Voie non
Theravāda Mahāyāna
bouddhique
bouddha parfait bouddha solitaire
libéré
éveillé (samyaksambuddha, (pratyekabuddha,
(arhat, arahant)
sammāsambuddha) paccekabuddha)
« sans-retour »
(anāgāmī)
ascète « une-fois-retournant »
bodhisattva
(sekha) (sakadāgāmin)
?
« entré dans le courant »
10 étapes (bhūmi)
(sotāpanna)
« auditeur »
disciple
(śrāvaka, sāvaka)
homme
être « non instruit » (pṛthagjana, puthujjana)
ordinaire
Degré zéro
Au niveau le plus bas est placé l’homme commun, ordinaire (pṛthagjana, puthujjana), qualifié
souvent dans le canon pāḷi de « non instruit » (assutavā)3. Il n’y a rien de honteux à cela,
puisque avant d’être instruit on est forcément ignorant, et même les plus éveillés sont passés
par là !
L’homme ordinaire est ignorant de tout ce qui a été exposé dans les deux premiers cercles,
peu éduqué (appassuta), intranquille (asanta), plongé dans l’aveuglement (avijjāgata), non éveillé (ananubodha),
ayant beaucoup de poussière dans les yeux (mahārajakkha), sot (asappurisa, maga), malavisé (moghapurisa), etc.
Selon le Mahāyāna (Mahāparinirvāṇa Sūtra), l’Eveil semble impossible pour certains êtres, on appelle ainsi
icchāntika (« plein de désirs ») celui qui est « irrécupérable », « incurable » (atekiccho en pāḷi).
4 Il peut même avoir des pouvoirs psychiques étonnants (iddhi), comme Devadatta, le cousin du Bouddha, mais ce
ne sont que des pouvoirs communs (puthujjanika iddhi) qui ne permettent pas de transcender le monde.
5 Les Chinois, plus concrets, préfèrent parler des « huit vents » (八风).
6 Yathābhūte lokasannivāse yathābhūte attabhāvapaṭilābhe aṭṭha lokadhammā lokaṃ anuparivattanti, loko ca aṭṭha
lokadhamme anuparivattati : lābho ca alābho ca ayaso ca yaso ca nindā ca pasaṃsā ca sukhañca dukkhañcāti.
(Ṭhāna Sutta)
7 Appakā te manussesu ye janā pāragāmino | Athāyaṃ itarā pajā tīramevānudhāvati. (Orimatīra Sutta)
8
Analpa saṃkalpa tamas-abhibhūtaṃ | Prabhajjana-unmatta taḍic calaṃ, ca | Rāga-adidurvāra mala-avaliptaṃ |
cittaṃ, hi, saṃsāram, uvāca vajrī. (Prajñopāya Viniścaya Siddhi, IV-22)
9 Gaganagañjaparipṛcchā (Les questions de Gaganagañja), 205.
10 Prajñānanda, Bouddhisme gnostique, Archè, 1981.
11 On rencontre aussi (Āhuneyya Sutta) le terme d’adepte, gotrabhū, celui est devenu (bhū) du lignage (gotra).
Outre le terme très général de dharmacārin (dhammacārin), « celui qui marche sur la Voie du Dharma », il y a aussi
celui d’upāsaka, disciple laïc, « celui qui est assis près » (d’un maître) et celui de « laïc vêtu de blanc » (gihī
odātavasanā) par opposition aux moines vêtus d’ocre à l’origine.
12 Seyyathāpi […] nikkujjitaṃ vā ukkujjeyya, paṭicchannaṃ vā vivareyya, mūḷhassa vā maggaṃ ācikkheyya,
andhakāre vā telapajjotaṃ dhāreyya, ‘cakkhumanto rūpāni dakkhantī’ti. (formule commune à de nombreux suttas)
13 Saraṇaṁ gacchati (prendre refuge) est mieux traduit par « aller vers [le Bouddha, le Dharma, le Sangha] comme
vers un refuge ». A l’époque du Bouddha, selon les textes, on « allait en refuge » auprès de l’ascète Gautama, de
sa doctrine et de la communauté monastique : esāhaṁ bhavantaṁ Gotamaṁ saraṇaṁ gacchāmi, dhammañ-ca
bhikkhu-saṅghañ-ca (voir par exemple l’Ālavaka Sutta). En hindi, sharan (शरण) est la protection, l’asile (politique).
14 Uṭṭhānaviriyādhigata (Pattakamma Sutta).
15 Sīgāla Sutta (ou Sigalovada Sutta).
16 Upadhī hi narassa nandanā (...) Upadhī hi narassa socanā. (Nandati Sutta)
17 C’est ce que, selon la légende, le premier ascète errant croisé par le futur Bouddha lui aurait dit : ātmadama-
Almora, 2011.
20 Dans le Sāriputta Sutta ce courant (soto) est défini comme l’octuple sentier (aṭṭhaṅgiko maggo) décrit plus haut
21 Ce lien est souvent négligé et peut faire sourire le libre-penseur, pourtant il n’est que de voir combien dans
certaines religions le rite, les cérémonies, les « obligations religieuses » et les « interdits », le culte et d’autres
manifestations extérieures de la « croyance » sont jugées importants, au point que pour beaucoup de personnes
« avoir de la religion » se résume à cette orthopraxie individuelle ou sociale…
22 Comme expliqué dans l’Assāda Sutta, qui décrit en comparaison l’état de l’ignorant (avijjāgato).
23 Yato kho, bhikkhave, ariyasāvako imesaṃ pañcannaṃ upādāna-kkhandhānaṃ samudayañca atthaṅgamañca
assādañca ādīnavañca nissaraṇañca yathābhūtaṃ pajānāti, ayaṃ vuccati, bhikkhave, ariyasāvako sotāpanno
avinipātadhammo niyato sambodhiparāyano. (Sotāpanna Sutta)
24 Dhammavinaye ogādhappattā patigādhappattā assāsappattā tiṇṇavicikicchā vigatakathaṃkatā vesārajjappattā
(mot à mot : « sans tache, immaculé, l’œil de la doctrine survient »). L’œil du Dharma (dhammacakkhuṃ) s’oppose
à l’œil de Māra (māracakkhuṃ), l’œil mondain, que l’Eveil détruit.
28 Kosambi Sutta.
29 Udakūpama Sutta.
30 Le mot catastrophe vient du grec ancien renversement (καταστροφή), un tour (στροφή) de haut en bas (κατά).
L’équivalent en sanskrit serait parāvṛtti (révolution), le pāḷi *parāvaṭṭi n’est pas attesté, mais le terme viparāvatta
(renversé, changé) se rencontre. Inversement, on peut parler du saṃsāra comme d’une « catastrophe
phénoménale » (selon les mots de Prajñānanda).
31 Prajñānanda (op. cit.) parlait de « séparer le spectacle et le spectateur », comme le propose aussi le Vedānta.
32 Une sortie du poussin (kukkuṭa potakā) de son œuf (aṇḍa), selon le Cetokhila Sutta (Sutta des obstructions
mentales).
33 Ānisaṃsa Sutta. Cette connaissance est « non ordinaire » dans le sens où elle ne peut être partagée avec une
sotāpanna.
La progression irrésistible
Dans les deux stades suivants (« une-fois-retournant » et « sans-retour »), on s’attaque aux
désirs des sens (kāma-rāga) et à la haine (byāpāda), deux tendances très difficiles à déraciner,
car ancrées dans l’inconscient depuis des milliards de vies.
L’ascète est parfois présenté comme un guerrier42 qui lutte sans relâche contre un ennemi
intérieur : la sensualité, les pulsions. La croyance en un soi permanent était une construction
mentale, émanée des pulsions, une façon pour l’esprit de leur trouver une justification
consciente, tout en les tenant un peu à distance. Cette construction artificielle ayant été
détruite au stade précédent de sotāpanna, il y a un accès beaucoup plus direct à la soif
(deuxième vérité) sous ses différentes expressions d’attirance ou de répulsion à l’égard des
phénomènes, avec une relation à soi-même plus « authentique » et plus claire.
Selon le degré de détachement obtenu vis-à-vis de ces pulsions, on parvient au stade de
« une-fois-retournant » (sakadāgāmin) ou de « sans-retour » (anāgāmī), ainsi appelés parce
38 Naiḥ-śreyasaḥ punar dharmaḥ sūkṣmo gambhīra-darśanaḥ | bālānāṃ aśru[tima]tām uktas trāsakaro jinaiḥ.
(Ratnāvalī, 1-25)
39 Voir par exemple le « satori » dans le Zen.
40
Mentionné dans Visuddhimagga XIX, 27.
41 Selon le Sekhin Sutta, qui distingue trois types de sotāpanna : ceux destinés à vivre sept vies au plus
(sattakkhattuparama), ceux qui en vivront deux ou trois (kolaṅkola), et ceux qui n’en revivront qu’une (ekabījin). Les
commentateurs divergent sur le fait de savoir si, dans les « sept vies », la vie courante est comptée ou non.
42 Voir les « suttas du guerrier » (yodhājīva) : Paṭhamayodhājīvūpama Sutta, Dutiyayodhājīvūpama Sutta, de
l’Aṅguttara Nikāya.
Le bout du chemin
Ayant tranché cinq liens après avoir passé les trois stades précédents, devenu un « sans-
retour » affranchi du désir des sens et de la haine (ainsi que des affects associés, comme la
colère, le remords, la jalousie…), on pourrait penser être parvenu au bout du détachement,
mais il reste en réalité cinq autres liens très subtils à couper !
En effet, l’idée du « soi » n’a pas été complètement surmontée, elle demeure comme une
odeur résiduelle flotte dans l’air ou imprègne un tissu même quand la cause de cette odeur a
disparu44. Le vouloir-vivre ne cède pas aussi facilement, car après avoir dû abandonner le
grossier, il reste à l’ascète à abandonner le subtil, source d’attachements subtils eux aussi,
mais liants néanmoins :
soif d’existence dans le monde de l’esprit pur (rūpa-rāga) ;
soif d’existence dans le monde immatériel (arūpa-rāga) ;
orgueil (māna) ;
agitation (uddhacca) ;
ignorance (avijjā).
Les deux premiers liens sont un reste de vouloir-vivre. Les trois derniers liens sont très subtils :
il y a l’orgueil, dernier reste de l’illusion du soi, orgueil de savoir qu’on est parvenu au sommet
de l’existence, d’avoir dépassé les plus hauts états des mondes immatériels ; l’agitation, qui
n’est plus qu’un reste d’agitation, comme une ride sur un océan de l’esprit devenu presque
immobile (acala citta), agitation minime découlant non du désir mais d’un reste d’ignorance ;
et il y a enfin un reste epsilonesque d’ignorance, un dernier soubresaut de la volonté qui refuse
de se nier elle-même et de voir la vacuité ultime.
Le quatrième stade atteint, et les dix liens tranchés, on est un Eveillé (arhat, arahant) qui, selon
la formule canonique, « voit que la naissance a été abolie, que la vie de renonçant
(brahmacariya) a été vécue, que ce qui devait être fait a été fait, qu’il n’y a rien au-delà45 ».
Pleinement accompli (kevalin), passé sur l’autre rive (pāraṅgato), ayant traversé le flux
(oghatiṇṇo), affranchi de l’ignorance46, il ne produit plus de karma pour une nouvelle existence
(ahosi-kamma : karma ineffectif) mais peut encore subir l’influence d’un karma passé47.
Détaché d’absolument tout, cet être a mis fin à toute souffrance mentale (mais pas à la
souffrance physique), et il n’a plus peur de la mort :
Je ne me réjouis pas de la mort, je ne me réjouis pas de la vie, j’attends mon heure, en pleine
43 Voir l’Anusota Sutta et l’Udakūpamā Sutta. Il est « debout » parce qu’ayant abordé « l’autre rive », il a déjà pris
pied sur le rivage.
44 Voir le Khemaka Sutta à ce sujet.
45
Khīṇā jāti, vusitaṃ brahmacariyaṃ, kataṃ karaṇīyaṃ, nāparaṃ itthattāyāti pajānāti (formule propre à de
nombreux suttas). Nāparaṃ (na-aparaṃ) : « pas de suite, d’état futur », indique la fin du devenir (bhava-nirodho).
46 tamayogaṁ chinditvā, mot à mot : ayant tranché le joug de l’obscurité. On rencontre aussi l’expression
Sutta)
50 Cittabhaṅgā mato loko paññatti paramatthiyā. (Mahā Niddesa 1.42)
51 Bhavanetti samuhatā, ucchinnaṃ mūlaṃ dukkhassa, natthidāni punabbhavo. (Koṭigāma Sutta)
52 Nibbanti dhīrā yathāyampadīpo. (Ratana Sutta)
53 Saṅkhāre parato disvā, hetujāte palokite | Pahāsiṃ āsave sabbe sītibhūtāmhi nibbutā. (Therīgāthā 101)
54 Āsavānaṃ khayā anāsavaṃ cetovimuttiṃ paññāvimuttiṃ diṭṭheva dhamme sayaṃ abhiññā sacchikatvā
Sūtra, IV)
60 Voir le « Sutta du fardeau » (Bhāra Sutta).
61 Selon le Sandaka Sutta, ce n’est qu’en tournant l’esprit vers l’absence de pulsions que l’arhat est conscient de
sa libération, tout comme celui qui a subi l’amputation d’un membre n’a pas constamment à l’esprit son infirmité.
62 Egalité qu’on pourrait trouver aussi dans le Theravāda, puisque le nirvāṇa est « sans opposé » (paṭibhāga), voir
le Cūḷavedalla Sutta.
63 Par exemple le volumineux Nirvana and other buddhist felicities (Utopias of the Pali imaginaire), Steven Collins,
issue d’un texte hindouiste ancien, la Sāṃkhya Kārikā, verset 67: tisṭhati saṃskāra-vaśāc cakra-bhramivad dhrta-
śarīrah (« il reste, sous l’élan initial - tel la roue du potier - investi d’un corps »).
66
Kāyassa bhedā parammaraṇā uddhaṃ jīvitapariyādānā idheva sabbavedayitāni anababhinanditāni sītībhavissatī.
(Dhātuvibhaṅga Sutta ; voir aussi le Gelañña Sutta)
67 Sic, ubi non erimus, cum corporis, atque animai | Discidium fuerit, quibus e sumus uniter apti | Scilicet haud nobis
quicquam, qui non erimus tum | Accidere omnino poterit sensumque movere. (De natura rerum, III-838)
68 śūnyāgāre tiṣṭhati nagno śuddhanirañjanasamarasamagnaḥ. (Avadhuta Gita, VII)
69 Par exemple Maître Eckhart : « le détachement tend vers un pur néant ».
Récapitulation
Schématiquement, on peut dire que le sotāpanna a dépassé la condition humaine ordinaire, il
a fait sa seconde puberté (comme le disait si bien Prajñānanda) en voyant la vacuité et en
échappant aux illusions les plus courantes ; l’anāgāmī, lui, en ayant éradiqué le désir et la
haine, échappe complètement à la condition humaine ainsi qu’à la part animale qu’elle recèle ;
l’arhat, enfin, échappe à toutes les conditions, humaines ou surhumaines.
Le sotāpanna a compris l’essentiel ; cependant, même s’il est délivré d’une certaine anxiété
(vippaṭisāra) concernant les questions métaphysiques72, il lui reste encore un long « travail sur
soi-même » à entreprendre avant d’atteindre la paix de l’esprit de l’anāgāmī, le presque-éveillé
qui, lui, doit encore maîtriser quelques restes de l’illusion du « soi » et venir à bout de la peur
de la mort, pour parvenir au stade final de l’arhat.
Un « bouddha » a au minimum les mêmes qualités éthiques que l’arhat et le même Eveil, mais
n’a pas suivi le même parcours (décrit plus loin).
Conformément au relativisme bouddhique (exposé dans le premier cercle), il faut bien garder
à l’esprit que ce qui importe est moins l’adhésion (formelle ou réelle) à une doctrine étiquetée
« bouddhisme », ni même la pratique effective d’une telle doctrine, que le détachement obtenu
par l’érosion (partielle ou totale) du vouloir-vivre et la fin de la croyance en l’illusion du soi. Un
tel détachement peut exister en dehors du bouddhisme, même s’il est difficile de prime abord
d’évaluer l’état d’esprit, le niveau de conscience d’une personne, qui nous reste en grande
partie inconnu :
Ne soyez pas un mesureur (pamāṇikā) des individus, ne prenez pas la mesure (pamāṇaṃ) des
autres. Il court à sa perte (khaññati) celui qui prend la mesure des autres.73
Car le « fait métaphysique », c’est l’état de conscience intérieur résultant du détachement,
auprès de cela la doctrine invoquée est sans importance, elle reste de l’ordre du relatif. Pour
cette raison, il y a peut-être des ascètes, hindouistes, chrétiens, musulmans, athées, qui sont
bien plus « bouddhistes » que certains bouddhistes, même s’ils professent des opinions très
différentes ! Il y a cependant le risque pour eux de se trouver « coincés » à un certain stade à
cause de l’illusion du soi qui n’a pas été complètement surmontée (illusion augmentée avec la
croyance en l’immortalité de l’âme ou en une divinité salvatrice).
70
Schopenhauer, Le Monde, IV-71.
71 Nisargadatta Maharaj, Consciousness and the Absolute, 1994 (notre traduction).
72 Voir le Abyākatavatthu Sutta (ou Avyākata Sutta).
73 Mā puggalesu pamāṇikā ahuvattha, mā puggalesu pamāṇaṃ gaṇhittha, khaññatihānanda puggalo puggalesu
pamāṇaṃ gaṇhanto (Migasālā Sutta). Ṭhānissaro Bhikkhu précise qu’il ne s’agit pas pour autant de s’abstenir de
porter des jugements moraux.
L’atténuation de ces « symptômes »75 signale au contraire une progression dans la Voie, dans
le détachement, par affaiblissement des pulsions de vouloir-vivre et vouloir-désirer.
L’erreur du non-éveillé pourrait être décrite par la comparaison suivante : placé devant le
« miroir du monde » (le conditionné), l’être s’identifie par erreur à son reflet dans ce miroir
(l’individu empirique), et souffre en se croyant prisonnier d’une surface limitée, à deux
dimensions, celle du miroir, qui lui renvoie une image insaisissable de lui-même, objet d’un
fort attachement76. C’est en se détournant de ce reflet trompeur (par le renoncement) qu’il
obtient la délivrance (avec la fin de la dualité sujet-objet).
enseignent…
(sakta = engagé, dirigé vers) au lieu de « bodhisattva », terme moins clair. Voir Arahants, Bodhisattvas, and
Buddhas, by Ven. Bhikkhu Bodhi, Access to Insight (Legacy Edition), 30 November 2013. En pāḷi, satta est le plus
souvent un être vivant (sans aspect essentialiste : l’emploi dans le sens d’âme ou de substance est rare), alors
qu’en sanskrit sattva a les divers sens d’être, créature, réalité, nature, essence (dans la philosophie Sāṃkhya, c’est
la pure essence de l’Être).
81 Nirvāṇagatiṃ ca gacchati, saṃsāraprabandhaṃ ca na jahāti. (Vimalakīrti-nirdeśa Sūtra, VII)
82 Prajñānanda, Exégèse du Sūtra cœur de la perfection de Connaissance transcendante, 1989.
83 Cependant le Theravāda nie que l’on puisse devenir bodhisattva une fois obtenue l’une des trois premières
réalisations (sotāpanna, sakadāgāmin, anāgāmī) alors que le Mahāyāna affirme que c’est possible. Pour l’arhat,
complètement éteint, il est impossible de devenir bodhisattva.
84 Yathā yathā saṃsāriṣyāmi, tathā tathā sattvān paripācayiṣyāmi. (Upāya-kauśalya Sūtra)
85 Yāvaṃtaḥ satvāḥ satvasaṃgraheṇa saṃgṛhītāḥ (...) te mayā sarve anupadhiśeṣe nirvāṇadhātau
appelle le « bouddhisme primitif » (tels ceux du Theravāda) et l’affirmation d’une supériorité du bodhisattva sur tous
les autres types d’ascètes. Pourtant il est moins éveillé qu’un arhat, il peut même renaître comme animal
(cependant, sa dernière renaissance comme bouddha est forcément humaine).
87 Mahāprajñāpāramitāśāstra, chap. XVII.
88 Tat kasya hetoḥ na sa kaścit satvo ‘bhaviṣyad yas tathāgatena mocitaḥ sa eva tasyātmagrāho ‘bhaviṣyat
90 Na dṛṣṭe dṛṣṭisamjñāḥ, na śrute śrutasaṃjñāḥ, na mate matasaṃjñāḥ, na vijñāte vijñātasaṃjñāḥ bhavanti (Bajaur
Mahāyāna Sūtra - Bodhisattvaśikṣā : l’entraînement du bodhisattva). A comparer avec une citation du
Māluṅkyaputta Sutta qui dit le contraire !
91 Le Cariyāpiṭaka (« recueil de conduite ») du canon pāḷi (addition tardive ?) donne des récits de vies passées du
bodhisattva exerçant les pāramitā. Quelques maîtres theravādins se sont réclamés de la voie du bodhisattva (voir
The Bodhisattva Ideal of Theravāda, Shanta Ratnayaka, 1985).
92
On peut ébaucher des parallèles entre les deux types de voie, en comparant les différentes étapes entre elles.
Ainsi le stade de sotāpanna équivaut à la première terre du bodhisattva (pramuditā-bhūmi), celui d’anāgāmī à la
septième (dūraṃgamā-bhūmi), et celui d’arhat à la huitième (acalā-bhūmi).
93 Elles sont en outre très élitistes, chacune à sa façon : si tout le monde devenait ascète, l’humanité s’éteindrait