêlage en fonction des systèmes d’élevage [21].

Critères/Systèmes Productivité élevée Coûts réduits Vêlages groupés

NEC multipares 3,5 à 4 3 à 3,5 Automne 3 à 3,5

Printemps 2,5 à 3

NEC primipares 3 à 3,5 3 3

3) Perte d’état au cours du post-partum


La perte d’état corporel en début de lactation est significativement proportionnelle à l’état
d’engraissement au vêlage [86].

a) Appétit des vaches


La quantité de matière sèche ingérée en début de lactation diminue en fonction de l’état corporel
au vêlage [11]. La relation est proportionnelle pour un état corporel situé entre 1,6 et 3,8 au
vêlage (échelle 1 à 5). La différence de matière sèche ingérée par jour est de 1,3 kg entre deux
groupes de vache ayant un écart de note d’état d’un point : une vache ayant une note de 3,5 au
vêlage consomme 1,3 kg de moins par jour qu’une vache ayant une note de 2,5.

40
Une vache avec des réserves peut mobiliser 40 à 50 kg de réserves adipeuses ce qui représente
400 à 500 litres de lait. En revanche, une vache maigre mobilise trois à quatre fois moins mais
son appétit est supérieur [34].

La mobilisation des réserves doit être raisonnable. Les excès de mobilisation sont néfastes.
Plusieurs origines peuvent être répertoriées :

- soit c’est la vache elle-même qui est en cause : les vaches à haut potentiel n’ont pas un appétit
plus élevé, ce qui conduit à un déficit énergétique plus élevé et à un excès de mobilisation.

- soit ce sont les apports qui sont insuffisants. C’est alors soit la ration qui est en cause, soit
l’appétit des vaches qui est déprécié. L’appétit des vaches peut être déprécié par une maladie
concomitante (mammite, métrite, maladie métabolique), par un état d’engraissement exagéré (la
mobilisation est d’autant plus importante que cet état a été acquis précocement au tarissement)
ou par une transition alimentaire mal conduite et qui ne laisse pas aux papilles ruminales le
temps de se développer ni à la flore le temps de s’adapter à la nouvelle ration avec comme
conséquence une ration mal valorisée voire une évolution vers l’acidose ruminale [34].

Notons que l’appétit des vaches et leur capacité d’absorption digestive sont liées au
développement des papilles du rumen. Leur dimension entre le tarissement et le 3ième mois de
lactation (en moyenne) double. Leur capacité d’absorption des acides gras volatils (AGV) triple
et la vitesse d’absorption ruminale quintuple alors [67].

Finalement, l’évolution de l’état corporel, certes cyclique, n’est pas aléatoire ; chaque étape
conditionne la suivante (figure 11).

41
Figure 11 : Relation entre état corporel au vêlage et perte d’état en début de lactation. D’après
[67].

L’échelle utilisée compte 5 points.

b) Evolution de la proportion de vaches grasses/vaches


maigres

En accord avec ce que nous avons vu concernant l’appétit, la proportion de vaches grasses
diminue au cours du post-partum. La distribution du pourcentage des vaches grasses a une
répartition inverse à celle des vaches maigres. Dans l’étude de Drame et al. [25], la proportion
de vaches maigres passe de 12 à 39% entre le vêlage et le 60ième jour de lactation. Cette
proportion diminue voire devient nulle entre le 300ième et le 400ième jour post-partum (figure 12).

42
Figure 12 : Fréquence des vaches maigres/vaches grasses au cours du post-partum [25].

c) Objectifs d’évolution de l’état corporel au cours du post-


partum.
L’état corporel des vaches laitières subit donc une chute au cours des deux voire trois premiers
mois de lactation. Elle est inévitable mais doit être maîtrisée et compensée lors de la deuxième
période de lactation. Cette perte a été observée sur le terrain. Les observations confirment
également qu’elle est d’autant plus élevée que les vaches sont grasses au vêlage. Les pertes sont
mesurées à 0,6 unité par point d’état corporel au vêlage [11]. Sur une échelle de 1 à 5, cette perte
s’élève à 1,4 point pour les vaches grasses (note d’état au vêlage ≥4), à 0,5 point pour les vaches
normales (note d’état au vêlage comprise entre 2,5 et 3,5) et à 0,05 point pour les vaches maigres
(note au vêlage ≤ 2) [25]. Dans l’étude de Fréret et al. [41], 35 % des Prim Holstein ont une
perte d’état entre 0 et 60 jours post-partum inférieure à 1 point, 35% perdent entre 1 et 1,5 point
et enfin, 30 % d’entre elles perdent plus qu’1,5 point. Les recommandations quant à la perte
d’état en post-partum sont présentées dans le tableau 7 et la figure 13. Si les observations de
terrain ne sont pas toujours en accord avec celles-ci, il semble néanmoins admis qu’une perte
d’état corporel supérieure à un point sur une échelle de 0 à 5 semble préjudiciable et inquiétante.

43
Tableau 7 : Recommandations pour les pertes d’état corporel en postpartum

Référence Recommandation Echelle utilisée


[30, 33, 34, 44] Moins d’un point Echelle de 0 à 5
[67] 0,5 à 0,7 point Echelle de 0 à 5

Figure 13 : Evolution de l’état corporel à l’échelle individuelle ou de troupeau et objectifs [28].

Objectif de moyenne de troupeau


4,5 Objectif individuel classique
haute production
état médiocre
4

3,5

2,5
Période Vêlage Pic Fécond. Fin de lactation
sèche

44
C. PRODUCTION LAITIERE
L’étude et l’utilisation de l’état corporel pour la conduite d’élevage a plusieurs intérêts. S’il
permet de juger évidemment de la conduite nutritionnelle du troupeau, il est alors intéressant de
relier l’évolution de ce facteur à deux composantes de l’élevage : la production laitière d’abord
aussi bien qualitativement que quantitativement et les résultats de reproduction ensuite.

1) Niveau de production
Note d’état corporel et production laitière élevée en début de lactation sont corrélées
négativement (figure 14). Nous avons déjà évoqué la raison principale qui est l’appétit des
vaches. Rappelons qu’il est indépendant du niveau de production et que le déficit énergétique est
supérieur chez les hautes productrices. En conséquence, les vaches les plus hautes productrices
ont des notes d’état plus basses [80], ou perdent plus d’état corporel [51, 57], tandis que les
vaches moins bonnes productrices peuvent même gagner de l’état en début de lactation [43].

Pourtant, une étude met en évidence une relation favorable entre la production laitière (surtout le
taux de matières grasses) et l’augmentation de la note d’état corporel, cet effet se faisant
ressentir jusqu’à cent jours de lactation [44]. Il s’agit là bien plus d’un effet de la
lipomobilisation permise par un état d’engraissement important induit expérimentalement dans
cette étude. En effet, cette donnée est extraite d’un groupe de vaches suralimentées au
tarissement de façon à accroître leur taux d’engraissement et leur poids. La mobilisation de ces
réserves est accompagnée d’un taux d’AGNE (acides gras non estérifiés) sanguins élevés,
AGNE captés par la mamelle, matières premières du taux butyreux du lait (TB).

Il existe donc une relation significative entre le profil d’état et la production au pic. La
probabilité d’observer des profils de perte d’état élevée ou d’état insuffisant est diminuée pour
une production au pic moyenne par rapport à une production élevée associée à un pic tardif [76].

45
Figure 14 : Evolution de la note d’état corporel en fonction du niveau de production [78].

2) Note d’état et taux et matières utiles du lait


Les profils d’état insuffisant sont fréquemment associés à des taux protéiques (TP) au pic
inférieurs à 28 g/kg [76] en race Prim Holstein. La moitié des vaches présentant un TP au pic
inférieur à 28 g/kg sont dans la classe "état insuffisant" alors que pour celles ayant un TP
supérieur à 28 g/kg sont à 32,3% dans la classe "reprise d’état précoce".

Il existe une liaison hautement significative entre le TP et la note d’état [34]. Le principal facteur
conditionnant le TP est l’énergie : les apports énergétiques permettent la synthèse de matières
protéiques par la mamelle.

L’évaluation du déficit énergétique en début de lactation passe traditionnellement par la notation


de l’état corporel mais la notion de TP mini (TP le plus bas enregistré au cours des trois
premiers contrôles) est de plus en plus retenue dans ce but [65].

3) Gestion de la production laitière


L’évolution de la note d’état corporel au cours du post-partum doit amener à adapter la
production laitière en fonction de la perte d’état de l’animal. En effet, si production laitière et
note d’état sont corrélés négativement, il en est de même pour la perte d’état en post-partum et
les résultats de reproduction. Il apparaît donc nécessaire de faire varier la production laitière
pour limiter la perte d’état en post-partum et pour atteindre les objectifs de note d’état au
tarissement.

46
La diminution de la production laitière peut être menée de plusieurs façons, mais les
conséquences sont variables. Il est plus avantageux de faire varier le niveau azoté, car si la
réduction des apports énergétiques entraîne une perte d’état corporel autant qu’un système
restrictif en apport azoté, le second n’entraîne pas de dégradation des performances de
reproduction [21]. Là encore plusieurs possibilités quant au niveau azoté de la ration sont à
choisir selon le type d’élevage adopté, ils sont présentés dans le tableau 8.

Dans le cas d’un système privilégiant la production laitière, le niveau azoté ne devra pas être
trop élevé afin de faire durer la production laitière. L’état d’engraissement doit être suffisant
pour exprimer pleinement le potentiel laitier mais l’amaigrissement ne doit pas être trop rapide
ni trop intense.

Dans le cas d’un système visant à réduire les coûts, le niveau azoté et l’état d’engraissement
doivent être encore plus modérés afin d’éviter des démarrages de lactation trop rapides. Le
système privilégie la durée : capacité d’ingestion élevée, sélection sur index fonctionnels de
longévité.

Dans le cas du système à groupement de vêlages, les recommandations sont sensiblement les
mêmes : il faut éviter des démarrages de lactation trop rapides et permettre une courbe de
lactation sans pic, tout doit être mis en œuvre pour obtenir une fertilité optimisée dans le temps
imparti. Il faudra aussi veiller à la croissance des génisses pour assurer d’atteindre 60% du poids
adulte à la première IA pour un vêlage à vingt-quatre mois.

Tableau 8 : Recommandations sur le niveau azoté en fonction des objectifs d’élevage [21]

Le niveau azoté est exprimé en gramme de PDI (protéines digestibles dans l’intestin) par
kilogramme de matière sèche ; NEC=note d’état corporel

Critères/Systèmes Productivité élevée Coûts réduits Vêlages groupés


Niveau azoté 100 à 105 90 à 95 90 à 95

La notation de l’état corporel s’est développée ces trente dernières années, s’avérant un outil
nécessaire pour juger la gestion alimentaire et nutritionnelle du troupeau. Les objectifs d’état
corporel pour différents moments du cycle de production de la vache sont validés dans le but de
réduire l’incidence des maladies métaboliques et pour assurer la quantité et la qualité de la

47
production laitière mais aussi pour le rôle capital des variations de note d’état corporel sur les
performances de reproduction.

48
DEUXIEME PARTIE : RELATION ENTRE NOTE
D’ETAT ET REPRODUCTION

La dégradation des performances de reproduction en élevage laitier est devenue la source de


développement de nouvelles techniques permettant d’en appréhender les facteurs de risque.
Outre la baisse de la fertilité et l’allongement de la fécondité, les anomalies de cyclicité sont
aujourd’hui très fréquentes puisqu’elles peuvent concerner de 30 à 50 % des vaches [76].
L’implication de la note d’état corporel et surtout de ses variations en post-partum est largement
étudiée. Dans un premier temps, il est important de traiter de cet impact sur la reprise de
cyclicité et sur les différents profils de progestérone associés puis, dans un second temps sur les
paramètres de fertilité et de fécondité. Enfin, l’influence de l’état corporel sur la réussite du péri-
partum nécessite une attention particulière. La fertilité des vaches étant d’abord conditionnée par
le retour à l’intégrité anatomo-histologique de l’utérus, la maîtrise des évènements
accompagnant les six premières semaines post-partum (mise bas, délivrance, métrite etc) est
déterminante.

49
50
I. INFLUENCE DE LA NOTE D’ETAT SUR LA REPRISE
DE CYCLICITE EN POST-PARTUM

A. REPRISE D’ACTIVITE SEXUELLE EN POST-PARTUM


La période immédiate après le vêlage est suivie d’une inactivité ovarienne chez la vache laitière
comme chez la vache allaitante [46], au sens d’une absence d’ovulation.

Les mécanismes qui conduisent au rétablissement de l’activité sexuelle chez la vache sont
relativement bien connus. Avant le vêlage, les taux élevés d’œstrogènes fœtaux et de
progestérone maternelle inhibent la sécrétion de LH et de FSH par l’axe hypothalamo-
hypophysaire réduisant l’activité ovarienne [46].

1) Rétablissement de l’activité hormonale


Les concentrations en FSH augmentent en cinq à dix jours après le vêlage, celles de LH
commencent à augmenter dix à vingt jours après le part, avec une sensibilité accrue à l’hormone
hypothalamique GnRH ou gonadolibérine (Gonadotrophin Releasing Hormone). Mais la faible
fréquence des pulses de LH provoque une faible production d’androgènes dans les cellules
thécales du follicule. Ces androgènes étant les précurseurs de la synthèse d’œstrogènes par les
cellules de la granulosa, l’insuffisance en œstrogènes conduit ces follicules à l’atrésie.

Le facteur crucial déterminant le moment où l’ovulation peut avoir lieu est l’obtention de pulses
de LH suffisants : une fréquence de décharge toutes les trois ou quatre heures aboutit à la perte
de dominance (cf infra) du follicule et donc à l’absence d’ovulation ; si la fréquence de décharge
est d’un pic par heure, l’ovulation peut avoir lieu [35]. Ces pulses sont conditionnés d’une part
par la progestérone, principal agent inhibiteur de ces décharges durant la phase lutéinique et
d’autre part par les œstrogènes qui, en quantité suffisante, exercent un rétrocontrôle positif sur
l’axe hypothalamo-hypophysaire.

51
2) Rétablissement de l’activité ovarienne : notions de vagues
folliculaires
L’intervalle vêlage/première ovulation est assez court chez la vache laitière. Il est compris entre
quinze et trente jours mais sa variabilité est élevée (écart type de quinze à vingt-cinq jours) [46,
54].

La croissance folliculaire qui conduit un follicule primordial en follicule pré ovulatoire dure
environ cinq mois. Les dix derniers jours de cette croissance s’effectuent sous forme de vague.
Chaque vague comprend trois phases : recrutement, sélection, dominance. Lors de la première
phase, une dizaine de follicules émerge d’un groupe de follicules tertiaires, passent de 2 à 3 mm
à 5 à 6 mm et deviennent dépendant à l’hormone folliculostimulante (FSH). Deux ou trois
follicules sont alors sélectionnés de cette cohorte initiale et commencent à sécréter des
œstrogènes et de l’inhibine. Cette sécrétion exerce un rétrocontrôle négatif sur l’hypophyse,
abaissant la sécrétion de FSH à un niveau inférieur aux besoins folliculaires. Seul un follicule, le
follicule dominant, va pouvoir se développer en présence de petites quantités de FSH. Il acquiert
alors des récepteurs à l’hormone lutéinisante : la LH. Sa taille est alors de 10 mm et sa
croissance devient LH dépendante pour atteindre 15 à 20 mm. La suite de sa croissance conduit
ou non à l’ovulation selon la présence d’un corps jaune. Si tel est le cas, le rétro-contrôle négatif
exercé par la progestérone empêche le pic pré ovulatoire de LH. Le follicule s’atrésie après
quelques jours d’attente. S’il devient dominant après la lutéolyse, il ira jusqu’à l’ovulation
(figure 15 et 16).

On peut détecter un follicule de plus de 10 mm autour de dix à quatorze jours post-partum chez
la vache laitière. Cet intervalle semble plus long au printemps (20 jours) qu’en hiver (7 jours)
[35]. Ce premier follicule ovule dans 75% des cas, devient kystique dans 20% des cas ou
s’atrésie pour les 5% restant [46]. La première ovulation post-partum a lieu vers 14 à 25 jours en
moyenne mais dans deux cas sur trois, elle ne s’accompagne pas de manifestations visibles de
chaleurs [35].

52
Figure 15 : Reprise du développement folliculaire chez la vache laitière en post-partum [35].

Les femelles bovines présentent de deux à quatre vagues, exceptionnellement jusqu’à six. En
majorité ont lieu des cycles à deux ou trois vagues. Lors de cycle à trois vagues, une nouvelle
vague émerge à J1, J6 et J16 ; lors de cycle à deux vagues, à J1 et J9 ou J10 [16].

Figure 16 : Les vagues folliculaires chez la vache [16]

53
La phase folliculaire dure en moyenne de six à sept jours, la phase lutéale de quatorze à quinze
jours.

Tableau 9 : Bilan de la reprise d’activité sexuelle en post-partum (pp). D’après [35].

Apparition du 1er Première Durée premier Devenir 1er follicule Chaleurs


follicule dominant ovulation cycle

- 70 à 80% ovulation
et formation d’un
Pour 1/3 des
10 à 20 jours corps jaune
10 à 12 jours pp 8 à 12 jours premières
pp
- 20 % kyste ovulations

- 5% atrésie

3) La lutéolyse

La succession de vagues aboutit à l’ovulation et à la mise en place d’un corps jaune. La


poursuite de la reprise de cyclicité nécessite l’élimination de celui-ci lorsqu’il n’y a pas
fécondation.

Le premier corps jaune cyclique apparaît en moyenne à 28 jours pp et 85% des vaches en
présentent un avant 50 jours post-partum [20].

L’évolution du corps jaune de la vache se réalise en trois phases :

- une période de croissance de 4 à 5 jours au cours de laquelle il est insensible à l’action des
prostaglandines,

- un temps de maintien d’activité pendant 8 à 10 jours,

54
- enfin, s’il n’y a pas eu de fécondation, une période de lutéolyse d’abord brutale puis plus
progressive en 24 à 48 heures.

Du point de vue histologique, le corps jaune est formé de deux types cellulaires. Les cellules de
la thèque vont donner une lignée de petites cellules lutéales et celle de la granulosa de grandes
cellules lutéales. Pendant la phase lutéale, les cellules formant le corps jaune sécrètent
essentiellement de la progestérone.

D’un point de vue biologique, la lutéolyse se réalise selon plusieurs modalités (figure 17) :

- indirectement par l’intermédiaire de l’ocytocine, la PGF2α d’origine utérine entraîne une


vasoconstriction provoquant une ischémie du corps jaune.

- directement, d’une part la PGF2α se fixe sur des récepteurs spécifiques présents en surface du
corps jaune et diminue l’action lutéotrope de la LH par blocage de l’activité de l’adényl-cyclase
et inhibition de l’AMP (adénosyl mono-phosphate), d’autre part, la PGF2α exercerait ses effets
sur la cellule lutéale par l’intermédiaire d’une augmentation du taux de calcium intracellulaire et
par l’activation d’une protéine kinase C [39].

La lutéolyse résulte d’une boucle d’interaction entre l’utérus et l’ovaire. Au moment de la


lutéolyse, l’étude des variations hormonales montre une augmentation du taux d’œstrogènes
suivie par une libération d’ocytocine puis de PGF2α. En fin de phase lutéale, les œstrogènes
folliculaires induisent la synthèse de récepteurs à l’ocytocine au niveau utérin [35, 39]. A cette
période, les grandes cellules lutéales ne synthétisent plus de la progestérone mais de l’ocytocine.
Celle-ci va se fixer sur les récepteurs utérins initiant un pulse de sécrétion de prostaglandines qui
exercent alors une double action sur le corps jaune : d’une part, l’inhibition de la synthèse de
progestérone, d’autre part, le déclenchement d’un pulse important d’ocytocine d’où une série
d’interactions entre utérus et corps jaune qui aboutissent à la lutéolyse [39].

55
Figure 17 : Déterminisme de la lutéolyse chez les ruminants. D’après [39]

4) Profils de progestérone
La réalisation de dosages fréquents (deux ou trois fois par semaine dans le lait) de progestérone
permet de suivre le profil de rétablissement de l’activité sexuelle cyclique après vêlage (figure
18) [46].

Figure 18 : Profil de progestérone normal, avec chaleurs régulières [91].

56
B. LES ANOMALIES DE REPRISE DE CYCLICITE
Cinquante à soixante-dix pour cent des vaches laitières présentent une reprise de cyclicité post-
partum (tableau 10). Chez la vache laitière, cinq grands types d’anomalies de reprise de cyclicité
ont été identifiés [46].

Tableau 10 : Fréquence des anomalies de reprise d’activité sexuelle après vêlage chez la vache
laitière.

Référence [41] [97] [90] [54] [71] [95] [70]

N 275 91 110 102 448 37 p 125 97

Nombre de 10 1 2 6 1 2 4
troupeaux
Niveau de >7500 8350 6941 7417 9300/ 6600/
production
(kg/VL) 9700 7800
Profil 73,45 70,3 49 59 53,5 45 63,4 63,9
normal (%)

Inactivité 7,3 15,4 14 11 20,5 24 25,2 22,7


prolongée
(%)
Phase NC NC 5 7 0,5
lutéale
courte (%)
Cessation 4,0 1,1 5 7 3,0 5 10,6 10,3
d’activité
(%)
Phase 9,45 13,2 37 15 20,0 26,3 0,8 0,3
lutéale
prolongée
(%)
Profil 5,8 NC NC 1 2,5
irrégulier
(%)
Pays France France Japon France Belgique RU Japon

n : nombre de profils ; p : primipares ; RU : Royaume-Uni ; VL : Vache laitière ; NC : non


communiqué

57
1) Reprise d’activité différée

La reprise d’activité différée se caractérise par un premier signe d’activité lutéale postérieur à 45
à 50 jours après le vêlage (figure 19). Une vache est considérée en activité lutéale dès lors
qu’elle présente au moins deux dosages de progestérone (pris deux fois par semaine) dans le lait
supérieur ou égal à 1 ng/ml [91] ou un dosage supérieur à 5ng/ml [54]. Cette inactivité
représenterait 10 à 20% des animaux. L’inactivité ovarienne prolongée touche essentiellement
les primipares, notamment celles qui vêlent avec un état corporel inférieur à 2,5. Les difficultés
de vêlage, les non délivrances, les mauvaises involutions utérines et les métrites perturbent la
reprise de la cyclicité post-partum et sont autant de facteurs de risque connus d’inactivité
ovarienne [21].

Figure 19 : Profil de progestérone lors d’absence d’activité ovarienne entre 30 et 50 jours [91].

58
2) Cessation d’activité après une première ovulation
On remarque une interruption de la sécrétion de progestérone pendant 12 à 14 jours (figure 20).
L’interruption de cyclicité est plus rare et touche 1 à 13% des animaux.

Figure 20 : Profils de progestérone correspondant à une interruption de cyclicité [41].

3) Phase lutéale prolongée


On parle également de corps jaune persistant ; la sécrétion de progestérone a lieu pendant plus de
19 à 28 jours au lieu de 16 à 17 jours physiologiquement (figure 21). Elle représente 12 à 35%
des profils post-partum. Le corps jaune qui persiste suit le plus souvent une première ovulation
précoce et peut sécréter de la progestérone très au-delà de cinquante jours de lactation [21]. En
plus des ovulations précoces, les pertes de poids excessives et une haute production sont des
facteurs de risque de cette anomalie de cyclicité.

Figure 21 : Profils de progestérone correspondant à une phase lutéale prolongée [91].

59
4) Phase lutéale courte
La sécrétion de progestérone a lieu pendant moins de 10 jours (figure 22). C’est un cas plus
rare (moins de 5% des cas) et qui est jugé normal quand il intervient après la première ovulation
[46].

Figure 22 : Profil de progestérone correspondant à une phase lutéale courte [91].

5) Profils irréguliers
Cette catégorie comprend des profils de progestérone non classables dans les catégories
précédentes.

6) Kystes

a) Définition
Les kystes ovariens sont considérés comme une cause majeure d’infertilité. Cependant 50% des
kystes diagnostiqués disparaissent spontanément et ne perturbent pas la cyclicité. De plus, les
kystes ne concernent que 10 à 15% des vaches laitières qui présentent des troubles de la
reproduction.

On définit le kyste ovarien comme une structure de type folliculaire dont la taille est supérieure à
25 mm et qui persiste plus de dix jours. Il est également possible que des structures de plus petite

60
taille, mais qui persistent dans le temps en soient également, mais leur diagnostic en pratique est
difficile.

Deux types de kystes sont distingués : le kyste folliculaire dont les parois sont fines et qui
sécrète rarement de la progestérone ; et le kyste lutéal qui possède des parois épaisses et qui est
associé à une production variable de progestérone. Les kystes folliculaires s’accompagnent de
quatre dominantes comportementales : comportement normal, irrégularité et al.longement des
cycles, anœstrus, nymphomanie [94]. Les kystes lutéaux s’accompagnent exclusivement
d’anœstrus.

Le suivi de kystes marqués montre que dans 13% des cas seulement, le kyste persiste réellement
mais dans 87% des cas, il est remplacé par un follicule qui ovule (sept cas sur vingt) ou qui est
suivi du développement d’un autre kyste sur l’un ou l’autre des ovaires. Le kyste n’ovule en
aucun cas [68].

Notons que la présence de kyste peut être responsable de l’apparition d’anomalie de cyclicité. En
effet, des hypothèses mettent en cause le rôle de kystes folliculaires dans le cas de reprise
d’activité différée ou de kystes lutéaux lors de phase lutéale prolongée (mais le corps jaune
persistant en reste le principal responsable).

b) Effet de l’alimentation
L’alimentation fait là encore partie des facteurs de risque contribuant à l’apparition de kystes
sans qu’en soit précisé le type. Si l’insuffisance d’apport énergétique ou l’excès d’azote non
protéique en période post-partum sont souvent évoqués, aucun effet de l’état corporel au
tarissement, au vêlage, à trente jours post-partum, ni de la perte d’état entre le vêlage et trente
jours post-partum n’a été mis en évidence [59, 68]. En revanche, la note d’état au tarissement
[43], et bien plus encore, le gain d’un point de NEC pendant le tarissement est associé à un
risque de kyste 8,4 fois plus élevé [68]. D’une manière générale, l’état d’embonpoint est un
facteur de risque [43].

c) Physiopathogénie
L’apparition de kyste est due à un défaut d’ovulation ou d’atrésie du follicule dominant. La
fréquence des pulses de LH peut être insuffisante pour provoquer l’ovulation, mais suffisante
pour permettre le maintien de la croissance du follicule dominant et de la production
d’œstrogènes. Le déficit énergétique est alors mis en cause car il est à l’origine d’une diminution
61
de la synthèse de LH. De la même manière, le gain d’état corporel durant la période sèche révèle
une "sur-alimentation" et une accumulation de gras qui sera mobilisé en post-partum.
L’augmentation de la concentration sanguine en acides gras non estérifiés est alors dans ce cas
fortement suspectée comme facteur de risque de kystes ovariens [59].

C. NOTE D’ETAT CORPOREL ET PROFILS DE CYCLICITE

1) Chez les génisses


Une reprise d’activité ovarienne retardée est associée à des états corporels insuffisants au
moment du vêlage. Cette situation est rencontrée lorsque les apports alimentaires dans le dernier
tiers de gestation sont insuffisants (génisses au pré sans complémentation avec vêlage
d’automne). A cette période, le GMQ doit être au moins de 500 g/j pour assurer les besoins de la
gestation [36].

2) Chez les multipares


Il semble difficile d’établir une relation entre le profil de cyclicité et la note d’état au vêlage. A
l’inverse, la perte d’état en post partum est un facteur de risque mis en évidence dans plusieurs
études. Fréret et al. [41] trouvent une proportion de vaches ayant une perte supérieure à 1,5 entre
0 et 60 jours significativement différente selon les profils. On les retrouve en majorité dans les
profils d’absence de cyclicité ou de phase lutéale prolongée. Cinquante pour cent des femelles
ayant eu une note minimale inférieure ou égale à 1,5 présentent ce type de cycle (47,4% de
celles-ci sont dans la catégorie "absence de cyclicité" et 41,7% dans la catégorie "phase lutéale
prolongée"). Même si Touze et al. [97] trouvent un poids vif au vêlage significativement plus
faible chez les vaches en inactivité ovarienne prolongée que chez les vaches à profil normal, ils
ne mettent pour autant pas en évidence un rôle déterminant de la note d’état.

Opsomer et al. [72], dans une étude sur les facteurs de risque des dysfonctionnements ovariens
en post-partum, mettent en évidence la perte d’état corporel à trente jours, soixante jours, et cent
vingt jours après vêlage comme facteurs de risque significativement plus important de
l’inactivité ovarienne prolongée comparativement aux vaches à profil normal et à phases lutéales
prolongées. La perte d’état à trente et soixante jours multiplie par 18,7 et 10,9 fois (odds ratio) le
risque de manifester une inactivité ovarienne prolongée plutôt qu’un profil normal. La perte
s’élève à 0,26 et 0,29 points au premier et au second mois respectivement pour les vaches
62
normales et à 0,39 et 0,49 points respectivement pour les autres. Les auteurs rapportent que
l’importance de la note d’état au vêlage et d’une bien moindre importance comparativement à
celle de la perte d’état pendant les premiers mois de lactation.

Shrestha et al. [90] placent l’état corporel comme le paramètre le plus impliqué dans la reprise
d’activité ovarienne. Ils trouvent une note d’état corporel à cinq, sept, neuf et onze semaines
post-partum significativement plus faible pour les vaches présentant une inactivité ovarienne
prolongée. La perte d’état supérieure ou égale à un point apparaît aussi comme un facteur de
risque de retard d’activité ovarienne en général. Mais la note d’état dès cinq semaines post-
partum est aussi significativement plus faible pour l’inactivité ovarienne prolongée que pour les
cycles normaux ou les phases lutéales prolongées. Il s’en suit donc un retard d’ovulation plus
important pour les vaches présentant une perte d’état corporel modérée (0,5 à 1 unité) ou sévère
(>1 point) comparativement à celle perdant peu (<0,5 point) [14, 44].

Dans l’étude de Benaich et al. [8], il existe une corrélation positive entre la durée de l’intervalle
vêlage reprise d’activité ovarienne et le degré de mobilisation des réserves corporelles. Il s’agit
d’une étude ayant pour objectif d’évaluer l’effet de la mobilisation des réserves sur les
paramètres de reproduction dans huit fermes (216 animaux) au Maroc. La ferme où les vaches
ont le moins mobilisé leurs réserves corporelles a les paramètres de reproduction les meilleurs et
inversement dans la ferme où les vaches ont le plus maigri.

L’étude de Disenhaus et al. [22] traite de la cyclicité en fonction de la production laitière. Les
profils de cyclicité post-partum sont classés différemment. Les vaches sont classées en 3
catégories : cyclicité normale, cyclicité anormale et anœstrus selon leurs profils de progestérone
(vu précédemment). La probabilité (le seuil de significativité ayant été fixé à 10 % par les
auteurs) de présenter une anomalie de cyclicité est augmentée par l’augmentation de la
production laitière corrigée pendant les trois premières semaines (p=0,06), par la matière sèche
volontairement ingérée au cours des trois premières semaines post-partum (p=0,03), par l’état
d’engraissement au vêlage (p=0,06) et par la perte d’état entre le vêlage et soixante jours post-
partum (p=0 ,06). C’est d’ailleurs l’interaction entre ces deux derniers paramètres qui a eu un
effet négatif (p=0,06). En ce qui concerne l’anœstrus, le bilan énergétique des semaines sept à
dix en est un facteur de risque (p=0,07), tout comme les AGNE plasmatiques moyens des
semaines quatre à six et sept à dix (p=0,07 et p=0,04 respectivement) et la glycémie minimale
aux mêmes périodes (p=0,08). En dehors de ces paramètres métaboliques, on retrouve la

63
production laitière corrigée des semaines sept à dix (p=0,02), la perte d’état entre le vêlage et 60
jours post-partum et le poids moyen des vaches entre la semaine quatre et six (p=0,05) (tableau
11).

Tableau 11 : Comparaison des caractéristiques zootechniques et métaboliques de vaches laitières


selon leur profil de cyclicité post-partum [22].

PL : production laitière ; AGNE : acides gras non estérifiés ; MSI : matière sèche ingérée ; pp :
post-partum

Etude 1 : anormale vs normale Etude 2 : anœstrus vs normale

Cyclicité Anormale n=15 Normale n=35 Anœstrus n=14 Normale n=35

Bilan énergétique (UFL/j) 1,90±0,49 0,78±52


7 à 10 semaines pp
PL 4% moyenne (kg/j) 33,3±0,9 29,8±0,9
7 à 10 semaines pp
PL 4% moyenne (kg/j) 27,0±1,1 23,1±1,1
1 à 3 semaines pp
MSI (kg/j) 16,1±0,7 14,2±0,6
1 à 3 semaines pp
Poids moyen (kg) 559±14 579±13
4 à 6 semaines pp
Etat d’engraissement au 3,27±0,11 2,78±0,13 2,9±0,1 2,9±0,1
vêlage
Perte d’état 0,84±0,13 0,55±0,12 0,79±0,11 0,41±0,11
[vêlage-60 jours pp]
AGNE max (microM) 1 à 775±85 629±74
3 semaines pp
AGNE moyen 314±40 229±37
4 à 6 semaines pp
Glycémie moyenne (g/L) 0,664±0,018 0,695±0,015
1 à 3 semaines pp
Glycémie minimale (g/L) 0,583±0,017 0,653±0,016
4 à 6 semaines pp

Finalement, l’évolution de l’état corporel influence significativement la reprise et la régularité de


la cyclicité entre 30 et 80 jours post-partum. Il convient de considérer la perte d’état d’un côté et
la note en elle-même de l’autre. Le risque de présenter une phase lutéale prolongée ou une

64
inactivité ovarienne prolongée est plus élevée chez les vaches perdant plus de 1 à 1,5 point entre
0 et 60 jours ainsi que chez celles présentant une note insuffisante à 30 jours de lactation
(note<2). Une note intermédiaire (entre 2 et 2,5) diminue le risque d’activité ovarienne
désordonnée. Le risque de reprise de cyclicité anormale est également élevé pour les vaches en
bon état, voire grasses.

3) Aspect physiopathologique
La régulation endocrine de la reprise d’activité sexuelle fait intervenir la leptine. Cette hormone
est sécrétée par le tissu adipeux et par le placenta [36] mais aussi, dans une moindre mesure, par
la mamelle, le rumen, l’abomasum et/ou le duodénum et l’hypophyse [17]. Sa concentration
sérique est associée à la quantité d’adipocytes et à l’importance des réserves corporelles en
graisse. Elle agit sur l’hypothalamus en favorisant la sécrétion de GnRH ou plus exactement en
limitant son inhibition. L’hypophyse possède également des récepteurs à la leptine laissant
supposer une action directe. La leptine pourrait ainsi renseigner l’hypothalamus sur les réserves
énergétiques à long terme et sur les capacités de l’animal à mener à bien la croissance
folliculaire, l’ovulation, et enfin la gestation. Notons que la leptinémie des génisses est
physiologiquement inférieure à celle des multipares et peut être en rapport avec une reprise
d’activité ovarienne plus tardive chez celles-ci (figure 23) [36].

La leptinémie des vaches commence à diminuer de quatre à une semaine avant le vêlage, elle
atteint un nadir autour de 3 à 6 ng/ml au cours de la première semaine post-partum (figure 23)
pour réaugmenter ensuite. Cette diminution dès la fin de gestation/début de lactation résulterait
de la diminution de la prise alimentaire, de la négativation du bilan énergétique, d’une
insulinorésistance, et d’une diminution de l’état corporel durant cette période [17]. Elle aurait
également comme rôle de diminuer la sensibilité à l’insuline et la synthèse protéique, de
diminuer l’activité thyroidienne et d’augmenter l’efficacité alimentaire. Cette activité participe
au partage homéorhétique des nutriments notamment pour favoriser l’approvisionnement de la
mamelle (insulino-résistante, voir plus bas) mais a pour contrepartie un blocage de la
reproduction [17].

65
Figure 23 : Influence de l’état corporel au vêlage sur la leptinémie des vaches avant et après
vêlage [36].

Note (V) : Note d’état corporel au vêlage.

La leptinémie est donc corrélée positivement à la note d’état corporel au pic de lactation, les
vaches et les génisses ayant une note d’état corporel supérieure à trois ont des taux d’Insulin
Growth Factor 1 (IGF1) et de leptine plasmatique plus élevés [17]. De même, la chute du taux de
leptine est plus prononcée chez les génisses et se met en place plus tardivement chez les vaches
grasses. Enfin, les multipares et les génisses grasses présentent une leptinémie post-partum
supérieure à 5,5 ng/ml et retrouvent une activité ovarienne cyclique plus tôt contrairement aux
génisses maigres. Un pic de leptine supérieur à 5 ng/ml est d’ailleurs généralement observé
(parallèlement a une diminution du taux d’AGNE sanguins) une semaine avant le premier pic de
progestérone en post-partum [17].

L’utilisation du glucose est également déterminante pour la reprise d’activité ovarienne. Il


semble être la principale source d’énergie utilisée par l’ovaire. Or, certains tissus non insulino-
dépendants [17]ont alors prioritaires. C’est le cas du cerveau, du cœur ou de la mamelle. Il est
probable que l’entrée du glucose dans l’ovaire soit insulino-dépendante. Ceci pourrait également
expliquer pourquoi les primipares, plus insulino-résistante que les multipares présentent des

66
délais de reprise de cyclicité post-partum plus longs que les multipares malgré un bilan
énergétique plus favorable, Grimard citée par Ennuyer [36].

Le rôle du déficit énergétique est également prépondérant. D’un point de vue biochimique, les
vaches en bilan énergétique négatif ont des concentrations sanguines en IGF1, en glucose et en
insuline insuffisantes et des concentrations d’hormone de croissance et d’acides gras libres
élevées. D’un point de vue physiopathologique, les effets de ce déficit énergétique sur la
pulsatilité de LH expliquent le retard de la première ovulation après le vêlage.

La concentration d’IGF1 a été démontré comme variant dans le même sens que la balance
énergétique [92] ; et en inversement à la production laitière. Cet accroissement d’IGF1 est
également lié à l’augmentation de la sécrétion de progestérone au cours du cycle œstral. La
réduction du taux d’IGF1 semble accompagnée d’une réduction d’activité ovarienne et
compromet la croissance et la qualité des follicules [90].

Notons que le déficit est d’autant plus élevé que les vaches produisent beaucoup (forte
expression du pic), que leur capacité d’ingestion est limitée (cas des génisses) ou quelles
ingèrent moins (pathologie) [36].

Un bilan énergétique négatif altère donc la sécrétion d’IGF1. Il diminue la taille, altère la qualité
et la croissance du follicule. En outre, ce follicule est le principal sécréteur d’œstrogènes,
hormones responsables du comportement d’œstrus.

67
D. NOTE D’ETAT CORPOREL ET ŒSTRUS

1) L’expression des chaleurs

a) Détecter : une étape cruciale pour l’éleveur


Les premières chaleurs post-partum sont l’évènement le plus concret que l’éleveur va détecter et
qui témoigne d’une cyclicité normale. C’est également une date prise en compte pour détecter
les chaleurs suivantes. Pourtant, la détection des premières chaleurs est de plus en plus difficile
car elles durent de moins en moins longtemps [20] : à l’heure actuelle en moyenne entre quatre
et quatorze heures toutes les trois semaines [88]. Or la détection des chaleurs a une influence
majeure sur les paramètres de reproduction, notamment sur l’intervalle vêlage/première
insémination artificielle. Les premières chaleurs sont détectées en moyenne à 59 jours post-
partum chez les vaches laitières mais l’intervalle vêlage/premières chaleurs peut parfois
s’étendre à plus de 70 jours post-partum (tableau 12) [41]. Pourtant, les chaleurs utilisables pour
une mise à la reproduction normales sont définies comme celles détectées entre 50 et 70 jours
post-partum [54].

Tableau 12 : Intervalle vêlage-première chaleur. D’après [41].

L’intervalle moyen est de 59 jours.


Intervalle <50 jours post-partum [50-70] jours post-partum >70 jours post-partum

% 45 25 30

Environ 50% des chaleurs ne sont pas détectées en élevage actuellement et 5 à 20% des vaches
sont inséminées en phase lutéale ou en début de gestation du fait d’une mauvaise détection de
celles-ci. Une partie de ces mauvais résultats vient souvent de facteurs humains : le temps
consacré par l’éleveur à cette tâche primordiale diminue avec l’augmentation de la taille des
troupeaux [88].

68
b) Exprimer : collaboration de la vache ?
L’acceptation du chevauchement reste le principal facteur caractérisant l’œstrus : la vache
s’immobilise lors d’un chevauchement par l’arrière ou avance un peu sous le poids de sa
congénère [20]. Mais certaines, plus actives que d’autres vont vers les autres et acceptent
difficilement voire refusent d’être chevauchées. Il faudra aussi prendre en considération d’autres
facteurs notamment environnementaux : un sol glissant inhibe les manifestations d’œstrus, le
mode de stabulation en logettes y est aussi moins favorable comparativement à la stabulation
libre. D’autres vaches en chaleurs peuvent également inhiber le comportement de certaines.
L’acceptation du chevauchement n’est jamais exprimée en phase lutéale et est donc spécifique
de l’œstrus. D’autres critères peuvent être repérés mais peuvent aussi être observés en phase
lutéale. C’est l’augmentation de la fréquence d’un ou de plusieurs de ces critères chez un même
animal qui doit alerter : agitation, mictions, beuglement, chevauchements initiés par la vache en
chaleur, pose ou frottement du menton sur la croupe ou le dos d’une congénère, flairage ou
léchage de la vulve avec ou sans signe du flehmen. Ces derniers comportements peuvent être
initiés ou acceptés par la vache en chaleur. Une vache en chaleur se déplace significativement
plus et reste moins longtemps couchée [20].

Associés à ces signes comportementaux, interviennent des modifications physiques : vulve


congestionnée, présence d’un mucus vulvaire transparent et filant d’origine cervicale, poils
ébouriffés voire des érosions cutanées au niveau de la croupe, de la base de la queue et des
tubérosités ischiatiques, témoins de chevauchements répétés.

Les signes secondaires sont donc assez subjectifs, ce qui rend difficile la détection des chaleurs.
La tâche est encore compliquée par deux phénomènes : d’une part, nombre d’ovulations sont
silencieuses. La première ovulation n’est accompagnée de signes d’œstrus que dans un cas sur
trois [35]. Mais en dehors de celle-ci, des études rapportent que 14% des vaches n’expriment
aucun comportement de chaleurs et par conséquent sont indétectables [20]. D’autre part, les
vaches peuvent manifester également des fausses chaleurs. On parle de fausses chaleurs lorsque
l’animal présente des signes d’œstrus alors que la concentration en progestérone excède 5 ng/ml.
Dans l’étude de Kerbrat et Disenhaus [54], six vaches sur cent deux observées ont présenté des
fausses chaleurs. Cinq d’entre elles avaient un profil de reprise de cyclicité anormal et une avait
un profil normal. Cette tendance est confirmée par d’autres études : le pourcentage de fausses
chaleurs est particulièrement élevé pour les vaches ayant présenté une cyclicité post-partum

69
anormale ou retardée (respectivement 30% et 14%) alors qu’il n’est que de 8% pour les vaches
à cyclicité normale [23].

c) Recommandations pour l’éleveur


Il est donc important de ne pas négliger cet évènement et de recommander aux éleveurs une
observation matin et soir, pendant trente minutes au total, et en ne se consacrant qu’à
l’observation des animaux : le temps de traite, de distribution de la ration ou le paillage, ne
doivent pas être considérés dans le temps recommandé. Il existe également de nombreux
dispositifs d’aide à la détection des chaleurs. Pour ceux qui prennent en compte le critère
d’acceptation du chevauchement pour leur fonctionnement, il faudra donc rester méfiant quant
aux vaches n’exprimant pas ce comportement d’autant qu’il en existe d’autres, tels que le
podomètre, qui ne sont pas basés sur ce principe. La prise en compte de la seule acceptation du
chevauchement permet de détecter seulement 37 à 53 % des vaches en chaleurs, même avec
deux observations d’au moins trente minutes par jour [88]. Afin de prendre en compte les autres
modifications associées à l’œstrus, une grille attribuant un certain nombre de points selon les
différents signes observés pour un animal donné a été proposée (tableau 13). Pour une vache
donnée, les points s’additionnent sur une période de vingt-quatre heures. Avec deux ou trois
observations de trente minutes par jour, une vache est considérée en chaleurs pour un score qui
atteint au moins cinquante points [88].

Tableau 13 : Grille de pointage pour la détection visuelle des chaleurs [88].

Signes d’œstrus Points Nombre Total


Présence de mucus à la vulve 3
Interactions avec d’autres vaches 3
Agitation 5
Flairage de la vulve d’une autre vache 10
Appui du menton sur une autre vache 15
Chevauchée sans immobilisation 10
Chevauchement (ou essai) d’autres vaches 35
Chevauchement d’autres vaches par l’avant 45
Acceptation du chevauchement 100
TOTAL

70
2) Influence de la cyclicité

10 à 15% des vaches laitières présentent des dysfonctionnements ovariens qui perturbent
l’expression des chaleurs au moment de l’insémination artificielle (IA) première, c’est-à-dire au-
delà de cinquante jours post-partum [88] ; c’est 5 à 10% de plus que dans les années 80 [20].

Quatre vaches sur cinq normalement cyclées depuis le vêlage sont détectées correctement. Cette
proportion devient significativement inférieure pour les autres : en effet, malgré l’attention
particulière portée à la détection, lorsque l’activité cyclique post-partum est irrégulière ou
retardée, la détection des chaleurs de mise à la reproduction n’est réalisée que pour une vache
sur deux (figure 24). Cette moindre détectabilité des chaleurs des vaches dont la cyclicité est
rétablie va dans le sens d’une expression de l’œstrus plus faible au cours de la première
ovulation à la fois en terme de nombre de signes (acceptation du chevauchement) que de
l’intensité et de la durée de ceux-ci. Une difficulté supplémentaire s’ajoute alors à l’éleveur pour
les animaux présentant des anomalies de cyclicité, il n’a alors aucun repère fiable et prévisible
pour les chaleurs suivantes (de mise à la reproduction, après cinquante jours) [21].

Mais au-delà des vaches présentant des dysfonctionnements ovariens, celles dont la cyclicité est
régulière n’ont pas toujours une activité œstrale aussi bien orchestrée. En effet, plus d’un tiers
(35%) des vaches dont la cyclicité a été vérifiée par des profils de progestérone n’ont pas de
chaleurs détectées entre 50 et 70 jours. Dans cette étude, 73 % des vaches ont eu un profil de
cyclicité normal mais seulement 32 % ont présenté des chaleurs régulières. 16% ont eu des
chaleurs irrégulièrement et 26 % n’en ont pas eu. Enfin, 63 % des vaches à profil normal ont eu
au moins une chaleur non détectée entre 30 et 80 jours post-partum [41].

Les anomalies de cyclicité sont un facteur significatif influençant la détection des chaleurs. Le
pourcentage de détection de celles-ci varie considérablement selon les profils (tableau 14).

71
Figure 24 : Efficacité de la détection des chaleurs entre 50 et 90 jours post-partum en fonction
des profils d’activité cyclique [21].

% significativement différents entre colonnes de la même couleur à *p<0,05 et **p<0,01.

Tableau 14 : Pourcentage de chaleurs détectées selon le profil de cyclicité

Dans ces deux études, les chaleurs ont été détectées selon l’habitude des éleveurs mais ont été
néanmoins confirmées à posteriori par les dosages de progestérone sur le lait congelé et analysé
en fin de collecte.
Inactivité Interruption Phase Activité
Profils Normal
prolongée cyclicité lutéale désordonnée
prolongée
% chaleurs régulières
détectées [41] 43,1 5 27,3 3,85 37,5

p<0,0001
% chaleurs détectées
76 46
[54]

p<0,02

72
3) Relation note d’état/détection/expression des chaleurs ?
Il semble difficile d’établir une relation directe entre note d’état et expression des chaleurs. Dans
une étude visant à étudier les relations entre la note d’état de 0 à 120 jours post-partum et les
paramètres de reproduction [76], les éleveurs devaient noter les signes d’œstrus. Soit ils
observaient un seul signe (acceptation du chevauchement ou signe non spécifique), soit ils
observaient plusieurs types de signes (dont acceptation du chevauchement ou non). La
proportion de chaleurs comportant un seul signe d’œstrus noté a eu tendance à diminuer lorsque
la perte d’état entre zéro et trente jours a été inférieure à un point. Ces résultats peuvent être à la
fois mis en relation avec une moindre expression des chaleurs chez les femelles présentant une
perte d’état élevée au cours du premier mois de lactation, ainsi qu’avec des facteurs liés à la
détection des chaleurs, illustrant le rôle prépondérant de l’éleveur.

En ce qui concerne l’intervalle vêlage-première chaleur, la première chaleur a été vue en


moyenne 57±31 jours après le vêlage et les femelles inséminées 82±26 jours après le vêlage. La
perte d’état corporel supérieure à un point entre 0 et 30 jours, autant qu’un état corporel
insuffisant au vêlage ou encore une affection du post-partum ont significativement allongé le
délai moyen d’apparition des premières chaleurs après vêlage. Il existe d’ailleurs dans cette
étude, des différences significatives au sein même des multipares : les femelles présentant un
bon état corporel ont été vues en chaleur, puis inséminées dans des délais plus courts après
vêlage, alors que les femelles en état corporel insuffisant ont présenté les délais les plus longs
[76].

Le bilan énergétique a une influence majeure à cette période, l’expression des chaleurs diminue
à chaque cycle tant qu’il reste négatif. En effet, au cours du deuxième cycle, seulement 66,7%
des vaches en bilan énergétique négatif manifestent leurs chaleurs avant l’ovulation, contre 80%
des vaches en bilan énergétique positif [92].

73
Tableau 15 : Note d’état corporel et reprise d’activité sexuelle d’après [76].

Echelle utilisée allant de 0 à 5.

PROFILS DE CYCLICITE (%)


Variable Classe Première p Cyclicité Cyclicité Phase Cyclicité
chaleur normale normale + lutéale désordonnée
vue par + chaleurs prolongée
l’éleveur chaleurs irrégulières ou
régulières inactivité
ovarienne
Affection non Réf 0,001 66,7 66,7 39,5 33,3
post-
oui + 11 j 33,3 33,3 60,5 60,7
partum
Perte <1 Réf 0,004
d’état
entre 0 et ≥1 +8j
30 jours
Perte <1,5 74,7 70,5 51,2 87,0
d’état
entre 0 et ≥1,5 25,3 29,5 48,8 13,0
60 jours
Note ≥2,5 Réf 0,02
d’état aux
premières ]1,5-2,5[ +5j
chaleurs
≤1,5 + 16 j

Note <2 30,7 40,0 58,1 34,8


d’état à [2-2,5] 33,3 29,5 23,2 8,7
30 jours >2,5 36,0 30,5 18,6 56,5
pp
Rang de Primipares Réf >0,05
lactation Multipares +2j

L’étude de Villa-Godoy et al. [99] s’intéresse aux génisses. Différentes rations leur sont
proposées. Une première division selon l’état corporel (maigre ou non) et la deuxième selon le
bilan énergétique (négatif ou non) forment 4 lots. Les auteurs se sont ensuite intéressés au
comportement d’œstrus décrits précédemment. On retrouve 98,7% des comportements
d’acceptation du chevauchement et 91,7% des chevauchements initiés qui correspondent à des
taux de progestérone basaux (<1ng/ml) c’est-à-dire à l’œstrus. Or, dans cette étude, la
74
manifestation des chaleurs par l’acceptation du chevauchement, tant en durée qu’en intensité, n’a
pas été significativement liée au bilan énergétique ni à la note d’état d’engraissement. Mais dans
la catégorie des génisses en mauvais état corporel et en déficit énergétique, la durée de
manifestation de ce signe diminue au cours des cycles successifs. C’est donc la persistance d’un
bilan énergétique négatif, corroboré par une perte d’état persistante, qui a un impact négatif sur
le signe majeur d’œstrus : l’acceptation du chevauchement. La manifestation des chaleurs par
l’activité d’acceptation du chevauchement est par ailleurs significativement supérieure à celle de
chevauchement initié chez les vaches en bilan énergétique négatif. Les relations entre note
d’état, bilan énergétique indépendamment ou de façon liée et les principaux critères de
manifestation d’œstrus ne sont donc pas toujours évidentes.

Seule une étude datant de 1992 ne note réellement pas d’effet ni de la note d’état au vêlage, ni de
la perte d’état pendant les 80 premiers jours de lactation, ni de la production laitière cumulée sur
cette même période sur l’intervalle vêlage/premier signe d’œstrus [87].

4) Aspect physiopathologique
Un ou deux follicules pré ovulatoires sont présents au moment de l’œstrus. D’un diamètre de 18
à 20 mm, ils sécrètent des quantités élevées d’œstradiol 17β responsable à la fois du
comportement d’œstrus, du déclenchement de l’ovulation et de la préparation du tractus génital à
l’accouplement et au transport des spermatozoïdes. L’action des œstrogènes provoque en
particulier l’épaississement de la muqueuse vaginale et l’augmentation de la teneur en eau du
mucus cervical qui s’écoule alors par la vulve [88].

Chez des vaches recevant une ration à concentration énergétique modérée et lors de déficit
énergétique, on observe une moindre réceptivité des ovaires à la sécrétion de LH. Le déficit
énergétique affecterait la croissance folliculaire, surtout par altération des petits follicules,
soixante à quatre-vingt jours avant l’ovulation, lorsque les cellules de la thèque interne, sensibles
à la LH, se multiplient ainsi que celles de la granulosa, sensibles à la FSH. Ces altérations
pourraient gêner le développement ultérieur du follicule, conduisant à une atrésie du follicule
secondaire ou tertiaire, ou à un retard d’ovulation. Un tel phénomène explique le décalage
observé entre le déficit énergétique et ses conséquences sur l’activité ovarienne [32].

75
De même, la concentration en œstradiol du liquide folliculaire chez des vaches qui reçoivent une
ration à concentration énergétique modérée est plus faible, ce qui pourrait être une conséquence
d’une altération de la granulosa. Une telle diminution de sécrétion d’œstradiol pourrait être à
l’origine d’un retard d’ovulation en retardant le pic de sécrétion de LH. [32]. Elle pourrait aussi
être à l’origine de la moindre expression des chaleurs observée [92].

76
II. NOTE D’ETAT CORPOREL ET FERTILITE/FECONDITE

A. MESURE DES PARAMETRES DE


FERTILITE/FECONDITE
60 % des éleveurs classent l’infécondité comme pathologie majeure de l’élevage [35].

1) Définitions
On peut définir la fertilité comme la capacité à se reproduire, c’est-à-dire la capacité à produire
des ovocytes fécondables.

Pour ce qui est de la fécondité, elle caractérise l’aptitude pour une femelle à mener à terme sa
gestation, dans les délais requis. La fécondité englobe alors la fertilité, le développement
embryonnaire et fœtal, la mise bas et la survie du nouveau-né (figure 25).

Il est important de noter que cette distinction entre fertilité et fécondité ne se retrouve pas dans la
littérature anglo-saxonne, le terme ″fertility″ englobant les deux notions retrouvées dans la
littérature française.

77
Figure 25 : Notions de fertilité et de fécondité en élevage bovin laitier [89].

fécondité (intervalle entre deux vêlages)

vêlage n IA1 IA2 IAf vêlage


n+1

délai de mise fertilité durée de gestation


à la reproduction (temps perdu par échec des IA)

2) Paramètres de fertilité/fécondité
En pratique courante, plusieurs paramètres sont employés pour caractériser la fertilité (tableau
16). D’une importance majeure, on retrouve le pourcentage de réussite en première IA (TRIA1 =
taux de réussite à l’IA première) ainsi que le nombre de vaches à trois IA et plus (ou plus de
deux IA) [35]. L’évaluation du nombre d’IA pour obtenir l’insémination fécondante est
également très importante (IA/IF).

En ce qui concerne la fertilité, on s’intéresse surtout à l’intervalle vêlage-vêlage (IVV), à


l’intervalle vêlage-première insémination (IVIA1) et à l’intervalle vêlage-insémination
fécondante (IVIF). Les paramètres calculés pour caractériser la fertilité et la fécondité sont
présentés dans le tableau 16.

78
Tableau 16 : Définition des variables intéressant la fertilité et la fécondité chez la vache laitière.

IA : Insémination Artificielle ; IF : Insémination artificielle Fécondante ; IA1 : Insémination


Artificielle première ; V : Vêlage.
Paramètres de fertilité

Taux de mise bas = Nb de mise bas à terme suite à IA1 X 100


Nb d’IA1

Taux de non-retour = Nb d’IA1 sur mois (n) sans retour jusqu’à la fin du mois (n+2) X 100
Nb d’IA1 sur mois (n)

Taux de réussite = Nb d’IA1 suivi de gestation à 90 jours (ou de fécondation) X 100


en première IA Nb d’IA1

IA / IF = Nb d’IA pour toutes les vaches pour obtenir une IF X 100


Somme des IF

Proportion des vaches > 2 IA = Nb de vaches > 2 IA (fécondantes ou non) X 100


Nb d’IA1

Paramètres de fécondité

- intervalle Vn-Vn+1 = nombre de jours entre le vêlage (n) et la date estimée du vêlage (n+1)
- intervalle Vn-IFn+1 = nombre de jours entre Vn et l’insémination fécondante suivante

-proportion des intervalles Vn-IA1n+1>60jours = nb d’intervalle Vn-IA1n+1>60 jours


nb d’intervalles Vn-IA1n étudiés

- proportion des intervalles Vn-IFn+1>60 jours = nb d’intervalles Vn-IFn+1>60 jours


nb d’intervalles Vn-IFn+1 étudiés

79
3) Objectifs de reproduction
L’optimisation du bilan de reproduction nécessite de se fixer des objectifs. La comparaison des
valeurs de l’élevage avec celles des objectifs doit se faire avec précaution en nuançant la critique
selon la stratégie d’élevage choisie (voir plus loin).

Tableau 17 : Objectifs standards pour la reproduction des vaches laitières d’après [98].

FERTILITE OBJECTIFS
IA/IF < 1,6
% vaches à 3 IA et plus < 15 %
TRIA1 > 60 %
FECONDITE
IVIA1 70 jours
% vaches ayant IVIA1 > 80 jours < 15 %
IVIF 90 jours
% vaches ayant IVIF >110 jours < 15 %
IVV 365 jours

Le kit fécondité est un outil proposé par la Société Nationale des Groupements Techniques
Vétérinaires. C’est un outil qui permet d’effectuer l’analyse de la fécondité d’un troupeau laitier
lors d’un audit de reproduction ou lors d’un suivi d’élevage. Il est basé sur le calcul de sept
paramètres définissant quatre problèmes :

Trois paramètres sont utilisés pour définir les chaleurs non vues : le pourcentage de vaches non
vues en chaleur 60 jours post-partum (IVCH1>60 jours), le pourcentage de vaches non
inséminées 90 jours post-partum, le pourcentage de vaches à IVIF supérieur à 120 jours et moins
de trois inséminations.

Deux paramètres définissent la fertilité : le pourcentage de réussite en première IA et le


pourcentage de vaches à 3 inséminations et plus.

La régularité des cycles est également prise en compte par le pourcentage de retours tardifs et,
enfin, le pourcentage de métrites évalue un problème sanitaire. Les objectifs prévus pour ces
différents paramètres sont indiqués dans le tableau 18.

80
Tableau 18 : Objectif pour la reproduction des vaches laitières d’après le kit fécondité de la
SNGTV [35].

IVCH1 : Intervalle Vêlage/Chaleurs n°1 ; IA1 : Insémination Artificielle n°1 ; IF : Insémination


artificielle Fécondante.
PARAMETRES OBJECTIFS
% de vaches à IVCH1 > 60 jours < 25 %
% de vaches à IVIA1 > 90 jours < 20 %
% de réussite en IA1 > 50 %
% de vaches en 3ième IA et plus < 20 %
% de vaches à retours tardifs < 15 %
% de vaches à IVIF > 120 jours < 20 %
% de métrites < 15 %
% de vaches réformées pour infécondité < 15 %

4) Modulation des objectifs en fonction de la conduite d’élevage


choisie.
L’évolution de la conduite des élevages oblige à nuancer les repères usuellement utilisés en
fonction de la conduite d’élevage choisie par l’éleveur (tableau 19). Nous l’avons déjà largement
évoqué plus haut. Trois stratégies semblent se détacher, vraisemblablement pour des raisons
économiques. La stratégie visant à solliciter le potentiel génétique laitier se voit allonger les
durées de lactation et par là même, les intervalles de reproduction. La stratégie ″coûts réduits″
cherche à réduire les coûts de production, essentiellement alimentaires, en valorisant surtout les
fourrages. Le respect des recommandations en terme de paramètres de reproduction doit alors
être plus strict. S’il accepte une production laitière limitée par le potentiel des fourrages, ce
système ne se veut économique que si les résultats de reproduction n’aggravent pas ce manque.
Le système à vêlages groupés, tout comme le précédent, a une exigence double : les vaches
doivent être fécondées et, de plus, fécondées dans l’intervalle souhaité et nécessitent donc une
fertilité élevée.

81
Tableau 19 : Objectifs de reproduction adaptés aux trois principaux systèmes d’élevage [21].

Critères / Systèmes Productivité laitière Coûts réduits Vêlages groupés


Intervalle VV 12 à 14 mois 13 mois 12 mois
Intervalle VIF 85-140 jours 85-100 jours 80-90 jours
Intervalle VIA1 50-100 jours 50-80 jours Variable selon période d’IA
TRIA1 45% > 50% > 55%
Taux de gestation > 80% > 85% > 90%

B. IMPACT DE LA NOTE D’ETAT CORPOREL SUR CES


VARIABLES
La valeur absolue de la note d’état corporel ainsi que sa variation influencent la fertilité et/ou la
fécondité. Un mécanisme pathogénique possible est une diminution de la progestéronémie. En
effet, la sécrétion de progestérone par le corps jaune est limitée chez des vaches qui ont subi un
déficit énergétique, au moins jusqu’au cinquième cycle post-partum, et le taux de réussite à
l’insémination s’en trouve très affecté [32].

1) Relation entre la note d’état à un instant précis et


fertilité/fécondité

a) Note d’état corporel au vêlage


Dans une étude comparative des résultats de différentes études, on trouve un lien de dépendance
significatif entre la NEC au vêlage et le TRIA1 seulement pour les vaches ayant une NEC faible
au vêlage par rapport à celles ayant une note intermédiaire (OR=0,91 contre OR=1,04). Les
vaches vêlant en état insuffisant se voient diminuer de dix point leur TRIA1. Cette relation de
dépendance n’est pas retrouvée pour les vaches ayant une note élevée au vêlage, mais, pour
celles-ci, l’IVIF est supérieur [51, 61] (figure 26).

A l’inverse, une différence significative sur le taux de réussite en première IA existe dans l’étude
de Heuer et al. [51] entre un groupe de vaches ayant une note d’état excessive (>4) au vêlage et
un groupe ayant une note normale (comprise entre 2 et 4). Cette différence n’est pas retrouvée

82
entre le groupe de vaches ayant une note faible (<2) et le groupe ayant une note normale. Les
différences sur les autres paramètres de fertilité ne sont pas significatives [51, 100].

Figure 26 : Relation entre note d’état corporel au vêlage et principaux paramètres de


reproduction [29].

b) Note d’état corporel à la première IA


Les résultats concernant la NEC à la première insémination sont homogènes. Que ce soit pour
une note élevée ou faible, la relation n’est pas significative. Le tableau 19 présente les résultats
de quelques études ayant cherché les relations entre la note à un instant donné et les résultats de
reproduction.

83
Tableau 20 : Bilan de la relation note d’état corporel/paramètres de reproduction

NS : non significatif ; NEC : note d’état corporel.


Etudes NEC TRIA1 IVIF IVIA1 IA/IAF

3 classes selon la note à un


[42] p < 0,05
instant non précisé

OR=0,8
NEC vêlage
(NS)
[64]
IVIF >120 j
OR=0,8
NEC tarissement
OR=0,7
(NS)

(NS)
NEC tarissement, vêlage, 30 et
[100] NS NS
60 jours de lactation

3 classes selon la note au p < 0,05 pour

[51] vêlage : maigres (NEC<2) ; grasse/normale NS NS NS


normales (2<NEC<4) et
NS pour les autres
grasses, (NEC>4)
OR=0,8 mais
Effet de la note au tarissement,
[24] relation
au vêlage et à l’IA,

NS

La note d’état a donc une influence sur les résultats de reproduction peu évidente. La
significativité des relations est très peu constatée à l’exception de celle entre le taux de réussite
en première IA et la note d’état au vêlage. Néanmoins, on observe malgré tout des tendances à la
dégradation des résultats pour des notes extrêmes (figure 25 et tableau 19). Bon nombre
d’auteurs soulignent d’ailleurs la limite d’interprétation de leurs résultats en évoquant qu’une
étude forçant la note d’état corporel vers des notes extrêmes pourrait être judicieuse.
84
2) Relation entre la perte d’état en post-partum et fertilité/fécondité

Les conséquences d’une perte d’état sur la reproduction sont plus évidentes que celles de la
valeur absolue de la note d’état (tableau 21). Dans l’étude de Lopez-Gatius et al. [61],
répertoriant les résultats de nombreuses études, le lien entre cette perte et le TRIA1 est faible
pour la catégorie de vaches perdant peu. La relation devient plus évidente quand la perte dépasse
un point. Dans cette même étude, la perte d’état corporel a un impact surtout sur l’IVIF et
surtout pour les vaches connaissant une perte sévère supérieure à un point. L’IVIF de ces
animaux augmente de 10,6 jours.
Dans l’étude de Mayne et al. [66], de telles observations sont également faites ; et les auteurs
arrivent à la conclusion que les vaches qui ont un meilleur intervalle vêlage/vêlage sont celles
qui, outre une meilleure détection des chaleurs, un meilleur intervalle vêlage/première
insémination, un meilleur taux de réussite en première insémination, ont une note d’état
inférieure au tarissement (3,0 contre 3,3, p<0,05) et surtout une perte d’état en début de lactation
inférieure (0,3 point contre 0,6 point ; p<0,05) comparativement à celle ayant un intervalle
vêlage/vêlage plus long.
De nombreuses études trouvent des résultats similaires, une synthèse de celles-ci est présentée
dans le tableau 21.

85
Tableau 21 : Significativité de la relation perte de note d’état corporel/paramètres de
reproduction selon les études.

NEC : note d’état corporel ; TRIA1 : taux de réussite en première insémination ; IA/IF nombre
d’insémination par insémination fécondante ; IVIA1 : intervalle vêlage première insémination ;
IVIF : intervalle vêlage insémination fécondante ; pp : post-partum ; NS : non significatif ; OR :
odd ratio.

Etudes NEC TRIA1 IA/IF IVIA1 IVIF IVIF > 120 j


[69] Perte ou gain > 1 point pp Relation significative sur la fertilité (p < 0,05) : taux de
échelle de ou < gestation, IA/IF, TRIA1.
1à5
[64] Perte de NEC tarissement NS OR = 1,8
échelle de
p < 0,05
1à5
[8] 8 fermes ayant profils de p < 0,05 p < 0,01
échelle de perte d’état entre 5 et 45
1à9 jours pp différents
[57] Notation tous les mois.
échelle de Perte sur 100 jours p<0,05
1à5 supérieure à un point ou
inférieure
[47] 3 classes : perte d’état p<0,05 pour NS p<0,05 pour
échelle de <0,5 ou perte >1,0 vs perte >1,0
0à5 >1,0 ou les deux vs les deux
0,5<…<1,0 autres autres
en début de lactation
[76] Perte entre 0,5 et 1 point p<0,05 p<0,05
entre 0 et 30 jours ou >1,5
point entre 0 et 60 jours pp
[45] p < 0,01 pour
3 lots, perte sévère,
échelle de perte sévère/ p < 0,05 NS p < 0,05
modérée, nulle
perte modérée
0à5

86
L’analyse des résultats d’enquêtes montre une tendance générale vers une détérioration des
résultats de reproduction lorsque cette perte après vêlage s’accroît. Tant que cette perte reste
inférieure à un point, l’influence de l’amaigrissement sur la reproduction reste modeste. A
l’inverse, quand la perte d’état dépasse 1,5 point, la dégradation concerne tous les paramètres de
reproduction calculés ou observés (figure 27 et 28).

Figure 27 : Relation entre la perte d’état corporel 2 mois après vêlage et les performances de
reproduction [28].

IV-Ovulation
90 2,5
IV-Chaleurs 1
Intervalles (j) et % de réussite

80 IV-IA1
70 2 % réuss. IA1

IA par fécondation
60 IA/Fécondation
1,5
50
40
1
30
20 0,5
10
0 0
< 0,5 0,5 à 1 >1
Baisse de note d'état après vêlage

87
Figure 28 : Relation entre la perte d’état corporel 2 mois après vêlage et les performances de
reproduction [32].

IV-IF > 110 j


40
3 IA ou plus
35 IV-IA1 > 90 j
30
% de vaches

25

20

15

10

0
0 0,5 1 1,5
Baisse de note d'état après vêlage

3) Relation entre note d’état corporel et mortalité embryonnaire


Chez la vache laitière, les taux de vêlage après insémination sont proches voire inférieurs à 50%.
Pourtant, plusieurs expériences ont démontré que les taux de fécondation étaient supérieurs à
80% (jusqu’à 90%) [21, 52, 77]. Hormis les cas d’avortement d’origine pathologique, les cas de
mortalité fœtale chez les bovins sont peu nombreux (5%). En revanche, 30 à 40 % des embryons
meurent après fécondation [79].

a) Définition
Il existe deux types de mortalité embryonnaire : la mortalité embryonnaire précoce (MEP)
survient avant le 16ième jour de gestation les retours en chaleurs sont alors réguliers (entre 18 et
25 jours); et la mortalité embryonnaire tardive (MET) qui intervient après le 16ième jour post IA
et occasionne des retours en chaleurs décalés, en effet, l’embryon a alors eu le temps d’émettre
un signal de maintien du corps jaune, dû à l’action antilutéolytique de l’interféron τ ce qui
entraîne un allongement du cycle sexuel [56].

88
On parle de mortalité fœtale après 43 jours de gestation car l’embryon devient alors un fœtus. Ce
type de cas, mises à part les origines pathologiques, représente 5% des cas.

La détermination des différentes situations après insémination, présentée dans le tableau 22, peut
être faite par un dosage de progestérone à 21-24 jours après l’insémination et un constat ultérieur
de gestation soit par dosage de la PSPB (Pregnancy Specific Protein B) soit par échographie à
30-35 jours. Cette combinaison permet de différencier les cas de MEP, MET et de mortalité
fœtale [77]. Il n’est cependant pas possible de faire la distinction entre non fécondation (NF) et
MEP, car, dans les deux cas, le taux de progestérone à J21-24 est faible et le constat de gestation
à J30-35 est négatif. Les femelles pour lesquelles le taux de progestérone est élevé à J21-24 mais
qui sont trouvées non gravides à J30-35 sont considérées comme des cas de MET [75], même si
certains de ces cas peuvent correspondre à des cas de phases lutéales prolongées.

Enfin, les vaches qui présentent un taux élevé de progestérone à J21-24, un constat de gestation à
J30-35 positif mais une palpation transrectale (PTR) négative à J60-100, sont considérées
comme des cas de mortalité fœtale.

Tableau 22 : Protocole de suivi de gestation à partir des résultats de dosages hormonaux et de


diagnostics de gestation [77].

P4 : progestérone ; PTR : palpation trans rectale ; Echo : échographie ; PSPB: pregnancy specific
protein B ; NF : non fécondation ; MEP : mortalité embryonnaires précoce ; MET : mortalité
embryonnaire tardive.
P4 à J0 P4 à J21-24 PSPB ou écho J30- PTR à J60-100
35
NF ou MEP - - - -
MET - + - -
Mortalité fœtale - + + -

89
b) Variation du taux de gestation et de mortalité
embryonnaire
Les situations qui compromettent le synchronisme observé entre les gamètes mâles et femelle ou
entre la vésicule embryonnaire et l’ensemble utéro-ovarien de la mère sont susceptibles
d’entraîner l’absence de fécondation ou l’arrêt de la gestation [56].

i) Non-fécondation, mortalité embryonnaire précoce


Le déficit énergétique de la vache en début de lactation retentit à la fois sur la qualité de
l’embryon et sur l’environnement hormonal qui accompagne le développement de l’embryon. La
mise à la reproduction trop précoce d’animaux dont l’état corporel est trop dégradé ou pas
encore stabilisé augmente donc le risque de mortalité embryonnaire.

Dans l’étude de Fréret et al. [41], la perte d’état entre 0 et 60 jours post-partum a eu un effet sur
le taux de NF-MEP : ce taux est de 41,7% pour une perte supérieure à un point, contre 29,8%
lorsque la perte est inférieure à un point. Remarquons qu’aucune relation n’a été observé dans
cette étude entre la note d’état au vêlage et les performances de reproduction après insémination
artificielle.
Pinto et al. [75] mettent en évidence un taux de gestation plus élevé dans la classe de vaches
présentant un TP supérieur (TP>30g/kg) par rapport aux autres femelles (47,1 et 41,3%
respectivement). Ceci est lié à une diminution des taux de NF-MEP pour les animaux de cette
classe (28,6% et 32,8% pour la classe TP bas).

ii) Mortalité embryonnaire tardive


Les études montrent là encore un effet néfaste d’un mauvais état corporel (excessif ou
insuffisant) sur la mortalité embryonnaire. Les taux de MET sont plus faibles chez les vaches
maigres ou en état correct que chez les vaches grasses au moment de l’insémination, avec
respectivement 13,5%, 15,1% et 24,5% de MET soit un odd ratio de 2,0 pour le dernier groupe
(p<0,01) [42].
De nombreux auteurs mettent alors en évidence le rôle prépondérant du déficit énergétique sur le
taux de MET. Le suivi de la note d’état en post-partum est alors important : le risque de
mortalité embryonnaire tardive est multiplié par 2,4 pour chaque unité d’état corporel perdu
durant le premier mois de lactation [60]. De même, Tillard et al. [96] mettent en évidence la
90
relation entre le profil d’état corporel et le taux de MET. 8 profils sont tracés selon la note de
départ et les pertes ; les profils extrêmes correspondant soit à une perte trop élevée soit à une
note constamment inférieure d’1,5 point à la normale ont des taux de MET de 29 et 27 % alors
que chez les animaux à profil optimal, ce taux est de 19%.
Un effet défavorable d’une production laitière élevée sur le taux de MET est également
observée. Une augmentation des MET est notée chez les femelles hautes productrices (18,7%
pour les vaches produisant plus de 39 kg de lait par jour contre 13,5% pour les classes de
production moyenne ou faible, p<0,03). Il existe alors une interaction forte avec l’état
d’engraissement, cet effet défavorable de la production laitière élevée étant essentiellement
observé chez les femelles en bon état au moment de l’insémination artificielle [75].

C. PHYSIOPATHOLOGIE

1) Importance du déficit énergétique


La relation entre la note d’état corporel et les paramètres de reproduction fait intervenir le déficit
énergétique. Notons qu’il existe une association entre le TP minimum enregistré sur les trois
premiers mois de lactation et le taux de NF-MEP [75]. Il est également noté un écart de dix point
de fertilité entre les lots de vaches TP mini faible (TP<28g/kg) et le lot de vaches TP mini élevés
(TP>32g/kg). Une corrélation forte et positive existe également entre le TP mini et le TRIA1. Un
objectif de TP mini>28g/kg est donc à retenir pour que l’énergie ne soit pas un facteur limitant
pour la fertilité, [65].

Les hypothèses les plus couramment admises font appel au rôle de l’insuline et des IGF sur la
croissance folliculaire et sur le contrôle hormonal de l’activité ovarienne. Les IGFs sont
synthétisées sous stimulation de l’hormone de croissance GH (Growth Hormone ou
somatotropine). Lors de déficit énergétique, la synthèse des IGFs diminue ; en début de lactation
la forte sécrétion d’hormone de croissance ne s’accompagne pas d’une forte sécrétion d’IGF
(phénomène de découplage) [32].

Des épisodes de mortalité embryonnaire peuvent survenir en raison d’une faible sécrétion de
progestérone par le corps jaune au moment de la reconnaissance maternelle de la gestation. En
effet, la progestérone est indispensable à l’établissement et au maintien de la gestation. En début
de gestation, l’augmentation de sa concentration circulante suffisamment tôt permet, grâce aux

91
modifications de l’environnement utérin, un développement optimal de l’embryon et ainsi une
production d’interféron τ satisfaisante pour inhiber le mécanisme de lutéolyse dû à la PGF2α
[79]. La sécrétion de progestérone est également essentielle durant la phase lutéale pour assurer
la nutrition de l’embryon [79]. Une moindre sécrétion de progestérone par le corps jaune après
les premières ovulations, lié à une moindre sensibilité du corps jaune à la LH voire à une
lutéolyse précoce, pourrait entraîner des risques de mortalité embryonnaire [29]. En période de
déficit énergétique, la sécrétion pulsatile de LH est compromise mais les réserves pituitaires en
LH augmentent ce qui semble indiquer que c’est la décharge de GnRH qui est diminuée. La
moindre sécrétion de LH diminue son effet lutéotrope sur le corps jaune et pourrait donc
diminuer la sécrétion de progestérone. L’apport énergétique en début de lactation conditionne
donc la qualité du corps jaune et sa sécrétion de progestérone nécessaire à l’établissement d’un
environnement utérin compatible avec le développement de l’embryon. Mais cet environnement
est fragile, un apport excessif en matières azotées a des conséquences catastrophiques. En plus
d’aggraver le bilan énergétique en raison de l’énergie nécessaire pour détoxifier l’ammoniaque,
les vaches alimentées avec une ration à matières azotées totales élevées ont des concentrations
de progestérone diminuée (diminution des concentrations sanguines de cholestérol, précurseurs
des hormones ovariennes stéroïdiennes.) ainsi qu’un pH utérin diminué par la diffusion d’urée et
d’ammoniac dans le fluide utérin auquel l’embryon est très sensible [79]. Notons enfin que les
apports lipidiques ont également une influence sur la mortalité embryonnaire en favorisant la
synthèse de progestérone voire en en diminuant la clairance par augmentation de la
cholestérolémie et de la proportion de lipides dans le corps jaunes. Une moindre sécrétion
d’œstrogènes ou de prostaglandines lors d’ajout de matières lipidiques dans la ration pourrait
également être l’un des éléments d’explication d’un meilleur fonctionnement du corps jaune
[79].

2) Conséquences des anomalies de cyclicité


Les vaches en inactivité ovarienne prolongée ont tendance à être mise à la reproduction plus
tardivement. L’intervalle vêlage-première ovulation est plus court chez les vaches à corps jaune
persistant que chez les vaches normales, [97]. L’intervalle vêlage-reprise d’activité ovarienne est
corrélé positivement avec les intervalles IVA1 (p<0,05) et IVIF (p<0,01), [8], eux-mêmes liés au
bilan énergétique et à la vitesse de mobilisation des réserves corporelles, [15].

L’étude de Shrestha et al. [91] étudie l’effet des anomalies de cyclicité au cours des premiers
cycles sur les suivants et les résultats de reproduction conséquent. Dans cette étude, 42,9% des
92
vaches ont présenté des cycles normaux, 35,2% ont eu une phase lutéale prolongée (profil A),
13,2% n’ont pas ovulé ou ont eu une ovulation retardée (profil B), et 8,8% ont eu des cycles
irréguliers. Les résultats sont présentés dans le tableau 23, le degré de significativité donné
correspond à la comparaison avec les vaches à profil de cyclicité normal.

Tableau 23 : Cyclicité anormale au cours du premier cycle et cycles suivants [91].

Paramètre %Insémination Taux de Taux de IVIA1 IVIf


Profil à 100 jours conception gestation
Profil A P<0,05 p<0,05 p<0,01 p<0,01 p<0,01
Profil B p<0,05 p<0,01 p<0,05 p<0,01

D. NOTE D’ETAT CORPOREL ET AVORTEMENT


Le diagnostic étiologique de l’avortement est assez difficile en élevage. La mise en évidence
d’un rôle direct de la note d’état corporel l’est tout autant. Une étude de Lopez-Gatius et al. [60]
étudie les facteurs de risque d’avortement entre trente jours et quatre-vingt dix jours suivant
l’insémination. Une perte d’état corporel élevée entre le vêlage et trente jours post-partum en est
un : une perte autour d’une unité de NEC est associé à un risque 2,4 fois plus élevé d’arrêt de
gestation pendant la période étudiée.

93
94
III. NOTE D’ETAT CORPOREL, VELAGE ET
POST-PARTUM

A. MISE BAS

1) Déterminisme de la mise bas


La mise bas est un phénomène physiologique continu que l’on a pour habitude de diviser en
quatre phases.

Pendant la première phase, dite préparatoire, s’initie le développement mammaire. La vulve


devient œdémateuse et relâchée. Les ligaments sacro-sciatiques sont de plus en plus lâches. La
parturition est imminente lorsque l’on peut les déplacer crânialement de plus de trois
centimètres. Le bouchon muqueux du col utérin se liquéfie entre trois et quelques heures avant la
mise bas.

Chez les ruminants, les surrénales fœtales jouent un rôle clé dans le déclenchement de la
parturition. L’augmentation exponentielle du cortisol fœtal pendant les dernières semaines
provoque une séquence d’évènements endocriniens qui aboutira à la parturition. L’augmentation
marquée de l’ACTH (Adreno Cortico Tropic Hormone) fœtal entraîne une hausse importante du
cortisol, ce qui présuppose un axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien fœtal fonctionnel. Le
point de départ de cette activation surrénalienne résulte d’un processus d’auto-amplification : le
cortisol fœtal agit par rétrocontrôle positif au niveau hypophysaire, en amplifiant l’effet
stimulant du CRF (Cortisol Releasing Factor) et de l’AVP (vasopressine) sur la sécrétion
d’ACTH, [4]. Cette hypercortisolémie est essentiel à la mise en place du surfactant pulmonaire
sans lequel la vie extra-utérine est impossible. L’augmentation du cortisol est aussi responsable
de l’importante synthèse d’œstrogènes, surtout de l’œstrone par les cotylédons, [49]. La
production d’œstrogènes (œstradiol et œstrone) se fait au dépend de celle de progestérone. La
diminution du rapport progestérone/œstrogènes agit sur les tissus concernés (myomètre et col
utérin) directement ou par le biais d’autres hormones (prostaglandines, ocytocine).

La production de prostaglandines (PGF2α et PGE2) se fait essentiellement par l’endomètre mais


également par le placenta à partir de 100 jours de gestation. Leurs taux circulants s’élèvent
brutalement au moment du terme sous l’effet stimulant des œstrogènes sur la phospholipase A2
95
et la cyclo-oxygénase. Elles accélèrent alors la lutéolyse (ce qui accélère la chute du rapport
progestérone/œstrogène donc l’auto-amplification), provoquent des contractions utérines et la
dilatation cervicale et augmentent la sensibilité du myomètre à l’ocytocine.

La relaxine est synthétisée par le corps jaune essentiellement. Sa concentration augmente


progressivement en fin de gestation pour s’effondrer au moment de la mise-bas. C’est une
hormone favorisant le relâchement des ligaments sacro-sciatiques, du col utérin et des fibres
lisses myométriales. La formation de ses récepteurs est stimulée par les œstrogènes.

Le contrôle hormonal de la mise-bas agit donc en boucle d’auto-amplification ; chaque hormone


a son propre rôle, le déterminisme de leur sécrétion se fait en cascade aboutissant aux
modifications des tissus mous décrits précédemment ainsi qu’à la dégradation enzymatique du
collagène du col utérin aboutissant à sa maturation et relaxation. Le cortisol fœtal agirait
également pour stimuler la décharge lutéolytique de prostaglandines par l’endomètre directement
ou par le biais des œstrogènes [4] (figure 29).

La phase suivante est la première phase de la mise bas proprement dite. Elle commence avec le
début de dilatation du col utérin. Les contractions utérines longitudinales dilatent surtout
l’ostium externe du col et lui confèrent un diamètre interne de 8 à 12 cm. Puis commence la
dilatation active réalisée par l’allanto-chorion poussé à travers le col par des contractions
utérines plus fortes et plus fréquentes. L’utérus est innervé par des fibres du système nerveux
sympathique qui provient du nerf hypogastrique. Les cellules du myomètre possèdent des
récepteurs adrénergiques α à effet contractile et des récepteurs adrénergiques β à effet relaxant.
Pendant la parturition, la stimulation des récepteurs adrénergiques participerait au contrôle de la
qualité et de la longueur des contractions utérines. Les prostaglandines sont aussi associées à la
commande des contractions utérines. L’effacement complet du col signe la fin de la phase 1 et
prend 2 à 6 heures.

96
Figure 29 : Déterminisme de la mise-bas chez les ruminants [4].

Les fibres innervant le col et le vagin antérieur régularisent la mise en circulation de l’ocytocine
par la neurohypophyse. Le taux plasmatique de celle-ci augmente alors après la dilatation du col
et surtout du vagin antérieur. C’est le réflexe de Fergusson [4]. A ce moment là, les contractions
utérines deviennent beaucoup plus puissantes et régulières, engageant le fœtus dans la filière
pelvienne [4, 49]. Les contractions sont responsables de 90% du travail de dilatation et
d’expulsion. Une fois engagé, le rôle des contractions abdominales devient aussi essentiel à
l’expulsion du veau. La durée de l’expulsion (stade 2) est très variable d’une race à l’autre et est
toujours plus longue chez les primipares. Bien que le fœtus puisse vivre 8 à 12 heures après le
début du stade 2, il est normalement expulsé en moins de 4 heures. Souvent, il y a arrêt
momentané des efforts d’expulsion au moment de la rupture de l’allanto-chorion ; les
contractions reprenant quand l’amnios apparaît à la vulve. Après la rupture de l’amnios, la
97
fréquence de la presse abdominale est de une à deux toutes les deux à trois minutes. En
présentation antérieure, il y a presque toujours une pause au moment où le front arrive à la vulve
qui peut alors se dilater. Après l’extériorisation de la tête, l’expulsion totale du veau est très
rapide.

Les membranes fœtales sont alors évacuées dans les heures qui suivent, ce qui correspond, avec
l’involution utérine, au troisième et dernier stade de la parturition [49].

2) Mise bas dystocique


Il y a dystocie quand le déroulement de la parturition est prolongée ou arrêté à la suite d’un
problème physique ou physiologique. La moindre entrave aux contractions abdominales ou
utérines peut entraîner une dystocie. Elle concerne moins de 5% des gestations, la prévalence est
plus élevée chez les vaches allaitantes et chez les primipares [49].

Les dystocies sont souvent classées selon leur origine, fœtale ou maternelle. Il est toutefois
fréquent de diagnostiquer plusieurs problèmes. Une dizaine de diagnostics peuvent expliquer ces
dystocies. 75% des dystocies chez les vaches adultes et 90% des cas chez les génisses résultent
d’un défaut de présentation, de position ou de posture du veau ou d’une disproportion fœto-
pelvienne. Le poids du veau à la naissance et le diamètre pelvien de la parturiente sont les deux
éléments les plus critiques dans l’échec de mise-bas naturelle. Le sexe du veau est également
particulièrement déterminant dans l’incidence des dystocies : les veaux mâles ont une gestation
plus longue de deux jours en moyenne et pèsent plus lourd. La présentation est aussi
déterminante : les présentations postérieures comptent 65% de veaux mâles et sept fois plus de
dystocie qu’en présentation antérieures. Mais elles ne représentent que 5% des veaux uniques
[4].

D’un point de vue endocrinien, une concentration sérique plus faible en œstrogènes et plus
élevée en progestérone chez la parturiente après le 260ième jour de gestation a été associée à une
augmentation des taux de dystocies. L’insuffisance œstrogénique a un impact sur la préparation
des tissus mous vue précédemment ; la constriction de la vulve et du vagin de même que la
dilatation insuffisante du col utérin sont souvent diagnostiquées chez les génisses vêlant avant
terme. Ces problèmes s’expliquent par un défaut de synchronisme des changements endocriniens
en peri-partum [4].

98
3) Relation note d’état corporel et dystocie
Le niveau énergétique de la ration dans la deuxième moitié de la gestation est l’élément le plus
déterminant pour le poids du veau à la naissance. Le développement du diamètre pelvien est lui
aussi dépendant, entre autres, de l’apport énergétique pendant la gestation. Le diamètre pelvien
des génisses nourries avec une ration plus énergétique est en moyenne plus grand que celui des
génisses nourries avec une ration moins énergétique. Cependant, quand la ration devient trop
énergétique, le pourcentage de dystocie augmente sensiblement, dans ce cas, l’augmentation des
dépôts de gras dans la filière pelvienne en réduit le diamètre. La note d’état corporel présente là
encore un intérêt, les animaux en état d’engraissement excessif (note d’état > 4 sur une échelle
de 0 à 5) sont plus à risques d’un excès de gras dans la filière pelvienne, d’où un diamètre
pelvien plus faible et un risque de dystocie plus élevé, surtout pour les primipares [43].

B. RETENTION PLACENTAIRE
Au-delà de 15 % de vaches atteintes de rétention placentaire dans un troupeau, un diagnostic de
troupeau devient nécessaire. Notons que l’estimation de ce chiffre est difficile car cette affection
fait de moins en moins l’objet de visite vétérinaires. La démarche diagnostique (figure 28) prend
en compte l’évaluation du statut énergétique en fin de gestation.

L’état d’engraissement a là encore son rôle à jouer qu’il soit insuffisant ou excessif. L’état
d’engraissement au vêlage inférieur à 2, révélateur d’un état de sous-nutrition, peut entraîner une
fréquence plus élevée de rétentions placentaires [40]. A l’inverse, un état d’engraissement
excessif au vêlage (>4) est également un facteur de risque de rétention placentaire [64, 74]. Il
favorise un part languissant, élevant le risque de non-délivrance et de métrite. Il favorise aussi
les hypocalcémies qui retardent elles-mêmes l’involution utérine, le risque de métrite s’en
trouvant ensuite accru. Une vache trop grasse développe souvent une stéatose hépatique. Les
capacités de détoxification du foie diminuent, ce qui favorise les non-délivrances et les métrites.
Notons que cette stéatose favorise également d’autres affections métaboliques (coma vitulaire),
elles-mêmes facteurs de risque des non-délivrances et métrites [3].

L’évolution de l’état corporel pendant le tarissement ne semble pas jouer de rôle significatif sur
le taux de rétention placentaire [55].

99
Figure 30 : Démarche diagnostique lors de non-délivrances et/ou métrites en élevage [3].

Etape 1 : Eliminer les causes non alimentaires (hérédité, liées au part, infectieuses)

Etape 2 : Etudier le statut énergétique en fin de gestation : état d’engraissement insuffisant ou


excessif

Etape 3 : Etudier la nutrition azotée : excès ou déficit pendant le tarissement, excès en début de
lactation

Etape 4 : Contrôle du déficit énergétique en début de lactation

Etape 5 : Mise en évidence d’une acidose ruminale

Etape 6 : Contrôle de l’équilibre minéral de la ration : calcium, magnésium

Etape 7 : Détection des carences en oligo-éléments et en vitamines : sélénium, iode, vitamines E


et A

100
C. METRITES
On distingue la métrite puerpérale aiguë qui apparaît entre cinq et quinze jours suivant le vêlage,
de la métrite chronique qui se manifeste plus tardivement. Le caractère aigu ne fait pas référence
à la gravité de l’affection mais s’oppose au terme chronique, qui caractérise les infections
utérines tardives, détectées plus de trente jours post-partum.

1) Métrite puerpérale aiguë


La durée d’évolution d’une métrite puerpérale aiguë est variable, de deux à quinze jours. Les
signes cliniques sont dominés par la perte d’appétit, une chute de la production laitière et un état
fébrile transitoire (T°>39,5°C).

Les causes et facteurs favorisants sont obstétricaux. Toute anomalie dans le déroulement de la
mise-bas constitue une situation à risque de métrite. La rétention placentaire en demeure une
cause majeure : 96% des rétentions placentaires évoluent vers une infection utérine avec une
hyperthermie (> 39,5°C) [1]. Les causes et facteurs favorisants peuvent également être
métaboliques. L’atonie utérine fréquemment associée à l’hypocalcémie ou aux déséquilibres
nutritionnels en est un. L’immunodépression physiologique en post-partum est également un
facteur de risque, elle entraîne une diminution des capacités inflammatoires et immunitaires.
L’accroissement du taux circulant de corps cétoniques concourt à la diminution de l’activité
bactéricide : la dépression des défenses naturelles est donc aggravée lors d’hypoglycémie
associée à la cétose. Notons que l’utérus est naturellement contaminé par les bactéries d’origine
périnéale au moment du vêlage mais qui sont éliminées normalement vers la sixième semaine
après vêlage. Toute perturbation des mécanismes d’élimination peut conduire à une métrite
puerpérale aiguë.

La prévention de ces situations à risque passe donc par deux volets : d’une part, il convient de
sécuriser le post-partum et de redoubler d’attention lors d’incidents obstétricaux (avortement,
gémellité, veau mort-né, induction de la parturition, dystocies aggravées par des manipulations
gynécologiques, extractions forcées, vaginite avec ou sans déchirure [1]) , lors de prolapsus
utérin, lors de rétention placentaire, de part languissant laissant suspecter une hypocalcémie.
D’autre part, il convient de maîtriser les facteurs en amont. De nombreuses situations peuvent
être prévenues avec une bonne maîtrise de l’alimentation. Les déséquilibres minéraux (Ca,P), les
carences fréquentes en vitamines A et E, en sélénium (et iode), les acidoses latentes en font
partie.
101
Les situations d’état d’engraissement extrêmes, notamment au tarissement, soit en excès (cétose)
soit en défaut (déficit énergétique) sont des situations à risque [1]. Les vaches en état corporel
insuffisant sont plus à risque de développer une métrite dans les 20 jours post-partum que celles
ayant une note d’état corporel normale [51].

2) Métrite chronique
Elles se caractérisent par une infertilité plus ou moins persistante, sans répercussion sur l’état
général mais avec des conséquences économiques marquées. C’est une affection courante : 10%
des vaches au cours des trois premiers mois suivant le part, 40 à 60% des causes d’infertilité,
10% des causes de réformes [9].

Parmi les causes prédisposantes, figure l’état corporel et le déficit énergétique. En effet, la
mobilisation des réserves s’effectue au détriment de l’involution utérine et de la résistance de
l’endomètre aux infections. Outre le retard à la relance du cycle ovarien nécessaire à une
involution utérine normale, la dépression de l’axe hypothalamo-hypophysaire du fait de la sous-
alimentation diminue la résistance des épithéliums en entravant la multiplication cellulaire et en
entraînant leur kératinisation. On retrouve cet effet négatif de la note d’état corporel au vêlage
sur le taux de métrites mais aussi l’effet de la perte d’état en post-partum, avec un odd ratio de
2,2 [64]. Dans cette étude, cet effet est noté sur les multipares. Aucun effet n’est noté de la note
d’état corporel au vêlage sur les affections utérines en post-partum chez les primipares.

A l’inverse, un état d’engraissement excessif au vêlage (syndrome de la vache grasse) favorise


les mise bas difficiles et le retard de l’involution utérine [9]. Notons que l’effet négatif d’une
note d’état corporel excessive à trente jours post-partum est encore significatif une fois exclus
les effets d’une mise bas dystocique ou d’une rétention placentaire. Ce risque est malgré tout
accru après de tel évènements post-partum [43]. L’impact sur les résultats de reproduction est
alors considérable : augmentation de l’IVIA1, diminution du TRIA1, augmentation d’IA/IF,
augmentation de l’IVV, augmentation du taux de kystes ovariens et enfin des réformes pour
infécondité [43].

La perte d’état durant le tarissement a une influence significative sur le taux de métrite, les
vaches ayant subi une perte de note d’état corporel supérieure à un point présentent un taux de
métrites (quelles qu’elles soient) significativement supérieur à celles dont la perte a été plus
limitée [55].

102
La note d’état corporel a son importance en suivi d’élevage en tant que révélateur du déficit
énergétique. Ce sont alors les variations de note d’état corporel surtout en post-partum qui en
témoignent. Les variations excessives, caractérisées par une variation de note d’état supérieur à
un point sont souvent associées à des résultats de reproduction dégradés. Une perte d’état trop
élevée a un impact sur la reprise de cyclicité et l’expression de l’œstrus. L’effet sur les différents
paramètres de fertilité et/ou de fécondité est direct [47], ou indirect : une détection de l’œstrus
médiocre augmente l’intervalle vêlage-premier œstrus et par la même l’intervalle vêlage-
première insémination puis le taux de réussite à l’insémination, la vache étant bien souvent
inséminée au mauvais moment [22]. Il en est de même pour les différents évènements post-
partum (expulsion des membranes fœtales, métrites etc) dont la normalité conditionne les
évènements suivants. La réussite de la mise à la reproduction de la vache laitière est une
succession d’évènements conditionnés les uns par les autres. Tout écart est préjudiciable sur les
performances de reproduction, notamment celle de la variation de l’état corporel.

103
104
CONCLUSION

L’élevage de la vache laitière se complique. La productivité croissante désirée ces dernières


décennies a posé de nouvelles problématiques ; la sélection selon certains critères se fait toujours
en élevage au détriment d’autres : la reproduction semble dès lors le facteur limitant de la
croissance génétique de l’élevage laitier.

L’amélioration des résultats de reproduction demande un suivi plus technique tout au long du
cycle physiologique de l’animal, et pas seulement du post-partum : le tarissement reste, nous
l’avons vu, une période à ne pas négliger pour réussir l’entrée en lactation de la vache.

Le déficit énergétique a incontestablement sa part de responsabilité dans la dégradation de ces


performances. Ne négligeons pas non plus les causes infectieuses, qui pour certaines peuvent
avoir des conséquences désastreuses sur ces mêmes critères de reproduction.

Toute la reproduction est construite sur des équilibres hormonaux qui demeurent instables. Toute
perturbation vient rompre ces équilibres, les conséquences se faisant ressentir aussi bien au
niveau sanitaire, économique que zootechnique. La maîtrise de ces équilibres nécessitait de
mettre en œuvre des moyens concrets d’appréciation des facteurs de risques. De nombreux outils
de suivi se sont développés, la notation de l’état corporel dont nous avons vu l’utilité fait ou doit
faire parti de ceux-ci.

Mais la productivité laitière augmente vraisemblablement plus vite que les capacités d’ingestion,
le déficit énergétique semble alors devoir se creuser. Des interrogations quant à la politique de
sélection et de conduite d’élevage semblent alors légitimes ; d’autant plus qu’elles doivent tenir
compte de la mondialisation des échanges, de la fragilité des quotas et de la nécessaire
compétitivité mondiale...

105
106
BIBLIOGRAPHIE

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